Plusieurs bonnes nouvelles : je suis rentrée chez moi (ce qui est une bonne nouvelle pour moi, je supporte de moins en moins les vacances familiales, et pour vous car j'ai de nouveau accès à mon ordinateur), j'ai fini d'écrire cette fic de Noël, et elle a été plus longue que prévu, ce qu'il fait qu'il y aura dix chapitres au total ! Je vous laisse donc apprécier celui là :)

Bonne lecture !


Chapitre 8

Le lendemain au réveil, il s'avéra qu'il avait neigé toute la nuit, et que Musgrave, perdue au milieu des bois, bénéficiait d'une épaisse couche de poudreuse qui ne pouvait pas être polluée par personne, ni humains, ni véhicules. On voyait seulement les traces des animaux, écureuil, oiseaux et autres mulots qui s'étaient baladés depuis que la neige avait fini de tomber.

C'était un paysage enchanteur, et surtout, pour les deux adolescents, ça voulait dire une seule chose : concours de bonhommes de neige. Puis, éventuellement, bataille de boules de neige.

John perdait systématiquement aux deux. Sherlock avait un talent artistique certain pour façonner la neige, et même si John visait mieux que lui, il était meilleur stratège.

Toute expérience de Sherlock fut promptement oubliée tandis qu'ils sortirent le plus tôt possible, et entamèrent leurs jeux.

Ils avaient commencé cette tradition la première année où ils étaient devenus amis, et ils n'y avaient dérogé depuis, à l'exception notable de l'année noire de John, quand il n'était pas là. Il avait neigé, mais John était parti avant, et revenu après les tombées de neige, et ils ne parlaient jamais de ce souvenir.

Ce qui était cependant certain, c'était qu'ils n'avaient pas franchement gagné en maturité depuis leur prime enfance. Ils jouaient comme des imbéciles, les doigts gelés malgré les gants, les pantalons mouillés, imprégnés de neige, leur capuche pleine de poudreuse, et ils continuaient en riant, avec persistance.

Cette année John avait complètement raté son bonhomme de neige, à tel point qu'il avait pris de l'avance sur la suite du programme, et détruit à coups de boules de neige l'œuvre d'art de son meilleur ami, qui s'était lancé cette année dans la réalisation d'un sapin des neiges, plus vrai que nature.

Sherlock avait poussé un "Hé !" indigné avant de répliquer, et depuis ils se poursuivaient comme des gamins, ayant parfaitement abandonné le projet de construire quelque chose.

Alors qu'il courait à travers la forêt pour échapper à Sherlock — qui tirait vraiment bien, et en plus, il était plus grand et courait plus vite, sur ses grandes jambes — John songea combien rien n'avait changé.

Ils auraient pu vivre cette exacte même scène dix ans plus tôt que les protagonistes auraient été les mêmes. Et les sentiments aussi. Le John de neuf ans ne savait pas exactement ce que ça voulait dire, d'être amoureux. Et à la télé et autour de lui, on lui parlait trop souvent de garçons avec des filles. Il n'y avait jamais réfléchi entre deux garçons. Mais si on lui avait posé la question de la personne qu'il aimait le plus au monde, il aurait répondu Sherlock, sans hésiter.

Si on lui avait demandé à qui il voulait faire des bisous, il aurait répondu Sherlock.

Si on lui avait demandé contre qui il voulait se blottir et faire des câlins, il aurait répondu Sherlock.

Si on lui avait demandé avec qui il voulait vivre, il aurait répondu Sherlock.

Si on lui avait demandé s'il voulait tenir la main de Sherlock comme des amoureux, il aurait répondu oui.

Parce qu'il aimait déjà Sherlock, à ce moment-là. Quand il n'était qu'un gamin maigrichon dont les bonhommes de neige étaient encore aussi aléatoires que ceux de John, quand il ne tirait pas aussi bien avec des boules de neige, quand son sourire était édenté par l'âge et les dents de lait qui tombaient, quand il était un génie mais qu'il ne surpassait pas encore l'humanité, quand ils se construisaient tout un monde dans leur cabane et qu'ils conjuguaient leur futur à deux.

Quand John avait tout perdu, et qu'il avait réalisé que le seul endroit où il voulait être, sa seule famille restante, c'était le flanc gauche de Sherlock appuyé contre lui, tandis qu'une assistance sociale essayait de l'arracher à sa famille. Sherlock était sa famille, et pas parce qu'il était son frère. Parce qu'il l'aimait, et qu'il l'avait toujours aimé.

SPLASH.

John fut tiré de ses réflexions par la boule de neige qui s'écrasa à l'arrière de son crâne. Il ne faisait plus assez attention à son environnement.

— Tricheur ! s'exclama-t-il se retournant.

Par réflexe, il envoya la munition qu'il avait à la main, réussissant par miracle à atteindre le bras de Sherlock qui le rejoignait, les joues rouges et les yeux brillants.

— Mauvais joueur, oui ! répliqua-t-il. J'ai gagné, c'est tout !

— Même pas vrai ! s'exclama John.

D'habitude, la mauvaise foi était l'apanage de Sherlock, mais il lui piquait ce rôle, en cet instant précis. Tout en se penchant pour ramasser une brassée de neige fraîche. Sherlock crut qu'il allait la lancer, et tenta de reculer. Il avait totalement rejoint John, pensant que le jeu était terminé, et il était à portée de mains. Mais John n'avait pas l'intention de lui lancer de la neige. Il profita au contraire de son mouvement pour déséquilibrer son ami, et dix secondes plus tard, ils étaient tous les deux écrasés dans la neige, qui s'infiltrait vicieusement dans toutes les encolures de leurs vêtements.

— Égalité ! affirma John.

— Tricheur ! imita Sherlock avec le ton exact de John, mais un éclat particulier dans son timbre trahissait son amusement.

— Si on faisait des anges dans la neige ? répliqua John.

C'était sans doute une idée stupide, vu qu'ils avaient déjà l'un et l'autre de la neige jusqu'aux sous-vêtements ou presque, mais la même expression enchantée passa sur le visage de chacun, et ils se relevèrent précipitamment, cherchant une zone dégagée dans la forêt où ils pourraient se laisser tomber en arrière pour secouer bras et jambes. Le tableau enchanté de la neige immaculée autour de Musgrave ne résistait jamais bien longtemps à leur énergie.

— C'est une faveur pour Mycroft, pour lui permettre d'arriver plus facilement sans risquer de glisser, répliqua doctement Sherlock quand John en fit la remarque. Nous devrions être remerciés pour notre générosité, voire sanctifiés pour notre sacrifice qui nous oblige à passer une partie de nos vacances avec Mycroft.

John gloussa. Le froid avait dû lui griller quelques neurones.

— Mycroft braverait une tempête de neige pour éviter de faire face à la fureur de votre mère s'il ne se pointait pas à Noël.

— Ce n'est pas faux.

— Je crois que je n'ai plus un centimètre carré de mes chaussettes qui ne soit pas trempé.

— Je crois que même mon boxer est mouillé, renchérit Sherlock.

Ils rirent de nouveau, se relevant précautionneusement pour ne pas gâcher leurs anges dans la neige.

— On rentre ? proposa Sherlock. Tu as besoin d'une douche chaude.

— On rentre, confirma John.

Et bras-dessus-bras-dessous, John entonnant des cantiques à plein poumons tandis que Sherlock se plaignait de son manque de justesse, ils rentrèrent au manoir.


L'heure du déjeuner était passée depuis longtemps lorsqu'ils réintégrèrent le manoir, résolument frigorifiés. John ne sentait plus ses orteils, et Sherlock affirmait être littéralement trempé dans chaque recoin de son corps.

Sieger et Violet les regardèrent rentrer et accrocher leurs manteaux alourdis par l'humidité et la neige à la patère, secouant la tête d'un air faussement désolé.

— Il y a des restes dans la cuisine. Mycroft a dit qu'il arrivait dans la nuit, il n'a pas pu se libérer plus tôt. Vous avez faim ?

— Je vous conseillerai plutôt une douche chaude en premier, releva Sieger qui regardait les deux garçons ôter leurs couches de vêtements à moitié détrempés.

— Prems à la douche ! décréta John entre deux claquements de dents.

Sieger soupira.

— Sherlock, prends la douche de notre chambre, que vous puissiez vous réchauffer tous les deux en même temps sous l'eau chaude. Sinon, je crains qu'on doive choisir lequel on va sacrifier et qui va mourir de froid.

John s'esclaffa, conscient que Sieger avait probablement raison. Au moins le manoir était pourvu de plusieurs salles de bains, celle des garçons et celle de la suite parentale du couple Holmes. La pression des tuyaux et le chauffe-eau étaient suffisamment efficaces pour que les deux douches puissent fonctionner simultanément avec efficacité, et non l'une au détriment de l'autre.

— Et vous nettoierez l'eau que vous êtes en train de mettre partout ! les rabroua Violet tandis qu'ils montaient l'escalier en tremblant.

Ils laissaient dans leur sillage une traînée humide, comme deux escargots humanoïdes dont les chaussettes faisaient splotch splotch à chaque pas.

— Promis Violet ! agréa John en poussant Sherlock dans l'escalier pour qu'il aille plus vite.

Ils disparurent sur le palier, ne laissant que l'écho de leurs chamailleries amusées derrière eux. Violet revint au salon, aux côtés de son mari.

— Ils ne sont pas censés être majeurs ou presque, et totalement matures ? soupira-t-elle à l'intention de Sieger.

— Oh tu sais, chez les garçons, il paraît que la maturité n'arrive jamais... C'est juste qu'on a été très mal habitué avec Mycroft. Il est né vieux. Je suis certain que notre fils a inspiré l'histoire de Benjamin Button.

Et Violet rit comme une adolescente, comme Sieger savait toujours la faire rire, plus de trente ans après leur rencontre.


John fut le premier à sortir de la douche, remettre des vêtements chauds et doux, un gros sweat douillet, et ses chaussettes-chaussons préférées, résolument ridicules mais bien chaudes. La peau brûlée par la douche bouillante, il avait les joues rouges et les yeux plus bleus que d'habitude. Ses cheveux blonds et courts, séchés rapidement, paraissaient aussi plus clairs que d'habitude.

Conformément à sa promesse, il passa rapidement une serpillière dans l'escalier et le couloir pour nettoyer les traces d'eau qui subsistait après leur passage, avant de rejoindre Sieger et Violet dans le salon. Il attendait Sherlock pour manger, mais pensait discuter avec eux en l'attendant. Cependant, il eut la surprise de les découvrir tous les deux en train de s'habiller pour sortir.

— Vous allez où ? s'étonna-t-il.

— Au lycée, lui répondit Violet. C'est le spectacle de Noël.

— Vous n'avez plus d'enfants qui jouent dedans, pour info. Ça fait un moment que j'ai abandonné l'idée de faire carrière dans un remake de la nativité. Depuis l'année de mon fameux solo que Sherlock a qualifié de « son le plus abominable de tous les temps ».

— À sa décharge, il était absolument abominable, releva Sieger dans un but d'exactitude.

Ce qui ne vexa pas John plus que ça. Il chantait faux, c'était un fait. Ça ne l'empêchait pas de chanter. Quand il voulait rendre fou Sherlock, il lui suffisait de dire des notes au hasard en essayant de monter ou descendre la gamme. Sherlock avait l'oreille absolue, et c'était aussi douloureux à entendre pour lui que si John avait récité au hasard la table périodique des éléments.

— Et on sait que vous ne jouez plus dans ces petites productions d'école primaire, mais il se trouve que cette année, nous sommes forcés d'y aller.

— Pourquoi ?

— Sieger est président du comité des parents d'élèves. Or ils veulent discuter budget, rénovation de l'école, spectacles de fin d'année et autres sujets tout aussi réjouissants.

— Depuis quand t'es président du comité ? s'étonna John.

— Depuis que Mycroft est en âge d'aller à l'école, soupira Sieger. Mais faire des très gros dons suffisaient généralement à ce que d'autres remplissent leurs rôles sans rien me demander de plus que quelques signatures par an... jusqu'à aujourd'hui.

John hocha la tête. C'était bien le genre de la famille Holmes. Ils n'avaient rien contre aider leur prochain — John était bien placé pour le dire — surtout s'ils pouvaient le faire financièrement, et non en se mêlant au reste des gens. Pour ça, il fallait reconnaître que Sherlock et Mycroft étaient bien des Holmes pur souche, détestant les conventions sociales dès lors que la personne en face d'eux était moins intelligente qu'eux. En pratique, ça n'arrivait donc jamais qu'ils trouvent un intérêt à échanger des banalités. Sherlock avait choisi John comme interlocuteur dédié, et Mycroft faisait semblant de rien pour progresser dans les échelons de son job. Sieger et Violet, de la même manière, appréciaient une conversation riche et fournie, mais rarement les redondances des parents de jeunes élèves, dont le principal sujet de conversation étant leurs progénitures, quand Violet préférait se lancer sur des défis mathématiques en tout genre. Ce n'était pas qu'elle n'était pas fière de ses enfants, mais elle était généralement plus fière des étudiants dont elle était maître de thèse à Oxford, qui révolutionnaient le monde des mathématiques, et qu'elle accompagnait dans leurs avancées. Ses fils se réalisaient sans son aide, et elle ne s'appropriait pas leur mérite.

— Ok pour Sieger, mais pourquoi tu y vas aussi, Vio ? demanda John, fronçant les sourcils.

— Solidarité maritale, répliqua Violet.

— C'est faux, s'insurgea Sieger. J'ai accepté de porter l'écharpe que tu es en train de tricoter en échange du fait que tu m'accompagnes !

Violet eut un geste qui voulait dire qu'elle réfutait totalement les propos de Sieger, mais le simple fait qu'elle ne se défense pas oralement suffisait pour que John comprenne qu'il avait raison.

Il pouffa de rire comme un gamin. C'était réjouissant de voir le couple Holmes rester soudés, et se comporter comme des enfants parfois, même après toutes ces années ensemble.

Sherlock arriva à ce moment-là dans la pièce, après sa douche, grinçant et grommelant dans sa barbe qu'll avait faim.

— Mas tu vas attraper la mort ! s'exclama John en le regardant.

Sherlock, tout comme John avait choisi de remettre un pyjama, pour passer la fin de la journée au chaud au Manoir. Mais là où John avait choisi son modèle de pyjama de Noël le plus chaud et douillet, avec des grosses chaussettes épaisses et un énorme pull confortable par-dessus, Sherlock en était resté à son classique pyjama en soie, fin et lâche, qui ne protégeait en rien. Il avait les pieds nus, et contrairement à John qui appréciait de se servir d'un sèche-cheveux, le jeune génie avait encore les mèches humides, qui gouttaient presque au sol.

— La mort n'est pas une maladie, ni un frisbee ou un ballon, n'en déplaise au joueur de rugby en toi, répliqua Sherlock. Tu ne peux pas l'attraper. Cette expression est...

— Mais t'as pas séché tes cheveux ! T'es encore tout humide ! le coupa John.

— Mes boucles ne se forment pas assez joliment au sèche-cheveux, répliqua Sherlock.

Les deux parents Holmes les regardaient se chamailler, désabusés.

— On va y aller, nous, hein.

— On rentrera pas tard, dans la soirée.

C'était inutile. John et Sherlock ne les écoutaient pas, et ils quittèrent la pièce et la maison dans la plus totale des indifférences.

— Sérieux, on s'en fiche de tes cheveux, l'essentiel est de ne pas attraper un rhume ! continua John.

— C'est très important ! argumenta Sherlock. Libre à toi de ne ressembler à rien si ça t'amuse, mais permets moi de ne pas faire de même !

— Drama-queen ! Et zut quoi, je ne ressemble pas à rien, non mais !

— Tu ressemblerais à rien si tu avais mes cheveux et que tu t'obstinais à les sacrifier sur l'autel du sèche-cheveux juste dans le but de les sécher grossièrement !

— Mais C'EST l'unique but ! C'est dans le nom ! s'ahurit John.

— Grossièrement ai-je précisé !

Ils pouvaient continuer comme ça pendant des heures. C'était à la fois hilarant et épuisant. John avait suivi toutes les variations capillaires de Sherlock depuis des années, et c'était un sujet de débat intarissable. Pour quelqu'un de rationnel et sensé, qui mettait son intellect (et celui de ses interlocuteurs) au sommet de tout, le génie était une vraie drama-queen avec ses cheveux, et il en était passé par des douzaines de phases pour essayer de les traiter au mieux, de les nourrir et de les sublimer tout à la fois, sans jamais les abîmer ou les sacrifier au passage.

— Tu me fatigues, soupira John avec exagération. Allez, arrête de faire ton imbécile et mets ça.

Il ôta aussitôt son sweat, et le tendit à Sherlock. Même s'ils avaient une certaine différence de gabarit, c'était le genre de sweat si douillet et chaud et large qu'il ne pouvait aller qu'à tout le monde.

— Je vais m'en chercher un autre ! décréta John. Fais réchauffer à manger, en attendant, je crève de faim moi aussi !


Ils finirent installés sous un plaid (chacun), sur le canapé du salon, Sherlock avec le sweat de John, John avec un autre de ses propres sweats — qui proclamait en grandes lettres rouges Merry Christmas — et ils avaient bien davantage mangé des sablés et des desserts que le repas que Violet avait laissé pour eux. En même temps, comme l'avait fait remarquer John, il était plutôt l'heure du goûter.

C'était donc tout à fait logiquement dans la foulée, ils avaient fait du chocolat chaud, et décroché des sucres d'orge du sapin pour se réinstaller confortablement dans le canapé, leur mug fumant réchauffant leurs mains, suçotant les cannes rouge et blanche comme s'ils avaient encore huit ans.

— Tu te souviens de la première fois qu'on a fait ça ? demanda soudain Sherlock.

— Ouais. J'avais... huit ans ? Neuf ? C'était la première fois que je venais chez toi autour de Noël. J'avais jamais vu un sapin aussi grand, avant, à part dans les films. Chez moi c'était trop petit. On avait pas assez de place.

— Tu étais si fasciné par les sucres d'orge sur le sapin que j'en avais décroché un pour te le donner.

John rit à ce souvenir. Il se remémorait très bien le tout petit garçon qui était son meilleur ami depuis pas si longtemps, à l'époque, et qui lui avait offert la sucrerie comme s'il s'agissait du graal lui-même.

— J'étais tellement persuadé que c'était interdit et que ta mère allait me disputer en rentrant dans la pièce !

— Tu sais que je me serais dénoncé pour te protéger, hein ?

— Bien sûr que non. Je ne t'aurais pas laissé faire alors que c'était de ma faute. Mais à la place, Violet a juste vu le bonbon et nous a demandé si on voulait du chocolat chaud.

C'était devenue une de leurs traditions de Noël depuis. Même s'ils ne culpabilisaient plus de prendre des sucres d'orge sur le sapin, il y avait toujours un samedi après-midi, comme maintenant, où ils dégustaient lentement le bonbon avec la boisson chaude de leur enfance. Quand bien même l'un et l'autre avalaient désormais café et thé sans sourciller.

— Y'a quand même des choses qui changent, nota Sherlock. Maintenant, on est obligés de le faire nous-mêmes. Le service dans cette maison s'est vraiment dégradé.

John rit, le poussant du coude. Il manqua, ce faisait, de renverser sa propre tasse, et dans le mouvement pour la stabiliser, ses yeux glissèrent sur le mur derrière eux. Ce mur qui portait désormais une branche de gui.

Ce n'était pas lui qui avait installé cette branche de gui, et il avait fait toute la déco de la maison, il était bien placé pour le savoir. Il devinait que ce n'était pas Sherlock non plus. Ce n'était pas son genre. Et puis, ce n'était pas là hier soir. Depuis, John n'avait quasiment pas quitté Sherlock. Ce qui laissait une seule possibilité : Sieger et Violet.

Le geste était à la fois surprenant et banal : ils aimaient le gui et en accrochaient dans toute la maison chaque année sans qu'il n'y ait le moindre sens caché à leur démarche. Mais dans le contexte particulier de leur conversation de la veille, John y voyait un signe.

— Tu m'écoutes ? réclama Sherlock en voyant qu'il avait perdu l'attention de son ami.

Du bout de son pied replié sous le plaid, il poussa le genou de John pour l'obliger à le regarder. Sherlock n'avait toujours pas de chaussettes, mais il n'avait pas les pieds froids. Il n'avait jamais les pieds froids. John le savait depuis la toute première fois qu'ils s'étaient blottis sous une couverture, dans leur cabane, quand ils étaient petits.

Et que John avait pensé : « je veux rester contre lui pour lui faire des câlins pour toujours ». Maintenant qu'il avait ouvert les vannes et s'autorisait à y penser, il prenait conscience de toutes les pensées qu'il avait crues anodines pendant toutes ces années, et qui ne l'étaient pas.

Sherlock était fait bizarrement, il n'avait jamais les pieds glacés alors qu'il ne portait jamais de chaussettes, Sherlock pouvait manger de la glace à la menthe à n'importe quelle saison jusqu'à en faire une indigestion, Sherlock avait des taches de rousseur qui apparaissaient au soleil — c'est à dire jamais, à l'exception d'un été mémorable à Rome —, Sherlock voulait devenir détective, Sherlock connaissait la table périodique des éléments par cœur, Sherlock avait huit cicatrices, Sherlock avait un Palais Mental en construction dans sa tête, Sherlock avait une veilleuse abeille quand il était petit, Sherlock aimait les mots apocope et aphérèse et John avait été obligé d'en apprendre la définition à l'âge de neuf ans pour suivre la conversation avec son meilleur ami.

Il le connaissait par cœur.

— Absolument pas, reconnut-il. Je veux te parler d'un truc, à vrai dire.

Sherlock se tourna un peu plus vers lui, abandonnant sa posture appuyée contre le dossier du canapé pour être assis en tailleur, en face de John.

— À quel propos ?

John inspira. Il savait exactement par où commencer cette conversation, et il espérait ne pas manquer de courage.

— J'ai résolu l'énigme des fenêtres. J'ai compris le sens caché des indices.

Le génie, qui s'apprêtait à prendre une gorgée de son chocolat chaud, interrompit son geste à mi-chemin. Lentement, il laissa redescendre sa tasse, avant de tendre la main pour la poser sur la table basse à proximité. C'était leur tasse de Noël, assorties l'une à l'autre. Comme toutes leur vie, en fait. Ils étaient assortis ensemble, ils l'avaient toujours été.

— Ah, commenta-t-il simplement.

Il n'y avait pas la moindre émotion dans ce seul mot. Cela pouvait aussi bien vouloir dire un « ah enfin ! » enthousiaste que un « ah merde » que Sherlock ne dirait jamais, trop poli qu'il était.

— Arrête-moi si j'ai tort... Tous les mots, tous les indices, ils renvoient à moi. Et ils ont un point commun. Ils ont tous les trois mêmes lettres, dans le même ordre. A-M-O. Amo. Aimer, en latin. Google m'a dit « éprouver de l'affection, de l'attachement, aimer ». Et, dans cette conjugaison, ça voudrait dire « J'aime ». Et puisque les mots renvoient à moi... ce que tu essayais de me dire, Sherlock, c'est ça... Je t'aime ?

Il chuchotait, sans oser croiser le regard de son ami, le cœur si lourdement battant que ça faisait mal dans sa cage thoracique. Entre ses doigts, le sucre d'orge à moitié mangé était collant.

— Je suis désolé, John, répondit doucement Sherlock. Je devine que ce n'est pas ce à quoi tu t'attendais. Mais... je ne savais plus comment agir avec toi en étant malhonnête et en te mentant. Je ne veux pas que notre nouvelle vie à Londres, l'année prochaine, soit compliquée ou mensongère. Alors... oui. J'ai espéré que tu ne comprennes jamais le code, cela dit.

John releva le regard, à la fois surpris, extatique et blessé. Ce qui faisait trop de sentiments à la fois pour sa pauvre petite personne. L'idée que Sherlock s'excuse de l'aimer était une pensée absurde et irrationnelle. Le fait qu'il confirme les sentiments que John avait décrypté dans son énigme était un océan vertigineux de possibilité.

— Tu avais encore beaucoup d'indices à me donner ? C'est que j'en avais eu pas mal, cette fois. Je suis plus rapide, d'habitude.

— J'aurais pu encore en trouver des milliers, te concernant. J'ai à peine besoin d'y réfléchir pour te connaître mieux que moi-même. Je t'apprends par cœur depuis que j'ai quatre ans, et je veux continuer à le faire éternellement.

John n'arrivait plus à penser, et réfléchir, il ne fallait même pas en parler. Il avait sincèrement cru que, s'il lui était donné la possibilité de gagner le plus gros prix de la loterie nationale — à savoir, Sherlock — il n'y gagnerait pas du romantisme et des grands discours. Ce n'était pas le genre du génie.

Et pourtant, à sa manière analytique et si Sherlockienne, il était mille fois plus romantique que tous les romans à l'eau de rose. John en était presque tétanisé de bonheur.

— Pourquoi tu t'es excusé ? articula John, parce qu'il ressentait une nécessité absolue de tout mettre au clair.

— Parce que je suis désolé d'avoir été trop faible pour ne pas le taire éternellement, répondit sincèrement Sherlock.

— Tu sais que je n'aime pas que les filles, hein ?

Sherlock haussa les épaules. Il n'avait toujours pas croisé le regard de John frontalement.

— Je sais.

— Tu sais que je t'aime, toi ? balança John avec l'impression de détenir les codes de la bombe nucléaire et d'avoir appuyé sur le bouton de lancement.

— Je le sais. Je suis ton meilleur ami. Tu me l'as dit. Tu me l'as toujours dit. Il y a quelques jours encore, tu expliquais combien tu n'aimais pas que je sois ton frère. Parce que tu es mon meilleur ami, et rien de plus.

John eut envie d'exploser de rire devant le ridicule de la situation.

— Sherlock, non, non, tu ne comprends rien, c'est l'exact inverse !

Cette fois, son ami le regarda vraiment, et ses yeux exprimaient uniquement de la surprise, ce qui étonna John. Comment quelqu'un d'aussi brillant, intelligent, et capable de tout déduire des autres humains pouvaient être si aveugle, parfois ?

— L'inverse ? murmura Sherlock. L'inverse de... quoi ? De m'aimer ?

Soit il y mettait de la très mauvaise volonté, soit il était tellement persuadé que la conclusion à laquelle il parvenait était erronée qu'il disait tout l'inverse, mais dans les deux cas, il ne facilitait pas la tâche de John

— Non idiot. Je n'aime pas que tu sois mon frère, sur le papier, car mes sentiments pour toi ne sont pas ceux d'un frère. Ni ceux d'un meilleur ami, à vrai dire. Je t'aime depuis très longtemps, et je déteste ce nom que je dois porter, ces papiers qui m'ont sauvé la vie, mais qui m'ont condamné également. Je déteste être ton frère, parce que je ne l'ai jamais voulu. Parce que j'ai toujours nourri des sentiments nettement différents à ton égard.

Soutenir le regard de Sherlock n'avait jamais été un challenge, pour John. Sauf aujourd'hui, où ses pupilles anéantissaient John sous leur puissance et leur intensité. Pourtant, il était allé au bout de son aveu sans faiblir.

— Parce que je t'aime, Sherlock. De la même manière... que toi, je crois. Et je ne veux pas que tu sois désolé de me l'avoir dit... j'aurais voulu en avoir le courage bien plus tôt.

Lentement, John se pencha en avant, bien décidé à essayer de concrétiser leurs aveux respectifs. Sauf que Sherlock ne bougeait pas, toujours figé face à lui.

— Papa et Maman, ils n'ont pas fait une adoption plénière, décréta-t-il, alors que John était si prêt qu'il devait presque loucher pour se voir.

— Hein ?

— Ton adoption. Elle n'est pas plénière. Elle est simple. Ce qui sous-entend qu'elle est annulable si tout le monde est d'accord. Un jour, mes parents m'ont dit qu'ils auraient sans doute besoin d'annuler l'adoption. J'ai pensé que ça voulait dire qu'ils t'abandonneraient, et je leur en ai voulu pour ça. Mais je comprends, maintenant. Ils savaient. Ils avaient deviné. Qu'un jour, il faudrait que tu cesses de porter notre nom.

John sourit. Il bénissait ses parents adoptifs. Et il était tout à fait disposé, maintenant qu'il était majeur et qu'il avait récupéré la gestion de son patrimoine hérité au décès de ses parents, de cesser de considérer Violet et Sieger comme ses tuteurs légaux. Pour qu'un jour, probablement, ils deviennent ses beaux-parents.

— Ce serait fantastique, sourit-il. Bien sûr, l'unique avantage sera de ne plus être lié à Mycroft.

Il se rapprocha encore un peu plus, son nez frôlant celui de Sherlock. L'image de l'autre était devenue floue, trop proche. La tasse de John, posée sur ses genoux, glissa le long d'un coussin. Heureusement, elle était vide. Celle de Sherlock était posée sur la table, en sécurité.

— Évidemment. C'est l'unique avantage.

— Il y a du gui au-dessus de nos têtes, Sherlock. Et je parie tout ce que tu veux que c'est ta mère qui l'a mis là, parce que dans ses projections et ses budgets, je suis sûr qu'elle avait prévu ce moment. Alors je vais t'embrasser maintenant. C'est ta dernière chance pour dire n...

John n'acheva jamais sa phrase. Sherlock n'avait aucune patience, ce n'était pas nouveau, et il avait comblé le faible écart qui subsistait encore entre leurs lèvres avides.

John avait fantasmé ce moment dans sa tête depuis très longtemps. Jamais il n'aurait pensé le vivre. Jamais il n'aurait imaginé que Sherlock aurait à ce moment-là le goût du sucre d'orge, les lèvres collantes de sucre et de bonbon. Et c'était délicieux, et addictif. Ça n'avait pas de raison de l'être, parce que John devait avoir le même goût, mais parce que c'était Sherlock et ça changeait tout.

Ce fut un baiser lent, paresseux. John se laissait submerger par toutes les sensations qui l'envahissaient. La culpabilité qu'il avait toujours craint de ressentir n'était pas le moins du monde au programme. Rien ne lui semblait plus normal, en cet instant précis, que d'embrasser son meilleur ami.

Sans même l'avoir réalisé, ils se penchèrent encore davantage, leurs mains se jetant à l'assaut du corps de l'autre pour se presser l'un contre l'autre.

Ce fut Sherlock qui, le premier, darda sa langue et força les lèvres de John à s'ouvrir pour aller chercher la sienne en retour. Ce n'était ni lent, ni timide. C'était Sherlock, impétueux, arrogant, exigeant. C'était ce que John avait voulu toute sa vie, et il gémit en accédant à la demande, se laissant embrasser furieusement par Sherlock.

Il s'abandonna tout entier et se laissa dissoudre dans ce baiser qui dépassait tous ses fantasmes adolescents.


John ne savait pas comment ils en étaient arrivés là, exactement. Ils étaient pressés dans le canapé l'un contre l'autre, les membres emmêlés, leurs lèvres gonflés par les baisers, et même ainsi, ils ne parvenaient pas à s'arrêter.

L'une des mains de John jouait avec les cheveux de Sherlock, l'autre aurait pu être sagement posé sur la hanche du jeune génie... à ceci près qu'elle touchait la peau nue, sous les vêtements. Sherlock n'était pas vraiment en reste, parce que ses deux mains à lui étaient pressées dans le dos de John, l'empêchant de seulement envisager de partir. Et là encore, il s'était insinué sous le pull et le pyjama de John.

Plus au sud, ils étaient encore sagement habillés, et aucune main baladeuse n'avait franchi la limite de la ceinture.

En revanche, ce que John ressentait n'avait rien de sage... et il ne pouvait pas oublier qu'ils étaient dans le salon principal de Musgrave, sur un canapé.

— Sherlock, Sherlock, attends... souffla-t-il entre deux baisers.

Avec un grognement, son amant recula légèrement. Les pupilles de Sherlock étaient dilatées comme jamais John ne l'avait vu. Le noir mangeait presque l'entièreté de l'iris, ne laissant qu'un fin cercle bleu. John déglutit difficilement. Il n'aurait pas dû être permis que la seule vision des yeux de Sherlock en état d'excitation le fasse durcir, mais c'était ainsi.

— Quoi ? grommela Sherlock. J'aimais beaucoup le programme jusque-là.

— On est dans le salon, Sherlock.

— Et ?

— Le salon de tes parents.

— Que je sache, ça ne t'a jamais arrêté avant.

John rougit brusquement. Il avait un peu trop dérapé avec une fille dans un salon, un jour où Violet donnait des cours à Oxford, Sieger était au travail, et Sherlock à son cours particulier de violon. Ils n'avaient rien fait réellement, mais un peu plus que la décence ne le permettait.

— Tu savais ? chuchota-t-il.

Sherlock haussa les épaules, s'éloignant légèrement, relâchant John.

— Oui, reconnut-il.

Ce n'était qu'un mot, mais la douleur était clairement perceptible. Sherlock n'avait jamais caché son mépris évident pour les copines et copain de John, mais il n'avait jamais semblé en souffrir avant. Soit il avait toujours été très bon pour le cacher, soit John avait été particulièrement aveugle pour ne pas le remarquer. Aucune des solutions paraissait enviable, et John sentit une flèche piquer son cœur. Il haïssait faire souffrir Sherlock.

— Sherlock... est-ce qu'on peut discuter, un peu ?

L'air boudeur et inquiet du détective parlait pour lui.

— Je ne veux pas revenir en arrière et je ne vais pas partir, l'apaisa John. Je te le jure. Je pense juste qu'on doit éclaircir deux-trois trucs.

Sherlock émit un borborygme indistinct, mais obéit. Ils se détachèrent de l'autre, rajustèrent leurs vêtements. Et retrouvèrent leur position, face à face dans le canapé. Sherlock se paya même le luxe de récupérer sa tasse et d'en boire une gorgée. La boisson devait être froide, depuis le temps, mais John pouvait dire qu'il essayait juste de se donner une contenance, et qu'il était plus anxieux qu'il ne le dirait jamais. Il ne fallait pas oublier qu'il connaissait cet homme par cœur, et qu'il savait qu'il n'avait jamais eu la moindre relation dans son existence. Il avait des contacts utiles, ça oui, et avait noué des relations intéressées avec certains camarades au fil des années, mais Sherlock les considérait comme une nécessité désagréable, et n'avait aucune envie de les fréquenter pour le plaisir. Son meilleur et unique ami avait toujours été John.

Doucement, John leva la main, caressa le visage de Sherlock, dessina les pommettes, glissa sur l'arête du nez, effleura les lèvres. Il voulait apprendre ce visage par cœur de toutes les manières possibles ; de ses yeux, de sa bouche, de ses doigts.

— Seigneur, tu es magnifique, Sherlock. Je n'ai jamais dû te le dire, ça. Je t'aime, et ça tu le savais, même si tu te méprenais sur le type d'amour que je te portais. Mais ça... que je trouve absurdement beau, je ne crois pas te l'avoir déjà dit.

Les joues de Sherlock, sous la pulpe des doigts de John, s'enflammèrent, au grand plaisir du jeune homme. Sherlock était encore plus beau complètement débraillé, les cheveux dans tous les sens comme quand il était petit, les yeux brillants et les joues écarlates.

— Non. Tu ne l'avais jamais dit, en effet, articula lentement Sherlock, comme si prononcer chaque mot était une épreuve.

— On se connaît par cœur, Sherlock. Je sais tout de toi... et je sais que tu sais tout de moi, même ce que j'ignore de moi-même. Mais ça...

Il caressa de nouveau la joue de son ami.

— ... ça c'est nouveau, et ça va nous conduire à plein de premières fois.

— Ce n'est pas nouveau pour toi, indiqua Sherlock. Ça ne sera pas tes premières fois.

De nouveau, son timbre laissait filtrer ses émotions : la souffrance, la colère, l'angoisse.

— Si, ça l'est, rétorqua John. Parce que c'est avec toi. C'est différent avec toi. Parce que je t'aime et que je t'ai aimé toute ma vie. Crois-moi, ça change plein de choses. Mais ça demande des ajustements et des conversations, d'accord ? Par exemple, je veux une relation exclusive. C'est ok pour toi ?

Sherlock le regarda comme s'il était devenu fou, et que c'était totalement évident.

— Les choses vont mieux en le disant, Sherlock. Je veux être avec moi, à l'exclusion de toutes autres relations, et je veux que la réciproque soit vraie. On est d'accord là-dessus ?

— Tu m'offenses en pensant que je puisse seulement envisager de désirer quelqu'un d'autre que toi de toute mon existence, déclama Sherlock sur un ton d'évidence offusqué, comme si tout était normal et qu'il ne déclamait pas des serments d'éternité. Quand tu dis "à l'exclusion de toutes autres relations"...

John soupira.

— Non, Sherlock. Je veux dire à l'exclusion de toutes autres relations amoureuses. Je ne vais pas arrêter de voir mes amis, et certainement pas Mary.

— Très bien. Ce n'est pas du tout ce que j'allais dire, de toute manière.

— C'est exactement ce que tu allais dire.

— Non.

— Si. Parce que tu es jaloux.

— Alors là, absolument pas ! s'exclama Sherlock en se drapant dans sa dignité.

John eut envie de rire, et vint naturellement placer ses mains sur les côtes de son amant, le chatouillant du bout des doigts.

— Siiii, tu es jalouuuuux ! rit-il.


Reviews, si le cœur vous en dit ? :)

(Pour rappel : c'est un texte de Noël. Vraiment, ne cherchez aucune vraisemblance sur les procédures d'adoption ou leur annulation dans aucun pays du monde ^^)