Les premières lueurs de l'aube éclairent à peine le chantier lorsque Soap, malgré la fatigue, fait son retour anticipé. L'épuisement est palpable dans ses gestes, mais sa détermination est inchangée. Sur le terrain, la tâche qui l'attend est cruciale. Les explosifs et les détonateurs, réparés avec Simon la veille, doivent être réinstallés pour que le projet avance.

Roach, également prêt à l'action, se tient aux côtés de Soap. Les deux hommes travaillent en tandem. Les détonateurs réparés sont manipulés avec précaution.

Les bruits du chantier, autrefois calmes, reprennent peu à peu leur intensité habituelle. Les engins mécaniques s'éveillent, les ouvriers reprennent leurs postes, et l'activité reprend son rythme effréné.

Les mains habiles de Soap s'affairent autour du détonateur, connectant les fils avec une précision méthodique. Alors que Soap s'engage dans cette tâche délicate, le son familier du talkie-walkie retentit.

La voix de Simon, transmise par l'appareil, résonne dans l'atmosphère tendue du chantier. « Soap, je veux un rapport de situation »

Sa voix est calme, mais empreinte d'une concentration évidente. « Ça avance, Lt. Tout est sous contrôle pour l'instant, mais je te tiens au courant. »

Soap, tout en répondant aux questions de Simon, finalise la connexion d'un des détonateurs. La tension dans l'air est presque palpable, et même à travers les ondes radio, on peut sentir l'urgence et la concentration dans sa voix.

« Bien resu… Sois prudent, Soap, » conseille Simon, sa voix transmettant à la fois autorité et une inquiétude subtile.

Le sourire taquin de Soap s'étire sur ses lèvres lorsqu'il reçoit le conseil de Simon. La remarque du Lieutenant, empreinte d'une préoccupation bienveillante, ne peut empêcher l'Écossais de laisser échapper une pointe d'amusement.

« Ne t'inquiète pas, Simon », répond Soap, sa voix empreinte d'un humour. « Prudence, c'est mon deuxième prénom. »

Les mots de Soap laissent entendre une pointe d'autodérision, il est bien conscient de sa réputation de tête brûlée. Il a souvent été en première ligne, prenant des risques pas toujours calculés pour mener à bien ses opérations. Roach, qui travaille aux côtés de Soap depuis un certain temps, entend la réponse et éclate de rire. Connaissant que trop bien le caractère intrépide de son ami, la prudence n'est pas toujours la première qualité qu'on attribue a l'écossais.

Le ton de reproche de Simon ne masquant pas tout à fait l'amusement dans sa voix. « Reste concentré, Soap. Jouer avec des explosifs n'est pas le moment idéal pour faire des blagues. » Il y a un bref silence avant que le blond ne reprenne, « Nous ne voulons pas que cette démolition devienne une performance comique. Les critiques pourraient être… explosives. »

Soap éclate de rire, reconnaissant l'effort de Simon pour détendre l'atmosphère. « D'accord, Lt, je vais garder mes talents comiques pour plus tard. Concentration maximale, promis. »

Ils se remettent au travail, terminent rapidement l'installation des détonateurs et des explosifs, veillant à ce que chaque connexion soit sécurisée.

Soap jette un dernier coup d'œil à l'ensemble du dispositif, satisfait de leur travail. Il peut sentir l'électricité dans l'air, l'anticipation de la détonation imminente. La pluie qui avait perturbé leurs plans la veille n'est plus qu'un lointain souvenir.

Roach, à côté de Soap, vérifie une dernière fois son équipement. « Tout semble en ordre, Soap. »

Soap hoche la tête, son regard scrutant une fois de plus la montagne qui va bientôt être soumise à l'impact des explosifs. « Simon, tout est en place de notre côté. »

« Parfait, Soap. J'active la phase d'évacuation. Tu peux revenir. » Préviens Simon.

« Compris, Chef. Je lève le camp. On se revoit de l'autre côté. »

Arrivé au poste de commandement, Soap remarque que l'excitation flotte dans l'air alors que Simon coordonne les derniers préparatifs. Leurs regards se croisent brièvement, et même si la tension persiste entre eux, l'objectif commun les unit.

Le brun observe le professionnalisme de Simon alors qu'il coordonne la phase d'évacuation avec une précision militaire. Il y a quelque chose d'excitant à entendre le plus grand crier des ordres, dirigeant chaque membre de l'équipe avec autorité.

Le regard de Soap passe sur le visage de Simon, notant l'expression concentrée, mais déterminée de son supérieur. Malgré les enjeux élevés, Simon reste calme et focalisé, son leadership indiscutable, un comportement qui contraste avec ce qui s'est passé la veille.

Les minutes s'écoulent lentement, chacune pesant comme une éternité alors que l'équipe d'évacuation met en œuvre le plan minutieusement élaboré.

Simon, après avoir vérifié une dernière fois les données sur l'écran, se tourne vers Soap. « Prêt, Johnny? »

Les syllabes du surnom, prononcées par Simon d'une manière délibérément familière, résonnent dans la pièce. Un frisson parcourt l'échine de Soap, une chaleur naissant dans son bas-ventre.

Soap, sans détourner du regard intense du blond, répond d'un ton se voulant assurer malgré la chaleur qui se répand dans son corps, « Prêt, Lieutenant. »

Simon incline légèrement la tête. L'intensité de l'air semble augmenter d'un cran, chaque seconde s'étirant dans l'attente haletante de l'explosion imminente.

« Trois... » entame Simon, sa voix grave résonnant dans la pièce avec autorité.

Les yeux de Soap, toujours fixés sur ceux de Simon, se remplissent d'une détermination féroce alors qu'il se prépare mentalement à appuyer sur le détonateur. Une lueur prédatrice dans le regard de Simon ajoute une touche intrigante à la tension palpable.

« Deux... » continue Simon, intensifiant l'anticipation qui imprègne l'espace.

Le regard de Soap demeure imperturbable. Concentré, il est prêt à agir. La tension entre Simon et Soap semble s'épaissir, créant un climat électrique dans la pièce.

« Un... »

Au moment fatidique du « Un », le regard intense entre Simon et Soap persiste, chacun fixant l'autre dans une étreinte visuelle sans détour. Un silence suspendu accompagne la fin du compte à rebours.

Soudain, le rugissement assourdissant des explosifs déchire l'air, secouant le sol et résonnant à travers la montagne. Une onde de choc invisible se propage, provoquant une réaction physique chez ceux qui sont témoins du spectacle. Les yeux de Soap restent verrouillés sur ceux de Simon, l'explosion créant une toile de fond dramatique à leur confrontation silencieuse.

Le grondement des détonations se mêle au battement effréné du cœur de Soap, créant une symphonie de chaos maîtrisé. La montagne tremble sous la puissance libérée et la fumée s'élève dans le ciel.

La tension qui a électrisé la pièce semble se dissoudre dans le fracas des explosions, laissant derrière elle une atmosphère chargée de réalisation et de succès. Le spectacle magnifique et dévastateur des détonations est à la fois une victoire et un rappel brutal de la puissance que ces hommes peuvent déchaîner.

Les yeux de Simon et de Soap, bien que toujours fixés l'un sur l'autre, capturent la grandeur de leur réussite et les défis relevés. Dans cet instant, l'air est imprégné de la satisfaction de la mission accomplie, et l'échange muet entre les deux hommes semble dire plus que des mots n'auraient pu le faire.

« Beau travail, Johnny. »

Un léger hochement de tête de la part de Soap est sa seule réponse qu'il peut formuler sans risquer de se compromettre. La respiration de Soap est lourde, et il sent le poids du regard prédateur de Simon, comme si ce dernier lisait quelque chose de plus profond de lui.

Dans l'atmosphère chaleureuse et bruyante du petit bar en périphérie de la mine, Soap et une partie de l'équipe célèbrent le succès de la phase de démolition. Les éclats de rire, le brouhaha des conversations et la musique de fond créent une ambiance festive. Soap, bien qu'épuisé par la journée éprouvante, est animé par l'excitation du succès et la camaraderie de l'équipe.

Le bar est bondé de mineurs et d'ouvriers locaux, tous partageant l'euphorie de la réussite de l'opération. Des verres s'entrechoquent, et des éloges résonnent dans la pièce enfumée. Soap, accompagné de Roach et d'autres membres de l'équipe, trinque à la santé de tous ceux qui ont contribué au projet.

Il rit aux éclats en partageant une plaisanterie avec l'équipe, laissant échapper une joie contagieuse. Alors qu'il s'amuse, il sent une tape chaleureuse dans le dos, le faisant sursauter de surprise. C'est Price, qui est également présent pour célébrer le succès de la phase de démolition.

« Bon boulot, fils! » s'exclame Price, avec un large sourire. « C'est une victoire pour toute l'équipe, et c'est une étape importante pour le projet. »

Soap, encore sous le coup de la surprise, retourne le geste amical en serrant la main de Price. « Merci, Price. C'était une journée difficile, mais ça valait le coup. Le crédit revient à tout le monde ici. »

Soap continue à profiter de l'ambiance animée du bar lorsque, soudainement, Simon fait son entrée. La surprise se peint sur le visage de Soap, car Simon avait d'abord décliné son invitation pour la soirée. Lorsque le blond fait un bref signe de tête à Soap, ce dernier répond par un sourire complice, appréciant la présence inattendue de son supérieur.

Le regard de l'écossais suit la grande carrure de Simon tandis qu'il se fraye habilement un chemin à travers les mineurs et les convives du bar. La façon dont l'homme se déplace, mêlant son autorité naturelle à une aisance impressionnante, attire l'attention de tous les occupants. Simon s'installe finalement dans un coin plus tranquille au bar, cherchant un peu de calme après une journée bien remplie.

Le brun fait signe à Roach, lui indiquant qu'il reviendra bientôt. Roach, levant les yeux au ciel d'un air amusé, observe son ami se diriger vers Simon.

Soap arrive au côté du blond, son regard bleu vibrant d'une lueur taquine. D'un geste décontracté, il demande, « Cette place est libre, Lt? » en désignant le siège à côté de Simon.

Simon répond d'un simple signe de tête, indiquant que le siège est libre. Soap prend place avec un sourire. « J'avoue être surpris de te voir ici. »

-Je suis moi-même surpris d'être venu, » avoue le grand homme.

Soap, percevant quelque chose de plus sérieux chez son supérieur, demande d'un ton curieux, « Un problème, Lt? » Le regard de Simon se perd un instant dans la contemplation, signe que la journée a laissé des traces plus profondes que ce qu'il veut bien montrer.

Le regard brun fatigué se lève vers Soap, et il admet, « Il y a encore beaucoup à faire pour le projet. La suite s'annonce complexe... »

D'un geste faussement dramatique, il pose une main sur l'épaule de Simon. « Allons, Simon, lâche prise, profiter de la soirée. Ces problèmes peuvent attendre demain. » Avec un sourire complice, Soap fait signe au barman de venir vers eux. « Allez, Lieutenant, qu'est-ce que tu bois? C'est ma tournée. »

Simon, après un soupir résigné, accepte l'offre. « Du bourbon. »

Soap lève un sourcil, un petit sourire aux coins des lèvres. « Du bourbon, hein ? Comme un bon vieux garçon. Je suis plutôt un gars de whisky pour ma part ».

Alors que Soap donne leur commande au barman, Simon lève un sourcil inquisiteur. « Je t'aurais plutôt imaginé en amateur de tequila. »

Il fait une grimace théâtrale. « Ça a un goût de pisse et ça me rappelle une mauvaise nuit au Mexique. »

Simon observe Soap du coin de l'œil en prenant une gorge de son verre. Une lueur de curiosité mêlée à de l'amusement dans le regard. « Qu'est-ce qui s'est passé au Mexique ? »

Soap, en évoquant la soirée à Las Almas, se laisse emporter par les souvenirs flous qui lui reviennent. Une bagarre dans un bar, une course-poursuite avec un chien enragé, et une nuit passionnée semblent être les éléments principaux de cette aventure brumeuse dans sa mémoire.

Il secoue la tête avec amusement, comme pour chasser les images floues qui tentent de se former dans son esprit. « Las Almas, c'était un sacré bordel. J'avoue que je ne me souviens pas de tout, mais ça a laissé des cicatrices, c'est certain. »

Simon, écoutant avec intérêt, arque un sourcil. « Cicatrices physiques ou émotionnelles? »

Il éclate de rire. « Un peu des deux. Disons que c'était une soirée pleine de surprises. » L'écossais, après avoir partagé sa propre anecdote mémorable, reporte son attention sur Simon. « Et toi, Lt? »

« Moi quoi? » répond le plus grand, feignant de ne pas comprendre la question qui lui est posée.

« Une histoire mémorable à partager ? Une décision due à l'alcool que tu préfères oublier ? »

Simon reste un moment silencieux, semblant hésiter. Puis, avec un petit sourire en coin, il admet, « Il y a quelques années, alors que je n'étais encore qu'une recrue… Il y avait cet Allemand, König, un grand taré, mais un putain de bon soldat, » commence Simon avec un léger sourire teinté d'amusement. « Après une mission particulièrement intense, on a décidé de fêter ça au bar. Les verres s'enchaînent, et on était persuadés que rien ne pouvait nous arrêter. »

Soap, intrigué, écoute attentivement, curieux de savoir où cette histoire va les mener.

« Les choses ont vite dégénéré, » poursuit Simon, « et on a fini par accepter un défi stupide lancé par un groupe de locaux. La soirée a pris une tournure chaotique, et mes souvenirs deviennent flous à partir de là. »

Il fait une pause dramatique, son regard se perdant dans le passé. « König et moi nous nous sommes réveillés le lendemain matin, menottés ensemble et à moitié nus, dans une benne à ordures à dix-huit bornes du point d'extraction. Autant dire que la gueule de bois n'était pas notre seul problème ce jour-là. »

Soap éclate de rire en entendant l'histoire de Simon. « Et comment avez-vous expliqué ça au haut commandement? »

Simon secoue la tête en ajoutant. « On n'a jamais vraiment fourni d'explication valable. On a inventé une histoire sur une embuscade surprise et une fuite héroïque. Ils n'ont jamais su ce qui s'était réellement passé. »

Le regard de Soap se pose sur Simon, et il perçoit une nouvelle dimension de la personnalité de son supérieur. Au-delà du professionnalisme, de la discipline et de la force de caractère, il y a un homme qui a vécu des moments mémorables, des aventures chaotiques et des histoires loufoques.

Soap, prenant une gorgée de son verre, ne peut s'empêcher de taquiner Simon. « Eh bien, Simon, je n'aurais jamais cru que tu serais le genre d'homme qui aime être attaché. »

Simon, avec un regard sombre, lui répond d'une voix profonde, « D'habitude, je ne suis pas celui qui se fait attacher. »

Un frisson traverse le corps de Soap alors qu'il perçoit clairement le sous-entendu de Simon. Le regard sombre de son supérieur a quelque chose de provocant qui éveille un désir en lui. L'atmosphère dans le bar semble s'épaissir, chargée d'une tension électrique entre les deux hommes.

Soap, habitué à ses propres jeux de séduction, se trouve momentanément désarmé face à la répartie audacieuse de Simon. Une lueur d'excitation dans les yeux de ce dernier trahit une part de lui que Soap n'avait pas anticipée.

Les pensées dans l'esprit de Soap prennent une tournure plus intime et très peu professionnelle. Une idée s'est glissée dans son imagination, prenant la forme d'un fantasme troublant : Soap envisage l'idée que Simon pourrait l'attacher.

Cette pensée suscite en lui des émotions nouvelles, une curiosité mêlée à une pointe d'excitation. L'idée d'être attaché par Simon, d'être à sa merci le fait frémir d'anticipation. Il imagine la sensation des grandes mains de Simon sur sa peau, se demandant s'il serait doux et attentionné ou au contraire, s'il serait dur avec lui. Un frisson d'excitation traverse la colonne vertébrale jusqu'à sa queue alors qu'il visualise les doigts calleux de Simon contre sa gorge.

Soap, excité par la tension électrique entre lui et Simon, ressent l'envie de proposer à Simon de quitter le bar avec lui. Cependant, avant qu'il n'ait la chance de parler, Simon se lève.

« Merci pour le verre, Johnny, » dit Simon avec une lueur malicieuse dans les yeux. « On se voit sur le chantier. »

Le salut de Simon est bref, mais cordial, et il quitte le bar sans un regard en arrière. Soap reste là, observant le départ de Simon avec un mélange d'excitation et de frustration. Une partie de lui veut le suivre, poursuivre cette connexion inexplorée. Cependant, la prudence le retient, l'empêchant de franchir ce seuil incertain. Il ne peut s'empêcher de se demander ce qui aurait pu se passer si Simon était resté un peu plus longtemps.

Soap, resté assis quelques instants après le départ de Simon, ressent un mélange de sentiments contradictoires. D'une part, la frustration provient du désir de voir jusqu'où peuvent aller les taquineries et les sous-entendus entre eux. D'autre part, l'excitation persistante est alimentée par l'idée de l'inattendu, de ce qui pourrait émerger de cette tension palpable.

Finalement, Soap secoue légèrement la tête, comme s'il cherchait à chasser ces pensées indiscrètes. Il se lève, paie sa note au bar, et se dirige vers la porte. L'air frais de la nuit le frappe, apportant un soulagement momentané à son esprit tourmenté.