Chapitre 3 : Rencontre entre deux mondes

Severus se tenait devant une vitre magique. C'était une structure semblable à un miroir sans teint moldu sauf qu'en plus, elle contenait une restriction magique. Elle permettait de contenir un prisonnier aussi surement qu'un mur ou des barreaux contrairement aux miroirs moldus qui se brisent au moindre coup.

De l'autre côté de la vitre se trouvait le petit Harry. L'enfant dormait depuis plus de 15 heures. Pas étonnant après le nombre hallucinant de potions qu'il reçut la veille. Bien trop d'après le maitre en la matière. L'enfant avait certes une certaine résistance mais il ne fallait pas oublier qu'une fois cette résistance vaincue, il se prendrait de plain fouet l'effet de la potion en question.

L'enfant était en train de s'étiré quand tout bascula. Sa main tout juste réparée heurta le mur. Il sembla pourtant à Severus que ce n'était pas la douleur mais plutôt la surprise de heurter le mur qui prit de court l'enfant. Tout se déroula très vite. En moins de deux, le petit était cu par terre, puis il bondit en direction de la porte. Il s'acharna dessus pendant cinq bonnes minutes. Pas un soignant à l'horizon. Etaient-ils incompétent au point d'oublier de mettre en place des alarmes sur leurs patients ? Non, ils étaient juste en train d'attendre que l'enfant recule pour pouvoir ouvrir la porte, quand ils se rendirent compte que le petit ne comptait pas abandonner. Ils finirent par lui jeter violement un repulso en pleine face alors que ses os n'étaient pas totalement guéris pensa-t-il. Insensé !

Harry tenait au moins de ses parents sa combativité. Ni une ni deux, le voilà de nouveau sur ses pieds, il s'élance vers la porte pour se faire attraper par le personnel. Oui, l'équipe était décidément totalement incompétente. A quoi bon crier « ça suffit, calme-toi » à un gosse qui ne parle pas leur langue depuis plus de 8 ans ? A rien. Et voilà le petit malade assommé par un nouveau sort ! Il se retenait d'aller leur dire deux mots à ses jeunes écervelés ! Et ça se dit médicomage en plus !

Severus passa de longues heures à observer le petit Harry. Au bout de six réveils tous aussi infructueux les uns que les autres, après avoir mis en place un bouclier magique autour de la porte pour empêcher l'enfant de s'en approcher et après avoir retiré tous les meubles de sa chambre (que l'enfant avait vaillamment mis en pièces), il ne restait dans la pièce qu'un petit matelas blanc sans draps sur lequel reposait l'enfant. Il semblait si petit. Il avait onze ans mais on ne lui en aurait pas donné plus de 4 voir 5. C'était une vrai brindille. Le régime de potion nutritive ne lui ferait pas de mal. Mais pour le moment l'enfant n'avait rien avalé. Le contact était impossible.

Mariana était de retour. Elle passa voir Severus pour prendre des nouvelles. Visiblement les médicomages ne s'étaient pas vantés de leurs « succès » auprès des infirmières… Contrairement aux autres qui avaient la grosse tête, elle prit le temps de l'écouter décrire le petit de façon très… terre à terre, diront nous. Sa mission était simple : refaire la toilette de l'enfant qui s'était fait sur lui lors de ses deux derniers réveils et nettoyer la chambre. On lui avait aussi donné pour consigne de raccourcir la tignasse de l'enfant.

Elle ne comptait pas lui mettre de couche comme le lui avait demandé son supérieur ! Plus préoccupée par les blessures qu'elle nettoyait, elle ne vit pas l'enfant ouvrir les yeux. D'un seul coup, elle se retrouva propulsée à l'autre bout de la pièce.

Magie sans baguette pensa Severus de l'autre côté de la vitre. Et puissant. L'enfant se rendait-il compte de ce qu'il faisait ou agissait-il uniquement par instinct ?

*

Lorsqu'il fut loin de l'animal à deux pattes qui l'attaquait, Harry se dirigea vers la surface qui ressemblait à un lac à la verticale. Le rectangle coloré lui était dorénament interdit, il l'avait bien compris, il cherchait donc une nouvelle sortie. Il était encore en train de taper dessus quand l'animal à deux pattes se réveilla et lança un seul cri. Qu'il ne comprit pas. Ça parlait pas sa langue.

« Harry ! » s'exclama Mariana dans l'espoir que l'enfant reconnaisse le prénom que lui avait donné ses parents alors qu'il n'avait qu'un an. Aucun effet. Était-il sourd ? Avait-il oublié son prénom ?

Harry se retourna d'un coup et vit l'autre prédateur pas loin. Il prit les devant. Non cette fois il ne retournerait pas dans le noir, il ne finirait pas attaché dans cette peau inconfortable dont il voulait toujours se débarrasser sans succès….

Severus envoya rapidement un patronus au pediamage en chef avant de se précipiter dans le chambre du petit. Harry était littéralement en train d'aspirer la magie de Mariana. Comment le faisait-il ? Impossible à savoir. Mais il le faisait. Une fois l'infirmière en sécurité, il ressortit, laissant les médicomages s'occuper du petit.

Il allait faire renvoyer cette équipe ! Fois de Rogue ! On. Ne. Met. Pas. A. Un. Enfant. De. Onze. Ans. Un. Collier. Anti-magie ! C'est de la pure torture !

Ted s'approcha du professeur. Il le voyait bien fulminer. Lui aussi était en rage. Quel était l'abruti qui avait osé confier ce petit sauvage au pédiamage le plus intolérant du service ! Pas étonnant que tout foire (et encore il était gentils !). Il se promit d'écrire à Dumbledore. Lui aurait le pouvoir de faire changer les choses.

Harry avait mal, son monde n'était plus que souffrance et obscurité. Le moindre mouvement le transperçait de douleur. Il voulait mourir. Les prédateurs avaient gagné ! Il en était sur il allait finir dans le ventre de l'un de ses monstres.

Puis un jour tout s'arrêta. Il sentit une pression froide derrière sa tête, une autre devant ses lèvres, un liquide qui coulait dans sa bouche. Il sentit son corps douloureux se détendre, il devenait mou. Etait-ce la fin ? Puis un poids fut enlevé de son cou. Il sombra de nouveau dans les ténèbres.

Ted venait de récupérer la responsabilité médicale de Harry. Sa première action fut de libérer l'enfant du collier anti-magie. Ce dernier avait laissé une énorme trace rouge, une nouvelle brulure à vif sur la peau du petit. Avant de sortir il lança quelques sortilèges. Une alarme pour être alerté dès que l'enfant aurait récupérer des effets de son carcan magique.

Il rejoignit Dumbledore derrière le périmètre d'observation. L'homme était entré dans une colère noir en entendant le rapport de Ted. Il était venu sur le champ et avait agit dans la minute où il avait vu le petit. Ted avait récupéré la responsabilité, promettant de faire tout son possible pour permettre à l'enfant d'aller mieux. Dumbledore prit soin de confier quelques souvenir au pédiamage : la découverte du petit, ainsi que son milieu de vie habituel. Il partit avant de l'avoir prévenu qu'il enverrait des observateurs surveiller leur travail.

Ted réunit rapidement son équipe pour définir de nouveaux objectifs pour l'enfant :

-soigner ses blessures surtout les fractures

-nouer une relation apaisée pour ensuite essayer de l'éduquer

-lui apprendre à parler

Trois pauvres objectifs avant de les réévaluer deux semaines plus tard. Il transforma la chambre du petit pour quelle ressemble à quelque chose dans le style de l'habitat où vivait l'enfant avant d'atterrir dans l'hôpital. Pas identique pour ne pas le tromper sur son lieu mais similaire pour l'apaiser. Fini les murs blancs et froids. Fini la paillasse blanche. Il laissa cependant la petite robe de sorcier (en espérant quelle résisterait aux envies destructrices de Harry).

Severus se rendit à sa convocation, dans le bureau du directeur. Les vacances n'étaient pas finies, ses cours n'étaient pas prêts. Que lui voulait le directeur ?

« Ah, Severus. Installez-vous.

-Que ce passe-t-il Albus ?

-C'est au sujet de Harry. J'ai vu que tu étais très présent à son chevet.

-C'est un cas scientifiquement intéressant. Et rare.

-C'est le fils de Lily

-C'est un fouttu Potter. A causer que des problèmes.

-Severus !

-C'est la vérité. Vous ne pouvez pas me contredire sur ce sujet. Et il cause autant d'emmerde que sa majesté.

-C'est un enfant, il a à peine connu ses parents. Il n'a rien appris d'eux. Même pas son nom, le pédiamage est formel. Cela dit, je compte sur vous pour assurer un jour de surveillance de l'enfant par semaine. Un seul jour. Je demanderai au reste des professeurs pour les autres.

-Et l'ordre, va-t-il être prévenu ?

-L'ordre est dissous. La guerre est finie Severus.

-Tant que je ne verrai pas son corps devant moi, je n'y croirai pas. La marque n'a pas disparu Albus. Il est encore là quelque part !

-Je vais prévenir quelques anciens, ça soulagera Minerva.

-Faites en sorte que je ne croise pas le loup !

-le loup, de qui parlez-vous Severus ?

-Lupin, le loup garou. Débrouillez vous pour que je ne le croise pas. Le reste je m'en fou.

-Lupin n'est pas au courant. Je devrai peut-être le prévenir, pensa Dumbledore à voix haute.

-Avez-vous encore besoin de moi ? J'ai des potions qui m'attendent.

-Je vous en prie Severus. Le mardi, ce sera bon pour vous ?

-oui.

Remus,

Nous avons retrouvé Harry. Il est actuellement à Sainte Mangouste pour être soigné et surveillé. Ses années dans le monde sauvage ont laissées des traces mais il est entre de bonnes mains. Passez me voir et nous lui rendrons visite.

Albus Dumbledore

Remus connaissait le lettre par cœur. Il l'avait lu et relu. Il avait vu le directeur et le petit Harry. Derrière la vitre. L'enfant ne ressemblait ni à Lily, ni à James. Seule la magie permettait de garantir son identité. Tout ne se passait pas bien. L'équipe faisait son mieux mais les progrès était très lent.

Il avait vu Harry dans sa chambre « nature » mais l'enfant ne semblait à son aise que dans la cours intérieur (redécorée pour l'occasion). L'enfant agissait comme une bête sauvage dans une cage de zoo. Tendu, inquiet, agressif…

Ted regardait à nouveau le parchemin initial. Son regard fut attiré par une ligne particulière.

« Myopie extrême, astigmatie et amblyopie de l'œil gauche »

Peut-être que l'enfant comprendrait mieux son environnement s'il voyait correctement ? Ils allaient faire le test. Sauf que les yeux ont un pouvoir magique. Ce qui fait qu'ils ne répondent pas aux sortilèges. Il fallait les soigner façon moldu… Au grand désespoir de nombreux sorciers qui se collaient donc d'horribles lunettes. Les métamorphomages avaient le pouvoir de changer leur yeux (mais certains s'étaient retrouvés coincés, ils étaient donc rare à jouer avec cet organe !).

Premier essai.

Mariana profita de la nuit pour aller installer l'accessoire qui devait permettre au petit de voir le monde. Une paire de lunette d'enfant fut fabriqué ensorcelée pour être incassable. C'était une paire toute simple, ronde, avec de grands verres et des branches souples reliées par un cordon magique. Elle prit soin d'envoyer une potion de sommeil sans rêve dans l'estomac du petit pour être sur qu'il ne se réveille pas. Une toute petite dose pour éviter les nombreux problèmes que l'approche de l'enfant avaient causés. Elle grimpa dans le « Nid » -dénomination officielle du lit de l'enfant- et s'agenouilla à coté du jeune garçon. Une fois les lunettes bien en place sur son nez, elle l'allongea sur le dos pour éviter toute surprise avec les lunettes (bien que magiquement protégées).

Harry se réveilla en plein milieu de la nuit. Il avait mal au nez, il avait roulé sur le ventre et quelque chose lui faisait mal sur le visage. C'était étrange. Une nouvelle invention des deux pattes qui atterrit très loin de son nid. Il attendit. Pas de réaction. Bien fait pour eux.

Echec. Le petit s'était réveillé et avait refusé l'accessoire. Ils allaient tenter un essai par la force. Un seul.

Deuxième essai

Le matin même, Ted rassembla une grande équipe sous les yeux de Remus. L'enfant venait de sortir dans la cours et courait de son étrange démarche à quatre patte. L'exercice lui faisait visiblement du bien. Il semblait plus détendu.

Audric rentra avec Ted et deux autres infirmiers costauds. Le pédiamage avait la charge de limiter la magie du petit, Audric (après avoir bien courrut) réussit à attraper Harry par derrière, il le ceintura contre son torse. Les bras emprisonné, le petit ruait, secouait sa tête dans tous les sens. Les infirmiers le rejoignirent rapidement, ils attrapèrent ses pieds. Le petit avait BEAUCOUP de force. Il ruait tellement que Mariana eut beaucoup de mal à s'approcher suffisamment pour installer les lunettes.

Ouf, elles étaient en place !

Allaient-elles tenir ? le petit agitait la tête en tout sens. Puis son regard se focalisa sur une fleur.

Tous purent admirer les magnifiques émeraudes de l'enfant. Ses yeux étaient grands ouverts pour la première fois.

Harry remarqua que le monde avait changé. C'etait ... Il ne savait pas comment penser comment c'etait . C'etait Beau différent plus... plus précis plus clair. Il pouvait voir les pommes dans le panier à l'entrée de son nid il pouvait voir les nuages séparément il pouvait... c'etait Trop bien !

Il voulait admirer partout. Il voulait, regarder.

Harry était calme. Il semblait apaisé pour la première fois. Audric ne le relâcha pas immédiatement pour autant. Les infirmiers libérèrent les jambes du garçon. L'enfant ne rua pas, il ne s'agita pas. Il n'avait pas tout regardé. Il semblait abasourdi par ce qui l'entourait. Ils finirent par le reposer par terre et le laissèrent tranquille.

Harry s'apprêtait à rentrer dans son nid, il voulait voir à quoi il ressemblait. Le monde avait tellement changé. Les deux pattes lui avaient mis un truc sur le visage mais il voyait tellement bien avec. Sauf derrière ses oreilles ça grattait. Il enleva le truc et tout redevint comme avant. Il le remit (non sans difficultés !) et le monde redevint nette. Tant pis ça grattera derrière ses oreilles. Il préférait le monde net !

Et c'est ainsi que les petites lunettes restèrent fièrement en place sur le visage du petit Harry

Première victoire...