Chapitre 19 :

Ils ne revirent pas Rogue de la semaine. Le maître des potions était reparti à Poudlard pour enseigner. Dumbledore avait suggéré à Remus de rester en sécurité au manoir de ses « ancêtres ». Il y avait plus de place pour Harry que à Sainte Mangouste et, à cause de l'affaire Skeeter, le ministère avait mis son nez dans l'éducation de Harry. Hors de question de l'envoyer à Poudlard sans un examen médicomagique complet.

L'enfant avait passer les jours suivant à jouer avec les mots, les sons et les objets. Sa curiosité n'avait de limite que ce que ça magie ne pouvait pas faire au grand désespoir de Remus qui dut rester très attentif afin de répondre le plus vite possible à la curiosité de Harry afin d'éviter d'innombrables catastrophes et tempêtes d'objets. Il avait trouvé un nouveau moyen de répondre à la curiosité insatiable du petit : un livre moldu enchanté, ou plutôt : la bibliothèque entière. C'était des bandes dessinées pour jeunes de l'âge de Harry ou plus jeune. Si l'enfant l'ouvrait en souhaitant entendre les mots, le livre affichait une vignette par une vignette et lisait à haute voix les textes contenus des bulles. Les personnages ne bougeaient pas mais l'association des mots et des images permettait à l'enfant d'apprendre de nouveaux mots. En revanche, si Harry l'ouvrait sans pensée magique, le livre restait sous sa forme moldu, obligeant l'enfant à découvrir par lui-même et à tourner les pages. Le seul moment où la bibliothèque posait problème était le soir : difficile de coucher l'enfant, il avait fallu instaurer un nouveau rituel : l'histoire du soir.

Personne ne s'attendait donc à recevoir la visite du maitre des potions en plein samedi après-midi. L'homme renfrogné comme jamais fut accueillit par un Harry surexcité qui s'empressa de crier « poton ! ».

L'homme ne put s'empêcher de le reprendre de sa voix aux accents lents et mortels « poti-on ». « Et ce n'est pas le moment jeune homme » conclut-il. « Poti-on » répéta Harry tout sourire avant de faire une pause, puis, comme pour Remus, de lever lentement son index et de pointer l'homme.

«On ne pointe pas du doigts, c'est mal poli » réplica le sorcier, clairement de mauvaise humeur.

Remus intervint sur ses entrefaites, expliquant à l'homme que Harry voulait savoir son nom.

« Professeur Rogue »

Le mot était bien trop long pour le petit Harry mais celui-ci s'appliqua. Il avait très bien compris que l'homme était exigeant. « Pro-ve-ceur Ro-q ». Harry secoua la tête avant de regarder Remus. « Professeur » dit lentement le loup garou « provesseur » parvint à dire Harry, « Ro-gue », «Rogue » s'exclama l'enfant dans un sourire.

« Provesseur Rogue ! Poti-on ! » demanda Harry en tapant des mains.

Dumbledore lui avait donné une mission, alors qu'il avait des paquets entiers de copie à corriger. Il tenait à bien faire la chose : jamais de retard, toujours des commentaires (plus ou moins gentiment formulés mais toujours justes en terme pédagogique). Et voilà qu'on lui demandait d'accompagner sa majesté sur le chemin de traverse ! Rien que ça !

Alors il fit comme s'il n'avait pas compris. Il sortit de sa poche une fiole, l'ouvrit et la mit devant la bouche de l'enfant. L'odeur était nauséabonde. La couleur peut appétissante.

L'enfant recula.

« Bois » ordonna-t-il avant de se faire prendre la fiole des mains par Remus. Bien entendu, le loup garou n'avait pas prévenu son pupille de la sortie du jour ni de la nécessité de recourt à une telle potion. Remus eut du mal à faire boire l'intégralité de la fiole à l'enfant. Le plus dur fut la transformation. Le corps de Harry grandit, il prit un peu de muscle, ses cheveux devinrent roux.

Il allait étrangler Dumbledore ! Quel idiot était le vieux sorcier d'avoir prit le cheveu d'un sang pur d'une famille, on ne peut plus identifiable ! Ils n'avaient pas intérêt à croiser un proche de la famille Weasley en chemin, foi de Rogue.

Il avait mal partout dans son corps, et ses bras, ses mains, ses pieds étaient trop grands. C'était agréable de pouvoir décrire son corps mais là, il n'avait qu'une envie : retourner dans le passer et retrouver ses petites jambes. Il avait du mal à marcher, il avait beau parler, aucun son ne sortait de sa bouche.

Dumbledore avait été trop exigeant vis-à-vis de la sécurité de Harry. Un silencio ! (plutôt un sort de sa fabrication personnelle car le petit avait su enlever les silencio grâce à sa magie enfantine). Il voyait bien que le petit essayait de communiquer. Il venait à peine de découvrir le language et le vieille homme exigeait qu'il passe une heure entière sur le chemin de travers (pour acquérir un accessoire dont il n'avait pas l'utilité pour le moment) et, afin, soit disant, de ne pas attirer les journalistes, ils avaient du le rendre muet. Sa façon de parler aurait de toute façon attiré l'attention. LE sort était inutile : la façon de marcher de l'enfant, ses lèvres qui bougeait sans bruits faisaient converger les regards. Si bien que Remus finit par le prendre dans ses bras (pas si facile avec la taille bien plus grande de Ron) et tenant sa tête juste à côté de sa bouche, il lui murmurait des mots, des explications. Et quand le petit se fut calmé, il lui permit à nouveau de contempler l'allée sorcière.

Revoir le regard émerveillé de Lily face aux vitrines magiques fut un pincement au cœur de Severus. Il s'en voulait d'avoir jeté le silens manebis. Ce sort lui avait été bien utile lors de sa petite guerre contre le maraudeur. Sauf que là, ce n'était pas la même chose. Il voyait bien que ça faisait du mal à l'enfant mais c'était nécessaire. Le petit ne contrôlait pas le volume de sa voix et son intonation particulière aurait attiré l'oreille de quelque passant curieux. Il ne fut que trop heureux d'arrivé dans la boutique qu'ils cherchaient.

Ils venaient d'entrer dans un nid différent où un étrange deux pattes aux cheveux blancs les attendaient. « a mecieu Poeur, je ous attenais. Un eu en redarme sembe til » [« Ah, Monsieur Potter, je vous attendais. Un peu en retard me semble-t-il ? »] Il ne comprit rien du tout. Mais l'homme avait une curieuse expression sur le visage qui le fit reculer. Son dos heurta les jambes de Remus. Il se retourna pour enfuir son visage dans le ventre de Emus avant que celui-ci ne se penche et le prenne dans ses bras. Ainsi perché, il était plus à l'aise, à la même hauteur que l'inconnu. Jusqu'au moment où un étrange objet inconnu vint voler autour de lui. Il battit des mains pour l'éloigner, se tordit dans tous les sens pour échapper au truc. Il finit par se faire fouetter par un bout du truc. Il vit clairement Emus sortir son bâton-baguette (et non bâton-bâton), prononcer un truc bizarre et arrêter l'objet. Le deux-quatre pattes le prit dans sa main et montra le truc inerte à Harry. « Mètre à mesurer » dit-il lentement tout en tendant l'objet au garçon. Mais Harry se blottit davantage contre lui, s'éloignant encore plus de l'objet.

-Je m'en passerai si cela incommode ce petit gars le rassura Ollivander en reprenant un de ses outils de travail. Il n'est pas le premier à avoir ce type de réaction, mais je vous conseillerai de le faire examiner par un psychomage.

Le vieux vendeur semblait inquiet.

-Bon voyons voir ce qui convient à ce genre de caractère. J'ai toute une gamme de baguettes spéciales pour sorciers, disons, différent, ajouta-t-il avec tact.

Il invita l'adulte à s'assoir avec l'enfant sur ses genoux devant son comptoir. Il posa ensuite une panoplie de baguette toutes plus différentes les unes que le autres. Il y avait des baguettes à la garde ronde, d'autres avec une poignet, encore une autre sans garde. Il y avait toutes les couleurs, tous les motifs, des petites, des grandes et le vendeur continuait à en déposer d'autres sur le comptoir après les avoir enlevées de leur étui.

Lorsque Ollivandeur vit Harry blottit contre Remus, il proposa à l'adulte de prendre les baguettes et de les présenter au petit. L'enfant refusait de saisir les objets, il finit par prendre une baguette et… La mit à la bouche. Il ne se passa rien de magique. L'enfant accepta une autre avec laquelle il joua un moment avant de la laisser tomber par terre. En moins d'une demi-heure, Harry eut en main pas moins de 60 baguettes ! Sauf qu'aucun phénomène magique ne se produisit. Il finit par lancer les baguettes que Remus lui mettait d'office dans les mains et une vague de magie pure envoya valser les baguettes restantes sur le comptoir.

« Ah, celle-là je ne m'y attendais pas, s'exclama le fabriquant.

-Belle puissance Monsieur Potter, peut-être une baguette qui atténue un peu la force brute et renforce la contrôle ? »

Sauf que Harry en avait marre et le fit bien savoir à Remus.

L'homme préféra sortir l'enfant quelques minutes et le laisser courir un peu pour dégourdir ses jambes.

Ce n'est que deux heures plus tard que le petit se laissa entrainer à nouveau vers la boutique.

« Passons à une autre technique, proposa le propriétaire des lieux. Harry n'a qu'a gambader dans la boutique, il peut tout toucher et nous verrons bien si une baguette se manifeste… »

Avec un autre gamin, la boutique aurait été sans dessus dessous mais Harry n'osait pas toucher aux boites malgré l'exemple que lui montrait Remus. Au contraire, le petit semblait attiré par l'arrière-boutique.

Ollivandeur ne s'attendait pas à voir l'enfant se diriger vers les baguettes les plus rares. Il tenta d'empêcher l'enfant de prendre la « pire » baguette mais en vain. La baguette jumelle de celle de Voldemort lançait déjà des étincelles rouges, vertes, jaunes et bleu.

-Bien je crois que nous devons nous incliner. Alors, Harry, Houx, 27,5cm, cœur en plume de phénix. Très souple. Je préviendrai Albus des particularités de cet… instrument.

Le petit groupe se dépêcha de remercier le fabricant pour sa patience, de payer la baguette avant de prendre le chemin du retour, la baguette dans la poche de Remus. Etonnamment, l'enfant ne semblait pas presser de la tenir contre lui.

Par curiosité Remus donna sa baguette à Harry dans l'après-midi. L'enfant ne savait pas trop quoi faire du bout de bois magique. Une brume finit par apparaitre dans la pièce avant de devenir colorée et mouvante. Remus observa stupéfait James et Lily apparaitre. Encore un souvenir enfuit au plus profond de la mémoire de Harry. Le regard de l'enfant s'illumina, il battit des mains avant de se précipiter sur les genoux de Remus. La disparition du souvenir fut difficile pour le petit, l'adulte ne savait même pas comment l'aider à recommencer. Il montrerait le souvenir de cette après-midi à Dumbledore, peut-être à Severus s'il pouvait les aider. En attendant, il profitait du câlin avec son presque fils avant que l'enfant ne s'éclipse vers sa salle de jeu où il passa le reste de la soirée. Remus rangea la baguette dans une petite vitrine à hauteur pour que Harry puisse la prendre mais protégée d'un sort pour que l'adulte soit prévenu. Le soir, il mit l'enfant au lit, la petite couverture sur le côté pour que l'enfant puisse se couvrir s'il avait froid. Certains soirs Harry souhaitait être bordé, d'autres non. Il lui ébouriffa les cheveux avant d'ouvrir le petit recueil d'histoire du soir. Peu après, Harry avait rejoint les bras de morphée.