Bonjour à tous, voilà le second chapitre qui entre un peu plus dans le vif du sujet. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires, qu'ils soient bons ou mauvais. Ça motive grandement à publier et ça permet surtout de s'améliorer, de modifier ou d'ajouter des éléments au fil de l'histoire si besoin. Donnez vos avis, vos ressentis, ça met du baume au cœur et ça nous montre que nos heures d'écritures ne sont pas vaines =)

Bonne lecture.

Chapitre 2 : La toile qui se tisse

Samedi 16 Avril 2022 - 13:43

La lumière filtrait à travers ses volets laissant passer quelques rayons de soleil déjà bien haut dans le ciel. Le début d'après-midi semblait déjà bien entamé lorsqu'il ouvrit les yeux. Il bougea légèrement, se passant une main sur le visage, la soirée avait était longue et éprouvante. Ça faisait un moment qu'il n'avait pas eu à courir à droite à gauche comme ça, et cela le motivait à reprendre le sport rapidement. Il avait passé tellement de nuit sur des dossiers en tout genre et à faire des recherches qu'il avait perdu la forme sans s'en rendre compte. Son corps avait beau être toujours aussi bien dessiné, pour le cardio il en était tout autre, et il était hors de question qu'il se laisse aller. Il devait garder la forme à tous les niveaux, aussi bien physiquement que mentalement. Son dos et ses bras étaient courbaturés et il savait que le soir venu, il devrait redoubler d'effort pour tenir le cap.

Il chassa d'un revers de la main les couvertures et s'en extirpa rapidement, posant les pieds à plat sur le sol de sa chambre. Se redressant d'un mouvement, il se dirigea vers la cuisine, faisant craquer le parquet sous ses pieds. Sa main se glissa dans sa chevelure indomptable, glissant entre ses mèches et l'autre attrapa une tasse qu'il glissa sous la machine à café. Il appuya nonchalamment sur l'un des boutons, attendant que l'engin démarre et lui prépare son breuvage devenu indispensable au réveil.

La soirée avait été, contre attente, des plus prometteuse. Il ne s'était pas attendu à devoir dépanner le barman, et par ce fait, obtenir un poste au sein de l'établissement. Il remerciait encore tous les dieux d'avoir pu faire plusieurs petits jobs d'étudiants car s'en cela, il n'aurait pas pu saisir une telle opportunité.

Il avait fini tard et bailla à s'en décrocher la mâchoire. C'est en effet vers six heures du matin que son boss lui avait permis de quitter le comptoir, lui proposant de rejoindre les rangs à ses côtés pour les soirs à venir. Son professionnalisme avait joué en sa faveur, et d'après Suigetsu, sa gueule d'ange avait attiré les clients au comptoir plus que d'habitude. Coïncidence ou non, le résultat était le même, il avait accepté. Il n'aurait pour rien au monde pu refuser une telle proposition et il devait bien payer ses factures.

La cafetière attira de nouveau son attention lorsque le vrombissement de celle-ci s'arrêta. Il récupéra sa tasse et se dirigea dans le salon, laissant son regard se porter vers les cartons posés ci et là. Trois semaines qu'il était ici, et il n'avait toujours rien déballé. Il s'était contenté de monter les meubles indispensables et ouvrir les cartons qui contenaient le nécessaire pour sa vie de tous les jours, en bref, le strict minimum. Il allait vraiment falloir qu'il s'y affaire sérieusement.

La pièce avait les murs d'un blanc neuf où aucune décoration n'avait encore élu domicile. En face de l'entrée, une table en bois clair était collée contre le mur de gauche, juste après le couloir, et trois chaises blanches de style scandinave avec les pieds en bois étaient positionnées juste en dessous. Un meuble télé du même bois se postait juste à côté, laissant un écran de taille moyenne tourné légèrement vers la table. Entre les deux, une étagère avec quelques bibelots en tout genre et quelques livres semblaient décorer la pièce. En face de l'entrée, une grande baie vitrée laissait entrer la lumière et entre apercevoir une petite terrasse. Sur la droite, un pan de mur complet accueillait le dossier de son canapé beige et une table basse juste en face. L'autre partie du mur était découpé, laissant un bar séparer le salon de la cuisine.

Le couloir menait vers l'une des chambres, la salle de bain et les sanitaires.

Naruto se dirigea vers sa table base où il attrapa son paquet de cigarette, glissant un tube de tabac entre ses lèvres. Il ouvrit la baie vitrée et alluma sa clope, tirant dessus et recrachant la fumée tout en s'accoudant au garde-corps. Son regard se porta sur le bas de sa rue où les commerces étaient déjà ouverts et où le monde commençait à affluer gentiment. Il avait beau être dans un quartier mal famé, au premier coup d'œil ce n'était visible, du moins en pleine journée. Il fallait vraiment prêter attention à son environnement, aux gens que l'on croisait. Son regard s'attarda sur un couple qui paraissait ordinaire mais qui devenait subitement un hôte et sa cliente si l'on regardait les détails. Les bijoux de l'homme et le costume haute couture était bien trop flagrant pour son jeune âge. Quant à la femme, elle était bien plus vielle que lui, et bien trop apprêtée pour une simple sortie en amoureux.

Oui, les détails étaient devenus une chose courante chez lui. Il aimait prendre le temps de regarder, d'analyser et de déchiffrer. Le problème, c'est que cette habitude était devenue contagieuse dans sa vie de tous les jours. Il ne pouvait s'empêcher de tout détailler de fond en comble, allant même jusqu'à trouver des failles là où il n'y en avait pas.

Il prit une gorgée de café et repensa à sa soirée d'hier. Il n'avait pas recroisé le brun de la soirée et ce n'était pas plus mal. Il devait refreiner sa curiosité et laisser les choses venir à lui de manière naturelle. Cet homme, au-delà de son apparence de bel Appolon avait l'air d'en savoir beaucoup sur le lieu. Il devait être là-bas depuis un moment pour être passé numéro 1. Il faut dire que sa belle gueule devait attirer du monde. Il avait une idée bien précise de ce qui pouvait se cacher derrière la porte rouge du club, mais tout ne restait que supposition. Il avait toujours été du genre à vouloir voir les choses de lui-même, de se faire sa propre opinion, et encore plus sur ce lieu. Le problème, c'est que l'homme semblait être impassible et il était dur de lire en lui. La seule chose qu'il avait remarqué rapidement était que son corps ne le laissait visiblement pas de marbre. Il savait qu'il pourrait jouer sur son physique si le besoin se faisait sentir.

Ses sourcils se froncèrent un moment en pensant à son inquiétude. Pourquoi l'homme semblait vouloir le voir loin du bar ? Était-ce juste parce qu'il avait l'air innocent comme il lui avait fait remarquer ? Ou bien la réflexion allait-elle plus loin ? Cet endroit était-il si dangereux que ça pour qu'un homme qu'il ne connaissait pas lui lance ce genre de signaux ?

Naruto tira une nouvelle fois sur son mégot. Il avait à la fois beaucoup d'information, et à la fois pas assez. Il devait se poser calmement et faire le point. Il écrasa le reste de son tube dans le cendrier à ses côtés et rentra, fermant les rideaux derrière lui. Ce n'était pas le moment de se faire des nœuds au cerveau.

Il se posta devant son étagère et la fit coulisser, laissant apparaitre la seconde chambre sous ses yeux.

Il y entra et alluma la lumière. Un grand bureau habillait la pièce avec plusieurs écrans et matériels de bureau. Plusieurs étagères remplis de dossier et de classeurs entouraient le meuble. Chaque classeur était parfaitement à sa place. Une couleur pour un type de dossier. Si Naruto avait un naturel bordélique, ce n'était pas le cas dans son travail. Il s'appliquait à ranger chaque chose avec une rigueur et une organisation surprenante pour quiconque le connaissait. Il ne pouvait pas se permettre de laisser les choses trainer. Tout devait être à portée de main et accessible le plus rapidement possible.

Sur l'un des murs de la pièce, une multitude de photo était accrochée avec des punaises. Chaque photo représentait un visage et des post-it étaient posés sous ses dernières, laissant apparaitre un nom, des interrogations, une place ou un métier. Les images étaient placées sous forme de pyramide, à hauteur d'homme, tel un organigramme dont certaine case restait encore vide, ou encore flou. Une table juste en dessous laissait voir d'autres photos dont la position restait encore à déterminer. Des visages sans nom, des habitués croisés dont il ne savait pas encore si leur place était en tant que client ou autre.

Sur le mur d'en face, un plan du club était épinglé, relié à des fils rouges qui menaient à d'autres photos prises dans le club, illustrant les salles dont il avait eu accès. Le plan se découpait en trois parties bien distinctes. Le sous-sol, le rez-de-chaussée et l'étage. Il connaissait ces plans par cœur, si bien qu'il pourrait s'y déplacer les yeux fermés. Cependant, la majorité lui était encore inconnu et il ne s'avait, pour la plupart, pas ce qu'elles cachaient.

Naruto soupira et s'installa sur le fauteuil de bureau où il ne comptait plus les heures passées assis dessus. Il alluma son ordinateur, branchant son téléphone en USB. Il fit pivoter sa chaise, laissant son regard bleu errer sur les photos accrochées aux murs. Oui, des informations, il en avait depuis un moment. Depuis combien de temps avait-il décidé de sauter le pas ? Depuis combien de temps avait-il mis sa vie en suspens pour cette affaire ? Depuis quand mentait-il à son entourage pour régler cette affaire selon ses propres règles ? Mentait-il vraiment au final ? Il préférait se dire qu'il cachait une part de vérité. Une vérité pas belle à entendre et bien trop dangereuse pour y mêler ses proches.

A vrai dire, même lui ne savait plus. Il avait l'impression que cette histoire avait grandi avec lui. Il avait évolué avec, le faisant changer, murir bien trop tôt. Il n'était qu'un enfant à cette époque, il avait dû laisser les "grands" s'en occuper, et tout ça pour quoi ? Pour qu'elle soit bien rangée dans un placard en tant qu'affaire non élucidée. Il ne l'avait pas accepté, et encore aujourd'hui, il refusait ce genre de conclusion. Il en était hors de question. Il ne laisserait jamais les choses se terminer ainsi. Il se sentait incapable de laisser les choses en stand-by et de grandir sans réponse. Il devait savoir pour avancer mais il devait prendre garde à ne pas fauter pour impliquer des personnes innocentes. Il savait qu'il prenait lui-même des risques inconsidérés alors hors de question d'y ajouter les facteurs amis / famille. Il jouait suffisamment avec le feu comme ça.

Il détourna le regard et se pencha sur son clavier où il tapa machinalement son mot de passe. Les écrans s'allumèrent simultanément et il cliqua sur plusieurs dossiers pour trouver celui qu'il souhaitait. Il transféra les photos prises la veille dans le dossier prévu à cet effet. Un dossier par date regroupait les différentes prises de vues qu'il avait faite.

Il ouvrit sur un autre écran un fichier vierge où il tapa, tel un journal intime le moindre des faits et observations qu'il avait vécu la veille. Rien ne devait manquer, il devait pouvoir à tout moment relire ses visites, ses recherches. Il ne devait rien laisser au hasard et encore moins laisser une information passer à la trappe, même la plus banale. Il y recensait chaque rencontre, chaque nouveau nom, chaque paroles échangées.

Son téléphone sonna, et il l'attrapa rapidement.

"Allo ?"

"Bordel, je me demandais si tu n'étais pas mort dans ton quartier craignos."

Kiba. Mec adorablement présent dans sa vie, à la limite de trop, bien que sa place de meilleur ami soit plus qu'ancré dans son quotidien. Grand brun extravagant et extraverti, il avait depuis gamin occupé cette place à ses côtés, même lorsque les choses avaient mal tourné pour lui. Il était le genre de mec qui ne passait pas inaperçu, encore moins depuis qu'il s'était fait tatouer sur les joues deux triangles inversés lors d'une soirée alcoolisée. Bien loin d'hurler le lendemain, il les avait assumés avec une force folle. Il n'avait jamais cherché à les faire retirer. Ses yeux marrons, presque fendu en deux, faisait de lui un être à part entière. Son regard savait déchiffrer la moindre de ses pensées, mais il se faisait violence pour ne pas le mêler à tout ça. Kiba ne savait rien de ses affaires secrètes, et c'était bien comme ça.

"Désolé mec, je ne suis pas mort dans une ruelle. Tu vas devoir me trainer encore un moment avec toi."

"Tant mieux, parce qu'hier j'ai ..."

Naruto l'écouta d'une oreille distraite, le laissant déblatérer sa soirée charnelle avec une nana rencontrée la veille. Kiba était du genre frivole et enchainait les coups d'un soir, si bien qu'il ne serait pas étonné de le savoir père plusieurs fois. Le brun ne l'avait pas suivi sur les bancs de la fac alors qu'ils avaient fait toutes leurs classes ensemble. Kiba avait flippé en terminant le lycée, de peur qu'ils se perdent de vue mais ni l'un, ni l'autre ne souhaitait en arriver là.

Kiba avait déjà une vie toute tracé. Ses parents avaient tous deux le même métier et il reprendrait leur clinique vétérinaire avec sa sœur. Le brun adorait les animaux et particulièrement les canidés. Il se formait la semaine dans une école spécialisée et il exerçait déjà les week-ends au sein de sa famille. Il aimait et était doué pour ça.

Lui, il s'était spécialisé en informatique. Il y avait toujours touché à un clavier et il excellait avec les codages. Après tout, il faisait partie de la génération 2.0. Il se souvenait, gamin, avoir voulu fouiller dans les dossiers de son père, puis petit à petit, il avait appris à hacker quelques sites, des plus petit jusqu'au dark net, juste pour voir, pour s'amuser et voir s'il était capable de plus. Il n'avait pu s'arrêter de se lancer des défis à lui-même, allant même jusqu'à vouloir pirater le gouvernement mais il s'était abstenu jusqu'à maintenant. Non pas qu'il ne s'en sentait pas capable, mais il ne voulait pas attirer l'attention sur lui, encore moins en cette période.

"Et toi ? Ta soirée ?" Demanda Kiba.

"Je suis allé au Mangekyou, le barman était dans la merde. Du coup, je lui ai filé un coup de main et j'ai été embauché."

"Sérieux mec ! Il n'y a que toi pour passer derrière le bar au lieu de t'éclater ! Bon, du coup, je ne te demande pas si tu as eu une prise..."

Naruto roula des yeux et rit légèrement.

"Non, Kiba, je n'ai pas couché et pour ton information personnelle, tout le monde ne va pas en boite pour tirer un coup. "

"Ok, ok ! Bon, je voulais te proposer de bouger cette aprèm, mais tu dois être naze..."

"Ouais, je viens juste de me lever. Il faut que je m'occupe un peu de l'appart et je prends mon service sur les coups de vingt-deux heures. Il faut que je signe mon contrat et tout le bordel qui va avec."

"Ça marche, bon on se capte plus tard, que je vois enfin ton appart."

Naruto raccrocha sans plus de cérémonie. Kiba n'avait pas encore mit les pieds chez lui, ni personne d'ailleurs. Il avait emménagé rapidement et le peu de carton qu'il possédait ne l'avait pas obligé à faire appel à qui que ce soit. Naruto avait sa pièce secrète et personne ne devait en avoir connaissance. Il s'était débrouillé pour la dissimuler rapidement et pour le reste des meubles, une entreprise lui avait livré directement dans son appartement. Aujourd'hui, il devait prendre le temps d'aménager convenablement les lieux pour qu'il ressemble à un lieu d'habitation, et non à une planque.

Naruto soupira en se faisant la réflexion qu'il n'était pas flic, juste un étudiant lambda qui jouait au détective à ses risques et périls. Il savait pertinemment à qui il allait avoir à faire et ce n'était pas juste le grand méchant loup. Il s'attaquait à beaucoup plus gros.

Il se passa une main dans les cheveux et relu rapidement les lignes qu'il avait tapées un peu plus tôt, cherchant un oubli quelconque mais tout était parfait. Il se redressa, tasse en main et quitta la pièce, poussant de nouveau son étagère, dissimulant cette dernière rapidement.

Il fit chauffer sa bouilloire et ouvrit un pot de ramen instantané. Il raffolait de ces petites nouilles au bouillon et puis soyons honnête, s'était simple, rapide et efficace. C'était juste ce dont il avait besoin en ce moment même. Il attrapa le récipient d'eau chaude et vida son contenu dans le pot, refermant précautionneusement le couvercle, attendant que les nouilles ramollissent. Il alluma la télévision et zappa un moment avant que son plat soit prêt et mangea rapidement.

Il s'affaira à défaire ses cartons, rangeant du mieux qu'il le pu les différents bouquins et objets entassé au fond. Il avait déjà pu faire un bon tri lorsqu'il avait quitté sa chambre et emballé ses affaires. Il avait tout simplement halluciné sur le nombre de choses improbables qu'il avait jetés. Il avait entassé avec les années une multitude d'objet, lettres, photos et autres choses dont il ne se souvenait même pas de leurs existences.

Au bout d'une bonne demi-heure, il fit de même avec ses vêtements empilés à l'arrache dans les cartons et les plia soigneusement dans son armoire. Sa chambre état assez grande, elle accueillait un lit deux places, un bureau pour ses cours, une étagère et un grand dressing encastré. Les murs étaient blancs, à son plus grand désarroi, mais il n'avait clairement pas le temps de s'amuser à peindre l'un d'entre eux. Il ne comptait, de toute façon, pas finir ses jours dans ce quartier, sauf s'il finissait mort dans une ruelle sombre. Non, c'était le temps de régler ses affaires et il reprendrait sa vie en main, peut-être dans une autre ville.

Il tomba sur un carton dans un coin de sa chambre et l'ouvrit, tombant sur des cadres. Il en prit un en main, s'asseyant à même le sol pour le contempler. L'image le représentait avec Kiba, tout sourire alors qu'ils n'étaient que des gamins, leurs bouches pleines de chocolat et le sourire aux lèvres. Ils devaient avoir sept ans à tout casser. Sept ans, un âge où tout était possible, un âge où la candeur et la naïveté régnaient en maitre sur leur petite existence. Un âge où peu de temps après cette photo, son monde avait basculé pour le plonger dans un univers plus sinistre, plus froid.

Il posa l'objet à ses côtés et en attrapa un second. Un homme aux traits similaires aux siens, des yeux aussi bleus que lui, rieurs. Une tignasse blonde dont les mèches longues caressaient son visage, des lèvres s'étirant en un sourire sincère, et lui à ses côtés, enfant de nouveau. Cette époque lui paraissait si lointaine à ce moment-là. Quatre ans qu'il n'avait pas été le voir.

Son père.

Cet homme autrefois si enjoué, devenu l'ombre de lui-même, se laissant vivre plus que de raison après la tragédie qui les avaient touchés de plein fouet. Cet homme qu'il aimait profondément et sans retenue aucune. Ils s'étaient éloignés petit à petit. Son père se plongeant corps et âme dans le travail pour le laisser, malgré lui, de côté. Il ne lui en voulait pas pour ça. Qui était-il pour juger la manière dont il gérait son chagrin ? Lui-même en avait fait les frais, il n'avait simplement pas géré les choses de la même manière. Il avait grandi plus vite que prévu, devant souvent s'occuper de lui même avec les horaires tardives de son père. La maturité et la réalité de la vie avaient frappées bien trop tôt à sa porte, l'emmenant loin de son existence paisible d'enfant.

Non, lui, il avait cherché des réponses à ses questions mais personnes ne voulait, et ne pouvait lui répondre. Il en avait entendu des réponses, mais pas celles qu'il voulait. Comment avancer lorsque des adultes ne cessaient de lui répéter que c'était l'affaire de grande personne, qu'ils étaient sur le dossier et qu'il finirait par trouver. On lui répétait, à cette époque, qu'il n'était qu'un enfant de sept ans, et qu'il ne pouvait que les encourager dans leurs démarches. Qu'il devait prendre soin de son père en attendant et garder la tête haute. Oh, il l'avait gardée la tête haute. Il avait fait comme on lui avait demandé. Il avait passé des heures à leurs côtés. Les soutenants du mieux qu'il le pouvait de son petit âge. Apportant des cafés, faisant des photocopies pour les avancer, trier de la paperasse et tout ça pour quoi ?

Oui, il aurait pu passer à autre chose, comme beaucoup l'avait fait, mais il en était simplement incapable. Il le savait, il ne pourrait tout simplement pas avancer sans y penser. Cette nuit le hantait au plus profond de son âme, chaque partie de son corps se souvenait. Chaque odeur, chaque matière sous ses doigts, chaque nuance de couleur dans cette ruelle, tout était gravé en lui. Il se souvenait parfaitement de tout, même après toutes ses années. Il se remémorait les traits de ce masque qu'il portait, de sa voix amusée et sombre aux intonations graves qu'il entendait encore au creux de son oreille, tel un chuchotement. Cette voix qui l'empêchait d'abandonner.

Ses doigts se crispèrent sur le cadre et il plongea ses yeux dénués d'émotions dans ceux de son père sur la photo. Non, lui, il n'abandonnerait pour rien au monde, peu importe les conséquences. Il était bien trop au cœur de cette histoire. Son père avait subi les dommages collatéraux, mais lui, il avait été présent. Il avait été là, totalement impuissant, mais aujourd'hui, les choses avaient changé. Il n'était plus un gamin. Il n'était peut-être pas encore un adulte non plus, mais il avait grandi. Il savait ce qu'il voulait et s'en donnait les moyens. C'est pour ça qu'il ne reviendrait pas en arrière. C'était une promesse.

Naruto mit une veste et quitta rapidement son appartement. Il avait passé l'après-midi à décorer son logement, allant même jusqu'à faire quelques emplètes dans le quartier voisin pour faire de sa garçonnière un endroit un peu plus chaleureux et douillé. Il était prêt à commencer son nouvel emploi, aussi bien physiquement que mentalement. Il s'était affairé à se préparer, cachant les cicatrices sur ses joues avec du fond de teint et à ajouter un trait de Khôl sous ses yeux, faisant ressortir son regard bleuté. Il avait enfilé un slim bleu quelque peu déchiré, et un tee-shirt noir à col V contrastant avec sa peau halée.

Il claqua la porte de chez lui, et descendit deux à deux les marches et poussant la porte de son hall, s'engouffrant dans la rue qui semblait déjà bien animée.

Il tomba nez à nez avec Haku, posé nonchalamment sur le mur de son bâtiment qu'il salua d'un signe de tête.

Haku était un prostitué qui rodait toujours en bas de son immeuble pour attirer les clients. Il l'avait pris pour une fille lorsqu'il l'avait aguiché la première fois, mais en lui rétorquant qu'il préférait les hommes, le brun aux cheveux longs lui avait attrapé la main, la posant sans gêne sur sa virilité. Naruto avait piqué un fard, ne s'attendant pas à ce genre de geste. Lui que rien ne surprenait en temps normal n'avait pu cacher son étonnement et son désarroi. Il avait vivement retiré sa main et gêné, il était reparti tout aussi vite. Depuis, Haku ne cessait de lui faire des clins d'œil et de tenter de l'attirer dans ses filets, s'amusant de sa réaction mais il ne mangeait pas de ce pain-là.

"Salut toi, tu ne veux toujours pas me tenir compagnie ?"

Le brun s'avança vers lui avec une démarche aguicheuse, passant une main dans ses longs cheveux.

"Désolé Haku, mais je suis pressé ce soir."

"Encore une excuse ?" S'amusa-t-il.

Naruto se gratta la nuque et hocha négativement la tête.

"Non, je commence un job ce soir."

"Oh ? Où ça ?"

Le brun s'adossa au mur pour l'écouter.

"Au Mangekyou."

Le visage du brun se ferma instantanément à l'entente de sa phrase, détournant même le regard. Naruto haussa un sourcil et se passa la langue sur les lèvres. Savait-il des choses ? Il prit un air innocent et lança un petit rire.

"C'est quoi cette tête ? On dirait que je viens de t'annoncer un cancer. "

Les yeux marrons se posèrent sur lui, semblant hésiter aux vues des dents qui commençaient à maltraiter ces lèvres en les mordillant nerveusement.

"Qu'est-ce que tu vas faire là-bas ?" Demanda-t-il.

"Barman."

Haku relâcha l'air de ses poumons, comme s'il avait retenu sa respiration en attendant sa réponse. Il hocha la tête calmement et replaçant une mèche derrière ses oreilles, il lui glissa simplement quelques mots.

"Reste derrière ton bar, alors."

Naruto l'observa un moment et s'approcha de lui, il savait des choses. Il tenta une approche, feintant l'ignorance et la naïveté. Il s'arrêta à quelques centimètres, regardant ses pieds.

"Est ce que … enfin …" Tenta maladroitement Naruto.

Il entendit le brun soupirer et reculer un peu, ce n'était pas bon pour les affaires de le voir si proche d'un autre homme s'il n'était pas intéressé par ses services.

"Fais juste attention. Cet endroit n'est pas… très fréquentable."

"Comme tous les endroits ici, non ?" Tenta-il.

"Il y'a des rumeurs… C'est tout."

Le blond plongea son regard dans celui de l'autre qui le détourna tout aussi vite.

"Ne m'en demande pas plus. Kyubi."

"Je veux juste savoir où je vais mettre les pieds…"

Haku se décolla du mur et se planta devant lui.

"Ecoutes, des filles ont disparues ces derniers mois, et elles avaient toutes mis les pieds là-bas. Ce n'est pas juste une boite de nuit si tu veux mon avis, ça cache d'autre trucs et je ne veux pas m'en mêler. Maintenant bouge, tu m'empêches de travailler."

"Ok, désolé Haku. Je vais faire attention."

"Tu as intérêt."

Naruto s'éloigna à reculons et d'un signe de tête, repris son chemin jusqu'au Mangekyou. Une fois dos à l'homme, son regard changea du tout au tout, devenant plus sombre, plus froid. Les paroles du prostitué ne cessaient de se bousculer dans sa tête. Des filles avaient disparu ? Quand ? Comment ? Qui ?

Il serra les poings et avança rapidement. Ses réponses se trouvaient à quelques pas de lui, il suffisait d'être patient, de se coller son masque de Kyubi sur le visage et tout irait bien.

N'est-ce pas ?

Naruto contourna l'entrée principale, passant par la petite ruelle où de gros conteneurs à poubelle longeaient les murs. Il tomba sur une porte métallique, comme lui avait indiqué Suigetsu la veille au soir. Une petite ampoule éclairait tant bien que mal juste au-dessus de cette dernière et une caméra pointait droit sur lui. Il tapa deux coups et attendit un moment qu'on lui ouvre. C'est dans un grincement sourd qu'une silhouette se dessina dans l'entrebâillement, laissant apparaitre un grand roux dont le visage ne lui était pas inconnu. C'était le vigile de la porte rouge. Ce grand colosse aux yeux marrons qui le scrutait sans un mot à l'instant même, attendant qu'il parle.

"Salut, je suis Kyubi, je commence ce soir au bar avec Suigetsu."

Le rouquin hocha la tête et le laissa passer, ne décrochant aucun mot. Naruto laissa la porte se refermer derrière lui dans un claquement sec et tomba de suite dans ce qui semblait être une salle de pause. Ses yeux scrutaient rapidement les quatre coins de la pièce aux murs noirs et pailletés. D'un côté, une série de meuble blanc formant un coin kitchenette, avec le tout le nécessaire pour se faire un encas. Face à lui une autre porte et sur sa gauche, une série de casier posée de dos semblaient clore la pièce mais on pouvait aisément deviner une sorte de vestiaire à l'arrière. Au cœur de la pièce, des canapés et fauteuils de couleur rouge étaient posés ci-et-là, formant plusieurs coins repos avec des tables basses au centre. Derrière lui, une petite télévision filmait en directe l'entrée de la porte de service.

Il aperçut rapidement Suigetsu sortir de derrière les casiers alors que le vigile se laissa tomber sur l'un des canapés.

"Oh salut, t'es à l'heure ! C'bien."

"Salut."

Le blanc s'avança vers lui et lui montra d'un signe de la main le rouquin.

"Lui, c'est Jûgo. L'est pas très causant, mais évite de l'énerver. Il monte vit' en pression. C'est un d'nos gardes, tu as dû le voir hier."

"Ouais, je crois."

"Viens avec moi, j'vais t'montrer ton casier."

Son supérieur amorça le premier pas, l'incitant à le suivre. Il déboucha effectivement derrière les casiers où d'autres, similaires leurs faisaient face avec une porte au centre de ces derniers.

"C'est C'lui là l'tiens. J'te laisse mettre ton code sur l'cad'nas. J'ai d'jà mit ton nom d'ssus."

"Cool, merci."

Le barman ouvrit la porte entre les casiers, dévoilant une salle avec plusieurs cabines de douche et des sanitaires.

"T'peux te changer ou t'doucher ici s'tu veux, y'a c'qui faut."

Naruto hocha la tête et ouvrit rapidement son vestiaire, accrochant sa veste et y déposant ses clefs. Il préférait garder son téléphone dans la poche arrière de son jean. Il referma la porte et tapa un code pour verrouiller son casier, faisant rouler sous ses doigts les petits engrenages numérotés. Date qu'il ne risquait pas d'oublier de sitôt. Il fit rouler de nouveau les rouages et se tourna de nouveau vers son patron.

"Ok, y'a pas grand monde encore, l'est tôt. L'boss est pas là mais t'auras l'occas' d'le voir. Il m'a laissé gérer ton contrat, mais j'te propose de visiter rapidement avant."

Le blond acquiesça et il emboita le pas de l'autre homme. Passant la porte de la salle de repos, il déboucha dans le couloir reliant l'entrée principale à la piste de danse, juste à côté des sanitaires.

"J'te fil'rais les clefs quand tu signeras l'contrat." Signala Suigetsu.

Le barman lui montra rapidement l'entrée qu'il connaissait déjà en tant que client, la salle principale qui paraissait immense sans la foule en délire. La voix de son collègue se répercutait contre les murs, faisant échos lors de ces explications. Il lui fit monter les gradins, lui montrant les platines du DJ et un peu plus haut, une pièce fermée aux vitres teintées.

"Ici, c'est l'bureau du boss. Il aime tout voir, du coup il est bien placé ici. J'pense pas que t'es trop à faire à lui, mais au cas où, il s'ra ici."

Il aurait voulu être une petite souris pour se glisser dedans pour le fouiller de fond en comble, d'autant plus que de l'extérieur, on ne pouvait rien distinguer, le rendant encore plus curieux. L'autre redescendit et lui montra rapidement le bar, sachant qu'il avait vu la veille le principal. Il lui montra cependant l'arrière-salle, qui était comme il l'avait pensé, la réserve. Les cartons de boissons étaient empilés les uns sur les autres, les fûts de bières attendant patiemment d'être consommé. Suigetsu lui montra la manière dont il gérait l'inventaire et les commandes des fournisseurs.

"Ce s'ra pour plus tard, mais j'te laiss'rais sur'ment prendre un peu l'relais s'tu restes ici un moment."

"Ça marche."

De retour devant le comptoir, le barman se dirigea vers la salle de pause mais le blond l'arrêta en posant une dernière question.

"Et là-bas, c'est quoi ?"

Le blanc se tourna et suivit le regard de l'autre, tombant sur la porte rouge. Il haussa les épaules et lui répondit rapidement, continuant sa route.

"Un espace pour les membres privés, mais t'auras pas à y'aller."

Suigetsu retourna au centre de la salle de pause et s'assit sur un fauteuil, et le blond en fit de même. Il poussa vers lui plusieurs feuilles qui n'attendaient que d'être signée et un trousseau de clefs. Il avait envoyé dans l'après-midi ses papiers avec sa fausse identité, ne dévoilant que son adresse. Il se faisait passer pour un certain Natsu KURAMA, identité dont il avait créé son personnage et dont il avait récupéré la vie. Être hacker servait aussi à cela, voler la vie de quelqu'un, faire passer quelqu'un de mort pour un vivant. Pouvoir s'accaparer une existence qui n'était pas la sienne.

Naruto prit le temps de parcourir les lignes du contrat, indiquant ses futures horaires, son salaire et les règles du club. Alors qu'il prenait en main le stylo posé sur la table, la porte s'ouvrit et il leva machinalement la tête. Il tomba directement dans deux orbes noirs qui captèrent immédiatement son regard. Le stylo en l'air, Naruto resta un moment comme un idiot à regarder l'homme en face de lui.

Le mec d'hier. Ce brun qui l'avait observé sous toutes les coutures la veille. Celui qui avait tant bien que mal tenté de le prévenir d'un éventuel danger.

En pleine lumière, il pouvait le voir dans son ensemble. Il semblait avoir sa taille, plus fin que lui mais effectivement musclé comme il pouvait le voir à travers son débardeur noir assez près du corps. Il avait une tenue décontractée avec son jogging en coton large de la même couleur. Il semblait un peu plus vieux que lui, proche de la trentaine mais un visage dépourvu d'imperfections. D'ici, il pouvait découvrir chaque trait de son visage, les nuances de noirs dans ses yeux, les sourcils qui se froncèrent violement en le voyant.

"Salut, Sasuke ! J'te présente Kyubi, il va bosser avec nous !" S'écria le barman.

Le brun le fixa un moment, puis son regard se porta sur les papiers qu'il s'apprêtait à signer. Son air resta impassible mais ses yeux semblèrent s'assombrir un peu plus. Il le salua d'un hochement de tête et coupant tout contact visuel, il se dirigea vers les casiers sans même chercher à se présenter de lui-même.

"Fais pas attention à lui, un vrai glaçon ! L'est pas très causant, lui aussi."

Naruto haussa les épaules et signa les documents sous ses yeux. Il n'eut même pas le temps de remettre le document au barman que la porte s'ouvrit de nouveau, laissant apparaitre une femme aux cheveux rouges flamboyants.

"Salut les nazes !" S'écria-t-elle.

Son regard noir surmonté de lunette carré de la même couleur se posa sur lui et elle se mit à rougir. Elle joignit subitement ses mains, pressant ses bras contre sa poitrine pour la faire ressortir.

"Oh, qui est ce charmant jeune homme ?"

"C'toi la naze !" Grogna Suigetsu. "Lui c'est Kyubi, il va bosser avec moi."

Elle se rapprocha dans une démarche chaloupée qui se voulait tentatrice et lui tendit la main.

"Enchantée, je suis Karin. Je m'occupe du bar pour les VIP."

Naruto la serra et il lui offrit un sourire qui se voulait séducteur. S'il avait souhaité la remballer dès la première seconde en lui avouant ses penchants, il se rétracta tout aussitôt en entendant ses propos.

"Enchanté, Karin."

Ses rougissements s'amplifièrent et elle se dandina sur place.

"Hm, si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas."

"Je te remercie, j'y penserais."

"Arrête ton char, ça t'va pas ! J'croyais qu'tu voulais t'taper Sasuke ?" S'amusa Suigetsu.

"Ferme là, crétin !"

Naruto s'amusa du duo et le brun refit son apparition, s'arrêtant juste devant eux. Il avait troqué sa tenue pour une chemise blanche dont les premiers boutons étaient ouverts et un pantalon noir.

"Quelqu'un me paie un coup avant de commencer ?"

Suigetsu se leva et se tourna vers le blond.

"J'te laisse l'servir, j'vais ranger tes papiers."

Karin partie se changer et Naruto se leva, se dirigeant vers l'autre pièce, passant derrière le comptoir. Le brun s'installa en silence, face à lui sur l'un des grands tabourets.

"Comme hier ?" Demanda Naruto.

"Hm."

Le blond attrapa la bouteille de rhum brun et un verre, laissant le liquide ambré se déverser. Sasuke le fixa sans un mot, se contentant d'un signe de tête pour le remercier. Naruto remit la bouteille en place et commença à réapprovisionner le bar en boisson pour la soirée. Sentant le regard du brun sur lui, il ancra ses yeux bleus dans ceux onyx.

"Si tu as quelque chose à dire, ne te gêne pas." Déclara-t-il.

Le brun l'observa sans un mot pendant un moment et le blond soupira, reprenant son activité. La voix grave de l'homme le coupa dans son élan lorsqu'il allait franchir la porte de la réserve.

"Je me demandais juste ce que tu n'avais pas compris dans mes paroles d'hier."

Naruto se tourna vers lui, sourcils froncés, se moquait-il de lui ? Il expira bruyamment et rétorqua tout aussi rapidement.

"Je peux te retourner la question. Qu'est-ce que tu n'as pas compris dans ma réponse ?"

Un rictus prit place sur les lèvres du brun, semblant amusé par la répartie.

"Sérieusement, rentre chez toi, et trouve-toi un endroit plus fréquentable." Déclara-t-il en buvant une gorgée d'alcool.

"Désolé d'avoir besoin de bosser enfoiré ! N'agit pas comme si tu étais mon père."

"Crétin, je dis ça pour toi."

"Tu n'as pas l'air de te soucier des autres, fais-en de même avec moi, ok ?"

Naruto lui tourna le dos et entra dans la réserve pour trouver un carton de soda, passablement agacé. Il n'avait aucune envie de recevoir des leçons de morales d'un mec qu'il ne connaissait pas. Il allait attraper son bien lorsqu'il se fit retourner et plaquer contre l'étagère, sa tête cognant le métal froid.

"P'tin!" Râla Naruto.

Le corps du brun se colla au sien posant ses avants bras à plat contre le meuble, entourant la tête du blond. Leurs visages l'un en face de l'autre et à quelques centimètres, ils pouvaient sentir leurs souffles se mélanger.

"Je ne cherche pas à être paternaliste avec toi. Je te dis simplement les choses. Certaines personnes sont à leur place ici, mais je sais pertinemment que ce n'est pas la tienne. Je te demande juste de m'écouter." Chuchota le brun.

Naruto ne savait pas comment réagir face à ce mec. Il était à la fois agaçant et totalement bandant, surtout collé de la sorte contre son corps. Il ne pouvait s'empêcher de se sentir petit face à lui. Il semblait dégager une aura à la fois rassurante et menaçante. Il n'avait, pour le moment, aucune idée de s'il devait ou non prendre en compte ses propos. Il s'avait très bien où il mettait les pieds après tout.

Cependant il savait parfaitement qu'il n'avait rien à faire ici, il ne trempait pas dans des histoires louches et n'était pas un grand fêtard. Il n'avait certainement pas la tête de l'emploi, mais il savait le pourquoi de sa présence ici, et ça, rien ni personne ne pourrait le faire changer d'avis.

Naruto décida de renverser la situation en sa faveur. Il glissa volontairement l'une de ses jambes entre celle du brun, se mettant plus à l'aise contre lui. Le brun baissa le regard en sentant une cuisse s'immiscer plus bas, frottant son entrejambe. Le blond ne put empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres.

"Il va me falloir bien plus qu'une mise en garde si tu comptes me faire fuir."

Naruto était sûr de lui et montra toute sa détermination dans son regard lorsque celui de l'autre remonta vers lui. Le brun semblait désarçonné devant la confiance que le blond dégageait. Il devenait même taquin et joueur avec cette position suggestive. Sasuke se passa la langue sur les lèvres et répondit.

"Tu devrais me faire confiance."

Naruto approcha son visage, faisant se frôler leurs nez.

"Nous n'en sommes pas encore à ce stade-là, bébé."

D'un geste de l'épaule, le blond s'esquiva de son emprise, attrapa son carton et quitta la réserve, laissant Sasuke grogner dans sa barbe.

A suivre ...