Bonjour, bonsoir, les personnages ne m'appartiennent pas, je ne retire aucun bénéfice commercial, je respecte les cadres de la loi pour la fanfic, toussa toussa.
Disclaimer : C'est du monster-fucker. Certes, le ton sera humoristique et léger mais ça reste en premier lieu du monster-fucker. Ne lisez pas si ça vous gêne, vraiment, parce que je n'édulcorerai pas ma fanfic dont il s'agit du sujet principal (comme toujours, je suis ouverte pour toute remarque sur d'éventuelles maladresses et tournure stigmatisantes, insultantes ou autres qui m'aurait échappé, je pars du principe que je ne suis pas omnisciente et que l'erreur est humaine).
Sur ce, bonne lecture (enfin j'espère qu'elle sera bonne, je croise les doigts) et au plaisir de vous lire (je réponds à toutes les reviews sans exception, qui sont toutes accueillies avec une playlist d'Abba de qualitay, du thé et du chocolat !).
Prologue : « Tu devrais voir la gueule de l'autre. »
« Je suis rentré... »
« Ils t'ont retenu longtemps pour le débriefing, tu as encore cassé quelqu... »
Les mots d'Izuku se figèrent dans sa gorge en voyant la dégaine de son fiancé dans leur salon, improbable amas de rouge contre le blanc des murs, dans une posture inhabituelle, un brin voûtée, une tension de douleur visible dans la ligne de ses épaules et il lâcha son bouquin pour se précipiter, horrifié.
« Eij ! Qu'est-ce qui t'es arrivé ?! »
« J'ai fini par l'avoir... mais il m'a mis minable... »
Pour l'avoir mis minable, il l'avait mis minable. Le roux était couvert de sang séché et frais, de mâchures en tout genre qui avaient l'air d'avoir été produite par du grillage tant elles étaient profondes, d'estafilades déchiquetées absolument répugnantes sur la peau bleuit d'hématomes. Et un pansement déjà sale compressait une large zone au niveau de la jonction entre la gorge et l'épaule, imbibé de sang. Même son costume, conçu pour résister à ses mouvements une fois son alter activé, avait été sévèrement lacéré. Il osait même pas le toucher, tant la moindre surface de peau était abîmée.
« Tu devrais voir la gueule de l'autre. »
« C'est pas le moment d'essayer de me rassurer. »
« C'est mon job. »
Pour un peu, Izuku l'aurait frappé. D'amour, bien sûr. C'était bien lui, de réconforter les autres alors qu'il était le seul à avoir besoin de soin. Le vert lui ôta des mains sa sacoche, le seul truc relativement intact, avant de déposer très délicatement le bras de son homme sur son épaule, attendant patiemment qu'il déplace son poids pour s'appuyer sur lui.
Jamais le minuscule couloir pour aller à la salle de bain ne lui avait semblé aussi long, à se demander s'il n'avait pas mystérieusement rallongé sous les blessures du roux. Pour une fois, Eijirô s'appuyait véritablement sur lui, rendant leur démarche un brin chaotique, toute l'attention d'Izuku concentrée sur la tâche difficile de ne surtout pas heurter le mur du côté où se trouvait son fiancé. Il sentait la sueur et le sang, de cette odeur métallique qui collait au palais et emplissait le nez au point de tout occulter, plissant les taches de rousseur d'Izuku en une grimace compatissante. Ils étaient déjà rentrés bien amochés de patrouille, mais là, Eij battait tous les records, songea-t-il en l'aidant à s'installer sur le tabouret bas de la douche.
« T'es prêt ? »
Il attendit qu'un grognement affirmatif lui donne le feu vert et avec toute la délicatesse possible, commença à faire glisser les pièces de costumes tordues. Le métal avait été broyé comme une simple feuille de papier, les immenses rouages qui assuraient une fonction tout aussi esthétique que protectrice ne ressemblaient plus à rien et les torsions du métal compliquaient sa tâche pour les ôter en toute sécurité. Sans compter les plaies à vif sur les bras d'Eijirô, lequel endura stoïquement l'épreuve en serrant les deux, une sourde plainte coincée dans la gorge, à fendre le cœur d'Izuku.
« J'ai presque fini... Encore celui-ci... »
Le dernier pan du rouage était si cabossé qu'il refusait de passer le coude, en dépit de toutes les manipulations d'Izuku. Il commença à désespérer pouvoir jarter cette merde de son homme et envisagea un instant d'utiliser son propre alter pour briser le morceau, au risque de blesser Eijirô.
« Laisse. »
Avant qu'il n'ait le temps d'exposer son idée, la main libre d'Eijirô se referma sur le cercle broyé et se raidit instantanément, de même que le bras dessous. Il arracha d'un mouvement violent le métal dans un affreux bruit de tôle martyrisée et un cri de douleur, sous le regard effaré d'Izuku :
« Depuis quand tu peux faire ça, toi ? »
« Depuis que je suis épuisé. Et que j'ai mal. »
Izuku laissa tomber le sujet, de toute façon sans aucune importance. Le reste n'était que tissus et il ne s'embarrassa même pas, il coupa tout ça directement sur Eijirô pour le libérer enfin de son costume, de toute façon trop sale et déglingué pour être réutilisable. Le boxer connut le même sort tragique et Eijirô contempla son sous-vêtement proprement découpé dans la douche avec résignation :
« J'aimais bien ce boxer. »
« Question de point de vue. Moi je te préfère nu. »
Un sourire las illumina le visage épuisé du roux, rassurant Izuku. S'il pouvait encore sourire de ses conneries, ça allait. Ça irait.
« Ça risque de piquer un peu... »
L'eau tiédasse inonda le bac de douche de caillot de sang et crasse, tout ça d'une couleur marronnasse douteuse et franchement répugnante. Avec toute la délicatesse dont il pouvait faire preuve, Izuku lava soigneusement toute zone épargnée du corps du roux, autrement dit une infime partie, prenant soin de ne pas trop appuyer sur les contusions et bleus. Il s'était vraiment pris une dérouillée sévère.
« C'est si moche que ça ? »
« T'as pas idée. Un peu plus et tu me concurrençais en nombre de cicatrices. »
« T'as plus la première place. »
« Kacchan triche. Il peut pas compter la cicatrice qu'il s'est fait en retirant une pomme des mains de Denki. »
« Ouais, mais si on peut pas compter ça, Denki peut même pas participer. Aïe ! »
« Je sais, je sais... » chuchota Izuku, désolé, en faisant tout de même couler l'eau sur le dos de son homme, une grimace fronçant son nez. C'était absolument répugnant, la plaie qui lui barrait la colonne avait des bords en charpie, émaillés de croûtes de sang séché et de gravier bien engoncés dans les replis de tissus. Du bout des doigts, il nettoya ce qu'il put en effleurant délicatement les gravas jusqu'à ce qu'ils tombent à leurs pieds, nonobstant le grondement de douleur d'Eijirô. La plaie propre était un peu moins inquiétante, au moins aucun muscle n'avait été déchiré dessous et s'il allait en garder une sacrée cicatrice, il n'aurait pas de séquelle autre qu'une peau un peu plus rigide. C'était déjà pas mal.
« On dirait une griffure. Mais gigantesque... »
« Il pouvait se transformer. Une bête plutôt canine. De grands crocs. »
« Tu t'es fait mordre ? »
Eijirô désigna du doigt le pansement à sa gorge. Redoutant ce qu'il allait trouver dessous, mais bien obligé de le changer, vu son état imbibé de sang et de lymphe jaunâtre, Izuku décolla prudemment les bords de la gaze, glissa un doigt dessous pour relever le plus doucement possible le bandage. C'était une putain de boucherie, un large pan de peau avait tout bonnement disparu sous une bouillie de muscles broyés et magma d'épiderme, où s'étoilaient des amas de sang séché auxquels il valait mieux ne pas toucher.
« C'est... Impressionnant. »
« Ça fait un mal de chien. Tout le reste, ça va. Mais ça... ça me brûle comme pas possible. »
« Je crois que vaut mieux ne pas y toucher Eij... Ils t'ont recousu. » remarqua Izuku en voyant enfin, au milieu de toute cette mosaïque de couleur dégueulasses, un fil épais mordre la chair. Plus épais que ce qui était utilisé d'ordinaire.
« C'était profond à ce point ? »
« Je pissais le sang. Une chance que les médics aient été sur place et m'aient fait un garrot express, ou je finissais saigné à blanc. »
Les mots s'enfoncèrent en Izuku comme une lame chauffée à blanc, onde de glace qui recouvrit son cœur de givre et rendit les battements affreusement douloureux, au diapason de sa respiration, subitement bloquée dans sa gorge. C'était une chose de savoir qu'ils risquaient leurs vies au quotidien, par conviction et dévotion pour leurs concitoyens. Une autre que d'effleurer du bout des doigts une blessure qui aurait pu être mortelle. Qui enfermait dans les replis de peau arrachés une réalité alternative ou il aurait été actuellement en train de hurler sa douleur en sanglots désespérés au téléphone.
« Je suis désolé. J'ai pas fait attention... »
La voix d'Eijirô, plus douce que la caresse sur son bras, effaça brusquement l'idée morbide et il secoua la tête, soulagé de retrouver pied. Et éloigna le pommeau de douche dangereusement proche des points tout frais.
« C'est... c'est pas ta faute. T'inquiète. Je suis juste heureux que tu sois rentré vivant. »
« Moi aussi. »
« Même sacrément amoché. »
« Tu devrais voir la gueule de l'autre. »
Izuku pouffa avant de se remettre à l'ouvrage sans rien entendre, ne laissant pas Eijirô lever le petit doigt, l'obligeant de fait à se laisser savonner jusqu'à ce que l'eau soit enfin claire sur le carrelage de la douche, poussant le vice jusqu'à faire se pencher assez pour pouvoir rincer ses mèches rousses imbibées de sueur et de poussière. Il dut batailler un peu pour arriver à le remettre sur pied et le sécher sans accrocher la serviette dans toutes les plaies à vif de partout, ruinant définitivement ladite serviette avec des taches de sang. Il aurait dû l'écouter et prendre des serviettes noires, qui aurait aussi évité les engueulades à cause de la colo rouge qui en foutait toujours partout.
Izuku acheva son séchage avec un baiser au niveau de la pommette et un nouveau bandage propre pour la morsure au cou, décidément bien trop fraîche pour être laissée à l'air libre. C'était pas du grand art, mais ça suffirait à le foutre au lit où il allait le consigner pour les trois prochains jours avec interdiction de bouger. Eijirô se mussa sous la couette avec un couinement de bien-être, le temps qu'Izuku le borde de son mieux :
« Tu as faim ? »
Pas de réponse du côté du roux et il se pencha un peu plus sur lui, presque invisible dans les draps, pour l'embrasser sur la joue :
« Mon amour ? »
« Mmm... pas trop. Fatigué surtout. »
« Alors dors. Je te rejoins une fois que j'ai rangé la salle de bain. »
Les mains d'Eijirô l'arrêtèrent juste avant qu'il ne sorte du lit pour le tirer contre son torse, sans tenir compte de ses protestations amusées. Putain qu'il était mignon en gamin boudeur et ronchon, il regrettait qu'il laisse bien trop souvent ce rôle à Kacchan au lieu d'assumer pleinement ses caprices, ses élans spontanés auxquels il était impossible de résister et il capitula face à la bouille actuelle de son homme, petite moue sur les lèvres et sourcils froncés :
« Reste. »
Juste cinq minutes, ça ne pouvait pas faire de mal. Il rangerait après. Et puis il faisait si chaud et moelleux sous la couette, divinement bon, il restait juste le temps de dénouer la tension dans ses épaules, cinq minutes de repos, le temps qu'Eijirô s'endorme sereinement, même s'il entendait déjà sa respiration commencer à accrocher des ronflements, même s'il sentait son corps complètement relâché contre lui, ça pouvait pas faire de mal, d'attendre encore un peu, histoire d'être sûr que le roux soit bien endormi...
Une chaleur à crever le réveilla d'un coup. Bien, bien trop chaud, Izuku repoussa frénétiquement la couette en cherchant un peu d'air frais, aspirant une goulée sitôt sorti des draps avec un soupir extatique. À croire qu'ils étaient en pleine canicule, pour avoir si chaud qu'il sentait de la sueur dégouliner le long de son dos et dégoutter sur le linge de lit sous lui, le faisant grimacer de dégoût.
Il avait bien trop dormi, aussi. Ça lui apprendrait à se mentir, juste cinq minutes, mon cul. Heureusement qu'il n'avait pas réveillé Eijirô avec ses conneries, d'ailleurs c'était un miracle qu'il dorme encore, comment il faisait pour supporter une température pareille sous les draps ? Comme en réponse, à sa gauche, son homme gémi et lui fila un coup par inadvertance, vraisemblablement dans un cauchemar, s'il en croyait les frissons et tremblements. Rien de plus normal vu la dérouillée qu'il s'était prise et le fait que son esprit n'avait sans doute pas pu faire le point, emporté par le besoin primaire de repos de son corps.
« Eij ? »
Un uniquement geignement en réponse et Izuku posa la main sur sa joue pour essayer de le réveiller doucement, tenter de le sortir de son cauchemar sans déclencher de réaction de défense. Brûlante.
« Eij ?! »
Il le secoua légèrement, puis bien plus fermement devant l'absence totale de réponse, l'organisme d'Eijirô bien trop enfoncé dans son mal-être pour le laisser se réveiller. La panique grimpa d'un coup à la gorge d'Izuku lorsqu'il réalisa que le corps du roux était couvert de sueur, une fièvre monstrueuse lui dévorant la peau en inondant leur lit et il retira les draps pour constater les dégâts. Une des plaies à la jambe d'Eijirô s'était rouverte sous ses mouvements, le filet de sang sur son mollet se mêlant à sa transpiration sans que cela ait réveillé le roux. Merde, merde, merde !
Izuku se leva d'un bond, repoussa les draps jusqu'au bout du lit pour permettre à l'air frais de refroidir un peu la peau de son homme et se précipita dans la salle de bain sans perdre une minute. Pendant qu'il faisait couler de l'eau froide en attendant qu'elle soit glacée, il piocha dans leur pharmacie une serviette épaisse qu'il balança dans l'évier pour qu'elle s'imbibe d'eau, le temps de trouver le thermomètre quelque part dans cette saloperie de trousse de soin, heureusement encore sur le sol, vu qu'il n'avait pas eu le temps de ranger.
Foutre de l'eau partout était le cadet de ses soucis et il essora la serviette un brin au-dessus du torse d'Eijirô pour y apporter un peu de fraîcheur, avant de déposer le truc dégoulinant sur son front, désespéré de constater sous ses doigts gelés que la peau du roux semblait être devenue une vraie fournaise. C'était un cauchemar.
« Je sais que t'aimes pas ça, mais j'ai besoin de ta température. »
Comme s'il pouvait l'entendre. Mais ça ancra suffisamment Izuku dans l'action pour oublier un instant sa panique, il essaya d'ouvrir la bouche d'Eijirô pour y glisser l'outil et se retrouva face à une double rangée de crocs fermement collés les unes aux autres, attachés à des mâchoires si contractées qu'il aurait dû les briser pour les ouvrir. Bouche cadenassée donc. Littéralement.
« Changement de plan. J'te jure que j'en rachèterai un. »
Il lui fourra le thermomètre sous le bras, imaginant d'ici les ronchonnements de son mec. S'il avait le malheur de lui faire un seul reproche, il le ferait dormir sur le canapé au moins une semaine. Le temps que le thermomètre fasse son travail, Izuku réajusta la serviette sur le front d'Eijirô, toujours aussi brûlant et il lui semblait même que le tissu imbibé était devenu bien plus tiède que froid. Ce qui n'avait rien d'étonnant, vu la grimace sur le visage du roux, ses sourcils froncés sous une douleur qu'Izuku ne pouvait qu'imaginer. Était-ce une réaction de défense face aux blessures, trop importantes, trop nombreuses ? Avait-il choppé une saloperie, vu son état ? Est-ce que les plaies s'étaient infectées ?
Bip. 40,5°.
« Okay, là, je rigole plus du tout. »
Vu la trempée qu'Eijirô se prenait, il n'avait pas dix mille solutions. Remerciant l'univers qu'il ait reçu un alter capable de renforcer ses capacités, car jamais de la vie il n'aurait pu soulever Eijirô sans ça, Izuku glissa ses mains sous ses épaules pour le redresser. L'immense masse du roux était d'une lourdeur pas possible, privée de volonté et il eut toutes les peines du monde à le hisser sur son épaule à gestes maladroits. Jambes pliées, il tituba comme il put jusqu'à la salle de bain en maudissant son soi du passé d'avoir foutu de l'eau partout, rendant son chemin relativement compliqué. Il se baissa lentement dans la douche en essayant de viser à peu près le tabouret bas, le manqua de peu et décida que le sol, c'était tout aussi bien, après tout, il n'avait besoin que de foutre Eijirô dans la douche.
« Désolé mon amour, tu vas pas aimer. »
Il commença par un bref jet d'eau tiède pour voir la réaction d'Eijirô, évitant au maximum de mouiller la plaie de son cou et devant l'absence totale de réaction, mortellement inquiétante, il arrosa généreusement le reste de son corps à cette température avant de la baisser progressivement pour éviter un choc thermique. Il eut bientôt la chair de poule en maniant l'eau sur les bras et les jambes de son homme, trempé par les éclaboussures et la difficulté de s'assurer que le dos du roux restait bien collé au mur de la douche pour éviter qu'il ne glisse.
Et pas la moindre impression que ça suffisait à faire chuter sa température.
Il ne pouvait pas lui faire ingérer du paracétamol, en cas d'intervention médicale, valait mieux qu'il n'ait aucun médicament dans le sang et à part continuer de rafraîchir la peau en espérant que le système sanguin réagisse, il ne pouvait rien faire d'autre. Désespéré, Izuku se résolut à attendre dix minutes pour voir si ça avait le moindre résultat et d'appeler ensuite les secours. Il lava d'eau froide les jambes d'Eijirô une fois de plus, se mordit la lèvre d'angoisse pour s'empêcher de marmonner, bien inutilement :
« Allez mon cœur, qu'est-ce que tu me fais là... Je te demande pas grand-chose, juste d'arrêter d'être un désert ambulant... » renifla Izuku, une main sur le front d'Eijirô pour tenter de voir un quelconque effet. Il allait détruire le type qui lui avait fait ça.
« T'es déjà hot en vrai, pas besoin de me faire ça... »
Un gargouillis contre lui. Izuku arrêta l'eau d'un coup pour mieux entendre, s'assurer que ce n'était pas le produit de son imagination, le cœur au bord des lèvres :
« Eij ? »
« Ouais... »
« Ça va ? Comment tu te sens ?! »
« Un peu chaud et très mouillé. J'ai soif aussi. »
« Tu peux tenir l'eau ? Je vais te chercher un verre, d'accord ? »
Eijirô lui épargna cette peine : il tourna la tête pour avaler de l'eau à même le pommeau de la douche, tirant bien involontairement un sourire à Izuku lorsqu'il remit l'eau en marche. Au moins il buvait, c'était déjà pas mal. Il le laissa le tremper définitivement avec cette manière bien mal pratique pour se désaltérer, jusqu'à ce que le roux ai fini et repousse l'eau pour la laisser de nouveau couler sur son torse.
Ses mains glacées n'avaient plus aucune sensibilité, rendant toute prise de température, même approximative, faussée d'avance. Délicatement, Izuku appuya son front contre celui d'Eijirô, inspirant un relent de sueur et de fumée, un éclat de sang, balayé par la sensation de la peau désormais tiède contre lui.
« Je crois que ça a marché. »
« Mmm... J'ai moins chaud. Je suis presque bien. »
« J'arrête l'eau ? »
« S'il te plaît. »
Le soulagement d'avoir une vraie réponse, une température relativement normale et un semblant de lucidité coupa toute force à Izuku une fois le robinet fermé, lui laissant juste assez pour récupérer la serviette. Il en enveloppa son homme en sentant l'adrénaline redescendre en une douloureuse vague, trop acide pour réellement le détendre et assez forte pour l'anéantir de fatigue.
« Refais-moi ça encore une fois et je te tue. »
Le gloussement de rire du roux était la plus belle chose qu'il ai entendue dans cette nuit de merde, il serra Eijirô contre lui de toutes ses forces, avec une ration de friction pour faire passer la chaire de poule que l'eau gelée avait laissée sur lui.
« Ça va mieux ? »
« Je sais pas. Je suis pas dans ma meilleure forme, j'ai mal au mollet, mais sinon ça a l'air d'aller. »
« T'as une blessure de rouverte. Y'a du sang partout dans le lit. »
« Pardon. »
« J'en ai rien à foutre du lit. »
Malgré la serviette et l'arrêt de l'eau froide, sa température ne semblait pas remonter. La meilleure nouvelle de l'année. Il lui frictionna les cheveux pour éviter que dans leur chance, il ne retombe malade avec des mèches humides sur la nuque toute la nuit après une montée de fièvre et l'aida précautionneusement à se remettre debout. Toujours un peu hasardeux comme équilibre, mais ça allait.
« Merci mon cœur. De prendre soin de moi. »
« Un plaisir. Maintenant si on pouvait se recoucher sans recommencer tout ça dans une heure, j'adorerais. »
Le molletonné des draps semblait l'engluer sous la couette, prisonnier de cette douceur parfaite d'un lit après des heures de sommeil. Absolument divin.
Cinq minutes encore, pas plus.
Il se glissa sous les couvertures jusqu'à n'avoir plus que le bout du museau qui dépasse et machinalement, tendit un pied derrière lui pour le caler entre les mollets d'Eijirô, radiateurs personnels ô combien appréciés quand l'automne revenait. Et présentement absents du lit.
Le vert ronchonna, chercha encore du bout du pied, se tourna pour vérifier et du se rendre à l'évidence que son homme était déjà levé. Un comportement indécent à une heure pareille, ils devaient au moins dormir jusqu'à midi pour rattraper cette nuit de merde avec cette douche à la con.
Izuku se redressa d'un bond dans le lit, sourcils froncés en cherchant vainement Eijirô des yeux pour s'assurer qu'il allait bien. Quelle andouille, il s'était rendormi d'un sommeil de plomb et il n'avait absolument pas surveillé l'évolution de l'état du roux. Malgré une migraine qui commençait doucement mais sûrement à lui broyer les tempes, il se releva en marmonnant contre lui-même et se dirigea vers leur salon-cuisine à pas ensommeillé, agressé par la lumière du soleil bien trop présente.
Il n'avait pas fait trois pas qu'un « cronch » sonore le réveillait tout à fait et il passa vivement la tête dans le salon, inquiet :
« Eij ? »
Sur la table de la cuisine, ce qui semblait être la totalité des paquets de gâteaux que renfermait leur appart était entassé en vrac, au-dessus de trois sacs de la boulangerie d'en face, dont un béait en laissant voir une montagne de pain au chocolat. La corbeille à fruit avait été méthodiquement pillée et les pommes, orange et banane rescapées traînaient à côté d'emballage de pain de mie vide et du pot de beurre de cacahuète complètement retourné, au point que l'intérieur semblait avoir été léché. Tout ce tableau de festin gargantuesque menaçait déborder de la table et Eijirô repoussait délicatement un amoncellement pour récupérer un pain au chocolat dessous quand il remarqua Izuku et lui adressa un sourire, la viennoiserie disparaissant dans sa gorge en un temps ahurissant, avant qu'il ne déglutisse et lui lance :
« J'ai faim. »
« Faim ? »
« Faim. »
Un autre pain au chocolat disparu et sans doute pour apporter un peu de fibre dans ce régime, Eijirô croqua dans une pomme, emportant la moitié du fruit d'une seule bouchée, dont le bruit eut l'avantage de sortir Izuku de sa stupéfaction :
« Hey mais doucement ! T'as faim okay, mais de là à te goinfrer ! »
« Me goinfre pas, je mange. »
« Eij, deux secondes, arrête. Regarde-moi. » ordonna Izuku en s'approchant de son fiancé, qui lui obéit bien volontiers en lui rendant son regard, avec toute la candeur du monde, comme si rien n'était bizarre. « Depuis quand tu manges ? »
« Depuis que je suis debout. »
« Depuis quand t'es debout ? »
« Je dirais... sept heures ? »
Izuku jeta un coup d'œil vers l'horloge, qui affichait fièrement les huit heures trente si passées qu'il était plus proche de neuf heures, en réalité et il faillit se pincer le nez de fatigue. S'il avait conservé tout du long ce même rythme pour dévorer la bouffe, non seulement leurs placards étaient vides, mais également leur compte en banque. Et ça ne faisait aucun sens avec la capacité normale d'un être humain à manger, car il y avait assez de nourriture sur cette table pour étouffer six gros mangeurs.
« T'as vomi ? »
« Pourquoi j'aurais vomi ? »
« Lâche cette orange. Je sais pas, peut-être parce que tu es en train de manger assez de bouffe pour nous nourrir un mois entier ! »
« Ben écoute, ça passe. »
« Tu vas dégobiller d'ici dix minutes. »
« Je commence à avoir moins faim, ça va. »
« Ha ba bonne nouvelle, on peut espérer que tu arrêtes de manger avant midi ou je dois aller réquisitionner un supermarché ? »
« Pourquoi t'es fâché ? »
« Je ne suis pas... Tu te souviens de cette nuit ? »
Eijirô hocha négativement la tête, occupé à ronger le trognon de sa pomme jusqu'à ce qu'il n'en reste rien de comestible et Izuku se résolut à lui abandonner l'orange avant qu'il ne se mette à manger les pépins dans sa fringale.
« La fièvre, la douche, rien ? »
« La douche ? »
« La douche... Que tu avais chaud, soif, je t'ai baigné sous l'eau froide ? Rien du tout ? »
Eijirô refit non de la tête. Ses dents se révélaient diablement efficaces pour racler la pulpe de l'orange et Izuku se demanda vaguement pourquoi il s'était un jour donné la peine d'acheter un presse-agrume. Il lui tendit un torchon pour se débarbouiller du jus du fruit et attira de nouveau son attention en frottant son nez contre son front :
« Tu te souviens vraiment pas ? Tu étais brûlant, t'as trempé le lit de sueur... Tu avais 40° de fièvre. »
« Non... Je me rappelle pas... Juste, je sais que j'ai eu chaud, très chaud, mais c'est tout. »
« Moi qui pensais te traumatiser en te fichant dans la douche. »
« Faut croire que c'est rentré par une oreille et ressorti par l'autre. Désolé de t'avoir foutu la trouille, mon cœur, je vais bien. »
Il avait la mine de celui qui voudrait bien un bisou, mais la pulpe d'orange tout autour de ses lèvres était la garantie de se trouver avec le museau poisseux. Après la nuit de merde qu'ils avaient eu, Izuku n'était plus à ça près, il se pencha sur son mec pour l'embrasser délicatement en songeant qu'ils n'avaient qu'à reprendre une douche après. C'était drôle, de goûter de l'agrume à la place de l'habituelle saveur de menthe de ses lèvres, la faute aux chewing-gums qu'Eijirô mâchouillait à longueur de journée, pas désagréable pour trois sous et il était au final si soulagé de le retrouver en bonne santé qu'il le laissa enduire sa bouche de pulpe avec plaisir.
Puis le roux pressa un peu plus ses lèvres contre lui et Izuku sentit très clairement un appétit d'un autre genre envahir son fiancé, dont la langue se fit bien plus entreprenante contre ses lèvres, déjà glissant sur la sienne pour envahir sa bouche. Et il faisait subitement dix mille degrés de plus, tant la peau d'Eijirô sembla s'enflammer lorsqu'Izuku posa délicatement ses mains sur sa nuque pour l'attirer plus encore à lui.
Un gloussement lui échappa alors que les larges mains d'Eijirô s'enfoncèrent dans son dos, câlin un peu brusque, mais dans lequel il se laissa couler avec délice, glissant ses doigts entre les mèches rousses, si agréables sous la paume de la main, brisant à peine la douceur de l'épaule de leurs textures un brin raides, la faute au pseudo-shampoing de la vei…
La douceur.
De l'épaule.
Izuku rompit le baiser sans tenir compte de l'air étonné de son mec et souleva une pleine poignée de cheveux pour dégager l'épaule. Lisse. Il y avait certes des décolorations importantes, un bourrelet de cicatrice au milieu duquel le fil médical semblait absolument pas à sa place, mais le reste de la peau était presque intact. À peine un écho d'hématome ci et là, à la place de l'espèce de mâchure ensanglantée qu'il avait pansé la veille. La cicatrice faisait une espèce d'ovale étrange, l'épiderme ayant visiblement repoussé tout le long du pan de peau arrachée qui avait failli le faire vomir la veille.
« Y'a un problème ? »
« Oui. Ton épaule… Elle était… Enfin hier soir t'avais une morsure large comme la paume de ma main, dégueulasse. C'était une bouillie de chair rapiécée avec du sang coagulé partout et des plaies ouvertes. Y'a plus rien. »
« N'exagère pas, j'ai quand même une sacrée cicatrice. Et des bleus. »
« Eijirô, je te jure, hier tu étais recouvert de bleus et de plaies. T'avais une griffure… Déshabille-toi. »
« Ho, on reprend les choses intéressantes ? » s'amusa Eijirô, glissant ses mains sur son cul en y enfonçant ses doigts avec une moue suggestive, juste assez exagérée pour qu'Izuku pouffe. Et lui accorde un baiser sur le nez.
« Non, je veux juste voir ton dos. Désolé, beau gosse, ce sera pour une autre fois. Et vu ce que tu viens d'engloutir, je suis pas certain que l'activité physique, ça soit recommandé. »
« J'vais pas te vomir dessus ! » se renfrogna le roux avec toute la mauvaise grâce du monde.
« Je préfère ne pas prendre de risque. Lève les bras. »
Il lui retira son t-shirt en prenant soin de ne pas emporter dans le mouvement d'éventuelles plaques de sang collées aux fibres du vêtement, mais il ne rencontra étrangement aucune résistance. Et Eijirô n'avait pas l'air d'avoir mal le moins du monde, malgré la contorsion qu'ôter un t-shirt nécessitait, chose absolument incompatible avec les coups reçus la veille et les courbatures qui auraient dû lui contracter les muscles à chaque mouvement, il n'aurait même pas dû être capable de se lever, logiquement.
Son torse ne présentait plus que quelques cicatrices, légères traces de chair rosacée et de relief à peine perceptible, stigmates déjà presque effacés. Sur son dos, cinq immenses balafres grumeleuses coupaient la ligne de sa colonne vertébrale, impressionnantes par leur taille et leur renflement sur la peau, impossibles à louper. Pourtant infiniment moins terrifiantes que la blessure sanglante qui était là quelques heures plus tôt, ou quelques semaines, si l'on en croyait l'état du dos d'Eijirô.
« C'est… pas croyable. T'as quasi plus rien... »
« J'ai l'impression d'avoir été percuté par un train. Mal partout et des raideurs de merde. »
« Tu n'aurais même pas du pouvoir te lever ce matin, vu comment t'es arrivé hier à la maison. Putain Eij, j'ai dû te soutenir pour aller à la douche, on a été obligé de te retirer ton costume par plaque de métal. »
« Il est foutu ? »
« T'as pas vu ce qui traîne dans la douche ? »
« Non. »
Autant pour informer son fiancé que pour essayer de se raccrocher à ses souvenirs, pour se convaincre qu'il n'avait pas rêvé et qu'il avait bien vu Eijirô massacré revenir chez eux hier soir, massacré au point de ne plus pouvoir tenir debout, Izuku alla piocher sur le sol de la douche le rouage éclaté du costume. Le métal était lourd, froid entre ses doigts, irrémédiablement gauchis et brisé par la poigne d'Eijirô. Tangible.
Et la preuve définitivement que tout ceci n'était pas normal DU TOUT.
« Eij, je crois qu'il faut qu'on aille voir un médecin. »
« Pourquoi ? Je vais bien. »
« Ben justement, c'est ça le problème, tu vas bien ! Tu devrais être en convalescence pendant des jours, voir des semaines et tu pètes la forme ! »
« C'est pas un peu chelou d'aller voir le médecin si on va bien ? »
« Je vais te tuer de mes propres mains si tu continues à faire le con. »
« Attends qu'on soit mariés avant de faire ça, t'auras plus de fric avec l'assurance. »
Incapable de s'empêcher de sourire à cette vanne de mauvais goût, Izuku se mit à le chatouiller au niveau de la taille, comme toujours amusé de voir la montagne de muscle qu'était son petit copain se décomposer face à des chatouilles, qui le transformaient toujours en hurlement et fou rire.
« Je me rends, je me rends ! T'as gagné ! J'vais chez le médecin ! »
« Et on y va sans que tu ronchonnes ? »
« Promis, juré, craché ! »
Avant qu'il n'y ait le moindre changement d'avis, Izuku dégaina son portable pour commencer à y rechercher un médecin ouvert, acceptant les rendez-vous en urgence et si possible spécialisé en alter. Une gageure. Ils allaient devoir se rabattre sur un des docteurs employés par l'agence d'Eijirô, pas tout prêt géographiquement puisque l'hôpital où il bossait nécessitait un bon quart d'heure de bagnole, mais efficace et professionnel en diable.
« J'me sens pas bien... »
« Sans déconner ? » persifla Izuku, ravi pendant une poignée de seconde de voir toutes ses prédictions se réaliser jusqu'à ce qu'il relève le nez de son portable et ne voit l'air prodigieusement verdâtre de son fiancé.
« Oh Eij non, y'a l'évier ! »
Trop tard. Eijirô eu à peine le temps de s'écarter de la table qu'il vomit sur le sol, une quantité monstrueuse de bouffe à moitié mâchée et pas encore digérée. Izuku eut un gémissement désespéré en voyant l'état du sol, éclaboussé une seconde plus tard d'une deuxième fournée. Il fallut qu'Eijirô s'y reprenne à trois fois au total pour vider son estomac sur le sol.
Alors qu'Izuku contemplait, dépité, la tache de vomi, Eijirô se tourna vers lui en reniflant, yeux larmoyants, pour lui claquer d'une petite voix :
« Mieux. »
Il allait définitivement le tuer.
