Résumé des chapitres précédents : Shigaraki, en bon méchant mal élevé, gâche la fin du concert de Jiro. Izuku fait du kung-fu avant de jouer à cache-cache avec Dabi. Dabi est content d'avoir gagné, mais déçu de son prix. Katsuki tente de survivre avec un Denki hystériquement paniqué et Koda rejoint le fan club de Katsuki. Mais tout est bien qui finit bien, non ?

Bonne lecture.

Lili


~ 7. On y arrivera jamais. ~

D'une main tremblante, Mitsuki ramassa les débris de sa tasse brisée au sol. La radio diffusait toujours en direct l'émission de Denki Kaminari, mais le pire était passé. Visiblement, les occupants de l'hôtel s'étaient regroupés dans les salles de réceptions et se faisaient soigner, tout danger maintenant écarté. Elle jeta avec regret les restes de sa tasse préférée, se promettant de passer à Katsuki le savon du siècle pour lui avoir causé une telle frayeur !

Si elle savait que son fils avait de nombreuses fois risqué sa vie dans des missions à hauts risques, elle n'en avait jamais été témoin. Et tant mieux ! Déjà que vivre dans l'attente angoissée d'une mauvaise nouvelle et dans l'espoir d'un retour rapide était épuisant mentalement, entendre en direct live ce que vivait son fils durant ses missions, c'était trop pour elle.

Elle avait failli faire une bonne dizaine de crises cardiaques, craignant à chaque coup de feu que ce soit celui qui tuerait son précieux petit. Elle avait maudit mille fois l'innocent animateur radio qui ne collait pas assez au cul de son bébé d'amour ! Comment pouvait-elle savoir s'il allait bien si l'autre blondasse ne le disait pas ?! Est-ce qu'il pensait à elle, pauvre mère angoissée, ce crétin de sex-symbol à la manque qui se prétendait animateur radio ? Saleté de Denki Kaminari !

Dans l'hôtel, les assistants de Denki cherchaient leur précieux animateur au milieu de la foule rassemblée ici et là. Entouré de quelques fans soucieuses, Yuga les rassura avec un sourire :

- Je vous assure, je vais bien. Je lui ai juste donné un coup de main.

Près de la capitainerie, Denki faisait soigner sa main gauche où des échardes s'étaient logées.

- Chers auditeurs, dit-il d'un ton grave dans son micro. Je suis encore en vie.

Une douleur aiguë le fit hurler. Furieux, il frappa la tête du pauvre médecin responsable de cette insupportable souffrance.

- Non, mais ça va pas ! le disputa-t-il. Ça fait mal !

Il avait vécu une expérience traumatisante ! Ce médecin était prié de faire preuve d'un maximum de délicatesse pour soigner son humble personne !

Dans son garage, Neito ricana en entendant les manières de chochottes de l'animateur radio. Il soupira lourdement de soulagement, s'avachissant sur sa chaise. Ses collègues lui sourirent, n'ayant rien raté de son inquiétude ni de ses vociférations à l'encontre de Denki Kaminari et des Mangalores responsables d'un tel bordel. C'était fini ! Le danger était écarté, et Katsuki était sain et sauf ! Neito se promit de l'appeler dès son retour pour l'engueuler comme il se devait. Sérieusement, il n'y avait que lui pour se retrouver dans des situations pareilles. À croire qu'il attirait les emmerdes comme un aimant.

Dans la capitainerie, enfin libéré de ses menottes, Tenya se rapprocha de Katsuki planté devant les écrans de surveillance de l'hôtel avec Koda. Dire qu'il devait beaucoup au chauffeur de taxi était un doux euphémisme. Sans lui, Dieu seul savait ce qu'il serait advenu de lui. Et par extension de l'humanité toute entière. Après tout, il était le seul à connaître le rituel pour empêcher la fin du monde. Oui, Katsuki Bakugo était un héros.

- Waouh ! souffla-t-il, admiratif avant de mimer un tir en pleine tête sous le regard blasé de Katsuki. Pfiou !

Voyant que le blond se détournait de lui pour se concentrer à nouveau sur les écrans de surveillance, il reprit, plus sérieux :

- Katsuki, je sais que vous devez être assez furieux contre moi. Aussi, je veux que vous sachiez que je me bats pour une noble cause.

Furieux ? Non, Katsuki n'était pas furieux contre le prêtre. Ce dernier essayait juste de faire ce qu'il pensait juste. Dommage pour lui d'être tombé sur Katsuki qui n'aimait pas qu'on le prenne pour un con. Et puis à l'heure actuelle, il avait bien d'autres soucis à gérer que le prêtre repentant.

- Ouais, je sais, l'interrompit-il. Sauver le monde. Je m'en souviens. À l'heure qu'il est, moi, c'est Izuku que j'essaye de sauver.

Tenya s'inquiéta immédiatement, se penchant vers les écrans à son tour :

- Pourquoi ? Il a des ennuis ?

- Izuku a toujours des ennuis, affirma d'un ton d'évidence le Major retraité.

Oui, Izuku avait un talent certain pour se fourrer dans les emmerdes, Katsuki en avait été témoin. Et putain, il le sentait jusqu'au plus profond de ses tripes que celui qui avait volé son cœur était en danger !

- Là ! dit-il brusquement en désignant un écran sur lequel on voyait une suite ravagée. Où est-ce ?

- La suite de la diva, l'informa Koda en lui expliquant rapidement comment y aller au plus vite.

Katsuki ne perdit pas une seconde et partit en courant, ne se souciant pas de savoir si le prêtre ou quelqu'un d'autre le suivait.

Sa veste renfermant les pierres sous le bras, Katsuki parcourut rapidement les couloirs vides, un affreux pressentiment lui tordant le bide. Pourvu qu'Izuku aille bien ! Ses espoirs s'envolèrent en fumée quand il franchit le pas de la porte de la suite. C'était un carnage ! Pas un meuble n'était intact et le plafond était criblé de balles. Son cœur rata un battement quand il aperçut un bras pâle et ensanglanté pendant mollement d'une bouche d'aération.

- Izuku ! appela-t-il en se précipitant vers le bras inerte.

Prenant doucement la main d'Izuku dans la sienne, il se tordit le cou pour voir son visage, constatant avec affolement que le jeune homme semblait inconscient. Il devait trouver un truc pour le sortir de là ! Et vite ! Apercevant un piano à queue, bien abîmé par les combats, Katsuki s'empressa de tirer le meuble sous le conduit dans le plafonnier, montant immédiatement sur l'instrument.

Doucement, il prit Izuku dans ses bras, le sortant précautionneusement de l'étroit passage.

- Comment tu fais pour te mettre dans des situations pareilles ? souffla-t-il avec tendresse.

Dans ses bras, Izuku papillonna des yeux, rassurant Katsuki. Au moins, il était vivant. Blessé, épuisé, mais vivant. Avec délicatesse, l'ancien militaire posa Izuku sur le piano, descendant du meuble pour ne pas risquer que ce dernier ne casse sous leurs poids conjugués.

- Voilà, je suis là. Ça va aller, murmura Katsuki en caressant légèrement une joue parsemée de taches de rousseurs.

Izuku gémit doucement, appelant faiblement Katsuki. Katsuki qui était venu le chercher. Katsuki qui était là, avec lui, le regardant avec tant d'affection qu'Izuku n'eut qu'une envie : se blottir dans ses bras et ne plus jamais les quitter.

- Attention, souffla Katsuki en installant Izuku plus confortablement. Tout va bien, ok ? On a les pierres.

Et le doux sourire du blond bouleversa Izuku de toute son âme. Il n'était né, n'avait été conçu que pour sauver le monde. Alors pourquoi soudain sa mission semblait si secondaire ? Pourquoi jouer son rôle de cinquième élément paraissait si dérisoire ? Il ne voulait qu'une seule chose : que Katsuki ne cesse jamais de lui sourire ainsi. Parce que, pour la première fois de sa si longue existence, il se sentait comme le plus précieux des trésors sous le feu des prunelles écarlates du chauffeur de taxi.

Essoufflé, Denki arriva à la porte de la suite. Se tenant un côté, il prit appui sur le battant. Il avait besoin de quelques secondes, minutes peut-être, pour récupérer son souffle. Alors, il pourrait demander à Katsuki ce qui lui avait pris de filer comme une flèche sans même le prévenir ou l'attendre ! Si Denki ne l'avait pas vu passer, il aurait perdu son invité ! Invité qui courrait foutrement vite !

Levant les yeux, il se figea soudain, un sentiment d'inquiétude l'étreignant. C'était quoi ça ? Du coin de l'œil, il vit arriver un prêtre, tout aussi essoufflé que lui. Il l'agrippa, ne le laissant pas passer près de lui pour rejoindre les deux tourtereaux sur le piano dans la suite. Il y avait plus urgent !

- Mon Père... Mon Père ! Qu'est-ce que c'est ce truc avec tous ces chiffres ?

Tenya, ainsi interpellé, quitta des yeux Izuku et Katsuki, visiblement trop concentrés l'un sur l'autre pour l'avoir remarqué de toute façon, et tourna la tête vers le truc en question. Toute sa joie de voir qu'Izuku était vivant disparut en apercevant le petit boîtier collé à la porte. Boitier sur lequel un compte à rebours défilait. Il tourna la tête, fixant avec affolement Denki qui le fixait de la même manière.

- C'est... C'est… bafouilla Tenya, la panique le prenant à la gorge. Une bom...

- Non, non, non, non, non, non, l'interrompit Denki. Si c'était une bombe, les alarmes se déclencheraient. Tous les grands hôtels ont des systèmes de détections. D'accord ?

Mais à peine Denki eut-il fini sa phrase qu'une alarme stridente résonna dans la suite et le couloir vide, faisant blêmir les deux hommes.

- Ceci est une alerte de type A : alerte maximale ! Pour des raisons de sécurité, l'évacuation totale de l'hôtel devra être effectuée d'ici cinq minutes. Dirigez-vous dans le calme vers les canots de sauvetage situés dans le hall principal.

Ce fut la panique générale, chacun voulant à tout prix quitter l'hôtel au plus vite sans se soucier du sort de son voisin. Dans ces cas-là, c'était chacun pour soi et Dieu pour tous !

Au milieu du chaos, Koda tenta de se faire entendre, hurlant aussi fort qu'il le pouvait :

- Gardez votre calme !

Mais en vain. Les clients se bousculèrent, s'engouffrant dans le premier canot venu sans suivre aucun ordre, ni aucune directive. De toute façon, seul Koda tentait de suivre le protocole, les membres du personnel suivant le mouvement affolé de la foule, dans le même état de panique.

Debout devant la bombe, Katsuki fixa le compte à rebours avec inquiétude et fatalisme. Évidemment, qu'il y aurait une bombe, hein ! Ça aurait été trop simple sinon ! Foutue mission de merde ! Près de lui, Denki supplia :

- Katsuki, mon Katsuki, tu sais arrêter ce machin ?

En silence, Katsuki tourna la tête vers l'animateur qui le dévisageait avec espoir.

- Katsuki ? appela-t-il en ne le voyant pas réagir.

Katsuki vit parfaitement le moment où Denki comprit que non, il ne savait pas arrêter ce machin. Le déminage, c'était la spécialité de Neito, pas la sienne. Neito qui était dans son garage et devait sûrement rager devant sa radio. Sûr qu'à son retour son pote lui donnerait des leçons de désamorçage de bombes.

Ne restait plus qu'une seule chose à faire : fuir et vite ! Prenant Izuku dans ses bras comme une jeune mariée, confiant les pierres (toujours enfermées dans sa veste) à Tenya, Katsuki quitta la suite en courant, Denki et le prêtre sur ses talons. Ils avaient moins de cinq minutes pour rejoindre le hall central et monter dans un vaisseau. Ça allait être mission impossible vu la taille de l'hôtel ! Mais qui ne tentait rien n'avait rien ! Leur survie était en jeu !

- Il vous reste deux minutes pour évacuer le navire, informa platement la voix robotique dans les hauts parleurs du Fhloston Paradise.

Dabi posa son vaisseau dans le hangar de l'hôtel et en descendit rapidement. Il devait faire vite. Un courageux membre du personnel se précipita vers lui.

- Désolé Monsieur, lui dit-il avec urgence. Vous ne pouvez pas rester. Il y a une bombe dans l'hôtel.

Dabi tua sans l'ombre d'un remords le courageux inconscient et ses camarades, leur souriant faussement :

- Je suis au courant.

Puis, sans attendre, il s'engagea dans l'ascenseur montant dans les étages. Il n'avait pas de temps à perdre.

Les derniers canots de sauvetage quittèrent l'hôtel au moment où Katsuki, Izuku, Tenya et Denki arrivèrent à l'ascenseur. Les couloirs étaient déserts, seule l'alarme résonnant sans cesse se faisait encore entendre. Elle et Denki qui gémissait :

- Nous allons mourir ! Je ne veux pas mourir ! Je ne veux pas mourir !

Les portes s'ouvrirent et les quatre hommes se précipitèrent dans la cabine, ne prêtant aucune attention à l'ascenseur voisin qui s'arrêta à leur étage et s'ouvrit pour laisser sortir Dabi.

- Une minute avant l'évacuation, informa platement la voix préenregistrée de l'alerte.

Katsuki s'éjecta de l'ascenseur comme un diable hors de sa boîte, jetant immédiatement un regard circulaire au hangar. Heureusement, un vaisseau était là, visiblement en état de marche et prêt à décoller.

- Celui-là, décida-t-il, se précipitant vers le vaisseau, sans savoir qu'il s'agissait de celui avec lequel Dabi était arrivé peu de temps auparavant.

Au moment où Denki et Tenya montèrent à bord, suivant Katsuki qui avait toujours Izuku dans les bras, Dabi arriva dans le couloir menant à la suite dévastée de la diva. Voilà ! Le timing était parfait ! Il pouvait même se payer le luxe de faire durer le suspense. Si ça, c'était pas la grande classe !

- Quarante-cinq secondes !

- Qu'est-ce que... où on va ? s'affola Denki en voyant Katsuki poser Izuku sur l'unique couchette du vaisseau.

- Sanglez-le sur la couchette, ordonna Katsuki avant de traverser la petite pièce pour atteindre le poste de pilotage.

En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, il était assis à la place du pilote et avait appuyé sur les boutons gérant le démarrage de l'engin.

- Katsuki, Katsuki, paniqua Denki qui l'avait suivi. Tu sais piloter cet engin ?

- Ça se conduit comme un taxi, répondit Katsuki sur un ton d'évidence.

Denki leva les yeux pour regarder à travers ce qui était l'équivalent d'un pare-brise.

- Mais... la porte, souffla-t-il pas rassuré pour deux sous en pointant la sortie du hangar fermée par une lourde porte métallique. Comment tu vas ouvrir la porte ?

Mais Denki comprit comment quand il vit Katsuki faire sortir une cible du tableau de bord. Effectivement... Simple et efficace ! L'explosion qui résonna dans le hangar fit trembler le vaisseau et ses occupants, mais leur libéra le passage.

- Quinze secondes...

L'avertissement retentit dans l'hôtel presque vide au moment où Dabi arriva devant la porte piégée. Vraiment ! Quel sens du timing ! Sortant une carte magnétique de sa poche, il la positionna au-dessus de la bombe et attendit quelques secondes. Il aimait les chiffres ronds. Pas question d'arrêter le minuteur à n'importe quel moment. Il lâcha finalement la carte qui s'inséra dans le système explosif, arrêtant le minuteur à cinq secondes tout pile ! Voilà... C'était parfait !

Depuis le sol où il gisait, bien amoché, Black Mist comprit que la bombe avait été arrêtée. Pas question que cela se termine ainsi. C'était une défaite trop humiliante ! Ils étaient vingt... Vingt contre un ! Et ils avaient perdu. Ils étaient déshonorés ! C'était intolérable ! Pour ses compagnons d'armes, pour lui ! Il refusait que ça se termine ainsi. Sortant de sa poche un détonateur, il appuya dessus en soufflant :

- Pour l'honneur !

Un bruit suspect attira l'attention de Dabi qui écarquilla les yeux, catastrophé, en voyant une table près de lui s'ouvrir et laisser apparaître un coffre. Coffre qui dévoila rapidement un minuteur affichant cinq secondes.

- Oh non, souffla Dabi horrifié en voyant le compte à rebours s'enclencher, comprenant que sa fin était proche.

Katsuki abaissa le manche du vaisseau, bien décidé à déguerpir d'ici avant l'explosion.

- Tu devrais te tenir, conseilla-t-il à Denki en mettant les gaz à fond.

Le vaisseau décolla violemment, Denki basculant en arrière avec un cri des plus virils, et le véhicule spatial franchit la porte du hangar au moment même où l'hôtel explosa. S'accrochant au volant, Katsuki serra les dents et accéléra autant que le lui permettait l'engin, tout en essayant de garder le contrôle de sa trajectoire.

Il souffla lourdement quand il atteignit une zone plus sûre, ayant réussi à échapper à l'explosion in extremis.

- Comme un taxi, confirma-t-il, satisfait.

Oui, ce petit vaisseau se conduisait comme un taxi, ou presque...

Dans son dos, Denki se redressa péniblement, découvrant que le danger était loin. Posant une main sur son oreille, il constata qu'il avait toujours son oreillette et son micro. Putain ! Il était toujours en direct ! Avec toute cette histoire de bombe, il avait oublié ! Dans son oreillette, on lui souffla l'horaire et il s'empressa de rendre l'antenne.

- Chers auditeurs, annonça-t-il. Il est dix-neuf heures, l'heure de retrouver les informations. À demain pour de nouvelles aventures.

- Fin de la retransmission, lui confirma-t-on dans son oreille.

Épuisé, Denki arracha son micro et se laissa tomber dans le premier siège venu.

- C'est la meilleure émission que j'ai jamais faite, s'avoua-t-il à voix haute.

La meilleure oui ! Clairement ! Il était sûr qu'on en parlerait encore dans dix ans de cette émission ! Mais, si les prochaines pouvaient être plus calmes, il apprécierait. Lui, il était animateur radio, pas un foutu héros !

~oOo~

Le Général Kirishima hocha la tête et mit fin à l'appel radio. Se tournant vers le Président, il lui fit un grand sourire, dégoulinant de satisfaction :

- Monsieur le Président, le Major Bakugo a les cinq éléments à son bord et le prêtre les emmène au temple.

Aizawa s'avachit sur son siège, toute la tension qui l'habitait retombant d'un coup, le laissant épuisé.

- On est sauvés ! sourit-il avec satisfaction.

Eijiro approuva d'un signe de tête. Oui, l'humanité était sauvée. Katsuki avait brillamment rempli sa mission. Ce n'était plus qu'une question d'heures avant que le mal absolu ne soit anéanti. Et Eijiro se sentait infiniment fier de son Major. Après tout, c'était lui qui l'avait formé, lui qui avait pressenti tout le potentiel de celui qui n'était alors qu'un jeune homme à peine majeur. Katsuki avait assuré, et c'était en partie grâce à ce qu'Eijiro lui avait enseigné. Il se sentait donc particulièrement satisfait.

~oOo~

Profitant de la longueur du voyage jusqu'en Égypte, Denki piquait un roupillon bien mérité pendant que Tenya examinait attentivement les pierres des quatre éléments. Elles étaient simples, claires, triangulaires, aussi longues que son avant-bras, mais étroites. Chacune d'elles était ornée de lignes ondulantes tout autour de l'une de ses extrémités. Si Tenya se fiait à sa mémoire, les motifs correspondaient chacun à un élément. Une pierre par élément... Simple à comprendre donc.

Dans la petite pièce attenante au poste de pilotage où Denki ronflait et Tenya analysait les cailloux, Katsuki soigna avec une infinie douceur les diverses blessures d'Izuku. Ce dernier semblait doté d'une cicatrisation particulièrement rapide, les plus grosses plaies devenant rapidement de simples écorchures. Sentant le regard scrutateur d'Izuku posé sur lui, Katsuki se justifia :

- La diva m'a dit de veiller sur toi.

Izuku hocha lentement la tête, acceptant cette explication aux attentions de Katsuki, ressentant malgré tout un léger pincement au cœur qu'il ne sut expliquer. Il y avait, de toute façon, tant de choses qu'il ne comprenait pas dans la nature humaine.

- Les humains agissent de façon étrange, souffla-t-il, espérant que Katsuki pourrait peut-être l'éclairer.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? lui demanda celui-ci tout en continuant à désinfecter chaque petite plaie.

- Toutes les choses que vous créez servent à détruire, tenta d'expliquer Izuku.
Oui, les humains faisaient preuve d'une intelligence admirable pour inventer toutes sortes d'objets destructeurs. Il vit Katsuki grimacer, mais Izuku n'arriva pas à savoir si le blond était d'accord avec lui ou pas.

- Ouais, finit-il par admettre. C'est dans la nature humaine, comme on dit. T'as pas appris ça sur ton foutu écran ?

- Je n'ai pas fini toutes les lettres, avoua Izuku avec une légère moue. J'en suis à V.

- V, c'est bien, lui sourit Katsuki en le fixant d'un air tendre. Il y a de bons mots qui commencent par V.

- Lesquels ? s'enquit Izuku avec curiosité.

En voyant les légères rougeurs colorer les joues de Katsuki, il sentit sa curiosité augmenter. Quelles pensées pouvaient bien mettre un homme comme lui dans cet état ?

- Vaillant… hésita Katsuki, cherchant ses mots. Vulnérable... Vraiment très beau...

Il se tut, préférant ne rien ajouter. Putain, il était à chier pour draguer ! Il se faisait honte, bordel ! Vaillant ? Vulnérable ? Il n'avait rien trouvé de mieux ? Sérieusement ? Mais son cerveau faisait un blocage, refusant de lui souffler autre chose que : Vertuchou* ! Putain, il ne savait même pas si ce mot existait et si oui ce qu'il voulait dire !

~oOo~

Aizawa déboucha le champagne, épuisé, mais heureux que les choses s'arrangent. Après tant de tensions et de frayeurs, son équipe méritait bien qu'il repousse encore un peu sa sieste pour fêter ça. Eijiro rit joyeusement en donnant une coupe pleine à Tamaki et à Emi, l'assistante du Président. L'humanité était sauvée ! Ils avaient réussi ! Hawks leva son verre en portant un toast, vite suivi par le reste du personnel présent.

Devant son écran de contrôle, Best Jeanist ne se joignit pas à la fête. Les sourcils froncés et l'air soucieux, il jeta un regard hésitant vers ses collègues. Il était désolé... Mais il allait leur gâcher les réjouissances.

- Monsieur le Président, interpella-t-il.

- Oui ? Qu'y a-t-il ? demanda Aizawa.

- J'ai... Je crains qu'il y ait un problème, avoua Best Jeanist avec une grimace.

Les sourires retombèrent et un silence de mort envahit la pièce, tous les regards convergeant vers l'écran de surveillance du scientifique. Là, tous virent la planète fuser à vive allure dans l'espace intersidéral, chose que Best Jeanist confirma de vive voix.

- Quoi ? Comment ça, elle avance ? s'enquit Aizawa d'un ton sombre.

Dans les hauts parleurs, la voix d'un soldat posté en surveillance dans un vaisseau spatial, répondit :

- Non seulement elle avance, mais elle fonce à une vitesse phénoménale. Nous avons du mal à la suivre.

Effectivement, si les vaisseaux spatiaux de l'armée des territoires fédérés n'arrivaient pas à la suivre, c'était qu'elle devait aller très vite. Ces vaisseaux étaient les plus rapides de tout l'attirail militaire disponible. Aizawa sentit toute sa tension nerveuse revenir et, même s'il se doutait de la réponse, il demanda :

- Et est-ce que vous avez une idée de son objectif ?

Pour seule réponse, Best Jeanist hocha la tête d'un air entendu. Et merde, songea le Président.

~oOo~

Katsuki finissait de panser les dernières plaies d'Izuku quand Tenya lui sauta presque dessus :

- Katsuki ! Un général vous demande au téléphone !

Les sourcils froncés, sentant les complications arriver à grands pas, Katsuki avec Tenya sur ses talons, rejoignit le poste de pilotage où Denki se réveillait.

À peine eut-il salué Kirishima que ce dernier l'informa qu'il lui passait le Président. Ça... Ça ne sentait définitivement pas bon ! Si le Président lui-même voulait lui parler, c'était forcément que les choses étaient particulièrement graves.

- Major Bakugo, commença Aizawa d'un ton formel, avant toute chose, je tiens à saluer le soldat. Vous êtes le brillant exemple de la puissance de nos...

- Monsieur le Président, l'interrompit Katsuki. Et si vous en veniez directement aux faits ?

Le Président en train de lui lécher le cul ? Clairement, c'était le signe d'une fin du monde imminente. Voire pire encore ! Alors si ledit Président pouvait leur épargner la pommade et passer directement aux mauvaises nouvelles, Katsuki était preneur. Il avait vécu trop de missions merdiques pour ne pas savoir que chaque seconde était précieuse. Le léchage de botte leur ferait perdre un temps qu'il pourrait utiliser à meilleur escient.

- D'accord, soupira lourdement Aizawa à l'autre bout du fil.

Tant pis pour la diplomatie. Le Major voulait qu'il aille à l'essentiel ? Parfait.

- Une boule de feu de deux mille kilomètres de diamètre se dirige vers la Terre et nous ne savons absolument pas comment l'arrêter, expliqua-t-il sombrement. Voilà le problème.

Voilà, Katsuki savait que c'était forcément une complication à la con qui allait lui tomber sur le coin de la gueule ! Il le savait putain !

- Combien de temps on a ? demanda-t-il en s'installant sur le siège du pilote.

- Si sa vitesse reste constante, une heure et cinquante-sept minutes, répondit Best Jeanist, sa réponse immédiatement répétée à Katsuki par Aizawa.

- Je vous rappelle dans deux heures, décréta Katsuki.

Il raccrocha au nez du Président, qui répéta plusieurs fois allo dans le combiné sans obtenir de réponse, et arrêta le pilotage automatique du vaisseau pour passer en mode manuel.

Sans attendre, l'ancien militaire mit les gaz, poussant le vaisseau au maximum de ses capacités. Il n'y avait pas de temps à perdre. Ils devaient arriver en Égypte le plus rapidement possible. Parce que, comme il l'avait pensé, chaque seconde comptait. Denki et Tenya eurent la bonne idée de se la fermer, comprenant la gravité de la situation, ou au moins comprenant à sa tête qu'il valait mieux ne pas parler à Katsuki pour l'instant.

Sur sa couchette, Izuku mit à profit le voyage pour poursuivre son apprentissage. En arrivant à la lettre W, il trouva le mot WAR et cliqua dessus. Ses grands yeux verts se noyèrent d'eau quand défilèrent devant lui toutes les atrocités de la guerre. Génocides, exodes massifs, destructions, massacres et bombes atomiques... Comment... Pourquoi les hommes s'auto-détruisaient-ils de cette façon ? C'était cette vie qu'il était supposé protéger ? Mais n'était-ce pas justement là le mal absolu, le chaos ? Il en fut bouleversé et perdu.

~oOo~

Le vaisseau se posa dans le désert Égyptien, à quelques mètres d'un temple en ruine.

- Ils viennent juste d'atterrir dans le désert, informa Kirishima d'une voix grave après un bref message reçu de la part de Katsuki.

Il croisa le regard d'Aizawa et ils se comprirent sans un mot : Toute la survie de la Terre dépendait d'un militaire retraité, d'un animateur radio, d'un prêtre et de son disciple. Rien de bien rassurant.

Tenya s'engouffra dans le temple dans lequel les attendaient Shoto, Denki et Katsuki le suivant de près, Katsuki portant Izuku dans ses bras. Izuku pleurait silencieusement sur l'épaule du blond, inquiétant le prêtre. La situation était-elle déjà perdue pour que l'être suprême réagisse ainsi ? Il s'engouffra dans la salle des quatre éléments, remarquant qu'elle était largement éclairée par des tubes de néons disposés un peu partout.

- Bravo Shoto, beau travail, dit-il à son disciple.

Se tournant vers Katsuki, il lui indiqua l'estrade au centre de la pièce et ordonna :

- Déposez-le là !

- Ouais, grogna Katsuki nullement convaincu.

Avec une infinie douceur, il allongea Izuku sur la plateforme en pierre, son cœur se brisant en voyant les sillons de larmes noyant les joyaux qu'étaient les iris d'Izuku. Il aurait tant voulu pouvoir prendre le temps de le consoler, de le rassurer, de lui promettre que tout irait bien. Mais justement, du temps, il n'en avait pas ! Résigné, il abandonna Izuku et se précipita vers Tenya et Shoto qui avaient déballé les pierres, toujours enroulées dans sa veste de costume.

- Vous savez ce qu'il faut faire ? demanda-t-il avec urgence.

- Euh... Celle-ci doit être le feu, lui répondit Tenya en désignant la pierre qu'il avait dans la main.

- Vous savez pas comment faire, comprit Katsuki désabusé.
Sérieusement ? Ce bigleux n'était pas censé être un spécialiste ? Ils étaient dans la merde là !

- En théorie, si, affirma Tenya en remontant d'un doigt nerveux ses lunettes sur son nez.

- En théorie ? le pressa Katsuki agacé par ses manières.

Ils n'avaient pas le temps pour des simagrées putain !

- Les quatre pierres doivent être disposées en cercle et le cinquième élément doit être placé au milieu, expliqua Tenya. Et l'arme contre le mal devrait alors fonctionner.

- Mais vous l'avez jamais vu marcher, c'est ça ? insista Katsuki.

- Oui, avoua Tenya avec une grimace.

Non, il n'avait jamais vu l'arme fonctionner. Et pour cause ! La dernière fois qu'elle avait été utilisée, c'était cinq mille ans plus tôt ! Il n'était pas encore né ! Mais avant qu'il ait pu rétorquer quoi que ce soit, Katsuki lui prit la pierre des mains et se précipita vers l'un des piliers. Tenya le suivit, les autres pierres dans les bras, se demandant ce que le chauffeur de taxi comptait faire.

- Toutes les armes ont un putain de manuel d'utilisation, affirma Katsuki en commençant à examiner le pilier devant lui. Celle-là aussi, j'en suis sûr !

Il lui suffisait de déchiffrer ce foutu manuel. Disposer les pierres en cercle, ça, c'était facile. Les quatre piliers autour de l'estrade où reposait Izuku formaient un cercle. Il fallait donc poser les pierres sur les piliers. Quatre piliers, quatre pierres... Il suffisait de trouver quelle pierre allait sur quel pilier.

En époussetant le dessus de la colonne, Katsuki repéra une encoche, de la forme et la taille exacte des extrémités des pierres. Et tout autour de l'encoche... Des lignes ondulées. Les mêmes que celles formant le tatouage d'Izuku, les mêmes que celles gravées sur ces putains de pierres. Voilà ! C'était ça ! Comparant la pierre dans sa main aux symboles sur le pilier, il vit des différences et en prit rapidement une autre des bras de Tenya.

La troisième fut la bonne et Katsuki la posa à l'endroit sans nul doute prévu pour. Un très discret déclic se fit entendre, lui confirmant sa réussite.

- Voilà, bordel ! C'est ça ! Les symboles doivent correspondre ! Vite ! Vite !

Son ton sec suffit à faire cavaler Tenya et Shoto vers le pilier suivant.

- L'air ! décrypta Tenya en tendant la pierre concernée à son disciple.

Pendant que Tenya et Shoto disposaient les pierres, Denki s'approcha de Katsuki toujours planté devant le pilier, réfléchissant à la suite des opérations.

- Katsuki, qu'est-ce que tu fais ? s'enquit-il avec incompréhension.

Il n'y comprenait plus rien. Tout était calme et soudain le Président annonçait qu'une boule de feu se dirigeait vers la Terre, et tout s'accélérait. En quoi ces pierres, même pas particulièrement jolies en plus, allaient aider à arrêter une boule de feu se baladant dans l'espace ?

- Hein ? grogna Katsuki sans cesser d'observer sous toutes les coutures le caillou devant lui.

- Qu'est-ce que tu fais ? insista Denki.

- C'est un nouveau jeu basé sur la vitesse, lui répondit Katsuki les sourcils froncés.

- Le feu ! s'exclama Tenya en posant la dernière pierre avant de rejoindre Katsuki. Voilà !

- Et qu'est-ce qu'il se passe maintenant ? s'enquit Katsuki qui n'avait remarqué aucun changement.

- Et maintenant, il faut ouvrir les pierres, répondit Tenya.

Ouvrir les pierres ? Mais elles n'avaient aucune fissure, aucun système d'ouverture visible... Dardant un regard dur sur le prêtre à lunettes, Katsuki espéra que ce dernier aurait la réponse.

- Et vous savez comment faire ça ? Hein ?

- En théorie ? demanda Tenya.

Mais Katsuki ne répondit pas, lisant la réponse dans le regard affolé du prêtre. Non, il ne savait pas. Et sur ce coup-là, Katsuki n'avait aucune putain d'idée non plus ! À part peut-être un marteau-piqueur, mais il n'y avait pas de marteau-piqueur dans ce foutu temple de merde !

- Non, grogna-t-il en même temps que Tenya soufflait un "non" désolé.

Et merde ! Katsuki se précipita vers Izuku, le prenant doucement dans ses bras malgré l'urgence de la situation. Si quelqu'un savait comment fonctionnait cette putain d'arme de merde, c'était forcément Izuku. N'était-il pas le cinquième élément justement ? Même si ça lui brisait le cœur de bousculer de cette manière celui qu'il aimait, Katsuki entreprit de le sortir de la torpeur somnolente où celui-ci était plongé, Shoto, Tenya et Denki l'entourant.

- Izuku, réveille-toi ! appela-t-il en le secouant un peu. Izuku, je t'en prie. Aide-nous ! Dis-nous comment ouvrir ces pierres de merde !

Izuku papillonna des yeux, tombant sur le visage tendu d'inquiétude de Katsuki. Ouvrir les pierres... Oui, il avait encore une mission à accomplir, même s'il n'y croyait plus vraiment.

- Vent souffle... marmonna-t-il. Feu brûle...

- Oui, je sais ça ! s'impatienta Katsuki. Mais comment on fait pour ouvrir les pierres ?

- Pluie tombe, insista Izuku juste avant de s'évanouir dans les bras de Katsuki.

- Quoi ? Izuku ! Izuku ! s'affola Katsuki en voyant que son amour ne réagissait pas.

Putain ! Ils étaient bien avancés avec de telles platitudes !

- Qu'est-ce que ça veut dire ? demanda Katsuki en se tournant vers Tenya.

- Je... Euh... Je crois que... bafouilla celui-ci visiblement aussi paumé que lui.

- Peut-être que c'est une charade, intervint alors Denki.

- Quoi ? grogna Katsuki en tournant si vite la tête vers l'animateur qu'il entendit clairement sa nuque craquer.

- Un jeu avec des mots quoi ! expliqua Denki d'un ton d'évidence.

La désinvolture du blond acheva d'agacer Katsuki qui le saisit par le col pour le rapprocher brutalement de lui, plantant ses prunelles rougeoyantes de menace dans celles dorées de surprises de Denki.

- Et si on trouve pas la solution dans moins de cinq foutues minutes, on est tous raides !

- Raides ? répéta Denki en pâlissant dangereusement.

- Oui ! Raides ! confirma Katsuki.

Au moins, Denki semblait avoir enfin compris la gravité de la situation. Cela ne les aidait pas à trouver comment ouvrir ces pierres, mais au moins ne s'agiterait-il plus inutilement autour d'eux. Ils ne seraient pas trop de quatre pour essayer de comprendre à temps cette foutue énigme. Denki fut d'ailleurs le premier à se précipiter vers l'un des piliers, examinant chaque millimètre de la pierre le surmontant avec une panique évidente.

Devant sa propre pierre, Katsuki faisait fonctionner ses méninges à toute allure, fouillant sa mémoire à la recherche d'une illumination miraculeuse qui lui permettrait de résoudre cet épineux problème. Au pilier voisin, Tenya remontait encore et encore ses lunettes sur son nez tout en tournant nerveusement autour de la colonne de pierre. Shoto fixait la sienne avec intensité, espérant un miracle.

Une ombre se dessina rapidement sur l'étendue désertique entourant le temple, signe que la planète meurtrière se rapprochait de plus en plus de son objectif. Dans la pièce, Izuku sentit la présence pesante d'Allforone se faire plus prégnante et ouvrit difficilement les yeux. En voyant l'ombre envahir peu à peu l'espace autour de lui, coupant toute autre source de lumière que celle diffusée par les néons plantés ici et là, il souffla, défaitiste :

- Trop tard.

Dans le quartier général, le Général Kirishima serra les poings, frustré, en annonçant :

- Notre liaison avec eux a été coupée.

Oui, ils avaient perdu le signal du vaisseau utilisé par Katsuki. Ils n'avaient plus aucun moyen de les joindre ou de les localiser. Et de toute façon, le temps manquait pour aller leur prêter main forte, comme le confirma Best Jeanist, l'œil rivé sur sa montre :

- Trois minutes.

Shoto posa un regard désolé sur son mentor qui s'agitait nerveusement autour du pilier voisin à celui de Katsuki. Ce dernier était immobile, les yeux rivés sur la pierre devant lui, seuls les spasmes de ses mains signalant la tension qui l'habitait. Ils allaient tous mourir. Shoto le sentait... Désabusé, il souffla :

- On y arrivera jamais.

Puis, il soupira lourdement, vaincu. Mais à sa grande surprise, sur le haut de la pierre face à lui, une petite languette se détacha lentement. Oh !

- Elle a bougé, dit-il en un murmure choqué.

Tournant la tête, il remarqua alors que personne ne semblait l'avoir entendu. Aussi reprit-il plus fort en interpellant le seul connaisseur en armes de la pièce :

- Katsuki ! Elle a bougé !

Shoto se trouva littéralement assailli par les trois autres.

- Qu'est-ce que tu as fait ? demanda Katsuki avec urgence.

- Shoto, tu dois... commença en même temps Tenya tout aussi urgemment.

Denki cria en même temps, finissant de submerger Shoto qui paniqua :

- J'ai oublié ! lâcha-t-il, stressé.

Dans un parfait ensemble, Katsuki et Tenya s'exclamèrent :

- Silence !

Cela eut le mérite de faire taire Denki qui n'était pourtant pas le plus agité des trois.

- Calme-toi ! Calme-toi ! lui dirent Katsuki et Tenya en chœur. Et refais tous les gestes que tu as faits.

Refaire les gestes qu'il avait faits, ça, ça rentrait dans ses cordes. Oppressé de toutes parts, Shoto expliqua :

- J'étais là, comme ça...

- Oui... l'encouragèrent Tenya et Katsuki tendus comme des strings.

- Et... j'ai ensuite... J'ai posé mes mains là, comme ça, reprit Shoto en posant ses mains sur le haut du pilier. Et j'ai dit : on y arrivera jamais.

Il retint son souffle et fixa la pierre qui ne daigna pas bouger d'un millimètre.

- Et c'est tout ? grogna Katsuki frustré de voir que rien ne changeait.

Shoto hocha piteusement la tête avant de soupirer à nouveau. Et là, la pierre daigna s'ouvrir un peu plus. Shoto se retrouva poussé par Katsuki, qui le regard rivé sur ladite pierre sembla avoir reçu l'illumination divine.

- Katsuki ? s'inquiéta Denki.

- Le vent... il a dit... le vent souffle, grommela Katsuki.

Les engrenages se mirent en route dans son cerveau, et Katsuki se pencha vers la pierre pour souffler dessus. Celle-ci s'ouvrit totalement, une lumière scintillante surgissant au-dessus d'elle.

Voilà... C'était ça putain ! Tellement simple ! Tellement évident qu'aucun d'eux n'y avait pensé !

- Chacun la sienne, ordonna-t-il. L'eau pour l'eau, le feu pour le feu, la terre pour la terre. Allez-y putain !

Telle une nuée de moineaux, les trois autres s'éparpillèrent dans la salle. Shoto dérapa devant le premier pilier qu'il trouva.

- La terre !

Voyant Denki arriver vers lui, il l'envoya voir ailleurs d'un sec "Ouvrez l'autre".

Arrivé devant son propre pilier, Tenya sortit précipitamment un mouchoir de sa poche et s'essuya le front. Avec la chaleur naturelle du climat égyptien et le stress, il transpirait abondamment, ce qui faisait glisser ses lunettes sur son nez en permanence. Il tordit son mouchoir au-dessus de la pierre symbolisant l'eau, faisant tomber des gouttes de sueur sur celle-ci, qui s'ouvrit obligeamment.

Shoto ramassa le sable poussiéreux reposant sur le dessus du pilier depuis des siècles, en espérant que ça ferait l'affaire. Il souffla de soulagement quand sa pierre symbolisant la terre s'ouvrit à son tour après qu'il l'eut saupoudrée de terre. Il était à deux doigts d'adresser un remerciement à Dieu quand la voix paniquée de Denki résonna :

- Katsuki ! Katsuki ! J'ai pas de feu sur moi ! Y'a pas d'allumettes ? Quelqu'un a des allumettes ? J'ai pas de feu ! J'ai arrêté de fumer... Si j'avais su !

Tenya et Shoto se précipitèrent, fouillant inutilement leurs poches à la recherche d'allumettes ou à défaut d'un briquet. Denki paniqua, à deux doigts de fondre en larmes :

- Oh mon Père ! Vous fumez ? Vous avez du feu ? Vous n'avez pas d'allumettes ? Il nous faut du feu ! Oh ! On va tous mourir !

Ils allaient tous mourir par sa faute. S'il n'avait pas arrêté de fumer le mois dernier ! Mais quel idiot il faisait ! Son seul espoir était Katsuki ! Il avait réussi à les sortir de situations catastrophiques, il allait bien réussir à les sauver encore une fois, hein ? Denki faillit s'évanouir de soulagement en voyant Katsuki sortir de la poche de son pantalon de costume une boîte d'allumettes. Heureusement, songea le major, qu'il avait pensé à prendre ses clopes et des allumettes avant de quitter son appartement.

Le bruit que fit la boîte quand Katsuki la secoua confirma qu'il restait au moins une allumette dedans. En fait, il n'en restait qu'une. Une seule et unique allumette. Comprenant qu'il n'avait pas intérêt à se foirer sur ce coup-là, la survie de l'humanité dépendant de ce ridicule petit bout de bois, Katsuki le sortit précautionneusement de son écrin de carton en ordonnant aux autres :

- Arrêtez de respirer.

Tenya, Shoto et Denki prirent une grande inspiration avant de retenir leurs souffles, leurs yeux rivés sur la fine tige entre les doigts de Katsuki. Soufflant un bon coup pour diminuer sa propre tension interne, Katsuki craqua l'allumette qui s'embrasa. La petite flamme tremblota, mais ne s'éteignit pas. Doucement, pour ne pas prendre le risque de la perdre, Katsuki approcha la flammèche de la pierre symbolisant le feu.

La lumière vacilla et tous eurent le réflexe de couper leurs respirations, déjà retenues depuis plusieurs secondes. L'allumette toucha la pierre qui s'ouvrit enfin à son tour.

- Feu, souffla Katsuki avec soulagement.

Ne restait plus que le cinquième élément... Izuku !

- Une minute, annonça Best Jeanist dans un quartier général aussi silencieux qu'une tombe.

- Izuku, réveille-toi ! Réveille-toi ! appela Katsuki en prenant Izuku dans ses bras. Tu as du travail. Allez !

Il était tellement désolé d'infliger ça à son ange tombé du ciel, mais il n'avait pas d'autre choix.

- Défendre la vie jusqu'à la mort, marmonna Izuku en papillonnant des yeux.

- Non, Izuku, protesta Katsuki pas d'accord du tout pour que celui qui avait volé son cœur ne meure.

Le voyant à deux doigts de sombrer à nouveau, il le serra un peu plus fort contre lui, et souffla :

- Écoute... Écoute-moi... Écoute... Je sais que tu es fatigué. Je sais que tu es très fatigué. Je t'emmènerai en vacances quand ce sera fini, c'est promis. Des putains de vraies vacances ! On partira tous les deux ensemble. Mais... écoute-moi... Si tu fais pas quelque chose, on va tous mourir, tu comprends ?

Oh oui, il l'emmènerait en vacances, des belles et douces vacances, sans missions pour sauver le monde, sans Mangalores vindicatifs, sans prêtre, ni animateur radio, sans bombes, ni pierres. Juste eux... Eux deux... Rien qu'eux deux ! Mais pour ça, ils devaient survivre ! Il caressa une joue pâle striée de larmes et sa gorge se serra quand Izuku souffla :

- À quoi ça sert de sauver la vie quand on voit ce que vous en faites ?

- Pénétration dans l'atmosphère dans quarante secondes, ânonna Best Jeanist d'un ton tremblant.

Merde ! Katsuki ne savait pas ce qu'Izuku avait vu, entendu ou lu pour en arriver à une telle conclusion, mais il devait trouver les mots pour le convaincre. Sauf que les mots, c'était pas son point fort ! Mais pour Izuku, il était prêt à tout, même à déclamer du Shakespeare s'il le fallait.

- C'est vrai... Tu as raison, Izuku, admit-il. Mais il y a... Y'a tout de même des choses magnifiques qui valent la peine d'être sauvées, de belles choses.

De belles choses ? Izuku fixa son regard empli d'innocence sur ce grand blond qui le bouleversait comme jamais rien, ni personne, ne l'avait fait. L'un des mots qu'il avait appris lui revint en mémoire et il souffla, hésitant :

- L'amour ?

- Oui, l'amour, oui, c'est un très bon exemple, confirma Katsuki avec un léger sourire. Oui, l'amour mérite d'être sauvé.

Surtout si cet amour était Izuku ! Parce que pour Katsuki, amour ne rimait qu'avec Izuku depuis qu'il avait croisé les iris émeraudes de ce dernier.

- Je ne connais pas l'amour, avoua Izuku sans le lâcher des yeux. Je ne sais pas ce que c'est. Je n'ai pas été conçu pour aimer, mais pour protéger la vie. Je n'ai que ça. Je n'ai pas d'autre utilité.

- Mais non ! C'est faux ! s'offusqua Katsuki. Tu te trompes, je t'assure...

Comment Izuku pouvait-il penser une telle chose ? Comment pouvait-il ne pas voir à quel point il avait tout pour être aimé ? Comment pouvait-il ne pas voir le cœur de Katsuki battre pour lui plus fort qu'il ne l'avait jamais fait pour personne ?

- J'ai besoin de toi, avoua Katsuki dans un souffle.

Oui, il avait besoin d'Izuku. Il n'envisageait plus le reste de sa vie autrement qu'avec Izuku à ses côtés. Il avait l'impression de n'avoir vécu jusqu'à présent que pour le rencontrer.

- Pourquoi ? demanda Izuku en le fixant de ses grands yeux noyés de larmes.

- Parce que... parce que... bafouilla Katsuki soudainement timide.

Instinctivement, Izuku sut. Il sut que ce que dirait Katsuki changerait tout. Que Katsuki avait les réponses à ses questions. Pourquoi son cœur battait-il si fort dans sa poitrine quand Katsuki le regardait ? Pourquoi avait-il tant envie de s'accrocher à cet homme, si fort et doux à la fois, et de ne plus jamais le lâcher ? Pourquoi le moindre sourire de Katsuki déclenchait comme des milliers de frissons dans son estomac ?

Debout en dehors du cercle formé par les quatre piliers, au sommet desquels se trouvaient les pierres ouvertes et illuminées, Shoto et Denki échangèrent un bref regard avant de reporter toute leur attention sur le couple enlacé sur l'estrade. La même pensée les avait traversés. Il fallait être aveugle pour ne pas le voir. Même Tenya l'avait compris, fixant Katsuki comme s'il pouvait l'obliger à prononcer les mots fatidiques.

- Dites-le-lui, Katsuki ! gronda-t-il entre ses dents serrées.

- Dis-moi, insista Izuku, le cœur battant d'une délicieuse impatience teintée d'appréhension. Pourquoi tu as besoin de moi ?

- Parce que...

Putain ! C'était pourtant pas bien difficile, bordel, se morigéna intérieurement Katsuki pourtant incapable de dire tout haut ce que son âme hurlait tout bas.

- Dis-le-moi ! exigea Izuku son regard absinthe s'assombrissant de larmes.

- Parce que...

Les mots étaient là, juste là, accrochés aux bords de ses lèvres. Pourtant, Katsuki n'arrivait pas à les prononcer. Peut-être parce que la dernière fois qu'il les avait dits, son cœur avait été brisé, piétiné, mis en miettes. Mais Izuku avait réparé son cœur blessé, lui avait même rendu un second souffle, tellement plus puissant que le premier.

- Dis-moi... Supplia Izuku larmoyant et à bout de forces.

- Je t'aime, réussit finalement à prononcer Katsuki avec une adorable maladresse.

Les yeux d'Izuku s'illuminèrent quand soudainement tout prit sens. Alors, c'était ça l'amour ? C'était cette explosion dans son cœur, ces papillons dans son ventre, cette féérie dans son âme. C'était encore plus extraordinaire qu'il ne le pensait. Et quand les lèvres de Katsuki se posèrent doucement sur les siennes, Izuku sut, avec une certitude absolue, qu'il était exactement là où il devait être, là où il voulait être.

- Dix, souffla Best Jeanist d'une voix atone.

Eijiro serra les poings, frustré de ne pouvoir rien faire d'autre qu'attendre. Aizawa ferma les yeux, priant silencieusement pour un miracle.

- Neuf...

Izuku répondit au chaste baiser de Katsuki, enroulant ses bras autour des épaules du blond.

Tenya et Shoto eurent la délicatesse de détourner leurs regards pendant que Denki roulait des yeux, se faisant la réflexion qu'il en avait fallu du temps à Katsuki pour se déclarer.

- Huit...

Katsuki approfondit le baiser, serrant plus fort Izuku contre lui, son cœur débordant d'amour et son âme chantant d'allégresse. Il l'aimait si fort, putain, qu'il en crèverait si Izuku le quittait.

- Sept...

Tamaki essuya une larme traîtresse sur sa joue, songeant à sa douce épouse qu'il ne reverrait plus jamais. Hawks se mordit les lèvres, se retenant de sangloter comme un enfant. Et dire qu'il s'était disputé avec son homme juste avant de venir travailler. Ils ne pourraient jamais se réconcilier... Jamais.

- Six...

Izuku s'accrocha aussi fort qu'il le pouvait à Katsuki malgré son épuisement, répondant plus que positivement au baiser passionné du blond. Dans ses bras, sous ses lèvres, il se sentit plus fort, plus grand, plus beau... indispensable.

- Cinq...

Neito ferma la porte de son appartement et s'étira pour dénouer ses muscles mis à rudes épreuves par une journée de dur labeur. Et l'émission de radio de Denki Kaminari, avec en invité vedette son meilleur pote, un certain Katsuki-j'attire-les-emmerdes-comme-un-aimant, ne l'avait pas aidé à se détendre. Heureusement, tout allait bien qui finit bien.

- Quatre...

Mitsuki composa rageusement le numéro de téléphone de Neito, pestant tant et plus sur son ingrat de fils qui, après lui avoir fait vivre tant d'émotions, ne daignait même pas l'appeler pour la rassurer. Peut-être Neito saurait comment joindre ce crétin, fruit de ses entrailles. Peut-être même aurait-il eu des nouvelles, lui !

- Trois...

L'ombre grandit de plus en plus, envahissant rapidement la Terre entière pour la plonger dans l'obscurité. Mais seuls ceux levant les yeux vers le ciel virent et comprirent le danger imminent. Pour le reste du monde, c'était simplement la nuit qui tombait, comme chaque soir.

- Deux...

Ils allaient tous mourir ! Aizawa ferma les yeux encore plus fort, comme si ne rien voir diminuerait l'impact du cataclysme imminent. Eijiro et Tamaki échangèrent un long regard humide de pleurs angoissés. Hawks agrippa la main de Best Jeanist, son collègue et ami, lequel lui rendit son étreinte désespérée. Shoto baissa les yeux vers ses pieds, vaincu. Denki songea qu'au moins sa dernière émission de radio avait été mémorable. Tenya pria silencieusement pour un miracle, ne comprenant pas pourquoi l'arme ultime contre le mal absolu ne se déclenchait pas.

- Un...

De la lueur surmontant chaque pierre, un faisceau lumineux surgit brutalement, se dirigeant immédiatement vers Izuku, formant alors un cercle d'une lumière à la blancheur éblouissante. Le cercle se resserra autour du couple s'embrassant toujours sur l'estrade au centre de la pièce. Instantanément, Izuku se renversa en arrière, ses bras lâchant brusquement le cou de Katsuki. La bouche du cinquième élément s'ouvrit en un cri silencieux, un puissant rayon lumineux sortant de ses lèvres et montant droit vers le ciel.

Katsuki resserra ses bras autour de la taille d'Izuku, luttant contre la force qui semblait vouloir le lui enlever en le plaquant au sol. Non ! Il ne laisserait pas tomber Izuku ! Jamais ! Il lutterait contre toutes les forces de l'univers s'il le fallait, mais il le garderait dans ses bras ! Pour toujours ! Izuku ne mourrait pas ! Il vivrait à ses côtés ! Jusqu'à la fin de leurs jours !

La planète tombant vers la Terre et le temple fut touchée de plein fouet par le faisceau luminescent, ce dernier l'arrêtant dans son macabre voyage.

Best Jeanist écarquilla les yeux, peinant à croire qu'un tel miracle ait eu lieu. Mais les données sur son écran de surveillance étaient formelles.

- Le scanner le confirme, annonça-t-il d'une voix tremblante de joie. La planète est morte.

- La planète semble avoir été stoppée soixante kilomètres avant l'impact, ajouta Hawks avec un sourire éblouissant.

Les deux scientifiques se tombèrent dans les bras, riant et pleurant tout à la fois. Aizawa ouvrit un œil, puis l'autre, comprenant enfin que la fin du monde n'avait pas eu lieu. Tamaki s'accrocha à une table, à deux doigts de s'évanouir sous l'intensité de son soulagement. Eijiro rit, incrédule, mais heureux, croisant le regard d'Aizawa. Katsuki avait réussi ! Le monde était sauvé ! Ils allaient tous vivre !

Le rayon de lumière disparut aussi vite qu'il était apparu, laissant un Izuku exsangue dans les bras d'un Katsuki inquiet et pas en bien meilleure forme. Il ne savait pas ce que c'était que ce truc, mais c'était sacrément puissant. Il avait eu l'impression que la lueur blanche avait drainé toutes ses forces. Mais, Izuku était toujours dans ses bras. Il ne l'avait pas lâché et ne comptait pas le faire... Jamais !

- Yeah ! s'exclama Shoto avec un soulagement évident, levant son poing fermé vers le ciel.

Si Tenya ne réagit pas, trop soulagé et heureux d'avoir accompli sa mission, Denki sursauta violemment avec un cri à la virilité contestable.

- Non, mais t'es fou ! invectiva-t-il Shoto. Pourquoi tu hurles comme ça ?

Jetant un rapide coup d'œil autour de lui, Denki décida qu'il en avait marre et le verbalisa avec véhémence :

- Toutes les cinq minutes, il y a une bombe ou je ne sais quoi ! Je me tire !

Il tourna les talons, crachant un "Bzz Bzz" rageur vers les deux prêtres, et quitta la pièce d'un pas vif. Ni Shoto, ni Tenya ne tentèrent de le retenir. De toute façon, Denki n'irait pas bien loin. Le seul moyen de rentrer à New-York rapidement était le vaisseau stationné devant le temple et seul Katsuki savait le piloter. Mais le retour attendrait, Katsuki était bien trop concentré sur Izuku pour s'en soucier maintenant, et ni Shoto, ni Tenya n'iraient sortir les deux amoureux de leur bulle.

~oOo~

Mei sourit de toutes ses dents quand le Président Aizawa et le Général Kirishima arrivèrent dans son labo, le Général Amajiki et l'assistante du Président sur leurs talons.

- Monsieur le Président, dit Eijiro avec un grand sourire, je vous présente le professeur Mei Hatsume qui dirige le centre.

- C'est un grand honneur de vous accueillir, Monsieur le Président, salua poliment Mei.

- Merci, répondit Aizawa. Où sont nos deux héros ?

- Oh oui ! Ils étaient dans un tel état d'épuisement que nous avons été obligés de les mettre dans le réacteur ce matin, expliqua Mei.

Kirishima était allé lui-même récupérer la petite troupe en Égypte et avait été choqué de voir que le fameux cinquième élément n'était autre que le Monsieur Parfait, survivant du crash du vaisseau Mondoshawan et, futur mari de Katsuki.

Durant le trajet retour, Tenya et Shoto avaient relaté, avec force détails ajoutés par Denki, le déroulement des évènements. Ils durent recommencer arrivés au quartier général pour le Président, Tenya promettant de consigner soigneusement chaque étape du rituel pour les générations futures, Hawks et Best Jeanist se chargeant de prendre note des propos du prêtre pour mettre tout ça dans les dossiers personnels du Président. Dossiers passant systématiquement d'un Président à l'autre.

Il avait été totalement impossible d'obliger Katsuki à lâcher Izuku, ce fut donc ensemble qu'ils furent transportés jusqu'au laboratoire de Mei Hatsume et son aile hospitalière. Mais malgré une bonne nuit de sommeil, Izuku blotti dans les bras protecteurs de Katsuki, ils étaient toujours dans un état de fatigue plus qu'inquiétant. Comme si la lumière qui avait tué la planète malfaisante avait aussi aspiré toute leur énergie.

Aussi, Mei avait-elle décidé, tôt ce matin-là, de mettre le couple dans le réacteur de redynamisation pour les requinquer plus efficacement. Selon ses estimations, Katsuki et Izuku sortiraient de là en pleine forme d'ici une bonne heure.

- J'ai encore dix-neuf rendez-vous après celui-ci, professeur, lui signala Aizawa avec un regard entendu.

- Oui, euh... Pardon, s'excusa Mei. Je vais voir s'ils sont revitalisés.

Elle espérait en tout cas que Katsuki et Izuku le seraient assez pour sortir du réacteur le temps de saluer le Président. Au pire, elle les y remettrait après.

- Merci, lui sourit Aizawa.

Il était désolé pour le professeur Hatsume, mais sa journée était déjà bien chargée, il n'avait pas le temps d'attendre. Déjà qu'il avait renoncé à sa sieste hier et avant-hier, pas question qu'il ne puisse pas la faire aujourd'hui.

Emi, son assistante, se pencha vers lui pour lui souffler :

- Nous avons le direct dans une minute, Monsieur le Président.

Du coin de l'œil, Aizawa vit la scientifique aux cheveux roses se tendre devant la petite fenêtre qu'elle venait de dévoiler sur le réacteur. Elle se retourna précipitamment, rougissante et bafouillante, un sourire crispé aux lèvres.

- Ils ne sont pas prêts, expliqua-t-elle, accompagnant ses dires d'étranges gestes des mains, comme si elle essayait d'emboîter deux pièces de bois. Encore... Cinq petites minutes...

- Vous avez vingt secondes, décréta Aizawa, sans tenir compte de la mine catastrophée de Mei.

Près de lui, il entendit Kirishima parler au téléphone, sûrement passé par Amajiki si Aizawa en croyait l'air traumatisé de son Général le plus timide.

- Non, Madame, non... Non... Non... J'ai essayé de...

- C'est qui ? s'enquit Aizawa en voyant qu'Eijiro n'arrivait visiblement pas à se faire entendre de son interlocutrice.

- Une femme qui dit être la mère de Katsuki Bakugo, lui souffla Kirishima en éloignant le combiné de son oreille tout en posant sa main sur le micro de celui-ci.

La mère du Major Bakugo ? Voilà qui tombait parfaitement bien ! Même s'il n'avait pas prévu de le faire, c'était là l'occasion de la remercier d'avoir mis au monde l'homme ayant sauvé le monde.

- Passez-la-moi, ordonna-t-il en tendant la main vers Kirishima.

Son Général lui passa le téléphone avec une moue exprimant ses doutes, mais Aizawa n'en tint pas compte.

- Madame Bakugo, ici le Président, commença-t-il d'un ton formel. Au nom de tout le gouvernement fédéral, je tiens à vous adresser toutes nos...

- Oh, ça va Katsuki ! l'interrompit sèchement Mitsuki. Tu l'imites même pas bien, le Président. Il a une voix d'attardé ! Toi, t'es pas attardé, t'es vicieux ! Si tu veux pas parler à ta mère, trouve autre chose ! C'est pas grave. J'irai me jeter du haut d'un bus !

Mitsuki continua de se plaindre à l'autre bout du téléphone qu'Aizawa éloigna de lui en le fixant comme si c'était une immonde boule puante prête à lui exploser en plein visage. Kirishima récupéra le combiné qu'il refila sans attendre à Tamaki qui le transmit à quelqu'un d'autre sans même prendre la peine de parler à cette femme. Au moins, maintenant, tous savaient de qui Katsuki tenait son caractère de cochon.

Bien loin de se douter de ce qui se tramait à quelques pas d'eux, Katsuki et Izuku se fixaient, tendrement enlacés, un même sourire amoureux aux lèvres, leurs corps nus s'épousant à la perfection. Katsuki s'évertuait à transmettre à Izuku toute l'intensité de ses sentiments dans chacun de ses gestes, dans chaque murmure, dans chaque regard. Et Izuku se baignait dans cet amour, s'en délectant délicieusement et rendant chaque douce attention avec passion. Oui, l'humanité méritait d'être sauvée. Il connaissait enfin l'amour et cet amour ne devait pas disparaître.

Maintenant, il en était sûr, certain, il savait exactement ce qu'il allait faire à l'avenir. Il allait rester là, dans les bras de Katsuki, se gorger de l'amour les unissant. Ils vivraient ensemble, vieilliraient ensemble. Et quand l'heure du dernier voyage serait venue pour Katsuki, alors Izuku rejoindrait son peuple. Mais pas avant. Son peuple le rendormirait pour ce qu'il resterait des cinq mille prochaines années. Mais Izuku garderait précieusement l'amour de Katsuki gravé dans son cœur, dans son âme, et il se servirait de tout cet amour pour vaincre le mal, réveil après réveil... Jusqu'à la fin des temps...

Fin.


Glossaire :

* Vertuchou : interjection. Juron euphémique marquant l'étonnement, l'indignation, la résolution. (équivalent du Bon Dieu ! ou Sacrebleu ! ou Bordel ! )


Commentaire de l'auteure : OUI ! J'ai fini ! J'ai réussi ! J'espère que ça vous aura plu. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, promis, je ne mords pas (j'ai une muselière XD).


Bureau des plaintes et réclamations des personnages martyrisés.

- Vertuchou ? s'étonne Izuku. Tu le sors d'où ce mot ?

- Du dictionnaire Larousse en ligne, explique Lili avec fierté. Je cherchais un joli mot en V qui soit une qualité, tu vois.

- Ce qui n'est pas le cas de Vertuchou, signale Izuku.

- Je sais... mais justement, je ne trouvais pas de qualité commençant par V, avoue Lili. Bon, il était tard et j'étais fatiguée !

- Parce que tu en as là, du coup ? ricane Katsuki.

- Ben non, j'ai arrêté de chercher, admet Lili en haussant les épaules. Bref, j'ai demandé de l'aide à mon ami Google, qui m'a envoyé vers le dictionnaire Larousse.

- Et tu as vu Vertuchou, comprend Izuku.

- Exactement ! Je l'ai trouvé trop chou ce mot ! Alors, j'ai décidé de l'utiliser...

- Sans savoir ce que ça voulait dire ? suspecte Katsuki.

- Si ! contre Lili. J'ai regardé la définition ! Après avoir écrit la phrase avec, mais j'ai regardé !

- Après ! soupire Izuku. Mais pourquoi l'avoir utilisé du coup ?

- Je le trouvais trop mignon ce mot, sourit Lili. Regarde-le, il est tellement chou qu'on a envie de lui faire des câlins.

Pendant qu'Izuku s'inquiète de la santé mentale de Lili, qui donc veut faire des câlins à un mot, mot qui est donc un juron, Katsuki se tourne vers les lecteurs :

- Bon, et vous, vous en pensez quoi de ce mot ? Vertuchou... Mignon, pas mignon ? En tout cas, au scrabble ça peut être utile à connaître.


Remerciements :

Un Grand MERCI à Yzanmyo (ma choupinette d'amour) pour son avis très constructif et ses corrections indispensables, à Baronne_Buhdussy pour sa relecture et ses remarques qui m'ont été fort utiles lors de la correction, et à MaeglinSurion et Aki pour leurs critiques flatteuses.
Et bien sûr, MERCI à EUX QUATRE pour leurs encouragements et leur soutien durant la période délicate d'écriture.

Et pour finir, le dernier, mais non des moindres : MERCI À VOUS LECTEURS de me lire, de me suivre et de commenter mes modestes écrits.