Quelques heures s'étaient écoulées, et le temps traînait en longueur pour Eleonore, qui attendait toujours dans une chambre somptueuse. Quant à Piccolo, il s'était reclus dans sa grotte, quand il entendit un bruit non loin. Il sortit, fit quelques pas, et trouva l'âne, qui traînait difficilement une grosse branche d'arbre sur le sol. Piccolo, pas le moins du monde en colère de voir l'animal, plutôt heureux en réalité bien qu'il ne le montra pas, demanda.
« C'est toi l'âne ? Qu'est-ce que tu nous bricoles encore… »
« Ça se voit pas… ? T'as la mémoire courte… C'est bien toi qui voulait une muraille… »
« Une muraille, oui… Mais une muraille qui devait faire le tour de ma forêt, pas la traverser… »
« Elle fait le tour de ta moitié ! Ça c'est ta moitié ! Ça c'est ma moitié ! »
« Ohhh… ta moitié… », fit Piccolo en croisant ses bras sur son large torse.
« Oui, ma moitié à moi. J'ai aidé à ramener la princesse, j'ai fait la moitié du travail, j'ai la moitié du butin… »
« T'as même pas été au château, t'avais trop la trouille… »
« Oui ben tout le reste, j'étais là ! Maintenant aide-moi à déplacer ce caillou, celui qui ressemble à ta sale tête ! »
Piccolo prit la branche et la jeta au loin, puis en saisit une autre et s'en servit pour faire reculer l'âne qui ne se laissa pas démonter. Il posa sa tête contre le bois puis poussa à son tour.
« Recule… », fit Piccolo de sa voix grave.
« Non, toi recule… »
« C'est ma forêt ! »
« C'est notre forêt ! »
« Va-t-en, l'âne ! »
« Toi va-t-en, espèce de grande asperge ! »
« Gros corniaux d'âne ! »
« Vieux démon grincheux ! »
« Comme tu veux ! »
Piccolo lâcha la branche sans prévenir et s'éloigna vers sa grotte, et l'âne se cassa la figure.
« Hé hé reviens ! J'ai encore deux mots à te dire ! » s'écria l'animal en se relevant.
« Moi j'ai plus rien à te dire ! »
« T'en as pas marre de tourner autour de ton nombril ?! Moi ! Moi ! Moi ! J'ai une vraie mauvaise nouvelle ! Maintenant, c'est mon tour ! Tu fermes ta boîte à poignards et tu m'écoutes ! »
Mais Piccolo tourna les talons et partit dans la forêt. L'âne le suivit.
« Tu as été méchant avec moi ! Tu m'as insulté ! Je fais tout pour te faire plaisir et t'es jamais content ! Soit tu me mènes par le bout du nez, soit tu me mènes à la baguette ! »
Piccolo se retourna.
« Ah ouais ?! Alors puisque je me conduis aussi mal, qu'est-ce que tu viens faire encore chez moi ?! »
« Tu sais ce qu'ils font les amis d'habitude ? » dit l'animal en posant ses sabots sur le torse de Piccolo. « Ils se pardonnent l'un l'autre ! »
« Ils se pardonnent… Ouais… t'as raison l'âne… Je te pardonne… Pour m'avoir poignardé dans le dos ! »
Piccolo sauta sur une branche haute d'un arbre, là où l'âne ne pouvait pas le suivre.
« Rhoooo ! T'es en train de te planquer à nouveau mon grand ! » lui lança l'âne. « Tu sais c'que t'as ?! T'as peur de tes sentiments ! »
« Va-t-en ! »
« Tu vois, ça y est, voilà ! Tu recommences exactement comme avec Eleonore ! Alors qu'en fait elle t'aime bien ! Peut-être même qu'elle t'aime tout court ! »
Piccolo ouvrit en grand les yeux qu'il maintenait fermés depuis un moment.
Qu'elle… quoi ? Non… Impossible…
« Qu'elle m'aime… ? Elle a dit que j'étais une bête… Hideuse et repoussante… Je vous ai entendu le dire… »
« C'est pas de toi qu'elle parlait, j'te jure ! Elle parlait de… de quelqu'un d'autre… »
Piccolo descendit de son arbre, soudain mal à l'aise.
« Oh… Tu le jures ? Elle ne parlait pas… de moi ? Mais alors de qui elle parlait ?! »
« Ah tu peux courir, j'dirai rien ! » fit l'âne en lui tournant le dos. « De toute façon tu m'écoutes jamais, pas vrai ?! Pas vrai ?! »
Piccolo se mit à paniquer. Il devait savoir.
« Sois gentil… », dit-il de sa voix la plus douce, chose dont il n'avait clairement pas l'habitude.
Mais l'âne refusa catégoriquement.
« Non ! »
« Tu veux des excuses… ? Je m'excuse… Là, t'es content ? »
Mais l'âne lui jeta un regard froid et détourna à nouveau la tête. Ce n'était clairement pas suffisant. Alors Piccolo se laissa abattre. Il détestait s'ouvrir ainsi, mais la cause était trop importante pour reculer.
« Je… Je suis désolé… Sincèrement… désolé… Je t'en prie… pardonne-moi… Je ne suis qu'un… un monstre… stupide… et arrogant… Tu veux bien… me pardonner ? »
Cette fois, l'âne tourna la tête, puis sourit, avant de se tourner totalement.
« Hey… Les amis c'est fait pour ça… »
« Ouais… »
Piccolo mit un genou à terre et tendit sa main.
« Amis ? »
L'âne lui tendit son sabot et Piccolo le serra.
« Amis. »
Derrière eux, trois petites voix s'exclamèrent. Les fées étaient sorties de leur cachette.
« Oh si tu savais comme je suis heureuse ! » lança Astriza. « Je voulais tout te dire Piccolo mais nous n'avons pas le droit d'interférer plus que ce que nous avons déjà fait… »
Le guerrier lui sourit, compréhensif. Puis, il se releva et demanda d'une petite voix peu assurée à l'âne.
« Hum… Alors tu disais… que Eleonore… elle… elle m'aime bien… ? »
« Et pourquoi tu me le demandes à moi, pourquoi tu vas pas lui demander à elle ? »
Piccolo se mit à paniquer.
« Le mariage ! On arrivera jamais à temps ! »
Mais l'âne rit.
« Hahaha ! Point de crainte ! Qui veut la fin, veut les moyens, et j'ai un moyen… »
L'animal siffla et une gigantesque bourrasque de vent souffla au-dessus de leurs têtes. Piccolo leva la sienne et vit…
« Quoi ?! Mais… ?! Comment… ?! »
Il courut aussitôt hors de la forêt pour tomber nez à museau avec… le dragon.
« Mais… j'y comprends rien ! Qu'est-ce que tu fais ici, toi ?! »
« C'est très simple… », fit l'âne en approchant sans crainte. « Cette jolie dragonne était venue s'abreuver près du lac où je m'étais arrêté. Elle a vu que j'étais seul et désemparé et on a discuté un peu. Elle est en fait très sympa. »
« Une… dragonne… ? Alors t'es une fille… ?!
La dragonne hocha la tête et la frotta contre Piccolo.
« Elle m'a dit que tu avais épargné sa vie et qu'elle aurait beaucoup aimé pouvoir te remercier réellement. Alors je lui ai demandé un service. Prêt à embarquer ? »
Piccolo se mit à rire et sauta sur le dos du grand reptile, puis l'âne grimpa derrière lui.
« Le carrosse de Monsieur est avancé ! Accroche-toi bien ! »
La dragonne décolla et partit en direction du château. Ils y seraient en moins de deux. Durant le voyage, l'âne fit sur un air de confidence :
« J'ai promis à Eleonore de ne rien te dire mais je peux je pense te faire part de quelque chose avant qu'elle ne te parle du reste… Elle était obligée d'épouser Geoffroy… »
« Comment ça ?! Que veux-tu dire par "obligée" ? »
« Eh bien… Une histoire… de malédiction, brisée par le baiser d'amour d'un prince… »
« Mais l'âne ! » fit Astriza. Piccolo EST un prince ! »
« Quoi ?! » fit l'animal choqué.
Piccolo fut mal à l'aise.
« Je ne suis pas prince, tu dis n'importe quoi… »
« Ton père était quoi… ? Hein ? »
Piccolo pensa à son géniteur. Le Grand Roi Démon. Ce qui faisait de lui… Le Prince Démon… A cette pensée, il sourit. Si cela était un critère obligatoire, alors il avait toutes ses chances.
…
Au château, Eleonore et Geoffroy faisaient face au curé qui avait commencé son texte.
« … pour être les témoins de l'union sacrée de notre nouveau roi… »
« Et si nous passions directement à "Je le veux" », fit la princesse en avisant le soleil qui déclinait dangereusement à l'horizon derrière la grande fenêtre de l'église.
Cela fit rire Geoffroy, qui demanda au vieil homme de continuer. Dehors, la dragonne venait d'atterrir. Piccolo sauta à terre et courut vers la porte de l'église en jetant ses épaulettes et son turban. C'était ainsi qu'Eleonore l'avait vu durant des jours, il voulait revenir ainsi auprès d'elle, et se moquait bien de faire peur aux badauds. Mais lorsqu'il arriva vers la porte, l'âne l'arrêta.
« Hey Piccolo attends-tends-tends-tends une minute ! Faut faire les choses dans les règles ! »
« Quoi ?! Quelles règles ?! Qu'est-ce que tu m'chantes ?! »
« Une phrase ! Une phrase que le curé va dire ! Il faut que tu attendes qu'il dise "Parlez maintenant ou taisez-vous à jamais !" Et là toi tu dis "Je m'y oppose !" »
« J'ai pas l'temps ! J'suis pressé ! »
« Attends qu'est-ce que tu fais là, écoute-moi ! »
L'âne posa ses sabots sur le torse de Piccolo et le coinça contre le bois de la lourde porte.
« Bon tu aimes cette femme oui ou non ?! »
Piccolo bafouilla.
« O… Oui… »
« Tu veux la choyer ? »
« Oui… »
« La combler ?! »
« Oui ! »
« 🎶Pour qu'elle craque craque laisse aller ta tenderness !🎶 Les nanas adorent se la péter romantique ! »
« Tu te tais ou je t'étrangle ! Le curé… Il la dit quand sa phrase… ? »
« Chais pas… D'un moment à l'autre… »
Dans l'église, le curé terminait son texte.
« Et ainsi, par le pouvoir qui m'est conféré… »
Piccolo, lui, lançait l'âne en l'air afin qu'il puisse voir à l'intérieur depuis une des hautes fenêtres.
« Qu'est ce que tu vois ?! »
« Y'a tout un people là-dedans ! » s'exclama l'animal.
La voix étouffée du curé s'entendait à peine.
« Je vous déclare… mari et femme…»
« Ils sont devant l'autel ! »
« Roi et Reine… »
« Crotte de bique il a déjà dit la phrase ! »
« Oh bon sang mais c'est pas vrai… ! » s'exclama Piccolo en courant vers la porte et laissant tomber l'âne sur le sol.
Il ouvrit la lourde porte en grand et courut à travers l'église.
« Je m'y oppose ! »
« Piccolo ? » fit Eleonore surprise.
« Oh ! Que veut-il encore celui-là ?! » s'exclama le désormais Roi Geoffroy.
Parmi les invités, des bruits de dégoût se firent entendre sur le passage de Piccolo, mais il n'y prêta pas attention. Il arriva au pied des marches de l'autel.
« Que faites-vous là, Piccolo ?! » demanda Eleonore un peu agacée.
« Vous avez déjà l'affront d'être en vie alors que votre vue fait horreur à tous, mais vous invitez à une noce à laquelle vous n'êtes pas convié ! » lui lança Geoffroy.
« Eleonore ! » fit Piccolo en ne prêtant pas attention au nouveau Roi. « Il faut que je vous parle, écoutez-moi… »
« Oh vous voulez me parler maintenant ? Je suis navrée mais c'est trop tard mon cher ! Si vous voulez bien m'excuser… »
Elle se pencha en avant pour embrasser son nouvel époux mais Piccolo la saisit par le bras.
« Vous ne pouvez pas l'épousez ! »
« Tiens donc et pourquoi ?! » répondit-elle en arrachant son bras de la main de Piccolo.
« Parce que… Parce qu'il ne vous aime pas ! Il ne vous épouse que pour être roi ! »
« Quel insolent outrage ! Eleonore, ne l'écoutez pas… »
Piccolo insista.
« Ce n'est pas lui votre véritable amour… »
« Et que connaissez-vous de l'amour véritable ?! »
« Et bien… ! Je… »
Mais les mots restèrent bloqués dans la gorge de Piccolo. Son visage se décomposa, tandis que celui d'Eleonore changea d'expression.
« Ouhhh… Voici qu'il frise le ridicule… », fit Geoffroy en se mettant à rire. « Le démon… est tombé… amoureux de la princesse ! »
Aussitôt, toute l'assemblée éclata de rire à son tour. Cette fois, Piccolo ne parvint pas à les ignorer. Il les regarda tous, et sentit son coeur se serrer. Derrière, Eleonore lui demanda d'une voix douce.
« Piccolo… Est-ce la vérité… ? »
Le guerrier la regarda avec une douleur sourde dans ses yeux noirs.
« Hahahaha… Ahhh c'est grotesque ! » fit le Roi. « Balivernes et foutaises que cela ! Eleonore mon amour ! Nous ne sommes qu'à un baiser du bonheur éternel… Embrassez-moi… »
Il tendit sa bouche vers elle mais Eleonore ne fit que grimacer. Elle n'avait pas la moindre envie de poser ses lèvres sur celles de l'homme. Quand soudain, elle remarqua la lumière baisser. Elle regarda par la fenêtre et vit que le soleil disparaissait à l'horizon.
« Le jour sourira, la nuit pleurera… »
Eleonore retira sa main de celle du Roi et recula vers la grande fenêtre.
« J'ai voulu vous le montrer ce matin… »
Piccolo fit quelques pas et tendit sa main vers elle, ne comprenant pas. C'est alors qu'une douce lumière enveloppa la jeune femme. Son corps se mit à scintiller, puis, une fumée blanche la recouvrit intégralement. Lorsque cette dernière disparut, la créature ailée à la peau bleutée que l'âne avait vue dans le moulin réapparut. Piccolo n'en crut pas ses yeux. Il regarda celle qu'il aimait avec des yeux emplis d'émotion.
« Alors… Vous… Ce n'étais pas moi… C'était… vous… ? »
Elle hocha la tête tristement.
« Argh ! C'est écoeurant ! »
Piccolo et Eleonore se tournèrent vers le Roi Geoffroy.
« Gardes ! Gardes ! Hors de ma vue ! Mettez-moi ça au fond d'une geôle, c'est un ordre ! Emmenez-les ! Emmenez-les tous les deux ! »
« Non ! Non ! » hurla Eleonore tandis que des hommes en armures la tinrent fermement.
Un groupe était également tout autour de Piccolo, qui tenta de s'en défaire sans risquer de les tuer avec sa force prodigieuse.
« Votre sorcellerie n'y pourra rien ! Ce mariage est consacré ! Ce qui fait de moi le Roi ! Le Roi ! »
« Non, lâchez-moi ! Piccolo ! »
« Non ! » cria Piccolo en assommant plusieurs gardes mais il en venait toujours plus. « Eleonore ! »
« Toi, démon ! Tu vas regretter d'être venu au monde ! Je veux te voir écartelé ! Tu m'imploreras à genoux d'abréger tes souffrances ! »
« Non ! Laissez-le ! Piccolo ! »
« Et quant à vous, ma femme… »
Geoffroy pointa sur la gorge d'Eleonore un long poignard.
« Eleonore ! »
« ... vous retournerez moisir dans votre tour pour le restant de vos jours ! Je suis le Roi !... »
Piccolo était désespéré. Si seulement il avait toujours ses pouvoirs, il aurait balayé tous ces hommes d'un seul geste. Il mit au tapis un énième garde et de sa main libre, siffla. Il avait besoin d'aide. L'instant d'après, une immense silhouette assombrit la pièce en venant boucher la fenêtre derrière l'autel.
« … Je veux et j'ordonne ! Et j'ordonne, la perfection ! Et je… ! »
Mais il ne put finir sa phrase, car au-dessus de sa tête, la dragonne venait de détruire l'immense vitrail. Elle se jeta sur lui… et le dévora. Sur la tête de la bête, l'âne s'exclama.
« Que personne ne bouge ! J'ai un dragon ! Et j'hésiterai pas à faire feu ! Est-ce que quelqu'un veut négocier ?! »
Les gardes lâchèrent Piccolo et Eleonore et s'enfuirent à toutes jambes. La dragonne recracha la couronne à grelots ridicule et l'âne reprit.
« Faut de mariage, on aura assisté au repas du Roi… »
Dans l'assemblée, tous se mirent à applaudirent. En réalité, les sujets détestaient le Prince et la mort du Roi August avait été une perte pour tous.
« Allez… Déclare-toi Piccolo… », fit l'âne en faisant un signe de tête à son ami.
Le guerrier, très timide soudainement, avança lentement vers Eleonore. Il déglutit plusieurs fois, cherchant ses mots.
« Euh… Eleonore… ? »
« Oui ? Piccolo ? »
« Je… »
Bon sang… C'était terriblement difficile à dire. Prenant son courage à deux mains, il se lança.
« … Je vous aime… »
Elle sourit, puis demanda.
« Sincèrement ? »
« Jamais de ma vie je n'ai été aussi sincère… Et… j'ai oublié de vous dire… Ne riez pas… mais… Je suis prince… moi aussi… Il paraît… que cela était nécessaire… alors… »
Eleonore écarquilla les yeux. Depuis le début, c'était lui, que le destin lui avait choisi. Un prince démon.
« Je vous aime aussi… mon prince… »
Enfin, alors qu'il l'avait tant attendu, qu'il en avait tant rêvé, Piccolo posa ses lèvres vertes sur celles désormais couleur nuit d'Eleonore. Elles étaient si douces, et si chaudes. Son cœur se mit à tambouriner violemment dans sa poitrine. Pour Eleonore, ce fut le même feu d'artifice d'émotions. Les deux amants furent séparés lorsqu'une lumière vive et resplandissante envahie la jeune femme démon. Son corps fut soulevé de terre et enveloppé de fumée blanche. De magnifiques étincelles recouvrient sa silhouette puis après quelques secondes, elle redescendit à terre, couchée sur le sol, à moitié évanouie. La fumée se dissipa, et Piccolo s'approcha, inquiet. Et si une fois redevenue humaine, elle ne voulait plus de lui ? Mais quelque chose clochait. La fumée totalement évaporée, il remarqua ce que c'était. Il s'agenouilla vers sa bien-aimée et l'aida à se relever.
« Eleonore ? Est-ce que ça va ? »
Elle se regarda. Rien n'avait changé.
« Oui… mais je ne comprends pas… C'est étrange… Ce baiser devait me rendre belle… »
Piccolo fut légèrement surpris par ses propos, puis sourit, d'un vrai sourire tendre et sincère.
« Mais vous êtes belle, princesse… Vous êtes… magnifique… »
La démone sourit à son tour, soulagée. Elle entoura Piccolo de ses grandes ailes et se serra contre lui. Il lui prit le visage entre les doigts, puis à nouveau posa ses lèvres sur les siennes, dans un baiser cette fois passionné et ardent. Enfin, il serra ses bras autour de sa taille, ceux d'Eleonore autour de son cou, et il la souleva de terre puis tournoya sur lui-même. Au fond de la salle, un vieil homme sourit tendrement, Arydel, Astriza et Leonyd volant à ses côtés, soulagés.
« Bien joué…, leur fit-il…
Les trois fées rirent et se tapèrent dans les mains.
