- On peut savoir qui m'a mis ce truc ? Explosa instantanément Stiles. Je ne suis plus un bébé depuis des années, à ce que je sache ! Oh et puis ça veut dire que… Oh merde. L'un de vous deux m'a… Non, c'est pas vrai, rassurez-moi ? Enfin à choisir, si c'est vraiment arrivé, je préfère me dire que c'est vous, doc, qui… Non parce que… Jackson ? Ah non non non !
Stiles était rouge pivoine, rouge de honte et il se décomposa davantage encore lorsqu'il vit le blond sourire et retenir un rire moqueur. Il espéra définitivement que Jackson ne l'ait pas déshabillé, ne lui fait pas fait enfiler cette, euh… Couche. Autrement, il en entendrait parler durant des semaines, voire des mois. Jackson avait toujours à cœur de lui rappeler ses erreurs, des choses dont il avait également honte… Parce que ça l'amusait. Stiles n'était pas en reste… Puisqu'il faisait plus ou moins la même chose lorsqu'il avait du grain à moudre.
Oui mais là, Jackson avait de l'or pour l'emmerder. Parce que même s'il ne lui avait pas fait enfiler cette chose, il… Était au courant. Et ça, c'était la catastrophe. Malgré sa honte, Stiles lui lança un regard noir, son regard le plus sombre, mais cela n'eut pour effet que de renforcer l'amusement du kanima. Evidemment qu'il se marrait dans son coin ! Evidemment qu'il s'amusait de son incompréhension, de son malheur. Stiles considéra un instant les précédentes paroles de Deaton et une certaine amertume, qu'il ne montra pas, s'empara de lui. Bien sûr que Jackson ne s'inquiétait pas pour lui. D'où cette idée avait-elle pu venir à l'esprit du vétérinaire ? Et puis d'abord, pourquoi un putain de véto s'était occupé de lui ? Stiles ne demandait pas à aller à l'hôpital, au contraire, mais… Il n'avait pas le souvenir d'être un animal. Et évidemment, ce fut ce moment que choisit son ventre pour commencer à se manifester. Il lui donna l'impression de se nouer doucement et Stiles mit ça sur l'hypothétique stress de se retrouver dans une situation aussi honteuse.
- Calme-toi, Stiles, lui intima le vétérinaire. Je t'ai effectivement mis cette couche mais rassure-toi, c'est uniquement pour ton bien et sans aucune arrière-pensée.
Alan Deaton se sentait obligé de préciser ce fait car il connaissait fort bien Stiles et savait à quel point celui-ci pouvait penser à tort et à travers, torturer son esprit et imaginer des tas de situations toutes aussi incongrues les unes que les autres. Alors il préférait prendre les devants, juste au cas-où. Il assurait ses arrières, évitait de potentielles questions étranges à ce sujet et ainsi, de se retrouver dans une situation des plus insupportables – et dieu sait à quel point Stiles pouvait en créer facilement.
- Mais de quoi, pour mon bien ?! J'ai pas encore de fuites urinaires à ce que je sache ! S'exclama l'hyperactif, son visage toujours aussi rouge de honte.
La colère qu'il exprimait n'était rien de plus qu'un rempart, un moyen de continuer de parler pour ne pas céder au début de panique qui l'étreignait. Parce que l'inconfort qui s'était installé en lui grandit. Crût. S'étala. Allait-il avoir mal ? Si tel était le cas, il aimerait vraiment que Jackson s'en aille. Il ne voulait plus le voir – comme s'il l'avait voulu un jour.
- Non, tempéra Deaton, mais tu es sous l'influence d'un sortilège.
- Est-ce qu'un sortilège, ça peut faire des espèces de crampes au ventre ? Fit Stiles d'un ton railleur qui servait ici à camoufler son inconfort grandissant.
Lui qui craignait la douleur constatait qu'elle était déjà là. Douce, pour l'instant. Mais il la sentait dévastatrice. Elle allait le tuer sur place d'ici quelques minutes au bas mot. Stiles se souvenait parfaitement de cette souffrance qui l'avait poussé à bout et à plus ou moins perdre connaissance : il en reconnaissait déjà les prémisses.
Autant dire qu'il avait un peu peur de la suite.
- Oui, ne le rassura pas du tout Deaton, et ça peut aussi faire couler le sang. Tout dépend la nature exacte du sort qui t'a été lancé.
- Vous délirez, fit Stiles d'une voix rauque, j'ai passé ma soirée… Mon début de soirée nul chez moi, seul. Et pour une fois, je suis désolé, mais je n'ai rien fait. Enfin je veux dire, je ne fais jamais rien pour provoquer ce qui peut potentiellement toujours m'arriver, mais là… Non là, vraiment, on ne peut rien me reprocher. J'ai été clean, archi clean et… Ben j'allais juste taffer pendant que la plupart des gens fêtent Halloween. Ouais, pendant que tout le monde s'amusait, moi j'allais faire mes bails, comme une merde.
Si le babillage de Stiles ne changeait pas de ce qu'il avait l'habitude d'entendre et qui l'agaçait fortement, Jackson ne laissa cette fois-ci pas son irritation pointer le bout de son nez. Que l'hyperactif parle autant que de coutume était une chose. Qu'il le fasse avec aussi peu de naturel en était une autre, d'autant plus… Qu'il pâlissait à vue d'œil tout autant que ses traits se contractaient. Deaton l'avait-il remarqué ? Au bref regard qu'il lui lança, oui.
En temps normal, Jackson ne serait pas resté ici. Cependant, le vétérinaire le lui avait expressément demandé, tout en ajoutant qu'il ne voulait certes pas l'embêter, mais qu'il était le seul membre de la meute disponible. Aucun de ses amis n'avait répondu, que ce soit en premier lieu à Stiles, ou bien, un peu plus tard, à Deaton. Avait-il donc le choix ? Non, pas vraiment. L'émissaire avait dit avoir potentiellement besoin de son intervention, alors… Il était là. Si Jackson avait appris quelque chose dès son entrée dans cette meute, c'était bien la valeur de l'entraide. Disons qu'elle l'avait aidé à comprendre que l'égoïsme ne menait à rien et ne ferait avancer personne.
Jackson ne restait toutefois pas là sans un potentiel intérêt derrière. Un intérêt tout personnel.
Gagner un tant soit peu de tranquillité, que ce soit au lycée ou lors de réunions de la meute. Si Stiles cherchait à provoquer intentionnellement Derek parce qu'il aimait bien le taquiner, il faisait de même avec Jackson. La différence ? Avec lui, il s'agissait plutôt d'une habitude née de leur longue rivalité. Rivalité qui n'existait plus et n'avait plus lieu d'être : Jackson s'était enfin avoué que les filles ne l'intéressaient pas vraiment et Stiles… Stiles avait l'air d'avoir complètement laissé tomber son béguin légendaire pour Lydia. De source sûre – la banshee était la meilleure des sources et quiconque oserait dire le contraire s'exposerait à une mort lente et douloureuse –, Stiles la considérait finalement comme une sœur. Ou une âme-sœur amicale. Et d'après cette même source, il avait mis un temps fou à s'en rendre compte mais désormais… Il n'y avait plus aucune ambigüité et les deux petits génies de la meute s'entendaient à merveille. Parfois, ils manigançaient ensemble, c'est dire leur complicité.
Donc voilà le souci. Si Jackson prenait parfois un malin plaisir à lui faire ses remarques habituelles, il fallait avouer qu'il en avait un peu assez. Ainsi, de son côté, il avait tenté de réduire la chose ces derniers temps. Stiles ? Il ne changeait absolument pas. Jackson ne comptait pas faire d'effort pour ne serait-ce qu'essayer de l'apprécier – chacun ses priorités. Il s'était fait ses amis et ne ressentait pas le besoin d'agrandir son cercle.
Non, ce qu'il voulait, c'était juste qu'ils puissent se trouver dans la même pièce sans qu'aucune animosité passée et ancrée dans ses habitudes ne pousse l'hyperactif à continuer de, si l'on peut dire, l'emmerder. Cette fois-ci, Stiles restait soft : était-ce parce qu'il était dans le mal ? Tout était possible. Alors voilà, une fois cette situation un tant soit peu apaisée, il allait avoir une petite discussion avec lui, histoire de lui faire comprendre qu'il avait besoin de calme et que Stiles, en guise de reconnaissance de son incroyable dévouement, cesse de lui chercher des noises. Voici comment il comptait présenter la chose : bonsoir, je t'ai aidé, alors peux-tu me faire le plaisir de la fermer quand tu me vois ? Ceci, avec d'autres mots et un développement suffisant pour que Stiles comprenne le message. Que les réunions de meute et autres rencontres internes soient plus supportables pour ses oreilles.
Mais voilà, le bougre continuait de déblatérer sur « les idées farfelues » de Deaton, son « imagination débordante » et l'impossibilité de s'être pris un sort. Il clama à nouveau haut et fort son innocence et d'ailleurs… Rien de tout cela n'expliquait, à ses yeux, la présence de cette foutue couche !
Deaton prit alors un air embêté… Qui s'accentua lorsque Stiles ne put retenir une grimace douloureuse avant de revenir sur cette histoire, d'expliquer ô combien il avait la honte, ô combien il trouvait cela dégradant et qu'être pris pour un bébé, c'était franchement naze. Jackson retint difficilement un rire. Le vétérinaire voulait lui dire ce qui avait l'air de lui arriver, l'éclairer sur sa situation, mais Stiles ne le laissait pas en placer une. Cela changeait-il réellement de d'habitude ? Pas vraiment si ce n'est que pour une fois, l'hyperactif semblait réellement mal et frôlait la panique. Il se contrôlait encore un peu… Mais son odeur et la lueur étrange dans ses yeux parlaient pour lui.
Fut un moment où Alan Deaton tenta de prendre la parole, de faire en sorte d'en placer une… Sans succès. Une fois l'hyperactif lancé dans son éternel babillage dont lui seul avait le secret, il était impossible de l'arrêter. Jackson songea à une technique simple, mais radicale. Quoiqu'après quelques secondes de réflexion, l'assommer lui paraissait être un peu fort et Stiles, trop fragile en tant qu'humain face à sa force surnaturelle. Pourtant, dieu seul savait à quel point il avait la tête dure…
Par chance pour Jackson et Deaton mais, au grand dam de Stiles, la douleur crut de manière exponentielle et atteignit un pic à une rapidité que le châtain n'avait pas prévue. Il se vouta, se tint le ventre et grimaça fort. Pourquoi fallait-il que ce soit la souffrance qui lui coupe la parole ? Stiles se rembrunit et essaya d'articuler des choses, des semblants de mots… Mais ce fut tel qu'il laissa gentiment Deaton le rallonger sur la table d'examen. Le vétérinaire se tourna vers Jackson et lui lança un regard mi-soulagé, mi-désolé, mi-désespéré. Un mélange complexe de réactions et sentiments que seul Stiles était capable de susciter tant il était… Particulier. Des Stiles, il n'en existait qu'un seul… Et heureusement, soupira intérieurement Jackson, prêt à faire une nouvelle bonne action… Parce qu'il le fallait. Puis il aimait bien le vétérinaire. Il était calme, sympathique et l'avait beaucoup aidé par le passé. Dans un sens, il lui rendait aussi service. Parce que… Bon, pour son problème, Stiles ne pouvait effectivement pas passer par la case « hôpital » et son état relevait plutôt de la connaissance d'un druide plutôt que d'un médecin. Un émissaire qui avait à subir ses frasques habituelles.
Alors voilà, Jackson aidait Stiles dans le but que celui-ci se montre un peu moins emmerdant avec lui à l'avenir en même temps qu'il épaulait Deaton, parce que ce dernier avait toujours été fort sympathique avec lui. Une bonne action mêlant intérêt et gentillesse, n'était-ce pas beau ?
Ainsi, il se saisit du poignet fin de l'hyperactif et laissa ses veines devenir noires au moment où la douleur franchissait brutalement un cap en termes d'intensité.
Si Stiles l'avait ressenti, il se serait tout de suite évanoui. De son côté, Jackson manqua de défaillir tant la vague qui l'assaillit était puissante. Alors c'était ça ? Balèze… Songea-t-il en laissa échapper une grimace tandis que le châtain fermait les yeux de fatigue, dépassé par ce qu'il avait pourtant à peine commencé à ressentir. Mais c'était déjà bien assez.
Et pour la première fois de sa vie, Jackson eut pitié de lui. Pour une fois, il fallait avouer que l'hyperactif n'avait pas de chance…
