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Thème écrit : Cimes. Thème scénaristique : L'hiver s'est emparé des alentours. Citation : "S'il n'y avait pas d'hiver, le printemps ne serait pas si agréable : si nous ne goûtions pas à l'adversité, la réussite ne serait pas tant appréciée." (Anne Bradstreet).
Thème musique : Air du vent - Secrets d'Histoire OST Musique. Thème image : éoliennes sur une montagne enneigée sous un ciel bleu clair pendant la journée, Jason Blackeye, Unsplash.
Fandom : Harry Potter.
Personnages : Lily Evans Potter.
Ships : James/Lily, Severus/Lily.
Thèmes/Tags : Ø
S'il n'y avait pas d'hiver, le printemps ne serait pas si agréable : si nous ne goûtions pas à l'adversité, la réussite ne serait pas tant appréciée. J'ai connu plein d'hivers dans ma vie, et ils ont tous été heureux. En comparaison, dès l'avalanche des premières chaleurs annonçant l'été, je fondais. Je m'écrasais en flaques liquides, me répandais sur le sol, dans mon environnement, partout.
Les étés étaient maudits. Le sang battait dans nos veines trop fort, la chaleur infernale nous abrutissait, le feu nous consumait. Désir, amour, vengeance, haine. Nous oscillions tous entre ces pôles positifs, nos âmes comme des aimants s'attirant pour mieux se repousser, se rejetant pour mieux s'épouser. Les pôles négatifs, plus fades, avaient pourtant en eux le charme sublime de la saison froide. Il n'y avait là plus que du calme et du silence, de temps à autre rompu par des exclamations admiratives et des éclats de rire.
Je me rappellerai toujours de ces hivers les plus précieux de ma vie. Où, accompagnée de Severus, alors tous deux encore enfants, nous nous exclamions devant une chose aussi simple que la transformation du paysage par la tombée des premières neiges au-dessus de Carbone-les-Mines. Il y a quelque chose de réellement saisissant dans le fait que, mis bout à bout, chaque minuscule flocon participe à cette grande mue saisonnière, une transmutation qui, tout en s'opérant petit à petit, patiemment, vaillamment, finit par surprendre chaque habitant au réveil, alors qu'un manteau immaculé recouvre le manteau terrestre.
J'ai encore les images de quand nous sortions tous les deux dans le square du village, avec ce semblant de jardin paisible. Nos pas dans la neige fraîche trouant la perfection d'un blanc aveuglant au point où nous tenions là, figés en plein mouvement, biches prises dans l'éblouissement d'un phare, hésitants à ruiner la beauté sublime de ce que la nature nous avait donné. De quand nous observions les mésanges picorer les graines que de bonnes âmes avaient installée dans une mangeoire à oiseaux communale, sous les branches étirées des chênes. Quand nous nous amusions à faire léviter des poignées de neige friable entre nos mains pour les modeler par magie.
D'autres hivers plus marquants ont aussi eu lieu en présence de James. Quand nous allions en randonnée dans les monts de Grande-Bretagne, cette même neige éblouissante collant à nos bottes en cuir de dragon, nous faisant rire lorsque chacun devait s'arrêter alors qu'il avait promis à l'autre d'être le premier à arriver au sommet. Lorsque nous contemplions les creux et les pics des collines s'escarpant en falaises adoucies par le manteau naturel de la Terre. Lorsque nous arrivions aux sommets, puis nous nous lancions dans des batailles de boules de neige en réveillant la faune dormante de nos éclats de rire.
Je me rappelle aussi cet hiver-là, le plus lumineux de tous. Nous étions arrivés au pied d'un parc éolien surplombant les vallons des Highlands, à peine enneigés. Le ciel paraissait plus clair que n'importe quelle teinte d'azur que je n'avais jamais contemplé de ma vie. Quelques nuages le parsemaient, mais rien ne semblait pouvoir troubler une aussi belle journée. L'air froid agissait comme un rasoir en entrant en rafales dans mon organisme, réveillait la moindre de mes cellules. Je pouvais voir son effet revigorant sur le visage de James, heureux, souriant, espiègle.
Nous nous étions tellement amusés. Et soudain, tombant au pied des éoliennes, avec leur doux chuintement d'air fluide qui se déplace, il s'était mis à genoux. M'avait offert la bague de sa famille.
J'avais versé tant de larmes cet hiver-là, et j'y versais tant de projections de ce que serait le futur. Je n'imaginais que la joie, claire et simple, des hivers. Je ne voulais pas du mélange, entre amertume et acidité, des nouvelles pousses du printemps, ni la platitude morne des automnes où tout est voué à mourir. Je ne voulais pas des explosions enflammées des mois d'été, où la moindre brindille menace de prendre feu et de ravager tout une prairie, où la sécheresse fendille tous les vernis, fait fondre la neige.
Mais tous les hivers ont une fin. Et, à l'hiver 1980, je savais que je ne verrais pas l'hiver suivant.
