14.
Défi scénaristique: la glace/une glace est brisée dans votre récit.
Suite du texte n°6 : "Miroir, miroir, je suis ton mouroir…" , pour Josy57.
Fandom : Harry Potter.
Personnages : Bellatrix Lestrange.
Ships : Bellatrix/Rodolphus (mention).
Thèmes/Tags : horreur.
Le miroir était tombé. Dans sa chute, il s'était brisé, relâchant un souffle puissant, sifflant, qu'elle n'entendit même pas. Pas avec ses sens, du moins.
Dans son esprit.
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L'âme du serpent par la bouche du serviteur. La Mort surgit aux sens de ceux qui s'en emparent. Tu revêtiras mon habit de soie. Vingt ans et pas un de moins.
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Elle exultait.
Elle qui avait tant attendu, qui s'était mariée à Rodolphus, qui avait suivi les missions qu'il lui avait données sans faillir, sans faiblir, sans échouer.
Bellatrix gravissait les échelons plus rapidement qu'aucun autre des siens, elle pourrait en mettre sa main à couper. Enfin, si elle la sentait encore.
Dans la brume noire qui l'entourait, incapable de se repérer, d'entendre le son de ses propres pas ou de voir quoi que ce soit, elle avait bien du mal à avancer. Elle toussait, les poumons pleins de ces vapeurs plus toxiques et collantes que celles de potions mal préparées.
Le vent battait contre son corps gourd, furieux.
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Avalés tout entiers par les Ténèbres. Il n'y a pas de survie.
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Le souffle mauvais la poussa en avant. Sans le sentir, la jeune femme chuta lourdement sur le tapis persan, rejoignant la glace fêlée.
Les cheveux en bataille, devant son visage, elle peinait à respirer. Ses poumons brûlaient, coulaient sous une matière visqueuse et informe, aussi légère qu'une fumée, mais poisseuse et irritante. Son buste se soulevait par à-coups irréguliers.
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Lutter ne sert à rien.
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Bellatrix força le calme en elle, laissa les ombres entrer en elle comme elle était entrée dans leur territoire. S'y fondre. S'y épuiser. L'asphyxier. Son torse ne se souleva plus. Alors, le souffle venu de l'objet la relâcha.
Sortie brutalement de l'emprise du miroir, Bellatrix refit surface, prenant de grandes inspirations comme si elle venait de parcourir une longue distance en apnée, ses yeux noirs agrandis par l'expérience qu'elle venait de vivre. Elle se redressa sur un coude, lentement. La tête lui tournait.
Un éclat doré se tenait dans son champ de vision encore trouble. Le miroir !
Fracturé.
Plus le moindre signe d'activité magique.
Elle hoqueta.
Comment allait-elle remettre l'objet au Maître, désormais ?...
Elle qui n'avait jamais échoué, comment pourrait-elle rapporter cette dissatisfaction à celui devant qui même les ténèbres reculaient ?
La jeune femme n'eut pas le temps de se poser la question. L'anesthésie de la brume sombre se retirait peu à peu de son corps, laissant derrière elle des fourmillements inconnus. Et avec cette vague de picotements, une brûlure.
Plus qu'une simple brûlure.
On rongeait sa peau avec de l'acide. Mais pas que sa peau.
Les dents serrées, suffoquant de douleurs inconnues, elle se releva légèrement. Son dos vint heurter le côté d'un meuble ; elle l'utilisa pour se remettre d'aplomb, et observa.
Là, à l'endroit où elle avait le plus mal.
Son avant bras.
Un dessin s'y gravait. Noir comme la Nuit, sombre comme les Ténèbres, impitoyable comme la Mort.
Le sceau du Maître.
Ses yeux bruns s'agrandirent.
Si elle l'avait pu, elle aurait consumé sa douleur en une joie folle.
Le pan de son âme grâce auquel le dessin prenait vie sur son épiderme était plus que désireux de servir de matériau à un objectif si noble. Mais le tourment, lui, ne faisait que commencer, et durerait aussi longtemps qu'elle n'aurait pas scellé la promesse.
Il ne restait plus qu'une seule chose à accomplir.
Faire ses preuves.
