Hello à tous !
Et hop, le chapitre du dimanche ! Vous aviez cru qu'on publierait pas aujourd'hui, hein ?! Eh bien si, juste un tout petit plus tard que d'habitude. On a assez longuement travaillé ce chapitre et on espère qu'il vous plaira !
Bonne lecture !
Stella : Et oui il faut croire que ta petite claque aux fesses a fait son effet ;) Ça va continuer à bouger dans ce chapitre ! Merci beaucoup pour la review !
AOMINE
Son réveil le tire brutalement d'un sommeil profond. Il grogne et râle mais ne l'éteint pas tout de suite, sinon il va se rendormir à coup sûr. Il attend d'avoir eu le courage de s'asseoir dans le lit pour le faire. Il y a une chose qui n'a jamais changé dans toute sa vie, c'est qu'il déteste les lundis. Et en plus, il faut que ça revienne toutes les semaines !
Il se lève en mode zombie et fait du café. Au moins, le week-end a été correct. Il l'a passé tout entier sur la console. Et il n'est pas plus motivé que ça à l'idée de sortir de son appartement, même pour aller faire du basket. Il attend que le café soit prêt et va le boire sous la couette avant de se résoudre à passer sous la douche.
Vingt minutes plus tard, il est aussi prêt qu'il peut l'être pour affronter une nouvelle journée. En ce moment, il n'a goût à rien et préférerait franchement passer son temps cloîtré chez lui. Mais le basket, c'est peut-être la dernière chose qui l'empêche de se laisser sombrer complètement, alors même s'il n'a jamais vraiment envie d'y aller, il sait que ça vaut mieux. Et puis, ça l'aide à s'endormir le soir, lui épargnant des heures à se tourner et se retourner en ressassant les mêmes pensées.
Le taxi le dépose à l'heure devant le gymnase et il se dirige vers les vestiaires d'un pas traînant, toujours mal réveillé.
KAGAMI
Dans le vestiaire il se change silencieusement, écoutant d'une oreille les conversations de ses coéquipiers. Son regard glisse sur l'horloge encore une fois, il se mordille la lèvre un peu nerveux. Est-ce que Aomine sera là ? Hier il a hésité à frapper une nouvelle fois chez son compatriote, voir s'il allait toujours "bien". Mais il a préféré le laisser tranquille. Il s'est racheté une planche et il a passé la journée sur les vagues, pour se vider la tête. Il a choisi des spots un peu plus éloignés pour ne pas risquer d'y croiser Levi.
Son regard s'arrête encore une fois sur l'heure. Il repense à la conversation avec Momoi. Il faut qu'il réussisse à parler à Aomine. Même s'il ne sait pas comment l'aborder et qu'il n'est pas aussi convaincu qu'elle d'être la bonne personne.
Enfin… Encore faudrait-il qu'il vienne. Il termine de faire ses lacets et relève la tête quand la porte du vestiaire s'ouvre encore une fois.
Aomine enfin. Un poids semble quitter ses épaules. Il est soulagé de le voir, même s'il ne sait toujours pas comment lui parler.
AOMINE
Il est arrivé à l'heure, mais tout le monde ou presque semble déjà là. Venir ici tous les matins, c'est déjà devenu une sorte de routine à laquelle il s'astreint sans même vraiment savoir pourquoi il s'en donne la peine. Exactement comme avant, quand il avait perdu le goût du basket.
La constatation est amère, et il se dit qu'il doit vraiment être le dernier des cons pour se trouver incapable d'apprécier la chance qui lui est offerte. Personne ne l'a obligé à venir ici, après tout.
Alors puisque t'es là, faut peut-être assumer, maintenant, hein ?
Oui, et c'est pour ça qu'il est à l'heure, pour ça qu'il vient tous les jours et tâche de faire correctement son boulot, même si le cœur n'y est pas. Dans sa tête c'est le flou, dans son cœur le vide.
Il salue ses coéquipiers d'un geste vague de la main et se fend d'un bonjour personnalisé sous la forme d'un "salut Bakagami" avant de se poser devant son casier et commencer à se changer.
KAGAMI
Il grimace.
« Bonjour Ahomine... »
Mais quand il range ses affaires, à l'abri des regards sa moue se mue en un sourire. Il n'aime pas ce surnom mais au moins Aomine ne l'ignore pas comme la semaine passée. Puisqu'il est prêt, il dissimule son sourire niais et rejoint la surface de jeu pour commencer l'entraînement.
AOMINE
Ils commencent les échauffements comme tous les matins, ça l'aide à se réveiller. Leur premier match officiel avec les Lakers, c'est dans une semaine. Il va falloir assurer, alors il fait un effort pour se concentrer sur les exercices d'entraînement. Malgré son manque profond de motivation et la sensation persistante que sa minable existence a perdu son sens, il ne veut pas foirer sa saison. Ne serait-ce que par fierté. Il est passé en NBA, c'est énorme, surtout pour un joueur asiatique. Ils ne sont pas nombreux à obtenir ce graal. Et comme il n'est plus du tout certain de vouloir donner suite à sa carrière de basketteur pro… Si elle doit être courte, autant qu'elle soit honorable.
KAGAMI
Il s'échauffe lui aussi avec sérieux. Comme il l'a dit à Aomine parfois le milieu pro le fatigue, néanmoins quand il s'engage avec une équipe il s'investit à fond et va jusqu'au bout. Et il compte bien faire une saison remarquable avec les Lakers. Et une de ses motivations cette saison sera de rendre le sourire à Aomine.
AOMINE
Les heures s'écoulent avec une lenteur toute particulière en ce lundi. Ses efforts ne font que le frustrer : son épuisement moral a fini par miner son endurance, il galère pour rester au niveau et tenir le coup tout au long de la journée. Tout son corps le tire douloureusement, sans compter qu'il a beaucoup de mal à se concentrer et à rester dans le jeu.
Il préférerait simplement être ailleurs. Sous sa couette, de préférence.
Il en a marre de se sentir aussi fatigué, tout le temps. Cette pesanteur dans ses muscles, la tête vide, cette incapacité à s'investir dans ce qu'il fait… ça lui rappelle désagréablement son adolescence. Aussi, quand la journée se termine enfin, il est soulagé et n'a plus qu'une hâte : s'enfermer dans son appartement et oublier le reste du monde.
Il regagne les vestiaires en ressassant des pensées moroses. Il se dépêche de prendre sa douche et de rassembler ses affaires pour débarrasser les lieux sans tarder.
KAGAMI
Aomine lui a semblé en difficulté durant l'entraînement aujourd'hui. Il a peur de se montrer trop envahissant malgré les encouragements de Momoi à lui parler, mais il s'inquiète. Alors il essaie de faire confiance à la meilleure amie de son compatriote et suit son conseil
« Hey... Aomine... »
Le brun se tourne vers lui, légèrement interrogatif.
« Ouais ?
— T'as l'air... Fatigué... Enfin plus que d'habitude... T'es pas malade ? »
AOMINE
Le sac sur l'épaule, il laisse tomber la main qui se tendait vers la poignée de la porte et dévisage son coéquipier, perplexe.
« Nan j'suis... J'suis pas malade. J'ai juste du mal à dormir.
— OK..., il le regarde comme s'il avait milles choses en tête à dire et à la fois rien.,... Ok... Je te souhaite... De passer une meilleure nuit alors… »
Cette remarque lui semble si décalée qu'il a soudain envie de rire.
« Hm... Merci. J'vais tâcher de faire ça. »
KAGAMI
Il hoche la tête. Il ne rigole pas lui. Si Aomine dort mal, est-ce qu'il mange correctement ? Probablement pas... Il se rappelle de son appartement samedi et ce n'est pas très encourageant sur ce qu'il devait ingurgiter dans la journée. Il reste pensif un moment à regarder la porte par laquelle Aomine vient de s'éclipser, puis il prend ses affaires et s'en va lui aussi.
AOMINE
Il ne comprend pas pourquoi Kagami s'inquiète comme ça soudainement de sa santé. Peut-être qu'il ne veut pas qu'il foire sa saison. Ça serait compréhensible, et ça l'embête aussi. À ce niveau de basket, on se doit d'avoir une très bonne hygiène de vie, mais il faut avouer que vivre sainement ce n'est pas très facile à accomplir quand on a le moral à zéro. Et puis, il fait déjà de son mieux pour tenir le coup malgré tout, alors qu'il a juste envie de tout abandonner. S'il s'écoutait, il prendrait un billet pour le Japon et se trouverait un coin où personne ne le connaît et, faute de pouvoir guérir, il s'y ferait oublier.
Il ne relâche la tension que lorsqu'il referme la porte de l'appartement derrière lui. Son logement lui paraît déjà un peu plus familier maintenant qu'il y a mis un beau bazar, même s'il reste un peu trop impersonnel à son goût.
Comme tous les soirs, il va se prendre une bière au frigo et rejoint le canapé pour allumer la console. Il a le moral à zéro, peut-être, mais il parvient toujours avec succès à ne penser à rien de particulier et à ne presque rien ressentir. À part ce désespoir lancinant comme un fond sonore désagréable, certes. Mais comme c'est un fond sonore, il peut aussi l'ignorer comme tel.
KAGAMI
Il monte dans le taxi pour rentrer chez lui. Durant tout le trajet et pendant qu'il fait quelques courses il réfléchit au meilleur moyen pour aider Daiki. Il craint de se faire rembarrer par le japonais s'il lui propose son aide. Il a été plutôt clair dans son message au bar l'autre fois, il ne veut rien avoir à faire avec lui. Néanmoins, Daiki a accepté le basket samedi… C'est un pas énorme.
En se préparant à dîner, il se dit qu'il pourrait préparer quelque chose à manger pour Aomine. Ça l'aiderait pas à dormir… Pour ça, à part lui proposer de dormir avec lui, il ne peut pas faire grand chose… Il rit amèrement. Ouais c'est probablement la pire idée qu'il puisse avoir. Il reste donc sur la bouffe et il prépare une boîte à bento avec la moitié de son dîner pour la donner à Aomine le lendemain.
AOMINE
Alors qu'il s'apprête à sortir son téléphone pour se commander une pizza, il se dit que c'est dingue à quel point ça s'installe vite, une routine. Il a déjà l'impression de mener sa petite vie de basketteur célibataire depuis des lustres.
Il n'avait rien à faire en couple avec Lola, il le sait bien, et pourtant... Elle lui manque. Elle le faisait toujours rire quand il avait le cafard. Elle peuplait sa vie, c'était comme une compagne de route qu'on lui a soudainement arrachée. Il regarde son téléphone dans sa main et se dit qu'au lieu d'appeler la pizzéria, il pourrait l'appeler, elle. Mais pour lui dire quoi ? Encore désolé de pas avoir mentionné que j'étais gay avant de coucher avec toi, me mettre en couple avec toi, emménager avec toi ? Kagami lui a dit qu'il ne l'avait pas manipulée. Bien sûr que si. Ce n'est pas comme s'il ne savait pas qu'il était gay. Il le niait simplement. Alors s'il a envie d'entendre sa voix ce soir, il sait aussi que c'est pour qu'elle le rassure. Il veut entendre que ce n'est pas de sa faute, juste parce que ça lui ferait du bien, même s'il resterait convaincu du contraire.
Mais il ne va pas l'appeler pour des raisons aussi égoïstes, bien qu'il le fera probablement un jour. Il a envie de lui dire qu'elle a compté pour lui. Il voudrait la remercier. Mais pas maintenant. Maintenant, il doit surtout la laisser tranquille, la laisser refaire sa vie. La laisser l'oublier.
Les meufs, c'est pour la façade. Y'a pas d'avenir avec un autre mec c'est tout !
Les paroles de Levi ne cessent de résonner dans sa tête depuis ce jour-là. Parce que ça aurait pu être les siennes. Ça lui a fait un choc terrible de comprendre que ce mec qu'il méprisait lui renvoyait sa propre image. Il n'y avait eu rien de plus efficace pour faire tout sauter dans sa tête, dynamiter son système de croyances, sa façon de vivre, mettre à nu ses mensonges. Et c'était pour cette raison qu'il avait demandé à Kagami de l'oublier. Il avait essayé de lui expliquer... Mais en y repensant, il n'est pas sûr que Kagami ait compris ce qu'il voulait dire exactement. Parce qu'il avait tout de suite cherché à nier, à lui assurer que non, il n'était pas comme son ex-boyfriend, et ça l'avait mis en colère et il avait perdu le peu de sang-froid qui lui restait.
T'as vraiment foiré dans les grandes largeurs. Pour pas changer les bonnes habitudes.
Il s'aperçoit qu'il est en train de pleurer avec son téléphone dans la main et se dit que d'une part, il a lamentablement échoué à ne rien penser et ne rien ressentir ce soir, de deux, qu'il a vraiment touché le fond. Il lâche son portable et va se reprendre une bière au lieu de commander à manger. Il va encore falloir qu'il en rachète. Mais quand l'entraînement suffit pas, les bières l'aident à dormir. Et à affronter la solitude.
Il sèche ses larmes et allume la console. À peine installé pour jouer, on sonne à l'interphone de son appartement. Il pousse un soupir d'exaspération et va répondre.
« Ouais ? » demande-t-il d'un ton qui indique clairement que ça l'emmerde qu'on vienne le déranger.
LEVI
En entendant Daiki répondre, il tape du poing à côté de l'interphone et crie à moitié, visiblement dans un état d'ébriété très avancé.
« Laisse-moi voir Taiga ! J'suis sûr qu'il est là ! Faut qu'j'lui parle Putain ! »
AOMINE
Tiens ? Il ose encore se pointer ici, lui ? C'est qu'il devait vraiment tenir à Kagami, au final... Il en est presque désolé pour lui. Presque, faut pas déconner quand même.
« Il est pas là. Fous-moi la paix, répond-il sèchement.
— Alors donne moi son numéro ! Ou son adresse !, sa voix est lourde et pâteuse à cause de l'alcool, faut vraiment que j'lui parle... Et t'façon... Il a laissé pleins d'trucs chez moi... Il veut pas les récupérer ? »
Il soupire.
« Apparemment, non. Et j'peux pas te donner son numéro ni son adresse. S'il te les a pas donnés c'est qu'il veut pas te parler. Fais-toi une raison.
— Fuck... Fuuuck ! Salaud ! T'avais pas le droit de te mêler de ça ! On était très bien comme ça !, un bruit sourd, sûrement son poing qui frappe le mur à côté de l'interphone, J'retrouverai pas un mec comme lui... FUCKKK ! »
Il lâche un autre soupir.
Et merde…
Il raccroche, prend ses clefs et descend en bas de l'immeuble sans prendre la peine d'enfiler ses chaussures. Il ouvre la porte et constate de visu l'état d'ébriété de Levi qu'il avait entendu dans sa voix.
LEVI
Il ne s'attendait pas à voir Aomine descendre. Il a un mouvement de recul : la dernière fois qu'il l'a vu en face, il a morflé.
AOMINE
Il ne prend pas la peine de réfléchir longuement à ce qu'il va lui dire. Rien que de le voir, ça le fait bouillir. Il est complètement à la masse, le pauvre surfeur, encore plus que lui semble-t-il ! Alors il le regarde dans les yeux et lui balance tout.
« Écoute, mec, tu te fais des illusions, là. Nan, vous étiez pas 'très bien' comme ça. Toi, t'étais très bien. Lui, il était malheureux. Il me l'a dit lui-même. Il se voilait la face, c'est tout. Je le savais, j'avais vu que y avait un truc qui allait pas. Avant d'apprendre que tu fréquentais des filles. C'est pour ça que je le lui ai dit quand je l'ai appris. Si tu le trouves si bien que ça, alors tu sais aussi qu'il méritait pas ça. Qu'il méritait un peu plus de respect et de considération que ça. Et qu'il mérite d'être heureux. »
LEVI
Il écoute et regarde Aomine tristement.
« Il t'a dit ça à toi ? »
Il déglutit difficilement et baisse la tête. Les mots d'Aomine l'ont calmé.
« Il ne me disait jamais rien... Il ne dit jamais rien à personne... Même Cynthia n'en tirait rien alors qu'elle est très attachée à lui... Sa mère on savait même pas qu'elle était morte avant y'a quelques mois... »
Il soupire et se passe un main sur le visage. Il n'avait pas voulu ça. Il n'avait pas vu cette claque arrivée. Bien-sûr il s'est toujours douté que Taiga attendait plus de lui que ce qu'il pouvait lui donner. Ce qu'il pouvait lui donner ? Peut-être qu'il aurait pu… Si seulement le tigre lui avait demandé. Peut-être que s'ils en avaient parlé… Il se mord la lèvre et sa main gratte son crâne furieusement. Il se cherche des excuses bidons, il le sait, il n'était pas prêt lui mais il a du mal à accepter. Il aimerait confronter Taiga, s'excuser, lui expliquer.
« Tu peux... Lui passer un message au moins ? »
AOMINE
Ces paroles le troublent et le font se sentir coupable. Il a bloqué Kagami alors que c'est lui qu'il a choisi pour parler. Il n'a peut-être pas pris la mesure de ce que ça signifiait.
« Ok. C'est quoi le message ?
— Ils s'inquiètent tous pour lui... Surtout Cy... Elle est inconsolable... Ils sont au courant de ce qui s'est passé... Enfin pour lui et moi quoi… » Levi se frotte encore le visage « Ce sont ses amis aussi, s'il veut pas m'voir... On n'est pas obligé de se croiser...
— Ok, j'comprends. Je transmettrai. »
Et voilà, il lui fait de la peine, maintenant. Il se serait bien passé de ça.
« Merci... » Le surfeur reste planté là un peu gêné à plus trop savoir quoi faire visiblement « ... Bon ben... J'vais y aller... »
Il commence à s'éloigner le dos courbé, mais il se retourne une dernière fois.
« Hey... Prends soin de lui... »
Et il s'éloigne en reniflant, peut-être bien qu'il pleure un peu. Aomine se mordille la lèvre en le suivant des yeux un moment.
Prendre soin de Kagami... Il est probablement la personne la plus mal placée au monde pour faire ça... Mais peut-être qu'il peut essayer. En tant qu'ami. C'est bien ce qu'ils étaient, non ? Il réalise qu'il n'avait pas le droit de couper les ponts comme ça... Alors même si ça fait mal... Il va essayer. Il remonte chez lui et boit sa bière en regardant son écran de télé figé sur l'écran d'accueil de son jeu, plongé dans ses pensées.
KAGAMI
Il range le bento pour Aomine au frais. Il espère que le katsudon va lui convenir. Il ne sait pas vraiment ce qu'il aime en dehors des burgers les seuls plats qu'ils ont partagés ensemble à Tokyo.
Il s'installe pour manger devant la télé et envoie un message à Momoi pour prendre des nouvelles.
[Kagami - 21h17]
Salut, j'espère que tu vas bien. Tu as réussi à le joindre ou il t'ignore toujours ?
[Momoi - 21h18]
Ça va bien merci :) Pas eu de nouvelles jusqu'ici, mais je renonce pour aujourd'hui, on verra bien demain !
[Kagami - 21h18]
:( il abuse. Ok. Tiens moi au courant...
Il laisse son téléphone sur la table et se concentre sur son film. Demain est un autre jour.
AOMINE
Il passe le reste de la soirée à réfléchir, éclusant beaucoup trop de bières pour un jour de semaine. Il repense à ce que Levi lui a dit. Il repense à la conversation qu'il a eue avec Kagami, à la colère qu'il a éprouvée et qui l'a empêché de voir d'autres évidences. Il est toujours convaincu qu'ils ne devraient pas être proches, surtout compte tenu du fait qu'ils éprouvent autre chose qu'une simple amitié l'un envers l'autre. Et pourtant… Est-ce une raison pour nier tout ce qui s'est passé, tout ce qui existait déjà entre eux, et ignorer purement et simplement son ami ? Kagami s'est ouvert à lui et lui a fait confiance, et lui, il l'a rejeté violemment. Pas tout à fait sans explications, certes, mais il se souvient aussi que Kagami ignore ce qui s'est vraiment passé le soir où Lola et lui ont rompu. Il ne peut pas comprendre la violence de sa réaction, et il ne méritait pas de se faire envoyer bouler comme ça. Alors… il va falloir qu'il lui parle. Et pas seulement pour lui transmettre le message de Levi. Il lui doit aussi des excuses.
Il se réveille le lendemain fatigué, perturbé, avec une appréhension qui lui noue l'estomac. Il se prépare, la tête ailleurs, et ne prend pas la peine d'avaler davantage qu'un café rapide avant de se mettre en route pour le gymnase.
Arrivé aux vestiaires, il repère sa tignasse flamboyante et s'approche.
« Salut. Il faut... Il faut que je te parle. On peut se voir après l'entraînement ?
KAGAMI
Confus, il lui adresse un sourire un peu crispé. Il est inquiet Aomine va-t-il lui demander encore une fois de ne plus lui parler ? Lui dire que finalement le basket samedi ça va pas être possible ? Il essaie de garder la tête haute, de se battre pour ne pas laisser les récents évènements le déprimer. Mais clairement le rejet d'Aomine avait été difficile à supporter, un second serait dur à encaisser malgré sa volonté de ne pas laisser tomber.
« Ouais. Pas de problème... Je... J'ai un truc pour toi... Je te filerai ça après l'entraînement... »
AOMINE
Il hausse les sourcils, surpris à son tour. Mais il ne pose pas de questions et va se changer. Sur le terrain, il évacue son stress en se donnant à fond. Il brûle toute l'énergie qu'il a en réserve, plus celle qu'il n'a pas, si bien que le coach finit par lui demander de se calmer un peu. Il acquiesce en marmonnant et s'exécute à contrecœur. Il faut vraiment qu'il apprenne à canaliser. Soit il se pousse à bout, soit il n'en fait pas assez. Sa vie est un bordel monstrueux et le basket en pâtit.
Après l'entraînement, il se dépêche de se doucher, de se remettre en civil, puis attend Kagami à la sortie du gymnase en se mordillant nerveusement le bout du pouce.
KAGAMI
Il voit Aomine quitter le vestiaire pressé. Il accélère un peu, se demandant s'il a oublié qu'ils devaient se voir, à moins qu'il ait changé d'avis. Il n'a pas pu s'empêcher de le surveiller aujourd'hui, il avait l'air déjà un peu plus en forme que la veille.
Quand il sort du gymnase à son tour, il est là à l'attendre. Aomine a l'air très nerveux et ça ne le rassure pas vraiment. Il va lui dire qu'il s'est remis avec Lola ? Qu'il est désolé mais que les mecs c'est vraiment pas possible ?
Tu débloques Taiga ! Il a été on ne peut plus clair : Fille ou pas... Vous deux c'est pas possible.
Evidemment il a beau essayer se persuader que ce n'est pas ce qu'il veut... Au fond, il ne peut pas s'empêcher d'espérer. Pas pour tout de suite non, mais peut-être dans quelque temps s'il arrive à convaincre Aomine de ne plus fuir.
Merde.
Il s'approche d'Aomine et lui tend la boîte à bento comme entrée en matière.
« Tiens... J'me suis dit que... Peut-être ça te remonterait le moral de manger un truc bien japonais... »
AOMINE
Il regarde la boîte, puis Kagami, en clignant des yeux. Il ne s'attendait pas à ça. Ça le touche beaucoup plus que ça ne le devrait, il se sent idiot.
« M-merci. Fallait pas. »
Il prend le bento et danse d'un pied sur l'autre.
« Euh... Tu veux aller boire un verre ? »
Arrête d'être aussi nerveux, imbécile !
KAGAMI
Il sent son estomac s'alléger un peu. Aomine ne l'a pas rembarré et il a même accepté le bento. Il veut y voir un signe positif.
« Ouais. Ok. Tu veux aller dans un endroit particulier ? »
Le brun secoue la tête.
« Ça m'est égal. Du moment que c'est calme. »
— Ok. On devrait pouvoir trouver un bar qui convient. »
Aussi embarrassé que le brun, ne sachant pas vraiment à quoi s'attendre de cette discussion, ni comment se comporter avec lui après les récents évènement, il lui fait signe de le suivre et l'entraîne dans les rues.
« Tu as l'air plus en forme qu'hier... J'suis content que ce soit juste le manque de sommeil... »
Il se passe nerveusement une main sur la nuque.
Magnifique Taiga, t'avais pas plus con à dire ?
AOMINE
Honnêtement, il ne comprend pas pourquoi Kagami semble s'inquiéter pour lui comme ça. Pourquoi il semble vouloir refuser de le laisser partir de sa vie, alors qu'il lui a imposé cette décision quelques jours auparavant. Une part de lui reste persuadée que ça aurait été la meilleure option. Il repense au basket, samedi dernier. Il avait hésité. Il s'était dit que s'il passait trop de temps avec Kagami, il serait incapable de refouler ses sentiments pour lui. Parce qu'il ne peut pas, réalise-t-il soudain, être ami avec lui. Il en est probablement tombé amoureux et c'est la pire chose qu'il pouvait arriver à Kagami. L'amour d'un mec comme lui, on s'en passe très bien. Et pourtant, Kagami recherche toujours sa compagnie, alors qu'il aurait dû saisir l'opportunité qu'il lui avait donnée. Il secoue la tête et essaie de ne pas se laisser envahir par ces pensées.
C'est pas le moment de penser à tout ça. Quels que soient tes sentiments pour lui, tu lui dois toujours des excuses.
« Un peu plus en forme, ouais, répond-il d'un ton neutre.
— Celui-là ? »
Kagami s'est arrêté devant un bar, ça semble calme à l'intérieur et avec une déco pas trop flashy, plutôt cosy, pas trop lumineux non plus mais douillet et accueillant. Il hoche la tête.
« Ça me va. »
Il le suit à l'intérieur et ils s'installent dans un coin après avoir commandé des bières. Il en boit une ou deux gorgées et annonce :
« Bon, en fait j'ai deux trucs à te dire. Ok, pour commencer... Levi est passé chez moi hier soir. »
KAGAMI
Instantanément, il se tend, fronce les sourcils et serre le poing sur la table. Il est sur la défensive. Sa réaction est épidermique. Comme si rien que ces quelques mots étaient une agression. Il est surpris lui-même de l'effet que l'évocation de son ex provoque sur lui. Mais quelque part, il oublie la gêne et l'inquiétude qu'il avait vis à vis d'Aomine et toutes ses préoccupations d'ado devant son crush. Il observe Aomine, il n'a pas l'air blessé.
« Il... Il voulait quoi ? Il t'a rien fait hein ? »
AOMINE
Il écarquille les yeux.
« Non... Non il... il en avait pas après moi, enfin, pas vraiment. Il te cherchait. Il voulait ton numéro ou ton adresse. Évidemment, je lui ai pas donné. Il avait l'air de... regretter. »
Il déglutit, il n'a pas vraiment envie de dire ça, mais les mensonges, même par omission, c'est terminé.
« Je ne suis pas sûr qu'il ait... réalisé qu'il te faisait du mal. Quand vous étiez ensemble, j'veux dire. Et puis du coup... Il m'a demandé de te faire passer un message. Il a dit que tes amis s'inquiétaient pour toi, surtout Cynthia qui apparemment est vraiment triste. Il les a mis au courant, pour vous. Il a dit que c'étaient tes amis aussi. Et que si tu voulais pas le voir, vous étiez pas obligés de vous croiser.
— Oh...»
KAGAMI
Il hoche doucement la tête. Il avait effacé tous les numéros de son répertoire mais il les retrouverait bien d'une manière ou d'une autre. Il est surpris que Levi soit allé jusqu'à avouer leur relation aux autres. Il a des regrets ? Lui aussi... Énormément... Mais c'est trop tard. Il n'avait pas conscience de lui faire du mal ? Son regard se voile de tristesse.
« OK... J'appellerai Cy, pour la rassurer. Merci... Pour l'info. Et de pas lui avoir donné mes coordonnées... Ça fait plus d'un mois que j'ai trouvé mon appart... Il avait tout le temps de me demander où j'habite à L.A. »
Il soupire et boit quelques gorgées de bière.
« Il a pas conscience de grand chose. Désolé qu'il soit encore venu t'emmerder... Et désolé que... Que mes problèmes avec lui t'en aient causé autant... »
Il ne comprend toujours pas comment tout s'est enchaîné pour provoquer aussi la rupture d'Aomine et de Lola. Mais c'est visiblement lié. Il regarde son verre tristement. Est-ce que c'est tout ce que Aomine voulait lui dire ? Parce qu'il rentrerait bien chez lui maintenant pour s'écrouler dans son lit et pleurer un peu. Évoquer Levi lui reste un sujet douloureux.
AOMINE
Il regarde Kagami et son fichu air triste qui lui noue toujours les tripes. Il sait que le moment est venu pour lui de briser le silence. Ça va être difficile, mais c'est nécessaire, et surtout, il le doit bien à Kagami. Il reprend de la bière et répond d'une voix plus basse.
« C'est pas... C'est pas tes problèmes avec lui qui ont provoqués les miens. Enfin, pas exactement. C'est lui... C'est le fait que... je me suis vu en lui. C'est pas très glorieux à avouer, mais... C'est la raison pour laquelle je l'ai frappé ce soir-là. Il est venu m'accuser d'avoir fait foirer votre relation. Il était persuadé que tu trouverais une nana toi aussi un jour. Qu'entre vous ça n'avait rien à voir. Il a dit... que les nanas, c'était pour satisfaire les apparences. Que deux mecs ensemble, ça avait pas d'avenir. C'est comme s'il avait formulé un truc que j'avais toujours pensé sans l'avouer... Et ça m'a fait perdre mes moyens. Lola, elle... Elle savait depuis un moment que y avait un truc qui allait pas. On couchait plus beaucoup ensemble, et... Cette histoire a achevé de lui mettre des doutes. Elle m'a dit... qu'elle sentait que y avait un truc entre nous deux... Alors elle m'a confronté. Elle m'a fait avouer la vérité et tout s'est effondré. Tous mes mensonges, toutes mes croyances, tout le personnage que je me suis construit pendant des années... Y avait plus rien. Alors après... Je t'ai dit que je voulais couper les ponts... parce que je m'étais aperçu le connard monumental que j'étais... même pas digne d'être ton ami... Je voulais juste... que tu comprennes... Comme je te l'ai dit, je suis pareil que lui. Je voulais pas que tu perdes ton temps avec un type comme moi. »
Il déglutit et reprend de la bière. Il n'a probablement jamais parlé aussi longtemps. Mais ce n'est pas encore terminé.
« Mais j'ai réalisé... C'est encore lui qui m'a fait le réaliser... En me demandant de prendre soin de toi... En me disant qu'il savait pas que t'étais malheureux... J'ai réalisé que j'avais aussi trahi ta confiance et que j'avais pas le droit de couper les ponts comme ça. Que c'était injuste de ma part et même... cruel. Pour tout ça... Je suis désolé. »
Sa voix tremble un peu quand il termine. Il ne relève pas la tête. Il a les larmes aux yeux.
KAGAMI
Il est sous le choc. Ça fait beaucoup à encaisser d'un coup. Beaucoup trop. Deux mecs n'avaient pas d'avenir ? C'est vraiment ce qu'ils pensaient ?
Il a juste envie de pleurer. Toute l'énergie qu'il mettait depuis quelques jours à ne pas se laisser abattre semble à présent l'abandonner. Il reste silencieux et boit quelques gorgées de bière, pour ravaler ses larmes.
Une discussion avec Aomine c'était ce qu'il avait voulu, mais il ne s'attendait pas à ça. Il réalise qu'il va devoir confronter Levi aussi, dire les choses en face. Il lui faut quelques minutes pour contenir la colère qui couve en lui se rappelant que Aomine souffrait, qu'il venait de faire un énorme effort en lui parlant comme ça. Il comprend mieux à présent comment la crise avec Levi avait pu provoquer la fin de la relation de son ami. Il serre ses mains autour de son verre. Il inspire profondément mais il peine à masquer l'agressivité dans sa voix blanche.
« Tu le penses toujours ? Que… Y'a pas d'avenir pour deux mecs ? »
AOMINE
Il remarque la tension dans la voix, dans la gestuelle de Kagami et ça l'effraie un peu, mais il doit continuer sur sa lancée. Et dire la vérité.
« Je... je ne sais pas, avoue-t-il en fixant sa bière à son tour. Ce que je peux te dire, c'est que j'ai essayé de devenir hétéro parce que c'était ce que le monde pensait, pas moi. Moi, je savais pas, j'étais à peine adolescent. J'ai cru que j'étais seul au monde. Alors j'ai observé. Et non, en observant bien, les gays, ça n'existait pas. Alors j'ai cru que y avait un truc qui clochait vraiment avec moi, tu vois. Et en grandissant, je me suis rendu compte que si, les gays existaient. Mais que le monde les ignorait, au mieux. Je suis devenu cynique. Tout me semblait me confirmer que j'avais fait le bon choix. Et après, c'est devenu trop tard pour faire marche arrière. J'étais allé trop loin dans mon mensonge. Jusqu'à aujourd'hui. »
KAGAMI
Il cesse de contempler son verre et lève les yeux sur Aomine. Il peut comprendre ça, il est passé par une démarche similaire. Mais peut-être qu'il avait eu de la chance lui d'être à L.A. quand il a compris, ça l'a aidé à accepter... Enfin au moins pour lui, vis à vis des autres il a menti lui aussi.
« Ok... J'comprends... J'imagine que c'était plus facile pour moi... Ici les gays se cachent pas tant que ça... »
Il se dit qu'il ne tient qu'à lui de convaincre Aomine maintenant qu'on peut être heureux et avoir un avenir avec homme, même si ouais c'est pas toujours facile. Mais chaque chose en son temps.
« Je te cache pas que... Ça... Ça fait mal à entendre... Savoir... Qu'il pensait ça pendant tout ce temps. »
Il retient encore difficilement ses larmes.
« Je me fiche de savoir ce que tu penses de toi... Que tu penses être un connard... Je suis pas d'accord avec ça... Et tu me feras pas changer d'avis. Oui t'as raison... J'ai pas envie que tu disparaisses de ma vie comme tu as voulu le faire... Et je compte pas te laisser faire de toute façon. J't'harcèlerai au téléphone comme Momoi... J'serai chez toi tous les week-end pour te traîner sur un terrain de basket... »
Il se mord la lèvre et souffle d'une voix où l'agressivité a disparu pour laisser place à une certaine lassitude. Il se sent fatigué, cette conversation ébranle malgré tout toute l'énergie qu'il met à garder la tête haute et à vouloir se battre pour Aomine ces derniers temps.
« Momoi s'inquiète pour toi... On s'inquiète pour toi... »
AOMINE
Il hoche la tête.
« Je... je peux pas dire que je comprends pourquoi. Mais je... J'ai réussi qu'à faire plus de mal encore en essayant de m'isoler. Alors je vais... »
Les larmes qu'il retient lui aussi se mettent à couler toutes seules.
« Je vais décrocher mon téléphone et je vais... arrêter... d'essayer de tout détruire sans cesse... Me laisser une chance... »
Il essuie ses larmes, inspire, reprend :
« Je suis désolé... Tout ça, c'est... J'ai pas su gérer... J'ai cru que j'pouvais pas, que j'pourrais jamais réparer ce que j'ai fait... Et me réparer... Y a une part de moi qui le croit toujours, mais... Je reviens sur une chose que je t'ai dite. J'abandonne pas. Je vais me battre. Ne serait-ce que parce que... parce que je te le dois... »
KAGAMI
Il a l'impression qu'on lui comprime violemment le cœur dans un étau quand il voit les larmes d'Aomine, quand il entend ses mots. Il ne pleure pas, mais c'est tout juste. Sa voix tremble un peu dans sa gorge nouée et il commence à mêler l'anglais et le japonais dans sa confusion.
« Why are we worried about you? Just because we love you... Obviously, you can't see it... But we see what's good in you. Faut qu'tu te battes pour toi... Parce que tu as le droit d'être heureux. Tu me dois rien... »
Ses yeux brillent de l'humidité qui s'y accumule. Hésitant, il vient poser sa main sur le poignet d'Aomine. Le brun tressaille mais ne retire pas son bras. Il essuie de nouvelles larmes et a un rire étranglé.
« Désolé je... je chiale tout le temps comme un con ces temps-ci. C'est ironique... Si Levi était pas passé hier... Je sais pas si je t'aurais dit tout ça... Mais peut-être que si... Parce qu'au fond, j'avais besoin de te le dire... Je... j'espère que les choses sont plus claires pour toi maintenant. Pour moi elles le sont un peu plus en tout cas... C'est déjà ça j'imagine. »
Taiga rit doucement aussi. Il serre un peu le poignet de Aomine puis le relâche pour boire quelques gorgées de bière.
« Ouais... Je chiale pas mal aussi... Et j'avoue que j'suis pas loin là... »
Il hoche doucement la tête.
« Ouais c'est plus clair pour moi aussi... Je sais que c'est pas facile ce que tu vis, que ça remet beaucoup de chose en cause... Et ouais t'as raison c'est souvent la merde d'être... Différent... Mais tu te fais plus de mal je pense à essayer d'être ce que tu es pas... Alors j'espère que ce sera vraiment positif au final pour toi tout ça... »
Il souffle doucement la peine qui comprimait son cœur s'atténue un peu avec leurs rires.
« Je crois que... Je vais quand même devoir parler à Levi... J'ai pas vraiment envie... Et je sais que ce qu'il va me dire va me faire mal... Mais je crois qu'il faudra que je le fasse pour tourner vraiment la page. »
AOMINE
Il acquiesce aux paroles de Kagami et reprend une gorgée de bière. Son cœur bat toujours trop vite dans sa poitrine, à la fois effrayé et soulagé d'avoir enfin dit ce qu'il taisait jalousement, comme si garder le silence et ignorer Kagami allait suffire à arranger les choses, du moins à les rendre plus supportables. Qu'a-t-il cru au juste ? Kagami n'est pas du genre à lâcher l'affaire. Et lui… il n'est pas capable de faire comme s'il n'éprouvait rien pour lui, comme si sa présence l'indifférait. Alors il fallait qu'ils aient cette conversation quoi qu'il arrive et qu'il exprime clairement sa pensée à Kagami.
Il est toujours, en revanche, choqué par cette histoire avec Levi, et pas seulement parce qu'il s'y est retrouvé mêlé d'une manière inattendue. Ça le rend tellement furieux que ce mec ait pu traiter Kagami de cette manière. Mais son ami doit aussi aller de l'avant. Il n'est pas le seul, se rappelle-t-il, à avoir vu sa vie bouleversée ces derniers jours. Et au lieu d'offrir son soutien à son ami, il s'est barré comme un lâche. Il repousse cependant la culpabilité et le mal-être qu'entraîne cette pensée, ce n'est pas le moment de s'apitoyer sur lui-même.
« T'as raison... j'pense que c'est mieux que t'aies une petite conversation avec lui. Et tu pourrais en profiter pour récupérer tes affaires, parce que paraît que t'as laissé 'plein de trucs'. »
Il a un petit rire et reprend une gorgée de bière avant d'ajouter :
« Et tu pourras aussi lui dire que c'est pas la peine qu'il vienne chez moi pour te trouver parce que non, t'y habites pas, et moi ça commence à me fatiguer de faire le secrétaire ! »
KAGAMI
« Ouais... Désolé pour ça... Hm... J'suis pas sûr d'avoir envie d'aller chez lui... Ce serait gênant... »
Il boit un peu de bière et soupire.
« J'vais le faire... Le voir j'veux dire... Les trucs que j'ai laissé chez lui... J'm'en tape... J'vais le faire mais pas tout de suite. J'me sens pas prêt tu vois. »
Il allait en rester là mais relève les yeux sur Aomine.
« Oh... Et j'ai rien dit à Momoi... Enfin je l'ai appelée parce que j'voulais la rassurer et... J'avais besoin de parler de toi avec elle... J'espérais comprendre un peu mieux pourquoi tu voulais fuir... Mais... J'ai rien dit et je lui ai pas dit pour moi non plus... Pour pas qu'elle se doute d'un truc... »
Il se mordille la lèvre un peu gêné.
« Désolé de l'avoir appelée... Mais j'savais pas quoi faire...
— Oh... ok. Nan, c'est pas... c'est pas grave. Je vais... je vais lui dire de toute façon. »
AOMINE
Pourquoi est-ce que tous les mots semblent si difficiles à prononcer aujourd'hui ?! Il se passe une main sur le visage, soudain épuisé. Il n'est pas exactement surpris que Kagami ait passé un coup de fil à Satsuki. Il l'avait vraiment laissé dans le noir total. Et il a fait la même chose avec sa meilleure amie et il ne peut pas non plus continuer à l'ignorer indéfiniment. Mais s'il lui doit lui parler… Alors oui, il va falloir qu'il lui déballe tout.
« Enfin, reprend-il, j'lui parlerai pas de toi si tu veux pas... Mais t'as... bien fait de l'appeler si ça pouvait t'aider... »
Il esquisse un sourire en imaginant leur conversation.
« Je parie qu'elle s'est plainte abondamment de moi et qu'elle t'a dit que de toute façon y avait rien à tirer de moi quand j'faisais ma mauvaise tête...
— Nan même pas !, il rigole. Elle t'aime beaucoup en tout cas... Et elle m'a dit qu'il fallait euh... Te parler... Mais J'suis nul avec ça... Alors j'lui ai dit que je préférais parler basket. »
Kagami fait doucement tourner son verre entre ses mains, en regardant le liquide ambré et les bulles remonter à la surface.
« Tu peux lui dire pour moi... J'lui ai pas dit pour pas qu'elle capte un truc... Mais de toute façon Kuroko et Tatsuya sont au courant, et j'ai plus envie de le cacher... Sauf..., il soupire, à la fédé.
— De toute façon ça les regarde pas ces cons ! » rétorque-t-il avec virulence.
Puis, il regarde à son tour son verre, pensif.
« Himuro et Tetsu... ils sont au courant depuis longtemps ?
— Tatsuya le sait depuis le collège... J'me cherchais et... J'ai failli me faire embarquer dans un truc pas cool... Et avec Alex ils m'ont aidé... Alex est bi alors elle m'a appris beaucoup de choses... Et surtout que c'était pas un problème d'être gay. Et Tatsuya m'a prouvé que ça changeait rien à notre amitié. Et j'ai rapidement compris qu'il valait mieux pas le crier sur tous les toits... Surtout dans le milieu sportif. Kuroko le sait depuis, la dernière année de lycée... On passait par le quartier gay et on a croisé des gens que je connaissais qui ont crus qu'il était mon mec. J'aurai pu faire passer ça pour une blague… Mais je voulais pas lui mentir. Alors je lui ai expliqué. Tatsuya c'est mon grand frère... Mais Kuroko c'est mon meilleur ami. »
Ça fait rire Aomine :
« Et pourtant t'es pas foutu de l'appeler par son fichu prénom... Mais bon... J'suis mal placé pour juger vu que moi j'lui ai toujours caché... À lui comme à tout le monde... »
Il se mordille la lèvre, le cœur serré.
« J'ai des regrets, maintenant... ajoute-t-il. En fait, j'en ai toujours eu... Mais j'ai jamais réussi à le dire. Et plus le temps passait... moins c'était possible.
— Ouais... J'comprends... En dehors d'eux trois... J'ai menti à tout le monde, mais j'ai toujours regretté surtout avec mon père... Déjà faut s'accepter soi-même ce qui est une grosse étape et après... Y'a toujours la peur que les gens le comprennent pas et l'acceptent pas... Et quand t'es pris dans la spirale du mensonge. Tu te dis c'est plus simple comme ça... Je ferai souffrir personne... Ils ont pas besoin de savoir... S'ils savent pas c'est sûr qu'ils me rejetteront pas... »
Aomine hoche la tête. Tout ça semble terriblement familier.
« Qu'est-ce qui t'a poussé à le dire à ton père finalement, alors ? Et d'ailleurs... avec tout ça, je sais même pas comment ça s'est passé... »
KAGAMI
Il se masse la nuque, en rigolant un peu gêné.
« Je sais pas exactement... C'est un peu l'idée que le mensonge entraîne le mensonge encore et encore. Comme à chaque fois que je le vois mon père se désespérait que je sois toujours célibataire... Et quand tu m'as dit que Levi me...»
Il déglutit difficilement et baisse la tête, honteux, certaines choses sont vraiment dures à dire. Il se sent humilié de n'avoir été qu'un jouet pour Levi et son orgueil en a pris un gros coup. Mais c'est son orgueil piétiné qui l'a décidé à se rebeller et poussé à faire son coming out.
«... Trompait. Ça m'a fait mal. Je me suis senti humilié... Mais le pire c'est que je savais que c'était de ma faute... C'est moi le premier qui lui ait demandé de garder notre relation secrète... Si notre relation avait été officielle. Il aurait pas pu faire ça aussi impunément. J'ai juste l'impression d'avoir laissé faire, d'avoir été complice...»
Ses mains serrent un peu fort son verre. Ses traits sont crispés. Il a de nouveau les larmes aux yeux. Il aurait préféré ne pas avoir à discuter de ça parce que ça fait toujours mal, mais il ne veut pas mentir à Aomine. Ils essaient l'un comme l'autre de communiquer là, y a un truc qui se construit entre eux alors il ne veut pas le gâcher. Et puis, ça reste presque naturel de parler avec Aomine, même si certaines choses sont dures et douloureuses à dire, il se sent inexplicablement en confiance avec lui.
« T'as raison... Au fond je savais... Des détails, des petits trucs me faisaient douter... Et j'ai rien dit... Encore une fois même si c'est par omission j'ai menti. J'ai laissé tous ces mensonges tout pourrir, les siens comme les miens... Et en plus, j'ai initié le premier... »
Le regard qu'il lève de nouveau vers Aomine, malgré son sourire, est teinté de douleur et de tristesse.
« Je regrette vraiment d'avoir permis ça... Alors j'ai décidé que je ferai pas la même erreur... Que je me laisserai pas humilier encore... Et que je serai honnête. Et la première personne à laquelle je devais en parler c'était mon père. »
Il soupire doucement.
« Et... Même si on a eu des années difficiles lui et moi... Mon père a super bien pris la nouvelle. Il s'est même excusé d'avoir autant insisté pour que je me trouve une nana... Et j'ai pu lui parler de Levi... Même si c'était déjà fini. C'était bien de pouvoir expliquer un peu à quelqu'un ce que je ressentais... »
AOMINE
Il réfléchit aux paroles de Kagami.
« J'imagine que c'est pour les mêmes raisons que tu me l'as dit... Mais je suis content pour toi, que ton père ait bien reçu la nouvelle... Ça doit... ça doit te soulager d'un poids. Mais en ce qui concerne Levi... C'est pas de ta faute. C'est lui qui y croyait pas, pour commencer. Toi, t'as fait que protéger tes intérêts et il aurait dû le comprendre, ça lui donnait aucun droit de... »
Il s'interrompt et serre la mâchoire, définitivement ça le fout en rogne cette histoire.
« Il s'est servi de toi... Comme moi je me suis servi de Lola. »
Il secoue la tête, dégoûté.
KAGAMI
Il regarde Aomine.
« Ouais... Mais je me sens quand même responsable... Comme toi... J'imagine que tu peux pas voir la nuance entre ce qu'il m'a fait et ce que tu as fait avec Lola... Pourtant moi je vois bien la différence... Elle sera peut-être pas de mon avis cela dit... Mais ce que je vois c'est que tu te mentais à toi avant de lui mentir à elle... C'est que tu voulais vraiment que ça puisse marcher avec elle ou une autre... Tu voulais être différent de ce que tu es. Levi... Sait exactement ce qu'il est et ce qu'il veut. Ce que je veux dire c'est que tu avais besoin de Lola pour t'aider à avancer dans la direction que tu étais convaincu être la bonne... Tu niais l'existence même d'une autre voie possible... Alors que lui, il a carrément décidé de prendre les deux voies en même temps. Il a décidé parfaitement conscient de ce qu'il faisait et assumant pleinement qu'il profiterait des deux...»
Il soupire.
« Et pour moi... Ça fait une très grosse nuance... Lui il a vraiment agi comme un connard.
— C'est vrai... Je voulais que ça marche. Je l'aime beaucoup cette nana, tu sais... Je l'aime... Simplement, pas de la bonne manière, pas de celle dont elle a besoin. Je voulais croire que ça suffirait. Parce qu'on était bien ensemble et on s'apportait beaucoup... C'est vraiment une fille bien. J'aurais été perdu sans elle pendant mes premiers mois aux States... C'est tellement différent du Japon... J'ai souvent le mal du pays. Et puis le basket... J'avais beaucoup de pression. Enfin, j'en ai toujours mais disons que j'y ai pas trop pensé ces derniers jours, trop occupé avec mes foutus déboires sentimentaux ! Mais t'as raison... Je voyais pas d'autre voie possible. Maintenant que j'en parle avec toi... Merde, ça fait bizarre... j'ai jamais parlé de tout ça, avec qui que ce soit... Avant d'en parler avec Lola. Mais c'est différent avec toi parce que t'es... bah... beaucoup mieux placé pour comprendre. »
Kagami sourit et boit quelques gorgées de bière.
« Je connais pas beaucoup Lola... Mais ça a l'air d'être une chouette nana. J'suis sûr qu'elle te pardonnera... Et... Qu'elle se trouvera un autre mec... Ou une meuf qui sait ? »
Le brun rigole un peu.
« Ouais, c'est sûr qu'après moi y a de quoi être dégoûté des mecs...
— C'est pas du tout ce que j'ai dit !, il rigole. Mais Alex s'est découverte bi sur le tard... Et elle file le parfait amour avec une nana en ce moment. Donc tout est possible !
— J'imagine que oui. En tout cas... »
AOMINE
Il regarde Kagami, et se rend compte qu'il aurait pu le perdre, et... qu'il n'est pas du tout prêt à ça, quoi qu'en dise sa foutue « logique ». Il ne peut pas être loin de lui, même s'il ne peut pas non plus être proche de lui. Mais il est la seule personne à laquelle il peut se raccrocher. La seule personne qui l'ait compris.
«...J'espère que ça va s'arranger pour toi. »
Même si je suis pas vraiment pressé que tu retrouves un mec, ajoute-t-il mentalement.
« Et je te remercie... de m'avoir aidé. T'étais pas obligé... et t'as pas renoncé malgré tout... alors merci...
— J'ai fait... Ce que j'ai pu et c'est pas grand chose... J'l'ai fait pour moi... J'voulais pas que les choses se terminent comme ça entre nous..., Taiga sourit, que les choses vont s'arranger pour moi ? T'inquiète... Le fait que tu veuilles disparaître me préoccupait bien plus que le reste... Alors ça devrait aller. J'vais m'en remettre. »
Aomine se passe une main lasse sur le visage et soupire, contemplant son verre un peu honteux.
« Ouais, j'avais... j'avais vraiment touché le fond. J'ai complètement craqué. Je suis désolé pour ça. Je pense que ça devrait aller mieux, maintenant... Même si avant que j'en sois sûr... Je dois des explications à un certain nombre de personnes. Mais je vais déjà commencer par rappeler Satsu... Ça sera déjà pas mal.
— Un certain nombre ? Comment ça ?
— Il faut... enfin, il va bien falloir que j'en parle aux personnes qui me sont proches. Qu'elles sachent la vérité.
— Ouais... Je comprends ce que tu veux dire. Mais... Juste... Tu leurs dois rien. Je veux dire. T'as rien à justifier. Que tu veuilles l'annoncer ok... Mais tu leurs dois aucune explication... Parce que y'a pas d'explications. On est comme ça... Et c'est tout. Et le fait que tu le dises que maintenant ? Notre société est la seule justification... Parce qu'on aurait aucune putain de justification à donner si on était hétéro… »
KAGAMI
Il s'arrête soudain de parler et regarde Aomine en grimaçant.
« Désolé. J'm'emporte c'est juste que... Ça m'énerve qu'on se pose toujours en étant en faute... Même si j'ai tendance à faire pareil. Mais bref j'veux juste dire que tu dois rien à personne qu'à toi même pour la vérité alors... Te prends pas la tête. Tu le dis quand tu te sens prêt... Tu te sentiras p'tet prêt plus vite pour l'annoncer à certain pour d'autre non. Mais te mets pas trop la pression.»
Il allait s'arrêter là mais reprend en souriant largement à Aomine et en plaisantant.
« Oh et si tu t'inquiètes de la réaction de Kuroko je sais de source sûre qu'il va très bien le prendre ! Ou en tout cas... De sa manière neutre habituelle. Ça va le faire réagir autant que si tu lui annonçais que tu changeais de couleur de cheveux. »
Le brun éclate de rire à ces mots, imaginant trop bien la réaction de leur ami.
« Mais ouais je le vois d'ici me sortir "Intéressant, Aomine-kun. Comment sont les milkshakes en Californie ?"
— Ah ouais il m'a déjà posé la question mais y'a moyen qu'il veuille un deuxième avis !
— Et t'as répondu quoi ? Moi je dirais pas dégueu, mais par pure nostalgie, je préférerais toujours ceux du Maji Burger !
— Évidemment j'ai dit qu'il y avait rien de meilleur que les miens !
— Ah, tu fais des milkshakes... Cool !
— T'aimes ce genre de trucs aussi toi ?, il sourit en ajoutant, Intéressant. En vérité... J'en ai fais qu'une ou deux fois pour Cy. Cette nana boufferait que du sucre si elle pouvait.
— Ah... Bah ouais j'aime ça. Qu'est-ce qu'on a pu se gaver avec Tetsu et les autres à l'époque...
— Ok. Je savais pas ! J'suis plutôt salé perso. Du coup j'fais pas trop des trucs sucrés en général. Mais Cy s'est montrée très insistante. Après... Kelly a voulu des cookies... Tuan des pancakes. Et Cy m'a fait une liste longue comme le bras après ça... Mais j'ai pas eu le temps de tout faire.
— Oula ! Bah ils ont peut-être un peu oublié que t'étais basketteurs à la NBA... T'as pas vraiment le temps de faire des bons petits plats à tout le monde j'imagine ! »
Il réfléchit, avant d'ajouter en souriant :
« Ah mais je comprends mieux pourquoi ils te réclament autant, maintenant... Ils veulent de la bouffe, les sournois !
— J'en ai pas fais tant que ça ! Et je venais pas souvent... Et puis, j'aime bien cuisiner... ça me détend. Mais t'as raison... J'vais p'tet faire les muffins que Cy m'a réclamé pour me faire pardonner.
— Cuisiner ça te détend... Moi ça a plutôt tendance à me stresser ! Avec un ballon de basket je sais faire plein de trucs mais avec des ustensiles de cuisine on croirait que j'ai des pieds à la place des mains... Par conséquent... je cuisine comme un pied. Et j'suis trop impatient pour ça.
— Bizarrement, ça m'étonne pas trop et... Tu manges quoi alors ?
— Je me fais livrer très souvent. Et sinon, vive les nouilles instantanées !
— Tu veux pas apprendre au moins les basiques ?, répond Kagami en faisant la moue.
— Hm... C'est déprimant de cuisiner que pour soi.
— Ouais... C'est pas faux. Enfin au moins ce soir tu mangeras un truc de qualité !
— De qualité, hein ? Bah j't'en dirai des nouvelles en tout cas...
— Qualité dans le sens... Pas trop sucré, pas trop transformé, pas trop salé. Comme tous les plats cuisinés que t'achètes au supermarché ou les nouilles instantanées, ou les trucs à emporter, il hausse les épaules en finissant son verre, Pour le reste ouais j'te laisse juger.
— Oh putain j'croirais entendre mon coach à Chicago... Ou ma grand-mère. »
Kagami secoue la tête en souriant.
« Eh bien tu devrais les écouter ! Ils ont parfaitement raison ! »
Il est content parce que cette conversation avec Aomine se passe mieux qu'il l'aurait cru finalement. Et il a l'impression qu'ils vont pouvoir repartir sur de bonnes bases. Il n'a pas très envie d'y mettre fin d'ailleurs. Mais ça fait un moment qu'ils sont dans ce bar maintenant et il a justement quelques courses à faire pour pouvoir dîner ce soir. Alors il indique son verre vide.
« J'crois que ça veut dire qu'il est temps de rentrer… »
Il ne veut pas quitter Aomine maintenant, comme s'il avait peur de le laisser seul, peur que en sortant de ce bar la magie s'évapore et Aomine le fuit de nouveau. Mais, il se force un peu et lui sourit.
« … Merci pour l'invitation… C'est cool de te retrouver. »
AOMINE
Il acquiesce, détourne le regard, un peu gêné. Il murmure :
« Ouais, je suis... soulagé qu'on ait pu discuter. »
Il relève les yeux pour regarder son ami et hésite un peu. Soudain, il n'a plus envie de partir. Il avait déjà presque oublié comment c'est de discuter avec Kagami de tout et de rien, de partager à nouveau cette complicité. Malgré lui, ça le rassure, ça l'apaise, ça lui change les idées. Mais il y a plus que ça, il y aura toujours plus que ça. Ok, il n'avait pas le droit d'abandonner Kagami comme ça. Mais il est de plus en plus persuadé qu'il ne peut pas être son ami, pas vraiment.
De toute façon, c'est pas comme si t'avais prévu de t'en sortir sans souffrir, pas vrai ? Alors autant souffrir sans te comporter comme un connard.
Il avale la fin de son verre et se lève.
« Ok, allons-y. On se voit demain à l'entraînement.
— Ouais. Bien obligé. Tu vas devoir me supporter tous les jours. Et comme je m'impose aussi le samedi..., répond Kagami en se levant et prenant son sac.
— Ouais... Je sais pas encore si j'vais être capable d'endurer un tel calvaire. »
Il fait un clin d'œil à Kagami, dépose un billet sur la table et se dirige vers la sortie.
« Oh oui… Je te plains. Bon… J'vais de ce côté là… J'suis pas loin je vais rentrer à pieds, Taiga semble hésitant mais ajoute finalement avec un sourire. À demain Aomine.
— À demain. »
Il lui sourit et s'éloigne en faisant signe à un taxi qui passe par là. Pendant le trajet, il rêvasse, laissant son regard dériver sur les bâtiments ensoleillés. Il est presque résigné, maintenant. À quoi ça lui a servi de nier tout en bloc ? À briser sa vie. Ensuite, il a essayé de continuer à nier, comme s'il ne s'était rien passé. Comme s'il pouvait tout simplement disparaître. Et il ne peut pas faire ça non plus. Alors… Il suppose qu'il ne lui reste plus qu'à tenter d'avancer dans une vie dont toutes les règles ont changé.
Il est presque calme quand il rentre chez lui et se pose dans le canapé pour appeler Satsuki.
Elle décroche à la première sonnerie.
« Ah bah c'est pas trop tôt ! s'exclame-t-elle. Kagami-kun a finalement réussi à te mettre un peu de plomb dans la tête ?! »
Ça le fait sourire, et il répond doucement :
« Faut croire... Bon, j'crois que faut que je t'explique ce qu'il s'est passé... Il s'est passé beaucoup de trucs, en fait, depuis que je suis arrivé à L.A... »
Et il commence à raconter, sans s'arrêter pour ne pas se laisser le temps d'hésiter ou de trop chercher ses mots. Il va un peu trop vite et parfois il s'embrouille un peu, mais elle écoute sans l'interrompre. À la fin, il y a un petit silence, mais qui ne dure guère.
« Dai... J'arrive pas à croire que tu m'aies jamais rien dit... Même à moi ! Tu croyais quoi ? Que j'allais te juger ?!
— Honnêtement, Satsu, je sais pas ce que j'croyais... Je... je sais que j'ai déconné...
— Nan mais ça m'énerve pas pour moi, c'est pour toi ! T'avais pas besoin de te faire autant de mal... t'infliger tout ça... putain ! Si j'avais su... Comment j'ai pu ne rien voir !
— Parce que j'ai pris soin de couvrir mes traces. T'aurais pas pu deviner. Je suis désolé...
— T'as intérêt d'arrêter d'être désolé ! Et tout de suite ! Et pour toujours ! Du moins jusqu'à ta prochaine connerie !
— Ok, ok… »
La véhémence de la jeune femme le fait sourire. Il y est habitué. S'il ne lui a rien dit pendant toutes ces années… ce n'était pas par peur de sa réaction. En un sens, il la connaissait à l'avance. Non, il s'est tu parce qu'il ne voulait pas reconnaître son secret. On ne peut pas confier quelque chose qu'on n'admet pas à soi-même.
« Je croyais que c'était autre chose qui te déprimait pendant toutes ces années, reprend-elle doucement, tristement. Enfin je sais qu'il y avait autre chose, mais ça j'étais loin de m'en douter... Au moins, je sais, maintenant. Je suis contente que tu me l'aies dit. Mieux vaut tard que jamais. Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant ? »
Il réfléchit. Bonne question. Il n'en a pas la moindre idée.
« Prendre mon temps, je suppose... dit-il avec réticence. Essayer de m'habituer... Essayer de changer... de voir le côté positif des choses. M'accepter... me faire un peu plus confiance.
— Sacré programme ! Tu comptes me tenir au courant cette fois, ou tu vas encore m'ignorer ?!
— Nan, je vais... Je vais pas t'ignorer, Satsu.
— Bien ! Contente de l'entendre ! Bon ça doit être l'heure de manger pour toi alors va manger !
— Ok... J'te rappelle bientôt. Et... merci.
— Pas de merci. Va manger ! Prends soin de toi, Dai-chan.
— Toi aussi Satsu... »
Il raccroche, le cœur battant.
Tu vois, c'était pas si difficile...
Si, ça a été dur. Mais le poids sur ses épaules est déjà un peu moins lourd, maintenant... Il va se prendre une bière au frigo et se pose avec le bento de Kagami. Tiens, un katsudon... Ça a l'air plutôt appétissant. Il y plonge ses baguettes... et commence à se régaler.
KAGAMI
Il cuisine et ses pensées vont vers Aomine. Il se mordille la lèvre. Il l'avait laissé partir sans se retourner alors qu'il mourrait d'envie de prolonger l'échange qu'ils avaient eu. Mais dans tous les cas, Aomine avait des choses à faire de son côté et l'un comme l'autre devaient prendre le temps de se retrouver seul pour… Bullshit… Il n'y croit pas une seconde. Il n'a juste pas envie de précipiter les choses. Mais si Aomine le voulait il s'abandonnerait dans ses bras, sans hésiter.
Il soupire. Fuck… Il ne peut pas s'empêcher d'avoir envie d'échanger avec lui, de savoir que dans son appartement Aomine va, presque, bien et qu'ils sont amis et… Qu'il a le droit de s'inquiéter et penser à lui. Il attrape son téléphone et lui envoie un message.
[Kagami – 20h43]
T'as raison. Cuisiner que pour soi c'est chiant… J'espère que le katsudon te convient et que t'aime le poulet teriyaki.
Il repose son téléphone et rougit. Il a osé le faire. Son cœur bat un peu vite dans sa poitrine, mais c'est en souriant et encore plus motivé qu'il prépare un poulet avec une sauce teriyaki maison.
AOMINE
Il ne peut pas s'empêcher de sourire en recevant le message de Kagami, et son cœur se remet à cogner dans sa poitrine. Il a une sensation irritante dans le ventre, à la fois chaude et palpitante. Il a la gorge nouée aussi, mais ça n'a rien à voir avec une envie de pleurer… Il reste quelques instants à fixer sur son écran, hésitant sur la manière de formuler sa réponse. Il n'hésite jamais d'habitude. Il a plutôt tendance à être sans filtre. Enfin… C'est comme ça qu'était son personnage. Facile d'être sans filtre quand on n'est pas honnête.
[Aomine - 20h47]
Super le katsudon, j'ai l'impression d'être de retour à la maison. Si j'aime le poulet teryaki ?! C'est mon plat préféré ! Au fait... j'ai parlé à Satsu. J'lui ai tout raconté. Elle l'a bien pris. Enfin, elle m'a engueulé, mais ça c'est normal. Ça veut dire qu'elle l'a bien pris. J'aurais pas eu le courage sans toi.
KAGAMI
Son sourire s'élargit quand il voit le nom d'Aomine s'afficher sur son téléphone. Il a les mains occupées à cuisiner alors il ne lit pas tout de suite le message, mais quand il le fait enfin, ses joues rougissent un peu plus aussi.
[Kagami – 21h02]
De rien. Toujours prêt à t'aider. C'est un juste retour des choses. Et je doutais pas trop qu'elle le prendrait bien. C'est une chic fille elle aussi ;) Parfait pour le poulet teriyaki alors. Ce sera prêt dans quelques minutes. Je t'apporte ça demain.
Il souffle et s'engueule un peu intérieurement, de réagir un peu trop dès qu'il s'agit d'Aomine. Il soupire en s'adossant au plan de travail.
« Aomine… J'suis dans la merde mec… J'ai jamais été autant chamboulé en recevant un message d'un mec que j'kiffais... Même pas Levi et pourtant dieu sait que j'l'aimais putain. Fuck. J'crois que j't'aime sérieusement… Et… Mon père a raison, ça doit pas dater d'hier. »
Il envoie un autre message rapidement à Momoi, avant de prendre son bol pour aller manger sur la terrasse. Il faut vraiment qu'il achète de quoi la meubler, elle est immense et vide.
[Kagami – 21h03]
Hi ! Bon j'ai pas réussi à parler à Aomine… Mais il est venu me parler de lui-même. On dit que j'ai réussi quand même ou pas ? :) Il t'a dit quelque chose en ce qui me concerne ? Laisse tomber appelle moi quand t'as cinq minutes ce sera plus simple.
AOMINE
Il est allongé sous un plaid à regarder un match de basket quand son portable bipe. Ça... lui fait quelque chose que Kagami prenne soin de lui comme ça. Il se sent bêtement ému.
[Aomine - 21h03]
Fais gaffe, j'pourrais devenir accro !
Il rougit un peu en envoyant son message. Cette petite phrase pourrait être prise à double sens. Et c'est... un peu le but ?! Cette réalisation le fait frissonner. Mais il ne regrette qu'à moitié.
KAGAMI
En lisant le message d'Aomine, tout son corps réagit de ces symptômes à la con du gars transi d'amour, le coeur qui palpite, les papillons dans le ventre et une douce chaleur qui l'envahit. Il se passe une main sur la nuque. Est-ce que… Est-ce qu'il peut vraiment répondre à ça comme il en a envie ? Est-ce que c'est ok de flirter un peu ? Mais la perche est trop tentante pour ne pas la saisir… Il hésite un peu, son ventre le chatouille et il grogne.
« Putain Aho ! Tu peux pas me faire ça et vouloir que je reste impassible... »
[Kagami – 21h05]
C'est peut-être bien mon but. En tout cas, il est vraiment très bon ce poulet teriyaki.
Il repose son téléphone bien vite, se demandant s'il allait regretter ce message et se remet à manger.
AOMINE
Ok, il a vraiment chaud maintenant et le cœur qui bat et... Disons une réaction physique sans équivoque. Juste avec un texto et un tout petit peu de flirt. Il se traite d'idiot mais pour une fois, il ne prête guère attention à ses propres insultes, trop occupé à sourire comme un niais.
[Aomine – 21h06]
J'aime ton côté ambitieux. T'as pas changé là-dessus. Hâte d'en profiter :)
MOMOI
Elle vient de rentrer chez elle et a un grand sourire quand elle lit le message de Kagami. Et ça lui fait plaisir de l'appeler d'autant qu'il se trame des choses très intéressantes de l'autre côté de l'océan... Alors elle s'installe confortablement et passe son coup de fil.
KAGAMI
« Sérieux ? Oh merde... »
Il hallucine un peu en lisant le message d'Aomine. Il comprend bien n'est-ce pas ? Il l'encourage un peu là non ? Il sourit. Il va complètement perdre la tête ce mec joue avec ses nerfs.
[Kagami – 21h07]
J'dirais que j'suis plus obstiné qu'avant en fait ;) Bonne soirée Aomine. Et te couche pas trop tard… T'as du sommeil à rattraper !
Il a le sourire aux lèvres et sursaute quand son téléphone sonne, l'espace d'une seconde il a cru que Aomine l'appelait bloquant sa respiration de surprise. Quand il voit le nom de Momoi, il respire doucement et les battements de son cœur se calment un peu.
« Hello Momoi.
— Salut Kagami-kun ! J'étais ravie de lire ton message. Alors oui on peut dire que t'as réussi parce que pour une fois il a été bavard ! Et oui il m'a parlé de toi. Je comprends mieux ce qui s'est passé dans sa tête maintenant. Il a toujours eu un faible pour toi de toute façon, j'en suis sûre...
— Ah... Ok. Bah... Mon père m'a dit la même chose. Enfin que j'avais sûrement un faible pour lui depuis longtemps... Oh... Il t'a bien dit que moi aussi j'suis gay hein ?
— Oui, il m'a dit ! Ça explique pourquoi j'ai jamais vu un beau mec comme toi avec une fille ! Quelque part ça me rassure, je me demandais si t'étais vraiment timide à ce point ou si c'était autre chose !
— Bah... C'est autre chose effectivement. »
Il sourit en se passant une main sur la nuque.
« Je suis content qu'il t'ait tout expliqué... Désolé d'avoir dû te laisser dans l'ignorance. Mais c'était important que ce soit lui qui te le dise... Parce que bah t'es sa meilleure amie et pour lui j'pense que c'était important aussi, qu'il en parle à quelqu'un d'autre que moi qui suis dans la même situation.
— Non, c'est pas grave. Je pense aussi qu'il valait mieux qu'il me le dise lui-même. J'ai toujours du mal à croire qu'il m'ait caché ça pendant tout ce temps... Et que je n'ai rien vu ! Mais bon... C'est plus la peine d'y penser. Et puis, il n'est plus seul maintenant. Pense à lui quand tu seras remis de ta rupture, hein ! C'est le plus beau Dai-chan, et je dis ça en toute objectivité. Tu vas pas y résister, hmm ? »
Il buggue quelques secondes avant d'éclater de rire.
« Il t'a pas tout dit en ce qui me concerne si ? Il t'a parlé de mon ex ? De comment il a découvert qu'il... »
Comme à chaque fois, ces mots sont durs à prononcer. Il soupire.
« ... Hm... Qu'il me trompait et qu'il est venu me le dire ? Et... la suite ?
— Si il m'a raconté... Quel enfoiré ! Tu veux que j'appelle Akashi-kun pour t'assister dans la préparation d'une vengeance mémorable ? Parce que je suis heureuse de t'informer qu'il n'a pas perdu la main !
— Nan merci ça ira. T'inquiète... Bon... Ben cette situation m'a fait réfléchir... En dehors du fait que mon ego en a pris un sacré coup... J'ai décidé d'arrêter de mentir. J'ai fait mon coming out auprès de mon père et... Je voulais être honnête avec Aomine. Et je savais pas ce qui c'était passé de son côté à ce moment là... Donc pour moi c'était juste vain... Alors ben... J'lui ai avoué qu'il me plaisait... Un peu... Hm... Beaucoup... Alors pas la peine de me le dire... Je sais qu'il est canon. »
Il rougit de son aveu. Mais il est soulagé de pouvoir tout lâcher à Momoi, ils avaient pas mal discuté et rester toujours dans le flou avait été un exercice un peu compliqué.
« Oui t'as manqué de faire faire une crise cardiaque à mon Dai-chan ! Mais bon, c'était pour la bonne cause... Ça m'étonnerait qu'il te résiste longtemps non plus. Et félicitations pour ton coming-out face à ton père ! Ça a été ?
— Une crise cardiaque à ce point ? J'l'ai juste vu virer au gris perso..., il rit doucement avant de reprendre. Ouais. ça s'est super bien passé. J'avoue que... j'm'attendais pas à ce que ça se passe aussi bien. Mais il vit depuis longtemps à Los Angeles alors j'imagine que ça aide aussi, la communauté ici est très présente.
— Ah oui ? Alors vous êtes sans doute mieux là-bas... » Elle soupire un peu. « On ne peut pas dire que ce soit le cas ici, honnêtement je comprends que Dai ait eu peur de parler... Je suis soulagée de savoir que les choses s'arrangent pour vous deux alors. Et sinon, le basket ? Ça fait quoi de jouer dans une équipe légendaire ?
— Les mecs sont hyper forts. L'ambiance est plutôt bonne. Pas de mauvaises surprises pour l'instant. Donc c'est plutôt chouette. Honnêtement, le must c'est quand même de pouvoir rejouer contre Aomine.
— Alors que tu joues dans l'équipe où sont passés Magic Johson, Lebron James, Michael Jordan et Kobe Bryant ?! Ben dis donc, ça en dit long !
— Ouais. Disons que l'équipe fait rêver et c'est un peu la consécration... Mais ça reste la NBA... Et le milieu pro a beaucoup de travers.
— Ah ? Dai ne m'a pas trop parlé de ça. Comme quoi, par exemple ?
— Ouais... On en a discuté... Mais il a l'air de s'en accommoder... L'argent, les sponsors sont partout... On est censé faire attention à tout parce qu'on est des stars... Laisse moi rire... Mais bref... Et l'homosexualité est pas franchement appréciée voir même très dénigrée... Le milieu du sport est d'avance hyper raciste, un asiat fait pas trop de basket tu vois... Donc c'est assez pesant... Enfin c'était comme ça chez Knicks et les Celtics avant. J'espère qu'ici ce sera... Mieux...
— Oh... Je vois, c'est moche, oui. Mais tu sais bien que c'est uniquement en continuant à représenter les minorités qu'on peut changer les choses. Sinon, ces minorités deviennent invisibles, et plus personne se soucie d'elles. Et comme vous êtes des "stars", ça a d'autant plus d'impact venant de vous. Mais j'avoue qu'il faut du courage... Justement je t'ai cité que des joueurs Noirs, c'est devenu des héros... Et je pense qu'ils ont aidé à faire changer les mentalités, à leur façon.
— Ouais... T'as raison mais des fois... On se sent seul alors c'est dur de lutter...
— Je comprends... Mais maintenant tu as un ami gay ET asiat avec toi... Ça devrait aider ! »
Il rit.
« Ouais c'est pas faux... Même si pour la partie gay... J'ai encore du mal à m'y faire j'avoue !
— C'est sûr qu'on peut pas dire qu'il avait laissé des indices... Je pensais juste que c'était un gros pervers, moi ! Quel abruti...
— Ouais... Il a bien brouillé les pistes... T'as pas à t'en vouloir... Il voulait vraiment pas que ça se sache.
— Quand je pense à quel point il a dû être seul... Et j'le connais en plus avec sa manie à culpabiliser... Ça me fait mal au cœur. Ça a dû être l'enfer pour lui.
— Ouais... Je pense aussi... »
Il soupire.
« Ah arrête... Tu vas m'faire déprimer... J'me dis que si j'étais resté un peu plus longtemps à Tokyo... Les choses auraient été différentes...
— Avec des si, on peut refaire le monde... Ce qui importe, c'est ce qui se passe maintenant. Maintenant, vous êtes réunis. C'est l'essentiel, pas vrai ?
— Ouais. Je suppose. On verra bien ce que l'avenir nous réserve... Au fait, tu prévois toujours de venir pour les prochaines vacances ?
— Oui ! C'est un peu triste à dire mais ce sera plus simple maintenant que Lola n'est plus au tableau... J'ai hâte de venir !
— Hm... Bah... J'avais proposé que tu viennes chez moi... Mais l'invitation vaut toujours. Vu l'état de l'appartement d'Aomine... Mais après j'dis ça... j'dis rien.
— Ah bah ça balance, en plus ! Hm... dans ce cas, je vais réfléchir à ta proposition !
— J'balance mouais... tu dois avoir l'habitude non ?
— De quoi ? De son bordel ? Oui c'est sûr... Mais je sais pas si on peut vraiment s'habituer à ça !
— Hm... Pas sûr non plus. Mais il fera p'tet des efforts pour t'accueillir !
— Tu es bien confiant ! Mais oui peut-être. T'auras qu'à lui faire la morale, vu qu'apparemment il t'écoute, toi.
— Hm... Mouais on verra. Pas sûr qu'il m'écoute tant que ça et qu'il apprécie beaucoup que je lui fasse la morale. Et comment ça va pour toi ?
— Moi ça va très bien. La fac de droit c'est beaucoup de boulot, mais ça me plaît beaucoup.
— Tant mieux. Tu veux être avocate ?
— Procureur, plutôt ! Dai dit que je fais assez peur pour briller dans ce métier !
— Ah ouais ?! Ok... Dans le genre qui fait peur... J't'aurais pas qualifier d'effrayante... C'est plus Akashi qui fait peur !
— Ça, c'est parce que tu m'as jamais vue en colère ! Mais bon, évidemment je peux pas vraiment me comparer à Akashi...
— Ouais bah après je veux pas spécialement te voir en colère non plus...
— C'est plutôt rare, je te rassure !
— Bon ça va alors. »
Il baîlle.
« Je vais devoir raccrocher. J'suis un peu fatigué de la journée j'avoue. C'était pas mal d'émotions quand même. Merci pour ton appel en tout cas.
— De rien, c'était un plaisir. Bonne nuit et à bientôt ! »
Il raccroche. Il est content que Aomine ait pu parler à Momoi. C'est une bonne chose pour lui. Et Momoi est une fille vraiment sympa, cette histoire a créé une certaine complicité entre eux et quelque part il est content d'avoir un peu sa bénédiction concernant Aomine.
Il se lève, fait rapidement sa vaisselle et va se coucher. La journée a effectivement été encore une fois riche en émotions, mais très positive alors il s'endort rapidement et serein.