Hello tout le monde !

Bienvenue dans le chapitre du mercredi. C'est vendredi pour les deux fauves, et c'est encore une longue journée pour eux ! Enjoy !

Stella : ici Malo, et ahah j'ai souvent déménagé aussi mais j'ai jamais pris le coup de main, et je DETESTE ça :D Et oui les félins c'est très beau. En vrai je suis une fan depuis gamine de ce genre de bestioles, j'étais prédestinée à faire de l'AoKaga ;)


AOMINE

Au chaud dans les bras de Taiga, il trouve le sommeil sans peine et passe une nuit reposante. Malgré ses quelques bières de la veille, il sent surtout les bienfaits de sa petite séance de natation en se réveillant le lendemain matin avec l'alarme. Mais on ne se refait pas, ce n'est pas ça qui lui donne envie de mettre un orteil en dehors du lit. Les yeux fermés, il pense à la journée d'aujourd'hui et se rappelle que ce soir c'est le week-end. Et que c'est celui où Taiga emménage. Plus besoin de tergiverser. À partir de ce week-end, ils vont pouvoir commencer à vraiment construire leur vie de couple. C'est l'occasion pour eux de mettre leurs craintes derrière eux et d'avancer ensemble. Cette perspective lui redonne un boost d'énergie. Il pose un baiser sur le front de Taiga qui n'a pas l'air bien réveillé et se glisse discrètement hors du lit pour aller préparer le petit-déjeuner.

KAGAMI

Il se réveille avant la seconde sonnerie quand il réalise qu'il est seul dans le lit. Il s'étire doucement. Il a l'impression d'être moins courbaturé. Il commence à se remettre de son match et c'est tant mieux parce qu'aujourd'hui l'entraînement promet d'être plus intensif. Il se redresse doucement et sort du lit pour partir à la recherche de son homme qu'il trouve très vite dans la cuisine.

« Yo... »

Le brun se tourne vers lui avec un sourire.

« Salut, love. Bien dormi ?

— Yes. Et toi ? »

Il vient se glisser dans son dos, pose ses mains sur ses hanches, presse son bassin contre le sien et ses lèvres se posent doucement sur sa nuque.

AOMINE

Il remue ses œufs dans sa poêle et ajoute un peu de piment doux, appréciant le contact de son homme dans son dos.

« Ouais, bien. J'ai pu me reposer. Ça m'a fait du bien de nager hier.

— Good. C'est une bonne nouvelle. »

Taiga pose son menton sur son épaule en souriant.

« Ça sent bon... J'ai trop faim. »

Il retourne son bacon dans l'autre poêle.

« Eh bah ça tombe bien, ça va être prêt ! Sors-nous des assiettes et des tasses s'te plaît.

— OK. »

Un dernier baiser sur sa nuque et Taiga s'écarte pour faire ce qu'on lui a demandé. Il sert ensuite le petit-déjeuner, le thé et le café, et pose un baiser sur les lèvres de son homme.

« À la bouffe ! »

Ils s'installent sur le balcon. C'est encore une belle journée, la brise venue de l'océan est légèrement fraîche.

« Bon app, love.

— Merci. Bon app' à toi aussi. »

KAGAMI

Sans attendre le tigre affamé se jette sur la nourriture. Il reste silencieux le temps d'être un peu rassasié. Puis, il sourit à Daiki.

« C'est bon. Thanks. »

Il boit un peu de thé, puis se remet à dévorer quand son homme lui répond.

« Eh ouais, j'crois que j'commence à maîtriser les œufs-bacon ! C'est pas un petit fait d'armes pour moi ! D'ailleurs faudra que tu confirmes à Satsu que je sais effectivement le faire, parce qu'elle voudra pas me croire et elle va plisser le nez si elle me voit en cuisine. Tu sais quand elle plisse le nez ? Elle a l'air complètement dégoûté ça m'en fout des frissons ! »

Il regarde Daiki presque surpris. Il a l'impression que ça fait une éternité qu'il ne l'a pas entendu parler avec autant de légèreté. De longues conversations, douloureuses et difficiles ces derniers temps ils en ont eues, des absences de conversations, gênées ou fatiguées aussi. Mais de si longues tirades sans aucun sérieux... Il n'arrive même plus à s'en rappeler tellement ces derniers jours lui ont semblé sombres, et puis sans compter les derniers jours. Le week-end précédent avait été compliqué aussi. Il est soulagé d'entendre de nouveau ce Daiki drôle et pas sérieux. Ça lui réchauffe le coeur, autant qu'un "je t'aime" où toutes les déclarations très belles et profondes qu'ils ont pu se faire récemment. Parce que même s'il a besoin parfois que son homme soit sérieux quand il lui dit qu'il aime et qu'il veut vraiment vivre avec lui. La plus belle récompense, la plus belle déclaration de bonheur c'est de le voir jovial et souriant et heureux. Il rit doucement et rougit à ses propres pensées, et répond enfin.

« Hm... Non je vois pas quand Momoi plisse le nez ! Mais du coup ça donne envie de le voir ! Alors... j'crois qu'nan j'vais pas lui dire que tu sais effectivement cuisiner histoire de pouvoir constater de visu c'que tu me dis ! Mais t'inquiète. Je me ferais un plaisir de me régaler devant elle de tes oeufs bacons. La preuve par l'exemple, et si elle veut VRAIMENT pas le croire... Je me ferais un plaisir de manger sa part ! »

Le brun hausse les épaules en dégustant son petit-déjeuner avec un léger sourire.

« Bah, de toute façon avec moi elle trouve toujours une raison de plisser le nez, alors t'auras probablement l'occasion de voir ça quoi qu'il arrive !

— J'suis sûr que Cy trouverait ça hyper mignon ! Oh d'ailleurs je l'ai eue au téléphone hier. Elle a l'air d'aller bien et... Elle a même posé quelques jours de congés pour pouvoir faire la visite guidée de L.A. à Momoi et Kise quand nous on sera à l'entraînement... Mais en échange elle veut aussi assister à l'entraînement. »

Daiki lève vers lui un regard surpris.

« Oh, bah c'est... vraiment gentil de sa part ! Je suppose que c'est négociable pour qu'elle vienne à l'entraînement aussi... Mais on va lancer une mode à force. Tout le monde va ramener toute sa smala on va faire tourner le coach en bourrique !

— J'crois qu'elle est vraiment très curieuse de rencontrer Momoi. Comment elle m'a dit ça ? Que c'est pas son genre de juger sur le physique mais que Momoi est vraiment trop canon. Ouais un truc dans ce genre là. Et puis t'as carrément éveillé sa curiosité ! »

Il termine son petit déjeuner en buvant son thé.

« Le seul truc c'est qu'il faudrait trouver quelqu'un pour s'occuper de Kise histoire qu'elles puissent se faire un tête à tête. »

AOMINE

Il est content de savoir qu'il a attisé l'intérêt de Cynthia à propos de sa meilleure amie, car il est convaincu qu'elles s'entendraient bien, et plus si affinités. Il aime bien Cynthia, elle lui inspire confiance, alors il lui confiera Satsuki sans inquiétude. Quant à savoir quoi faire de Ryota...

« Ahah ! Savoir quoi faire de Ryota, l'une des grandes questions de mon existence ! » Il se marre et ajoute : « Hm le souci c'est qu'à part les gars du basket je connais personne ici...

— J'ai les potes du surf... D'ailleurs... Tu crois qu'ils aimeraient surfer ?

— Ouais, je pense que ça leur plairait carrément !

— Ok. Ben on demande à Cy d'organiser ça... Avec un peu de chance Kise accroche avec les gars et on leur demande de gérer pour laisser les filles en tête à tête !

— Yep, ça me paraît un plan valable ! »

Il sourit.

« J'ai hâte qu'ils viennent. Ça va être vraiment chouette ! »

Il termine son petit-déjeuner et avale ce qui lui reste de café avant de ramener les assiettes dans la cuisine.

KAGAMI

Il s'étire et se lève aussi pour ramener sa tasse vide. Il passe derrière son homme, embrasse sa nuque et respire l'odeur de sa peau.

« J'vais m'occuper de la vaisselle love. »

Le brun se retourne et l'attrape alors qu'il se dirige vers l'évier pour lui voler un baiser tout en l'attirant vers lui.

« Ok, je vais me doucher. »

Daiki l'embrasse encore tendrement, puis s'éloigne vers la salle de bain non sans lui avoir pincé les fesses au passage. Il rigole, vraiment la bonne humeur de son homme fait plaisir à voir.

« Bonne douche ! »

Il entreprend donc de faire la vaisselle rapidement le coeur plus léger. Comme si l'humeur de Daiki influait considérablement la sienne, peut-être que ce n'est pas une impression d'ailleurs.

Il rejoint finalement la salle de bain. Daiki est en train de se rincer quand il entre sous la douche. Son petit ami se tourne vers lui et demande :

« Tu crois qu'on aura fini tes cartons ce soir ?

— Je sais pas... J'espère qu'on sera proche de la fin et qu'il restera pas grand chose à emballer demain matin en tout cas. »

Il n'y pensait presque plus. Oui il a besoin de finaliser cet emménagement ce week-end. Mais il va vraiment avoir besoin de se poser un moment. Dimanche il aimerait juste pouvoir profiter de Daiki et de la plage et de se détendre en somme. Il vient se coller à son homme et embrasse tendrement ses lèvres.

« Tu viens avec moi ce soir ?

— Ben ouais je vais pas me dérober à chaque fois... Hier j'avais vraiment besoin de prendre un peu de temps pour moi, mais aujourd'hui, ça va.

— Te dérober ? Nan mais t'as aucune obligation hein ? La seule obligation que t'as c'est de me faire de la place dans cet appart. »

Il sourit et rougit un peu en disant ça. Le brun rigole un peu.

« Certes mais on emménage ensemble... Moi il me semble que te filer un coup de main c'est la moindre des choses...

— Ouais. Mais si t'es crevé. J'comprends... Et je préfère que tu rentres te reposer que tu me dises que tu veux reporter...

— J'ai pas l'intention de te dire ça love... C'est important pour moi aussi tu sais. Et j'pense qu'il faut qu'on le fasse ce week-end.

— Ok. Je dis pas que c'est pas important pour toi. Mais... Ouais je crois aussi que j'ai besoin que ce soit maintenant. Et je veux pas le faire à moitié non plus...

— Moi non plus. Alors on fera ça, t'inquiète pas. »

Daiki lui sourit et pose un baiser sur ses lèvres avant de sortir de la douche pour se sécher.

« Cela dit j'suis sûr que ça irait plus vite si t'étais pas aussi maniaque ! » lance-t-il en rigolant.

Il grommelle un peu vexé en prenant le gel douche pour se laver.

« J'ai dit que t'étais pas obligé d'aider... J'peux m'en sortir tout seul... »

Le brun se contente de ricaner encore et quitte la salle de bain pour aller s'habiller dans la chambre.

Taiga se lave rapidement et sort pour se préparer lui aussi. Il rejoint l'entrée où il avait laissé son sac prêt pour l'entraînement et enfile ses chaussures.

AOMINE

Une fois dans l'entrée il réalise qu'il était tellement à l'ouest et fatigué qu'il avait complètement oublié quelque chose de crucial qui doit se passer cet après-midi... Et ça ne va pas plaire à Taiga ! Il enfile ses chaussures et regarde son homme :

« Love... Ça m'était complètement sorti de la tête, mais y a conférence de presse cet après-midi.

— Ouais... On en a parlé vite fait hier. Jake a dit qu'on en discuterait ce matin. J'vous laisse parler de toute façon. »

Taiga soupire et se relève glissant ses mains autour de sa taille pour venir l'embrasser.

Il lui rend son baiser et rigole un peu :

« Ah ouais et si on te pose des questions directement, t'ignores les journalistes ?!

— J'réponds par oui ou non... »

Le tigre fait la moue.

« J'espère que ce sera pas trop long... »

Il pose un baiser sur sa tempe et l'attire vers la sortie.

« Mais nan ça ira, t'inquiète. »

Ils quittent l'appartement et rejoignent leur taxi. Il n'est pas un grand fan des conférences de presse lui-même, mais ça fait partie du métier et parfois c'est même marrant, quand les journalistes le sont, marrants. Comme il ne connaît pas encore ceux de L.A., ce sera la surprise.

Ils rejoignent le gymnase et leurs coéquipiers dans le vestiaire, qui d'ailleurs eux n'ont pas oublié et ne manquent pas de les charrier pour leur grande première devant les journalistes depuis leur intégration dans l'équipe.

KAGAMI

C'est de bonne guerre. Il saura se venger des moqueries de ses camarades. Ils se changent et Jake s'y met lui aussi.

« Je sens que cette année vous allez m'accompagner régulièrement en conférence de presse les garçons. »

L'idée ne lui plaît pas vraiment. Une fois c'est pas suffisant ? C'est prévu pour quinze heures, avec un peu de chance ils pourront rentrer tôt pour finir les cartons. Mais l'important c'est que l'entraînement commence et aujourd'hui il se sent moins courbaturé et il a envie de se défouler. D'ailleurs le coach leur annonce bien que le repos est terminé et qu'ils vont travailler dur ce matin, particulièrement pour ceux dont l'après-midi va être écourtée par une rencontre avec les journalistes. Évidemment, lui aussi devait en remettre une couche. Il commence à s'échauffer en soupirant.

AOMINE

Taiga qui fait sa mauvaise tête le fait rigoler. Cependant, il est obligé d'arrêter de rire assez vite quand le coach lui lance un regard noir en le priant de se concentrer et en lui faisant faire un exercice particulièrement difficile.

Alala, on n'a jamais un instant de répit dans ce fichu métier !

Il se met au boulot cependant. Quand on joue à ce niveau, on perçoit sans arrêt ses limites. Au collège et au lycée, il survolait les matchs et écrasait tout le monde, un point c'est tout. Taiga et les membres de son ancienne équipe de Teiko étaient les seuls à savoir un tant soit peu lui donner un peu de challenge. Mais en NBA, il doit toujours s'adapter et se remettre au niveau. Ils ont assuré trois victoires depuis le début de la saison, mais le dernier match lui a amplement démontré qu'il avait besoin d'entraînement. Il a failli perdre contre Wakamatsu, après tout ! Il ne peut pas vraiment se permettre de risquer une telle infamie.

Et puis... De toute façon, ça lui remonte le moral de devoir travailler, s'améliorer, sans cesse découvrir de nouvelles manières d'exploiter son potentiel. Parce qu'au fond de lui, même si souvent il cesse d'y croire à cause de la machinerie infernale de son esprit qui dévore les pensées positives, au fond de lui il sait qu'il est capable de bien plus encore. Que tout ceci n'est qu'un avant-goût. Il lui reste du chemin, mais il peut égaler ses idoles de jeunesse. Et peut-être bien les dépasser.

Alors il se concentre, et il travaille dur. Il a envie de sculpter son jeu, d'affiner ses techniques. De s'approprier totalement cet art qui est déjà le sien, en faire sa marque de fabrique et de devenir redouté sur tous les terrains pour son style et son efficacité.

Focalisé sur ces pensées, il en oublie totalement l'heure qui défile et ne fait que jouer, s'entraîner, suer, tirer sur ses muscles. Dans ces moments-là, son corps et son âme sont en parfaite adéquation, et la machine infernale de son esprit s'arrête, ne laissant aucune place pour les pensées parasites et les émotions négatives qu'elles suscitent. Dans ces moments-là, il est juste vivant.

KAGAMI

L'entraînement est intense et il s'y engage à fond. Ils ont beaucoup débriefé du dernier match et il sait qu'il a encore beaucoup de progrès à faire aussi. Mais surtout il doit garder le rythme pour pas se laisser distancer et continuer à faire un binôme efficace avec son homme. Il veut l'accompagner dans son ascension, vivre ça avec lui.

Après le déjeuner, il travaille d'ailleurs un moment leur binôme autour duquel le coach et Jake mettent beaucoup d'espoir pour s'assurer la victoire cette année. Il ne voit pas le temps passer non plus, il veut continuer et frapper encore plus fort. Pourtant, Jake tape soudain dans ses mains.

« Allez les stars ! C'est bon pour aujourd'hui. Les journalistes sont là dans 15 minutes. Vous avez juste le temps de prendre une douche. »

Il grimace et soupire. Il voulait s'entraîner encore. Et surtout, surtout ne pas voir les journalistes. Il traîne un peu les pieds en retournant aux vestiaires. Mais néanmoins il sera prêt à l'heure parce qu'il a surtout horreur d'être en retard.

AOMINE

Il suit son homme aux vestiaires, et en profite pour le taquiner encore un peu pendant qu'ils prennent leur douche. Ils sont vite rejoints par Jake qui ne se prive pas pour en rajouter une couche, et il est content d'avoir du soutien dans cette entreprise si divertissante consistant à faire grommeler le tigre.

Puis, ils se rhabillent et se dirigent vers le lieu de la conférence. La salle est déjà pleine et il doit s'avouer plutôt impressionné par cette affluence. Il prend place à côté de son capitaine, Taiga sur sa gauche, et dévisage l'audience en cherchant à se faire une idée du genre de journalistes qu'il a en face de lui.

Il boit une gorgée d'eau, un peu nerveux malgré tout. La conférence de presse n'est jamais un exercice facile. Et il espère que les journalistes ne relaieront aucune rumeur les concernant lui et Taiga, parce qu'il n'est pas préparé à faire face à ce genre de question.

Il jette un coup d'œil à Taiga et lui adresse un sourire encourageant, puis attend que le coach, en bout de table à côté de Jake, commence à prendre les questions.

KAGAMI

Il répond au sourire de son homme. Il est nerveux mais pas stressé. Il est nerveux parce qu'il n'aime pas être au centre de l'attention et être exposé. Il ne passe pas inaperçu du fait de sa carrure et sa couleur de cheveux. Il le sait. Pourtant, il a toujours voulu se fondre dans la masse et ne pas se faire remarquer. D'une manière différente, il sait que Daiki a éprouvé la même chose en refoulant son homosexualité. Mais ce n'est pas tant être différent qui le gêne, que le fait qu'on le remarque au milieu d'une foule, même si paradoxalement être reconnu pour son basket est vraiment une consécration.

Et puis non seulement il n'aime pas être au centre de l'attention mais en plus il s'estime mauvais communicant, surtout face à des inconnus et avec autant de personnes.

AOMINE

Les premières questions sont d'ordre général et plutôt adressées au coach ou au capitaine. Puis, une journaliste se lève et les regarde lui et Taiga en souriant, avant de s'incliner légèrement en avant :

« Onoda Izumi, correspondante pour le Nikkan Sports, enchantée de vous rencontrer. Les joueurs japonais qui s'illustrent en NBA sont particulièrement rares et tout le pays vous soutient. Vous serez très certainement sollicités pour représenter le Japon lors de la prochaine Coupe du monde de basket. Qu'est-ce que vous ressentez à cette perspective ? »

Une sorte de vieux réflexe s'empare de lui et avant d'y avoir réfléchi, il lui fait une petite blague en japonais accompagnée d'un clin d'œil qui provoque un léger rire et des pommettes roses chez la journaliste. Le flirt et la séduction lui viennent un peu trop naturellement, enfin... avec le sexe opposé. Il se traite mentalement d'idiot et reprend en anglais :

« Personne ne refuserait une opportunité pareille. Ça serait peut-être l'occasion de dépasser la première phase de la compétition, pour une fois ! ajoute-t-il avec un nouveau sourire.

— Vous pensez être capables de faire qualifier l'équipe pour les quarts de finale ? Et pourquoi pas la finale ? »

Il jette un coup d'œil à Taiga et rit un peu.

« Les joueurs comme moi qui ont un style de jeu plutôt solo ont tendance à penser qu'on peut tout gagner si on nous laisse jouer. Je le pense toujours plus ou moins, mais face à l'équipe américaine, française ou argentine, par exemple... Il faudrait une équipe japonaise dont tous les joueurs évoluent en NBA. Et ça, ça risque d'être compliqué. Mais la finale restera quand même notre objectif si on participe. »

KAGAMI

Voir son homme à l'œuvre dans la drague de la gente féminine l'a un peu déstabilisé il faut avouer. En fait, il n'en avait jamais été vraiment témoin. Ils passaient leur temps sur le terrain de basket ou au Magi Burger et ce n'étaient pas vraiment les lieux de drague les plus recherchés. Il raccroche néanmoins le fil de la discussion et reprend le relais, quand la jeune femme le regarde. Il lui répond en anglais, avec son parfait accent californien qui fait souvent oublier qu'il n'est pas américain sur ses papiers d'identité en tout cas.

« Ce serait évidemment un honneur de représenter le Japon pour la prochaine coupe du monde. On fera de notre mieux évidemment. Mais je suis d'accord avec l'analyse de Daiki, on ne fait pas une équipe à deux, pour gagner il faut que le reste de l'équipe soit au niveau, en face ce ne seront pas des enfants de chœur.

— Qu'est-ce qui fait la force de votre duo selon vous ? reprend la journaliste.

— On est tous les deux des joueurs instinctifs et nos styles de jeu se complètent, répond Daiki. Et puis comme on se connaît depuis le lycée, j'imagine que ça aide.

— Au lycée ? Kagami vous n'avez pas toujours vécu aux États-Unis ? s'étonne un autre journaliste après avoir levé la main pour intervenir.

— Non. J'ai fait le lycée au Japon et j'ai eu l'occasion d'affronter Daiki de nombreuses fois.

— Il perdait tout le temps, précise le brun, ce qui fait rire quelques journalistes.

— J'ai eu l'occasion de voir la vidéo d'un match qu'ils avaient joué ensemble contre une équipe américaine, intervient Jake. J'ai vu qu'ils avaient une certaine synergie de jeu et c'est pour ça que je tenais à les recruter ensemble. Et je n'ai pas eu à le regretter ! »

AOMINE

Les journalistes enchaînent sur des questions sur ce fameux match, et il songe que la vidéo risque de circuler sur Internet prochainement... Ça le fait rire car il se dit que Ryota sera probablement ravi de ce petit moment de célébrité.

KAGAMI

Les questions reviennent beaucoup sur Daiki, qui semble plutôt à l'aise avec tout ça finalement. Les journalistes s'interrogent sur sa blessure et son retour sur le devant de la scène assez spectaculaire, il le questionne sur ses techniques, qui a été son mentor. Ils sont curieux de sa vie et de son parcours au Japon et finalement sur son séjour chez les Bulls.

« Aomine vous n'êtes pas rester longtemps chez les Bulls. Néanmoins, votre potentiel ne s'y est pas vu avec autant d'éclat qu'aujourd'hui après quelques semaines chez les Lakers. Pourquoi ce changement soudain ? »

AOMINE

C'est une question délicate à laquelle il existe une réponse évidente, mais qu'il ne peut pas donner. Il va falloir faire preuve d'un peu de subtilité, sa grande spécialité bien entendu. Il ne réfléchit pas trop longtemps et se lance dans une réponse proche de la vérité.

« Ça pas été aussi soudain que vous le dites. Surmonter une blessure qui demande des mois de rééducation, je connais personne qui fait ça rapidement et sereinement. Et puis dévoiler son potentiel, c'est pas quelque chose qu'on fait tout seul d'un seul coup. C'est une question d'évolution personnelle et beaucoup une question d'entourage. J'ai la chance d'en avoir un bon.

— Et puis maintenant il a le soleil et ce mec est un animal à sang-froid qui a besoin de soleil pour avoir de l'énergie ! » rigole doucement Taiga.

KAGAMI

Il ne sait pas pourquoi il a dit ça évidemment le journaliste lui retourne une question similaire. Il ne s'était pas tellement fait remarqué non plus chez Knicks.

« Je pense que Daiki a raison sur l'entourage. Ma famille est ici. »

Sous la table sa jambe presse celle de Daiki quand il dit ces mots et il continue.

« Être bien entouré c'est important. Mais il y a aussi la chance que l'équipe veut bien nous donner. Je n'ai pas réussi à faire mes preuves chez les Knicks... Mais on ne m'en a pas réellement laissé l'opportunité. Et puis honnêtement aujourd'hui vous me remarquez parce que je fais un bon binôme avec Daiki. »

Il est convaincu qu'il ne sera pas là aujourd'hui à répondre à des journalistes s'il n'était pas le soutien de Daiki.

AOMINE

Il baisse les yeux sur la bouteille d'eau qu'il s'efforce de ne pas trop triturer lorsque Taiga mentionne sa 'famille' et presse sa jambe contre la sienne. Il a l'impression que tout le monde peut les voir. Son cœur s'accélère et pulse désagréablement dans sa gorge et ses tempes.

Un jour, tout le monde sera au courant, c'est obligé, pense-t-il confusément.

Et il n'a aucune idée de ce qu'il fera et de ce qui leur arrivera ce jour-là.

En attendant, il reprend contenance et se recentre sur les sujets directement évoqués. Il a déjà satisfait la curiosité des journalistes sur de nombreux points, maniant cet exercice délicat entre la franchise et la protection de sa vie privée avec un peu plus d'aisance qu'il ne l'aurait cru. Tant que les questions demeurent directement liées au basket, ça reste son sujet d'expertise.

Alors, il leur a expliqué qu'il avait appris seul, et qu'il avait affûté son style sans vraiment d'autres références que son expérience du street basket, bien qu'il se soit quand même un peu inspiré de certaines stars de NBA. Il se fout que ça paraisse prétentieux. Il est habitué à ce que les gens ne l'aiment pas, et même s'il a mis beaucoup d'eau dans son vin, il n'a pas pas particulièrement à cœur de s'attirer la sympathie. Tout le monde l'a toujours pensé arrogant, alors il ne voit pas bien ce qu'il peut faire pour changer ça. Mais comme c'est parfois un état de fait un peu douloureux, il songe que c'est peut-être aussi pour ça qu'il a le flirt facile avec la gent féminine : cette audience-là a toujours été beaucoup plus indulgente avec lui.

Il s'est laissé absorber par ses réflexions et est presque surpris lorsqu'on s'adresse de nouveau à lui :

« Lee Bell pour le Los Angeles Herald. Votre dernier match contre les Celtics de Boston a été particulièrement commenté. Selon nos informations, vous avez déjà joué avec Kôsuke Wakamatsu, leur nouvelle recrue. Quels sont vos liens avec lui ?

— On a joué dans la même équipe au lycée pendant trois ans. Il a même été mon capitaine.

— Comment trouvez-vous son évolution en tant que joueur ?

— Spectaculaire », répond-il honnêtement. Puis, il ajoute avec un sourire : « Mais comme vous l'avez constaté, c'est pas encore suffisant. »

KAGAMI

Il commence à trouver le temps long et sa jambe bouge nerveusement contre celle de son homme. Il ne se sent définitivement pas à sa place. Il est nul pour ce genre d'exercice et il n'a rien à apporter aux journalistes. Jake est un capitaine avisé d'une belle équipe soudé, il a beaucoup de chose à dire. Daiki est le nouveau prodige. Lui, il est juste là pour Daiki. Il essaie de se rappeler qu'il est là pour Daiki et c'est pour ça qu'il doit rester. Parce que tout ce que ces journalistes ne voient pas c'est que c'est dans l'ombre qu'il agit le plus pour que Daiki réveille son potentiel, ce qui se passe sur le terrain entre eux n'est que la partie visible d'un iceberg et il en récolte juste un peu de lumière.

Une nouvelle phase de question s'adresse plus à Jake. Il souhaite que ça se termine bientôt.

AOMINE

Il boit nerveusement à sa bouteille d'eau, lui aussi trouve le temps long. Au moins, l'attention se détourne de lui sur la fin de la conférence, lui permettant de ne plus trop intervenir jusqu'à ce que le coach annonce qu'ils en ont terminé pour aujourd'hui. Il se lève et adresse un signe de la main au parterre de journalistes avant de rejoindre le vestiaires. Sur le chemin il jette un coup d'œil à Taiga et sourit :

« Tu vois que tu peux faire mieux que répondre par oui ou par non ! »

Taiga rigole nerveusement.

« Ouais... Enfin heureusement j'étais pas vraiment celui qui intéressait les journalistes. Mais c'est chiant quand même... On sait jamais quand une question pourrait nous tomber dessus. »

Pas vraiment celui qui intéressait les journalistes ?! Cette déclaration l'ennuie quelque peu mais il ne peut pas nier qu'il a dû répondre à pas mal de questions... Il repousse un malaise un peu bizarre qui pointe le bout de son nez et répond :

« Ouais... ça demande une certaine concentration... Et c'est pas hyper confortable. Je ferais pas ça tous les jours c'est clair.

— Vous vous en êtes très bien sortis ! intervient Jake en passant son bras par dessus leurs épaules. Des vrais pros !

— Thanks... T'as été super aussi. Merci de nous avoir sauvés sur quelques questions.

— Je vous avais dit que je vous laissais pas tomber ! »

Leur capitaine les lâche quand ils entrent dans le vestiaire et ils récupèrent leurs affaires. Les autres n'en ont pas encore tout à fait terminé avec l'entraînement, mais pour eux, la journée est finie. Et la semaine est finie, réalise-t-il avec un certain soulagement.

« Bon, on va chez toi pour les cartons alors ? » demande-t-il à Taiga tandis qu'il remonte la fermeture éclair de son sac.

« C'était le plan en tout cas ! »

Taiga sourit et s'approche de lui, il glisse sa main sur sa nuque et l'embrasse tendrement.

« Si c'est toujours ok pour toi. Go. On commandera des burgers. »

Après un trajet un peu prolongé par les embouteillages, ils arrivent enfin en bas de l'immeuble de Taiga.

« Tch, foutu vendredi soir... » râle-t-il.

Il a trop chaud et est soulagé de sortir du véhicule étriqué pour déplier ses longues jambes.

KAGAMI

Il s'étire en sortant du taxi après avoir payé. Le trajet a été un peu long et il n'est pas mécontent d'être arrivé. Ils rejoignent l'entrée de l'immeuble et entrent dans le bâtiment climatisé. Il frissonne du contraste de la chaleur extérieure avec la fraîcheur du bâtiment.

« Il fait lourd aujourd'hui... On va peut-être avoir de l'orage. »

Ils rejoignent l'ascenseur et monte jusqu'à son appartement.

« Hm... Tu réalises qu'on emménage ensemble ce week-end ? demande Daiki avec un demi sourire. J'espère qu'on aura pas trop de problème de colocation ! J'crois que je suis pas trop chiant en général... À part pour le fait que je sois pas vraiment une fée du logis, quoi...

— Ouais... Non... J'réalise pas vraiment. »

Il ouvre la porte de son appartement et laisse son homme entrer. La pièce est déjà envahie de cartons soigneusement empilés.

« J'ai jamais vécu avec personne d'autres que mon père... Alors je sais pas ce que je vaux... Sinon que je suis p'tet un peu maniaque... »

Il se déchausse rapidement et sourit à son homme.

« Mais en fait... ça m'inquiète pas... Déjà... On vit presque ensemble depuis le début même si on a pas un chez nous officiel... Et j'ai pas peur. J'suis serein... Je sais pas comment dire, mais j'ai jamais eu envie de ça avant... Vivre avec quelqu'un, l'idée me plaisait pas... J'avais peur d'être envahi... Mais j'ai pas cette crainte avec toi. Parce que... J'ai envie en fait que tu envahisses ma vie... Et ce n'est pas d'une manière négative... J'aime que tu atteignes ces espaces de mon intimité auxquels je n'ai jamais donné accès à personne d'autres... et j'ai envie que tu continues.

— Ouais je vois... J'aime bien l'idée de partager tout ça avec toi aussi... Mais j'ai déjà vécu avec quelqu'un et je sais que c'est assez important de connaître ses limites et un peu ses habitudes aussi... Parce que sinon y a plein de choses qui paraissent évidentes mais en fait ça l'est juste parce qu'on a ses propres habitudes, en fait. Quand on vit ensemble on se met à penser consciemment à plein de trucs qu'on fait automatiquement quand on est seul... Mais t'as raison on a passé tout notre temps ensemble jusque-là et ça s'est bien passé... Et on s'entend bien... Alors j'pense qu'on se débrouillera bien ! »

Il a l'impression que son homme essaie de se convaincre et ça ne lui plaît pas vraiment. Il a envie d'avancer et de faire ce déménagement, il a envie de tourner la page de cette semaine et de leurs moments difficiles. Il a envie de clore tout ça, et il a l'impression que le déménagement pouvait être une sorte de transition pour passer à autre chose et avancer plutôt que de rester dans cet entre deux où ils ne savent plus où ils vivent. Surtout avec cette volonté commune de vouloir vivre ensemble, il a juste encore plus qu'habituellement l'impression d'être en transition. Et ce n'est pas tellement agréable. Mais si Daiki doute il ne veut pas s'imposer dans son intimité comme ça.

« Je savais pas que tu avais déjà vécu avec quelqu'un... Ok... Je comprends ce que tu veux dire... »

Il se masse la nuque prend la main de son homme et l'emmène avec lui jusqu'à la cuisine à présent vide. Il invite son homme à s'installer contre un plan de travail, il sort deux bières du frigo et les ouvre avant de lui en tendre une et s'appuie au plan face à lui.

« Daiki... J'ai pas peur... C'est ce que je veux. Je suis sûr de moi. Et tu le sais... J'ai toujours ma chambre chez mon père si vraiment ça fonctionne pas... Mais je comprends que ayant cette alternative... En y réfléchissant… C'est p'tet plus facile pour moi. »

Il se mordille la lèvre.

« J'veux juste qu'on soit clair... T'es sûr que c'est ce que tu veux ?

— Ouais c'est pas une question de pas le vouloir... J'm'inquiète juste un peu des conséquences... C'est vrai je te l'avais pas dit. Quand j'me suis blessé bah... dans les premiers temps ça allait pas trop physiquement comme mentalement... Mais j'voulais pas rentrer chez mes parents alors j'ai habité chez Satsu pendant un moment. Comme tu l'as vu notre amitié y a survécu, mais on s'est pris la tête sur des détails, tu vois. C'était pénible... Alors on a su s'ajuster en discutant, mais bref... Je veux juste dire que ça va pas forcément de soi, même si t'es proche de quelqu'un. »

Il regarde sa bière et en boit quelques gorgées. Son cœur s'emballe un peu. Il est un peu soulagé de comprendre qu'il n'a finalement pas déjà vécu avec une ex. Néanmoins, il sent son homme inquiet et il ne s'attendait pas vraiment à ça, pas ce soir quand la moitié de ses affaires sont déjà en carton. Il est à deux doigts de renoncer. Il réalise que tout ça le stresse et le rend nerveux. Cumulé à la fatigue des derniers jours, il se sent vidé de sa volonté de se battre. Pourtant, il inspire et se reprend. Il n'aime pas se sentir lui-même dans cet état prêt à abandonner. Il se redresse et boit encore une gorgée de bière pour se donner du courage. Il s'approche de son homme et pose sa bouteille à côté de lui. Il presse doucement son corps contre le sien une main sur sa hanche et l'autre venant se loger sur sa nuque.

« J'comprends love... Mais d'une j'suis pas ta meilleure amie... J'suis ton petit ami. L'idée c'est pas de cohabiter. C'est de vivre ensemble et c'est une nuance très importante... Ce n'est pas cohabiter jusqu'à... toute raison justifiable et d'une durée limitée dans le temps... C'est vivre ensemble, être un couple... Dans l'idée de se construire un avenir et une vie à deux. Les problématiques et le but sont différents... J'crois qu'on saura s'ajuster simplement... Et nous aussi on sait discuter. Mais surtout... Love... C'est définitif que si on en a envie... Même si c'est le but... Si ça se passe mal on peut toujours revenir en arrière... »

AOMINE

Il réfléchit. Il n'est pas vraiment sûr de saisir cette nuance importante si bien que ça. Il est frustré, il a l'impression de ne pas parvenir à s'expliquer. Il boit une gorgée de bière nerveusement.

« Je sais bien que c'est pas définitif, c'est pas ça qui m'inquiète... On va faire face à des problématiques du quotidien auxquelles on n'a pas encore été confrontés, enfin pas comme ça en tout cas. La bouffe, le ménage, nos manies, tout ça. J'trouve ça étrange que ça te pose aucune question et que y a que moi qui y pense, mais bon ça doit être parce que j'suis un pessimiste de nature, j'imagine. Et c'était sans doute pas le bon moment pour en parler et j'voulais pas avoir l'air de reculer mais bref... Laisse tomber. Soit j'arrive pas à m'exprimer clairement, soit j'me prends la tête pour rien, soit les deux. C'est pas grave. »

KAGAMI

Il déglutit difficilement. 'laisse tomber'? Ouais il est à deux doigts de le faire là. Il se sent fatigué. Mais il réalise qu'il est peut-être juste égoïste et ne pense qu'à lui. À ce dont il a besoin, envie là tout de suite. Il a occulté tout le reste parce qu'il n'avait pas envie de se poser ces questions là de toute façon, elles sont légitimes mais ils n'auront pas de réponses sans essayer. Il va finalement peut-être beaucoup trop vite pour Daiki et ils n'ont pas pris assez le temps d'en discuter. Il s'écarte de son homme et regarde autour de lui. Et il se sent perdu. Laisser tomber. C'est tentant.

« J'suis désolé Dai... »

Il se masse la nuque et ferme les yeux quelques instants.

« J'crois que j'ai été trop égoïste dans cette histoire... J'étais focalisé sur mon objectif et j'ai pas laissé la place à ce que tu pouvais ressentir toi... »

Il regarde dans le vide face à lui.

« P'tet que j'me rends pas compte des difficultés ouais... J'en sais rien... J'ai jamais fait ça avant. Mais j'en ai jamais eu envie non plus... Parce que justement j'avais peur de me sentir envahi... Mais je crois que ce que j'entends par là ça englobe aussi ce qui te fait peur... Devoir s'adapter accepter de chambouler un peu ses habitudes, son quotidien... C'est juste que là... J'suis ok pour changer. J'dis pas que ça sera facile... Mais ouais peut-être que j'ai pas trop envie d'y penser non plus, parce que j'ai pas envie de renoncer... Et j'ai peur de trouver des raisons pour me faire douter. Parce que t'as raison, sur le papier j'crois que nos modes de vie sont pas très compatibles. Mais si t'as besoin qu'on en parle... Ok... On peut en parler. Si ça te rassure qu'on établisse des règles avant de tout chambouler...

— Nan, j'avais... juste l'impression d'être le seul idiot à voir le côté négatif des choses... Je sais pas avancer sans cogiter juste parce que j'ai pas envie de penser à certaines choses... Ou si je le fais c'est au prix d'une grosse violence que je m'impose... Et me dis pas d'arrêter de réfléchir, j'suis pas encore prêt à foncer tête baissée dans tout ce que j'entreprends parce que 'on verra bien' ou 'faut se laisser porter', ou je sais pas trop quoi. J'ai déjà fait énormément d'efforts jusque là pour lâcher certaines habitudes de pensée. Je suis pas capable d'ignorer un truc juste parce que c'est censé être plus confortable sur le moment. Ça l'est pas pour moi. Alors ouais du coup je pense à ces trucs-là et ça veut pas dire que j'veux renoncer, ça veut juste dire que j'suis pas serein. J'vois bien que t'aurais aimé plus d'enthousiasme de ma part mais j'suis comme ça, Taiga. Je suis pas toujours à fond. Je pense qu'on gère les émotions différemment. J'te demande juste encore une fois de me faire assez confiance pour pas penser que je remets tout en question chaque fois que j'ai des doutes, que je m'inquiète, ou que j'ai une baisse de moral. Parce que ça, ça me fout la pression à chaque fois. Ça me donne l'impression que j'suis un con incapable de s'investir dans son couple.

— Désolé... J'suis désolé... C'est moi qui suis qu'un con... »

Ça me fout la pression. Il déglutit. me faire assez confiance.

« J'pensais pas... »

Son cœur lui fait mal. Il boit un peu de bière cherchant ses mots et regarde toujours devant lui.

« J'voulais pas te mettre la pression... Je te fais confiance Daiki. J'ai juste... Peur que t'oses pas me dire que tu as changé d'avis... Parce que... Parce que j'ai peur que tu changes d'avis et que tu as le droit de changer d'avis. Mais... J'comprends que tu te poses des questions... C'est ok... Ou que tu sois pas... enthousiaste... Ok... J'peux comprendre. Tant que t'es toujours d'accord pour qu'on vive ensemble. »

Il boit quelques longues gorgées de bière et finit sa bouteille. Il la pose sur le plan et se redresse.

« On s'y met ? Y'a encore du taf. »

AOMINE

Ça lui laisse une sensation de malaise et d'inachevé. Il a l'impression d'avoir très mal géré cette conversation. Il n'avait pas vraiment prévu de parler de ça à la base, en tout cas il ne pensait pas que ça amènerait à ça. Maintenant il a les nerfs qui vrillent. Des fois il se demande vraiment s'il ne ferait pas mieux de la fermer. Il a la désagréable impression que chaque fois qu'il dit quelque chose, ça amène à des complications. Ce qui le conduit "naturellement" à penser qu'il est lui-même la source des complications. Et cette perspective l'effraie et le met en colère. Et ça déclenche les enchaînements de pensée, l'une entraînant l'autre dans une spirale descendante radicale.

Peut-être que s'il ne supporte pas le fait que Taiga ait peur qu'il change d'avis, c'est parce qu'il en a peur lui-même. Qu'il ne place pas en lui-même cette confiance qu'il demande à Taiga. Et que chaque rappel de cet état de fait le fout en boule. Alors c'est ça ? Ça se résume à ça ? Retour au point de départ : il est un idiot qui se complique la vie et complique celle des autres.

Il ne peut pas arrêter la machine une fois lancée, alors il n'essaie pas. Il hoche la tête.

« Ok, tu veux commencer par quoi ? »

KAGAMI

Il a conscience qu'il n'aurait pas dû couper court à cette conversation de cette manière. Mais ce soir il n'a pas la foi. Mettre la pression à Daiki c'est ça hantise depuis le début. Alors les mots de son homme le blessent et lui font peur. Est-ce qu'il est si égoïste que ça ? Est-ce qu'il est si exigeant que ça ? Est-ce qu'il est si horrible que ça ? Est-ce qu'il en demande vraiment trop ?

Et oui honnêtement, le manque d'enthousiasme de Daiki le blesse. C'est assez déstabilisant. Il a l'impression de s'imposer encore plus à son homme.

Il devrait parler mais il a peur de l'issue de cette conversation. Et là ce n'est pas en Daiki qu'il n'a pas confiance, mais en lui-même. Il n'a pas envie de reculer. Il a envie de cette emménagement. Mais si Daiki lui confirme encore une fois qu'il lui met trop la pression. Ce n'est pas Daiki qui changera d'avis mais lui. Peut-être qu'effectivement ils vont trop vite. Peut-être qu'ils devraient prendre plus leur temps pour réfléchir. Peut-être que finalement, il n'est pas assez bien, assez confiant, assez attentif, assez stable... Toute la sérénité qu'il ressentait quelques instants plutôt se fait la malle et à présent il doute. Il doute d'être capable de rendre heureux Daiki. Il doute de réussir à comprendre sa façon de penser et ne pas lui mettre la pression. Il doute de réussir à vivre avec lui à trouver sa place auprès de lui. Une boule d'angoisse lui noue l'estomac. Peut-être qu'il devrait abandonner maintenant, avant de faire souffrir plus Daiki, avant de souffrir plus lui-même.

Il regarde Daiki. Commencer par quoi ? Il regarde Daiki. Et il déglutit doucement. Commencer par régler ça. Ce n'est pas dans cette ambiance, dans cette incertitude, dans cette peur qu'il veut emménager avec Daiki. Il inspire doucement et déglutit.

« Laisse tomber... »

Il prend le poignet de son homme et l'entraîne sur la terrasse pour oublier les cartons et s'installer sur des sièges confortables.

« On devrait commencer par... régler ça... »

AOMINE

Il suit son homme et s'assoit sur un siège. Il a le cœur qui bat trop vite et trop de colère dans le ventre. Il se relève et va chercher deux bières. Vient se rasseoir en tendant une bouteille à Taiga.

« Fuck... Je sais même pas ce qu'on est censés régler... »

KAGAMI

Il prend la bière machinalement. Son coeur est lourd et douloureux.

« Thanks... »

Il prend une gorgée.

« Je sais pas exactement... Mais il y a clairement un truc qui va pas là... »

Il sent sa poitrine se comprimer douloureusement.

« Je suis désolé de te mettre la pression. C'est pas mon intention au contraire... J'ai toujours peur de t'imposer les choses... C'est pour ça que quelque part je te demande quinze fois si tu es sûr de toi pour qu'on vive ensemble... Parce que j'ai peur de te mettre la pression. »

Il déglutit doucement.

« Mais visiblement je merde sur toute la ligne... Je m'y prends très mal... Et ça fait tout l'effet inverse de ce que je voudrais. Et c'est assez douloureux de comprendre que j'ai foiré. Et j'avoue que ça m'fout sacrément les boules.

— Quand tu me le demandes tout le temps j'ai l'impression que tu penses que j'suis une putain de girouette ! Que j'suis prêt à me casser au moindre coup de vent ! Putain pourtant j'ai essayé de te dire et de te montrer ce que j'étais prêt à faire pour toi... Mais chaque fois que je doute c'est comme si je balayais tout ça ! Comme si fallait que je recommence au point de départ ! "Repasse ton examen, t'as encore foiré !" J'suis juste le petit ami problématique que tu te trimballes. C'est toujours pareil de toute façon à quoi je m'attendais... Fuck... »

AOMINE

Il s'interrompt et se prend la tête dans les mains. Il inspire, expire. Il a conscience qu'il se laisse totalement embarquer. Sombrer. Il faut qu'il freine, qu'il arrête ça.

« Ok, désolé. J'suis allé trop loin... Je sais pas comment t'expliquer... comment y a certains trucs qui me trigger qui me rendent dingues... après je pars en vrilles... C'est un dialogue de sourds... Je suis désolé... J'suis en rogne... Et en fait c'est pas contre toi... J'suis juste frustré... Frustré de réagir comme ça... frustré de pas faire mieux. Tu me mets pas la pression. Mais je reçois comme des signaux contradictoires entre le 'je peux pas parler' et le 'si je parle ça fout la merde'. Mais j'imagine que l'origine de tout ça c'est que j'ai des sentiments à la con, que je devrais pas penser à tout ça, que j'suis pas capable juste d'aimer et d'être heureux. »

Il fait une pause de nouveau et se calme un peu.

« J'pense pas que j'en sois strictement incapable, au fond... Mais visiblement même à toi ça fout ta patience à bout. Si on a cette discussion c'est juste entièrement ma faute. Et en plus ça te fait te sentir responsable. Pourquoi tu serais responsable si c'est moi qui a des problèmes, puisqu'apparemment c'est le cas ?! »

Il est vraiment temps que tu te la fermes, Daiki !

« Je m'embrouille, ok. Je vois bien ça. Je suis désolé encore une fois... C'est pour ça qu'à la base j'évite de parler. Parce qu'après y a plus rien qui va. En même temps c'est stupide parce que j'en serais peut-être pas là si j'avais essayé avant de m'expliquer clairement. Bref. T'as pas foiré. »

KAGAMI

Putain pourtant j'ai essayé de te dire et de te montrer ce que j'étais prêt à faire pour toi...

J'suis juste le petit ami problématique que tu te trimballes. C'est toujours pareil de toute façon à quoi je m'attendais...

La colère de Daiki l'a frappé comme un bon kick au sternum. Sa poitrine est douloureuse et comprimée. Il regarde le sol devant lui et il attend que ça passe. Il boit un peu de bière et dissimule en l'essuyant rapidement une larme qui a glissé sur sa joue. Il savait que ce serait dur à entendre. Mais il faut qu'il fasse face. Il ne peut pas laisser les choses comme ça. Même si c'est douloureux à encaisser. Même si ce soir il a envie de "laisser tomber". Il ne sait même pas qu'est-ce qu'il veut "laisser tomber" exactement. Et ça accroît son anxiété avec les paroles de Daiki. Il résiste à l'envie de fuir. Il résiste à l'envie de mettre la tête au fond d'un trou et d'oublier. Il faut qu'il règle ça.

Parler ? Ne pas parler ? Il ne veut pas que Daiki s'empêche de lui dire les choses. Même si elles sont difficiles à entendre. Même si ce soir il réagit très mal à ses mots, il en a conscience envoyant encore une fois les mauvais signaux à son homme. Imaginer son homme prétendre que tout va bien le révolte. Mais alors c'est quoi le truc ? Comment il faut faire ?

... que je devrais pas penser à tout ça, que j'suis pas capable juste d'aimer et d'être heureux.

Il laisse les mots de Daiki se frayer un chemin dans sa tête. Il a l'impression qu'ils ne peuvent pas fonctionner. L'amour parfois n'est pas suffisant. Il chasse cette pensée. Il n'aime pas cette pensée. Il faut la volonté. Il a la volonté que ça fonctionnera, la conviction que ça marchera tous les deux. Mais ce soir... Ce soir c'est vraiment difficile d'y croire. Parce que non il n'est pas fort et lui aussi il a des failles. Des fois, il n'arrive plus à prétendre qu'il est fort. Des fois, il a déjà du mal à se supporter lui-même alors comment soutenir Daiki dans ses efforts à ce moment là ?

... entièrement ma faute.

Le ton de Daiki a changé et il tourne sa colère vers lui-même. Et il a horreur de ça, que Daiki se sente responsable de tout dès qu'un truc va pas entre eux.

« Putain... Arrête de te rendre responsable de tout dès qu'un truc va pas merde ! »

Il est surpris lui-même de la violence de sa réaction. Son cœur bat vite dans sa poitrine et il réalise qu'il a envie de hurler. Sa gorge s'étrangle quand il essaie de parler.

« Tu crois que je suis parfait ou quoi ?! Je le suis pas putain ! Et oui... J'ai foiré. J'ai foiré parce que... Parce que je veux pas regarder les choses en face et que je suis à bout parce que j'm'en demande trop à moi-même. Parce que j'ai peur que tu changes d'avis... Parce que je veux avoir le contrôle sur les choses... Parce que j'ai peur de pas avoir le contrôle sur les choses. J'ai besoin que tout soit réglé. Et inconsciemment, t'as raison, j'anticipe tes réactions et quand ça ne va pas dans le sens que j'attendais ça me génère du stress... Et là particulièrement, parce que c'est important et que oui bien-sûr que je suis flippé. Mais je veux pas laisser ma peur prendre le dessus. Et contrôler... Contrôler, décider d'une date, une échéance, un objectif c'est dire fuck à mes inquiétudes. J'ai peur que tu changes d'avis ou que tu m'abandonnes mais c'est pas parce que je crois que t'es une girouette c'est juste... J'ai peur de ça avec tout le monde et c'est pour ça que j'ai peur de m'attacher aux gens... Mais j'ai autant peur que tu crèves demain... J'ai juste l'impression que encore une fois, y'a des trucs sur lesquels je peux avoir une influence comme le fait que tu te sentes bien avec moi, que je t'en demande pas trop, que je te laisse être toi... Alors que je peux rien faire contre la voiture qui va peut-être te faucher demain... »

Il déglutit. Sa jambe bouge nerveusement.

« Mais... Quand j'suis anxieux et stressé. À trop vouloir faire bien, j'en fais trop... Mes démons reprennent le dessus et je te fous la pression alors que c'est exactement ce que je veux éviter. Je veux trop te retenir alors que t'essaies même pas de t'enfuir... Le problème c'est pas toi... C'est pas moi... C'est nous... Nos angoisses... C'est ma peur de l'abandon totalement irrationnelle... Qui entre en collision avec ta peur que j'ai pas confiance en toi... Et je sais que tu as du mal à comprendre que je peux avoir confiance en toi tout en ayant peur que tu m'abandonnes. »

AOMINE

Il écoute les mots de son homme et il se calme peu à peu. Entendre Taiga se remettre en question désamorce en partie l'emballement de sa machine mentale. Il prend quelques instants pour réfléchir avant de parler.

« Ok... on est tous les deux stressés. On a des manières très différentes de réagir face à ça. Et nos façons de réagir aggravent le problème. Et t'as raison, j'ai du mal à comprendre que ton angoisse cohabite avec ta confiance en moi. Mais j'comprends un peu mieux maintenant. Excuse d'être monté en pression comme ça... Et... t'as vraiment une influence positive sur moi... Mais y a des points d'accrochage. Des fois je me dis... enfin j'me dis ça depuis le début... J'ai peur de pas pouvoir t'apporter ce dont t'as besoin parce que j'suis trop souvent dans ma bulle, trop distant ou je sais pas... Alors des fois j'ai l'impression que tu me le dis pas mais que tu le penses et que ça te fait souffrir... Et ça me rend dingue... Enfin... j'me rends dingue tout seul, quoi...

— Que je pense quoi ? Que... Tu peux pas m'apporter ce dont j'ai besoin ? Ou que t'es trop... Dans ta bulle ? Peu importe... Je vais répondre au deux. Oui tu peux m'apporter ce dont j'ai besoin... Parce que... C'est de toi que j'ai besoin et tu es auprès de moi tous les jours. Je cherche pas... Un petit ami parfait. Je cherche pas une relation bien sous tout rapport. » Il ricane légèrement. « Toute façon pour ça c'est mort vu que j'suis gay. J'ai besoin de rien... J'peux très bien survivre tout seul. Mais j'veux vivre avec toi... Parce que tu m'fais du bien Daiki... J'me sens bien avec toi... j'me sens... Vraiment vivant. Et même si ouais, nos façons de gérer notre stress sont différentes et s'associent pas très bien, c'est rien à côté de tout le reste. Et même si ouais, j'avoue ce soir j'suis moralement épuisé et que j'peux penser à laisser tomber... J'sais que je veux pas perdre ce qu'on a. »

Taiga souffle un peu et sa voix tremble un peu quand il reprend, comme s'il se retenait de pleurer.

« Est-ce que je pense que t'es trop dans ta bulle et est-ce que ça me fait souffrir ? Difficile à dire... J'ai pas envie de te brusquer et si tu as besoin de ça... C'est ok... J'ai compris que c'était comme ça que tu fonctionnes. Et que je dois pas le prendre pour moi. Tant que c'est pas pour garder des trucs pour toi... Pour éviter de me parler... J'dis pas que j'suis tout à fait serein quand je te sens distant... Surtout que pour l'instant, j'ai quand même l'impression que à chaque fois ça cachait en fait un truc même si tu en as pas conscience sur le moment... Mais je saurais m'adapter et me rassurer là dessus avec le temps. »

Daiki hoche la tête doucement.

« Ouais... être en couple, vraiment en couple... C'est un peu plus compliqué que je l'imaginais. Mais c'est pas grave... Ça en vaut le coup... J'suis juste comme toi un peu à fleur de peau... Et j'te l'ai dit... j'suis du genre émotif. »

Il relève la tête et pose la main sur la cuisse de Taiga, qu'il caresse du pouce, et ajoute en murmurant :

« Il nous arrive beaucoup de trucs depuis qu'on a commencé notre saison chez les Lakers. On a difficilement pu se poser et penser à nous. J'crois que c'est ça qui nous manque aussi... »

Taiga hoche doucement la tête. Il regarde sa main puis vient poser la sienne dessus et se penche pour poser sa tête sur son épaule.

« Ouais... C'est trop loin les prochaines vacances... Mais c'est pour ça aussi que j'ai envie de ce déménagement... Bouger d'un appart à un autre tout le temps c'est... Ouais j'ai pas l'impression qu'on peut vraiment se poser... Y'a toujours cette question dans un coin de ma tête... On va où ce soir ? Je sais que c'est con. Mais... Pour moi... C'est stressant de pas savoir ce qu'on fait le soir et... Au fond d'avoir cette option qu'on rentre chacun chez soi parce que... Parce que c'est dans l'ordre des choses tu vois ? »

— Je comprends... Tu veux moins d'incertitudes, plus de stabilité... Et encore une fois... »

Il serre un peu sa main sur sa cuisse et le regarde dans les yeux.

« C'est ce que je veux moi aussi... Et si y a d'autres coups durs, on les surmontera... J'veux pas d'un mec parfait et j'veux pas d'une relation parfaite... Et j'crois pas non plus que t'es parfait, c'est juste moi qui parfois ai la sensation de pas être à la hauteur. Mais j'ai compris que c'était un peu plus compliqué que ça.

— Ok... Ok... »

Taiga glisse sa main sur sa nuque et vient enfouir son visage dans son cou.

« Je t'aime Daiki... »

Il caresse doucement ses cheveux et sa nuque en un geste apaisant. Après un trop plein d'émotions, le silence lui semble intense. Presque pesant.

« Je t'aime aussi... » murmure-t-il.

KAGAMI

Son coeur bat un peu plus vite au murmure de son homme. Il presse un peu plus sa main sur sa nuque et se presse un peu plus contre lui. Il embrasse doucement son cou et remonte sur sa joue pour chercher ses lèvres, comme s'il cherchait la confirmation de ces mots dans des actes ou lui prouver les siens. Peu importe. Il sent les émotions le laisser extrêmement sensible et il a envie des lèvres de son homme, du réconfort de sa présence, de ce contact.

AOMINE

Il tourne la tête et fait le reste du chemin, effleurant ses lèvres des siennes avant de les presser doucement.

Confusément, il se dit que s'ils se sentaient tous les deux plus légitimes dans leurs émotions, s'ils les assumaient au lieu de chercher à contourner les difficultés, ils n'en arriveraient pas là et ne se mettraient pas dans des états pareils. Trop exigeants envers eux-mêmes, ils oublient chacun les vulnérabilités de l'autre. Ils voudraient que tout se passe au mieux, mais souvent ne font que se précipiter en espérant que ça passe. Il se promet d'essayer d'être plus constructif et moins à vif, même s'il sait que c'est un travail de longue haleine, tout une vie peut-être, mais l'important c'est d'avoir un objectif vers lequel tendre.

KAGAMI

Il remonte sa main dans les cheveux de son homme et approfondit doucement le baiser. Son cœur résonne dans sa poitrine et bourdonne dans ses oreilles. Il essaie de calmer son rythme cardiaque affolé, son corps qui réclame de sentir celui de Daiki contre lui. Il l'embrasse fébrilement alors que sa main se crispe dans ses cheveux.

AOMINE

Il savoure la caresse de sa langue sur la sienne, apprivoisant une nouvelle fois ses lèvres et sa bouche comme si c'était la première fois, essayant au travers de ce baiser d'oublier ces pensées noires et blessantes qui l'ont envahi plus tôt, et qui lui laissent un sentiment de vide et de vague dégoût envers lui-même.

KAGAMI

Il libère doucement ses lèvres pour le regarder, un peu haletant et une chaleur brûlante envahissant son ventre et sa poitrine. Il a envie de son homme, de l'aimer. Le sexe est pour lui un moyen de désamorcer ses angoisses, calmer ses émotions et se reconnecter à Daiki. Mais il a compris que son homme vivait les choses différemment. Il ne dit rien, pose juste son front contre le sien, caresse sa joue et le regarde tendrement. Il revient poser ses lèvres sur les siennes quelques secondes puis murmure doucement.

« Ça va love ? »

AOMINE

Il relève les yeux et regarde son homme, percevant cet amour dans ses yeux qui a le don paradoxal de le rassurer comme de l'effrayer. Il respire lentement. Il se rappelle qu'il ne s'est pas retrouvé sur ce chemin-là avec lui par hasard. Que ses sentiments pour lui sont profonds en dépit des turbulences qui embrouillent son cœur, et qu'ils sont réciproques. Il doit juste lâcher prise et laisser le calme revenir. Sa logique autodestructrice se nourrit de l'angoisse et de la colère, c'est pourquoi elle est si difficile à enrayer. Il déglutit et esquisse un sourire.

« Ça va. À peu près. Quand on se dispute comme ça... après... j'me sens mal. J'me sens sale. C'est toujours des émotions qui ont tendance à s'accrocher à moi. »

KAGAMI

Son ventre se contracte un peu. Il n'est pas surpris de la réponse de son homme, tout dans sa posture dans la réponse à ses étreintes, à ses baisers lui crient qu'il ne va pas bien. Il sourit doucement et enlace Daiki.

« I'm sorry... J'aime pas quand tu te sens comme ça love... J'sais qu'on y peut rien... Mais j'm'en veux de te faire ressentir ça... J'voudrai tellement être plus fort... »

Il le serre doucement contre contre lui et embrasse ses cheveux.

AOMINE

Il lui rend son étreinte et caresse son dos, la tête posée sur son épaule.

« It's ok... Ça me frustre mais... certaines choses prennent du temps. Comme tu dis on n'y peut rien... Moi aussi j'aimerais tellement être plus fort... Mais j'dois lutter avec les armes que j'ai. Et apprendre... à l'accepter. »

Il tente de retenir ses larmes, en essuie une qui lui échappe. Il comprend confusément que c'est ça aussi avancer. Grandir. Et qu'il faudra continuer à tomber et à se relever. Encore et encore.

KAGAMI

Il masse doucement les cheveux de son homme sentant l'émotion le gagner. Il se sent las. Il a envie de calme, de se poser et d'arrêter de batailler contre tout. Laisser tomber. Il comprend un peu mieux ce qu'il ressent. Il veut juste faire un break de sa vie, des contraintes et des obligations. Pas de Daiki non. Mais de tout le reste, pour se consacrer à lui, à eux. Il le serre contre lui.

« Dis moi... Qu'est-ce que je peux faire pour te remonter le moral love...

— Hm... me raconter une blague. Ou une anecdote marrante. » Le brun sourit. « Mais bon je sais que ça se fait pas vraiment sur commande...

— Ah ouais... Effectivement... Je savais que ce serait pas aussi simple qu'avec moi mais... Ça m'aurait arranger quand même que tu te contentes d'une bonne bouffe. »

Daiki rit un peu.

« Ah ouais je vois que t'espérais une réponse en particulier... Va pour la bouffe alors. Et dis-moi qu'est-ce qu'il faut que j'emballe et comment.

— Hm... Y'avait plusieurs possibilités... Mais ouais la bouffe, quelle surprise, c'est mon number one! Qu'est-ce qui te ferait plaisir ? Et la réponse rien est autorisée.

— Un truc tellement fat et pas équilibré que le coach s'évanouirait s'il savait qu'on mangeait ça.

— Well... J'peux te faire des burgers maison. Il doit me rester ce qu'il faut au congélateur. On peut aussi les commander comme c'était prévu. Comme tu préfères.

— Bah c'est toi qui les prépares si c'est maison... alors c'est plutôt ce que tu préfères, toi. J'pense que tu sais déjà ce que j'préfère. Mais j'sais que t'es crevé donc pas de soucis si tu veux commander. »

Il serre un peu son homme dans ses bras et presse ses lèvres dans ses cheveux.

« Je vais les faire. J'espère que j'ai raison en pensant que tu préfères les miens... Et j'aime bien cuisiner. Et puis des burgers c'est pas compliqué.

— Ok alors... Maintenant... Dis-moi quoi emballer et comment, s'te plaît. »

Il a envie de protester et lui dire de laisser tomber pour ce soir. Ça le gêne de laisser Daiki faire ça seul et de son côté, il a perdu un peu la motivation et la charge de travail qui reste achève de le démotiver. Mais il ne sait pas ce que Daiki a vraiment envie d'entendre et de faire vraiment. Après tout la veille il a osé lui dire qu'il préférait passer la soirée à la plage.

« On peut oublier ça pour ce soir... Mais si tu es motivé, tu peux emballer les mangas et les DVD.

— Ok ça marche... »

AOMINE

Il se lève, il se sent lourd et a surtout envie de dormir en fait, mais il est encore trop tôt pour avoir sommeil et il n'a pas envie de rester à traîner à ne pas savoir quoi faire avec ses pensées. Il s'empare donc des cartons et du scotch et entreprend de les remplir moitié DVD moitié manga histoire de pouvoir les soulever sans se casser le dos.

KAGAMI

Il n'aime pas voir son homme comme ça. Il hésite à insister. Il se lève à sa suite et se décide à aller préparer des burgers. Au moins, il n'a pas besoin d'ouvrir des cartons déjà fait et si il y'a un truc dont il ne s'était pas occupé c'était ça, la bouffe. Son frigo et son congélateur contiennent largement le nécessaire pour préparer des burgers. Il s'y met après avoir fini sa deuxième bière. Il jette de fréquents coups d'oeil à son homme.

« Si tu tombes sur un DVD qui t'intéresse... On pourrait le mater et s'occuper des cartons demain... »

AOMINE

Il relève la tête.

« Ah ? Ok je vais regarder, là j'ai pas trop fait attention à ce que j'emballais... »

Il reprend son ouvrage en faisant un peu plus attention aux DVD. Il en met un de côté, un film d'action hollywoodien qui en met plein les yeux et ne prend pas la tête, et scotche son carton.

KAGAMI

Il a envie de le supplier d'arrêter de faire ces putain de carton. Ça le rend dingue de voir Daiki comme ça. Faire de l'humour ? C'est pas son fort et encore moins ce soir où il n'a pas lui-même un moral de fou. Il se dépêche de faire les burgers en essayant de se concentrer sur sa tâche, se vider la tête et ne pas se focaliser sur son homme qui semble totalement déprimé. Il s'ouvre une autre bière.

« T'en veux une ?

— Yes, s'te plaît. Ça va comme tu veux en cuisine ?

— Ouais très bien. J'ai presque fini. »

Il sort une deuxième bière qu'il décapsule et lui apporte.

« Thanks love. »

AOMINE

Il adresse un sourire à son homme et boit quelques gorgées de bière avant de retourner à ses cartons. Il espère qu'ils n'auront pas besoin d'y passer la journée entière le lendemain. En attendant, il continue à vider les étagères, ça sera déjà ça de moins à faire.

KAGAMI

Heureusement qu'il est du genre ordonné. Il devrait pouvoir terminer de faire les cartons dans l'après-midi et avoir le temps de tout emmener chez Daiki avant le soir. Mais pour le déballage par contre, il faudra y passer une grosse partie du dimanche. Ou attendre le week-end suivant, même s'il n'aime pas être dans les cartons. Il sort une première fournée de burgers du four, et met à cuire la suivante.

« C'est prêt dans dix minutes love. »

AOMINE

Il acquiesce, toujours concentré sur son rangement. C'est une tâche rébarbative et répétitive, mais ça fait passer le temps et l'empêche de ressasser.

Taiga met la table et apporte une première assiette de burgers, puis le four sonne. Il sort les derniers sandwichs du four et les poses dans un second plat qu'il dépose sur la table basse.

« On va pouvoir manger. T'as trouvé un truc que tu voulais regarder ? »

Il délaisse son carton et va s'installer pour manger, et lui tend le DVD.

« Mission Impossible, ça te va ?

— Très bien. »

Taiga prend le DVD pour le mettre dans le lecteur et revient s'installer à côté de lui. Il boit quelques gorgées de bière avant de lancer le film.

« Bon app, love. »

Il entame son repas alors que le film démarre, et doit bien admettre que la saveur des burgers a quelque chose de réconfortant. Et clairement ceux de Taiga sont bien meilleurs que tous ceux qu'il a mangés jusque-là.

« Bon appétit Daiki. »

Taiga s'installe contre lui et pose un baiser sur sa nuque. Puis il prend à son tour un sandwich et commence à manger en regardant le film.

Il déguste son burger, il n'a pas super faim en fait, c'est plus de la gourmandise qu'autre chose. Mais c'est de la bouffe réconfort alors il en prend un deuxième. Après quoi il reprend sa bière et passe un bras autour de la taille de Taiga.

KAGAMI

Il se rapproche de son homme, en comprenant par son geste qu'il a fini de manger. Il continue à dévorer les burgers restants en buvant quelques gorgées de bière. Quand il a terminé. Il passe son bras autour des épaules de son homme. Il embrasse ses cheveux et le serre contre lui en se perdant dans le film.

AOMINE

Il s'appuie contre son homme et enfin se détend peu à peu, avec sa chaleur qui se communique à son corps, son odeur qui le rassure et l'ancre dans le présent. Il prend la main de Taiga et mêle ses doigts aux siens. Il pose la tête sur son épaule, prenant ainsi entièrement appui sur lui, et sent ses muscles tendus se relâcher doucement.

Taiga caresse distraitement ses doigts et repose doucement son menton sur le haut de sa tête. Ils commentent à peine le film ce soir.

C'est divertissant et il n'a pas de difficulté à se laisser prendre par l'histoire, et les cascades sont plutôt impressionnantes. Pendant ces presque deux heures, il ne pense plus à rien d'autre qu'à ce qui se passe à l'écran et à la proximité de son homme. Quand le film se termine, il redresse la tête et pose un baiser sur son épaule.

« C'était sympa... Je l'avais pas encore vu, celui-là.

— Ah tant mieux ! C'est vrai qu'il est pas mal. »

Taiga lui sourit et se penche pour embrasser doucement ses lèvres.

« On va se coucher ?

— Ouais. Bonne idée. »

Il se détache de son homme et se lève. Il se sent moins lourd que tout à l'heure, mais fatigué quand même. Il fait un détour express par la salle de bain et rejoint la chambre. Il a l'impression d'avoir vécu deux journées en une seule et réalise que ces temps-ci, ça lui arrive assez souvent. Il a besoin de ralentir le rythme et il pense que Taiga aussi. C'est vrai qu'en y pensant... Se mettre en couple avec un amour perdu de vue, et pour lui en plus de ça faire son coming-out, et commencer une saison très exigeante chez les Lakers... Oui, ça fait beaucoup. Il ne regrette pas cette "précipitation", mais ils en paient les pots les cassés maintenant. Cependant il faut faire fonctionner les choses avec leurs conditions actuelles. Maintenant qu'il est plus calme, il voit les choses avec plus de recul et un peu plus de sérénité.

Il se glisse sous la couverture et se love dans le lit en poussant un soupir de satisfaction. Déménagement ou pas, c'est enfin le week-end.

KAGAMI

Il prend le temps de débarrasser et d'éteindre la télé. Mais il laisse la vaisselle pour le lendemain matin. Il a envie d'être dans les bras de son homme au plus vite. Dans la salle de bain, il se fait un brin de toilette et rejoint enfin Daiki dans la chambre. Il se déshabille ne gardant que son caleçon comme d'habitude et vient se glisser sous les draps.

AOMINE

Il sourit dans le noir en sentant le matelas s'enfoncer sous le poids de son homme. Il a envie de le sentir près de lui. Il se tourne vers lui et passe une jambe par-dessus les siennes, pressant son torse nu contre le sien. Il laisse courir ses doigts dans son dos, le long de sa colonne vertébrale, caresse le contour de ses omoplates. Il murmure doucement contre sa peau :

« I love you... Je veux pas que tu t'inquiètes... Enfin tu vas t'inquiéter de toute façon, mais... On se débrouille pas si mal que ça, pas vrai ? Et des fois... je suis pas bien avec moi-même... mais avec toi je suis bien...

— Yeah... T'as raison... J'peux pas m'empêcher de m'inquiéter... Mais... Ouais on est bien ensemble et on s'en sort très bien love. Y'a juste... Pleins de trucs à gérer en ce moment... C'était peut-être un peu précipité et pas le meilleur moment pour ce déménagement mais... »

Taiga soupire et le serre plus fort contre lui en massant doucement sa nuque.

« Mais j'veux pas reculer... Après ça on prendra le temps de se poser... J'suis désolé love... J'pensais pouvoir tout gérer tout seul... Mais j'ai été con de croire que j'pourrais y arriver et je sens ce soir que j'ai trop tiré sur la corde.

— Yes... I know love... Faut qu'on essaie d'y aller doucement sans vouloir tout régler à la fois. Un problème après l'autre. Et là on devrait pouvoir se concentrer sur des choses simples. Genre de bêtes problèmes de logistique. Ça va aller, love... »

Il pose un baiser sur son front et le serre contre lui.

« J'crois que quand on aime... on devient très vite très frustré de voir l'autre souffrir et on s'imagine qu'on peut juste se mettre de côté pour que ça s'arrête... Que y a des façons simples et directes de tout régler... mais en fait... on doit régler ça à deux.

— Ouais... On oublie qu'il faut qu'on compte l'un sur l'autre... On est un couple, une famille... On forme une équipe. C'est comme au basket... On est plus efficace ensemble, quand on se repose l'un sur l'autre.

— T'as raison... Toi t'as du mal à le faire parce que ça implique déléguer une part de contrôle... Et moi... parce que j'me fais pas confiance... Alors... j'vais continuer à faire des efforts pour arrêter d'essayer de tout régler tout seul.

— Yeah... J'vais faire des efforts aussi... »

Taiga embrasse doucement son cou.

« Et... Moi j'ai confiance en toi love... Et je t'aime comme un fou. »

Maintenant que son esprit est plus calme, il est plus en mesure d'entendre ces mots et d'en saisir la signification et la portée.

« Je t'aime aussi... »

Il resserre son étreinte. Il se rappelle des mots qu'il a lui-même dit à son homme : "si tu peux pas te faire confiance, fais-moi confiance". Alors... S'il peut accepter la confiance de Taiga, peut-être peut-il aussi s'appuyer sur elle et la laisser combler ses propres manquements.

Il se blottit contre lui, il veut juste sentir son cœur pulser contre ses côtes, son souffle hérisser son cou de chair de poule, ses membres musclés s'intriquer aux siens. Il le serre un long moment, puis doucement commence à relâcher son étreinte tandis que la fatigue le gagne.