Hello !

Bienvenue dans ce nouveau chapitre :) La semaine a été chargée pour Malo qui a travaillé dur, du coup publication plus tardive ;) Enjoy !

Stella : Et tu vas découvrir comment ça se passe avec la petite amie de la mère de Kagami dans ce chapitre ! Bonne lecture !


KAGAMI

Il se réveille au premier son de l'alarme et l'éteint rapidement. Daiki dort profondément contre lui. Il embrasse doucement sa tempe. Il sourit. C'est ça le bonheur se réveiller avec cet homme là tous les matins. Il savoure le moment. La brise fraîche caresse sa nuque. Et en plus ce soir c'est le week-end. Parfait. Il se rappelle que son père devait lui envoyer les coordonnées de Kate. Il se lève silencieusement et rejoint le salon en consultant ses messages. Son père a tenu sa promesse. Il repose son téléphone, ouvre la baie vitrée et s'attelle à la préparation du petit déjeuner en se demandant comment aborder cette femme.

Le café prêt, il couvre le petit déjeuner pour maintenir au chaud et rejoint la chambre avec une tasse de la boisson corsée pour son homme. Il pose le mug sur le chevet, ouvre un peu plus la fenêtre et les rideaux pour laisser entrer l'air et plus de lumière, puis il vient doucement embrasser la nuque de Daiki.

AOMINE

Il sent un souffle chaud sur sa nuque, dérangeant ses rêves et le rappelant au monde réel. Il se défait du sommeil peu à peu et l'odeur boisée et amère du café parcourt son chemin jusqu'à ses narines. Il remue et murmure :

«...Déjà le matin ?... »

Taiga presse doucement ses lèvres sur sa nuque une nouvelle fois avant de répondre.

« Yes love... »

Il se tourne en grognant, puis consent à ouvrir les yeux.

« Le matin, c'est la pire injustice de la condition humaine... râle-t-il.

— Hm... Le fait de me réveiller dans le même lit que toi... J'trouve les matins vachement plus sympa. »

Taiga vient embrasser tendrement sa joue.

« Et puis ce soir c'est le week-end...

— Ouais, bon... Y a peut-être la maladie, la guerre et les préjugés avant le matin, ok, ok... Mais quand même ! »

Il se redresse dans le lit et prend sa tasse. La première gorgée lui délie la gorge et semble désembrumer son cerveau atrophié par le sommeil profond.

« Et ouais... vendredi... ça c'est cool. Très très cool. »

Taiga s'est assis à côté de lui et joue avec son téléphone. Il se gratte la nuque.

« Ouais... Et ce week-end on a un beau programme... Mon père m'a envoyé les coordonnées de Kate mais... J'sais pas trop comment l'aborder. J'avoue que ça m'aurait arrangé que mon père sache où ont été prises les photos... J'lui ai jamais parlé. J'sais pas trop comment lui demander ça tu vois ? »

Il sirote son café et réfléchit à la question.

« Hm... De mon point de vue... J'pense qu'il suffira plus ou moins que tu lui dises qui tu es pour qu'elle comprenne assez vite où ça va... Si c'est une nana bien... J'pense qu'elle comprendra pourquoi tu l'appelles aujourd'hui, sans avoir besoin de tous les détails. Et j'pense qu'elle te parlera d'elle-même. Parce que moi aussi j'ai envie qu'elle nous donne ces coordonnées, mais il me semble assez évident que t'as bien plus que ça à lui demander.

— Faut que j't'avoue un truc... J'ai horreur du téléphone... Alors appeler quelqu'un que je connais pas... Tu crois que je peux... lui envoyer un message pour lui proposer qu'on se voit ?

— Ouais. Ça peut marcher aussi. Du moment que t'es... assez précis dans ton message. Elle-même sera probablement intimidée et tout... Faut qu'elle sache à quoi s'attendre, et pourquoi tu veux la voir. Elle pourrait avoir peur que ce soit pour des reproches.

— Ouais... J'avais pas pensé à ça... T'as raison... »

Taiga semble nerveux du coup, sa jambe bouge sur le lit. Il reste silencieux probablement à réfléchir à la meilleure façon de rédiger son message. En voyant ça il pose une main sur sa cuisse pour l'apaiser.

« Réfléchis pas trop, love. Juste, sois honnête avec elle. Je suis sûr qu'elle comprendra.

— Hm... Bonjour Kate, on se connait pas je suis Taiga Kagami. Je voulais avoir l'adresse d'une crique déserte pour baiser avec mon mec vous auriez ça en stock ? »

Taiga rigole.

« Peut-être que je vais pas être trop honnête... »

Il se marre aussi en entendant ça.

« Pas ça, baka ! Certes trouver la crique c'est important mais c'est pas notre seule piste. Dis-lui juste que t'as envie de parler de ta mère avec elle.

— Hm... Ouais je vais tenter ça... Sans qu'elle croie que j'ai des reproches à lui faire. »

Taiga se décide donc à prendre son ordinateur et commence à pianoter se mordillant la lèvre un peu nerveusement pour rédiger un mail.

Bonjour Kate,

Je suis Taiga Kagami.

Je sais que vous étiez très proche de ma mère et quelle relation vous entreteniez avec elle.

J'aimerais discuter d'elle avec vous. Connaître la partie de sa vie que j'ignore. Je veux juste... La connaître un peu mieux...

J'aurai pu vous appeler. Mais je suis vraiment nul avec le téléphone. Alors je me disais qu'on pourrait se rencontrer, boire un café quelque part en ville. Et comme me l'a judicieusement fait remarquer mon petit ami... J'ai aucun reproche à vous faire... Je veux juste discuter avec vous et découvrir un peu plus qui était ma mère.

Je vous laisse mes coordonnées,

En espérant pouvoir vous rencontrer.

Kagami Taiga

Il le montre à Daiki.

« Je suis pas très doué avec les mails non plus mais... Tu crois que ça passe comme ça ? »

Il sourit en lisant le message.

« C'est parfait, love. Le reste dépend d'elle. »

Il se penche pour poser un baiser sur sa joue.

« Vraiment ? »

KAGAMI

Il relit une dernière fois son message et décide qu'il ne pourra pas faire mieux de toute façon alors il l'envoie comme ça et advienne que pourra. Il referme son ordinateur et le repose au sol. Il est plus détendu maintenant. C'est fait et c'est plus entre ses mains alors il se sent plus léger. Il se rapproche de Daiki pour caler son épaule contre la sienne.

« Thanks love. Le petit dej est prêt au fait... Quand tu veux... Désolé de t'avoir embêté avec ça avant que tu aies terminé ton café d'ailleurs...

— T'en fais pas pour ça. C'était important et j'étais suffisamment réveillé pour te répondre. C'est tout ce qui compte ! Mais j'veux bien ce petit-dej maintenant...

— Ça tombe bien. Parce que j'en ai bien envie aussi. J'ai la dalle. »

Il pique un baiser sur les lèvres de son homme et se lève pour rejoindre le salon où il sert le petit déjeuner sur la terrasse.

Daiki le suit en bâillant et s'installe avec lui pour manger. Comme la plupart du temps ici, le ciel est clair, très bleu. Ils mangent avec appétit. C'est le dernier jour de la semaine et ça les met de bonne humeur.

Ils se préparent. La fin de semaine les motivant, ils ne traînent pas et sont à l'heure au gymnase.

La journée commence dans les vestiaires par une annonce de Jake et ça se lit sur son visage que son annonce le fait jubiler.

« Ça ne va pas plaire à certain... Et je suis désolé pour ceux-là... » Son expression dit tout à fait le contraire évidemment. « Mais nous allons devoir donner une nouvelle conférence de presse avec nos deux Japonais ! »

Taiga soupire. Il l'avait senti que ça lui plairait pas vu comme Jake semblait content de lui.

AOMINE

Il s'y attendait, alors il n'est pas surpris. La tête que tire Taiga le fait rire.

« Super. Et pour quand sont les réjouissances ? demande-t-il à Jake.

— Lundi après midi ! »

Taiga essaie de protester :

« Pourquoi moi ? Daiki ok... Il vient de passer en tête du classement pour le nombre de points et le nombre de panier marqués... Mais j'ai fait exploser aucune stat moi...

— Joue pas les modeste le tigre ! Tu as aussi surpris tout le monde sur ce terrain à ta manière... Tu étais là où personne ne t'attendait. Donc... les journalistes ont envie d'en parler avec toi ! »

Daiki s'approche et ébouriffe les cheveux de son petit ami en se moquant :

« Si tu voulais pas être célèbre fallait faire carrière dans le curling ! Quoique... ils ont sûrement des conférences de presse eux aussi...

— Je voulais faire du basket contre les meilleurs ! L'option célébrité... fait partie du paquet cadeau apparemment. »

Jake rigole et les invite finalement à bosser un peu plus sérieusement.

Cette conférence de presse ne l'embête pas en soi, mais quelque chose le préoccupe de plus en plus et à l'heure du déjeuner, il prend Jake à part :

« J'ai... euh... Besoin d'un conseil, je crois, annonce-t-il, le regard un peu fuyant.

— Oui ? » Jake fronce les sourcils un peu étonné de voir Daiki un peu gêné. « Viens, allons dans le bureau. »

Le capitaine en prend déjà la direction indiquée le laissant le suivre. Il referme la porte derrière lui et lui indique une chaise et en prend une autre.

« Je t'écoute.

— Bon voilà... J'suis un peu inquiet... à propos des rumeurs qu'il pourrait y avoir sur Taiga et moi. Ce genre de trucs ça prend vite, tu vois... Et si on nous relaie directement ces rumeurs, tu vois... Qu'on nous pose des questions à ce sujet... Je sais pas comment il faudrait qu'on réagisse. Taiga a horreur de mentir... Et je suis pas vraiment à l'aise à l'idée de le faire non plus.

— Ça arrivera. Tout comme... La vie intime de chacun de nous est décortiquée. Les journalistes savent jusqu'aux notes de mon fils. On essaie de se protéger mais c'est quasiment impossible. Toute l'équipe est avec vous... Je le suis. Le coach aussi. Je pense que mentir n'est pas la bonne stratégie. Vous vivez ensemble... Vous allez pas vous cacher dans la rue... »

Jake soupire.

« Quand on a recruté Taiga... On savait déjà pour lui... Son club nous l'avait dit. Enfin y'avait une très grosse rumeur à son sujet. Je lui en ai pas parlé parce que... Ça me regarde pas. Mais il y a des chances pour que les journalistes creusent la question. Et je sais que vous vous cachez pas. Pour moi c'était clair que vous étiez prêts à ce que ça se sache. Je sais que le père de Taiga est au courant... Mais peut-être que de ton côté tu préfèrerais que ça reste secret... Si c'est le cas... Il faut que vous soyez prudents en permanence... Si tu es ok que ça se sache... On peut adopter deux stratégies. Soit on communique sur le sujet, comme ça l'abcès est crevé... Soit on laisse les journalistes venir eux-mêmes au sujet... Et dans ce cas, si la question est posée tu dis "oui" et basta. Vous n'avez pas à en dire plus.

— Mais ça... ça risque pas de nous poser des problèmes ? La NBA est pas ce qu'il y a de pire en matière d'inclusion, mais... dans le milieu sportif c'est plutôt un sujet tabou...

— Tout dépend si vous souhaitez changer de club. Les Lakers vous protégeront. Par contre oui, vous risquez de vous fermer la porte à d'autres clubs. La NBA n'a pas de règles concernant la sexualité des joueurs et fort heureusement ça ne la regarde pas. Et pour le reste... Peut-être que ça pourrait faire évoluer les mentalités... Parce que clairement dans le sport... Y'a de sacrés cons.

— Ok, ok... »

Il s'efforce de respirer calmement pour refouler la panique qui monte. Bien sûr il s'attendait à ce que ce moment arrive, il a déjà fait son choix mais il ne s'y est pas préparé. Tout ça est allé tellement vite. Pour ce qu'il en sait, ils ne sont pas encore grillés, mais il sent l'étau se resserrer.

« Je peux pas faire marche arrière maintenant, alors... » Il ajoute avec un sourire tendu : « Faudra qu'on fasse avec.

— Vous pouvez temporiser... Dans ce cas, ça veut dire prendre vos distances à l'extérieur du club et de chez vous. Mais ça se saura effectivement. Vous pouvez essayer de nier mais... Je pense que c'est assez malsain. Enfin c'est vous qui voyez. Et... À vous de nous dire aussi si vous souhaitez l'annoncer vous même pour éviter que ça tombe au mauvais moment.

— Ok... Faut que j'vois ça avec Taiga... On en discutera ce week-end. Mais on est clairement pas doués pour la discrétion, alors... En tout cas, merci.

— De rien Daiki. Désolé que vous soyez obligés de vous poser ce genre de question. »

Jake se relève.

« Aller on est attendus sur le parquet... Enfin je crois. »

Le capitaine rigole et lui fait un sourire avant de poser une main amical sur son épaule et de le précéder à l'extérieur du bureau.

Il le suit en direction du terrain, préoccupé, réfléchissant à la meilleure manière de gérer tout ça. Mais ce n'est pas aujourd'hui qu'il va trouver une réponse miracle, et de toute façon il doit en discuter avec Taiga. Alors il essaie de se recentrer sur l'entraînement en mettant ses inquiétudes de côté.

KAGAMI

Il se demande de quoi Daiki a voulu parler à Jake. Ils sont restés un bon quart d'heure dans le bureau et en sortant son homme semble inquiet. Mais la pause déjeuner est terminée et il faut se remettre au boulot. Il repousse cette question pour plus tard.

Il profite de l'entraînement pour se défouler. À midi, il n'avait pas de réponse à son mail et ça l'embête. Quelque part, il avait vraiment envie de trouver la crique grâce à cette Kate. Pourtant, la probabilité qu'elle en connaisse une est faible. Mais au fond, même s'il y a une infime chance que les photos qu'elle a prises l'aient été dans un lieu magique comme celui-là... C'est là qu'il a envie d'aller avec son homme ce week-end.

Quand la journée se termine, son premier réflexe est de consulter son téléphone et plus précisément ses mails. Et cette fois, il y a une réponse. Il n'écoute pas ses coéquipiers ni les gens autour et il s'assoit sur son banc. Il il lit attentivement les mots de cette femme qu'il ne connaît pas et pourtant qui a, à une époque, fait partie de sa vie et surtout de celle de sa mère.

AOMINE

En voyant son homme concentré sur son portable, il devine qu'il a dû obtenir une réponse de Kate. Son cœur bat un peu plus vite, il espère sincèrement pour Taiga que le retour soit positif. Il enfile ses fringues, prêt à partir en week-end quoi qu'il arrive. Il pose la main sur son épaule.

« Des bonnes nouvelles, love ?

— Ouais... Je crois. »

KAGAMI

Il se mordille la lèvre. En fait, il ne sait pas. Il ne sait plus... D'un coup, il est un peu nerveux à l'idée de rencontrer cette femme. Il regarde son homme et lui tend son téléphone pour le laisser lire.

Bonjour Taiga,

Je comprends ta démarche. Tu ne te souviens pas de moi. Pourtant, nous nous sommes rencontrés de nombreuses fois avec ta mère.

Je serais ravie de te revoir pour te parler d'elle. J'espère que tu me parleras aussi un peu de toi. Elle serait très fier de voir où tu en es aujourd'hui. Je n'ai évidemment pas manqué de voir ton nom apparaître à la NBA.

Je comprends que tu es avec un garçon, alors tu connais peut-être le 'Velvet' dans le quartier gay. On y allait parfois avec ta mère. On peut s'y rencontrer si tu le souhaites. Dis moi quand. Je me rendrai disponible. Contacte-moi par sms de préférence.

En espérant te rencontrer très vite,

Kate

Il est nerveux et à la fois... Il ressent comme une urgence. Comme un besoin de la voir maintenant, de mettre un visage sur un nom et d'avoir des réponses de connaître cette partie de la vie de sa mère qu'il ignore totalement. Il attend que son homme ait terminé sa lecture en rangeant ses affaires pour tromper un peu sa nervosité.

AOMINE

Il est soulagé en lisant le message. Cette femme est prête à rencontrer Taiga, elle a bien accueilli sa demande. Le Velvet ? Il se demande si Taiga y a déjà été. Et s'il va lui demander de l'y accompagner. Il n'a jamais été dans un bar gay, et cette inquiétude rejoint celles qu'il a eues plus tôt. S'ils se font griller dans un bar gay, ça précipitera les choses. Mais il chasse ces pensées, c'est loin d'être le plus important pour l'instant. Il redonne son portable à Taiga et lui sourit :

« Tu crois ? C'est sûr que c'est des bonnes nouvelles ! Elle a hâte de te voir !

— Ouais... Moi aussi... Mais j'suis nerveux aussi. »

Taiga joue nerveusement avec son téléphone.

« Tu crois... que je peux tenter de lui demander si elle dispo ce soir ?

— Bien sûr. Pourquoi pas ? Ça coûte rien de demander. »

KAGAMI

Il a rarement ressenti une telle nervosité. En fait, il ne saurait pas la décrire. Ce n'est pas l'appréhension d'avant un match, ce n'est pas la nervosité qu'il ressent quand il doit aller faire une conférence de presse... ça ressemble plus à celle d'un rendez-vous attendu depuis tellement longtemps qu'on a peur d'être déçu. Et pourtant, il n'a pas eu le temps d'y penser. Mais c'est un peu aller à la rencontre de sa mère, découvrir de nouvelles choses sur elles, il en a toujours été avide même s'il ne l'a jamais vraiment réalisé consciemment.

Ils ont rapidement souhaité un bon week-end à leurs collègues et une fois sur le parvis du gymnase. Il souffle, le cœur cognant trop fort dans sa poitrine et il regarde son homme.

« Ok... Je l'appelle. »

Il compose le numéro avant de changer d'avis et cale le combiné sur son oreille, alors qu'il caresse doucement le dos de la main de son homme de la sienne comme pour se rassurer. Une voix féminine lui répond aussitôt, sans hésitation elle prononce son prénom d'une voix douce et ça lui fait un peu chavirer le cœur. Il a une impression très étrange, d'une voix qui fait un lointain écho quelque part en lui et lui donne des frissons. Il prend la main de son homme dans la sienne et se reprend. Au moins elle a enregistré son numéro, il a pas besoin d'essayer de se présenter maladroitement.

« Oui... J'ai eu votre message...

— Je m'en doute, rit-elle doucement. Dis moi... Quand souhaites-tu qu'on se voit ?

— J'peux être au Velvet dans 20 minutes...

— Oh... Eh bien d'accord... C'est possible pour moi aussi.

— Ok... Merci.

— Pas de problème. À tout de suite Taiga.

— À tout de suite. »

Il raccroche. Toujours nerveux et surpris que ce soit aussi simple que ça. Et puis, il semble se rappeler de la présence de son homme et le regarde.

« Merci... »

Et puis il réalise, rougit et bafouille.

« Désolé... Je... J'ai un peu paniqué... ça t'embête pas que j'y aille maintenant et de rentrer tout seul ? Je sais qu'il est un peu tard pour demander... Mais j'peux la rappeler... Décommander... »

Le brun sourit en voyant sa confusion et presse de nouveau sa main sur son épaule.

« C'est bon, t'en fais pas. Préviens-moi juste si tu rentres tard pour que je m'inquiète pas. Tout ira bien. On se voit tout à l'heure.

— Thanks. Ouais je pense pas que j'en aurai pour la soirée... Mais ouais je te préviens de toute façon. Je te laisse ce taxi là... Je vais marcher pour aller là-bas... j'ai besoin de bouger... »

Il se mordille la lèvre.

« À tout à l'heure Love... »

AOMINE

Il hoche la tête et lui adresse un sourire encourageant.

« À tout à l'heure. »

Il n'aime pas le voir nerveux comme ça, mais il ne peut pas y faire grand-chose, et il est à peu près sûr que ça se passera bien de toute façon. Il se retourne et s'engouffre dans le taxi qui l'attend, faisant un dernier signe de la main à son homme avant que le taxi ne démarre. Il est un peu nerveux lui aussi. Il espère que cette rencontre apportera à Taiga ce qu'il cherche. Et d'un autre côté il est un peu inquiet qu'on le reconnaisse dans ce bar gay, même si c'est idiot. Comme a dit Jake, ça finira par se savoir. Il a besoin de s'y préparer, même s'il ne sait pas trop comment s'y prendre.

Pour commencer, il rentre chez lui, retire ses chaussures et s'ouvre une bière avant de s'installer dans le canapé. Il ouvre sa messagerie instantanée. Tetsu est connecté, alors ils discutent un peu et finalement il l'appelle. Il lui raconte sa semaine, son dîner avec Eisuke, leurs projets pour ce week-end, et bien sûr ils évoquent le match contre les Hornets, que Tetsu a regardé en rediffusion. Ça lui fait du bien de parler à son vieil ami. Depuis qu'ils se sont expliqués, ils arrivent à renouer leur ancienne complicité. Alors il parle aussi de sa discussion avec Jake ce midi.

« Tu ne dois pas avoir peur si vous êtes soutenus, lui dit Tetsu. Et d'après ce que tu me dis, c'est le cas. T'as bien compris que t'avais pas de quoi avoir honte, pas vrai ?

— Ouais... Et je suis... je suis fier d'être avec Taiga, mais... Faut quand même assumer. C'est pas simple. De pas être comme tout le monde.

— Aomine-kun, gay ou pas, t'as jamais été comme tout le monde. »

Il rigole un peu en entendant ça.

« Pas faux... Mais tu sais... J'ai pas envie d'avoir à m'expliquer... me justifier...

— Alors ne le fais pas. Rien ne t'y oblige. Ça changera ton image, ça c'est clair. Tu seras peut-être critiqué. Certains soutiens disparaîtront. Mais ça fera le tri. Tu n'as pas besoin des gens qui ne peuvent pas accepter que tu sois amoureux de Kagami-kun. »

Il hoche la tête, la gorge un peu nouée. Bien sûr Tetsu a raison. Mais ça fait toujours du bien de l'entendre.

« Il n'est pas là, d'ailleurs ? reprend Tetsu.

— Nan, il est parti boire un verre avec une certaine Kate... que sa mère fréquentait à l'époque.

— Ah... Il m'a parlé des révélations de son père. C'est bien qu'il la voie.

— C'est ce que je pense aussi... J'espère qu'il sera pas déçu, et que ça lui apportera des réponses...

— Moi aussi. Tu lui diras de me raconter.

— Ok. Et toi alors ? On a fait que parler de moi. »

Tetsu lui raconte alors sa vie d'étudiant, son stage qui se passe bien. Il lui décrit les dernières bêtises du chien qu'il avait acquis au lycée et dont il prend toujours soin, le faisant rire aux éclats. Et finalement il conclut :

« Satsuki et Kise-kun sont très impatients de venir. Ils ne parlent que de vous. »

Il rigole un peu.

« J'ai hâte de les voir aussi. Ça m'a fait plaisir de discuter avec toi, Tetsu.

— De même. Tu salueras Kagami-kun de ma part. »

Il le lui promet, et puis il raccroche, se sentant un peu soulagé et plus détendu d'avoir parlé au petit fantôme. Il s'ouvre une autre bière et se lance dans un jeu vidéo.

KAGAMI

Il marche d'un bon pas en espérant calmer sa nervosité mais ce n'est pas franchement efficace. Il arrive dans un quartier qu'il connaît bien, ça fait longtemps qu'il n'est pas venu y traîner, mais rien n'a vraiment changé. Ça lui fait un peu bizarre de revenir ici après tout ce temps. D'ailleurs la boutique de lingerie pour homme est juste un peu plus loin. Un jour peut-être il reviendra y faire un tour.

Il pousse la porte du Velvet. C'est encore calme à cette heure. Le serveur derrière le bar fait du rangement et ne l'a pas entendu entrer. Les salles de nuit ne sont pas encore ouvertes, pour l'instant on se croirait seulement dans un petit bar avec un peu trop de couleurs criardes et de paillettes.

« Bonsoir. »

L'homme se retourne avec un sourire.

« Bonsoi-... Tiger ?

— Oh... Julian?

— Hey! Ça fait un bail !

— Ouais. Tu bosses ici maintenant ?

— J'y passais déjà toutes mes nuits ! Autant que ça me rapporte !

— Pas faux.

— Tu vas bien ? Je pensais pas... Te voir ici... Enfin je veux dire... T'es un peu connu maintenant... Tu assures d'ailleurs.

— Hm... Ouais... J'ai rendez-vous avec quelqu'un... J'ai pas pensé à ça. On va essayer de rester discret.

— Oui bien sûr ! Alors il est comment ?

— Qu-quoi ?

— Ben le mec que tu dois rencontrer.

— Oh non... Non c'est une personne que je connais de longues dates que je voulais revoir. C'est une photographe... Kate.

— Tu connais Kate ? OK. Elle n'est pas encore arrivée. Tu prends un truc en attendant ?

— Ouais... Je veux bien une bière s'il te plaît.

— Brune ?

— Toujours.

— Je t'amène ça en haut. Vous serez mieux pour discuter.

— Merci. »

Taiga prend l'escalier et monte pour se retrouver dans une salle vitrée qui donne sur une grande piste de danse. Il choisit une table et s'installe sur l'une des banquettes. Il y a un groupe à l'opposé de trois jeunes femmes qui discutent en riant. C'est encore très tranquille à cette heure là. Julian arrive bientôt avec sa bière. Il le remercie et commence à boire. Il regarde son téléphone. Il a cinq minutes d'avance. Il est un peu nerveux. Il hésite à envoyer un message à son homme mais pour lui dire quoi ? Qu'il flippe ? Il s'en est rendu compte… Il commence quand même à pianoter quand une voix féminine l'interpelle.

« Taiga ? »

Il se redresse et repose son téléphone. Son cœur fait un bond dans sa poitrine. Il pose son regard rubis sur une femme brune grande et mince, les cheveux ramenés en un chignon lâche, une robe longue rouge bordeaux sur laquelle elle porte un débardeur trop large noué autour de la taille pour le plaquer au corps de couleur vert sombre, un style très hippie. Elle fait jeune, mais on devine son âge à quelques rides sur son visage. Il se lève un peu impressionné. Ses yeux verts sont doux et familiers.

« Kate… B-bonjour… »

Il la salue à la japonaise ça la fait sourire.

« Ne sois pas aussi formel ! On s'assoit ? Julian me disait vous vous connaissez ?

— Oh… oui. On a le même âge et on allait à la même fac quand on s'est rencontré dans le coin… Ce n'est pas un ami proche mais disons qu'on se comprenait sur certain truc et on se donnait des alibis.

— Je vois ! »

Julian revient justement avec un verre de martini pour Kate et repart.

« Bien Taiga. Je suis vraiment contente de te voir. Je t'écoute… Qu'aimerais-tu savoir ?

— Pleins de trucs… Et rien de précis… Je sais pas trop en fait. Je… On se voyait souvent ?

— Oui… Une fois par semaine. Ta mère ne pouvait pas se passer de toi alors quand on se voyait tu l'accompagnais souvent.

— J'ai l'impression de me souvenir de vous mais c'est très flou.

— Tu étais petit… Et puis… Le décès tragique de ta mère… Il y a sûrement beaucoup de choses que tu as occultées.

— Possible… Vous faisiez quoi quand vous vous voyiez ?

— On aimait sortir parcourir la ville et les alentours, partir à l'aventure… Je suis photographe et ta mère et toi vous m'avez énormément inspirée.

— J'ai vu des photos de vous chez mon père… Il y en a d'autres ?

— Énormément. Certaines que je peux te montrer d'autres non…

— Comment ça ?

— Je fais beaucoup de photos de nus, érotisme, sensualité… Enfin sauf si voir des photos de ta mère nue…

— Nan ! Sans façon… Juste les photos classiques. »

Elle rit et ce rire fait encore une fois écho en lui, il a presque l'impression d'entendre le rire de sa mère se superposer au sien.

« Ce serait avec plaisir. Je vous ai beaucoup photographié tous les deux… Et il y a plusieurs photos que j'espérais pouvoir te donner un jour… »

Ils discutent longuement, elle lui raconte des anecdotes des choses qu'il a vécues avec elle et sa mère. Ce que sa mère aimait faire, où elle aimait sortir. Ces endroits que son père ne connaissait pas vraiment parce qu'il n'est pas de ce monde-là. Il réalise qu'il a beaucoup en commun avec cette femme, tout ce quartier où elle vit et qu'il a beaucoup fréquenté. Sa mère y passait énormément de temps et c'était un univers totalement étranger à son père. Il a envie de découvrir ce que sa mère aimait, les lieux qu'elles ont visités ensemble et où souvent il les accompagnait. Kate rit beaucoup, d'un rire chaleureux et à présent il en est certain il se souvient de ce rire.

« T'inquiète… On ne t'a jamais emmené ici au Velvet, même si on aimait y sortir toutes les deux. »

Il rit doucement. Elle lui pose à son tour des questions sur sa vie et il lui répond sans hésiter. Il lui parle de son parcours, de son séjour au Japon, de la NBA, de son homosexualité, de Daiki. Il se sent vraiment à l'aise avec elle, son inconscient se souvient de son parfum, de son regard et de son rire et il se sent bien. Elle se mélange aux souvenirs de sa mère et ça l'aide à se sentir vraiment rassuré en sécurité. Il ne fait pas attention à l'heure. Mais son estomac lui indique qu'il doit commencer à être tard. Julian est déjà revenu deux fois leurs apportés d'autres boissons.

« Je n'ai pas mangé ce soir… Et j'avoue que je commence à avoir faim.

— Tu veux qu'on prenne un truc ?

— Une autre fois peut-être… Et je te présenterai Daiki… Si tu veux bien.

— Ce serait avec plaisir.

— Si je rentre pas lui faire à manger j'parie qu'il va se nourrir que de bière toute la soirée. Et j'ai envie de le voir.

— Pas de problème.

— J'ai quand même une dernière question…

— Hm… Je t'écoute.

— Les photos qu'il y a chez mon père… Elles ont été prises où ?

— Oh… Hm… C'était une petite crique au Sud de Los Angeles relativement difficile d'accès… Tu peux y descendre par la route mais le plus simple est de s'y rendre en bateau… Enfin un sportif comme toi devrait pouvoir y descendre sans trop de problème. Nous y sommes allés en repérage… J'aime ce genre de lieu isolé pour faire des photos de nus dans la nature…

— Tu pourrais me dire comment m'y rendre ?

— Oui bien-sûr. Attends-je t'envoie les coordonnées GPS. »

Elle pianote sur son téléphone.

« Voilà !

— Merci Kate.

— De rien Taiga. »

Ils se lèvent et redescendent en discutant encore un peu, ils se quittent devant le bar. Il la remercie encore et promet de la revoir bientôt puis il monte dans un taxi et envoie un message à son homme.

[Kagami – 21h07]

Je rentre love. J'ai la dalle. Tu as mangé ? Je prends un truc à emporter ? Je t'aime.

AOMINE

Il interrompt sa partie de Skyrim quand il entend son portable vibrer. Il attendait son message avec impatience, parce qu'il commençait à se faire tard et qu'il avait déjà dû lutter pour réprimer son envie de lui envoyer un texto.

[Aomine - 21h08]

Hey love, nan pas encore mangé, tu peux prendre un truc sur la route si tu veux, sinon on appelle Kyle. Je t'aime aussi.

[Kagami — 21h09]

Kyle bonne idée. Je te laisse l'appeler ? Prends-moi trois pizzas. Ce que tu veux. J'ai trop la dalle ! Tu me manques. Ça va toi ?

[Aomine - 21h09]

Yes ça va :) Bien noté la commande. À tout de suite.

Il enchaîne en appelant son pizzaïolo préféré et passe la commande, puis il se réinstalle devant son jeu en attendant son homme.

KAGAMI

Il monte les marches quatre à quatre et sort sa clé pour ouvrir la porte. Il entre pose son sac dans l'entrée, retire rapidement ses chaussures et rejoint le salon.

« Hey love ! J'ai une super nouvelle ! »

Le brun tourne la tête vers lui.

« Really ? Raconte. »

Il se penche sur son homme pour embrasser tendrement ses lèvres qui lui ont trop manquées et il s'écarte en souriant.

« J'ai les coordonnées de notre crique ! »

Daiki s'illumine.

« C'est vrai ?! Génial ! C'est loin ? On peut y aller ce week-end ?

— Pas loin du tout. On peut y aller sans problème ce week-end. On a encore la voiture de mon père et il en n'a pas besoin !

— Super. J'ai hâte. »

Daiki pose sa manette et se lève pour l'enlacer.

« Merci love. Et sinon ça a été ? »

Il enroule ses bras autour de son homme et pique un baiser sur ses lèvres.

« Très bien. Kate est très sympa... Et en fait... Ce qui est étrange c'est que je le savais déjà... Juste que je m'en souviens pas vraiment. Mais... Je l'ai vue souvent quand j'étais gamin avec ma mère. Elle est photographe de nu... Alors des endroits insolites discrets... Elle en connaît plein. J'suis sûr qu'elle aura d'autres bons plans que cette crique à nous donner. »

Il sourit et embrasse son cou.

« J'ai appris plein de trucs sur ma mère... En fait, elle vivait un peu entre deux mondes... Et elle a beaucoup fréquenté les quartiers gays de LA. Alors sans le savoir j'marche un peu sur ses traces... Kate m'a cité plein de lieux que ma mère adoraient en ville ou en dehors... Des endroits qu'on pourrait aller voir si tu es d'accord... Et puis... J'aimerais te la présenter aussi si tu veux bien. »

AOMINE

Il intègre toutes ces informations, il semble qu'ils ont eu une conversation riche et que Taiga a pu trouver certaines de ses réponses.

« Ok... Je suis content que ce se soit bien passé. C'est super si tout ça peut te relier à ta mère... te permettre de mieux la connaître... Et ouais, on ira voir tous ces endroits si tu veux. Et tu me la présenteras. »

Taiga l'embrasse encore, un peu euphorique de cette rencontre. Il le serre tendrement contre lui et mordille son cou.

« Et toi love ? Ça va ? »

Il caresse doucement son dos.

« Ouais. J'ai appelé Tetsu tout à l'heure. Il te passe le bonjour.

— Oh cool. Faudra que je l'appelle aussi. Il va bien ?

— Ouais, il va bien. Son stage se passe bien, il est content.

— Bonne nouvelle. J'suis content pour lui. »

Taiga grignote encore un peu son cou et inspire son odeur en le serrant plus fort contre lui.

« Hm... Tu sais que j't'aime toi ? »

Il rigole.

« Ouais. J'avais cru remarquer ça.

— Ah bah tant mieux. C'est bien si tu le sais... Parce que c'est super important !

— Baka... »

Il l'embrasse doucement et puis comme l'interphone sonne, il va ouvrir pour réceptionner les pizzas. Il les récupère et revient les poser sur la table basse.

« À la bouffe !

— Ah ouais il fait trop faim ! »

Taiga sort deux bières pour accompagner le repas et il s'attaque sans attendre à sa première pizza.

« Hm... ça fait du bien de manger ! »

Il se marre un peu.

« Ouais, c'est ce que tu dis toujours. D'autant que là, ça commence à faire tard pour toi !

— Oui clairement... Surtout que j'étais super nerveux... J'aurai bien mangé les trois pizzas avant de la voir.

— Ouais j'imagine... Mais tu vois finalement y avait pas de raison de stresser.

— Nan... C'est vrai. J'suis content que ça se soit bien passé... Mais j'avais pas vraiment peur que ça se passe mal... juste j'sais pas je crois que j'avais peur de mettre beaucoup d'espoir dans cette rencontre et d'être déçu tu vois.

— Ouais je vois... J'suis vraiment content que ça ait pas été le cas. C'était une bonne initiative de la contacter, et pas seulement pour notre crique.

— Ouais. ça c'est le bonus... Et visiblement pourrait y en avoir d'autres des bonus. »

Taiga sourit et le regarde. Puis il vient glisser sa main sur sa nuque.

« Sûr que ça va toi love ?

— Hm yeah... un peu préoccupé mais ça va... »

KAGAMI

Il n'avait pas rêvé. Il sentait bien son homme un peu distant. Content pour lui, mais avec cette impression qu'un truc le retient comme une chaîne et qu'il ne peut pas être totalement content. Pourtant, cette crique ils la voulaient tous les deux, rien que cette nouvelle à elle seule aurait dû suffir à lui donner un vrai sourire.

« Qu'est ce qui te préoccupes ?

— Ben c'est... C'est la conférence de presse qui m'a fait penser à ça... C'est pour ça que j'voulais parler à Jake ce midi... J'me demandais... comment on devait gérer les choses si les journalistes savaient pour nous.

— Ok... Et Jake a répondu quoi ? »

Il continue à masser doucement sa nuque. Mais il est un peu nerveux, en se demandant à quelle conclusion son homme a pu arriver. Parce qu'il a pas l'intention de déménager de nouveau et le fait qu'ils vivent ensemble va vite se savoir.

Daiki boit une gorgée de bière et regarde la bouteille qu'il fait tourner entre ses mains.

« Il a dit que c'était à nous de voir comment le gérer. Toutes les solutions lui conviennent, bref il nous laisse carte blanche.

— Ok... Et toi ? Tu en penses quoi ?

— J'ai peur qu'on me pose la question... Mais j'suis pas à l'aise non plus de faire une annonce... Mais j'ai pas non plus envie de nier ou de me cacher...

— Je suis pas à l'aise avec la conférence de presse de manière générale... Mais si y'a une question sur laquelle j'me sens parfaitement ok pour répondre... C'est celle-là... Je peux gérer ça si tu veux. Si on nous demande si on est ensemble... J'serai honnête. Oui nous sommes en couple et nous vivons ensemble. Le reste... ça nous appartient.

— Ouais... J'me doutais que ça te poserait pas de problème. J'suppose... que je te laisserai répondre alors.

— Ok... »

Il s'est arrêté de manger et il ne lâche pas la nuque de son homme et glisse sa main dans la sienne.

« Si c'est ce que tu veux mais... Tu as pas l'air... sûr de toi...

— J'ai peur Taiga, voilà, c'est tout ! On n'a pas eu la même vie. J'suis pas aussi courageux que toi. Pour moi c'est pas naturel ni facile ni rien du tout de dire que j'suis gay. Alors j'ai beau être fier de toi, de nous... C'est quand même dur et j'ai quand même peur.

— Ok... Excuse moi... J'voulais juste être sûr... »

Il relâche la main de son homme pour se masser la nuque. Non effectivement, ils n'ont pas eu la même vie. Plus courageux ? Non il ne croit pas, mais le débat serait stérile ce soir.

« Tu te trompes... C'est pas facile pour moi non plus de dire que je suis gay... Sinon... Je l'aurai dis plus tôt... Et j'ai toujours peur... J'crois que j'aurai peur toute ma vie... Mais aujourd'hui je suis trop en colère pour laisser la peur m'empêcher de parler... Alors je parlerai pour nous deux...

— En colère... Pourquoi ? De devoir te cacher ? D'être méprisé par certaines personnes ?

— Ouais... En colère contre tous ceux qui nous ont obligé à nous taire, tous ceux qui jugent, qui estiment que c'est contre nature et... Parce que justement... À cause de ça de notre société... Je sais que j'aurai toujours peur...

— Alright... Je vois... »

Daiki reprend de la bière, sourcils froncés, apparemment plongé dans la réflexion. Taiga reste silencieux et se rabat que sa pizza en laissant son homme réfléchir. Il ne sait pas quoi dire d'autres. Il espère que la perspective de cette conférence de presse ne va pas leur gâcher le week-end.

AOMINE

Il se sent comme un nul et définitivement pas à la hauteur, même si bien sûr ça n'aurait pas aidé que Taiga panique aussi. Il espère qu'il va pouvoir parvenir au même point que lui. Pouvoir vraiment être en colère, contre autre chose que lui-même. Ouais, peut-être que ça aiderait.

Il termine sa bière.

« T'as envie de faire un truc en particulier ce soir, love ?

— Non. On peut se mater un truc si tu veux ou tu peux reprendre ta partie. »

Taiga avale rapidement ses derniers morceaux de pizza et se relève pour débarrasser les cartons vides.

« Tu veux une autre bière ?

— Ouais, s'te plaît. Bon j'reprends un peu ma partie tu me dis si ça te soûle… »

Il attrape sa manette et relance le jeu qui était resté en pause en plein combat avec un dragon.

KAGAMI

Il prend deux bières dans le frigo. Il prend un peu son temps, parce que cette discussion a réveillé cette colère qu'il a expliquée à son homme... Et il sent que son homme est perturbé et il se sent terriblement impuissant... Et ça ne fait qu'accentuer cette colère parce que c'est à cause de toutes ces conneries que son homme est flippé. Il respire calmement du moins il essaie, il décapsule les bières et revient auprès de Daiki. Il pose une bière pour lui sur la table et garde la sienne à la main. Il s'assoit et revient glisser sa main sur sa nuque et son dos en le regardant jouer.

AOMINE

La main de Taiga l'aide à se détendre doucement. Il a toujours le ventre noué et essaie de penser à autre chose en se plongeant dans sa partie. Les jeux vidéo l'ont toujours aidé si ce n'est à gérer l'anxiété, à la noyer pendant quelques heures. Pendant qu'il joue, tout son esprit est focalisé sur l'écran, aucune pensée qui n'y est pas relative ne vient le perturber. Ruminer ne sert à rien mais sans distraction, il ne parvient pas à arrêter les pensées négatives qui s'enchaînent et tournent sur elles-mêmes. Alors il s'offre ce petit luxe en espérant que ça suffise à l'apaiser à peu près, et ne fait de pause que pour boire un peu de bière.

KAGAMI

Il fait quelques commentaires de temps en temps. Il se moque de Daiki quand il se plante, lui rappelle qu'il a oublié tel ou tel objet sur son passage ou encore il le prévient quand il n'a pas remarqué un adversaire sournois. Il sirote sa bière et essaie de se perdre aussi dans ce qui se passe à l'écran. L'euphorie de son début de soirée est retombée comme un soufflé et le laisse un peu vide. Quand les bières sont finies, il va en chercher deux autres et il se colle un peu plus à Daiki, profitant qu'il se soit avancé sur le canapé pour se concentrer sur un passage délicat, il se glisse derrière lui. Il l'enlace et caresse distraitement son ventre sous son t-shirt et embrasse sa nuque.

Il espère que demain Daiki n'y pensera plus... Il espère que lui-même n'y pensera plus. Il sait que c'est beaucoup demander qu'ils soient tous les deux dans les dispositions parfaites pour aller voir cette crique. Mais il y a trop d'enjeux, ils ont mis trop de choses dans cette plage pour y aller en ayant quelque chose qui pèse sur leurs cœurs. Il réalise avec ses pensées qu'il a fait une erreur en préméditant trop ce qu'il attend de cette crique. Comme pour la rencontre avec Kate... Il attend beaucoup de choses de cette balade avec son homme et il a peur d'être déçu. Sans compter que c'est pas dans cet état d'esprit qu'ils vont érotiser la planète.

« Ça fait trois fois que tu tombes de cette falaise love ? »

Daiki mène un combat compliqué au bord d'un précipice et n'arrête pas de se vautrer. Ça le fait rire, Daiki proteste mais il peut dire tout ce qu'il veut c'est un fait.

Il ferme quelques instants les yeux et se traite d'idiot. Il se sent con, il n'y a rien à anticiper, il doit apprendre à vivre au jour le jour avec Daiki et ne pas se faire des plans sur la comète comme on dit. Il doit juste se laisser vivre et Daiki aussi. Lui il est trop optimiste et son homme trop pessimiste, l'un comme l'autre ils anticipent trop l'avenir alors qu'on ne peut jamais savoir de quoi demain sera fait. Ce week-end ils vont aller se promener tous les deux, dans un lieu isolé, juste eux deux et découvrir un endroit que sa mère aimait bien. Peut être qu'ils s'y sentiront bien et resteront un peu, peut être pas et dans ce cas ils n'auront qu'à rentrer. S'ils aiment cet endroit, peut-être qu'ils pourront y retourner et s'y marier ? Non même ça il ne veut pas trop y penser, c'est encore une fois voir trop loin, anticiper trop de choses. La seule chose qu'il doit anticiper c'est qu'il veut aimer ce mec toute sa vie et ça c'est tout ce qui compte.

Il sourit doucement, un peu niaisement et presse encore ses lèvres sur sa nuque parce qu'il aime bien la conclusion de ses pensées. Il aime Daiki et compte bien l'aimer toute sa vie, le reste n'a pas d'importance tant qu'il est avec lui et qu'ils sont heureux.

AOMINE

Il se détend au fur et à mesure de la soirée, il aime bien jouer avec Taiga qui commente ses actions, même s'il se moque de lui aussi ! Sa présence tout près de lui le réconforte, ses lèvres qui se posent sur sa nuque. Il a besoin de ce genre de moment pour relativiser et prendre du recul, et ainsi mieux gérer ses émotions. Avoir des émotions intenses, c'est autant une force qu'une faiblesse. Pour rien au monde il n'aimerait moins ressentir. Il a déjà vécu sans émotions, il avait l'impression d'être mort. Non, il veut vivre intensément. Mais le chaos que ça engendre le dépasse parfois.

Il ne sait pas comment ils vont gérer la situation à l'avenir, mais il sait qu'ils le feront à deux. Même si parfois il ne se sent pas à la hauteur, même si quand il se sent menacé ou pris en défaut il a tendance à retomber dans de vieux travers, tout ça, il peut le surmonter. Mais petit à petit, un moment après l'autre, une journée après l'autre.

Il parvient enfin à se sortir de ce combat sur la falaise en utilisant un cri draconique qui envoie valser ses adversaires par-dessus bord.

« Ha ! Qui est-ce qui tombe de la falaise maintenant, hein ?!

— Oh bravo ! Mon héro ! »

Taiga rigole en picorant sa nuque de baiser.

« Parfaitement que je suis un héro ! J'ai sauvé le monde ! Bon, et tué des centaines de personnes et dépeuplé les environs de la faune locale aussi mais bon... ici les ours et les bandits se reproduisent à un taux surréaliste. »

Cette remarque fait encore une fois rire son homme qui manque de s'étouffer avec le reste de sa bière. Taiga repose sa bière vide en toussant un peu.

« Rahh ! Me fait pas rire quand je bois ! »

Il sourit.

« Content que tu sois réceptif à mon humour, love. »

Il se fait tard et il finit par poser sa manette en bâillant.

« Bon... Toutes ces bières et tous ces dragons ça m'a crevé... »

Les lèvres de Taiga se pressent encore sur sa nuque, puis il desserre son étreinte sa main ressort de là où elle s'était nichée sous son t-shirt et le lisse doucement et il se relève en s'étirant.

« Alors je crois qu'il est l'heure d'aller se coucher ! »

Après un passage rapide par la salle de bain, il se déshabille et se glisse sous la couette, pensant bien à désactiver son alarme pour ne pas être inutilement réveillé le lendemain matin. Une longue nuit de sommeil lui fera certainement du bien. Il laisse la lampe de chevet allumée et attend son homme.

Taiga le rejoint peu de temps après lui aussi après un passage par la salle de bain. Il abandonne son téléphone à côté du lit et entrouvre légèrement la fenêtre avant de le rejoindre sous la couette et de se blottir contre lui en embrassant son cou avec ravissement.

« Bonne nuit love... »

Il caresse son bras et mêle ses doigts aux siens.

« Bonne nuit... »

Il ferme les yeux et se laisse bercer par la respiration de son homme. Il ne pense plus à grand-chose, la fatigue et l'alcool ont envahi son esprit et il ne met pas longtemps à sombrer dans le sommeil.

KAGAMI

Il ne s'endort pas tout de suite. Et il se remet à penser de travers et ça le fatigue. Il rallume une légère lumière et attrape le livre qu'il a laissé à côté du lit. En caressant distraitement les épaules et la nuque de son homme, il se plonge dans sa lecture jusqu'à sentir la fatigue le rattraper peu avant une heure du matin.