Hello !

Et voici le nouveau chapitre riche en action, enjoy !

Stella : Taiga, vengé ? Affaire à suivre... :)


AOMINE

Ils remontent le couloir et entrent sur le terrain pour commencer l'entraînement alors que le stade se remplit peu à peu. Il jette un œil alentour mais ne fait pas trop attention au public. Pour l'heure, il doit se concentrer et bien s'échauffer. Il veut mettre toutes les chances de son côté et optimiser sa performance de ce soir. Et c'est bien parti, parce qu'il se sent très en forme. Il faut dire que le week-end a été parfait et qu'il a repris la semaine remonté à bloc.

Il garde un œil sur Taiga pendant l'échauffement, puis quand ils regagnent les vestiaires pour le dernier brief avant le match, il pose une main sur sa cuisse en écoutant le coach.

La jambe de Taiga se fige et il glisse sa main sur la sienne. Il mêle leurs doigts et presse doucement sa main. Son regard reste rivé sur le coach, visiblement tendu et concentré. Ils n'ont croisé que quelques-uns de ses anciens coéquipiers qui l'ont superbement ignoré.

Cette fois, aucun d'entre eux ne va rentrer sur le terrain d'entrée de jeu, et ça, ça le contrarie. Il a horreur de devoir rester sur le banc. Enfin, de cette manière, il pourra au moins prendre la température de match. Mais pour Taiga, ça risque d'être dur... Il espère que le coach ne tardera pas à le faire jouer. Taiga en a besoin pour se débarrasser de son stress.

Le brief terminé, ils se préparent à entrer sur le terrain. En remontant le couloir, il entend la rumeur des supporters gronder dans les gradins au-dessus de leurs têtes. C'est toujours aussi impressionnant, mais c'est aussi très motivant. Il a envie d'en mettre plein les yeux aux fans qui ont fait le déplacement, et même de convaincre les fans des Knicks qu'ils se sont trompés de club favori.

KAGAMI

Il est plus que nerveux. Il aurait vraiment aimé être dans les cinq de départ sur le terrain. Ils entrent sur le parquet et la sensation familière de l'adrénaline réchauffe ses veines. Il regarde autour de lui et cherche les supporters des Lakers. Ils sont présents et plus nombreux que d'habitude, ils sont bien loin de chez eux et ça lui donne un coup de fouet. Il salue les adversaires. Certains lui adressent un sourire amical, mais la plupart le regardent soit avec indifférence, soit avec dégoût. Il n'est pas tellement étonné. Il ne s'en émeut pas. Lewis passe un bras protecteur autour de ses épaules, tel le grand frère qui viendrait protéger son cadet. Jake entraîne Daiki sur le banc. Ils craignent sûrement que l'un d'eux face un faux-pas.

Il rejoint le banc lui aussi en remerciant Lewis pour son soutien et il s'installe à côté de Daiki. Plus nerveux que d'habitude, il a envie, besoin de fouler le parquet. Jouer pour se calmer, pour ne plus penser à rien et juste libérer sa colère et sa frustration. Les affronter. Il veut en découdre. Il veut leur prouver ce qu'il vaut, même s'il sait que ce n'est pas tant sur son jeu qu'ils le jugent aujourd'hui que sur sa sexualité. Et contre ça il ne peut rien faire, rien prouver que de continuer à avancer la tête haute sans honte. Et c'est bien ce qu'il compte faire.

Sa jambe bouge nerveusement. Il essaie de se calmer en se concentrant sur la chaleur de son homme à côté de lui, dont la cuisse touche la sienne. L'entre deux donne l'avantage aux Knicks qui mettent un premier panier particulièrement réussi. Il n'est pas étonné c'est une des marques de fabrique de l'équipe. Et il pense fugitivement que le scorer de l'équipe Van Reynolds n'est autre que celui qui a relancé les rumeurs sur twitter. Ce mec l'a toujours détesté et c'était réciproque. Mais bordel qu'est ce qu'il est canon et sur le terrain il est toujours aussi sexy. Même s'il n'arrive pas à la cheville de son homme, ça l'amuse presque de se dire que Van serait encore plus dégoûté de savoir qu'il s'est souvent permis de le mater et de fantasmer sur lui.

AOMINE

Sourcils froncés, visage fermé, il est concentré sur le match. Il analyse les joueurs un par un, son cerveau se mettant déjà à fonctionner à 100 à l'heure pour construire des stratégies pour les contrer. Mais il sait qu'au final, ce sera l'instinct qui l'emportera, l'immédiateté du parquet balayant bien souvent les certitudes les plus ancrées. Alors il prend son mal en patience, pressant sa jambe contre celle de son homme pour lui rappeler sa présence. Le match commence de façon relativement équilibrée, les Lakers laissant sentir leur détermination à leurs adversaires. Ils ne ploieront pas, ils ne cèderont rien. Ils sont sur une pente ascendante, en confiance, mais toujours prudents. La recette de la victoire. Mais tout ça manque un peu de piment quand même pour Daiki, qui a envie d'aller mettre le feu et accélérer le jeu. Il a toujours adoré les matchs spectaculaires, admiré les actions improbables, les duos capables de renverser le cours d'un match. Bref, des joueurs qui le faisaient rêver en repoussant les limites du basket standard. Il caressait l'espoir de, peut-être, devenir l'un d'entre eux, et depuis quelque temps ce rêve se rapproche. Il a envie, ce soir, de le rendre un peu plus réel encore.

Taiga semble un peu inquiet :

« Ça reste équilibré... Les gars s'en sortent bien... Mais Van et Roy ne sont pas encore sur le terrain... C'est pas habituel qu'ils ne les fassent pas entrer dès le départ pour marquer un gros coup... »

KAGAMI

Bien sûr c'est fréquent de vouloir changer les stratégies pour surprendre l'ennemi, néanmoins il se souvient très bien de ce qui se passait dans les vestiaires et des debriefs avec le coach. Van et Roy sont les stars et ça faisait partie de leurs caprices d'être les premiers sur le terrain. Il regarde le banc, son regard croise celui de Roy et il réalise.

« Fuck... Ils attendent qu'on entre... »

AOMINE

Il observe les joueurs dont parle Taiga. Leur duo vaut-il le leur ? En tout cas, ils ont l'air de ronger leur frein aussi. Il jette un coup d'œil au coach, qui semble hésitant.

« Vaut peut-être mieux pas attendre la fin du match pour voir si on peut gérer ces deux-là , fait-il remarquer.

— J'espérais vous éviter une confrontation directe trop vite. Mais Taiga a raison... Ils se réservent pour vous affronter. »

Le coach se tourne vers Taiga et le regarde.

« Un truc à régler avec eux ?

— En dehors du tweet très sympathique de Van ?

— Oui.

— Non... Pas à ma connaissance. Mais je les ai jamais appréciés.

— Ils ont l'air de t'en vouloir...

— Parce qu'ils savent qu'on va les défoncer. »

Le coach le regarde de nouveau et finalement hoche doucement la tête.

« Ok. Préparez vous... »

Il contracte les mâchoires. Se préparer ? Il est déjà prêt. Ses jambes fourmillent, et il n'attend plus que le signal du coach. Il jette un coup d'œil à Taiga et lui sourit.

« T'as raison, on va les défoncer. »

KAGAMI

Ils se relèvent et font quelques étirements en attendant sur le bord du terrain. Enfin le coach leur fait signe d'entrer en jeu. Il croise le regard de son homme et ils rejoignent leurs places sur le terrain auprès de Jake, Simon et Harry. La rumeur du public lui semble soudain moins lointaine. Il a l'impression de prendre soudain un shoot d'adrénaline, il sent le fourmillement de l'excitation sous son épiderme, jusqu'à l'extrémité de ses doigts. Son cœur s'accélère. Et... Il se sent bien. Enfin. Dans son élément, c'est sur le terrain que tout se joue, sur le terrain qu'il s'exprime le mieux, sur le terrain qu'il veut prouver qui il est.

Il se met en position et laisse le calme l'envahir, aiguiser ses sensations et ses réflexes. Il intercepte une balle, il est déjà dans le jeu. L'instinct prend déjà le dessus. Il dribble et fait passer la balle vers Jake très vite. C'est fluide, facile. Il se faufile entre les joueurs, récupère de nouveau la balle pour la servir presque aussitôt à Daiki, qu'il n'a comme à son habitude pas besoin de regarder pour savoir précisément où il se trouve sur le terrain. Alors que son homme récupère sa passe, il voit du coin de l'œil Van et Roy entrer eux aussi dans le match.

AOMINE

Il fonce vers le panier et marque ses premiers points en accomplissant un bond spectaculaire digne de la détente légendaire de son homme. Il retombe souplement sur ses pieds et remarque les nouveaux venus. Leurs yeux brillent d'un éclat dur, prédateur. Il se replace sur le terrain et les surveille du coin de l'œil, mais sans non plus leur accorder une attention démesurée. Il suit la remise en jeu et se déplace sur le côté du terrain, guettant une opportunité, restant sur la réserve dans l'optique de se faire un peu oublier et de laisser les autres prendre la confiance. Puis, il profite d'un léger moment de flottement pour foncer et intercepter une passe décisive. Il renvoie le ballon sur une passe haute et longue à Simon qui est resté près du panier adverse, et qui marque des points quasiment offerts. Il sourit, satisfait de la manœuvre.

KAGAMI

Il n'est pas tellement surpris de voir que Roy vient le marquer. Il ne se laisse pas déconcentrer par ses tentatives de le perturber. Il patiente pour lui échapper dès que ce sera possible. Roy n'a jamais pris le temps d'étudier son jeu, il n'a jamais envisagé qu'il puisse être un rival à la hauteur et il le voit dans son regard qu'il ne le considère pas à sa juste valeur. Il ne s'en émeut pas. Ce genre de gars se considère toujours meilleur que tout le monde. Certes il a de quoi se vanter. Roy est vraiment un très bon joueur. Le problème c'est qu'il le sait et ne se remet jamais en question. Mais aujourd'hui, il compte bien lui prouver qu'il n'est pas le meilleur sur ce terrain. Le frisson de la compétition le booste. Il bouge souplement sur le parquet, attend le bon moment et échappe à Roy pour réceptionner une belle passe de Jake. Il pivote pour éviter Van et dans une position improbable il fait la passe à Daiki parfaitement bien placé pour marquer.

AOMINE

Il saisit la balle au vol alors qu'il a déjà décollé pour un dunk puissant qui ébranle la structure métallique. Ce ne sont encore que les premières minutes sur le terrain, il jauge les nouveaux arrivés, et ces derniers font de même. Mais quand ça va accélérer, ça risque de faire mal. Jake bloque un attaquant qui se retrouve isolé, il en profite pour intercepter le ballon et pique un sprint tout en esquivant souplement les joueurs sur sa route, mais ne se risque pas au tir. Il jette un coup d'œil au chrono. Il ne reste qu'une poignée de secondes avant la fin du premier quart temps, et c'est largement assez pour marquer, ou au contraire perdre le ballon et encaisser un panier. Il feinte vers la droite et fait une passe vers l'arrière en sentant Taiga se rapprocher.

KAGAMI

Il récupère la balle. Roy ne l'a pas vu s'extirper une nouvelle fois de son marquage, trop absorbé par l'action de Daiki. Il se faufile entre les joueurs qui ne s'attendaient pas à cette passe, profite des quelques secondes que la surprise lui accorde. Il saute, le défenseur jure. Évidemment, il sait qu'il n'a aucune chance face à lui et à ses sauts exceptionnels. Sans effort, il fait entrer le ballon dans l'anneau. Il se réceptionne en douceur et ne s'attarde pas prêt pour la contre offensive, mais le buzzer sonne.

Il est un peu frustré, il n'a eu que le temps d'avoir un avant-goût. Il espère être sur le terrain dès le début du deuxième quart temps. Il croise le regard de Roy qui fulmine, il ne peut s'empêcher de lui adresser un sourire satisfait. Ce n'est pas dans ses habitudes de narguer ses adversaires, mais Roy et Van lui en ont beaucoup trop fait baver pour ne pas en ressortir une petite victoire.

AOMINE

Ils regagnent le banc pour débriefer et se désaltérer un peu. Il a remarqué la tension entre Taiga et les deux "stars" des Knicks, mais vu que son homme a pris le dessus. Sa nervosité a disparu, laissant place à une féroce envie d'en découdre, et ça lui fait plaisir.

« Bon au moins maintenant, ils savent qu'on rigole pas... J'me demande ce qu'ils nous réservent ! Pour l'instant c'est mou ! »

Il rigole et vide une moitié de bouteille d'eau, déjà en sueur.

« Ça ne va pas rester mou longtemps... Ils vont commencer à jouer leur duo de l'enfer. On a eu peut-être l'impression de les surpasser un peu... Mais ils n'ont pas encore mis en action leur vrai jeu... Mais... On n'a pas encore montré le nôtre non plus. Ça va être serré. »

Jake hoche la tête et adresse un sourire et un regard plein de fierté à Taiga.

« Surtout que Roy n'a pas vraiment apprécié ta petite entourloupe de tout à l'heure pour lui filer entre les doigts.

— En tout cas moi j'ai hâte qu'ils s'y mettent sérieusement, affirme Daiki en s'essuyant dans sa serviette. La tension à là Il Était Une Fois dans l'Ouest, ça me plaît, mais passer à l'action, c'est encore mieux !

— Ça m'étonne pas de toi ! » répond Jake en rigolant un peu.

Le coach donne quelques instructions et surtout nomme les cinq joueurs qui vont retourner sur le terrain. Taiga soupire de soulagement en entendant son nom, il termine sa bouteille d'eau et s'essuie le visage. Il va être temps d'y retourner.

Daiki aussi a le feu vert pour retourner sur le terrain, et il en est bien content. Il aurait été frustré de devoir rester sur le banc après un simple échauffement.

Ils se répartissent de nouveau sur le parquet. Il s'appuie sur ses genoux pour surveiller la remise en jeu et se tenir prêt à passer à l'action dans la seconde. Le basket, ce n'est que ça : des décisions rapides prises dans le feu de l'action. Quand on hésite, on se loupe. Il faut toujours être sûr de soi, s'investir à fond dans l'action sans laisser de place au doute. C'est un aspect qui lui a toujours plu, lui qui se laisse trop facilement prendre au piège de longues réflexions dans lesquelles il finit par se perdre.

KAGAMI

Sans surprise, son adversaire préféré revient se coller à lui. Il croise son regard, celui de Roy est menaçant et loin de plaisanter. Une tension dans sa nuque, une sorte de signal d'alarme quelque part au fond de ses tripes s'allume : Il doit se montrer très prudent. Il ne sait pas exactement pourquoi, mais Roy lui en veut personnellement.

Il détourne le regard et se met en position. Le jeu ne va pas être simple et il va falloir qu'il réussisse à oublier cette impression grandissante que ce mec à envie de lui foutre un raclée à l'ancienne et pas sur le terrain. Il serre les poings quelques instants pour essayer d'évacuer la tension et commence à se mettre en mouvement alors que la balle reprend sa danse entre les mains des joueurs. Même si ce mec donne plus l'impression d'avoir envie de le buter que de l'écraser au basket, il n'est pas question qu'il le laisse gagner.

Il met un peu plus de temps à réussir à se remettre dans le jeu et ces quelques secondes suffisent aux Knicks pour marquer alors qu'il aurait dû facilement intercepter cette balle. Furieux contre lui-même, il serre la mâchoire, déglutit. Il n'ose pas regarder son capitaine et son homme. Il inspire et remet la balle en jeu. Il se concentre, laisse la connexion avec Daiki et les autres joueurs de l'équipe le ramener dans le jeu. Jake fait la passe à Harry parfaitement positionné pour un trois points, il tente le tire, Van le pivot des Knicks saute pour l'intercepter, mais Daiki est déjà là pour dévier la balle et la faire entrer souplement.

AOMINE

Il a vu Taiga déstabilisé et ça ne lui plaît pas, et ce qui lui plaît encore moins, c'est la flamme mauvaise dans les yeux de Roy. Qu'est-ce qu'il a, celui-là ? Il espère qu'il ne va pas pousser Taiga à la faute ou pire à provoquer une blessure. Franchement, à voir sa tête, c'est à se demander. Il garde son sang-froid cependant, il reste dans l'analyse de la situation, de toute façon il sait que Jake surveille leurs arrières.

Cette pensée le surprend quand elle émerge. Jamais auparavant il n'aurait fait confiance à un quelconque capitaine pour gérer des problématiques plus humaines que sportives. Parfois les gens ne peuvent pas s'encadrer, et dans un univers de divas comme la NBA, ça peut se traduire par des choses qui tournent mal, sur le terrain ou dans les vestiaires. Jamais il n'a compté sur personne pour ce genre de soucis, et il imagine que Taiga non plus.

Mais cette fois, c'est différent. La rancœur personnelle de Roy, ils vont s'en occuper tous ensemble. Et lui en premier.

Il cherche à capter le regard de son homme et comme il n'y parvient pas, il s'approche et pose une main sur son épaule en glissant un mot à son oreille :

« Perds pas ton sang-froid, love. On surveille tes arrières. »

KAGAMI

Il est surpris par ce contact et à la fois, il reconnaît la chaleur, la présence et la voix réconfortante à son oreille. Il déglutit. Il n'est pas seul. Il a Daiki et il a toute l'équipe. Ça va se jouer au basket et hors de questions de laisser Roy l'intimider. Il se mord la lèvre et ose finalement regarder son homme.

« Thanks... I don't. »

Il s'apaise. Réalisant, qu'il avait juste besoin de ce rappel, de savoir que son homme et que toute l'équipe est derrière lui. Il se remet en position plus prêt qu'avant en se promettant de ne pas oublier de remercier son homme. Il se recentre et montre un visage fermé face à Roy qui revient le marquer. Il est hors de question qu'il l'empêche de jouer. Il se faufile une nouvelle fois pour intercepter une passe. Jake bloque Roy avec un sourire amusé.

Il dribble vers le panier. Il feint de vouloir marquer quand un autre de ses anciens coéquipiers se positionne face à lui, mais il fait une passe basse à Daiki qui surprend tout le monde sauf...

AOMINE

Il est trop tard pour annuler l'amorce de son saut, et il heurte de plein fouet le géant qui se dresse devant lui. Van affiche un sourire suffisant, et il a au moins la satisfaction de le voir s'effacer tandis que le joueur des Knicks se mange malencontreusement son coude sur la pommette. La sanction tombe directement et il marmonne de frustration, mais ne se laisse pas démonter. C'est juste une faute. Il faut qu'il se montre plus prudent. Van se relève un peu sonné. L'arbitre lui accorde un lancer franc, et il marque.

Daiki déteste tellement ces phases de jeu où on ne peut qu'observer et attendre. La tension monte de plusieurs crans. Le stade s'échauffe. Il faut garder la tête froide. Il se replace et se prépare à la prochaine offensive.

KAGAMI

Il reste zen, mais son regard croise celui de Van qui semble satisfait de cette faute. Il sait que Daiki est son binôme s'il s'arrange pour exclure du jeu l'autre Japonais, il espère bien le déstabiliser. Il serre les poings. Quoiqu'il arrive, il se battra jusqu'au bout. Il inspire et se remet en position pour le prochain échange.

Cette seconde phase de jeu est beaucoup plus offensive que la précédente, beaucoup plus brutale aussi. Il doit se montrer prudent et ça entrave un peu son jeu. Le coach l'appelle pour sortir du terrain. Étrangement, dès qu'il est sorti Roy et Van sont rappelés aussi sur le banc. Il est un peu déstabilisé. Cette équipe qui ne l'a jamais reconnu aujourd'hui lui réserve ses meilleurs joueurs comme s'ils avaient quelque chose de personnel à régler. Il n'a pas l'habitude d'être l'homme à abattre d'un match, mais amèrement il sait que ce n'est pas dû à son jeu, ou en tout cas, pas totalement. Il serre les dents et reporte son attention sur le terrain où son homme est bien en place et domine la fin de ce second quart temps.

AOMINE

Lorsque le buzzer signale l'arrivée de la mi-temps, les Lakers ont une légère avance sur le score. Les Knicks leur ont donné du fil à retordre et il n'est pas mécontent de pouvoir faire une petite pause. Sur le chemin des vestiaires, il rigole en pressant l'épaule de son homme dans sa main :

« Ils ont l'air vraiment très très vexés que tu aies finalement préféré les Lakers !

— C'est net, renchérit Lewis. Ce sont des sacrés revanchards ! Et qu'est-ce que tu lui as fait à ce Roy, là ? Tu lui as piqué son mec ?!

— À moins que Dai m'ait caché avoir eu une liaison avec Roy... »

Taiga glisse une main dans son dos en souriant. Jake sourit mais reste plus sérieux.

« T'as eu des problèmes avec lui en particulier ?

— Non... Pas à ma connaissance. »

La main de Taiga se crispe un peu sur son dos, il soupire et souffle.

« Il a juste été l'un des plus virulents concernant ma sexualité... Il a essayé de me confronter plusieurs fois... Comme s'il se sentait personnellement offensé que je puisse être vraiment gay. »

Il déglutit en entendant ça. Il n'a jamais eu affaire à ce genre de mecs... Normal, en cachant sa véritable sexualité. Encore aujourd'hui, il éprouve de grosses difficultés à affronter ce genre de réactions en face. À l'époque, ça l'aurait paralysé. Ça le renvoie à ce sentiment de faiblesse qu'il a toujours éprouvé, à cette peur viscérale d'être exposé, de se sentir vulnérable... Et bien qu'il ne soit pas directement concerné... Il est quand même le fiancé de Taiga. C'est presque comme si c'était à lui que ça arrivait. Il ne sait pas trop comment Taiga a fait face... Il a mentionné la colère dans une conversation précédente. Il essaie de trouver cette colère en lui, mais la peur est plus forte.

La situation est différente, se rappelle-t-il. Il n'est pas seul... Ils ne sont pas seuls. Et il est toujours déterminé à épauler son homme.

« Peut-être qu'il est lui-même gay... marmonne-t-il. Ça expliquerait des trucs. »

Et de fait, il en connaît un rayon sur le déni et la haine de soi.

KAGAMI

Il fait la moue. Honnêtement, Roy gay ? Il n'y croit pas. Mais peut-être... Il n'aurait jamais cru que Daiki puisse un jour s'intéresser aux hommes et pourtant. Et il ne serait pas le premier à se montrer encore plus dur avec les gays parce qu'il n'assume pas sa propre sexualité. C'est triste mais, ce ne serait pas un cas isolé.

« Hm... Je sais pas... Mais ce qui est sûr c'est que ma déclaration lors de la conférence de presse d'hier n'a pas vraiment dû lui plaire. Il n'arrêtait pas de parler de trahison quand je refusais d'avouer, de respect aussi... Un truc genre qu'ils avaient le droit de savoir. »

Il soupire et déglutit.

« Ouais... Pas étonnant qu'il soit vénère. »

Ils entrent dans le vestiaire et prennent le temps de se désaltérer. A côté de Daiki sur le banc, il glisse sa main sur sa cuisse et lui sourit.

« Merci pour tout à l'heure... J'en avais vraiment besoin...

— Bah c'est rien... tant mieux si ça t'a aidé. »

AOMINE

Il profite de la pause pour se ressaisir un peu. Il l'a dit à Taiga, certains sentiments peuvent être un bon combustible pour s'enflammer sur un terrain. Mais d'autres sont un frein, et il ne veut pas laisser ses émotions miner ses efforts et sa détermination. Il ne veut pas s'arrêter là. Il ne veut pas se laisser impressionner. Il veut se battre. Ce qu'il leur faut, c'est une bonne stratégie. Et surtout garder la tête froide.

« Ok, c'est un peu compliqué, mais restons calme, demande le coach comme en écho à ses pensées. D'après moi, on peut les avoir. Surtout qu'ils ont décidé de concentrer leurs efforts sur Taiga. C'est oublier les autres éléments de l'équipe qui pourront les surprendre. De plus... Je pense pas que leur marquage et leurs tentatives d'intimidation peuvent vraiment fonctionner. Vous valez mieux que ça. »

Les joueurs acquiescent. Il a raison, il faut rester concentrés sur le basket. Le jeu. Faire ce qu'ils savent faire de mieux.

« Daiki, tu te reposes un peu. On te fera entrer si nécessaire pendant le troisième quart temps, sinon tu te réserves pour la fin. »

Il n'aime pas beaucoup ça, mais se fait une raison. Il pressent qu'il va avoir besoin d'une sacrée dose d'énergie, et c'est vrai que le début du match a été éprouvant. Il écoute le reste des directives du coach, et se concentre. Ça fait longtemps qu'il n'avait pas éprouvé ce stress. Ses entrailles se tordent un peu. Mais patience... Il sait que ça ira mieux en retournant sur le terrain.

KAGAMI

Il écoute le coach et comprend la stratégie. Il va entrer de nouveau en troisième période, pour concentrer l'attention adverse. Il glisse sa main dans celle de son homme. Il préfère être sur le terrain en même temps que lui, mais il comprend la tactique et elle est bonne. Le coach leur demande de retourner sur le terrain. Il retient son homme quelques instants et quand il n'y a plus qu'eux dans le vestiaire, il l'embrasse doucement, puis pose son front contre le sien. Les yeux clos, il souffle plus pour lui que pour son homme.

« On peut le faire. Ensemble... On n'est pas seul... »

Son cœur se met à battre plus fort dans sa poitrine, les émotions revenant nouer un peu ses tripes. La colère, l'envie de gagner, la peur aussi... Parce que décidément le regard que Roy lui a lancé reste gravé dans sa mémoire. Il s'écarte finalement et sourit à son homme.

« Let's go... »

Il reprend la main de son homme et sort du vestiaire. Il ne lâche sa main que lorsqu'ils rejoignent le couloir commun qui mène au parquet. Ils croisent des Knicks qui les ignorent et ils font de même et retrouvent leurs coéquipiers sur le banc. Le coach lui fait signe d'entrer sur le terrain et il ne se fait pas prier pour revenir dans le jeu.

AOMINE

Il observe son homme évoluer sur le terrain, retrouvant peu à peu son calme. La pause a été salutaire. Il a repris confiance et puise de la force dans la détermination de ses coéquipiers et de son fiancé. Alors, il profite simplement du spectacle. Après tout, ce n'est pas souvent qu'il a l'occasion d'admirer Taiga sur le parquet. C'est un joueur puissant, mais il n'a plus rien du fonceur tête baissée qu'il était à l'époque du lycée. Il est en parfaite maîtrise de ses capacités et c'est un vrai plaisir de le voir en action.

Il jette un coup d'œil aux gradins pour prendre la température, et on dirait que les fans ont perçu la tension entre les deux équipes, ce qui alimente leur flamme de supporters. L'ambiance est survoltée. Il se nourrit de cette énergie, et attend que son moment vienne.

KAGAMI

Il se sent plus serein en cette deuxième phase de match. Les Knicks semblent mettre un point d'honneur à vouloir l'entraver dans ses mouvements et c'est avec un malin plaisir qu'il parvient à leur échapper. Il lit dans leurs gestes l'envie croissante de le bousculer un peu. Il se sait plus maître de ses émotions qu'eux. Il est presque sûr qu'à un moment, l'un deux va craquer et commettre la faute.

Il enchaîne les actions de jeu offensives, prenant des risques calculés. Il tente quelques paniers improbables, tous ne rentrent pas mais sur ce troisième quart temps, il marque presque la totalité des points des Lakers. Encore une fois, il se retrouve là où on ne l'attend pas. Il n'est pas l'un des scorers habituels de l'équipe. Mais cette fois, il a la volonté d'en découdre personnellement avec les Knicks et bizarrement ses coéquipiers semblent vouloir lui servir toutes les balles. Comme pour faire rager un peu plus l'équipe adverse. Il a l'impression que le terrain lui appartient et c'est jouissif.

Et la faute finit par arriver. Il gagne deux lancers francs. Avec les années, il a gagné en maîtrise et ces tirs distants ne lui posent plus aucun problème, il fait entrer les deux ballons. Le coach le fait sortir pour calmer un peu les Knicks et Daiki le remplace. Il tape dans la main de son homme et lui sourit.

« Fais des étincelles ! »

AOMINE

Il acquiesce en rendant son sourire à son homme et entre sur le terrain, plus frais qu'en sortant du deuxième quart-temps. Les joueurs d'en face se méfient de lui, mais ils n'ont encore rien vu. Il n'a que quelques minutes, mais il va s'en servir pour se remettre dans le bain et monter en puissance avant la dernière partie du match.

Il se lance avec mesure et prudence, et accélère peu à peu. Il saisit les opportunités pour tenter les tirs bizarres dont il a le secret et qui ont le don de déstabiliser l'adversaire, et utilise sa souplesse et sa rapidité pour zigzaguer parmi la défense. Les joueurs baraqués sont dangereux, mais pour lui, moins que les joueurs plus petits et habiles. Cependant il redouble d'adresse et d'inventivité pour déjouer la résistance, et s'en sort avec brio, marquant beaucoup de points dans les dernières minutes de ce quart-temps.

Il revient sur le banc remonté à bloc et prêt à tout donner pour le quatrième et dernier quart-temps.

KAGAMI

Son homme est toujours impressionnant sur le terrain. Et à chaque fois, il a envie de le rejoindre sur le parquet, il admire ses coups d'éclats et savoure l'inquiétude grandissante des Knicks. Il lui sourit quand il revient près de lui. Il espère bien faire ce dernier quart temps avec lui. Le coach les regarde et il l'entend confirmer ses souhaits avec plaisir.

« Vous avez fait un super travail. Mais le score est encore serré... Il faut marquer deux fois plus ! On compte sur vous ! »

Il adore les défis. Il est déjà debout prêt à entrer sur le terrain. En face, Roy et Van se préparent aussi. L'affrontement qui se prépare va être décisif et il compte bien l'emporter. Une victoire personnelle très importante et la cinquième victoire consécutive pour les Lakers en bonne voie pour un sans faute jusqu'à la coupe.

Il se positionne sur le terrain avec Daiki, Jake, Harry et Zach. Ils sont prêts à en découdre. Sans surprise Roy revient au contact en lui adressant un regard noir. Il soutient son regard quelques secondes pour lui faire comprendre qu'il ne lui fait pas peur et reporte son attention sur la remise en jeu. Le ballon est au Knicks, Van lance la balle au numéro cinq qui dribble et fait une passe basse vers le numéro huit avant que Zach ne la récupère, mais Taiga a lu l'enchaînement et, après s'être une nouvelle fois soustrait à la vigilance de Roy, il intercepte la balle avant qu'elle n'atterisse dans les mains du numéro huit. Il dribble, contourne le numéro douze et attire l'attention de Van qui tente de le bloquer. Parfait, il sourit, pivote et fait une passe à Daiki sans quitter Van des yeux. Il ne voit pas Daiki mais il sait précisément où il se trouve.

AOMINE

La défense commence à se resserrer sur lui, mais voilà, il est ce genre de joueur à gagner en puissance quand il se sent acculé. Il a besoin qu'on le provoque, qu'on le pousse à bout, pour donner le meilleur de lui-même. Alors les Knicks lui rendent service en s'occupant de son cas. Il attrape au vol la passe improbable de Taiga, il fait passer le ballon dans sa main gauche et s'approche du panier, mais dévie sa trajectoire au dernier moment et tire quand ses adversaires s'y attendent le moins, faisant rentrer le ballon comme par magie, comme s'il contrôlait les frottements de l'air sur sa surface rugueuse. Un panier audacieux qui lui vaut un rugissement d'approbation parmi les fans des Lakers.

Jake s'approche de lui et passe son bras autour de ses épaules.

« Bien joué ! C'est exactement ce qu'on veut ! »

Puis il souffle à son oreille.

« Faites ce que vous savez faire de mieux avec Taiga... On assure vos arrières. On veut tous cette victoire. Faites votre show ! »

KAGAMI

Il rigole en regardant Roy rager. Son ancien coéquipier vocifère.

« C'est pas avec un petit coup d'éclat que tu vas gagner ! J'vais pas laisser une équipe de tapettes nous battre ! »

Roy s'approche, mais il le voit se retenir avec peine de le bousculer.

« J'savais qu't'étais qu'un sale pédé. »

Son sang bout dans ses veines, il serre les poings et sa mâchoire se contracte. Mais il ne bouge pas. Il sait que ça se retournerait contre lui s'il cédait à l'envie qui le ronge de lui foutre son poing dans la gueule. Il n'est pas violent, mais y'a des trucs qui le mettent tellement en rogne qu'il serait capable de frapper. Roy s'éloigne et il déglutit pour se remettre en position. Il se tourne vers son homme, cherchant dans sa présence du réconfort et de l'apaisement. Il concentre sa rage et sa colère à donner du fuel à sa volonté de gagner ce match.

Le ballon est remis en jeu. Les Knicks font un joli coup. Mais il ne s'en occupe pas. Maintenant, il doit faire confiance à ses coéquipiers, il est là pour marquer avec Daiki, pour jouer leur binôme infernal. La balle lui revient enfin entre les mains, il dribble, évite Van, passe la balle à Daiki et se précipite sous le panier pour lui prêter main forte au besoin.

AOMINE

Il n'était pas loin, et il a entendu les paroles de Roy. Celles qu'il a toujours redouté d'entendre. Il se les est prises en pleine face comme si Roy les lui avait adressées directement. Il a eu l'impression qu'on lui déversait un seau glacé sur la figure. Il en est resté un peu tremblant, peinant à se ressaisir. De nouveau, il ne s'agit plus simplement de faire remporter une nouvelle victoire aux Lakers, mais de surmonter une épreuve plus personnelle.

Il a fermé les yeux un bref instant. Pensé à leur crique. À l'éternité du ciel et du soleil sur la mer. Et, plus prosaïquement, au calme de leur chambre d'hôtel qui les attend après la bataille.

Quand il les rouvre, le ballon lui arrive dans les mains. et il n'a plus le temps de penser ni même d'avoir peur. Son corps réagit avant qu'il n'en ait donné l'ordre et il bondit pour marquer, pivotant sur lui-même en plein saut pour éviter un défenseur, et marque.

Il retombe sur ses pieds un peu sonné et s'essuie le visage. Il croise le regard de son homme et hoche la tête. Il n'est plus temps d'élaborer des stratégies et d'analyser. Maintenant, tout va se jouer à l'instinct.

KAGAMI

La balle repart entre les mains des Knicks. Il ne réfléchit plus. Il ressent. Il n'est plus que basket, il bouge au rythme de la balle, aux mouvements des joueurs, il vibre de la tension du jeu. Toute son énergie se concentre dans le match, il voit tout, il anticipe, tout est clair et limpide. Roy pensait le déstabiliser, il n'a fait que renforcer sa détermination et l'aider à lâcher prise.

Il bouge à l'instinct. Il se laisse guider par ses réflexes aiguisés. Il intercepte les passes, les détourne et il sert Daiki qui fait rentrer les ballons avec tellement d'aisance. Daiki n'est jamais surpris, il sait où il est, comme lui il anticipe et devine la meilleure action possible, ils savent lire le jeu et les décisions de l'autre pour bouger en parfaite harmonie. Quand ils ont la balle, ils en perdent peu. Mais les Knicks aussi sont très bons et perdent peu de ballons. Malgré tout, les Lakers ont définitivement l'avantage. Il ne fait plus attention au temps, il n'est focalisé que sur une chose : continuer à marquer ou faire marquer Daiki.

AOMINE

Il n'a plus conscience du public qui les entoure, des joueurs restés sur le banc qui ont les yeux rivés sur eux, et a presque oublié l'animosité des Knicks. Il suit le ballon, il voit les corps en mouvement et réagit avant qu'ils n'aient terminé leur action. Il se sent plus léger alors que sa concentration extrême réduit sans champ de perception tout en le rendant plus précis. Le temps ralentit. Il n'y a que Taiga qui bouge à la même vitesse que lui, se fondant avec souplesse parmi les silhouettes lentes qui cherchent à leur barrer la route.

Il ne sait pas combien de temps ça dure. Chaque panier pris est rendu au double, du moins, c'est ce qu'il lui semble. Il puise dans ses réserves d'énergie, sachant qu'il ne peut pas maintenir ce rythme longtemps, mais sachant aussi que la fin est proche. Alors il donne tout, à la fois très conscient de tous les détails, et survolant la scène dans un état second.

KAGAMI

Il ne relève les yeux sur le timer que pour voir qu'il reste quarante secondes de jeu. Ils mènent à vingt-deux points. Il est confiant, mais il ne crie pas victoire pour autant. Même s'il sent qu'il commence à être à bout de force et qu'il sent Daiki dans le même état que lui, il ne reste que quarante secondes à jouer, ils peuvent, ils doivent maintenir le rythme. Il sent la tension dans l'équipe adverse, il sent le moment où Roy perd son sang froid et cherche la faute. Il l'évite autant que possible, plus que la faute il craint la blessure et quand Roy a les nerfs ça peut aller loin. Il surveille Daiki, inquiet pour son homme, mais Roy en a après lui, son ancien coéquipier. Très bien. Il doit juste être prudent. Malgré la fatigue, il arrive à anticiper et continue à survoler le jeu. Il passe près de la faute mais Roy rate son coup. Et finalement après un dernier panier de Daiki le buzzer sonne la fin du match.

Il reste un moment sonné, puis la rumeur dans le public s'élève et le réveille. Les Lakers ont gagné. Ils l'ont fait. Van s'approche de lui et le regarde amer.

« Bien joué. Mais vous aurez pas le match retour. »

À côté de lui, Roy rage mais Van le retient par le bras et l'entraîne jusqu'au banc. Et il reste scotché là, jusqu'à ce que Lewis le prenne dans ses bras en hurlant de contentement pour cette nouvelle victoire.

AOMINE

Le buzzer final a résonné un peu comme son alarme du matin, faisant brusquement voler en éclat l'univers alternatif où sa conscience résidait. D'un seul coup, la rumeur de la foule, les exclamations de ses coéquipiers affluent dans ses oreilles en un rugissement assourdissant, alors que l'éclairage cru du stade pique sa rétine. Il se prend une claque dans le dos qui le fait sursauter et il adresse un sourire crispé à Harry.

« Beau boulot Daiki. Tu t'es bien battu. »

Il hoche la tête, et le visage de Jake succède à celui de son coéquipier.

« T'as rien lâché. Je suis fier de toi. »

Sa gorge se noue et il a soudain stupidement envie de pleurer. Une nouvelle fois, il acquiesce et cherche Taiga du regard. Il le repère et s'approche, puis passe un bras autour de ses épaules, résistant à l'envie de poser ses lèvres sur sa joue.

« You did it, love. Nothing can stop you. »

KAGAMI

Les mots de son homme le font frissonner. Il a envie de passer son bras autour de sa taille, de le serrer contre lui. Mais il n'ose pas. Après avoir confirmer qu'il est gay. Ce geste anodin pourrait déchaîner les tabloïds qui y verraient un acte boyfriend plus que teammate. Avec Daiki il a toujours peur de dépasser cette limite sans le vouloir. Et après cette confrontation avec Roy, il ne veut pas que son homme subisse ça, il ne mérite pas ça. Il accepte cette étreinte, la savoure et se retient de la rendre.

« We did it... I was not alone... You were amazing. Nothing can stop us... We have the best team ever. »

Il apprécie la liesse du public, cette victoire si particulière, ceux qui scandent son nom, celui de Daiki et de ses coéquipiers. Mais son dos frissonne quand des haters l'insultent. Il ne se laisse pas déstabiliser, il ne laisse pas son sourire vaciller, il ne les laisse pas ternir cette victoire. Du moins… Il essaie. Et s'il a envie de retourner dans les vestiaires, ce n'est que pour pouvoir enlacer son homme vraiment bien-sûr.

AOMINE

Quelques joueurs des Knicks viennent les féliciter, mais la plupart s'éclipse rapidement dans les vestiaires, enragés par cette défaite cuisante. Ça lui fait plaisir, il doit l'avouer, de voir Roy et Van en particulier avec cette expression de dépit sur le visage. Puis, il commence à reprendre le chemin des vestiaires et comme d'habitude s'arrête pour échanger quelques mots avec les fans, taper dans des mains et signer des autographes. Il s'autorise à profiter de cette ferveur, du bonheur des fans qui répond au sien. Après tout, c'est un échange, et le soutien des fans est important dans une carrière de sportif de haut niveau... Et ça le touche que des gens traversent les USA pour les voir jouer et les encourager, alors il essaie de leur rendre un peu de cette dévotion.

Il n'est pas mécontent cependant de pouvoir regagner les vestiaires et d'y retrouver un calme relatif, si on oublie l'enthousiasme débordant de ses coéquipiers. Il est toujours un peu sonné par ce match intense et éprouvant, encore plus mentalement que physiquement. Il se laisse tomber sur un banc et prend la coupe de champagne qu'on lui tend et la vide d'une traite sans réfléchir.

KAGAMI

Il a battu en retraite plus vite que son homme, soudain très conscient que c'était le premier match après son coming out et l'angoisse de se retrouver au centre d'une foule qui pourrait lui être hostile malgré la victoire l'a fait fuir.

Il regarde son homme s'asseoir à côté de lui. Les mots de Roy résonnent encore dans un coin de sa tête et un frisson le parcourt. Il imite Daiki et boit son verre. Il regarde autour de lui, ses coéquipiers, l'euphorie de cette nouvelle victoire, leur bonheur. C'est sa victoire aussi mais elle a un goût amer. Il finit sa coupe de champagne et se lève. Il a besoin de calme, d'air... De digérer ça... Il traverse les couloirs qu'il connaît par cœur et qui ajoutent à son sentiment de malaise. Il a été chez lui ici sans l'être vraiment. Il s'engouffre dans les sanitaires et, essoufflé, il s'appuie sur un lavabo. Il réalise qu'il est épuisé et que ce simple petit trajet lui a demandé un effort impressionnant. Ses jambes tremblent un peu, ses bras aussi. Il meurt de faim. Il se regarde dans le miroir. Il est livide et des cernes s'affichent sous ses yeux. L'effort intense, la nuit difficile, l'anxiété. Il prend le temps de se ressaisir et se passe de l'eau sur le visage. Il ferme les yeux et il essaie de se détendre, d'oublier cette sensation que maintenant les choses ne seront plus comme avant, qu'il vient de s'exposer volontairement aux remarques qui l'ont toujours blessé. La porte s'ouvre derrière lui. Il n'y prête pas attention jusqu'à ce qu'une voix qui lui glace le sang s'élève.

« Je savais que c'était toi... »

Il se retourne sur Roy, son cœur s'affole dans sa poitrine sous le regard mauvais de son ancien coéquipier. Il essaie de rester de marbre.

« Et quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? »

Roy le bouscule, il abat son poing sur son visage et le plaque violemment contre une cloison, il semble furieux. Il sait qu'il a tendance à se laisser facilement emporter, mais il ne l'a jamais vu aussi menaçant. Il est hors de lui. Taiga essaie de le repousser, mais il est un peu sonné par ce coup, épuisé de son match, sans compter que Roy est bien plus imposant que lui. Roy pèse de son poids contre lui, bloquant sa respiration quand son bras appuie sur son cou.

« Pourquoi tu m'as jamais dit que t'étais qu'un putain de pédé ?! »

Il commence à paniquer, il a l'impression de ne plus pouvoir respirer. À l'entendre, on dirait qu'il a personnellement offensé Roy. Son attaquant vocifère encore mais il n'entend plus vraiment, il est à bout de force et n'arrive pas à se dégager de sa poigne, il appuie de tout son corps contre lui comme s'il voulait l'étouffer. Sa voix est rauque quand il arrive à articuler quelques mots et qu'il tente de frapper son bras.

« Stop... I... I can't breathe... »

Ça semble faire un déclic dans l'esprit de Roy, qui relâche brusquement sa poigne. Le regard de Roy change comme s'il prenait conscience de ce qu'il venait de faire, il semble soudain effrayé, désespéré. Taiga reprend doucement ses esprits et ne comprend pas ce brusque changement de réaction. Il tousse, reprend doucement sa respiration et se tient la gorge.

« What's wrong with you ? ... You almost killed me...

— Tu aurais dû me le dire...

— Ça te regardait pas... ça regarde... Personne ! Je t'ai pas demandé de me dire que t'étais hétéro ! »

Les poings de son ancien coéquipier se resserrent, son regard est fuyant.

Peut-être qu'il est lui-même gay... Ça expliquerait des trucs.

« Fuck... You are... »

Roy réagit au quart de tour et revient le saisir par le col furieux.

« Ne termine pas cette phrase ! T'aurais dû... le dire ! »

Il le bouscule une dernière fois l'envoyant encore cogner contre la parois et s'enfuit des sanitaires comme une furie. Taiga reste sous le choc. Ses jambes tremblantes le portent à peine. Doucement la frayeur reflue et il retrouve l'usage de ses membres. Il reste perplexe sur ce qu'il vient de découvrir, il s'approche du miroir pour constater les dégâts. Il a des marques rouges douloureuses sur le cou et son oeil est noir et l'élance.

AOMINE

Taiga lui semble être parti depuis un moment et il a comme un mauvais pressentiment qui lui tord le ventre. Il se lève et part à sa recherche, et finit par le trouver dans les toilettes. Il se fige et un froid glacé s'empare de lui. Quelque chose ne va pas... Taiga a l'œil gonflé... des marques sur le cou... Il lui semble s'écouler des secondes interminables avant qu'il ne réagisse et s'approche. Il pose une main sur son menton pour faire pivoter son visage vers lui et demande, le cœur cognant douloureusement dans sa poitrine :

« Love... Qu'est-ce qui s'est passé ? »

Taiga a un mouvement de recul, puis son regard se focalise sur lui comme s'il le reconnaissait seulement.

« Dai ?! I... I'm good... I just... »

Taiga secoue la tête comme s'il n'arrivait pas à exprimer ses pensées.

« Je... Après... Faut que je bouffe un truc... »

Au bord de la panique, il regarde son homme, et pose les mains sur ses épaules. Il rassemble son self-control et insiste d'une voix tendue :

« Taiga. Dis-moi ce qui s'est passé. Maintenant. »

— You were right... Roy... He is... Fuck... Don't go... Let him... He... He is afraid. »

Taiga est livide, mais son regard est suppliant alors qu'il s'accroche à son vêtement pour ne pas qu'il s'éloigne et qu'il aille faire une connerie. Il a l'impression que son cœur va exploser dans sa poitrine. Il le savait... ce connard pouvait pas juste laisser tomber... La panique se transforme en une colère fulgurante et quand il parle, il ne reconnaît pas sa voix.

« He's... what ? He's "afraid" ?! »

Sa voix tremble, il crispe les poings jusqu'à enfoncer profondément ses ongles dans ses paumes. La rage l'aveugle, au sens littéral, comme un voile noir tombé sur sa vision.

« Fuck... Je vais le buter... »

KAGAMI

Il se sent faible, à deux doigts de s'évanouir. Il a vraiment besoin de sucre. Pourtant il ne pense qu'à retenir Daiki, il crispe ses doigts sur son maillot, pour l'empêcher d'y aller en serrant de toutes ses forces, qui lui semblent bien maigres.

« Non... S'il te plaît... Fais pas ça... It's OK... »

Daiki le fixe d'un regard orageux, crispant ses mains sur ses épaules, et hurle pratiquement :

« It's OK ?! C-Comment ça pourrait être OK ?! »

AOMINE

La seule chose qui l'empêche d'aller défoncer la gueule de ce mec c'est le fait que Taiga a l'air sur le point de s'évanouir. La fureur et la frustration le font trembler des pieds à la tête. Il essaie de se calmer, de respirer normalement, en vain. Alors faute de se calmer, il fournit un effort colossal pour prendre sur lui.

« Ok... Je comprends pas... Mais... Faut que tu manges quelque chose... donc... appuie-toi sur moi si besoin... On y va. »

KAGAMI

Il n'a juste pas la force d'expliquer à son homme. Non ce n'est pas vraiment OK. Mais ce qui est sûr c'est qu'il ne veut pas que Daiki s'abaisse à user de ses poings. Roy n'aurait pas dû en arriver là, mais ce mec a toujours eu les poings faciles. Daiki vaut mieux que ça.

Et peut-être qu'il se sent un peu coupable, il n'a pas compris quels tourments agitaient son ancien coéquipier à l'époque. Il était lui-même tellement terrifié à l'idée d'être découvert.

Il agrippe le maillot de Daiki et s'appuie un peu sur lui pour se stabiliser et éviter de s'effondrer, cette confrontation a eu raison de ce qu'il restait de son énergie. Il laisse Daiki guider ses pas, usant de ses dernières forces pour éviter de s'évanouir.

AOMINE

Il garde la mâchoire serrée et emmène son homme jusqu'à la salle où ils ont prévu leur repas. La plupart de leurs coéquipiers sont déjà là. Il guide Taiga jusqu'au banc, met de la nourriture devant lui et lui donne un verre d'eau.

« Je vais chercher de la glace pour ton œil. »

Il quitte la salle direction l'infirmerie. Tous les bruits qui l'entourent semblent lui parvenir déformés et de loin, comme s'il était sous l'eau. Il ne regarde rien ni personne et presse le pas, l'esprit vide de toute pensée cohérente. Il reste focalisé sur son objectif. Arriver à l'infirmerie, c'est tout ce qui compte dans l'immédiat.

JAKE

Taiga regarde son assiette et le verre d'eau mais il revient à la nourriture qu'il commence à attaquer les mains un peu tremblantes. Il s'approche du Japonais, inquiet.

« Taiga... Qu'est-ce qui se passe ?

— Mauvaise rencontre... Où... Où est Daiki ?

— Parti chercher de la glace. Quelle rencontre ? »

Lewis pose une main sur son épaule.

« Laisse-le manger. Il est au bord de la syncope. »

Jake se retient de protester et se lève en espérant retrouver Daiki, peut-être qu'il en saura plus, et il doit être furieux d'avoir retrouver son mec dans cet état. Il rejoint l'infirmerie presque en courant.

« Daiki ? »

AOMINE

Il ressort du local la glace à la main - il s'est servi sans demander - et manque de heurter son capitaine dans le couloir. Il lui jette un coup d'œil et reprend son chemin sans un mot.

Jake fronce les sourcils et fait demi-tour avec lui.

« Daiki ?

— Je l'ai trouvé comme ça, marmonne-t-il en accélérant le pas. Pas trop difficile de deviner ce qui s'est passé. »

KAGAMI

Il mange et son corps apprécie cet apport de nourriture. Ses tremblements ne se calment pas encore, mais il reprend quelques couleurs sous l'œil vigilant de Lewis. Les autres ont repris leur repas et tentent de faire comme si de rien n'était en attendant que Taiga soit en état d'expliquer ce qu'il s'est passé. Il a une sale tête et il n'a même pas eu le temps de se doucher.

AOMINE

Il regagne la salle, Jake sur ses talons. Il n'a pas desserré la mâchoire. Il tend la glace à Taiga.

« You're ok ? »

Taiga le regarde et hoche la tête en prenant la glace. Il la presse sur son œil en grimaçant.

« Thanks... Yeah... I'm good... J'avais besoin de manger. »

Il déglutit et regarde Daiki.

« Et toi ?

— Ça ira. »

Il n'a pas envie de se montrer froid mais il est tellement en colère que la froideur c'est ce qu'il peut faire de mieux.

« Je vais me doucher. Je t'attendrai dehors. »

Et là-dessus il quitte la salle et retourne aux vestiaires. À cet instant il donnerait n'importe quoi pour pouvoir être chez eux à L.A. L'idée de passer une nuit ici l'insupporte. Il se demande où est passé ce connard de Roy. Mieux vaut pour eux deux qu'ils ne se croisent pas.

KAGAMI

Il frissonne. La culpabilité se déverse dans ses veines comme un poison. Il a l'impression d'être responsable, d'avoir merdé quelque part. Roy était son coéquipier, il aurait dû... Il aurait dû s'investir plus. Il aurait dû être là pour lui... Il aurait dû l'épauler, comme Lewis qui dans un murmure lointain lui propose de le resservir. Il tend son assiette en hochant la tête. Manger. Manger c'est bien ça réconforte. Jake s'assied face à lui. Il se tend, pas certain de vouloir répondre à des questions maintenant.

« Taiga... Il s'est passé quoi ?

— Roy... Daiki avait raison, il est gay... Et il ne vit pas très bien d'être gay...

— Comment ça il ne le vit pas très bien ? C'est pour ça qu'il te tabasse ?

— Roy est un con... Une brute qui ne sait s'exprimer que par ses poings... Il ne sait pas gérer ses émotions... Il a toujours eu des bagarres avec des gars de l'équipe. »

Il soupire.

« Y'a que Van qu'arrive à peu près le calmer... Il m'en veut parce que... »

Les mots sont durs à exprimer. Il se sent minable de ne pas avoir compris. Et sans Daiki, sans les mots qu'il a dit un peu plus tôt, il n'aurait probablement pas encore compris.

« Il... Je crois... Qu'il cherchait de l'aide quand il a essayé à plusieurs reprises de savoir si j'étais gay... Je crois qu'il cherchait à pouvoir le dire... Il n'assume pas... Il rejette totalement ce qu'il est... Il cherchait du soutien et il m'en veut de pas lui avoir donné... On était coéquipiers... J'aurai dû le voir, je veux dire... On se soutient dans une équipe... On... est soudé... Comme vous tous... Vous m'avez pas rejeté... »

Jake pose une main sur son poignet.

« Stop ! Taiga tu ne lui devais rien. On est tous coéquipiers mais les Knicks ne t'ont jamais donné le sentiment de faire partie d'une famille et de pouvoir leur faire confiance. C'est normal de te protéger dans ces conditions. »

Il n'y arrive pas, à oublier la culpabilité et à ne pas se sentir responsable. Jake serre doucement son poignet.

« Ok. Termine de manger, va te doucher et rentre à l'hôtel. Je vais aller voir le coach.

— Qu'est-ce qui va lui arriver ?

— À Roy ? J'espère bien qu'il va être suspendu pour la fin de la saison...

— Ne le dis pas...

— Quoi ?

— Pourquoi il a fait ça... C'est... C'est pas à nous de dire ce qu'il n'est pas prêt à assumer. »

Jake ne semble pas très convaincu. Il repose le pack de glace sur la table et regarde son capitaine suppliant.

« Please...

— Quand je vois ta gueule... J'ai vraiment pas envie de lui faire de cadeau et je comprends pourquoi Daiki a vraiment envie de lui défoncer la tronche...

— Jake...

— Ok. Ok. Maintenant mange... Et va te doucher. »

Il reprend la glace et la repose sur son œil et s'applique à terminer de manger. Lewis essaie de détendre l'atmosphère mais il devine qu'il veille sur lui. Il se sent minable, il mange et quand il n'en peut plus il se lève pour aller se doucher. Son corps est fatigué de l'effort du match. Il se traîne jusqu'aux douches et savoure la chaleur de l'eau qui le détend. Quand il ressort le miroir lui renvoie sa tête amochée et les marques sur son cou et le haut de son torse qui commencent à violacer.

« Fuck... »

Il s'habille et il se dépêche de rassembler ses affaires. Avant de partir, Lewis l'intercepte pour lui donner une boîte.

« Pour Daiki. Il n'a pas mangé. »

Il s'en veut de ne pas avoir réalisé que son homme n'avait rien avalé. Le connaissant, il ne va pas avoir envie de manger mais après le match ce n'est pas raisonnable de rester à jeun. Il remercie Lewis et remonte sa capuche sur sa tête pour se cacher, mais plus pour qu'on ne voit pas son œil tuméfié que par crainte d'être reconnu. Étrangement, maintenant qu'il s'est confronté à Roy, il n'a plus peur. Il sait que Roy ne reviendra pas le confronter, il a compris qu'il est allé trop loin.

AOMINE

Il attend dans un coin obscur en ruminant des pensées noires et en ravalant sa colère. Il veut juste rentrer. Ne plus voir personne. Dès qu'il aperçoit Taiga, il se lève et s'approche de lui.

« T'es là... Viens, le taxi nous attend... »

KAGAMI

Un frisson glacé le parcourt et la culpabilité revient figer sa gorge. Toute cette histoire déborde sur Daiki et son homme n'a pas besoin de ça. Il le suit silencieusement et monte dans le taxi. Il se sent las, épuisé. Il a envie de dormir. Son œil commence à l'élancer. Mais il serre les dents, toujours planqué sous sa capuche et il espère arriver rapidement à l'hôtel.

« J'vais passer à la pharmacie en arrivant... Te prendre un anti-douleur... tu veux un truc pour aider à dormir aussi ?

— Thanks... Un anti-douleur ce sera suffisant... »

Daiki hoche la tête, mâchoires serrées, et ils finissent le trajet dans un silence pesant. Enfin parvenus à destination, le brun pose une main en bas de son dos.

« J'en ai pour cinq minutes, y a une pharmacie pas loin. À tout de suite.

— OK... »

Il regarde son homme s'éloigner. Il entre dans l'hôtel, sort sa clé et monte dans l'ascenseur, toujours couvert de sa capuche. Il traverse les couloirs jusqu'à la chambre. Il allume la lumière, retire ses chaussures et laisse tomber son sac dans un coin. Il pose le repas que son homme ne mangera sûrement pas sur la table. Inquiet et anxieux, il s'assoit dans un fauteuil, coudes posés sur les genoux, en attendant le retour de Daiki. Il serre les mâchoires alors que la douleur semble lui transpercer le crâne.

AOMINE

Tandis qu'il va chercher les médicaments, sa fureur commence à fondre et ce n'est pas une bonne nouvelle. Elle laisse place à une colère sourde et à un désarroi pire encore. Il n'en peut plus de cette soirée, il n'en peut plus de cette ville.

Il repart en vitesse de la pharmacie et se dépêche de retourner à l'hôtel, et frappe à la porte de la chambre de Taiga. Son homme ouvre la porte avec prudence et le laisse entrer dès qu'il constate que c'est bien lui.

Il dépose ses affaires dans un coin et lui tend les médocs.

« Tiens... »

Il enlève ses chaussures, avise le mini bar et pique les bouteilles minuscules, puis s'assoit sur le lit et entame la vodka.

KAGAMI

Il regarde son homme faire, surpris, inquiet et triste. Il se lève pour prendre une bouteille d'eau pour avaler ses médocs et indique la boîte avec la bouffe à son homme.

« Tu devrais manger un peu... »

Il retourne s'asseoir dans le fauteuil. Il ne sait pas comment gérer ça, la sensation que Daiki s'éloigne, l'impression d'avoir totalement merdé avec Roy, avec Daiki. Il a froid et remonte une jambe devant lui après avoir reposé sa bouteille sur la table. Il attend que le médoc fasse effet, quand son téléphone vibre.

[Jake — 22h37]

Roy est suspendu pour la saison. Peut-être plus. Je n'ai rien dit. Il a pas protesté. Vous allez bien ? Besoin de quelque chose ?

[Taiga — 22h39]

Thanks. We are fine. Besoin de rien.

[Jake — 22h40]

Ok. N'hésite pas si tu changes d'avis. Bonne nuit.

Il repose son téléphone sur la table et l'abandonne là. Il repose sa tête en arrière sur le dossier du fauteuil, priant pour que l'anti-douleur fasse effet au plus vite.

Daiki ouvre la mini-bouteille de whisky et tapote la couverture à côté de lui :

« Viens te coucher, love. Tu voudrais pas t'endormir là... Ça arrangerait pas tes maux de tête.

— Yeah... J'attends que le médoc fasse effet... »

Il se redresse doucement pour ne pas sentir plus fortement son œil pulser. Et il ouvre doucement son sweat. Il l'abandonne sur la chaise. Il bouge avec précaution pour ne pas provoquer plus d'élancement. Il se déshabille. Il garde son caleçon et rejoint son homme. Il soulève la couverture et s'assoit avec précaution sur le bord du lit et doucement se met en position allongé. Il se mord la lèvre et se retient de demander à son homme encore une fois de manger. Il se tourne sur le côté pour éviter d'appuyer son œil blessé sur le matelas. Il a l'impression d'être passé sous un rouleau compresseur tellement son corps entier lui semble douloureux.

AOMINE

Il glisse précautionneusement une main dans ses cheveux et les caresse doucement tandis qu'il descend sa mini-bouteille. Au bout de quelques minutes, il se relève pour éteindre les lumières, Taiga sera sans doute mieux dans la pénombre. Puis, il reprend sa position et revient caresser les cheveux de son homme et masse doucement sa nuque.

« Les médocs font effet love ?

— Ouais... »

Taiga reste tendu et ne bouge pas, à peine s'il ose respirer, puis doucement il souffle.

« Tu... Tu te couches pas ?

— Plus tard, love. Je peux pas dormir, là. Mais je reste là à côté de toi. »

KAGAMI

Son cœur se serre, son ventre se noue. Il est épuisé. Il veut dormir, mais il a froid. Mais le froid s'insinue à l'intérieur de lui, il voudrait que son homme s'allonge contre lui, le prenne dans ses bras. Cette distance lui fait peur et lui fait mal. Il ferme les yeux et se mure de nouveau dans le silence de longues minutes. La fatigue ne semble pas vouloir l'emporter alors que la douleur n'est plus qu'un lointain bourdonnement.

AOMINE

Il reste un long moment dans le noir à picoler en ressassant toujours les mêmes pensées, attendant que son propre anti-douleur en bouteille fasse effet. L'alcool finit par l'assommer un peu et il se sent mieux. Il fait un détour par la salle de bain en vacillant un peu, se déshabille et se glisse sous la couette. Il ferme les yeux en espérant s'endormir vite.

KAGAMI

Il ne bouge pas. Il a toujours froid roulé en boule de son côté du lit. Il somnole mais ne dort pas vraiment. Daiki n'a rien mangé. Il ne l'a jamais vu boire comme ça depuis qu'ils sont ensemble et il n'aime pas ça... Surtout qu'il ne lui parle pas, qu'il reste dans son coin à juste boire. Il aurait pu essayer de lui parler, mais il ne sait pas quoi dire alors qu'il se sent minable. Tellement minable.

AOMINE

Ses pensées se font de plus en plus décousues et il s'aperçoit qu'il a la tête qui tourne... heureusement, pas assez pour lui donner la nausée. Il oublie cette sensation désagréable en se laissant sombrer dans l'inconscience.