Bien le bonjour !
Et voici le nouveau chapitre, tout frais tous chaud sorti de la relecture !
Enjoy !
AOMINE
Le lendemain, le réveil le tire d'un profond sommeil. Il se tourne et enlace son homme, posant des baisers dans son cou.
« Good morning love… »
KAGAMI
Il soupire doucement. Son corps lui semble de plomb, il aurait bien dormi encore quelques heures. Il glisse sa main sur celle de son homme et mêle ses doigts aux siens. Il n'ouvre pas les yeux. Pas encore. Il profite du matin, de la chaleur du lit, de la proximité de son homme. Il rêve d'être en vacances.
« Hm... Morning love... »
Il a du mal à s'extirper du sommeil et y replonge presque instantanément après avoir marmonné ces quelques mots.
AOMINE
Il sourit en le voyant se rendormir et embrasse doucement son front. Puis, il quitte le lit le plus discrètement possible et va faire le petit-déjeuner. Il revient vingt minutes plus tard avec un plateau bien garni, et le pose à côté du lit avant de revenir dans le lit près de son homme. Il caresse son dos et embrasse ses lèvres, puis glisse une main sur sa nuque et commence à la masser du bout des doigts.
KAGAMI
Le contact sur sa nuque le tire de nouveau du sommeil, lentement, doucement. Il lutte un peu pour ne pas se rendormir. Il échoue même quelques instants, puis rouvre les yeux, sursautant un peu. Sa voix est rauque quand il souffle alors qu'il se force à garder les yeux ouverts.
« 'jour love. »
Daiki lui sourit et s'approche pour embrasser ses lèvres.
« Hi love. Le petit-déjeuner est prêt.
— Déjà ? »
Les mots de son homme le réveillent, un peu et il glisse une main sur sa joue caressant doucement ses lèvres. Il le regarde à travers les dernières brumes du sommeil avec un peu d'inquiétude.
« You ok ? Tu as mal dormi ? »
Son homme sourit à sa question.
« I'm good, love. J'ai bien dormi. C'est juste que t'avais du mal à te réveiller alors je me suis levé pour faire le petit-déjeuner. »
Sur ces mots, il se redresse et attrape le plateau pour le poser sur les couvertures.
« Et voilà ! Un petit-dej préparé avec amour et en grandes quantités spécialement pour mon fiancé ! Avec son thé préféré, bien sûr. »
Un grand sourire s'affiche sur son visage aux yeux encore un peu bouffis.
« Je suis trop chanceux... »
Il se redresse et pose un baiser sur les lèvres de son homme. L'inquiétude laisse place à un peu d'étonnement et surtout beaucoup de soulagement. Il est content et son coeur se gonfle d'amour et de bonheur de voir son homme de bonne humeur et l'appeler "mon fiancé" comme il ne l'a plus fait depuis ce match. Depuis que ce moment les avait un peu brisés. Il est heureux et ému un peu de réaliser qu'il n'a pas rêvé, ils ont réussi à avancer et, il l'espère, le surmonter totalement. Mais Daiki avait demandé du temps alors peut-être que ça retombera un peu, mais ce matin est parfait et c'est tout ce qui compte pour l'instant, ça lui donne l'énergie pour affronter la journée.
« J'aime quand tu m'appelles comme ça... Thanks love. »
AOMINE
Il se cale contre les oreillers et entame son petit-déjeuner. Il a envie de faire plaisir à son homme, peut-être un peu de se rattraper pour cette semaine difficile où il ne lui a pas prodigué assez de tendresse, où il a gardé ses distances. Et puis, il a besoin de renouer cette intimité-là, de retrouver leur complicité et ces moments de joie.
« Je suis content que ça te fasse plaisir. Bon app, love.
— Bon app à toi aussi... Ah... J'suis affamé. »
Taiga se presse contre lui et s'attaque à son petit déjeuner avec appétit, le sourire aux lèvres et détendu.
« C'est bon love... Et c'est vraiment cool que t'en aies fait plein... »
Il rigole un peu.
« Je commence à te connaître, love ! Et quel genre de mari je ferais si je laissais mon homme mourir de faim, hein ?!
— Terriblement négligeant c'est certain ! »
Le rire de Taiga résonne dans la pièce, ses lèvres se posent dans son cou et son homme lui sourit, le regard pétillant de bonheur.
« You'll be my perfect husband love. »
Il sourit, son cœur se réchauffant à ces mots. Ce matin, il y croit, il n'y a pas de place pour le doute. Il profite de cette douce certitude, de son bonheur.
« I'll do my best. »
Il boit un peu de café et reprend son repas, jetant un coup d'œil à son portable.
« Il faudrait qu'on appelle Tetsu pour le lui dire, love. Et le prévenir qu'il est témoin, accessoirement.
— Yes. Quand tu veux love. »
Taiga termine son repas et revient se caler contre lui en sirotant son thé et soupirant de satisfaction.
« Hm... Tu veux le faire maintenant ? Il n'est pas du genre à se coucher tôt... Il sera peut-être encore debout. Et... On a encore un peu de temps avant d'aller à l'entraînement. »
Il s'illumine à cette proposition.
« Ok... Bonne idée. J'imagine... enfin, ça lui fera sûrement plaisir. » Il se mordille la lèvre, un peu nerveux, puis hoche la tête. « Ouais. Faisons ça. »
Il lance un appel vidéo, il veut voir si Tetsu va perdre un peu de sa placidité légendaire à l'annonce de cette nouvelle.
KUROKO
Il regarde son téléphone en fronçant légèrement les sourcils. Ce n'est pas du tout l'heure habituelle pour Aomine d'appeler. Il l'avait prévenu qu'il n'aurait sûrement pas la possibilité de l'appeler alors que Kise et Momoi étaient à L.A.. Cet appel est pour le moins surprenant. Il prend son téléphone et le cale contre un livre sur son bureau et répond, acceptant cette pause bienvenue dans la rédaction de son devoir. Il décroche et ce sont ces deux amis qui apparaissent à l'écran. Kagami est torse nu et ils sont visiblement encore au lit vu la tête de ce dernier, étrangement Aomine semble presque le plus réveillé des deux. Son regard passe sur son œil violacé et sur les marques sur cou et pour une fois il remercie son impassibilité exceptionnelle c'est clairement impressionnant de voir son ami comme ça.
« Bonjour Aomine-kun, Kagami-kun.
— Yo, Tetsu ! Comment ça va ? T'étais encore en train d'étudier, j'parie !
— Salut Kuroko.
— Oui. Un devoir à terminer pour dans deux jours. Vous allez bien ? C'est inhabituel un appel à cette heure-là... Et vous avez l'air d'être à peine réveillé.
— C'est exactement ça. J'ai même pas encore mis un pied en dehors du lit... Vu que mon homme m'a gentiment préparé un gargantuesque petit déjeuner et... » répond Kagami en regardant Aomine avec de la tendresse et de légèreté dans la voix malgré la tonalité un peu rugueuse de celle-ci au réveil.
Ses deux amis respirent le bonheur et c'est plaisant à voir. Il aime être témoin de cette complicité entre eux.
« Comment tu as dis déjà ? Ah ouais..., Kagami reporte son attention sur lui le regard plein de malice, 'et mon thé préféré'. Je suis un homme comblé ! »
— Je vois ça... Tu illustres très bien... Enfin VOUS illustrez très bien l'expression 'irradier de bonheur.' Je vais donc supposer que vous allez bien. Alors pourquoi vous m'appelez si tôt ou si tard ? »
Aomine rigole un peu nerveusement et se frotte l'arrière du crâne.
« Eh ben... On a un truc important à t'annoncer… »
Il échange un regard avec Kagami, puis reporte son attention sur lui et déclare d'une voix un peu basse :
« On va se marier… »
Kuroko fronce les sourcils.
« Je suis désolé Aomine-kun... Je n'ai pas bien entendu. »
Kagami sourit et son bras bouge, il devine qu'il glisse la main dans celle d'Aomine. Il semble nerveux aussi mais son sourire ne trompe pas c'est une bonne nouvelle, en tout cas quelque chose qui lui fait plaisir. Ses pommettes sont un peu roses. Et d'une voix plus claire il répète les mots de son petit ami.
« On va se marier Kuroko... Dai m'a demandé en mariage le week-end dernier et j'ai dit oui. »
Il reste quelques instants silencieux en regardant ses deux amis alternativement. Peut-être que pour la première fois depuis longtemps, une expression de surprise se peint sur son visage. Il ne s'attendait pas une progression aussi rapide de la part d'Aomine mais c'est une très bonne nouvelle. Il sourit.
« J'aurai parié que tu serais celui qui ferait la demande. Mais je suis content pour vous. Il faut que vous me racontiez la déclaration... C'était dans un resto chic ? Avec une bague dans un gâteau ? Hm... Non trop risqué c'est sûr que Kagami-kun l'aurait avalé... Dans un verre de champagne peut-être ?
— J'aime pas les gâteaux et Dai le sait alors non pas de gâteau... Y'avait du champagne par contre... Pour le reste... Elle était juste parfaite sa déclaration mais pas très conventionnelle. Et... Hm... Je préfère la garder pour nous. Mais... Sache que c'était sur une plage idyllique.
— Tu veux la garder pour toi ? Ok... Donc il était pas en costard mais à poils. Compris. Félicitations à vous deux ! Et on célèbre ça quand ? »
Aomine sourit, serrant la main de Kagami dans la sienne.
« Après la saison... Et... On a une faveur à te demander... On voudrait que tu sois notre témoin... à tous les deux. Après tout... C'est un peu grâce à toi qu'on en est là aujourd'hui... C'est toi qui nous as présentés... qui as fait qu'on s'est... rapprochés. »
Il sourit. Un vrai sourire, il le sent lui-même. Enfin, il a l'impression qu'il est immense mais il a souvent l'impression de sourire et personne ne le voit. Mais cette fois, c'est impossible que ses amis ne le perçoivent pas. En tout cas, il l'espère. Son coeur se serre un peu, il est vraiment heureux pour ses amis, ils ont fait tellement de chemin tous les deux. Il les regarde tour à tour. Oui, ils méritent vraiment d'être heureux. Il a l'impression que sa voix tremble quand il répond.
« Ça me ferait vraiment très plaisir d'être témoin pour vous deux. »
AOMINE
Son cœur bat fort dans sa poitrine et sa gorge se noue alors qu'il voit ce sourire se peindre sur le visage de son ami. Il a l'impression que ce mariage est plus réel maintenant que Tetsu est au courant, et qu'il a accepté le rôle qu'ils souhaitent l'y voir jouer.
« Merci... J'suis vraiment content de l'entendre.
— Tu étais inquiet que je refuse ? Ou que je sois contre votre mariage ?
— Non... Mais c'est... Un peu irréel, et t'entendre dire ça... ça rend les choses plus réelles. Plus... concrètes. Et puis ouais... au fond... t'aurais pu trouver qu'on allait trop vite et avoir des réserves.
— Trop vite ? Je ne crois pas à ce genre de truc... Qu'il y ait un temps convenu pour le moment où on a le droit de se marier ou non après avoir débuté une relation. Vous choisissez votre rythme. Et je serais toujours de votre côté. Est-ce que je suis surpris sachant que tu as fait ton coming out récemment ? Oui c'est vrai je ne m'attendais pas à ce que tu évolues aussi vite. Mais je ne juge pas si c'est bien ou mal. Tant que vous êtes heureux je suis plus que 100% avec vous. Et... je suis vraiment touché que vous pensiez à moi pour être votre témoin. »
Il déglutit et acquiesce, l'émotion nouant sa gorge plus fort.
« Ouais... on est heureux... Je voulais plus perdre de temps parce que je savais que je voulais rester avec lui pour toujours. »
Il regarde son homme, caressant sa main dans la sienne.
Taiga hoche doucement la tête et serre doucement sa main. Sa voix est basse remplie d'émotion elle aussi quand il sourit et répond à Kuroko.
« Et... C'était vraiment parfait qu'il me le demande... Je suis vraiment heureux qu'il l'ait fait.
— Alors... On est bien d'accord. C'est la meilleure chose à faire. Vous avez prévenu Momoi et Kise ?
— Oui et Tatsuya... En fait... Nous aurons cinq témoins... »
Taiga le regarde pour le laisser continuer.
« Ouais... Taiga a demandé à Tatsuya et à Cynthia... et moi à Ryota et Satsu... Et toi tu seras notre témoin commun ! Y a aussi notre équipe qui est au courant... Ils sont contents pour nous. C'est vrai que... ils nous ont soutenus depuis le début, surtout Jake...
— J'ai hâte de le rencontrer et de le remercier de prendre soin de vous. C'est un bon capitaine et ça se voit. Et c'est pour ça j'en suis convaincu qu'il vous mènera à la victoire cette année.
— Ouais... J'espère aussi. On a déjà affronté des équipes coriaces mais on peut continuer comme ça. D'ailleurs, j'ai pas marqué assez de paniers à mon goût au dernier match !
— Hm... C'était plus difficile mais vous avez bien joué. »
Kuroko baille un peu.
« Je suis content pour vous mes amis vraiment. Et j'attends d'avoir la date exacte pour m'organiser au plus vite. Mais en attendant je crois qu'il serait temps que j'aille me coucher.
— Ok Tetsu, on te dit ça dès qu'on est un peu plus organisés. En attendant, bonne nuit !
— Bonne nuit Kuroko.
— Bonne journée les gars. »
Tetsu raccroche et Taiga vient saisir sa nuque pour l'embrasser avec passion.
« I love you so much Dai... »
Il lui rend son baiser, le cœur battant, puis le regarde en caressant sa joue.
« I love you too... Je suis content de l'avoir dit à Tetsu... C'est bizarre, mais j'me sens comme... soulagé.
— Tant mieux love. Peut-être que... T'avais encore besoin de ça pour accepter qu'il ne t'en a jamais voulu ? Je suis aussi content qu'il soit là pour nous.
— Yeah... Maybe so. Je suis content aussi, love. »
Il lui sourit et pose encore un baiser sur ses lèvres.
« Bon... Cette fois on va pas planter ton père pour le dîner hebdomadaire ! Et comme ça on pourra lui dire aussi...
— Ouais. Et je pense que ça lui fera plaisir de rencontrer Kise et Momoi. »
Taiga s'étire.
« Par contre maintenant va falloir qu'on bouge si on veut pas être en retard à l'entraînement. »
KAGAMI
Quand il entre dans le gymnase. Il se sent vraiment léger. Presque comme le lundi précédent après ce week-end sur la petite crique, ce week-end où Daiki lui a fait sa demande. Et puis le mardi tout avait volé en éclats, comme si ce bonheur était trop beau pour qu'ils y aient le droit. Mais la soirée et la matinée lui donnent à présent l'impression que ce mardi n'a été qu'un cauchemar. Ce bonheur ils y ont droit et ils vont œuvrer pour qu'il fonctionne.
Avant d'entrer dans le vestiaire, il pose un baiser sur les lèvres de son homme. Puis, il pénètre dans la pièce en saluant ses coéquipiers.
« Salut les gars. Bon week-end ? »
Des salutations joviales fusent, des petites plaisanteries sur leur couple et quelques rires. Mais il sait qu'ici, les gars ne les jugent pas au contraire, ils font presque de leur couple leur mascotte. Et ça fait du bien d'être soutenu, d'être dans cette ambiance bienveillante et chaleureuse.
Daiki pose ses affaires et déclare :
« Préparez-vous les gars, ce soir y a Ryota qui vient se mesurer contre les volontaires, et j'vous préviens même vous, vous devriez pas le sous-estimer ! Il peut s'adapter en un clin d'œil à n'importe quel joueur !
— Ah ouais? Je suis curieux de voir ça ! J'en suis. » Répond Lewis
Zach se montre volontaire aussi, tout comme Harry et Simon. D'autres ne peuvent pas et certains préfèrent confirmer dans la journée, pour vérifier auprès de leurs familles qu'ils peuvent rentrer un peu plus tard, dont Jake.
AOMINE
Il a hâte de jouer ce petit match, d'autant que ça commence à faire un petit moment qu'il n'a pas eu l'occasion d'affronter son ami sur un terrain. C'est donc de bonne humeur qu'il commence l'entraînement. Ils ont un nouveau match à jouer à la fin de la semaine, et il n'a pas l'intention de casser la série de victoires. Et maintenant qu'il est parti pour, il a aussi envie d'affirmer son statut de scoreur montant. Il veut marquer cette saison et se faire une place parmi les meilleurs attaquants de l'année. Et après les difficultés de la semaine dernière, il est grand temps pour lui de se reconcentrer sur le sport et sur sa carrière.
Il est presque surpris que la journée soit déjà écoulée quand il voit le blond se poser sur le banc et lui adresser un petit signe de la main. Il lui sourit et se dirige vers lui.
« Hey. J'espère que tu t'es bien préparé, y en a plusieurs qui ont bien envie d'en découdre avec toi !
— Pas de problème ! J'me suis entraîné tout l'après-midi ! Y a des bons joueurs de street dans le coin ! »
Lewis s'approche pour taper dans la main du blond, qui fait de son mieux pour ne pas avoir l'air trop impressionné.
« On a hâte de te voir jouer ! Daiki a laissé entendre que t'étais plutôt bon... »
Ryota prend une teinte rouge vif et rigole nerveusement :
« Je suppose qu'on va voir ça... »
Après un dernier exercice de shoot, Taiga est lui aussi enfin dispensé et il rejoint Daiki et Kise.
« Tu t'es entraîné ? Mais j'espère que tu t'es pas trop fatigué quand même... Va falloir tenir le rythme !
— J'vais faire de mon mieux mais moi mon occupation principale c'est servir des cocktails, pas jouer toute la journée ! »
Ils sont rejoints peu à peu par d'autres joueurs désireux d'en découdre et qui assomment Ryota de questions sur son parcours, ses capacités, etc.
« Pourquoi on vérifierait pas ça maintenant ? s'enthousiasme Daiki. Allez go, on est assez pour un mini match ! Mais moi je joue contre toi. Tu veux Taiga en renforts ? ajoute-t-il avec un sourire carnassier.
— Pas besoin », répond Ryota en lui rendant son sourire, métamorphosé dès qu'il est question de compétition sur un terrain de basket.
KAGAMI
Lewis rigole et passe son bras autour des épaules de Kise qui semble petit et frêle à côté de lui.
« Steve et moi on joue avec le blondinet ! »
Les équipes sont rapidement formées et ils se mettent en place. Il se poste sous le panier, pour intercepter les tirs. Il aurait bien profité de ce match pour affronter son homme, mais c'est différent de l'affronter en one on one ou en équipe. L'entre deux donne la balle à l'équipe adverse et très vite se retrouve entre les mains de Kise, tout le monde ayant hâte de voir ce qu'il a dans le ventre.
KISE
C'est difficile de croire à ce qui lui arrive. Il joue dans le gymnase où s'entraînent les Lakers, avec des légendes de la NBA, et ses amis en passe de devenir eux-mêmes des légendes. Mais on pourrait lui balancer le top 10 des joueurs des cinquante dernières années qu'il réagirait de la même façon. Un match est un match, peu importe avec qui, et contre qui on le joue.
Son expression se ferme, ses sens s'affutent. Il a besoin de temps pour repérer les caractéristiques des uns et des autres, mais pour ça, il faut qu'il les voit jouer. Alors, pas le choix, il faut se lancer. Il dribble calmement, prenant le temps de se concentrer. Il observe Harry, Daiki et Taiga qui se tiennent prêts à l'intercepter. Du coin de l'œil, il repère Steve et Lewis. Puis, il s'élance, fait une passe à Lewis au dernier moment alors qu'il approche du panier, se décale vivement pour se mettre à découvert, et ce qu'il espérait arrive : Lewis lui relance le ballon, et il bondit pour le dunk. Daiki s'oppose, mais il garde le ballon dans les deux mains et, lancé à pleine vitesse, il parvient à toucher le panier. Et à faire rentrer la balle.
AOMINE
Dès l'instant où il a eu la balle dans les mains, Ryota s'est métamorphosé. Il connaît bien cette expression-là, et la voir l'émeut plus qu'il ne l'aurait pensé. Ryota n'est pas du genre à se prendre au sérieux, même si ça ne l'empêche pas d'avoir de l'ego. Il a une allure et un comportement inoffensifs, mais dès qu'il entre dans un match, il devient une autre version de lui-même, il est habité par la flamme du désir de combattre et impossible à intimider par la même personne qui hors terrain le ferait rougir ou se répandre en excuses. Il a toujours aimé cet aspect de sa personnalité.
« Joli. Mais j'y allais pas à fond.
— Moi non plus ! » déclare le blond avec un grand sourire qui le ramène des années en arrière, lui serrant le cœur au passage. Mais c'est un bon sentiment, le sentiment de le retrouver plutôt que le regret.
Il se remet en position, prêt à passer à l'attaque.
KAGAMI
C'est étrange de se retrouver de nouveau sur un terrain avec Kise. Les souvenirs du lycée lui reviennent en force. La nostalgie le surprend alors qu'il pense à Kuroko. Ils faisaient aussi un super duo tous les deux et de sacrés miracles. Quand il joue avec Daiki, il repense surtout à leur one-on-one, mais jouer avec Kise c'est tout le reste qui lui revient en mémoire avec nostalgie. Comme si au lycée, il y avait Daiki et tout le reste. Il y avait indéniablement déjà un truc particulier avec lui.
Il récupère la balle et décide de tester Kise lui aussi en face à face. Il n'a pas tout à fait le niveau mais clairement si le Japonais avait eu le courage de se lancer, il aurait lui aussi pu faire de grandes choses, son talent est toujours là. Il prend plaisir à déjouer ses feintes et finalement il passe la balle à Daiki quand Lewis vient en renfort du Japonais. Il n'est surtout pas question de lui faire de cadeaux, ce ne serait que lui manquer de respect.
Daiki marque et Steve reprend la balle pour repartir à l'assaut de leur panier, passant à Lewis qui la renvoie à Kise. Il est sous le panier et il bondit pour bloquer le dunk. Kise tente une feinte digne de Daiki, avec un autre que lui ça aurait pu fonctionner mais il connaît trop bien les deux Japonais pour se faire avoir.
KISE
Il ne perd pas sa concentration, il en gagne même davantage. Il n'a jamais joué avec des basketteurs de ce niveau et ça a quelque chose de grisant, mais il ne perd jamais son sang-froid sur le terrain. Et il veut profiter au maximum de cette occasion qui n'est pas près de se représenter. Alors il enchaîne les actions audacieuses, analysant rapidement le jeu de ses coéquipiers et adversaires du jour. Daiki et Taiga ont pas mal évolué, Daiki perfectionnant ses techniques, et Taiga plus polyvalent et puissant qu'avant. Et surtout, ils jouent dans une harmonie presque troublante, formant un duo redoutable. L'un semble toujours savoir où est l'autre, et ils n'ont pas besoin d'élaborer des stratégies. Il avait vu ça à la télé, mais l'expérimenter directement, c'est assez impressionnant. Ils ont tous les deux fait tellement de chemin depuis le lycée... Tant sur un point de vue professionnel que personnel, d'ailleurs. Ça le fait se poser des questions sur sa propre vie. C'est normal à son âge de ne pas avoir un but défini, mais... Cela dit, il chasse ces pensées dès qu'elles apparaissent : les questions existentielles peuvent attendre !
Il a repéré une petite faiblesse sur le flanc droit de Harry, et l'exploite dès que ce dernier a le ballon. La défense est serrée cependant, et il tente une passe longue à Steve qui est bien placé, croisant les doigts pour que ça passe.
Et Steve récupère la balle, il ne laisse pas le temps à Daiki de le rejoindre et ne prend aucun risque. Il assure le tir et malgré la détente de Taiga le ballon rentre. Il se tourne vers lui.
« Bien joué Ryouta ! »
Il affiche un grand sourire.
« Merci ! »
Ça fait drôle de se faire complimenter par un joueur comme Steve, après l'avoir admiré à l'écran. À la remise en jeu, Daiki prend la balle et il s'occupe de le marquer. Ils ont toujours eu du mal à se départager, et malgré les progrès de son ami, et son statut de joueur pro en NBA, il n'a pas l'intention de s'incliner. Il arrive à suivre ses mouvements. À les déjouer parfois. Et il en tire une immense fierté.
KAGAMI
Zach a pris la place d'Harry et lui fait une jolie passe, il tire sans attendre et marque un autre panier. Les gars ont l'air de s'amuser tout autant que Kise. Il apprécie vraiment cette équipe qui fait naturellement ce cadeau à leur ami. Même s'ils ont l'avantage, le duo qu'il forme avec Daiki reste au-dessus du lot, Kise n'a vraiment pas à rougir de son jeu au milieu de ses pros. Et quand ils mettent fin au match tous les joueurs présents félicitent le Japonais chaleureusement. Pour aider un peu, il se prête à l'exercice de la traduction pour son ami quand les accents de ses coéquipiers sont parfois trop prononcés.
Lewis passe un bras autour des épaules de Kise et l'entraîne vers les vestiaires. Il regarde son coéquipier s'éloigner avec le Japonais et passe un bras autour de la taille de son homme.
« Tu as bien profité love ?
— Yeah... C'était fun. Ça faisait longtemps que j'avais envie de faire ça. Et Ryota s'est encore mieux débrouillé que ce que je pensais...
— Ouais. C'est clair qu'il a super bien joué. Il aurait sûrement pu avoir sa place en NBA aussi.
— C'est ce que je pense aussi. Mais j'peux pas le blâmer d'avoir choisi une autre voie... Sportif de haut niveau, c'est clairement pas fait pour tout le monde. »
Tout en parlant, Daiki l'entraîne vers les vestiaires, le besoin d'une bonne douche se faisant de plus en plus pressant.
« Ouais... Et même quand tu choisis cette voie. Tu as parfois des doutes d'avoir bien choisi.
— Clairement... Vu tout l'investissement que ça demande… »
Le brun lui jette un coup d'œil.
« T'as toujours des doutes, toi ?
— Aujourd'hui ?! Non. Parce que j'ai trouvé une super équipe et surtout je t'ai retrouvé toi. »
Il sourit à son homme amoureusement en se dirigeant vers ses affaires.
AOMINE
Il lui rend son sourire et se déshabille rapidement pour rejoindre la douche. Lui non plus ne doute pas... du moins, sur le présent. La pression des médias, de la célébrité en général, va en s'accroissant. Et il ne sait pas trop jusqu'à quel point il pourra accepter ce changement de statut. Mais c'est une question qu'il n'a pas envie de se poser maintenant, et d'ailleurs, ça ne sert à rien non plus de se la poser. Il peut seulement vivre, et voir comment les choses évoluent.
Il rejoint la douche et se décrasse en vitesse en balançant quelques vannes à Ryota, puis se sèche et se remet en civil.
« Bon, tout ça, ça mérite bien un petit apéro, non ?!
— Ouais... À la maison ? Kise... Les filles font quoi ?
— Aucune idée... »
Il pêche son portable dans sa veste, mais pas de nouvelles, alors il envoie un texto à Satsuki pour lui demander, et reçoit une réponse quelques minutes plus tard.
« Elles nous proposent de boire un verre dans un bar à mi-chemin entre chez nous… » Il lui montre son téléphone : « Tu connais ? »
Taiga lit rapidement le nom du bar.
« Non. Mais le taxi trouvera. »
Ils terminent de s'habiller. Il ne reste plus qu'eux dans les vestiaires et Zach. Ils lui proposent de les accompagner. Le jeune joueur accepte volontiers. Ils prennent un taxi qui les dépose devant le bar où les filles leur ont donné rendez-vous.
C'est un bar simple mais chaleureux d'où sort une musique rock. À l'intérieur, les boiseries reflètent une lumière tamisée. Ils repèrent rapidement les filles assises à une table au fond. Satsuki se lève en les voyant et leur fait un signe de la main :
« Hey, vous êtes là ! Alors ce match ?!
— J'ai gagné ! s'exclame le blond.
— N'importe quoi ! le rabroue Daiki. Mais il s'est super bien débrouillé », admet-il ensuite.
KAGAMI
Il rigole et caresse doucement la nuque de son homme qui vient de s'asseoir en approuvant.
« Ouais il a carrément bien joué. Il a impressionné tout le monde.
— Ouais je confirme ! Salut les filles moi c'est Zach. Je m'incruste.
— Je vais chercher à boire. Bière ? Cocktail ?
— Une bière pour moi », demande Zach.
Il prend les commandes de tout le monde et Zach se propose de l'aider à tout ramener et le suit vers le bar.
MOMOI
Elle regarde ses amis en souriant, ils ont l'air de bonne humeur et pleins d'énergie, et ça lui fait plaisir. Elle-même a passé une journée parfaite. Pendant que Cynthia travaillait, elle s'est promenée dans les rues de L.A., elle est allée au cinéma et fait du shopping. Faire un break de sa vie quotidienne, découvrir un nouveau pays, avoir son emploi du temps totalement libre et n'avoir à se soucier de rien, c'est libérateur, et elle s'aperçoit seulement maintenant à quel point ça lui manquait et elle en avait besoin. Et elle pense que Ryota en est à peu près au même point. Son regard passe de Ryota à Daiki.
« Ça a dû vous rappeler des souvenirs, pas vrai ?
— Ouais... Y avait un peu de nostalgie dans l'air ! avoue Daiki.
— Sauf qu'à l'époque on jouait pas avec des stars de la NBA !
— JE suis une star de la NBA ! »
Le blond rigole.
« Bien parti pour l'être, en tout cas. C'était génial de jouer avec vous. Kagamicchi et toi, vous êtes vraiment devenus impressionnants.
— Hm... On se débrouille ! »
Daiki rigole, mais elle voit bien qu'il apprécie le compliment.
« Vous avez un match à la fin de la semaine, pas vrai ? J'ai trop hâte d'y être ! Ça sera mon premier match de haut niveau en live ! Quand je vais raconter ça à l'équipe de mon université, ils vont être verts de jalousie...
— Tu m'étonnes ! s'enflamme le blond. Moi aussi j'ai trop hâte ! »
CYNTHIA
Elle aime voir Satsuki s'enthousiasmer. Elle a réussi à se libérer du boulot pour la fin de la semaine et elle est ravie de pouvoir profiter de toutes les minutes restantes avec la jeune femme. Elle lui a manqué aujourd'hui et elle a juste envie de la retrouver chez elle et de se lover entre ses bras. Elle se contente rester assise au plus près d'elle et de garder une main sur sa cuisse sous la table.
Elle prend le verre que lui tend Zach en se renfrognant un peu en le voyant zieuter le décolleté de sa petite amie. Elle le remercie rapidement et heureusement le basketteur s'installe à côté de Kise suffisamment loin de Satsuki pour qu'il n'ait pas vraiment la possibilité de la draguer.
« Tu bossais aujourd'hui c'est ça ?
— Yes. Mais je suis libre pour le reste de la semaine. »
Taiga se tourne vers Kise et Satsuki.
« Et ça a été vous vous en êtes sortis ? Vous avez fait quoi ?
— J'ai fait la grasse matinée, répond Ryota. Et après, je suis allé en quête d'un terrain de basket et je me suis incrusté ! Et j'ai joué tout l'aprem... » Il rigole et ajoute : « J'ai dit aux gars que j'allais rejoindre les Lakers après ça pour la fin de l'entraînement... Personne m'a cru ! J'crois même qu'ils ont pensé que j'étais un peu taré ! »
— Oh. OK je pensais que vous aviez passé le reste de la journée ensemble, répond Taiga surpris.
— Non, explique Satsuki, Ryota m'a dit qu'il voulait s'entraîner, alors je suis allée me promener en ville et j'ai fait un tour au cinéma. C'était sympa, le quartier est agréable ! »
Elle sourit, Satsuki lui a expliqué avoir apprécié de flâner sans rien avoir à faire. Sans contrainte, sans cours. Juste être libre et seule. Et elle peut comprendre ça. C'est une des raisons pour laquelle avec Lola elles ont vraiment partagé l'espace de l'appartement, même si Lola du coup a un espace plus petit. Mais c'était une solution provisoire qui finalement perdure. Ça ne la dérange pas, Lola n'a pas à payer de loyer, elle ne pouvait pas s'imaginer la faire participer à autre chose que la bouffe vu qu'elle ne lui propose qu'une petite chambre de dix mètres carrés. Elles ont un accord et c'est agréable de partager du temps ensemble aussi.
De son côté, elle a eu bien du mal à travailler aujourd'hui, elle a passé au moins deux heures à étudier les prix des vols pour Tokyo pour pouvoir rendre visite à sa petite amie. Elle ne veut pas la voir quitter le sol californien sans savoir quand elle la reverra, enfin si Satsuki veut bien la revoir. Mais elle est optimiste, il lui semble que ce n'est pas à sens unique ce qui se passe entre elles, mais il n'est pas impossible que Satsuki ne souhaite pas d'une relation sérieuse tant qu'elle n'a pas terminé ses études.
« C'est vrai que L.A., c'est sympa, intervient Zach. J'ai grandi à Detroit, c'était une autre affaire...
— C'est comme dans les films ?! demande Daiki.
— Si tu veux parler de la pauvreté extrême et du taux de criminalité, je crains que oui... » Il sourit. « Je sais pas trop ce que je serais devenu sans le basket !
— Ouais après L.A. c'est pas tout rose non plus. Mais on a le surf et la tolérance... Enfin beaucoup de tolérance. Quant à la pauvreté... Elle est présente aussi. »
Le regard de Zack s'assombrit un peu :
« T'as pas autant d'affaires de gangs. Je connais des gens qui se sont fait descendre en pleine rue... Y a des quartiers où ça fait partie de la vie. Notamment là où j'habitais.
— Merde... murmure Daiki. Et comment t'as réussi à sortir de tout ça ?
— J'ai eu une bourse universitaire vu mon parcours sportif. J'ai pas tardé à être recruté par les Lakers après ça. » Il retrouve un large sourire et ajoute, vantard : « C'est ça, le talent !
— Tu l'as dit ! » rigole Daiki en trinquant avec lui.
Elle hoche la tête doucement, d'autres histoires, d'autres problèmes.
KAGAMI
Il joue avec la main de son homme sous la table, en sirotant son verre. Ils discutent longuement et commandent d'autres verres. Mais la faim se fait finalement sentir. Il se penche à l'oreille de son homme.
« Qu'est-ce qu'on fait pour le repas ce soir ? Dehors ? Chez nous ?
— Hm... Dehors, j'ai pas envie de ranger tout le bordel après.
— OK. »
Il cherche rapidement sur son téléphone puis propose d'aller faire un restaurant près de la côte pour ceux qui le veulent. Zach passe son tour. Kise est super partant et Cynthia se tourne vers Satsuki pour lui laisser la décision.
« Ça me va aussi ! » approuve la jeune femme.
Ils se lèvent et quittent le bar, Zach part de son côté et eux se dirigent vers l'océan.
AOMINE
Sur le chemin, il discute avec sa meilleure amie qui lui raconte sa promenade du jour. Ça lui fait plaisir de discuter comme avant, en marchant dans la rue, et il a presque l'impression d'être de retour à Tokyo lors d'une journée banale. C'est bon de retrouver ce sentiment de familiarité qui lui a tant manqué ces derniers mois. Revoir ses amis, c'est un peu retrouver une part de ses racines.
Un quart d'heure plus tard, ils arrivent au resto et il en profite pour commander des spécialités locales qu'il n'a pas encore eu l'occasion de goûter.
« Hm, au fait... On dîne avec le père de Taiga jeudi. Vous voulez venir ?
— Carrément ! Comment il est Papagami ? »
Il rigole.
« Il ressemble à Taiga.
— Ouais on se ressemble un peu. Ce sera sushi du coup... Je fais toujours des sushis le jeudi soir pour Dai et mon père.
— Cool ! Et il est sympa ? » insiste Kise pour taquiner le tigre qui semble un peu embarrassé.
Daiki aussi sourit devant la légère rougeur sur les joues de son homme, et répond :
« Très sympa. À moins qu'il cache bien son jeu !
— Baka. Ouais il est cool.
— Il sait depuis longtemps que tu es gay ? demande Kise très curieux.
— Non. Seulement après ma rupture avec Levi... J'en ai eu ras le bol de mentir alors... Je lui ai dit.
— Il l'a bien pris ?
— Ouais... Très bien. Surpris un peu. Mais ça ne lui a pas posé de problème.
— C'est cool pour vous.
— Ouais et ça va... J'crois qu'il considère que je suis un gendre acceptable ! ajoute Daiki en rigolant.
— Plus qu'acceptable ! Il t'adore ! »
À son tour de rougir un peu, et il rit, gêné.
« Tu m'avais pas dit ça, Daiki ! se réjouit Satsuki. J'ai hâte de le rencontrer en tout cas.
— Il a hâte aussi de pouvoir vous rencontrer. Ça lui fait plaisir de voir des Japonais. Oh... On lui a pas encore dit pour le mariage. On comptait lui annoncer jeudi. »
Taiga lui sourit tendrement, visiblement le jeune homme semble décidé à ce que ce soit une annonce commune.
« Il faudra qu'on achète du champagne.
— Oh ouais ! Ça va être la fête ! s'enthousiasme Ryota.
— Ouais, ouais, modérée quand même, on a match le lendemain...
— Ouais mais pas nous !
— Fine, mais tu nous laisseras un peu de champagne hein ?!
— Je vais voir... Je sais pas, j'adore le champagne.
— Cocktail, Champagne... T'as des goûts de luxe Kise. Ça doit te coûter cher la gueule de bois ! » rigole Taiga.
KAGAMI
Il n'a pas vraiment réfléchi à la manière d'annoncer la nouvelle à son père. De toute façon, il a bien pris la révélation sur sa sexualité et la présentation de Daiki, alors il ne s'inquiète pas trop pour le mariage. Même si ça peut sembler 'précipité', son père n'est pas le dernier à dire que ça date du lycée. Alors oui, il est confiant, tout ce qu'il sait c'est qu'il veut le faire avec son homme auprès de lui.
Le sujet à annoncer à son père qui l'inquiète un peu plus c'est l'envie d'avoir Kate à son mariage. Doit-il lui en parler avant de l'inviter au mariage ? Ou doit-il d'abord s'assurer que Kate est disponible avant d'en parler à son père ? Là, il est nettement moins sûr de la réaction de son père. Elle a disparu de sa vie au décès de sa mère, son père n'a jamais fait mention d'elle, ni même tenté de leur permettre de garder des liens. Mais... Il a gardé chacune des photos qu'elle a prises et les a même accrochées au mur. Il se dit que ça veut dire quelque chose, il veut y voir un signe positif.
Il serre sans s'en rendre compte un peu plus la main de son homme.
AOMINE
Il sent la nervosité de son homme et devine qu'elle est liée à l'idée de faire l'annonce à son père, ce n'est pas comme si lui-même n'avait pas une boule au ventre en y pensant. Il n'est pas trop nerveux cependant, parce qu'il pense que ce sera pris plutôt comme une bonne nouvelle. Et il a même un peu hâte. Il a envie de tisser des liens avec la famille de Taiga. Sa vie ici est une reconstruction, quelque chose d'entièrement nouveau qu'il n'aurait jamais osé espérer. Parfois ça lui donne l'impression d'avancer en terrain miné, par peur de commettre des erreurs et de toute faire échouer, mais malgré tout à mesure qu'il progresse, il gagne en confiance et en assurance.
Il sait que Taiga abordera sans doute le sujet de Kate, mais il n'est pas trop inquiet à cette idée. Il ne pense pas que Eisuke ait gardé de la rancune à son égard. Il se dit même qu'il pourrait être ému de la revoir, car après tout, ils ont aimé la même personne...
Il caresse doucement la main de son homme et lui adresse un sourire encourageant, puis la lâche alors que les plats arrivent. Il salive devant son assiette et s'y attaque de bon appétit, car on ne peut pas dire que l'entraînement a été reposant aujourd'hui !
CYNTHIA
Les trois garçons ont l'air affamé et ça l'amuse. Elle a choisi une salade, être amoureuse a tendance à lui couper l'appétit. Les papillons dans son ventre doivent prendre trop de place. Elle espère que ce soir encore Satsuki viendra chez elle. Elle pourrait très vite s'habituer à ne plus dormir seule. Elle boit un peu de vin et elle écoute les Japonais discuter, ils font des efforts pour parler anglais pour elle mais on sent que en fin de journée pour Ryouta c'est parfois plus difficile et même pour Taiga et Daiki il est évident qu'ils ont l'habitude de parler japonais quand ils sont ensemble. Il faudra qu'elle demande à Lola de lui apprendre, elle pourrait faire une surprise à Satsuki. Ryouta s'excuse encore une fois d'être reparti vers le japonais. Elle rigole.
« T'en fais pas. Ça me dérange pas. »
MOMOI
Elle ne mange pas beaucoup non plus ce soir. Elle se sent légère, un peu euphorique. Un état dont elle n'est guère sortie depuis son arrivée à L.A. Quand elle sera rentrée, elle aura tout le temps de faire du tri dans ses émotions, de prendre du recul. Pour l'instant, ce sont de belles vacances. Ses plus belles, sans doute.
Pendant des années, elle s'est demandée ce qui se passerait quand Daiki serait trop fatigué de se traîner ce fardeau, toutes ces choses qu'il ne disait pas mais qui le rendaient triste et toujours plus pessimiste. Mais quand elle le regarde aujourd'hui, elle a l'impression qu'il a fait une pause pour déposer ce fardeau. Faire le tri de ce qu'il voulait emporter ou pas. Et partager le contenu avec Taiga pour que ce soit plus léger. Ça la rend heureuse, et elle aussi, se sent libérée d'un poids. Il a trouvé quelqu'un pour l'aider avec tout ce pourquoi elle ne pouvait pas l'épauler, et cette inquiétude permanente qu'elle éprouvait s'atténue doucement.
Et non contente de passer des vacances avec ses amis parmi les plus chers, elle a fait la connaissance de Cynthia. À ses côtés, tout un monde d'émotions et de sensations s'est éveillé en elle, et son exploration la fascine et l'émerveille. Parfois, elle éprouve une certaine peur, celle qui nous fait ralentir à l'approche de l'inconnu. Mais seulement ralentir. Elle prend la main de Cynthia sous la table tandis qu'elle attrape son verre de vin blanc et lui glisse un doux sourire.
Les doigts de Cynthia se referment doucement sur les siens et son pouce caresse sa paume alors qu'elle lui adresse un sourire et un regard pétillant. Puis, l'Américaine se mord légèrement la lèvre et vient souffler à son oreille.
« Tu viens chez moi ce soir ? »
Son souffle chaud sur sa peau fait naître une myriade de frissons qui descendent jusqu'à ses reins. Elle hoche la tête et se tourne vers elle.
« J'aimerais bien... Tu veux ?... »
Elle a malgré tout besoin d'une confirmation, même si elle sait que ce que signifie probablement cette proposition. Il se passe tout un tas de choses mais tout lui semble si irréel... Alors oui, elle veut cette confirmation. Elle la regarde avec un doux sourire, laissant entendre que toutes les réponses lui conviennent.
Cynthia sourit et continue à caresser doucement sa paume.
« Oui... J'en ai très envie. J'ai envie de profiter de chaque minute possible avec toi Satsuki. »
Un sentiment chaud se coule dans son ventre en entendant ces mots.
« C'est ce que je voudrais aussi. Alors faisons ça.
— Prenez au moins un dessert ! proteste Daiki en les voyant faire des messes basses.
— C'était prévu, le rassure-t-elle d'un sourire. Et puis on va pas s'envoler. Enfin, techniquement, Ryota et moi, si... Mais pas tout de suite.
— J'espère bien ! Allez c'est moi qui offre. Prenez tout ce que vous voulez. »
Cynthia sourit.
« Je vais me contenter de deux boules de glace au citron. »
Taiga décline l'offre, pas de dessert pour lui et Ryouta prend son temps en contemplant la carte des desserts, trop riche pour qu'il parvienne à choisir. Daiki finit par assigner un choix de dessert d'office au blondinet, et prend lui-même de la glace, ce sur quoi s'arrête son choix aussi. Ils dégustent leurs plats dans une atmosphère un peu plus intime, l'heure étant davantage aux confidences qu'aux conversations mondaines. Et elle se livre plus qu'elle ne l'aurait prévu, racontant ses difficultés de management avec son équipe de mecs bruts de décoffrage, qui ramènent leurs problèmes sur le terrain, forcément.
Daiki la regarde très sérieusement :
« Et toi, qui écoute tes problèmes ? »
Elle hausse les épaules, essayant d'écarter le sujet, mais perd sa répartie habituelle.
CYNTHIA
Elle serre la main de Satsuki qu'elle n'a pas lâcher. Elle a envie de la ramener chez elle maintenant et de l'écouter encore et encore, qu'elle lui dise tout ce qui pèse sur ses épaules, tout ce qui alourdit son cœur et assombrit son quotidien. Elle veut savoir ses peines, ses joies, ses peurs et ses espoirs. Elle termine doucement sa glace. Elle n'aime pas cette absence de réponse, cette fuite de Satsuki. Elle regarde Taiga qui a semble-t-il glisser sa main dans celle de son homme sous la table aussi et qui regarde le dit homme avec inquiétude. Elle tourne les yeux sur Daiki, cherchant à lire ce qu'il en pense, elle s'attend peut-être à y voir de la culpabilité, mais elle veut surtout qu'il voit dans son regard à elle qu'elle veut changer les choses autant que lui et qu'elle veut être là aussi.
Satsuki a un petit rire embarrassé.
« Faites pas cette tête... Écouter les gens c'est un peu... beaucoup mon job. Ça me va.
— Tu peux pas écouter les gens si tu t'écoutes pas toi-même, et c'est toi qui me l'as dit, assène Daiki en la regardant presque sévèrement.
— J'ai pas dit que je m'écoutais pas ! Bref... Je voulais juste détendre l'atmosphère avec des anecdotes marrantes. »
Le brun change d'attitude aussitôt.
« Ouais, et c'est marrant, déclare-t-il avec un sourire. Mais toi et moi va falloir qu'on discute.
— Pas du tout !
— Si, si. »
Satuski renonce avec un rire embarrassé.
« Ok, ok. Merci Dai-chan pour le dessert.
— Merci pour tout le reste », déclare-t-il avec aplomb, presque comme pour la tester.
Et elle accepte, lui adressant un doux sourire, sans un mot de plus.
Elle écoute cet échange et partage l'avis de Daiki. Elle se racle doucement la gorge et propose de prendre une boisson chaude avant de quitter le restaurant.
Ils prennent thé, café ou chocolat chaud pour clore le repas, discutant posément alors que la soirée s'avance, puis se séparent en bâillant, et Daiki insiste pour tout payer parce que "c'est chiant de faire des calculs".
Ils quittent le restaurant et prennent tranquillement la direction de leurs appartements. Elle glisse sa main dans celle de Satsuki.
« Tu veux repasser chez Tuan pour prendre quelques affaires ? »
Ou ta valise entière et dormir chez moi jusqu'à ton départ...
La Japonaise hoche la tête.
« Si ça te dérange pas... » Elle rigole un peu. « Je commence à être un peu à court...
— Non évidemment ça me dérange pas. »
Après s'être souhaités une bonne fin de soirée et promis de se voir le lendemain, ils se séparent. Daiki et Taiga partant d'un côté tandis qu'elle prend la direction de l'appartement de Tuan avec Ryouta et Satsuki.
« Alors tu m'abandonnes définitivement ? demande le blond quand ils arrivent.
— Mais non pas 'définitivement', sois pas dramatique ! » Satsuki rigole un peu. « Je compte toujours rentrer avec toi au Japon ! »
Ryota fait la moue :
« Ouais, y a intérêt ! »
La Japonaise disparaît dans sa chambre et revient quelques minutes plus tard avec sa valise :
« Voilà, comme ça je suis sûre de tout avoir ! »
Cynthiane peut empêcher un sourire immense éclairer son visage.
« C'est parfait. »
Elle se tourne vers le Japonais, maintenant pressée de rentrer chez elle.
« Bonne soirée Ryouta ! On t'appelle demain matin ! »
KAGAMI
C'est agréable de déambuler dans la rue le soir après ce repas copieux avec son homme. Ils sont restés silencieux après s'être séparés de leurs amis. Il est pensif, la tête encore un peu dans son futur mariage et surtout l'annonce à son père. La présence de son homme est rassurante à ses côtés, il aime sentir son épaule toucher la sienne quand il marche côte à côte.
« Ça va love ? lui demande Daiki. T'as l'air un peu préoccupé. »
Il lui sourit et hoche la tête négativement, en enfonçant ses mains dans ses poches.
« Pas vraiment préoccupé... Dans le sens où ça m'inquiète pas, je sais que ça va bien se passer. Je pense juste à jeudi soir... Je me demande comment on va annoncer à mon père qu'on se marie.
— Ouais... C'est un sacré truc à annoncer. Et... tu vas lui parler de Kate ?
— Ouais c'est un sacré truc... Mais ça m'inquiète pas. Je sais qu'il sera content et qu'il jugera pas. Et oui, il va falloir que je lui parle de Kate. Mais je sais pas... Si j'attends de lui avoir parlé à elle avant, ou si j'en parle d'abord à mon père. J'arrive pas à savoir ce qu'il ressent vis à vis d'elle tu vois ?
— Hm... Je sais pas non plus. Mais de l'eau a coulé sous les ponts... Et te prends pas la tête sur à qui tu parles en premier. C'est plus à eux de s'adapter à la situation que l'inverse, tu vois ? Parce que c'est ton mariage... Et puis... Je suis sûr que ça ira bien. Après tout c'est lui qui t'a parlé d'elle, à ta demande. Si c'est important pour toi, il comprendra.
— Ouais t'as raison... Je verrai de toute façon... Mais j'ai hâte de leur en parler en tout cas. D'ailleurs... ça te dirait que je propose à Kate qu'on aille dîner avec elle un soir semaine prochaine ? »
Ils arrivent devant leur immeuble, et il ouvre et entre dans le bâtiment en précédant son homme. Il récupère machinalement le courrier.
« Ouais c'est une bonne idée, love. Je suis curieux de la rencontrer. »
Ils entrent dans l'ascenseur. Il n'est pas encore tard mais l'immeuble est calme. Daiki bâille et se love contre lui.
« Elle était crevante cette journée. »
Il enlace son homme et embrasse son cou.
« Hm... Je te propose de se mater un épisode d'une série au lit ?
— Parfait, love. »
L'ascenseur les dépose au bon étage et ils rentrent chez eux. Ils se mettent au lit peu de temps plus tard, l'ordi portable entre eux.
« Hm... On est bien à la maison... » soupire doucement Daiki en se pressant contre lui.
Il sourit. Oui. Il se sent bien ici, avec Daiki. Il se glisse entre les jambes et les bras de son homme et prend l'ordinateur sur ses genoux. Il repose sa tête sur son épaule et savoure le contact de son torse contre son dos.
« Ouais... Grave bien... Là j'suis vraiment chez moi. »
AOMINE
Il serre son homme contre lui et caresse son torse, posant des baisers dans ses cheveux. Il se détend et se laisse aller contre l'oreiller. Il a besoin de ces moments le soir, de retrouver son intimité avec son homme, cette sérénité qu'il ne parvient à trouver que lorsqu'ils sont seuls tous les deux, chez eux. Avec leur vie plutôt chargée, c'est le moment qui lui permet de se rééquilibrer émotionnellement, de prendre du recul. Et il pense que Taiga en a besoin aussi.
Il commente de temps en temps l'épisode et câline son homme, très doux dans ces gestes.
Taiga rigole à ses quelques remarques et en rajoute aussi parfois. Il est visiblement totalement détendu entre ses bras, l'une de ses mains glisser sur l'une des siennes, la seconde posée sur sa cuisse sous la couette la caressant distraitement.
« Un autre épisode love ? » lui demande doucement Taiga.
— Ouais. On est bien là, j'ai pas envie de dormir tout de suite. »
Il veut prolonger ce moment de détente à deux, dans leur cocon. Taiga relance un épisode et il embrasse ses cheveux, s'imprégnant de leur odeur. Ils se montrent quand même raisonnables et décident d'arrêter après le deuxième épisode, ils ont grand besoin de reprendre des forces.
Quand il se blottit contre son homme avant de s'endormir, il l'enlace bien fort même s'il n'a pas besoin de faire le poulpe cette nuit, il a juste envie de le garder contre lui. Il écoute le silence peuplé seulement de la respiration de son homme, et se laisse doucement glisser dans le sommeil.
CYNTHIA
Elle revient dans sa chambre avec les tasses et le thé chaud. Elle les pose sur la table basse et revient s'asseoir à côté de Satsuki. Elle glisse une main sur son bras, savoure le velours de sa peau sous ses doigts et vient doucement l'embrasser. Elles ont parlé livre, film. Elles ont écouté de la musique, échangé leurs playlists sur leurs applis de streaming préférées. Elle a envie de tout connaître de Satsuki et surtout, cette discussion ce soir. Elle n'a pas osé aborder le sujet encore. Mais elle a envie de savoir, de connaître aussi ces moments où elle flanche, ces moments durs pour elle, ces moments où elle se sent seule.
« J'ai compris que Daiki était ton meilleur ami... Mais en dehors de lui et Ryouta... Tu as d'autres amis proches ?
— Hm... Pas vraiment, je suppose. Dans le sens où c'est à eux que je parle le plus souvent, en tout cas. Je m'entends bien avec les gens en général, mais j'imagine que je suis un peu solitaire. »
La Japonaise lui sourit doucement et prend une gorgée de thé.
« Pourquoi tu demandes ?
— Alors... Qui écoute tes problèmes ? »
Elle se mordille la lèvre en se demandant si elle va trop loin en citant Daiki, sa main continue de caresser doucement son avant-bras.
Satsuki regarde son thé, apparemment un peu embêtée.
« Eh ben... J'imagine que je n'en parle pas beaucoup. »
Elle caresse son bras et pose un doux baiser sur sa joue.
« Tu n'en parles pas vraiment à Ryouta... »
Ce n'est pas vraiment une question, mais c'est l'impression qu'elle a, que Satsuki ne se confie pas au blond, sûrement une question de personnalité. Parce que de ce qu'elle a compris, elle se comporte beaucoup comme une grande sœur et une confidente pour tous ces gars, et quelque part elle n'arrive pas à se montrer vulnérable face à eux. Sauf peut-être... Daiki.
« Seulement à Daiki ?
— Oui... Mais... s'il a dit ça c'est parce que... C'est moins évident qu'avant de se parler... la distance, et tout… »
Elle regarde sa tasse un peu tristement, puis sourit :
« Mais bon, on se rattrape de temps en temps avec des conversations deux fois plus longues !
— Il te manque... il n'était pas forcément disponible pour plein de raisons... »
Elle n'aime pas la tristesse dans le regard de la jeune femme. Mais surtout elle a peur de ce que ça peut impliquer pour leur relation. Si la distance est un problème avec son meilleur ami, est-ce qu'elle saura ne pas laisser ces kilomètres et cet océan, mettre de la distance entre elles ?
« Ou... Tu n'as pas osé ?
— Un peu des deux, j'imagine. C'est pas aussi naturel que... juste passer chez lui, tu vois ? Et même à une certaine époque, on habitait même ensemble, encore plus simple ! Je suppose qu'il faut s'adapter... Ça viendra sans doute ! »
Elle hoche la tête en lui souriant, "s'adapter". Elle n'a pas envie d'arrêter ce qui se profile entre elles. Elle ressent que ça peut être beau et magnifique. Mais la distance peut être douloureuse et très compliquée à surmonter. Elle espère que ce ne sera pas un obstacle, qu'elles arriveront à composer avec... Enfin... Si Satsuki a envie de leur donner une chance. Mais cette question se posera plus tard, elles ont encore quelques jours pour se découvrir.
« Oui. Je suis sûre que ça viendra... Et si Daiki est plus à l'aise dans ses baskets ce sera sûrement plus facile.
— C'est vrai... Il va mieux depuis qu'il s'est mis en couple avec Taiga. Et je suis soulagée d'avoir moins à m'inquiéter pour lui. Avant, c'était toujours à l'arrière de mon esprit, tu vois... J'y pensais pas tout le temps, mais c'était là. Et je suis d'autant plus sereine maintenant que j'ai pu constater par moi-même comment il va. De ce point de vue-là, je pourrai rentrer plus tranquille. Mais il va me manquer... Et toi aussi ! » conclut-elle avec un clin d'œil.
Cette dernière remarque réveille les papillons dans son ventre et à la fois serre son cœur un peu douloureusement. Comment d'une simple phrase elle peut ressentir autant de bonheur que de peine. Elle sourit en mordillant doucement sa lèvre.
« Ouais... Toi aussi tu vas me manquer... Et j'espère que tu hésiteras pas à m'appeler. »
Elle rigole un peu gênée.
« En même temps... J'suis pas sûre que je te laisserai le choix... J'vais avoir envie d'entendre ta voix tous les jours ! »
MOMOI
Elle a du mal à envisager comment ça sera, une fois rentrée au Japon. Ici, tout est comme dans un rêve, presque une dimension parallèle. Pas parce que ça ne semble pas réel... mais plutôt comme si elle doutait que ces deux réalités puissent vraiment converger, voire fusionner. Elle est venue en vacances revoir son meilleur ami, et, le temps aidant, rencontrer une jeune femme avec qui elle a noué un lien qu'elle ne sait pas encore vraiment définir. Mais tout ça est si loin, tellement loin de son quotidien qu'il lui est encore difficile de faire le lien. Car oui, tout se passe comme dans un rêve, une parenthèse dans la succession des jours. Elle n'a jamais eu à se plaindre de sa vie. Elle n'a pas envie d'en changer. Ce qui ne l'empêche pas, parfois le soir, de sentir ce creux dans le cœur, cette solitude qui rend le monde terriblement silencieux.
Et maintenant, elle ne sait pas. Son futur est un peu plus informe qu'il y a quelques jours auparavant, quand elle a embarqué pour un vol Tokyo-Los Angeles. Informe parce que moins défini, plus incertain. Il lui échappe davantage. Est-ce une bonne, une mauvaise chose ? Elle n'a aucun recul. Elle n'était pas venue en pensant, en osant espérer tomber amoureuse. Et pourtant, c'est peut-être bien ce qui lui arrive, mais c'est difficile pour elle d'y penser en ces termes. Depuis longtemps elle a pris l'habitude d'apposer des étiquettes sur ses relations, pour s'y retrouver, comme dans un classeur de boulot. Savoir que c'est idiot ne change pas grand-chose à l'habitude. Et ne pas savoir quelle étiquette choisir pour cette relation-là rend tout le classeur inutile. Elle ne s'est jamais demandé si elle avait besoin de cette classification. Elle a juste l'habitude de le faire. Mais elle n'en a pas le temps maintenant... Juste le temps de profiter, de vivre. Elle comprendra après. Avec un peu de chance.
« Je suis pas sûre qu'on arrivera à s'appeler tous les jours, mais... j'espère bien que tu y penseras.
— Je crois pas que je pourrai oublier. »
Cynthia laisse échapper un rire léger, peut-être un peu incertain, puis se redresse pour servir le thé et lui donne une tasse et comme ça elle change totalement de sujet.
« Thé vert légèrement parfumé à la menthe. Léger. J'adore le thé. Autant il me faut un café le matin, autant le reste de la journée je préfère boire du thé. Tu bois beaucoup de thé ? »
Elle rit un peu et prend sa tasse, humant son parfum frais.
« À longueur de journée ! Ça m'aide à me concentrer.
— Hm... Cool. Moi aussi... J'ai toujours un thé avec moi quand je bosse. J'ai une grosse préférence pour le thé vert.
— J'aime bien aussi, mais en hiver et en fin d'après-midi, j'aime bien un thé noir. Mais j'en ai plein chez moi, alors t'auras de quoi faire si tu viens me voir !
— Pas "si" ! J'compte bien venir ! »
Cynthia sourit et pose un baiser sur son épaule.
« Il faudra que tu me dises... Quand je peux venir... Et combien de temps... Faut pas que ça t'embête avec tes cours.
— Oui, t'inquiète pas. Je m'arrangerai. Alors dis-moi... Maintenant que tu es en vacances... Qu'est-ce qu'on fait demain ?
— On peut faire ce qu'on veut. Mais hier je me suis dit qu'on pourrait aller se promener dans le cœur de la ville et voir les lieux un peu typiques. J'ai réservé Hollywood pour jeudi, il y avait quelques inscriptions à faire.
— D'accord, c'est un programme qui me va ! »
Elle étouffe un bâillement tandis qu'elle termine son thé à petites gorgées. Les journées à L.A. sont riches en émotion et en nouveautés, et elle se sent fatiguée comme pendant ses vacances d'enfance à la mer, où elle passait des heures à nager. Et elle retrouve la même légère euphorie et la douce sérénité des soirées, qui donne juste envie de se glisser sous la couette et de se laisser aller au sommeil en pensant déjà à la journée du lendemain.
Cynthia lui sourit en buvant aussi son thé et remarque sa mine fatiguée.
« Tu veux qu'on se glisse sous la couette et qu'on se mette un film ?
— D'accord ! Mets-nous un truc hollywoodien, que je me prépare à la visite de jeudi !
— Ok. Allons-y pour du gros film hollywoodien alors ! »
Cynthia rigole et lui fait quelques propositions. Elles choisissent un film et se glissent sous la couette lovées l'une contre l'autre. Cynthia remplit leur tasse de thé une seconde fois et le temps que le film se lance vient goûter ses lèvres.
« Et d'ailleurs, tu aimes quoi de préférence comme genre de film ? J'avoue je mets une pièce sur les comédies romantiques... Mais j'ai peut-être tort...
— Hm... Des comédies romantiques il y en a qui sont fun ! Mais en matière d'histoires d'amour... Je préfère celles qui sont tragiques ! Enfin, au cinéma, hein !
— J'étais pas si loin ! rit doucement Cynthia, Hm... À l'occasion faudra que tu m'expliques pourquoi tu aimes les histoires tragiques ! »
Cynthia s'allonge un peu plus pour lui laisser les deux oreillers pour se caler contre la tête de lit et vient poser sa tête sur son ventre alors que le film commence.
Elle sourit et glisse sa main dans ses cheveux fins et doux, elle adore les faire glisser entre ses doigts. Elle se plonge dans le film et fait régulièrement des commentaires amusés.
CYNTHIA
Elle frissonne sous les doigts de Satsuki. Elle aime cette douceur et cette intimité simple. Elle aime l'entendre rire. Elle caresse distraitement sa cuisse et se joint à son rire. Elle pourrait facilement être accro à ce genre de soirée. Elle en avait déjà conscience auparavant, mais profiter de la présence de Satsuki lui fait vraiment réaliser à quel point elle se sent seule. Déjà, l'arrivée de Lola avait changé pas mal de chose pour elle et c'était aussi une raison pour laquelle elle n'était pas pressée de la voir partir. Mais ce genre d'intimité lui manque terriblement. Pour l'instant, elle en profite. Mais elle sait qu'elle va devoir réfléchir sérieusement à ce qu'elle veut pour l'avenir quand Satsuki sera partie. Sans vouloir aller trop vite non plus, mais aujourd'hui, elle s'imagine aisément un avenir avec la jeune Japonaise.
« Au fait... Ça faisait longtemps que t'étais célibataire ? » demande soudain Satsuki.
Elle tourne la tête pour regarder la jeune femme en souriant. Donc Satsuki ne la considère plus célibataire. Elles n'ont rien décidé réellement et ça lui fait plaisir d'entendre ça. Elle hésite néanmoins en répondant à la question, si elle doit comparer entre la dernière fois où elle a ressenti ce qu'elle ressent pour Satsuki avec quelqu'un d'autre ça remonte à très loin. Des relations suivies elle en a eu plusieurs, mais pour aucun de celles-là elle n'aurait eu envie de traverser l'océan et de quitter sa vie ici, même temporairement.
« Oui ça fait plus de deux ans que je n'ai pas eu de relation sérieuse.
— Oh... » Elle souffle, apparemment un peu soulagée, puis reprend : « Je pensais à Daiki et Taiga et je me demandais si moi aussi je devrais m'attendre à croiser ton ex... À moins... que ce soit quelqu'un que j'ai déjà rencontré ! »
Elle rit doucement.
« Non non ! Tu n'as pas croisé un de mes ex et... Il est très peu probable que tu en croises un et encore moins une.
— Parfait ! Si... Enfin quand tu viendras, tu croiseras pas les miens non plus. Ça faisait à peu près aussi longtemps que toi que j'étais célibataire.
— C'est aussi bien comme ça. J'avoue c'est toujours un peu problématique les ex...
— Ouais... Surtout quand la rupture est récente. Mais apparemment on n'aura pas à se soucier de ça, et c'est tant mieux. »
Satsuki caresse sa nuque doucement avant de replonger ses doigts dans ses cheveux courts, la faisant soupirer doucement de bien-être.
« Ok j'avoue... J'adore quand tu fais ça... »
— Tant mieux... Parce que j'adore faire ça... Tes cheveux sont doux...
MOMOI
Elle sourit, oui c'est agréable, et puis elle aime la façon dont elle sent Cynthia se détendre sous ses doigts.
Elles continuent à regarder le film en discutant et en commentant, profitant de la soirée et de ce moment de calme. Puis, elles éteignent l'ordinateur et la lumière et se lovent sous la couette. Elle enlace sa compagne et respire son odeur avant de poser un baiser sur ses lèvres.
« Bonne nuit, Cynthia... »
La voix un peu rauque de Cynthia lui répond.
« Bonne nuit Satsuki. »
Elle ferme les yeux, léger sourire aux lèvres, et se laisse sereinement envahir par le sommeil. Elle a hâte de profiter de la journée de demain et se balader avec sa nouvelle petite amie, d'autant qu'elle aurait bien besoin d'une guide dans cette grande ville.
