Hello à tous ! Le besoin s'est fait ressentir d'avoir un espace où mettre à l'étude la psychologie des personnages du monde d'Harry Potter, et surtout les pires. J'espère que vous apprécierez les drabbles postés ici !

Pour ce premier drabble, j'ai un peu twisté le canon - il est dit que la mère d'Ombrage est une Moldue, ce qui fait de sa fille une sang-mêlé, et son père s'appelle Orford Ombrage. J'ai préféré garder l'ascendant noble des Selwyn comme une vérité plutôt qu'un mythe.


Oxford Ombrage avait du pain sur la planche. C'était un homme occupé en tout temps, matin, midi et soir. Mais Oxford Ombrage était surtout un homme, un vrai. Un Maître du Magenmagot accompli à la carrière longue et fructueuse, un mari fort et compétent, et un maître de maison qui faisait régner l'ordre le plus impeccable qui soit. Sous sa férule vigilante, les deux femmes constituant sa famille tenaient leur rang sans broncher. En effet, Jane, l'unique enfant du couple, possédait à la fois la virulence du sang Selwyn, quoique diluée par l'appartenance au sexe faible de sa génitrice, et l'ambition froide, perverse, qui avait toujours caractérisé la famille Ombrage. Oxford, informé depuis son plus jeune âge des sournoiseries féminines - c'est-à-dire tourmenté par ses sœurs -, s'était donc toujours assuré de conserver le pouvoir jusque dans les sphères les plus intimes, domestiques, de la vie.

"Ne t'habille pas ainsi !"
"Qu'est-ce que tu parais boudinée dans cette robe."

Dolorès avait toujours été une enfant potelée là où sa mère conservait au fil des ans le physique parfait, anorexique, des femmes des plus nobles familles. Mais rien n'y avait fait. Ni les privations de repas parfois douloureuses aux pleurs, ni les crèmes amincissantes aux billes exfoliantes qui râpaient son corps, ni le sport que la fillette mutique avait en aversion totale. Dolorès avait toujours été enfant à questionner les règles établies, le pourquoi et le comment, cherchant toujours la faille, la filouterie qui lui permettrait de s'échapper des cadres étouffants. Non qu'elle détestait l'étiquette, mais, tout comme son corps, son esprit semblait plus sensible à la corruption qu'à l'éducation. De là, son père était passé à la vitesse supérieure, une étape qu'il appelait le dressage.

C'était là qu'elle s'était forgée.

Au fer des méthodes brutales de son père. Mais plus le métal était travaillé brûlant, plus il devenait malléable. Et forgeable à merci. C'était ainsi qu'elle s'était retrouvée telle qu'elle était, telles les arabesques qu'on voit sur les portails des belles propriétés, mais les siennes étaient bien plus hideuses, tordues de vilaines manières.

C'était là que Jane avait gagné son prénom. A la sueur de son front, aux brûlures du cuir sur sa peau. Dolorès. Toutes les douleurs du monde se personnifiaient en cette fille jugée insolente par Oxford. Qu'avait-il fait pour mériter une telle enfant ? Mais, au fond, bien plus tard, celle qui était devenue Dolorès le remercierait de toute sa gratitude pour l'avoir remise sur le droit chemin.

"Au fond, tu le sais, Dolorès. Tu mérites d'être punie."
"Oui, Père."

Oxford Ombrage lui avait transmis le goût de l'ordre et de l'éducation. Les fourberies héritées de son sang avaient fait le reste. Elle n'avait trouvé que les chats comme compagnons à ses mignonneries, images lointaines de l'enfance rose bonbon, peluches et dînette. Dédaigneux, imbus de leur propre importance, ils étaient ses sentinelles.

Ils étaient le seul point sur lequel son père avait échoué à son éducation. Oh, elle se moquait bien de finir vieille folle aux chats - elle préférait le contact de la fourrure et des ronronnements des animaux à ceux, brutaux, perçants, des hommes. Jane ne supportait pas le contact physique, peau contre peau - ça la laissait tremblante, frissonnante, dégoûtée, des milliers d'insectes infiltrant son corps. Depuis Lenderton Cottage, elle s'était juré. Plus JAMAIS.
Dolorès appréciait l'affection de ses pensionnaires. Surtout la légère douleur de leurs griffes s'enfonçant dans le tissu épais de ses robes. Elle haïssait redevenir Jane au moindre toucher imprévu, même un effleurement involontaire. Cette enfant devenue faible et pleurnicharde... quelle honte. Heureusement qu'elle était devenue une adulte bien meilleure, en plein contrôle de son environnement et de ses capacités.
Jane n'était plus qu'un souvenir distant, une ombre qui revenait dans ses songes les plus obscurs. Un spectre enfermé dans une malle à double tour. Et Dolorès ne rêvait pas souvent. Ou quand elle le faisait, son esprit l'aidait à trouver la punition la plus adéquate aux garnements qui devaient être éduqués.