Références étymologiques au nom/prénom du personnage, et évidemment à Augustus Rookwood, ma nouvelle obsession - ces deux-là sont faits pour s'entendre.


Il ne fallait pas seulement avoir la tête bien pleine pour devenir Langue de Plomb. Saul Funestar l'avait toujours su.

Il fallait souvent accepter de ne pas savoir, ce que beaucoup refusaient. Et surtout, accepter de se taire quand on savait. Pouvait on imaginer pire torture, pire liqueur divine, qu'une connaissance impossible à transmettre, interdite au partage ?

Funestar semblait aussi sombre que son nom. Cette vieille branche qui ployait au fil des ans, le dos voûté comme si le monde pesait sur ses épaules à chaque pas. L'arche osseuse de son squelette mettait en avant sa minceur - rachitique, auraient dit les critiques les plus virulents. Mais ainsi costumée, l'élégance de sa stature interminable se déployait, isolée, tel le tronc solitaire d'un saule s'élançant vers le ciel avant de retomber en lourdes branches feuillues. Des ramifications maintes fois tordues, nouées, vouées à une beauté étrange et complexe, une symphonie disgracieuse.

La vieille branche se tord mais ne se plie pas. Les merles, freux, corbeaux et autres volatiles s'y nichent, mais n'y meurent pas.

Sauf... sauf peut-être un.