Il avait un cœur d'or. Un rayon de soleil de début de printemps. Elle était son réconfort, sa voix filet d'eau claire, plus cristalline et vibrante que le plus beau des ruisseaux. Il adorait lorsqu'elle chantait pour lui. Lorsqu'elle le prenait dans ses bras, qu'elle posait sa tête contre sa poitrine, écoutant les pulsations rythmiques de son cœur.
Ses cheveux couleur encre de chine brillaient au soleil, moirés de cet éclat bleuté qui l'émerveillait tant. Son esprit Serdaigle, sage et tranquille, rationnel et émotionnel, était un des baumes les plus apaisants qu'il connaisse. Il pouvait passer des heures à l'écouter parler, à débattre avec elle. Et elle l'écoutait toujours. Ce que beaucoup de monde ignorait à propos de Cedric, c'était la tristesse intérieure qu'il portait. Le voir sourire faisait éclater toute la joie du monde.
Les oiseaux chantaient leur sérénade dans le jardin. Elle lui avait demandé de l'attendre à l'extérieur. Il s'installa sur la balancelle de fer forgé, repensant à toutes ces fois où ils avaient faits leurs devoirs ici, sur la table du jardin. Où ils discutaient, riaient. A cette fois où ils étaient restés, côte à côte, sur la balancelle, jusqu'au soir durant, écoutant le monde paisible de la nature autour d'eux, les oiseaux, le vent soulever leurs cheveux, la chaleur du soleil réchauffer leur peau. Ils s'étaient assoupis dans l'or de cette après-midi d'été, silencieux et pourtant si loquaces dans leur affection. Sa tête sur son épaule, leurs mains entrelacées, leurs jambes se touchant. Sa main passée derrière son épaule, l'attirant vers lui. La ballade qu'elle fredonnait doucement.
-J'ai un cadeau pour toi.
-Moi aussi.
Ses sourcils se soulevèrent. Il put voir la joie se répandre sur son visage doux. Ses cheveux se soulevaient au vent.
Il sortirent en même temps une boîte de derrière leur dos, riant éperdument, le cœur gonflé au vent, prêt à s'envoler de bonheur. Comment avait-elle pu penser qu'il n'avait pas de cadeau pour elle, après toutes ces années ?
Leurs mains s'effleurèrent en s'échangeant les présents, deux boîtes noires estampillées de la même boutique, ce qui les fit sourire. Les yeux clairs de Cedric reflétaient cet ambre doré des jours heureux et la chaleur se diffusa dans sa poitrine.
Il ouvrit le premier la petite boîte, découvrant un collier au pendentif ouvragé en forme de cœur, qui semblait pouvoir s'ouvrir.
-Parce que tu as un cœur d'or, dit-elle en lui souriant, et ce sourire portait une sincérité, une tendresse telle qu'il se sentit soudain au bord des larmes.
Il prit le bijou entre ses mains, découvrant les motifs gravés sur le métal doré. Le loquet s'ouvrit, et un nuage de papillons s'éleva autour d'eux, aussi moirés que le soleil orangé annonciateur de l'aurore. Une photographie de chacun d'eux était placée dans chaque moitié du cœur.
Il ne put s'empêcher de s'avancer vers elle, de l'étreindre avec toute la ferveur de sa gratitude et de lui chuchoter un "Merci" à l'oreille. Lorsqu'ils se séparèrent, il marmonna : "à toi !" d'un ton enjoué.
La boîte entre les mains, elle hésitait à ouvrir. Il posa ses mains sur les siennes, chaudes, douces, et l'aida dans le geste qu'elle semblait trouver éprouvant. Il savait à quel point recevoir des cadeaux lui était difficile. Toujours, il l'avait rassurée. Cho méritait plus que sa part de présents.
-Parce que tu es mon soleil...
Le contenant s'ouvrit, révélant un collier. Une parure plus impressionnante que tout ce dont elle avait jamais rêvé. Une fine chaîne dorée suspendait une citrine taillée en forme de larme, entourée de diamants. Le bijou scintillait de mille feux dans la lumière de l'après-midi, renvoyant une lumière chaude dans une dizaine de directions différentes.
-Cédric...
Ses yeux noirs étaient remplis de larmes.
Elle était sur le point de protester, de lui dire que c'était trop, qu'il ne devrait pas dépenser ainsi l'argent de sa famille, mais il l'arrêta.
-Je sais. Mais je t'assure, cela me rend heureux. C'est un collier que portait ma mère... et je voudrais qu'il te revienne.
Elle lui rendit d'un élan enthousiaste son affection. Il respira la senteur florale de ses cheveux comme si c'était l'arrivée du printemps en personne. Il l'aida à passer le bijou autour de son cou, elle faisant de même, avant de l'embrasser avec chaleur.
Elle était sa lumière, son espoir, depuis la mort de sa mère. Cela avait brisé quelque chose en lui, un éclat qui renvoyait une lumière trouble dans les facettes de son cœur, un éclat qu'elle était la seule à connaître... et à réparer. Lenora Diggory avait été son image, son modèle. Noble, enjouée, toujours prête à aider son prochain. Humble malgré son travail important au Ministère. Son visage était la définition de l'amour même.
Alors lorsqu'elle avait disparu, emportée par un mal inconnu, Cedric s'était réfugié en lui-même, sous le grand cèdre qui avait vu ses parents se marier, là où se perdait le secret de l'origine de son prénom. Le temps aidait à guérir les blessures, disait-on. Mais la fêlure était restée, sous forme mélancolique, et cette tristesse latente qui sommeillait en lui, loin, tout au fond de son cœur, Cho l'avait comprise.
Quelque chose en elle l'apaisait jusqu'au plus profond de l'âme. Quelque chose en elle le poussait à donner le meilleur de lui-même, à rayonner encore plus. Quelque chose en lui lui donnait l'envie de devenir plus humaine, d'abandonner sa tour d'ivoire.
Ils étaient faits l'un pour l'autre. Ça crevait les yeux, dépassait les évidences. Le tournesol et son soleil. La lune et sa nuit piquetée d'étoiles.
