On toqua à la porte du bureau. De légers coups timides contre le bois épais. Un aboiement rude se fit entendre en réponse.
-Entre.
D'un geste du poignet, la porte se déverrouilla puis s'ouvrit en silence. Une silhouette de femme apparut sur le seuil. Il la reconnut aussitôt. Grande mais frêle, longs cheveux blonds ondulés, les yeux plus clairs que les siens. Sa sœur.
-Il me semblait avoir été clair. Je ne tolérerai aucun dérangement. J'espère que c'est important...
Nullement déstabilisée par le ton employé, mais par l'aura de tension qui sourdait de son aîné, Lysandra Yaxley deuxième du nom apporta quelque chose avec elle dans la pièce, avec ses pas hésitants et sa voix chevrotante. C'était presque touchant.
Jooyeux... anniversaire...
La femme se dirigeait vers lui, un petit paquet entre les mains. La lueur froide dans son regard l'effraya. Elle lui remit le présent tête baissée.
Il le déballa sans un regard, sans un mot.
-Vraiment Lysandra, il ne fallait pas.
Quelque chose atterrit dans une poubelle dans un coin de la pièce. La femme semblait toujours très nerveuse.
-Quelle merveilleuse sœur j'ai la chance d'avoir près de moi...
Sa voix avait descendu d'un octave, ou perçait des intonations menaçantes. Il lui fit signe de s'approcher, la considérant les yeux dans les yeux. Ce même bleu, si pâle et clair comme les eaux d'un lagon chez l'une, devenait la racine d'une flamme gelée, ténébreuse chez l'autre. Comment pouvaient-ils être pareils ?
Il l'étreignit brièvement. Elle frissonna. Lysandra ne se rappelait que trop de ce dont il était capable. Le froid pénétra sa peau, ravit son cœur, son âme.
Elle se réfugia recroquevillée contre lui ; pour une fois, il lui accorda de laisser sa tête reposer contre sa poitrine, caressant ses cheveux si doux en un geste lent, délibéré.
Dans son dos, il s'autorisa même un sourire.
Il y avait tant de moyens de faire plier quelqu'un.
