Mot de l'auteur : Bon mercredi les amis ! Comme prévu, on attaque la partie 2 - qui, si je ne me trompe pas, fait 4 chapitres. Dans cette partie, j'introduis un certain nombre de nouveaux personnages (bein oui faut bien je la peuple cette réserve !), j'espère vraiment que je ne vous paumerais pas (mais il y aura un rappel de qui est qui au début de tous les chapitres). Voila voila, j'espère que vous apprécierai ce chapitre !

Partie II : Le Candidat

Chapitre 4 : La décision de Harry

Il ne pouvait PAS ne pas y aller.

C'était ce qu'il se répétait alors qu'il s'efforçait d'avaler le contenu de son assiette sans écouter ce qui sortait de la bouche de sa « tante » Marge.

Cela devait le faire paraitre complétement idiot puisque la femme s'acharnait à lui extirper des réponses et qu'il se contentait de répondre au hasard avec un sourire stupide.

Tout ça pour que l'Oncle Vernon accepte de signer sa foutue lettre d'autorisation pour les visites à Pré-Au-Lard.

Mais il ne pouvait PAS ne pas y aller. Ces visites, c'était le grand moment qu'attendaient tous les élèves durant leur année scolaire et il mourrait plutôt que de voir Ron et Hermione y aller sans lui.

Grinçant des dents, il tâcha de retenir en lui la colère qu'il éprouvait envers le sort qui l'obligeait à devoir rester chez ces gens qui le détestait et qu'il détestait tout autant. Chaque fin d'année à Poudlard était un déchirement, et pour une raison curieuse ET injuste, alors que les parents de Ron étaient plus que prêt à l'accueillir durant tout l'été, afin que leurs enfants n'aient pas à devoir libérer Harry d'une chambre avec des barreaux une nouvelle fois, Dumbledore s'y était opposé.

Et Molly n'avait pas renouvelé son invitation.

Et ils avaient brusquement gagné une grosse somme d'argent leur permettant de partir en Egypte voir leur fils ainé, Bill.

Harry y voyait là un coup fourré contre lui, et même s'il était heureux pour les Weasley, sa situation à lui était toujours aussi misérable.

Et elle pourrait le devenir bien plus si on lui refusait Pré-Au-Lard.

.

Quelques heures plus tard, il faisait rouler derrière lui sa malle de Poudlard au milieu des rues enténébrées de Privet Drive, faisant la sourde oreille aux cris qu'émettait la tante Marge qui flottait dans le ciel comme le plus vilain des cerfs-volants.

Moineau était lové dans son cou, ayant aussitôt rejoint son Maître quand il avait senti son état bouleversé, et ce, malgré son interdiction de paraitre au repas (Il allait sans dire que les Dursley avaient tout sauf apprécié ce nouvel animal de compagnie…). Depuis il émettait des roucoulements tantôt rassurant, tantôt angoissés, cherchant à les apaiser tous les deux.

Harry était reconnaissant qu'il soit là. Sans lui, il se serait senti horriblement seul et vulnérable, à la rue et sans endroit où se rendre.

Agacé, il s'arrêta finalement près du parc-à-jeux et s'assit sur sa malle pour réfléchir, la cage vide d'Hedwige à ses pieds.

Les Weasley n'étant pas encore rentrés, Harry ne pouvait qu'écrire à sa meilleure amie, Hermione. Mais il n'était pas certain de ce qu'elle pourrait faire pour lui. Ses parents à elle ne lui avaient jamais proposé de l'inviter…

-Et puis j'en ai marre de faire les mendiants de famille… Marmonna-t-il à Moineau en sortant la photo de ses parents de la poche de son manteau.

Il caressa légèrement le visage souriant de ses parents qui lui faisaient signe de la main avant de s'enlacer amoureusement. Harry renifla fortement pour retenir une attaque de mélancolie soudaine.

Une autre alternative était d'écrire à Dumbledore, mais il était presque certain que ce dernier le ramènerait chez les Dursley.

Plus jamais.

Personne ne devrait avoir à se laisser trainer dans la boue, ainsi que ses parents, juste pour avoir un peu de tranquillité. Les mots de Marge lui revenant, sur son père « alcoolique » et sa mère possédant une « tare », il se sentit grogner en accord avec Moineau.

Le problème, c'était que Poudlard ne l'accueillait que pour l'année scolaire… Et qu'il n'était pas certain d'y être vraiment le bienvenu.

Il adorait le château et ses amis, certains professeurs aussi, mais ce qu'il s'était passé l'année dernière l'avait légèrement refroidi : Pratiquement toute l'école l'avait ostracisé juste parce qu'il avait parlé à un serpent.

C'était alors qu'il avait réalisé tous les aprioris qui gangrenaient son nouvel environnement. Des histoires de sangs purs et impurs, de maisons de Poudlard et de lignées maudites. De magie noire et de magie blanche. Au milieu de tout cela, il ne savait pas où se situer et les belles paroles de Dumbledore n'étaient qu'un baume temporaire.

Il se sentait constamment tiré entre gryffondor et serpentard, se sachant lié aux deux, tout en n'appartenant réellement à aucun d'entre eux.

Et il y avait une question qui le tenaillait au fond de son esprit : Et si finalement, il n'appartenait pas à Poudlard non plus ?

Depuis la première année, il y avait cette autre possibilité qu'il gardait secrètement enfouie dans un coin de son esprit :

Chevalier dragon.

Et si ce rêve était comme caché dans une boite qu'il se plaisait à ouvrir de temps en temps pour le contempler, il n'avait jusqu'ici jamais eu le cran pour y songer vraiment.

Ou pas le coup de pied au derrière nécessaire.

Là, il était plus ou moins à court de possibilités.

Inspirant profondément l'air chaud de la nuit, il se donna une seconde pour se rétracter, puis comme il n'y arrivait pas, il ouvrit sa malle pour en sortir du parchemin et une plume.

Fébrilement il écrivit sa lettre avant de la plier. Le destinataire serait Charlie Weasley, à la Réserve de la Montagne Blanche. C'était le seul chevalier dragon qu'il connaissait de toute façon.

Il présenta alors la note roulée à son fidèle petit compagnon et pensa fortement à Charlie, retraçant dans son esprit son visage chaleureux, son sourire un peu taquin, sa silhouette athlétique gainée de son uniforme de cuir. Il traça aussi Derianth derrière lui, comme il s'en souvenait de cette nuit en première année.

-Va, ordonna t'il à Moineau une fois qu'il fut sûr qu'il ait reçu toutes les indications.

En un instant, le petit brun avait disparu.

Harry poussa un profond soupir, en partie soulagé d'avoir pris une décision. Ce qui arriverait ensuite… Il ne pouvait en être certain.

Se recroquevillant sur lui-même, il commença à attendre, grommelant un peu contre la nuit et le lampadaire qui clignotait de façon spasmodique. Un futur potentiel chevalier dragon ne pouvait pas avoir peur du noir !

Il ne pouvait cependant empêcher les frissons qui courraient sur sa nuque, comme si quelqu'un l'observait derrière lui. Tournant la tête avec suspicion, il ne voyait pourtant personne. Il fallait dire qu'à part ce stupide lampadaire, il n'y avait aucune autre lumière sur plusieurs mètres.

Il plissa un peu plus les yeux derrière ses lunettes et c'est là qu'il eut l'impression de voir une grosse masse noire qui se détachait du paysage.

Aspirant un peu d'air pour pousser un cri, Harry s'éjecta en arrière et se figea lorsqu'une bourrasque de vent lui gifla le visage. La masse noire recula alors dans les ténèbres.

Tournant finalement la tête vers la source de cette brusque tempête, Harry resta bouche bée en trouvant un immense dragon qui stationnait au-dessus de la route.

Il regarda avec frayeur tout autour de lui, mais personne dans les maisons de la rue ne semblait se rendre compte de cette anomalie de plusieurs mètres.

Moineau fusa alors devant son nez, très heureux d'avoir accompli sa tâche. Il était suivi d'un petit lézard de feu vert qui semblait très curieux à son sujet vu la façon dont il lui tournait autour. Harry eut l'impression que le reptile était de la même couleur que ses yeux.

-Jade ! Appela fermement une voix masculine et un éclair vert fusa pour rejoindre un homme qui s'avançait vers lui.

Les cheveux roux toujours courts, le visage juste barré d'une nouvelle cicatrice, il avait toujours ses yeux bleus très doux et sa petite fossette rieuse. Charlie Weasley.

Harry sourit de toutes ses dents en le reconnaissant et se retint de lui sauter dessus pour l'enlacer de soulagement.

/Tu n'as plus rien à craindre…/ Fit la voix grave et rassurante de Derianth.

Le brun salua mentalement le dragon qui obliqua son cou et sa tête vers lui, offrant le spectacle de ses yeux verts et sereins.

-Alors Harry, commença Charlie quand il fut devant lui, se balançant légèrement sur ses pieds de gêne. Tu es sûr de toi ? Tu veux rejoindre la Réserve de la Montagne Blanche en tant que Candidat ?

Harry se gratta le cuir chevelu, se demandant s'il était jamais certain de quoique ce soit.

-Eh bien… Il me semble que je tergiverse à ce sujet depuis que je t'ai rencontré. Mais bon… Même si j'adore certains trucs de Poudlard, comme le quidditch et lancer des sorts… L'année dernière j'ai éprouvé plus de plaisir à élever et à entrainer des lézards de feu qu'à faire quoi que ce soit d'autres… Et… Cette année s'annonce déjà mal… Alors…

Charlie gloussa soudainement et Harry faillit en faire de même lorsque Derianth demanda d'un ton circonspect pourquoi il y avait une grosse femme qui rebondissait sur les toits des maisons. A la place de quoi, il rougit, un peu honteux de son forfait.

-Je vois que tes dons se sont affinés, commenta simplement Charlie. Tu entends parfaitement Derianth maintenant, et pas uniquement quand il s'adresse à toi.

-Pardon. Je n'aurais pas dû entendre… C'était indiscret…

Charlie balaya ses scrupules d'un geste de la main.

-Nous en parlerons plus tard si ça ne te dérange pas. Il ne faut pas trop trainer ici. La magie qui rend Derianth invisible risque de ne pas fonctionner sur les sorciers qui ne tarderont certainement pas à débarquer.

Harry approuva et s'empressa d'aller trainer sa malle jusqu'à Derianth qui s'était couché sur le bitume.

Avec un chuchotement, Charlie sembla faire quelque chose pour l'alléger, pourtant Harry ne le vit pas sortir de baguette magique, et il attacha fermement le coffre et la cage d'Hedwige au harnais en cuir qui passait au-dessus de la naissance du cou de Derianth. C'était un cou énorme et sans avoir pu dire « ouf », Harry se retrouva dessus, porté par Charlie qui l'avait soulevé comme s'il ne pesait pas plus lourd qu'une plume.

Le jeune sorcier se laissa alors attacher. Il y avait une ceinture de cuir qui lui ceignait la taille, tenue par des mousquetons à des lanières qui s'attachaient à l'autre bout aux harnais. Le tout semblait solide et le tenait bien en place sans être trop inconfortable. Devant lui, sur l'espèce de « selle », il y avait deux poignées où il pouvait sans doute s'accrocher.

C'était probablement pour les personnes sujettes à un manque d'équilibre. Lui, il était habitué à voler sur un balai sans se tenir au manche afin de pouvoir saisir le vif d'or.

Satisfait de l'installation de son passager, Charlie grimpa sans attendre sur une autre « selle », devant lui, s'accrochant avec une rapidité prouvant son ancienneté dans le métier.

-Ca va Harry ? Demanda-t-il alors.

-Parfaitement, approuva Harry quand Moineau s'accrocha à son épaule.

-Alors on est parti ! Approuva Charlie en enfilant des lunettes d'aviateur. Derianth ?

Le dragon commença à battre fortement des ailes, provoquant de nouvelles bourrasques dans Magnolia Street et Harry le sentit quitter péniblement le sol.

/Nous préférons nous élancer d'un point élevé/ Expliqua Derianth avant de retranscrire les paroles de Charlie que Harry n'arrivait plus à entendre à cause du vent / Charlie dit que c'est surtout parce que je suis un fainéant./ Il ajouta presque aussitôt, sans doute pour les deux humains avec un ton plein de hauteur dédaigneuse. /Ce n'est pas vrai./

Le chaud rire de Charlie arriva cette fois-ci jusqu'aux oreilles de Harry.

Cependant, à ce moment-là, Derianth donna un puissant coup d'aile et Harry se sentit s'élever brusquement et son cœur sembla taper contre son cou avant de reprendre brutalement sa place initiale. Le vent fouetta son visage, Harry le sentit jusque dans sa gorge car il ne pouvait s'empêcher de sourire d'un air extasié. La sensation était indescriptible et il ne savait plus sur quoi il devait se concentrer : le ciel nocturne qui se dévoilait tout autour de lui ? La vitesse à laquelle ils se déplaçaient désormais ? Ou les contractions puissantes qu'il sentait sous ses cuisses malgré le cuir qui le séparait du corps du dragon ?

Il se demanda si les chevaliers dragons sentaient la chaleur lorsqu'un dragon crachait du feu.

/Attention, on va transplaner/ Le prévint Derianth.

Cette fois-ci, ne sachant pas à quoi s'attendre, Harry agrippa les deux poignées.

Il eut raison de le faire puisque durant quelques secondes, il perdit toute sensation, ne sentant qu'un froid intense qui semblait se faufiler jusqu'à ses os.

Puis la chaleur revint, avec tous ses autres sens, et il découvrit un paysage bien différent de la banlieue londonienne et de ses éclairages électriques.

Ils étaient entourés de montagne à la roche claire, dépourvue de végétation sur la plus grande partie. Il ne semblait y avoir aucune ville ou construction humaine à des kilomètres, et pourtant, Harry finit par apercevoir tout une série de lueurs dans ce qui semblait être le cratère d'un volcan.

/Bienvenue à la Reserve/

Derianth plongea vers le sol, et le cœur d'Harry sembla à nouveau se décrocher en lui arrachant un mélange entre un cri et un rire.

Le dragon freina légèrement en faisant des cercles le long de la cuvette et Harry pût détailler un peu plus l'intérieur : il y avait une grande étendue d'eau au centre, et alors qu'il s'approchait, il aperçut des dragons posés sur des corniches le long de la paroi rocheuse.

L'un d'eux grogna dans leur direction et Harry reconnut une salutation.

Derianth se rapprocha un peu plus de la montagne et sembla choisir un affleurement rocheux devant une caverne pour se poser. Les ailes battant vivement pour ralentir, toutes pattes avant, il agrippa la pierre avant de replier ses voiles sur ses flancs.

L'atterrissage réussi, il s'ébroua légèrement, faisant rire Harry qui se retrouva secoué comme un prunier, puis avança à l'intérieur de la grotte obscure.

Charlie dit alors quelque chose à voix haute que Harry ne comprit pas et des cristaux colorés s'allumèrent à différents endroits de la vaste caverne, révélant un grand espace usé en son centre, légèrement creux, ainsi que des râteliers contenant des sangles de cuir et d'autres outils, des seaux, des brosses et même deux paires de bottes dont l'une semblait à l'abandon et en peu glorieux état.

Charlie se racla la gorge nerveusement en se rendant compte qu'Harry les fixait et rougit en se détachant.

-Désolé, c'est un peu le bordel. Je ne m'attendais pas à avoir de la visite.

Derianth annonça qu'il ne voyait pas de problème et Charlie rougit encore plus.

-Tu vis ici ? S'étonna Harry alors qu'il s'occupait à le détacher à son tour.

-Oui, c'est mes appartements, marmonna Charlie avant de se reprendre et de pointer une ouverture qu'Harry n'avait pas vu : Enfin, MES appartements sont là-bas, ça c'est ceux de Derianth.

Sautant à terre, il tendit les bras à Harry pour l'aider à faire de même.

Il aurait pu se glisser jusqu'au sol, mais il laissa le rouquin l'attraper par la taille, le trouvant décidemment très protecteur.

Et Harry devait avouer qu'il appréciait cette impression d'avoir un grand frère qui veillait sur lui.

-Je dois retirer le harnais, fit alors Charlie. Je m'occuperais de tes affaires, tu n'as qu'à aller visiter et t'asseoir où tu veux en attendant.

-Euh… OK, fit Harry en se balançant légèrement avant de succomber à sa curiosité et de partir en direction des appartements du chevalier-dragon, précédé par Moineau et Jade, la petite verte de Charlie.

Il entendit ce dernier grommeler alors qu'il s'éloignait et Derianth répondre avec amusement.

Harry posa une main à l'emplacement de son cœur, se sentant incroyablement heureux et léger. Il aimait bien Charlie, et il adorait aussi Derianth. Il était vraiment heureux d'être ici.

L'ouverture était fermée par un épais tissu rouge, et passant derrière, Harry découvrit un grand espace aménagé dans la montagne, ne faisant pas vraiment grotte même si le plafond était presque brut. Tout était néanmoins à échelle humaine et les murs étaient recouverts de grandes tapisseries animées présentant diverses scènes : ici une forêt remplie d'animaux bondissants, là-bas un champ de blé balayé par le vent près d'un château…. De sorte qu'au final on ne se sentait pas vraiment enfermé, mais au milieu d'un grand espace ouvert.

Il y avait un coin nuit, avec un lit en bois sans baldaquin, une grande armoire, des malles, un perchoir pour Jade, puis un salon avec une table et des bancs de chaque côté, un meuble garde à manger où trônait un gâteau qui ressemblait beaucoup à ceux que faisaient Mrs Weasley.

/Charlie dit que tu peux te servir si tu as faim/ Fit la grosse voix de Derianth dans sa tête. /Il ne veut pas penser à sa mère. Il dit qu'elle le tuerait si elle savait qu'il t'avait amené ici./

-C'est MON choix. MA décision, répliqua Harry à voix haute.

Et comme pour empêcher quiconque de le déloger, il s'assit sur le banc avec une moue butée.

/Luneth a prévenu Desclare de notre arrivée/ Fit soudain Derianth.

/Il arrive/ Fit une autre voix de dragon que Harry n'avait jamais entendu.

-Qui est Desclare ? Lança t'il dans le vide, un peu étonné de discuter avec des dragons sans les voir.

/Le régent de la Reserve./ Firent un chœur d'au moins quatre dragons et Harry se sentit rougir d'être apparemment écouté par plus d'une personne.

/TU es l'attraction de la soirée/ Roucoula Derianth, semblant ravi pour une raison qui échappait au jeune sorcier.

/Depuis le temps que le Maître de Derianth parle de toi/ Fit une voix féminine.

Harry ne savait plus où se mettre quand Charlie déboula dans la pièce avec un air ronchon :

-Le Régent de la Réserve arrive, lui apprit-il.

-Je sais… Fit Harry en évitant son regard.

-Que… ? Oh ! Lâcha-t-il avec un nouveau grognement. Les dragons sont de véritables commères…

Harry en aurait bien ri s'il ne s'agissait pas de lui.

/Montemps l'accompagne./ Annonça Derianth avant de préciser pour Harry : /C'est le Chef des Candidats./

Et comme pour appuyer ses mots, un bruit résonna depuis l'une des deux autres ouvertures de la pièce, la seule qui était fermée par une solide porte en bois. D'après Harry, l'autre au rideau vert eau était probablement une salle de bain.

-Entrez ! Lança Charlie en s'approchant d'Harry, posant une main sur son épaule comme pour le soutenir.

Deux hommes pénétrèrent alors dans les appartements de Charlie. Ils semblaient tous les deux être dans la cinquantaine, même s'ils étaient bien conservés, bien plus en tout cas que n'importe quel sorcier de leur âge qu'Harry avait pu rencontrer. A l'instar de Charlie, ils étaient tout en muscle, avec des angles durs, quelques cicatrices marquant leur peau. L'un des deux plus que l'autre.

Le plus petit, celui qui était rasé et avait des cheveux clairs coupés si ras qu'il en semblait presque chauve prit la parole :

-Bonsoir Mr Potter, je suis Ivan Desclare, le Régent de la Réserve de la Montagne Blanche et chevalier dragon du bronze Norlith…

Harry entendit un dragon le saluer et supposa qu'il s'agissait de lui, d'autant plus que la voix semblait presque similaire à celle de son chevalier.

-… Et voici Adrian Montemps, le Chef des Candidats et chevalier-dragon du brun Goleth…

Il y eut une nouvelle salutation pendant qu'Harry détaillait l'autre homme, très grand, barbu, qui le regardait d'un air grave, ses cheveux châtains foncés attachés en catogan sur son épaule. D'instinct, il savait que ce n'était pas un homme avec qui on discute les ordres, mais loin d'être un Rogue bis, il n'était certainement pas porté sur la mesquinerie.

Néanmoins, son regard disait : Tu vas en baver petit.

En réponse, Harry bomba le torse, lui montrant qu'il relèverait le défi.

Alors celui-ci ouvrit la bouche :

-Il est peut être capable de parler à tous les dragons, il n'en reste pas moins un gringalet. On voit qu'il sort de Poudlard, il est pâlichon, chétif, n'a certes pas de graisse, c'est un bon point pour lui, mais pas de muscles non plus. Non, vraiment. Il est trop faible pour l'entrainement des Candidats. Moi je ne le choisirais pas.

-Avons-nous vraiment le luxe de choisir ? Répliqua aussitôt Charlie en attirant à lui Harry et en fusillant du regard Montemps. Combien de Candidats avons-nous cette fois ? Huit ? Combien y a-t-il d'œufs sur l'aire d'Eclosion ? Et vous savez qu'il y aura forcément des Candidats qui repartiront bredouille, au final, ce sont les dragons qui choisissent. Et si ce n'est pas Harry, eh bien tant pis !

-Calmez-vous Weasley ! Asséna Desclare. Montemps nous a juste fait part de ses inquiétudes. Et j'en ais quelques-unes moi aussi, vous le savez. Mr Potter n'est pas n'importe qui et je doute que le Ministre de la Magie britannique ou Albus Dumbledore approuvent que nous en fassions un chevalier-dragon. Je suis même certain qu'ils ont d'autres projets pour lui…

A ces mots, Harry n'y tint plus et se dégagea de l'étreinte de Charlie :

-Ce n'est pas ce que je veux ! Je suis peut être petit et j'ai peut-être l'air chétif mais je supporte bien la douleur et j'ai de l'endurance et de l'équilibre… Et j'adore les dragons et les lézards de feu et je crois qu'ils me le rendent bien…. Et… Je ne veux pas rentrer chez moi et j'en ai marre d'être promené d'un lieu à l'autre sous les bon vouloirs de personnes qui ne se sont jamais manifestées avant mes onze ans, quand j'avais besoin d'eux ! Alors…

-Calmez-vous, vous aussi Potter ! Je n'ai jamais dit que j'allais vous renvoyer là-bas. Au contraire. J'envoie Fudge et Dumbledore au diable ! Et j'espère vivement que vous marquerez un de nos dragons parce qu'alors votre célébrité jouera pour nous.

-Hein ? Fit Harry avec surprise, légèrement désarçonné.

Un coup on lui dit qu'il ne convient pas. Un coup le contraire…

Charlie émit un ricanement ironique.

-C'est donc ça votre petit jeu Desclare ? Faire en sorte qu'Harry nous ramène des jeunes par la seule magie de son nom ?

-Si Harry Potter devient chevalier dragon, alors d'autres suivront son exemple ! Je veux bien manger mon chapeau si dans les années à venir les effectifs ne doublent pas !

-Autrefois les dragons faisaient rêver… Soupira mélancoliquement Montemps.

-Mais pour cela, se rectifia cependant Desclare, il faut que Potter marque avant la fin de l'été ! Je parierais mon dragon qu'ils se sont déjà rendu compte de sa disparition et qu'ils vont se mettre à sa recherche… Weasley, j'espère que tu as été prudent ?

Charlie se redressa, l'air grave :

-Oui Monsieur. Personne n'est au courant que j'ai proposé à Harry de nous rejoindre. Et j'ai offert des lézards de feu à mon frère et à leur amie afin qu'ils ne comprennent pas que Harry était ciblé. Nous ne serons pas soupçonné avant longtemps, pas avec…

Il s'arrêta, hésitant, en regardant Harry, sans oser continuer sa phrase et Desclare approuva d'un « hum » satisfait.

Comprenant qu'on lui cachait quelque chose, Harry se décida à interroger directement Derianth en l'appelant par la pensée.

/Ais confiance en Charlie. Il t'en parlera quand il pourra./

Harry renifla avec agacement, détestant par-dessus tout qu'on lui fasse des mystères. Il exécrait cette impression de ne pas pouvoir contrôler sa propre destiné.

Mais maintenant qu'il était à la Réserve, il ne pouvait pas faire marche arrière et il était prêt à arracher sa place au sein des chevaliers dragons de force, peu importe ce que lui préparait Montemps qui le fixait avec une lueur expectative.

A suivre…

Prochain chapitre : Princesse, ou : Harry n'aura plus un muscle valide à la fin de la journée : ) . Je vous dis à mercredi prochain !