Mot de l'auteur : Bonjour bonjour ! A temps malgré un chaton turbulent, voici le chapitre 7 ! Et pour celui-ci… J'espère que vous vous souvenez de l'avertissement du début du chapitre 1 ! Sinon retournez le voir, voilà, je préviens, personnellement, j'appelle ce chapitre, « le chapitre du malaise ». Vous avez droit d'en penser ce que vous voulez (mais oui, je vous vois, vous là-bas, petit(-e-s) perver(-ses) :) ) . Sinon merci à tous ceux qui m'ont laissé un commentaire et à tous les nouveaux lecteurs !
Rappel :
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
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Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
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Candidats: Edmund Deiricht, Damian, Valentine Lassauge (lézard de feu or Delilah), Ronan Watteau, Harry Potter (lézard de feu brun Moineau)
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Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
Chapire7 : Une bonne personne
Fin aout approchait, les œufs de dragons continuaient leur lent durcissement sur les sables brûlants de l'aire d'Eclosion, les Candidats s'entrainaient et les chevaliers dragons allaient et venaient.
Charlie et Derianth étaient déjà partis trois fois ce mois-ci, s'absentant à chaque fois pendant quelques jours. Et quand ils rentraient, Harry voyait le jeune homme en compagnie de ses amis à leur table habituelle du Hall des repas, marmonnant entre eux comme des comploteurs autour de leur bieraubeurre.
En tendant l'oreille l'air de rien, Harry avait cru comprendre qu'ils cherchaient un type nommé « Black ».
Mais bien évidement, il ne savait rien de plus.
Et ce n'était pas comme s'il avait la possibilité d'y réfléchir sans arrêt puisque ses propres devoirs l'occupaient suffisamment. Mais il y avait cependant des jours où il aurait aimé pouvoir passer du temps avec Charlie, parler de ses craintes et de tout ce qu'il ne pouvait pas confier à ses amis, parce qu'il aurait aimé obtenir des conseils et être rassuré.
Durant toute sa vie il avait vécu à travers le regard des gens, des Dursley d'abord, puis des professeurs et des étudiants de Poudlard. C'était étrange, mais plus il avançait sur le chemin qu'il avait choisi, plus il avait l'impression de ne pas savoir qui il était vraiment. Il découvrait quelqu'un de nouveau et il n'était pas sûr de savoir si la personne dans le miroir était quelqu'un de bien.
Charlie était ce genre de personne. Droit, fier, valeureux, mais aussi généreux et attentif aux besoins des autres. Il réunissait naturellement du monde autour de lui, possédant le rayonnement des leaders.
Harry voyait en lui un vrai modèle, et c'était la première fois qu'il rencontrait quelqu'un qui lui faisait cet effet. Evidemment, avant, il aurait aimé être comme son père, mais James Potter était une image idéalisée qu'il avait reformée à partir des bribes de ce qu'il savait de lui et qu'on lui avait dites…
Ce soir, alors qu'il fixait la chaise vide de Charlie, il était si pris par ces pensées qu'il ne suivait qu'en décousu la discussion de Damian et Valentine qui se disputaient pour une raison ou une autre. Ces deux-là n'avaient d'ailleurs même pas besoin de raisons pour ça.
Et quand les autres se décidèrent à rejoindre leurs dortoirs, Harry les laissa partir devant. Depuis quelques jours, il préférait aller s'asseoir dans l'herbe pendant un temps, dehors, à scruter le ciel étoilé dans l'espoir du retour du rouquin et de son dragon.
Habituellement Moineau l'accompagnait, mais le petit lézard de feu brun s'était apparemment tellement dépensé dans la journée qu'il l'avait retrouvé endormi en boule à côté de son oreiller.
Les yeux tournés vers les étoiles, le garçon pouvait alors laisser aller ses pensées à toutes sortes de questions, et elles étaient nombreuses ! Il y avait tellement de choses dans sa vie qu'il ne comprenait pas et personne ne voulait lui dire ce qu'il aurait aimé vraiment savoir.
Comme par exemple : Pourquoi les sorciers britanniques le tenaient à l'écart ? S'il avait pu renoncer si facilement à son statut de simple sorcier c'était parce qu'il n'avait jamais été vraiment intégré, il faisait sa vie à Poudlard puis on le rangeait soigneusement dans son quartier moldu jusqu'à la rentrée suivante. Finalement, en dehors de la vie scolaire, il en savait peu sur sa société. Et puis il y avait ce silence sur sa famille paternelle. Les professeurs évoquaient vaguement ses parents, mais où vivaient-ils autrefois ? Quelles étaient leurs métiers ? Leurs passions ? Où étaient ses grands parents ? Il devait bien en avoir. Et les amis de ses parents ? Ils n'étaient certainement pas des ermites, si ? Et pourquoi précisément Voldemort s'était attaqué à sa famille ? Pourquoi y avait-il eu cette guerre ? Ca ne pouvait pas être simplement pour des histoires de pureté de sang… Les adultes n'étaient quand même pas si puérils !
*Il y a un secret derrière tout ça.* Pensa-t-il, avant de songer avec détermination :*Je le découvrirais coute que coute.*
Comment était-il censé devenir quelqu'un s'il ne connaissait même pas son histoire ?
Il poussa à ce moment un profond soupir qui fut à moitié étranglé par une main qui s'apposa fermement sur sa bouche. Harry se débattit aussitôt, mais son agresseur, à l'arrière, était plus grand et plus fort que lui.
Il fut trainé jusque dans l'atelier de tannerie, inoccupé à une telle heure de la nuit, et fut jeté violemment face contre le mur et maintenu. La main quitta sa place sur sa bouche, mais avant qu'il n'ait pu hurler, crier ou tempêter, il n'était pas encore certain de sa réaction, une voix reconnaissable souffla dans son oreille.
-Tu croyais vraiment que tu allais t'en sortir comme ça, Princesse ?
Ronan. Il aurait dû s'en douter. Ce dernier était comme un lion en cage depuis qu'il s'était fait remonter publiquement les bretelles par Montemps.
Harry sentit son côté gryffondor et serpentard s'affronter. L'un d'eux l'enjoignait à la provocation, l'autre à la mesure et la ruse. Mais il avait toujours été cet espèce de mélange d'audace et de calcul.
-M'en sortir ? Eh bien… Comment dire… ? Oui !
Son agresseur l'envoya à nouveau rebondir contre le mur. Harry se mordit la langue au passage et le gout ferrugineux du sang envahi sa bouche. Ce con n'y allait pas de main morte !
Il appela intérieurement Moineau mais ne reçut aucune réponse, ce qui était curieux, car même endormi, le petit lézard pouvait habituellement sentir ses émotions.
Néanmoins plusieurs dragons grondèrent dehors et Harry se retrouva bombardé de messages mentaux inquiets. Bon sang, à ce rythme-là tous les chevaliers dragons allaient être réveillés !
-Ce n'est pas facile de t'approcher ma jolie. Tu sais que tu es constamment entouré de personnes qui veillent sur toi comme si tu étais une espèce de poule aux œufs d'or ? Montemps, ces crétins que tu appelles amis, les dragons, les lézards de feu et ce chevalier anglais ! Mais lui je suis pas sûr que ce soit pour tes œufs vu la façon dont il te reluque ! Non, on dirait plutôt qu'il veut te faire passer à la casserole !
Harry essaya de se dégager, furieux de la façon dont Ronan parlait de Charlie.
-Tout le monde n'est pas un taré comme toi, Ronan…
-Naïf. Tu n'as pas la moindre idée dans quoi tu as mis les pieds, lui glissa Ronan en le retenant sans apparemment trop de difficulté puisqu'une de ses mains avaient quitté sa prise pour lui pincer la taille. Bientôt, j'en suis sûr, tu te rendras compte que tu n'es que de la chair fraiche pour eux.
Harry émit un grognement de gêne et de dégout, ne supportant plus de sentir le corps de l'autre candidat se presser contre son dos. Ecrasé contre ce mur, il sentait des larmes s'amasser au coin de ses yeux, de frustration et d'humiliation.
En plus, il ne comprenait pas vraiment de quoi parlait l'autre garçon. Il voulait juste arrêter de sentir son souffle contre son cou et son oreille.
-Laisse-moi… Tu es dégoutant…
-Hum ? Et toi tu as peut-être bon goût ?
Harry s'hérissa de tout son corps lorsque l'atteint dans le cou quelque chose d'humide, qu'il soupçonnait vraiment être une langue, mais qui lui faisait l'effet d'un escargot trainant sa bave sur sa peau. Il eut soudain la nausée.
Et la main qui s'était attaquée méchamment à sa taille le lâcha pour agripper férocement l'une de ses fesses.
S'en était trop. Si Harry avait pu se fondre avec la pierre et y disparaitre, il l'aurait fait. D'ailleurs il essaya désespérément mais la surface continua à le garder prisonnier de la carrure de Ronan.
Sentant sa raideur et sa tentative de fuite, ce dernier ricana :
-Vas-y, hurles comme la jolie princesse en détresse que tu es. Mais ne compte pas trop sur ton lézard, je lui ais administré un somnifère tout à l'heure. Tu vois ? Dans ma famille on est plutôt calé en potion…
-Oh, oui, et tu devais être TELLEMENT doué pour qu'ils t'abandonnent ici ! Répliqua Harry qui sentait qu'il n'avait plus rien à perdre.
Mais c'était apparemment la chose à ne pas dire. S'il avait pût voir son visage, Harry y aurait vu un masque de haine et de colère.
-Sale petit rat… Cracha le candidat en l'attrapant fermement par les cheveux pour l'envoyer à plusieurs reprises contre le mur comme s'il espérait l'y incruster.
La troisième fois, Harry sentit douloureusement son nez se casser et du sang se mit à couler jusqu'à ses lèvres. L'une de ses pommettes y passa aussi, éraflée comme si on y avait frotté du papier de verre. Il hoqueta mécaniquement entre deux coups, ses bras s'agitant autour de lui mais ne réussissant pas à lui empêcher de rencontrer le mur…
Puis soudain un glapissement féroce réussi à passer le barrage du vrombissement de son sang dans les tempes et le contact avec Ronan disparut.
Etourdi et hébété, Harry tomba en arrière sur ses fesses.
Puis, finalement, avec l'air d'un chaton déboussolé, il tourna la tête pour voir une petite chose verte harceler sans répit Ronan, le griffant au visage et lui crachant des flammes juste sous le nez.
Le garçon tenta bien de la chasser à grands coups de bras, mais lorsqu'il se saisit d'une pince utilisée pour le travail du cuir et fit mine de frapper avec la petite créature, une énorme patte griffue jaillit de l'entrée de l'atelier, défonçant la porte en bois, avec un grondement menaçant et Ronan lâcha tout en poussant un cri de terreur.
Il se décala pour se mettre à l'abri et la patte repassa par le trou créé, laissant apparaitre un grand œil rouge de fureur qui les fixait dans un océan de peau bronze.
-Derianth ! S'exclama avec soulagement Harry alors que Ronan, comprenant qu'il était découvert, courait vers le passage intérieur avec un regard haineux pour Harry :
-Tu peux dire ou faire ce que tu veux, tu es vraiment une sacrée Princesse, Potter. On dirait que ton chevalier servant est arrivé… Mais rira bien qui rira le dernier ! Tu regretteras ça, je te le jure ! Cracha-t-il avec mépris et dégout avant de disparaitre, pressé par un nouveau jet de flamme de la petite verte.
Celle-ci, que Harry reconnut alors comme Jade, vint se poser triomphante sur l'un de ses genoux relevés. Il la caressa doucement sous le menton pour la remercier.
/Est-ce que tu vas bien ?/ Fit quant à lui Derianth, la voix chargée de colère. /Charlie arrive. Tu as du sang sur le visage! /
L'œil rouge cligna férocement et il sentit l'envie du dragon d'aller mâchouiller de l'humain cinglé.
-Rien de très grave, bafouilla Harry.
Et c'était vrai. Les blessures n'étaient rien. C'était à l'intérieur qu'Harry se sentait mal. Sale.
Il passa machinalement une main dans son cou comme si une plaie purulente s'y trouvait même s'il n'y avait dans les faits plus une trace de la bave de Ronan. Il frissonna nerveusement.
Il voulait oublier tout ça au plus vite.
Charlie déboula sur cette entrefaite, encore habillé de sa tenue de vol complète, ses lunettes d'aviateurs pendant autour de son cou comme un collier.
-Par Merlin, Harry ! Que s'est-il passé ? Est-ce que tu vas bien ?
Harry lui envoya un sourire gêné et forcé :
-Je vais bien. J'ai juste eu une discussion musclée avec un fou furieux qui ne m'aime pas ! Mais l'aide était la bienvenue…
Dire cela lui fit remonter une vague de chagrin qu'il combattit vaillamment en tentant de se relever. Charlie vint aussitôt lui attraper le coude pour l'aider en le voyant légèrement bancal.
-…Merde… Lâcha le petit brun. Je me sens tellement nul…
-Ne dis pas ça Harry. Ça arrive à tout le monde de se faire casser la gueule par une brute. Je te le m'est arrivé plus d'une fois ici. Tu sais, je suis le genre de mec qui lâche rien et qui peut vite emmerder les gens !
-Tu es parfait… Marmonna Harry.
-Quoi ? (Charlie émit un éclat de rire rauque) Agréable à entendre, mais faux. Allez, tu as besoin de soin. On va aller dans mes appartements, inutile de déranger cette pauvre Gwendolyn a une heure pareille. Elle a déjà si peu de vie sociale ! Ne parlons même pas du Maître Guérisseur !
-Je n'ai pas le droit d'aller dans les cavernes supérieures, objecta Harry. En plus… j'ai plus envie de… me laver qu'autre chose…
Il devait se débarrasser de la sensation de Ronan contre lui.
Charlie s'arrêta et se tourna vers lui, soupçonneux :
-Le type qui t'a fait ça… Est-ce qu'il a fait autre chose que te frapper ?
Harry n'était pas très sûr de ce qu'entendait Charlie, ou même de ce que lui avait « fait » Ronan. C'était ridicule de pleurnicher au sujet d'un peu de salive dans son cou, non ?
-T'inquiètes, lui fit-il. C'est juste un gros con.
Charlie le fixa avec force, silencieusement, semblant vouloir fouiller au plus profond de l'âme d'Harry comme s'il pouvait sentir son désarroi. Intimidé, le brun détourna les yeux, une étrange impression dans le fond de l'estomac. Comme si une petite flamme venait de naitre et le chatouillait légèrement en dansant.
-Qu'importe, il y a de quoi se laver chez moi. Tu y seras mieux que dans le dortoir des Candidats.
Harry approuva alors d'un hochement de tête et, timidement, emboita le pas du chevalier dans les escaliers, Jade désormais posée sur son épaule.
-D-
La dernière fois qu'Harry s'était trouvé dans les appartements de Charlie, il était resté dans la pièce principale. Il ne se serait jamais douté que derrière un rideau bleu eau se trouvait une autre caverne desservie d'une grande cuvette remplie d'une eau chaude qui scintillait sous la lumières de joyaux de toutes les couleurs. L'eau circulait naturellement depuis une petite fontaine au mur, jusqu'à une évacuation tout au fond, là où Harry n'avait même plus pied vu que le bassin était en pente douce. Le sol était recouvert de sable tout doux où Harry pût se coucher, poussant un râle de satisfaction profonde en laissant le liquide le recouvrir complètement, la chaleur massant agréablement ses muscles meurtris par l'entrainement.
Si tous les chevaliers avaient ça dans leurs appartements, Harry se jurait d'en profiter autant que possible s'il marquait un dragon.
S'émergeant à nouveau pour pouvoir prendre une bouffée d'air, il se laissa porter un instant, laissant ses pensées s'écouler avec l'eau, ainsi que toutes ses contrariétés.
Charlie avait soigné son nez et sa joue, il n'y avait donc plus aucune trace de l'agression de Ronan, mais il restait quand même quelque chose qui restait accroché à lui, refusant de se laisser évacuer. Un sentiment de malaise… De souillure.
Et malheureusement le savon délicatement parfumé ne suffisait pas à l'en débarrasser.
C'était peut-être à cause de la façon dont Ronan réussissait à le manipuler à sa guise, comme un animal ou un objet, niant sa nature d'être humain libre. Parce qu'il était plus fort que lui, il faisait de lui sa chose, son jouet…
Un jour Harry le lui ferait regretter…
Si seulement il était possible de grandir plus vite…
Avisant l'espace de toilette de Charlie, là où se trouvaient une bassine et un grand miroir, il sortit de l'eau pour aller s'observer. Détaillant son corps, il ne put s'empêcher de remarquer quelques changements, même si minimes… Il y avait désormais une élégante bosse sur ses bras, là où se trouvait son muscle, toujours malheureusement fin, mais plus uniquement longiligne. Il avait de même l'impression d'avoir un peu plus d'épaule, mais là, c'était peut-être juste son imagination. Son torse était encore désespérément plat, et il n'y avait toujours pas de trace de ses abdominaux sous son ventre lisse et plat.
Quant à ses poils… Ils étaient encore inexistants. Et sa voix avait à peine commencé à muer !
Etant le plus jeune des Candidats garçons, il ne pouvait s'empêcher de se sentir complexé face aux corps des autres qu'il apercevait souvent au moment de la toilette. Il était le seul encore glabre et dont le corps était encore plus celui d'un enfant que d'un homme. En plus ce n'était pas Damian et son manque de gêne qui l'aidait… Ce dernier avait tendance à commenter tous les matins la taille de ses testicules comme si ces dernières grandissaient pendant la nuit…
En tout cas il était clair qu'elles grossissaient, au contraire des siennes.
Avisant le set de rasage de Charlie, Harry laissa ses doigts voyager sur le couteau-rasoir qu'il ouvrit un moment pour en admirer la lame, la brosse du blaireau qu'il passa sur une de ses joues, se chatouillant avec, et le savon qu'il porta à son nez, reconnaissant là la fragrance masculine de Charlie.
Fermant les yeux, Harry s'imaginait adulte, beau et fort, portant la tenue des chevaliers, un magnifique dragon bronze comme compagnon. Il se voyait s'asseoir à la table de Charlie et le saluer familièrement, comme à un frère, plaisantant et riant des mêmes choses.
Dans sa rêverie Ronan était tout seul, sans dragon, méprisé de tous, condamné à faire toutes les corvées de la Réserve, comme un Rusard bis.
Il ricana à cette idée, mais quand il ouvrit les yeux, il n'y avait que Harry, 13 ans, avec ses grands yeux verts et ses cheveux mouillés.
Ne voulant pas abuser de la salle de bain de Charlie ( ce dernier devrait en avoir bien plus besoin vu qu'il rentrait d'une mission de trois jours !), Harry se rhabilla et rejoignit le chevalier qui se tenait assis devant sa table à manger, l'air grave et pensif.
Le visage du rouquin s'illumina cependant lorsqu'il l'aperçut.
-Ah ! Harry, ça a l'air d'aller mieux, non ?
Utilisant une petite serviette, Harry termina de se sécher les cheveux, frottant vigoureusement sa tête avec.
-Oui, merci. La salle d'eau est géniale !
-Ah, ça. Privilège d'habiter dans un volcan. On a toujours de l'eau chaude à volonté, et l'hiver, nous sommes très bien chauffés… J'imagine que tu ne t'es pas encore rendu dans les Grandes Thermes ?
Harry s'assit en face de lui, haussant des épaules :
-Montemps ne nous laisse pas « vagabonder », comme il dit, là où nous sommes inutiles.
-Oui, j'imagine. Ce sont d'immenses bassins thermaux pour les dragons. Dès qu'il commence à faire froid, ils adorent. L'été ils préfèrent se baigner dans le lac après s'être fait cuir pendant des heures au soleil. Curieuse race…
/Je ne suis pas celui qui se couvre de parfum pour cacher son odeur./ Répliqua malicieusement Derianth depuis sa grotte.
Charlie claqua de la langue, amusé.
-Insensible reptile. Je ne voulais pas imposer l'odeur de ma transpiration à Harry.
-L'odeur ne me dérange pas Derianth, répondit Harry avec un léger sourire.
/Moi oui, j'ai l'impression d'être lié avec un bouquet de fleur. Je préfère largement la transpiration./ Puis plus spécifiquement à Charlie : /C'est vous qui avez commencé/.
-C'est bien ma chance, sur tous les dragons je suis tombé sur celui qui veut toujours avoir le dernier mot, soupira Charlie à Harry.
-Tu as de la chance, moi j'aimerais avoir un dragon comme Derianth. Ca a dû être génial quand il est sorti de son œuf et t'as trouvé.
Charlie sourit en allant chercher un gâteau qu'il posa au milieu de la table.
-Ça l'était, approuva t'il en coupant des parts et en tendant une à Harry. En tout cas ça a largement compensé tout ce qui s'est passé avant.
Harry reconnut la pâtisserie comme venant de Molly Weasley. Elle avait une façon bien à elle de charger en crème comme si elle désespérait de la maigreur de tous ses enfants. Il mordit avec plaisir à l'intérieur.
-Qu'est ce qui s'est passé avant ?
-Je veux dire… Au sujet de quitter ma famille. Tu dois le savoir maintenant, l'Angleterre a un sacré mauvais point de vue sur les chevaliers dragons. Et pas qu'elle. Les français ne sont pas mieux. Mais moi… Je suis le deuxième de la fratrie. Deux ans de différence avec Bill, quatre avec Percy. Mon grand frère était… Disons que mes parents l'ont vite responsabilisé et les autres étaient des petits. J'étais très souvent seul et on s'occupait assez peu de moi. J'avoue, j'avais souvent l'impression d'être délaissé et je piquais alors des colères pour essayer d'attirer l'attention, mais ça ne marchait pas vraiment. Tout ce que ça m'attirait, c'était d'être puni au coin. Tu penses, avec autant d'enfant, et mon père quasi tout le temps au travail, ma mère se devait d'être stricte, sans quoi elle aurait été débordée. Un jour je suis tombé sur un livre parlant des dragons et des chevaliers et ça a été la révélation. J'y ai vu un moyen d'avoir mon premier meilleur ami et de ne plus jamais être laissé de côté. Et c'est ce qui est arrivé. Derianth a été mon premier ami. Mais bon… Avant ça il a fallu convaincre mes parents de m'envoyer à l'âge de onze ans dans une Réserve plutôt qu'à Poudlard et ça n'a pas été une mince affaire. Mais m'avoir laissé me débrouiller seul m'avait donné la détermination et la volonté nécessaire pour m'opposer à ma mère. On m'a souvent traité d'insensible dans ma famille… Mais c'est eux qui ont fait ça de moi. Je ne suis pas aussi «famille » qu'eux et en plus ça m'aurait fait mal de devoir être comparé au Plus que Parfait Bill si j'avais été à Poudlard.
Il s'arrêta alors et Harry se rendit compte qu'il buvait ses paroles avec avidité. Il avait l'impression de le connaitre un peu mieux et de l'apprécier encore plus. Il se trouvait quelques points communs – la solitude dans leurs enfances – et ça lui plaisait parce que ça les rapprochait.
D'autant plus que cette solitude n'avait pas empêché Charlie de devenir populaire ici. Il restait lui-même, sans concession, avec son côté un peu bourru, sa sympathie et son sang chaud.
-Ouah… Ron m'avait dit un peu que ça avait été dur chez toi… Tu n'aimes pas Bill ? Le questionna t'il, très intéressé d'en apprendre plus sur les Weasley.
-Si, bien sûr. Surtout que maintenant il est devenu bien plus cool qu'avant. La mainmise de ma mère l'a forcé à faire sa crise d'ado tardivement et elle n'a plus de contrôle sur lui. Il porte les cheveux longs rien que pour l'embêter et récemment il s'est fait un piercing, je pense que ça va la rendre folle quand elle l'apprendra !
-Elle a dû s'en rendre compte maintenant vu qu'elle est en Egypte pour le voir.
-Sans doute, acquiesça le roux en ricanant.
Il tendit le bras dans un même mouvement pour laisser ses doigts se poser sur les cheveux encore légèrement humide de Harry en une caresse qui surprit un instant le jeune garçon.
Charlie lui aussi eut l'air légèrement décontenancé un instant, fixant sa main comme si elle était douée de vie propre, puis après un léger froncement de sourcil, accentua son geste en frottant vigoureusement les mèches folles.
-Hey ! Damian va encore dire que je me coiffe avec un balai à chiotte !
-Que c'est adorable ! Ricana Charlie . C'est pas ma faute si tu as des cheveux qu'on a envie d'emmêler !
Harry fit la moue, remettant vaguement ses mèches à leurs places.
-Quoiqu'il en soit, si tu veux éviter de te faire tabasser par un taré, tu devrais toujours rester avec tes amis, l'informa Charlie en reprenant son sérieux. Comment se fait-il que tu t'es retrouvé seul ce soir ?
-En fait… Je voulais pouvoir te parler… Mais tu n'étais pas là… Fit Harry en retenant un bâillement, se sentant soudain un peu somnolent.
La fatigue, l'altercation avec Ronan, le bain chaud et son estomac rempli l'envoyait direct vers le sommeil. Mais il ne voulait pas partir, pas encore, même s'il était moins attentif à ce qu'il disait.
-Moi ? S'étonna Charlie en détournant légèrement le regard avant de retourner à lui : Pourquoi ?
-Parce que j'ai confiance en toi. Et… Que… J'aimerais être comme toi. J'ai l'impression d'être un peu perdu avec moi-même en ce moment… C'est difficile à expliquer. Tu sais… C'est comme si j'avais vécu en portant des masques depuis… Depuis trop longtemps. J'devais toujours me forcer à être ce qu'on attendait de moi. Ici, les gens s'en foutent de moi. Je suis un Candidat comme les autres contrairement à ce que dit Ronan. J'ai pas de privilège. Je suis pas « plus protégé » ou je sais pas quoi. Bref, je suis… différent d'avant… Et c'est pas que ça me perturbe, mais je me demandais si ma façon d'être était bien ? Tu vois, c'est pour ça que je dis que j'aimerai être comme toi. Tu es cool et fort, et gentil, et populaire… Bref, parfait.
Harry qui divaguait légèrement avec un léger embarras, avait évité le regard du chevalier jusqu'à ce moment où il leva un regard timide vers lui.
Le chevalier le fixait avec intensité, les lèvres légèrement entrouvertes, mais très silencieux et immobile. Une immobilité toutefois nerveuse. Du moins c'était comme ça qu'Harry la sentait.
-J'aimerai devenir ne bonne personne, expliqua t'il alors. Pour moi, pour mes amis de Poudlard. Pour ta famille. Pour mes parents. Pour que personne n'ait jamais à dire que j'ai fait un mauvais choix en venant ici et que j'ai mal tourné.
-… Harry… Commença Charlie qui avait l'air légèrement dépassé. C'est… Je suis flatté que tu penses ça de moi. Mais tu dois garder en tête qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Une…
Il fut coupé par un bâillement qu'Harry ne put retenir cette fois-ci, et avisant son expression ensommeillée, Charlie sourit.
-Ce n'est pas le moment pour une telle discussion, tu as l'air exténué. Tu n'as qu'à prendre mon lit cette nuit, je ne vais pas te faire descendre toute la montagne maintenant….
-Quoi ?! Non ! Je ne veux pas te déran…
-T'inquiètes, j'ai tout sauf envie de dormir là. Je subis le décalage horaire là. Alors je t'en prie, ne te gêne pas.
-Merci, souffla Harry en passant à côté de lui.
Il se dirigea alors vers l'alcôve où se trouvait le lit et retira le maximum de vêtement avant de se pelotonner sous les draps en se formant un cocon confortable. Jade vint alors se lover contre lui, comme le faisait habituellement Moineau, et le petit brun s'endormit rapidement en écoutant les bruits que faisait le chevalier dragon à côté, le cœur confiant.
-D-
Rangeant les documents en rapport avec ses missions actuelles, Charlie chercha un instant à se changer les idées, mais c'était très difficile. Il n'arrivait pas à oublier la discussion qui avait eu lieu à cette même table, et le garçon qui dormait avec innocence dans son lit.
D'autant plus lorsque l'image du même enfant se trouvait sur l'avis de recherche devant lui. Le ministère britannique avait missionné les chevaliers dragons à la recherche du garçon. Quelle ironie.
Charlie, lui, ferait tout ce qui était possible pour qu'Harry reste ici.
Avisant le léger ronronnement qu'émettait le garçon dans son sommeil, il ne put résister à l'approcher silencieusement jusqu'à s'asseoir sur le lit, se repaissant des traits détendus de l'adolescent. Ses yeux se fixèrent finalement sur ses lèvres, d'une couleur et d'une pleineté appétissante et il mordit les siennes, son corps s'éveillant encore plus aux appétits qu'il gardait cachés.
Derianth roucoula légèrement de contentement alors qu'il se laissait à passer son visage dans le creux de l'épaule et la joue du brun, humant son odeur.
-Je ne suis pas une « bonne personne », chuchota t'il alors à personne en particulier…
A l'endormi… à lui… au silence… aux lèvres adorables qu'il lécha avant de les embrasser délicatement.
A suivre…
… Plus de dragons au prochain chapitre, promis ! Rien moins que ce que vous attendez sans doute avec impatience… Prochain chapitre : Talath. A mercredi prochain !
