Mot de l'auteur : Bon mercredi à vous ! Je ne vais pas trop m'attarder, je suis malade, ce qui explique que certaines fautes m'ont peut-être échappé à la relecture, désolé, et que je n'ai pas répondu aux commentaires, ce que je ferais sans faute une fois que je me sentirais mieux ! Promis ! Je vous souhaite en attendant une bonne lecture !
Rappel :
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca-
Aspirants : Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth), Damian (dragon brun Emlith), Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah), Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth), Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens-
Chapitre 11 : Du sang sur les mains
Quand Charlie et son dragon avaient transplané en urgence depuis la Réserve, il faisait déjà jour sur la cuvette du volcan, mais ce fut la nuit écossaise qui les accueillit à Poudlard.
Malgré leur envie de s'assurer de la bonne santé de Ron, ils firent d'abord plusieurs tours des environs, scrutant la surface du sol à la recherche d'un signe de Black. La vision de Derianth était si précise qu'il pouvait repérer un faon se déplaçant au milieu de la Forêt Interdite. Et ne parlons même pas d'un sorcier et son aura de magie qui brillait comme un phare à travers les pupilles draconiques.
Ils revinrent néanmoins vers le château, bredouilles.
Charlie était plus frustré que jamais : Black était comme une anguille qui ne cessait de lui glisser entre les mains – et il faisait une affaire personnelle de sa capture, après tout, non content de menacer Harry, son Harry, voilà qu'il avait tenté d'agresser son petit frère.
Son expression renfrognée sembla décourager Rusard de lui demander quoique ce soit quand il entra dans le grand hall et partit en direction de l'infirmerie.
Il fit cependant demi-tour en apercevant l'amas de rouquin qui s'y trouvait, dont la silhouette familière de sa mère qu'il avait soigneusement évité depuis qu'Harry avait marqué.
Bien évidemment, il voulait retarder une engueulade, mais il était toujours assez mal à l'aise quand sa famille était en nombre… Il ne pouvait s'empêcher de se sentir à l'écart, un peu comme un cousin lointain que l'on voit une fois l'an à noël. Il savait qu'il était le vilain petit canard de la famille. En de nombreux points.
Il sentit l'amour et le soutien de Derianth s'enrouler autour de lui alors qu'il s'éloignait pour faire un rapide tour au bureau du Directeur pour annoncer son intention de patrouiller sur ses terres durant une partie de la journée.
Hélas, il fut repéré bien avant d'avoir mis les pieds sur une marche d'escalier :
-CHARLES FABIAN WEALEY ! Tonna la voix impérieuse de sa mère accompagné du bruit de ses chaussures claquant sur les dalles.
Charlie fut tenté deux secondes de s'enfuir comme un voleur, mais il se résigna et se tourna vers la femme qui l'avait mis au monde.
Il déglutit mentalement en apercevant ses yeux bruns qui le foudroyaient, accompagnés de rougeurs sur les joues qui noyaient totalement ses taches de rousseur. Il sentit Derianth s'installer confortablement sur la pelouse avec amusement, à la façon de quelqu'un qui grignoterait du popcorn devant un spectacle.
/Il n'y a pas grand-chose à manger ici/ Déplora cependant son dragon en repoussant d'une patte nonchalante la chatte miteuse qui lui feulait dessus.
Charlie revint sur sa propre situation, laissant Rusard se pâmer à l'idée de sa Miss Teigne dévorée, afin d'affronter sa mère qui enfonçait ses poings dans ses hanches.
-Alors ? Qu'as-tu à dire pour ta défense ? Attaqua Molly.
Elle était devenu plus petite que lui, bien que Charlie ne fut lui-même pas le plus grand des Weasley, bien au contraire, mais il avait l'impression d'avoir à nouveau six ans.
-Quelle défense ?! Annonça-t-il en essayant de ne pas avoir l'air sérieux.
S'il le prenait à la rigolade, peut être que ça passerait… Ou pas.
-Toi ! Enfant égoïste ! Je n'aurais jamais souffert pendant douze heures pour te faire naitre si j'avais su que tu deviendrais ainsi ! (Charlie connaissait le couplet et leva les yeux au ciel) « Quelle défense » Tu dis ?! Peux-tu m'expliquer pourquoi tu as entrainé ce pauvre Harry dans tes histoires de dragons ?! Et ne me fais pas l'offense de nier ! Je SAIS que c'est toi ! Je le sais jusque dans mes tripes !
Plus loin les jumeaux qui se régalaient de la dispute étouffèrent un éclat de rire en imitant la façon dont leur mère agrippait dramatiquement son ventre et Charlie les fusilla du regard.
Il eut plein de réponses en tête sur le moment, mais aucune qui pourrait lui convenir, et surtout pas le « je l'ai trouvé trop mignon » qui était la première chose qui lui venait à l'esprit quand il pensait à Harry.
Par mesure de survie, il ne parlait jamais de tout ce qui se rapprochait des affaires de cœurs et de sexe, sachant trop bien le point de vue que les sorciers anglais avaient d'eux. « Aimer comme un chevalier dragon » n'était pas une expression très positive et il savait que pour sa mère, il était devenu une espèce de dépravé qui ne se marierait jamais.
-Ecoute Maman, il ne t'est pas arrivé de penser que Harry le voulait ? Tu sais très bien que je ne l'aurais jamais kidnappé et forcé à marquer. Sans compter que c'est impossible. C'est le dragon qui choisit ! Et Harry avait des prédispositions, tu voulais que je les ignore ? Si on ne trouve pas des Candidats, alors qui se battra pour vous quand il le faudra ? Ah ! Les autres c'est ça ? Belle mentalité des anglais qui laissent les autres pays faire le sale boulot !
Molly ouvrit plusieurs fois la bouche, mais il ne lui laissa pas le temps de parler. Maintenant qu'il venait d'insulter sa conscience de sujet britannique et d'ancienne combattante, il s'attendait à subir un flot de récriminations.
*C'est le moment où tu dois m'aider vieux frère !* Envoya t'il en appel au secours à Derianth qui s'étira langoureusement.
/Vous et votre mère vous ressemblez. Vous voulez tous les deux être le dominant !/
Charlie l'ignora, s'adressant plutôt à sa mère :
-Mais avant de continuer cette « fructueuse » « discussion », Derianth aimerait te saluer Maman.
La petite rousse perdit aussitôt le fil de sa colère, devenant toute confuse et gênée, comme à chaque fois qu'elle se retrouvait face au dragon de son fils. Elle ne pouvait cependant pas l'ignorer puisqu'il était désormais comme la moitié de la vie de son fils.
C'était comme si elle avait récupéré un autre enfant, ou bien qu'il s'agissait d'une espèce de beau-fils qu'elle ne pouvait pas vraiment inviter à prendre le thé. C'était une des choses qui la chagrinait le plus : le fait que Charlie n'aurait jamais de famille à lui, juste cet énorme reptile.
Charlie la regarda soupirer mais se diriger d'un bon pas vers la sortie du château, la tête haute. Il pouvait deviner ses pensées, et intérieurement s'en affliger : sa mère oubliait toujours qu'il y avait plusieurs sortes de bonheur, et que sa conception à elle impliquant repas de famille dominical pleins d'enfants et de couples heureux, n'était pas forcement la sienne.
Il la suivit à quelques mètres, faisant signe à son père et à ses frères qu'il n'était pas utile qu'ils viennent. Derianth pouvait se montrer très sournois quand il le souhaitait.
/Bonjour Molly/ Fit justement celui-ci en baissant son immense têt à hauteur de sa mère pour qu'elle vienne le toucher.
-Bon…Bonjour Derianth… Balbutia t'elle légèrement en venant lui tapoter gentiment mais brièvement un morceau de museau.
/J'écoutais votre discussion/ Lança Derianth en faisant jouer sa longue queue sur le sol. /Et je tenais à vous dire que Talath est très heureuse que Harry est accepté de venir vivre à la Réserve. Tout comme je le suis que vous ayez permis à Charlie de le faire aussi. Je sais quel déchirement cela a été pour vous, que pour vous aussi Charlie est unique et irremplaçable… Bien qu'il le soit probablement plus pour moi…/
Charlie étouffa un toussotement nerveux en sentant le caractère retord de son dragon se réveiller. Il craignait un peu ce qui allait arriver et Derianth ne le déçut pas. Les yeux du dragon se plissant légèrement, ils se braquèrent sur Molly qui devint encore plus nerveuse.
/Sans Charlie, j'aurais été tué à la naissance, et on aurait fait de moi des bottes, des ceintures et même des manteaux ou des sacs… On aurait pris mon cœur qui lui est aujourd'hui dévoué et on l'aurait découpé, séparé, pour le placer dans des baguettes magiques… A ce sujet, j'ai toujours trouvé injuste que l'on se contente de prélever des poils ou des plumes à un phénix ou à une licorne alors que nous, on nous tue pour que vous puissiez faire de la magie… Dites-moi Molly Weasley, de quoi est faite votre baguette ? /
Charlie observa sa mère tenter de rester sereine face à l'expression accusatrice de son âme sœur et arriver au bout de longues secondes à répondre :
-Un poil de licorne, souffla t'elle.
Le dragon tint un silence plus théâtral qu'autre chose avant de lâcher un simple /C'est bien/ qui permit à sa mère de respirer à nouveau.
Pas si bizarrement que ça, il ne fut plus question de Harry après cela.
-D-
Talath était plantée au milieu de l'énorme caverne, la tête levée vers le haut. Si elle avait été un dessin animé, Harry l'aurait décrite « les yeux pleins d'étoiles ».
Il ne faisait aucun doute que ses nouveaux quartiers lui plaisaient.
On accédait à l'entrée de la caverne de la Reine par une rampe de pierre depuis la vallée de la cuvette, évitant ainsi un vol que, de toute façon, Talath n'était pas encore capable d'effectuer.
Au centre de l'énorme grotte on pouvait sans problème apercevoir l'endroit où des générations de reines dragons s'étaient couchées, usant la pierre et creusant un lit lisse que Talath ne remplissait pas encore au quart.
/Je vais devenir aussi grande que ça ?/ S'étonnait-elle en parcourant la surface.
Harry, lui, observait les différents râteliers aux murs, contenant les uns, du matériel de « pansage », les autres diverses brides. Mais ce qui était le plus impressionnant était l'immense harnais exposé, au cuir rutilant et marqués de symboles, avec de véritables plaques d'or ornées de joyaux au poitrail, à la tête et aux épaules.
-Le harnais de cérémonie, expliqua Gwendolyn qui était chargée de l'emménager dans ses nouveaux quartiers. Cette beauté est utilisée pour les grandes occasions. Il a au moins trois cents ans et le maitre tanneur le restaure avec amour tous les trois ans.
Harry hocha de la tête, tâchant d'imaginer sa Talath ainsi habillée, puis chercha des yeux les pièces d'un autre harnais qui aurait dû aussi s'y trouver :
-Où est l'armure de combat ? Demanda-t-il. Et les côtes de mailles ?
Gwendolyn le fixa un instant, perplexe, puis regarda autour d'elle d'un air perdu et un peu embarrassé.
-Oh… Euh… Et si on allait voir tes propres appartements ? Je parie que tu ne vas pas en revenir !
Elle l'attrapa par le bras et le conduisit vers une ouverture de l'autre côté de la caverne, laissant Talath à sa contemplation béate.
Harry qui aurait bien aimé voir son armure protesta un peu, mais il oublia rapidement en entrant dans un couloir couvert de part en part d'une tapisserie animée présentant un décor de falaise tombant sur l'océan. C'était comme marcher sur une fine bande de montagne au milieu des vagues grises, accompagné de quelques herbes sauvages agitées par un vent imaginaire.
Pour peu, on en oublierait presque les ouvertures menant aux autres pièces. Ou même que l'on se trouvait au cœur d'un volcan.
Avec ahurissement, dans la première ouverture, Harry découvrit un petit salon doté de plusieurs fauteuils confortables, de guéridons élégants soutenant des lampes à huile, d'une vitrine et de plusieurs petits meubles de rangements. Dans un coin se tenait deux perchoirs où l'attendaient déjà Hedwige et Moineau qui semblaient eux aussi très satisfait du changement.
Cette pièce en menait à une autre : une confortable chambre avec un grand lit au baldaquin rouge brodé de petits dragons dorés, une grande malle et plusieurs placards. Sur les murs se tenait une reproduction des constellations dont les étoiles scintillaient comme si elles étaient vraies.
Harry ne put s'empêcher d'aller s'asseoir sur le lit pour en tester le confort, allant jusqu'à s'y coucher tout son long sans avoir la tête tombant de l'autre côté.
Et ça, c'était génial. Poudlard l'avait malgré tout habitué à dormir sur autre chose que les « planches en bois » qu'ils avaient dans les dortoirs des Candidats et des Aspirants.
Il tâta l'édredon tout doux et voulut s'y enrouler, ivre d'un luxe dont il avait été totalement privé ces derniers mois. Il laissa Gwendolyn rire de lui quand il se transforma en maki humain et la rejoignit dans son hilarité. Mais conscient de disposer du temps de l'Intendante, il se déroula et avança vers la pièce suivante.
C'était la salle de bain. Si on pouvait se permettre d'appeler un grand bassin avec cascades une salle de bain.
Il dût faire la même tête que Talath.
L'enclave dans la roche était magnifique, pratiquement à l'égale des Grandes Thermes question décoration et emménagement. Son lavabo était une fontaine sur pied, il y avait de grands miroirs ici et là qui donnaient une impression de profondeur à l'espace. Des étagères en bois étaient déjà remplies de serviettes ayant l'air moelleuses et de bocaux contenant multitudes de produits colorés pour le bain.
Les mosaïques alliaient un thème à la fois floral et maritime, comme dans une autre réalité où poissons et dauphins nageraient entre jasmins et iris.
En fait, Harry pourrait très bien se contenter de vivre juste dans cette pièce.
-C'est trop beau… Soupira-t-il à Gwendolyn, n'arrivant pas à croire un instant que tout ça était désormais à lui.
La jeune femme lui sourit tendrement avant de poser une main dans son dos :
-Tu es le seigneur de la Réserve, Harry. Tu mérites tout ça.
-Non, je ne mérite rien. C'est bien ça le problème ! Tout ce que j'ai fait c'est me planter devant un bébé dragon !
Il se laissa conduire de nouveau vers le couloir « Océan », ne sachant pas trop s'il pourrait se sentir à l'aise ici en ayant rien fait de vraiment valable pour mériter tout ça.
-Tu as fait bien plus que de te planter devant un dragon, Harry, le contredit Gwendolyn. Tu as sauvé la race des Longwing, et tu as fait, et continue de faire le sacrifice de ta vie au nom de la cause des dragons. Tu mérites tout ça, parce que tu auras à donner plus de toi que n'importe quel chevalier dragon ici. Quoique puisse en dire certain.
Harry la regarda avec étonnement : la fin de sa phrase avait été dite avec un ton dur et grave qu'il ne se souvenait pas lui avoir déjà entendu.
-Que dises « certains » ? Demanda-t-il alors qu'elle les menait vers une autre ouverture.
-Ça ne vaut pas la peine d'en parler. Il y a toujours des imbéciles partout, même choisis par des dragons !
-Tous les dragons ne sont pas des lumières non plus, commenta Harry avec un sourire ironique.
Gwendolyn fronça le nez d'un air faussement offensé et pointa son index sur sa bouche en un « chut » silencieux. L'air de dire « ne médisons pas sur ces augustes gros reptiles ».
Ils changèrent alors totalement de sujet puisqu'ils venaient d'entrer dans un grand salon/ Salle à manger relié, non seulement par un passe-plat aux cuisines, mais aussi au reste du volcan par l'entrée officielle de l'Etage Intermédiaire.
-Je vois, c'est la pièce « tout le monde peut entrer comme un moulin », fit-il en constatant l'absence de porte, jetant un coup d'œil à un couloir étant sans doute celui où se trouvait aussi la Salle du Conseil et le bureau de Desclare.
-Eh bien… Je suis navrée de dire qu'il me faudra envahir ton intimité assez souvent… Mais les personnes autorisées au-delà de cette pièce sont en nombre limité, rassure-toi.
Il cacha comme il put son manque d'enthousiasme. Il ne voulait pas pouvoir croiser Desclare au sortir de sa chambre.
-Par le passe-plat, tu peux commander de la nourriture et manger ici-même. C'est le plus gros avantage de ces appartements, continua Gwendolyn en lui montrant le fonctionnement de l'appareil.
Puis ils reprirent le chemin du couloir, artère centrale de sa nouvelle résidence. La dernière porte n'étant pas un placard ou des commodités menait dans un bureau, son bureau, avec la Bibliothèque et les Archives personnelles des Dames de la Réserve.
C'était un endroit plutôt austère, vraiment conçu pour le travail. La seule touche de couleur venait de la cinquantaine de portraits de femmes accrochés aux murs qui bougeaient à la façon des toiles sorcières, tout en gardant néanmoins un silence surprenant.
Certaines dormaient, d'autres lisaient, une particulièrement coquète se brossait les cheveux depuis leur entrée.
-Ce sont les précédentes Dames de la Réserve, expliqua Gwendolyn avant d'approcher un tableau présentant une grande brune à la peau bronzée qui les regardait avec orgueil : voici Gloria qui m'a nommé Intendante.
Entendant ce prénom qu'il avait tout juste surpris plus tôt dans l'après-midi, Harry se rapprocha pour la détailler. Il pensait à tout ce qu'elle aurait pu lui révéler. Sans doute savait-elle tout ce que l'on cachait à Harry.
-Les portraits ne parlent pas, ici ?
-Non. On leur jette un sort de mutisme avant de les placer. C'est la tradition.
*Tradition pourrie pour mieux embêter les nouveaux…* Songea rapidement Harry avant de demander :
-Gloria est morte ?
-Oh non ! S'étonna Gwendolyn. Elle est dans l'Archipel du Couchant. C'est là que l'on envoie tous nos chevaliers et nos dragons à la Retraite… Ainsi que ceux qui ont subi de trop gros dégâts pour pouvoir continuer à effectuer des missions.
Harry sourit, songeant alors que tout espoir n'était pas perdu.
-J'aimerais pouvoir lui parler, lui apprit-il, déclenchant alors un éclat de rire. Quoi ?! Qu'est-ce que j'ai dit d'amusant ?
-Gloria n'est pas exactement quelqu'un avec un bon caractère. Elle était passionnée, ça c'est certain, mais ses péripéties provoquaient un certain nombre de problèmes à la Réserve ! Je pense qu'elle s'ennuyait pour passer son temps à monter les gens les uns contre les autres. Pendant un temps, on a eu un Chef de la Réserve qui avait assez de poigne pour les tenir, elle et Clarianth, sa dragonne, mais elle a réussi à l'éjecter de sa place.
-C'est pour ça que Desclare l'a mise à la retraite ? Demanda alors Harry, l'air de rien, reconstituant peu à peu les évènements dans sa tête.
Gwendolyn le fixa étrangement et il haussa des épaules négligemment.
-Je l'ai entendu quelque part.
-Je ne sais pas, finit par lui répondre Gwendolyn, mais Gloria avait un certain âge et les pontes de Clarianth étaient de moins en moins prometteuses. Un seul œuf d'or marqué en trente ans, c'est assez piteux comme résultat. Cela ne veut cependant pas dire qu'elle n'a pas donné d'excellents dragons. Pour preuve, Derianth est un de ses fils, Legith et Farlith sont aussi d'elle. Et puis bien sûr, Aluranth, la dorée de Leslie, et mère de votre excellente Talath…
Tout en parlant, l'Intendante s'était décalée vers un autre portrait, présentant cette fois-ci une belle jeune fille aux cheveux blonds coupés aux épaules qui souriait gentiment. Elle avait l'air de quelqu'un d'honnête et de dynamique, prêt à tout faire pour aider les autres… Et surtout elle avait une ressemblance frappante avec l'humaine qui se trouvait devant.
Les yeux habituellement doux de Gwendolyn se trouvèrent altérés par une touche de chagrin et Harry perdit l'envie de parler de complot contre lui.
-Oh… Personne ne m'avait dit que Leslie était de votre famille…
-C'était ma petite sœur, précisa vaillamment Gwendolyn.
-Ca a dû être dur…
-Ça l'a surtout été pour elle…
L'Intendante se tourna alors vers Harry avec un sourire douloureux :
-Desclare m'a dit que CE « Quirrell » était mort. J'espère que c'était dans d'horribles souffrances.
-Plutôt, oui, grimaça Harry.
Ce n'était pas un bon souvenir.
-Comment le sais-tu ? Le questionna Gwendolyn, troublée par son expression.
-J'étais un peu au premier rang. C'est plus ou moins moi qui l'ais tué… Sans vraiment savoir ce que je…
Il ne put terminer sa phrase car il se retrouva brusquement étouffé contre une poitrine, agrippé par deux bras déterminés.
-Merci… Soupira la femme blonde en l'embrassant sur le front, puis dans son enthousiasme, elle continua sur ses joues et sur sa tête, continuant à murmurer des « merci » plein d'une reconnaissance éperdue.
Dépassé, Harry resta les bras ballants.
Il évitait toujours de penser à ce qu'il s'était passé comme à un « j'ai tué un homme », considérant que ça n'avait été que de la légitime défense. Peut-être aussi que de voir un homme être réduit à l'état de morceau de charbon se réduisant en poussière l'avait un peu traumatisé.
Mais en ce moment, grâce à Gwendolyn, il arrivait à se sentir content de ce qu'il s'était passé. Certes, ça n'effaçait pas la souffrance et la mort de Leslie, mais ça rééquilibrait un peu l'Univers.
Quand l'Intendante se reprit, elle s'excusa doucement en le libérant, puis affirma avoir des tâches qui l'attendaient, sans doute pour sortir en récupérant un peu de sa dignité.
Il la laissa faire, même si après ce brusque afflux d'émotion, tout seul dans ces trop vastes appartements qui étaient désormais les siens, il se sentait soudain bien seul et petit.
Un peu perdu et ne se sentant vraiment pas encore comme chez lui, Harry erra un instant, avant de commander un plateau aux Cuisines, et de partir manger dans la Caverne de Talath.
Hedwige et Moineau finirent par les rejoindre, formant un campement improvisé. Il partagea son plateau repas avec ses deux petits compagnons, acceptant de se faire pincer les doigts amicalement par sa chouette qui ne faisait plus aucun voyage depuis qu'elle était là. Elle semblait néanmoins parfaitement s'accoutumer à chasser dans les environs, bien qu'elle trouvât les manières des lézards de feu dans cette matière, plutôt irritante.
Moineau lui avait déjà fait partager l'image d'Hedwige se faisant piquer sa proie au dernier moment par Delilah, surgissant depuis le néant grâce au transplanage.
Quand il eut terminé leur repas et renvoyé le plateau par le passe-plat, Harry attrapa une couverture dans une armoire et retourna auprès Talath. Son nouveau lit avait beau être celui d'un roi, il ne se sentait pas d'y dormir de suite, sans sa dragonne à ses côtés. Il n'avait jamais dormi sans elle depuis qu'elle était née, et même si Talath lui affirmait de façon bravache qu'elle n'aurait pas peur sans lui, Harry sentit qu'elle était aussi fébrile que lui dans cet immense espace silencieux.
C'est pourquoi ce soir-là il se coucha contre son flanc, se laissant bercer par sa respiration régulière.
-D-
Charlie avait lui aussi opté pour dormir avec son dragon, à la fraîche, mais il ne put malheureusement pas éviter le petit déjeuner à Poudlard, réveillé par un Albus Dumbledore penché sur lui, sa barbe touchant le sol, un sourire malicieux aux lèvres.
Il se retrouvait alors assis entre le directeur et sa mère, d'humeur ronchonne à cause d'une journée de recherche tout à fait stérile.
Mais au moins, Ron avait l'air de s'être remis de son aventure puisqu'il discutait avec passion à sa table, sous le regard légèrement exaspéré de la jeune Hermione.
Charlie, lui, aurait aimé éviter les discussions de qui que ce soit, pour rentrer rapidement à la Réserve, mais Dumbledore et sa mère étaient deux incorrigibles bavards. Le souci étant qu'ils n'étaient pas vraiment intéressés par la même chose : sa mère ne voulait que la tête de Black sur une pique, bougonnant contre les recherches qui ne donnaient rien, et Dumbledore, lui, essayait de mettre le sujet de Harry sur le tapis de façon très moyennement subtile.
Or lui ne voulait absolument pas parler d'Harry avec sa mère à côté ! Il avait aussi trop peur que le vieillard à sa droite, qu'on disait plutôt clairvoyant, ne devine ses penchants à son égard. Les sorciers étaient si collets montés ! A ce niveau-là, Charlie avait trouvé toute la liberté dont il avait besoin à la Réserve !
Et il s'en rendait encore plus compte en observant les élèves dans leur robe de sorcier, innocents et sages, même pour les plus âgés. Une douceur qu'il retrouvait en Harry, purement inconscient des regards qui commençaient à se poser sur lui alors que commençait à apparaitre l'homme qu'il deviendrait.
L'entrainement avait un peu bousculé le processus puisque Ron, pourtant plus âgé de quelques mois, faisait encore enfant avec sa silhouette en allumette et ses rondeurs au visage.
Au terme d'une heure à faire l'homme sauvage – donnant du grain à moudre aux détracteurs des chevaliers dragons-qui-se-pensent-trop-bien-pour-les-sorciers, ses deux voisins imposés lâchèrent finalement l'affaire, sa mère s'exaspérant une nouvelle fois de l'avoir mis au monde et Charlie fut enfin libre d'invoquer le rapport de mission qu'il devait remplir pour pouvoir rentrer à la maison le plus vite possible.
Il fut pourtant à nouveau intercepté par quelqu'un à la sortie de la grande Salle.
C'était un homme au visage marqué par la fatigue et aux courts cheveux châtains mêlés de mèches argentées. Ses yeux couleur de l'ocre, avec une pupille légèrement plus petite que la normale, apprit néanmoins à Charlie qu'il s'agissait d'un loup-garou.
-Vos frères sont de bons élèves, commença l'homme en marchant avec lui.
-Vous êtes professeurs ? S'étonna le rouquin.
Habituellement ces hybrides préféraient vivre en marge des sociétés… une préférence peut être influencées par les lois anti loups-garous, mais il y avait aussi une part d'instinct et de gout pour la liberté que Charlie, en tant que lié à un dragon, pouvait tout à fait comprendre.
Après tout, au naturel, les dragons restaient entre eux, et même ainsi, ils ne se toléraient que grâce à leur soif d'or et à la nécessité de la reproduction. Mais seul le lien avec leur chevalier pouvait faire se supporter plusieurs reines dorées sur le même territoire. Les loups-garous n'ayant pas besoin de richesse, ils vivaient seuls la majorité du temps.
Celui-ci semblait cependant tout à fait social.
-Oui, je me présente, Rémus Lupin, le nouveau professeur de défense contre les forces du mal.
Charlie renifla avec ironie :
-Vous êtes celui qui apprend aux jeunes sorciers à blesser les dragons et à tuer les gens de votre propre espèce.
L'homme se figea brusquement, un éclair de peur passant dans son regard. Charlie comprit alors que sa véritable nature n'était pas connue au grand jour.
-Vous…
-Ne vous en faites pas. Je ne suis pas un sorcier. Enfin… Je suis avant tout un chevalier dragon. Je ne suis pas du genre à être dérangé ou effrayé par ça. Surtout un jour de lune décroissante. Derianth n'a pas mangé ce matin et je ne compte plus le nombre d'élèves et même d'adultes qui s'en sont inquiétés, venant me voir comme s'ils craignaient que mon dragon ne dévore la première chose qui bougera dans son champ de vision !
Lupin eut un sourire légèrement complice.
-Un dragon mature n'a pas besoin de se nourrir tous les jours, affirma t'il. C'est pourtant dans la plupart des livres et des manuels, mais les Réserves sont si secrètes au sujet de votre mode de vie que tout un tas de on-dit fleurissent ici et là. Vous faites autant peur que vous impressionnez…
-Et que l'on nous méprise, ajouta Charlie.
-C'est le lot que toute race hors sorcier de sang pur est appelé à subir. Malheureusement. Mais j'avoue avoir moi-même quelques aprioris sur les Réserves et… Je sais que cela peut vous paraitre étrange, mais j'aimerais savoir si Harry est heureux. S'il se sent bien dans cette nouvelle vie.
Surpris, Charlie le considéra avec méfiance – une méfiance tout aussi justifiée par la sécurité de son protégé que par des raisons moins honorables, comme la jalousie.
-Par où le connaissez-vous ?
-Je ne le connais pas vraiment. Je ne l'ai jamais rencontré… En fait, j'avais espéré en prenant ce travail… Je connaissais ses parents, c'étaient de très bons amis. Considérez ma demande comme la simple inquiétude d'un vieil ami de la famille, qui ne souhaite que le meilleur pour leur fils.
Charlie le fixa un moment, incertain, puis décida de le croire. Il resta néanmoins très concis :
-Il va bien, il a des amis avec qui il s'entend très bien, et a gardé contact avec ses proches amis ici, à Poudlard. Demandez à mon frère, Ron, je suis certain qu'il vous répondra la même chose.
Ceci dit, il accéléra pour sortir, espérant éviter ainsi d'avoir à subir la curiosité de quelqu'un d'autre.
Passé la grande porte d'entrée, il eut néanmoins la mauvaise surprise de trouver un enfant près de Derianth, proche de le toucher, et accéléra le pas pour l'intercepter, furieux.
Ce n'était pas qu'il craignît quoique ce soit de la part de Derianth, qui considérait l'adolescent avec un brin de curiosité, mais c'était les cheveux très blonds, presque blancs et la peau pâle comme une statue…
Il avait beau ne pas fréquenter les lieux sorciers, il pouvait reconnaitre un Malefoy quand il en voyait un. Sa famille avait un très gros passif avec ces sangs purs, et il avait eu les lettres de Ron et les histoires d'Harry pour se faire une idée de qui ils étaient.
Pourquoi donc un Malefoy chercherait à s'approcher d'un dragon, il n'en avait pas la moindre idée. Et encore moins Drago Malefoy, responsable de l'empoisonnement d'un innocent lézard de feu.
Derianth ne pouvait agir de peur de donner une mauvaise image des dragons, mais Charlie n'hésita pas une seconde à attraper violemment le bras du garçon pour le rejeter en arrière.
Le blond fut entrainé par le mouvement sans pouvoir lutter contre et tomba sur les fesses, choqué et furieux. Mais ça n'avait rien à voir avec le regard glacial que lui jeta Charlie quand il fit mine d'ouvrir la bouche.
-Ne touche pas Derianth avec tes sales mains couvertes de sang !
La colère présente sur le visage du garçon se mua brusquement en effroi et soudain Drago Malefoy ne sembla plus vouloir dire quoi que ce soit, regardant tout sauf le dragon et son maître, l'expression douloureuse.
Charlie grogna avec mépris et décida de l'ignorer, grimpant sur la patte que Derianth lui tendit pour rentrer au plus vite dans un endroit où il n'aurait plus à croiser de superstitieux sorciers.
Il ne remarqua donc pas, alors qu'il s'envolait, le jeune garçon se relever et les fixer avec envie, mais aussi colère. Il ne saurait pas plus ce que Drago Malefoy aurait pu avoir à lui dire, et pourtant… Cela aurait changé bien des choses.
A suivre…
Bon, je retourne m'étendre pour mourir en paix. A mercredi prochain !
