Mot de l'auteur : Un jouuuur de retard ! Oui, je suis une très vilaine fanficceuse, même si, comme vous êtes gentils (ou blasés) vous n'allez pas me le faire remarquer, hein ? Alors la fin n'est pas trop corrigée et à peine relue, mais c'était ça ou un jour de retard de plus. J'espère que ce n'est pas la cata quand même* fait ses yeux de chatons*


Rappel :

Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich

Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -

Aspirants : Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Damian (dragon brun Emlith)
Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)

Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens-
O'Connel (dragon bronze)

Candidats : Dennis Crivey


Chapitre 18 : Fenêtre sur le passé

Comme point de départ, Harry se rendit à tous les endroits où il avait eu l'habitude de trainer avec Ron. Pestant contre lui-même, il regretta de ne pas avoir demandé à Hermione et aux jumeaux le mot de passe de Gryffondor – mais sans ce graal, il ne pouvait qu'espérer que le roux soit quelque part dans les couloirs.

Et il avait peu de temps avant la reprise des cours de l'après-midi.

Cela lui faisait drôle de marcher dans ses traces d'autrefois, de retrouver d'anciens décors familiers. Il pouvait presque entendre leurs rires ou leurs messes basses d'alors. Harry avait d'excellents souvenirs, mais il en avait d'autres qui étaient aussi très mauvais.

En seconde année c'était ici qu'il frôlait les murs en tâchant d'ignorer les regards haineux ou défiants de ses camarades.

Il dessina machinalement des doigts les pierres apparentes de la galerie où il se trouvait, observant la petite cour où plusieurs élèves discutaient ou lisaient autour d'une fontaine.

Mais aucun d'entre eux n'était trop grand, trop roux et un peu trop bruyant.

Il devait voir Ron, non seulement pour lui parler de ce qu'il avait appris sur Drago Malefoy (ou plutôt ce qu'il n'avait PAS appris - à savoir là où il se trouvait.), mais aussi pour comprendre la raison de sa contrariété.

Ron était son tout premier ami. Il n'y avait eu personne avant lui, tout le monde le fuyait à cause de son cousin Dudley, alors même s'ils prenaient deux chemins différents, il voulait garder ce lien entre eux.

Il aimerait lui dire combien il était heureux de voir Thot apparaitre avec ses lettres, que c'était un de ses moments privilégiés dans la journée. Et qu'il profitait de chaque instant de libre qu'il avait pour prendre une plume et lui répondre.

Ce lien lui rappelait ce qu'il était et quelles étaient ses valeurs, choses qu'il pourrait vite oublier en ne fréquentant que les habitants de la Réserve.

Il se dirigeait vers une autre colonnade quand une voix féminine l'appela depuis l'autre bout d'un couloir.

Harry se retourna, un peu inquiet car intuitivement le son de la voix ne lui disait rien de bon. Il vit une femme qu'il n'avait jamais vu avant aujourd'hui trottiner vers lui avec une planche à écrire entre les mains. A sa connaissance, ce n'était pas un professeur, et l'homme qui la suivait d'un air un peu affolé, et essoufflé, lui donna raison en brandissant un appareil photo devant lui qui aveugla pratiquement Harry et Moineau avec son flash.

Très agacé à présent, Harry cligna des yeux frénétiquement pour chasser les points blancs qui avaient élu domicile dans son champ de vision.

-Avez-vous déjà entendu parler du droit à l'image ? Maugréa t'il en même temps, ayant eu l'occasion d'apprendre deux ou trois choses à ce sujet pendant les cours de Desclare.

Moineau piailla son mécontentement en s'envolant pour se percher sur une gargouille, plus loin.

-Oh ! Broutilles ! Fit la femme d'un ton désinvolte avant de continuer : Je suis Rita Skeeter, journaliste à la Gazette du Sorcier et n'importe qui serait fier d'être le sujet de mon attention !

Harry retint de peu une grimace. Cette femme, de ses cheveux blonds permanentés à son tailleur bleu roi, lui devenait de plus en plus antipathique au fil des minutes qui s'égrenaient.

-Je ne lis pas la Gazette du Sorcier ! Lâcha t'il brusquement avant de tenter de filer, mais malheureusement une main aux ongles longs et laqués d'argent vinrent s'agripper à son bras comme des sers de rapace.

Il aurait pu sans problème l'obliger à le lâcher, mais Merlin seul savait ce qu'elle pourrait écrire sur lui par la suite.

-Vous peut être pas, fit la Skeeter, absolument pas démonté, mais il y a des milliers de lecteurs qui attendent d'en savoir plus et d'apprendre à vous connaitre… (elle se rapprocha et sa voix se fit voilée) dans les moindres détails.

Il y eut un bref son étranglé – Harry se dit que cela devait venir de lui – réaction incontrôlée face à la tentative de charme d'une femme d'un âge plus si frais que ça. Il ne savait pas si ça marchait avec les autres ados, mais lui, ça le laissait juste vaguement dégouté.

-Je suis pressé, j'ai un truc à… Glapit-il en se retenant de toutes ses forces de ne pas détaler comme un lapin.

Toujours pas déstabilisée, elle changea son approche en se faisant autoritaire :

-L'information n'attend pas, et cela fait presque deux ans que j'attends de mettre la main sur vous !

-Quoi ?!

-Je ne couvre pas les Eclosions, je trouve cela tellement inintéressants, et en plus on est toujours prévenu au dernier moment et voyager sur dragon décoiffe mon brushing. Mais cette fois-ci fut bien la seule où j'ai regretté de ne pas être présente !

Elle ouvrit son sac et laissa une plume d'un vert criard en sortir. Celle-ci voltigea toute seule jusqu'à la planche à écrire et se tint sur sa pointe, prête à écrire.

-Cela ne vous dérange pas évidemment si j'utilise ma plume à papote ? Non, parfait !

Harry avait à peine eut la possibilité d'ouvrir la bouche.

-Donc… Harry. Tu permets que je t'appelle Harry ? (Encore une fois, elle ne le laissa pas en placer une.) Nous savons beaucoup et pourtant si peu de chose de toi. Comme cette décision, par exemple, si étrange, de quitter le cursus scolaire de sorcellerie pour aller t'établir dans une Réserve…

Harry n'arrivait pas à lâcher des yeux la plume magique qui frétillait urgemment sur sa feuille, semblant écrire bien plus que n'en disait la femme.

-Euuh… Fit-il en essayant de lever la tête pour voir ce qu'il y était déjà inscrit.

Elle claqua des doigts devant ses yeux pour le forcer à revenir vers elle.

-Aurais-tu subi des pressions de membre de la Réserve de la Montagne Blanche ? Ou peut-être des menaces ?

-Qu… Quoi ?! Pourquoi une telle chose serait arrivée ?!

-Voyons Harry, pas de fausses modesties entre nous deux. Tu peux me faire confiance. (Harry haussa les sourcils d'un air plus que sceptique). Les Réserves ne cessent de se plaindre qu'elles sont méprisées et méjugées. Que l'on baisse leur budget injustement. Quoi de mieux pour redorer leur image que de recruter l'enfant le plus célèbre de Grande Bretagne ?

Harry se retint de dire qu'il s'agissait effectivement du plan de Desclare.

-JE suis le seul qui ait décidé de devenir chevalier dragon, assura-t-il fermement à la place.

-Oh, et bien sûr, le fait que le grand frère de ton meilleur ami en fasse partie n'avait aucun rapport dans cette décision ? Insinua-telle d'une voix de petite fille.

-Charlie n'a jamais fait pression sur moi ! Tonna Harry, excédé. Il ne m'a pas manipulé ou je ne sais pas quoi. Je suis devenu chevalier parce que ça me plaisait ! Vous harcelez tous les gens qui choisissent leur métier par passion ?!

C'était peut-être parce qu'il s'était grandi d'indignation, mais il réussit à lire le laïus de la plume concernant le chevalier bronze.

Charles Weasley, deuxième enfant délaissé d'une fratrie de sept, a préféré tenter sa chance loin des sorciers, soulageant sa famille dont le quotidien est basé sur les économies d'un poids financier certain. Héroïsme ou fuite égoïste d'un garçon trop fier ? Aujourd'hui, Mr Weasley, chevalier d'un dragon bronze, a adopté les manières frustres et arrogantes des Réserves, méprisant les sorciers qui l'invitent à leur table. Il est présent à Poudlard pour le Tournoi des Trois Sorciers, se présentant comme responsable de Harry Potter qu'il a amené avec lui, comme pour se pavaner à ses côtés…

-Tout cela est faux ! Enragea Harry en faisant un geste vers la plume.

Celle-ci s'éloigna brusquement et le menaça avec sa pointe suintant d'encre.

-Imaginons, fit Rita Skeeter d'un geste de la main comme si elle voulait effacer tout ce qui avait été dit avant, ne nous préoccupons plus de cela, dis-moi plutôt, que penses-tu que tes parents diraient de ton choix s'ils étaient en vie ? Ne penses-tu pas qu'ils seraient désolés que tu renies ainsi ton héritage et tes origines ?

Cette question était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Harry se fichait bien désormais qu'elle le traite de « chevalier frustre et arrogant » dans son futur torchon, de toute façon, tout ce qu'elle pourrait écrire, qu'il aille dans son sens ou non, serait forcément déplaisant.

Toutefois, il semblât qu'il n'eut pas besoin de la chasser lui-même.

Rita Skeeter qui le fixait intensément sauta brusquement en avant en poussant un cri de douleur et de surprise. Son photographe s'égailla aussitôt par crainte, et Harry put apercevoir un grand chien noir avec un morceau de tissu bleu roi dans la gueule.

*Sirius !*

Il ne put s'empêcher de sourire tandis que son parrain chassait les deux journalistes indélicats, arrachant encore quelques morceaux de vêtements sous les cris offusqués de Skeeter.

Il revint ensuite vers lui d'un pas joyeux, la queue battant frénétiquement.

-Merci, lui souffla Harry en lui caressant la tête.

Sirius aboya puis partit à travers la cour, se retournant un moment vers lui pour l'inviter à le suivre. Harry hésita un moment – il avait toujours à trouver Ron – mais en l'absence de nouveaux endroits où le chercher, il se résolut à suivre son parrain, peu importe l'endroit où il voulait le mener.

Il eut cependant envie de changer d'avis lorsqu'il retrouva le chemin des cachots et de la salle de potion.

-Tu sais, lui fit-il, je n'ai pas très envie de revoir le Professeur Rogue.

Il ne faisait certainement pas partie de son top 10 de personne à revoir. Mais plutôt de son top 3 de personne à ne JAMAIS revoir.

-Le sentiment est partagé, fit brusquement une voix lugubre derrière lui.

Harry s'immobilisa, crispé et hésita dix franches secondes à se retourner vers son nouvel interlocuteur.

-Professeur… Laissa-t-il tomber sans enthousiasme.

Severus Rogue était conforme à ses souvenirs, bien qu'il y avait quelques détails qui clochaient. Son austère robe de sorcier était légèrement entrouverte, ne l'enserrant plus comme un carcan, laissant voir en dessous la blancheur d'une chemise, ses manches étaient de même déboutonnées, et, maintenant qu'il y faisait attention, Harry se rendit compte que les cheveux du Maitre des Potions étaient en partie retenu en arrière, libérant son visage des deux ailes sombres qui y retombaient autrefois.

Même si ses lèvres le démangeaient de dire quelque chose, le regard assassin de l'homme le tint au silence.

-Suivez-moi, finit par dire son ancien professeur en passant à côté de lui.

Harry ne se sentit pas de le contredire et se plaça dans son sillon, assez curieux en fait de ce qui lui valait d'être ici.

-Et toi, arrêtes de te marrer, souffla-t-il au chien qui haletait avec un grand sourire canin.

Comme de juste, l'homme les conduisit vers son bureau. Harry y était déjà entré à de nombreuses reprises et ce n'était pas des souvenirs dont il aimait se remémorer.

Il jeta néanmoins un regard furibond au directeur de serpentard et à Sirius en découvrant que Dumbledore était attablé au bureau avec une tasse de thé. Tout cela ressemblait beaucoup trop à un traquenard.

Talath approuva totalement. Ces histoires d'épreuve de vol d'œuf doré ne l'avait pas mise dans de bonnes dispositions vis-à-vis du vieil homme.

Aujourd'hui sa robe était rouge pailletée de doré.

-Ah, Harry, fit le directeur en lui souriant. Que dirais-tu d'une tasse de thé ? Etonnement, celui de ton ancien professeur de potion est très parfumé.

-Comment ça « étonnement » ? Marmonna l'homme en noir près de la porte.

Sirius éternua d'amusement et Dumbledore leur fit un clin d'œil.

Harry observa la scène en restant de marbre, très droit et immobile, alors, qu'il le réalisait, son rôle dans cette comédie serait d'avoir l'air vaguement mal à l'aise, gigotant légèrement en attendant d'être guidé par le directeur. C'était ce qu'ils attendaient de lui, de ce qu'il avait été.

/Ils nous sous-estiment./ Constata platement Talath.

*Non, ils ne comprennent pas.* Rectifia Harry.

Son manque de réaction les perturba légèrement, bien que Dumbledore se reprit vite.

-Alors Severus ? Que vous voulez cet élève ?

-M'avertir d'une énième bagarre entre Gryffondor et Serpentard. (L'homme eut un bref regard méchant vers Harry qui ne broncha pas) J'ai été obligé d'envoyer Miss Granger à l'infirmerie pour qu'elle se fasse rétrécir les incisives.

Il le surveilla à nouveau mais Harry le déçu en gardant pour lui ses pensées. Ce fut Sirius qui grommela d'un air mécontent en cherchant des yeux quelques choses à mâchouiller. Des serpentards par exemple.

-Vous avez réussi à gérer cette situation, constata aimablement Dumbledore. Maintenant…

Il se tourna vers Harry et cela semblait apparemment faire office d'ordre de congés pour les deux autres adultes qui obéirent comme si cela allait de soi.

L'Aspirant les regarda sortir jusqu'à ce que la porte se referme derrière eux.

-Comme tu t'en doute sûrement, j'aimerais parler un peu avec toi, expliqua Dumbledore en se resservant dans sa tasse, inclina ensuite la théière vers Harry qui refusa d'un mouvement de tête.

-Le Gérant de la Réserve a effectivement dit que vous teniez spécifiquement à ce que je sois là, lança Harry en le sondant du regard.

-Ah ? Je ne pensais pas qu'il te donnerait une telle information, répondit honnêtement le sorcier même si sa réaction de surprise fut à peine visible.

-Desclare et moi nous sommes mis d'accord, répondit calmement Harry en marchant légèrement le long des étagères de Rogue, faisant mine d'observer leur contenu.

Rester toujours calme, détourner l'attention, parler de façon désinvolte comme si ce n'était pas important. Autant de façon de garder le contrôle d'une discussion et de déguiser les demi-vérités. Parmi les leçons que lui donnait justement Desclare, il y en avait qui étaient bien utiles, même s'il n'avait pas pensé devoir s'en servir aussi tôt.

-Oh, je vois que vous vous entendez bien, commenta Dumbledore. Je l'ai personnellement toujours trouvé un peu trop austère.

Harry se contenta d'un sourire. Dumbledore n'avait pas besoin de connaitre son aversion pour le Gérant qu'il trouvait généralement ennuyeux comme la pluie et qui avait de plus en plus les mains trainantes sur lui.

Ni que l'homme continuait à lui cacher énormément de choses sur son futur de chevalier dragon, même si, effectivement, il lui faisait part de tout ce qui concernait les manœuvres politiques sorcières.

-Es-tu heureux là-bas ?

La question tomba brusquement et pendant un instant Harry observa le vieil homme sans faux semblant, se demandant s'il était vraiment soucieux de son bien-être.

-Je le suis, répondit-il sans avoir trouvé de réponse à sa question. Qu'est-ce qui vous en fait douter ?

-Tu es différent Harry.

Le brun ne pût s'empêcher de serrer la mâchoire. En général, ce genre de remarque était souvent là en critique. Et pourquoi n'aurait-il pas le droit de changer ? Pourquoi les autres devraient-ils le lui lancer à la figure ?

-Peut-être que je suis moi-même, bien au contraire, répliqua t'il avec humeur. Peut-être que c'était à Poudlard que j'étais différent. Peut-être que je m'efforçais d'être la personne que je fantasmais. Le courageux gryffondor. Mais c'est difficile de ne pas être ce que l'on est vraiment quand on partage son esprit avec quelqu'un d'autre, qui sait tout de vous. A la Réserve, je n'ai pas l'impression de devoir être quelqu'un d'autre que moi-même.

-Je suis navré que tu ais eu cette impression durant tes deux années passées ici, lui offrit Dumbledore avec un sourire triste.

-Vous rigolez ? Vous savez tout ce que je me suis pris dans la gueule sans avoir jamais eu de l'aide du corps enseignant ! Et ne faites pas comme si vous n'y étiez pour rien. Vous ne gagnez pas le prix de l'équipe pédagogique de l'année.

-Est-ce pour cela que tu as décidé de quitter brutalement Poudlard ?

Harry poussa un long soupir de désespoir en fixant le plafond :

-Est-ce si impossible dans vos esprits à vous les sorciers que j'ai fait ça parce que je le VOULAIS ? Que j'aime l'activité sportive, me dépasser physiquement et mentalement, la magie et les dragons, bien plus que la moitié des enseignements présents ici ? Que je préfère les choses pratiques aux choses théoriques ? Il n'y a pas une seule chose que j'ai apprise à la Réserve que je puisse juger inutile alors qu'il y a peu de choses qui me serviront de mes deux années de Poudlard.

-C'est un peu rude comme jugement, se plaignit avec humour Dumbledore en se tournant complétement vers lui.

-Non, c'est vous qui êtes rudes avec le statut de chevalier dragon. J'en ai juste assez que l'on semble me demander si j'ai pas l'impression d'avoir raté ma vie.

L'air grave que prit soudain le directeur l'empêcha de poursuivre son coup de gueule, le sentant soudain un peu déplacé.

-… Mais vous ne m'avez pas fait venir pour me demander comment je vais, n'est-ce pas ?

Il s'en voulut un peu de se sentir déçu. Mais bon, ce n'était pas comme si le grand Albus Dumbledore devait être particulièrement attentif à son bonheur sous prétexte qu'il était orphelin et avait survécu à un sort mortel étant enfant.

/De mon point de vue, tout le monde devrait être attentif à votre bonheur./ Le contredit Talath, posant comme un baume sur sa blessure d'orgueil.

Il avança donc jusqu'à la table et s'assit légèrement sur la chaise pour pouvoir écouter ce que le vieil homme avait à lui dire.

-Tu as raison Harry, approuva t'il. En fait, je voulais te parler un peu plus de ton histoire. Cela me semble nécessaire pour que tu puisses comprendre certaines choses. Tu sais déjà que le jour où Voldemort est venu chez vous, ta mère t'a protégé, et que cette protection coule dans ton sang.

-C'est pour cela que Voldemort ne peut pas me toucher sans souffrir, acquiesça Harry. Oui. Vous me l'avez dit après ce qu'il s'est passé avec Quirrell. Y-a-t'il autre chose à savoir ?

-Le sacrifice de ta mère t'offre une autre protection. Ou plutôt t'offrait… Et c'est là que je voulais en venir. Toutes ces années tu es resté chez les Dursley pour une excellente raison…

Harry s'étrangla d'indignation mais le regard de Dumbledore se fit autoritaire, l'empêchant de le contredire.

-Et si, Harry. Tu ne t'ais jamais demandé comment il se faisait qu'aucun partisan de Voldemort ne t'ait jamais trouvé ? Que tu ais réussi à échapper à leur colère et à leur vengeance ? Tout cela tu le devais à ta présence dans le foyer de ta tante, parce qu'elle est du même sang que ta mère. Si je t'ai déposé chez eux, c'est parce que je savais que cela te sauverait.

Harry resta muet pendant un moment. Pas de surprise, non. La colère était au final bien plus importante, ainsi qu'une part de trahison.

-C'est VOUS qui m'avez laissé chez eux ?!

Il se recula dans sa chaise.

-Comme je viens de te le dire, je l'ai fait pour ta sécurité.

-Ma sécurité ? Répondit amèrement Harry. Et qui me protégeait de ma famille ? Arrêtez, ne dites rien. Vous allez me sortir que tout ce qu'ils ont pu me faire n'est rien par rapport à ce qu'aurait fait un mangemort… Mais, vous ? Par exemple ? Vous n'auriez pas pu vous occuper de moi et me protéger ? Ou bien c'est une punition de la vie ? Pour avoir survécu grâce à l'amour de ma mère, je n'avais plus le droit d'en recevoir de quiconque ?

-Harry… Je ne pouvais pas m'occuper de toi, je n'en aurais pas eu le temps, et au final tu aurais peut-être été tout aussi seul. De plus, on ne me l'aurait jamais autorisé.

Harry poussa un râle d'exaspération en passant une main dans ses cheveux. Il se sentait plus que jamais pas à sa place dans ce château. Certes, il avait voulu avoir des éclaircissements sur son passé, mais si c'était pour recevoir ce genre de réponse…

-Mon père n'avait-il pas de famille ?

Dumbledore fit un signe de négation de la tête, désolé.

-Il était fils unique et ses parents étaient morts un peu avant ta naissance, terrassés par la dragoncelle. Des Potter, il n'y a plus que toi. Et comme tu le sais désormais, ton parrain était indisponible, arrêté par les Aurors, et son autre ami de confiance, Remus, n'aurait jamais pu obtenir ta garde à cause de sa nature de loup-garou. Les Dursley étaient la meilleure alternative.

La meilleure des pires, ajouta mentalement Harry, horrifié par la situation que lui peignait le directeur. Il avait gardé l'espoir jusqu'au bout de ne pas être le dernier de son arbre généalogique, mais il était bel et bien seul.

/Non. Vous m'avez./ Rectifia Talath.

Il reprit un peu de courage grâce à cette affirmation.

-Pourquoi parlons-nous de cela de toute façon ? Je ne vis plus chez ma tante et la Montagne Blanche est ma nouvelle maison.

-Si tu te sens en sécurité là-bas, c'est une erreur, répondit Dumbledore.

Harry ricana, mauvais. Il n'avait pas besoin qu'on le lui dise, pas après ce qu'il avait appris sur l'assassinat de Leslie Steenwich, l'ancienne Dame d la Réserve.

-Parce que j'étais TELLEMENT en sécurité à Poudlard ! Ironisa-t-il. Je n'ai pas passé une seule année sans manquer d'être tué ! Alors que je viens de passer une année parfaitement normale à la Réserve ! Et vu tous les cas qui sont réunis ici en ce moment, je ne serais même pas étonné qu'il m'arrive encore un truc ! Vous avez vu la tête de votre nouveau professeur de DCFM ? Pourquoi vous trouvez que des professeurs craignos pour ce poste ?

La critique sembla étonner Dumbledore.

-Alastor est ancien Auror. Il ne représente pas un danger, bien au contraire. Il est là pour protéger les élèves. Tu n'es certainement pas sans ignorer ce qu'il s'est passé à la Coupe du Monde de Quidditch, il y a cela, bien sûr, mais d'autres signes sont présents Harry. Voldemort semble s'être remis de la perte de Quirrell et il réunit ses disciples. Il ne tardera pas à s'attaquer à nouveau à toi.

Le brun sentit Talath se rembrunir à cette idée, et il baissa le regard vers ses mains, crispées sur ses cuisses.

Dumbledore reprit :

-Je regrette que tu n'aies parlé à personne de tes aspirations, j'aurais pu te prévenir que ce n'était pas une bonne idée et que tu avais besoin de passer tes étés chez les Dursley pour être protégé de ce qui se prépare… Chevalier Desclare peut essayer de prendre des dispositions pour te protéger, mais…

-Je ne suis pas en sucre Professeur, le coupa vivement Harry. Je suis Aspirant Chevalier, ET futur Seigneur de la Réserve. La confrontation arrivera à un moment ou à un autre. Et même si je suis flatté de votre souci à mon sujet, je ne suis plus votre responsabilité. Laissez-moi vivre ma vie comme je le désire, même si ça implique une dose certaine de danger.

Le vieil homme lui adressa un regard triste, mais il était bien en peine de deviner ce qu'il se passait dans sa tête.

-Si seulement cela pouvait être aussi simple… Sache cependant Harry que tu trouveras toujours des amis à Poudlard.

-Je sais, approuva Harry sans hésitation en se relevant, considérant que cette entrevue était terminée pour lui.

Il fut à peine surprit, en ouvrant la porte, de découvrir que Rogue et Sirius s'y tenaient, espionnant leur conversation et ne faisant même pas l'effort de le cacher.

Se retrouvant à son professeur de potion, Harry hésita un instant, puis :

-Au fait professeur, je voulais vous remercier d'avoir pris soin de mon parrain tout ce temps.

Etonné et embarrassé, Rogue émit une réponse incompréhensible, sorte de grommèlement, et laissa de la place pour que l'ancien gryffondor puisse disparaitre au plus vite.

Harry était ravi de s'exécuter, mais Dumbledore l'interpela une dernière fois :

-Oh Harry, le mot de passe de Gryffondor est « Cœur de Dragon ».

L'Aspirant s'immobilisa, à peine surpris que le directeur sache qu'il cherchait Ron. Pris d'une brutale inspiration, il revint sur ses pas et lui demanda :

-Est-ce que vous savez où se trouve Drago Malefoy ?

-Pourquoi t'intéresses-tu à ton ancien rival ?

-Je suis inquiet pour lui. Vous l'êtes sûrement aussi. Il a disparu après tout.

Les étincelles qui illuminaient les yeux du vieil homme fanèrent, l'heure n'étant plus à le taquiner visiblement. Peut-être que lui aussi savait qu'il y avait quelque chose qui clochait avec Lucius Malefoy.

-Je ne peux pas vous aider, lâcha t'il en regardant un instant Rogue qui semblait ailleurs, tout ce que je peux vous dire c'est que sa famille n'a pas déclaré sa disparition.

-D-

Ron se trouvait comme de juste dans la salle commune de gryffondor, penché sur un échiquier qu'il jouait des deux côtés.

Il était si pris dans ses réflexions qu'il ne se rendit compte de la présence de Harry à ses côtés que lorsque celui-ci prit la parole :

-Alors, qui gagne ? Le Ron blanc ou le Ron noir ?

Le roux le regarda avec reproche.

-Qu'est-ce que tu fais là, toi ?

Il se massa le cou, essayant de cacher sa gêne de se retrouver face à lu. Harry ignora le ton agressif et s'assit face aux pions blancs.

-Je te cherchais, affirma t'il simplement avant de continuer d'un air volontairement détaché : J'ai deux ou trois trucs qui pourraient t'intéresser…

Il releva innocemment le regard.

-Ah, tu te souviens enfin que j'existe ? Grogna Ron en croisant les bras.

-Je ne souviens pas avoir oublié une telle chose, répliqua Harry.

Repérant Thot sur le dossier du fauteuil de Ron, il l'invita à venir à lui et le petit bleu se vautra entre ses mains pour se faire caresser.

Moineau avait pris sa propre route avant qu'il n'entre dans le bureau de Rogue. Harry le soupçonnait de suivre Rita Skeeter, ayant senti son mécontentement à son sujet. S'il pouvait brûler son article avant qu'elle ne le publie, il lui en serait très reconnaissant.

-Je ne sais pas, tu n'as pas semblé très… Commença Ron avec colère avant de se taire, n'arrivant pas, visiblement, à formuler ce qui lui avait déplut, avant de continuer d'un marmonnement boudeur : … pas très empressé auprès d'Hermione et moi. On ne dirait pas qu'on ne s'ait plus vu depuis plus d'un an. Tu as préféré rester avec tes nouveaux amis.

-Je n'allais pas les lâcher dans la nature, répliqua Harry. C'est la première fois que Damian met un pied hors de la Réserve ! Tu peux imaginer ce qu'il ressent ? Comme il doit être perdu ? Toi tu es en territoire connu, mais lui c'est un natif réserve 100% .

Ron inspira, se gonflant un instant, mais laissa tout ressortir sans exprimer son ressenti. Harry savait qu'il avait touché un point sensible et que son ami pouvait comprendre et approuver ce raisonnement. Aider les âmes en détresse, c'était un truc de gryffondor après tout.

-Je sais pas Harry, j'accroche pas avec eux. Ils sont… Ils ne me sont pas sympathiques. Entre les moqueries et les coups…

-On se vanne, Ron, c'est pas méchant. C'est… Une marque d'affection. Comme les bagarres, c'est pour jouer. On se défie souvent, c'est comme ça que ça se passe à la Réserve. On a besoin de montrer qui est le chef.

Il poussa un soupir, sentant qu'il n'arrivait pas à rassurer Ron qui le fixait avec une réelle inquiétude.

L'Aspirant n'avait pas compris pourquoi on disait de lui qu'il était « doux » comme personne, mais en retrouvant les apprentis sorciers de Poudlard, il le comprenait à présent. C'était vrai qu'ils étaient chouchoutés ici, la nourriture leur tombait directement sur la table, le réveil était à 7 heures, ils n'avaient pas du tout à se soucier du ménage et même les conflits se terminaient grâce à un tiers, qu'il fut préfet ou professeur. Le pire qu'ils pouvaient avoir comme punition était de faire du nettoyage.

Ça pourrait apparaitre comme un véritable rêve, mais Harry se sentait beaucoup mieux dans un contexte d'adversité qui affutait ses réflexes et son instinct. Il ne mentait pas à Dumbledore quand il disait être enfin lui-même : des années de vie chez les Dursley – ses soi-disant protecteurs – avaient fait de lui un enfant sauvage à la limite de l'hyperactivité mentale et physique.

N'avait-il pas passé ses jours à Poudlard à titiller la moindre possibilité de danger quand il l'apercevait ?

Mais Ron n'était pas comme ça, pas plus qu'Hermione, eux c'étaient des enfants capables d'apprécier ce confort, d'où leur perplexité vis-à-vis de la situation d'Harry.

-Tu veux que je joue les blancs ? Demanda-t-il pour changer de sujet.

Le visage de Ron se fendit d'un rictus narquois :

-Pourquoi ? Tu pourrais au moins me faire face plus de cinq coups ?

Harry rit, bon joueur.

-Certainement pas. Je suis toujours aussi nul.

-Bein quoi, ils ne vous apprennent pas la stratégie ? S'étonna Ron d'un air moqueur qu'il perdit aussitôt qu'Harry se renfrogna de l'autre côté de l'échiquier.

-Pas à moi, cracha t'il amèrement en titillant le pion du roi. Desclare me prive d'entrainement militaire. Il ne veut pas que Talath et moi participions à un champ de bataille.

-Ah, c'est moche.

-Ouais, enfin, c'est temporaire…

Harry fit tomber le roi d'une pichenette, ignorant les protestations du pion.

-Je n'ai pas l'intention de laisser cette situation perdurer.

Ron le regarda avec curiosité mais Harry ne s'expliqua pas. Il ne savait pas encore tout à ce sujet. Il embraya plutôt sur autre chose.

-Malefoy n'est pas élève à Durmstrang.

-Quoi ? Comment tu sais ça ?

-J'ai demandé à Viktor Krum.

Ron se figea en le fixant avec de grands yeux ronds :

-QUOI ?! TU. AS . PARLE . A . VIKTOR . KRUM ?

Ce n'était pas le point important du point de vue de Harry mais Ron semblait avoir perdu son cerveau d'un coup Il se demandait s'il obtiendrait la même réaction s'il parlait de la si délicieuse bien qu'hautaine Fleur Delacour.

-Tu lui as demandé un autographe au moins ?

-Ca va pas ? Non ! Je sus presque certain que s'il m'a laissé lui adresser la parole c'est qu'il savait que je l'embêterais pas avec ça. Mais tu as entendu ? Drago Malefoy est Merlin seul sait où !

Ron se renfrogna, pensif :

-Oui mais ça se saurait s'il était recherché, ça serait dans les journaux. Il y aurait des avis de recherche. Donc il doit bien être quelque part.

Harry lui apprit alors ce que lui avait dit Dumbledore, avant d'ajouter ses propres impressions sur le père du Serpentard. Ron sembla partager son malaise puisqu'il tordit la bouche, plus du tout agacé.

-Imagine que Malefoy ait vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir, commença t'il en devenant tout blanc à son idée. Et que son père l'ai découpé en petits morceaux et caché dans les murs pour le faire taire ?

-Par l'Oeuf, tu deviens glauque Ron ! Jamais un père ne pourrait faire ça à son fils !

-Eh bien, Lucius Malefoy ne m'a pas semblé être un exemple d'amour paternel, lui fit remarquer Ron.

Harry essaya de ne pas penser à ce fatidique jour où il avait surpris père et fils en pleine dispute. Mais rien n'y faisait, les mots durs, la gifle, tout était vivide dans son esprit.

Et à ces images se rajoutaient désormais celle de morceaux humains cachés dans un mur.

A suivre…

Allllez, on laisse toutes ces manœuvres d'arrières cours pour la Première Tâche ! Enfin un peu d'action ! (Et là je pourrais vous faire mon chouinage je déteste écrire des scènes de combat mais force est de constater qu'il y en a dans toutes mes histoires, donc que j'ai qu'à assumer et puis merde.) A jeudi prochain – oui jeudi – parce que ce sera mon anniversaire. Donc voilà.