Mot de l'auteur : Bonne année ! Bonne santé et pleines de merveilleuses fanfics à lire ! Je suis heureuse de vous retrouver en ce début 2019, un peu cassée, mais toujours vaillante ! J'espère que vos fêtes se sont bien passées et que vous avez fait le plein de cadeau, de famille et d'amis. Merci à vous d'être encore là et de me lire, c'est grâce à vous que cette histoire perdure ! Et ceci dit, je vous laisse avec un chapitre plus long que d'habitude ^^ .
Rappel :
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -
Aspirants : Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Damian (dragon brun Emlith)
Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens-
O'Connel (dragon bronze)
Candidats : Dennis Crivey
Chapitre 21 : Pour une danse
En peu de temps le sujet du bal de Yule fut sur toutes les lèvres. Bien évidemment, il y en avait encore pour chuchoter au sujet de Viktor Krum, toujours dans le coma à l'Infirmerie – des fans de quidditch ou des groupies fidèles, mais, globalement, la catastrophe de la Première Tâche avait été éclipsée.
Les cours avaient aussi repris mercredi, il restait après tout encore deux semaines avant les vacances de noël.
Harry n'était pas vraiment concernés, encore que… Charlie organisait quelques entrainements physiques pour eux, histoire qu'ils ne perdent pas le rythme… Mais ce qui embêtait bien le brun avec la reprise des cours, c'était qu'il avait bien du mal à mettre la main sur Severus Rogue.
-Je suis sûr qu'il n'y est pour rien, assura Sirius le vendredi.
« Faute de grives, on mange des merles » disait-on, eh bien Harry avait attrapé quelqu'un de plus accessible : son parrain.
Ils s'étaient à nouveau isolés dans la clairière à l'arbre solitaire, Sirius assis sur l'une de ses grosses racines apparentes, frottant sa barbe de trois jours d'un air concentré.
-Dans ce cas, pourquoi il m'évite ? Grommela Harry en tournant comme un lion en cage devant lui. Ce n'est pas comme si j'allais l'accuser d'avoir voulu tuer Talath !
-Il a sa tête des mauvais jours.
-Ah, c'est comme ça que tu l'appelles maintenant ?
Harry lui lança un regard aigu qui troubla l'ancien détenu et le fit cacher ses rougeurs derrière un raclement de gorge.
-Ho, bordel. Sirius… Gémit Harry qui n'en avait pas été certain jusque-là. Tu couches avec Rogue !
Il tapa du pied pour essayer de calmer son envie d'aller frapper son parrain qui baragouinait des choses – sans doute des justifications foireuses – dans sa barbe.
-Je pense qu'il peut… Qu'il essaie vraiment de devenir une personne meilleure et je veux l'y aider ! Finit par dire Sirius en affrontant son regard.
-Ouais, si tu veux. (Harry n'était pas vraiment convaincu) Tu te rends compte que tu viens de perdre toute ta crédibilité en tant que témoin de moralité ?
L'homme roula des yeux d'un air exaspéré et sauta de sa racine pour s'approcher de l'adolescent, essayant d'attraper quelque chose au passage pour l'immobiliser : Harry était tellement remuant. Il finit par choper son coude.
-Eh. S'il te plait. Arrêtes toi deux secondes.
Harry se força, mais il se sentait très agité depuis l'attaque de sa moitié. Peut-être qu'il avait besoin de compenser son immobilité à elle.
-Je sais que ce qui est arrivé à Talath te préoccupe beaucoup, c'est normal, je suppose, mais c'est important pour moi de savoir que… Mon histoire avec Severus ne te dérange pas. Parce que tu es mon filleul… Pratiquement ma seule famille…
-Tu veux mon consentement ? S'étonna Harry.
Sirius le regarda gravement et acquiesça de la tête.
-Je veux que tu comprennes que tu es important pour moi, affirma t'il avant d'ajouter précipitamment : Et que si tu ne l'avais pas deviné par toi-même, j'aurais essayé d'amener la chose de façon beaucoup plus...
-Subtile ? Se moqua Harry en levant un sourcil.
-De façon progressive, sale gosse !
-Je sais pas… Tu fais ce que tu veux. C'est toi, ton cœur et tes envies. Moi, le professeur Rogue… (il tira la langue, dégouté). Je peux pas le voir autrement que comme mon prof de potion, quoi, celui de la matière que j'aimais le moins et qui faisait tout pour m'humilier. Avoue que c'est pas génial comme carte de visite. Et puis je crois que je préfère les blondes, finit-il pour clore le sujet avant de se retrouver au bord de la nausée.
-Ah, oui, carrément ! Les blondes ! Ou une blonde en particulier ?
Il haussa plusieurs fois des sourcils, mais Harry n'avait pas envie de parler de ça. Il se sentait légèrement contraint dans ses expériences sexuelles, entre les érections qu'il se tapait à cause des chaleurs des dragonnes vertes, et cette histoire stupide qui voulait qu'avoir un dragon de l'autre sexe vous amènera forcement sur la voie de l'homosexualité. Il n'était clairement pas à l'aise avec ça.
Il pourrait pourtant profiter que son parrain soit apparemment de ce côté-là pour se confier, mais il voulait juste ne pas y penser. L'ignorer et faire comme si, ainsi, ça pouvait disparaitre.
-Mais puisque tu parles d'humiliation… Commença Sirius qui semblait avoir accepté son brusque mutisme. Je voudrais que tu saches que ton père et moi, en particulier, on n'était pas, mais vraiment pas, sympa avec Severus à l'école.
Harry releva brusquement le regard vers lui, surpris de cet aveu. C'était si antinomique avec l'image qu'il s'était fait d'eux… Si étrange après tous les éloges que les gens faisaient au sujet de ses parents.
-Mais pourquoi ?
-C'est ça le pire, c'est qu'au début, il n'y avait pas vraiment de raison. On était populaires, bon j'ai eu des problèmes avec les serpentards parce qu'ils n'acceptaient pas l'idée qu'un Black ne soit pas dans leur maison, et Severus était… Eh bien ce genre de garçon misérable, intériorisé et bizarre… Tu sais, je ne suis pas fier de moi du tout. Même si j'avais des problèmes chez moi, c'était vraiment petit et minable de m'attaquer à lui pour… Juste pour me sentir moins mal. Surtout que lui aussi devait avoir ses problèmes…
-Génial… En gros tu me dis que tu étais un Drago Malefoy bis ! Lâcha Harry avec une exclamation dédaigneuse.
Il n'arrivait pas à y croire. Et il était furieux parce qu'il se sentait comme à la place de Rogue : le garçon misérable, intériorisé et bizarre. Combien de fois avait-il eu à subir ça à l'école primaire, puis à Poudlard et même à la Réserve en la personne de Ronan ? Combien de fois s'était-il dit qu'il détestait et méprisait ces personnes, qu'elles mériteraient le pire dans l'avenir ?
-Je…
Sirius s'éloigna comme un animal frappé, l'air sombre. Puis il reprit :
-Je veux moi aussi devenir une meilleure personne, Harry. C'est pour ça qu'aujourd'hui je défends Severus…
-Très bien, grogna Harry avec agacement. Mais moi je veux l'entendre me dire les choses directement, alors okay, faites votre truc de changement ensemble, mais ce qui m'importe, moi, c'est de savoir qui nous menace, Talath et moi !
Il sentit comme une main chaude se poser sur son cœur, l'apaisant presque aussitôt et ferma les yeux comme pour pouvoir sentir mieux la présence de sa dragonne en lui. Elle sentait sa déception, son impression d'avoir été un peu trahi, et surtout son repli sur elle.
Il s'était senti prêt à ouvrir son cœur à Sirius, mais il réalisait à présent qu'il ne le connaissait pas encore très bien. Pas plus que son père.
Et qu'est-ce que ça faisait de lui ? Est-ce que ça ne ressemblait pas à une espèce de vengeance divine que le fils et le filleul des harceleurs finisse harcelé ?
Brusquement, il avait envie d'aller voir Charlie. Lui, au moins, il avait le sentiment qu'il le comprendrait.
Il leva à nouveau le regard sur Sirius qui le fixait tristement, la main légèrement levée comme s'il voulait le toucher mais ne savait pas s'il en avait le droit.
-J'ai besoin d'y réfléchir à tête reposée, okay ? Là… J'aimerais juste que tu arrives à me réserver un peu du temps de ton… de Rogue. Tu peux faire ça pour moi ?
Sirius poussa un petit soupir, mais hocha de la tête avant de reprendre son apparence de chien. Il resta un moment encore à regarder Harry, puis avec un jappement, se détourna et prit la direction de Poudlard.
Harry prit son propre chemin, songeur et presque désintéressé des acrobaties aériennes qu'exécutait Moineau autour de lui.
Ce serait facile de dédouaner Sirius pour garder sa sympathie… Mais est-ce que lui, il pourrait juste accepter un « Pardon je suis désolé, j'ai été complétement con » de la part de Dudley, de Malefoy ou de Ronan ? Est-ce que ça pourrait juste guérir la moitié de ses blessures de cœur, d'orgueil et de confiance en lui qu'ils lui avaient causées ?
Comment Rogue pouvait juste accepter de donner un peu d'amour à Sirius après ça ?
Sortant de la Forêt Interdite, il poussa un profond soupir en regardant le ciel chargé de nuages gris.
La vie était si foutrement compliquée !
Il baissa les yeux pour se rendre compte que trois filles étaient là, marchant avec détermination vers lui – ou plutôt deux d'entre elles poussant une troisième avec détermination.
*Oh merde…*
Vie de merde. Il était malheureusement trop tard pour s'esquiver.
-Euuuh… Commença la fille forcée, une fille aux courts cheveux châtains plutôt mignonne qui portait l'uniforme de Poufsouffle, je me demandai, à tout hasard, si tu voulais venir au bal avec moi ?
Le cerveau d'Harry fit un crash test, se dispersant en petits morceaux contre le mur de l'Embarras alors qu'il subissait les trois regards qui étaient comme autant de faisceaux le transperçant.
*Merde. Merde. Non. Au secours !*
Talath, très embêtée par son immobilité, lui demanda si elle devait lui envoyer Charlie, mais la possibilité du rouquin le voyant se ridiculiser ainsi lui donna le coup de fouet nécessaire pour faire une retraite stratégique pas trop humiliante.
-Euh… J'ai déjà quelqu'un, je suis désolé !
MENSOOOONNNGEEEE.
-Oh, je comprends, répondit la fille en essayant de cacher son désarroi.
Et avant qu'elle commence à lui demander qui c'était, il s'excusa à nouveau et partit en marche TRES rapide vers l'arène. Il entendit au passage les trois filles se lamenter de ne pas avoir été assez rapides.
Mais en vérité, c'était les troisièmes qui lui tombaient dessus. Il était vraiment temps qu'il s'occupe de ce problème et qu'il se trouve une cavalière pour ne plus avoir à subir ces assauts.
Et par chance, la situation idéale se présenta au campement, puisque la seule personne qu'il avait envie d'inviter s'y trouvait, seule, occupée à tenir son tour de garde. Traversant l'entrée du petit stade, il passa près de Talath, caressant son flanc au passage pour la soutenir dans sa convalescence forcée, et s'avança d'un air dégagé vers le feu de camp où une silhouette se trouvait, lui tournant le dos.
-Val' ? Fit-il en se penchant sur son épaule.
Elle se retourna vers lui, interrogatrice et Harry resta un instant à l'observer, admirant comme toujours son charmant visage, non pas de poupée comme de nombreuses anglaises, mais plus racé, avec des traits plus prononcés qui leur donnait une réelle force au milieu de ses ondulations dorées.
Il essaya vraiment – très fort – mais il n'éprouvait qu'une grande affection pour elle, pas plus... Pas de feux d'artifices, de cœur qui s'emballe. Ce serait pourtant tellement plus simple.
Ravalant sa déception, il enjamba le tronc d'arbre qui leur servait de banc pour s'asseoir à côté d'elle.
-Au sujet de ce bal… Tu sais, le bal de Yule… Est-ce que tu voudrais y aller avec moi ?
Harry recommença à respirer presque aussitôt, son souffle s'étant coincé le temps qu'il trouve le courage de se lancer. Mais ça avait été moins pénible que prévu.
D'autant plus que le visage de son amie s'éclaira brusquement, faisant un instant oublier l'Aspirante futur chevalier dragon qui cognait aussi fort qu'un homme, pour redevenir une jeune fille comme les autres.
-Tu me veux comme cavalière ? Lui demanda t'elle et comme il acquiesçait, son sourire s'agrandit encore plus : oh oui, je suis super heureuse que tu veuilles m'y amener ! En fait, je n'aurais pas osé y aller de moi-même, parce que… C'est une fête de sorcier. Mais avec toi...
Il avait bien semblé à Harry qu'elle n'avait pas été insensible à la nouvelle quand Dumbledore l'avait annoncé, mais il n'avait pas été vraiment certain qu'elle accepterait d'y aller avec lui. Peut-être qu'elle aurait préféré quelqu'un d'autre… Parfois Harry se demandait s'il n'y avait pas un truc entre elle et Damian… Mais au regard de son expression radieuse, il était content d'avoir tenté le coup.
Toutefois son visage s'effondra brusquement et elle se tourna vers lui, désolé :
-Mais… Oh Harry… Je ne peux pas y aller. Je n'ai pas de robe de soirée.
Ah. Oui. L'habillement. Un truc qui ne lui avait même pas effleuré l'esprit.
-Hum… Ecoute, que dirais-tu qu'on voit ça avec Hermione ? Elle pourra peut-être nous aider.
Valentine ne répondit pas tout de suite, se refermant légèrement. Il était conscient que le contact entre ses deux groupes d'amis ne s'était pas très bien passé, mais il voyait là une possibilité à exploiter. Il fallait juste que le chat sauvage que pouvait être la française accepte de se laisser approcher.
La tentation d'aller danser dans une belle robe était assez forte pour la faire céder, puisqu'elle hocha fermement de la tête.
-Oui, faisons comme ça.
Intérieurement, Harry soupira de soulagement.
/Je savais qu'elle dirait oui./ Affirma avec suffisance Talath qui les observait.
*Les filles sont imprévisibles, tu sais. * Se défendit Harry, penaud en se levant pour lui gratouiller le contour de l'œil.
Il jeta un coup d'œil un peu timide à la jeune fille qui discutait à présent avec Dinth, lui expliquant en quoi consistait un bal, et pourquoi c'était génial. En l'écoutant – l'espionnant- malgré lui, il se rendit compte qu'elle n'avait jamais pu participer à l'un d'entre eux alors qu'on les lui avait fait miroiter durant toute son enfance. Elle avait après tout été envoyée à la Réserve à l'âge de onze ans.
Une ombre plongea un instant leur campement dans l'ombre, puis Emlith atterrit au sol en remuant un peu de poussière, laissant son maître se laisser glisser au sol avant de s'ébrouer, faisant cliqueter son harnachement.
Damian retira ses lunettes de vol et observa le campement tout autour de lui, cherchant probablement Dennis pour l'aider à retirer le harnais de son dragon. Harry l'envia un peu pour sa petite chevauchée, lui n'avait pas monté Talath depuis le Long Vol et le ciel lui manquait.
/Et moi donc…/
-Dennis est allé voir son grand frère, lui indiqua Harry en s'avançant vers lui.
Il allait se proposer pour l'aider, mais Damian le coupa en lui désignant Valentine et Dinth qui se faisaient des messes basses… Enfin… Harry en se concentrant pouvait entendre tout ce que la verte disait, mais c'était des trucs de filles pas intéressants.
-Qu'est-ce qu'elles ont les deux dindes ? Demanda le blond avec sa discrétion habituelle.
Valentine se retourna brusquement vers eux, et Harry recula inconsciemment d'un pas puisque la jeune fille insouciante avait laissé la place au mode valkyrie.
Elle se retrouva pratiquement nez à nez avec Damian le défiant du regard avec un discours qui, techniquement, pris au mot à mot, était une simple déclaration, mais ressembla curieusement à une menace :
-Il y a que Harry m'a invité à être sa cavalière pour le bal.
Le blond gloussa nerveusement, essayant de retrouver un peu d'espace personnel, mais la jeune fille l'en empêchait et ses yeux aboyaient des « Et si ça te dérange, va te faire cuire un œuf ».
Le regard de Damian coula alors en désespoir de cause vers Harry :
-Tu tiens à tes couilles Harry ? Vaudra mieux pas lui marcher sur les pie…
L'Aspirant ne put aller plus loin, s'écroulant par terre comme une masse en se tenant l'entrejambe alors que Valentine s'éloignait dignement en faisant rouler ses hanches.
-Je crois qu'on aime vivre dangereusement tous les deux, commenta simplement Harry en suivant le mouvement de ses fesses.
Damian exhala un cri de douleur.
-Je crois qu'elle m'a définitivement castré…
-D-
Plus haut, cachée dans les escaliers menant aux gradins, une jeune fille fronça férocement des sourcils en suivant elle aussi la silhouette de la chevalier verte. Elle revint néanmoins vite au garçon blond qui se faisait relever par l'autre garçon et par son dragon.
-Espionner est une habitude très inélégante, souffla quelqu'un à son oreille et Ophélie sursauta et se retourna brusquement.
Devant elle se tenait Fleur Delacour, un rictus narquois aux lèvres.
-Je… Je n'espionnais pas ! La contredit Ophélie en rougissant brusquement. Et je vous défends de dire le contraire à qui que ce soit !
-Oh, c'est qu'elle rugit la petite Lassauge. Tu sais, il n'y a rien de honteux à se nourrir les yeux avec le physique ma foi fort avantageux des chevaliers dragons. Toutes les filles passent par-là à un moment ou à un autre.
-Non… Je…
Ophélie était désormais écarlate des oreilles jusqu'au cou et roulait furieusement des yeux dans l'espoir d'échapper à cette situation. Elle voulut s'enfuir en passant vite à côté de son ainée, mais celle-ci la retint par l'épaule avec autorité :
-Un conseil, juste, on touche avec les yeux, pas avec les mains. Tu n'as pas idée à quel point une réputation peut s'effondrer brusquement. Et… Les chevaliers ne sont pas des gentlemans, petite.
-Je… Je sais… Bredouilla Ophélie en essayant de s'arracher à sa prise.
Malheureusement elle était aussi mince qu'une brindille quand sa vis-à-vis était une sportive accomplie.
-Un dernier détail. Reste loin de ta sœur. Elle a été suffisamment punie, tu ne crois pas ?
Ophélie crispa la mâchoire, se retenant d'hurler ce qu'elle en pensait. Une énorme créature sombre semblait s'être accrochée à son cœur et plantait ses griffes dedans à chaque fois qu'elle voyait Valentine sourire ou lever fièrement la tête, à chaque fois que ses magnifiques cheveux dorés retombaient souplement dans son dos, ou que ses jambes galbées visibles dans ses pantalons scotchaient les yeux de tous.
Non, elle n'était vraiment pas assez punie.
-D-
Le lendemain, premier jour de week-end, Harry et Valentine attendirent dans la Grande Salle que les gryffondors descendent prendre leur petit déjeuner. Le groupe finit par arriver, et entre deux tasses de thé, Harry réussit à demander à Hermione si elle savait comment Valentine pourrait se procurer une robe de bal.
Hermione tourna aussitôt son regard sur l'Aspirante, l'air absolument enchantée :
-Tu participes au bal ? C'est génial !
Valentine s'empourpra légèrement et se mit à marmonner une réponse incompréhensible en regardant un point sur la table. Harry observa le phénomène, fasciné. Elle, que rien ne semblait déstabiliser, se trouvait complètement embarrassée sur ce sujet de bal.
Harry jugea plus prudent de ne pas commenter, cachant son sourire derrière sa main.
-Tu as déjà un cavalier ? Demanda alors Hermione en faisant peu subtilement des allers retours entre elle et Harry.
Ce dernier leva les yeux au ciel, songeant qu'elle allait exulter dans quelques secondes :
-Oui, moi, je le lui ai demandé.
Hermione le regarda alors comme s'il venait d'obtenir un diplôme particulièrement important, mais une pette exclamation, un « oh ! » de dépit poussé à sa droite lui fit tourner les yeux vers Ginny qui se mit à rougir violemment.
-Je te l'avais dit, fit Hermione en s'adressant à la rousse. Plusieurs filles disaient qu'Harry avait déjà une cavalière.
-Ca papote dans mon dos on dirait, maugréa le brun.
-Eh bien… Depuis la sortie de l'article de Rita Skeeter sur toi… Commença d'un ton plein d'insinuation Hermione.
La cougar avait effectivement frappé : vexée par la façon dont l'interview s'était terminée, elle avait pondu un article d'un premier œil peu avantageux sur Harry et les chevaliers dragons, réussissant à mettre son comportement sur le dos d'une destinée tragique étant enfant. Desclare avait dû s'arracher les cheveux en le lisant – et dire qu'ils étaient ici pour faire de la promotion… - Mais étrangement, toute cette merde écrite avait eu un effet contraire. Cela semblait avoir doté Harry d'une aura plus accessible, un peu moins « survivant ayant tué un terrible mage noir », plus « être humain ayant perdu ses parents et s'étant jeté sans réfléchir dans le métier de chevalier dragon ».
Harry se secoua comme s'il voulait se purger des inepties écrites sur lui, Valentine s'empressa alors de changer de sujet.
Elle se racla la gorge maladroitement et avec beaucoup d'efforts, adressa la parole à la sorcière qui lui faisait face :
-Et toi Hermione ? Tu as déjà un cavalier ?
-Hum… Eh bien, non, pas encore… Répondit-elle, en essayant de ne pas regarder vers sa droite, où elle ne pouvait pas voir que certains jumeaux écoutaient attentivement.
Sans perdre une seconde, l'un d'eux, Fred, supposa Harry, se leva et se pencha vers la brunette :
-Eh Hermione, tu veux y aller avec moi ?
Ron, qui jusqu'ici broyait silencieusement du noir, releva brusquement la tête vers eux tandis qu'Hermione commençait à rougir de plaisir. Elle ouvrit la bouche, mais alors qu'aucun mot n'en sortait, elle se contenta de la refermer et d'hocher plusieurs fois de la tête en coulant un regard timide vers Fred.
Le sourire de celui-ci aurait alors suffit à illuminer à lui tout seul la Grande Salle. Il était amusant de constater à quel point un « oui » venant d'une fille pouvait rendre le monde plus beau pour un garçon.
*Nous sommes des créatures extrêmement simples.* Souffla avec amusement Harry à Talath.
/La simplicité c'est bien parfois./ Affirma t'elle en réponse avant qu'ils ne continuent tous les deux, en parfaite coordination : « C'est reposant. ».
Harry gloussa alors, s'attirant des regards surpris de ses anciens condisciples de Poudlard. Il balaya l'air de sa main pour leur faire comprendre que ce n'était pas important. Hermione en revint alors au sujet initial, se penchant vers Valentine avec un grand sourire :
-Je comptais me rendre à Pré-Au-Lard la semaine prochaine pour m'acheter une tenue de soirée, si tu veux, on peut y aller ensemble, ça me ferait vraiment plaisir !
Valentine se referma aussitôt, fronçant les sourcils en baissant le regard sur la table.
-Je ne peux pas. On ne reçoit pas de solde tant qu'on n'est pas officiellement chevalier.
-De « solde » ? Fit Hermione, perplexe.
-C'est comme ça qu'on appelle le salaire d'un soldat, expliqua Harry avant de se tourner vers sa future cavalière : Val' je paierais ta robe, c'est la moindre des choses vu que c'est à cause de moi que tu en as besoin.
La blonde sembla s'étrangler d'indignation, mais il prit le risque de la bâillonner d'une main en lui jetant un regard déterminé.
-Ce n'est pas négociable !
L'expression de Valentine devint tout d'un coup malicieuse et Harry retira brusquement sa main en sentant quelque chose de chaud et de mouillé dessus. Il renifla, offusqué, en s'essuyant la paume qu'elle venait de lécher.
-Très bien, puisque tu insistes, je ne regarderais pas à la dépense, lâcha t'elle ave hauteur avant de se retourner vers Hermione avec un sourire charmant : J'accepte donc ta proposition avec gratitude.
Elle quitta alors sa place, royale, tandis qu'Hermione se retenait de sautiller de joie.
Cette dernière s'adressa alors à Harry, particulièrement ravie :
-Oh, je suis heureuse que tu ais eu cette idée. Je vais peut-être pouvoir me rapprocher d'elle ! Elle est un peu intimidante, mais elle a l'air d'avoir de très bons côtés… Et puis je savais que tu étais amoureux d'elle!
Harry préféra ne pas discuter à ce sujet, sur ô combien ce serait simple si c'était le cas, il se contenta d'un sourire rêveur :
-Elle est très belle.
-C'est vrai. Et au naturel, en plus.
Hermione poussa un petit soupir envieux.
C'est le moment que choisit Ron pour exploser :
-Je vois que tout le monde s'est déjà trouvé quelqu'un !
Harry, Hermione et Ginny se tournèrent vers lui, interloqués. Le roux avait une expression chagrine et boudeuse qui ne s'améliora pas quand ses deux grands frères passèrent à côté de lui en lui lançant une boulette de papier qui alla rebondir sur sa tête :
-Et tu ferais bien de te dépêcher, vieux, sinon il ne restera plus que les moches.
Hermione voulut s'indigner mais Fred lui souffla un baiser au même moment et elle s'empourpra en oubliant toute velléité de récrimination.
Les jumeaux disparurent, très fiers d'eux, et Ron enfouit son visage dans ses bras avec un gémissement de désespoir.
-Ils ont raison… Mais moi il n'y a qu'une seule personne qui m'intéresse…
Il n'avait même pas besoin de l'expliciter. Il avait écrit au moins dix fois son prénom dans sa dernière lettre à Harry. Seulement, il visait un peu haut le Ron !
Hermione, semblant savoir aussi ce qu'il se tramait dans l'esprit du plus jeune fils des Weasley, proposa qu'ils se trouvent un endroit plus discrets, là où toute l'école, ou Rita Skeeter qui trainait toujours dans les parages, ne pourraient pas les entendre.
Ils choisirent une petite cour peu prisée des élèves à cette période de l'année, car elle se trouvait majoritairement dans l'ombre et servait surtout aux déambulations du fantôme de la Dame Grise. Là, Harry, Ron, Ginny et Hermione s'assirent sur le rebord du puits qui s'y trouvait et restèrent un instant silencieux, à observer Moineau et Thot qui chassaient un gros scarabée.
-As-tu seulement parlé une seule fois avec Fleur Delacour ? S'enquit finalement Harry même si dans sa tête, sa question ressemblait plus à un : « Sait-elle seulement que tu existes ? » qui aurait eu le même effet sur Ron qu'un sort de bloque-jambe.
Le concerné eut une drôle d'expression et il répondit à la question :
-Je lui ai dit « Bonjour » une fois…
-Et elle l'a regardé comme s'il était un crapaud pustuleux avant d'émettre une exclamation méprisante, ajouta pour lui Ginny en faisant la grimace. Ron, tu ne peux pas sérieusement apprécier une fille comme elle ? Ce n'est pas Fleur, qu'elle devrait s'appeler, mais « Fleurk » !
Ron la fusilla du regard, l'air trahi. La rousse haussa violemment des épaules et le gros scarabée vint se poser sur l'un des montants du toit du puits, attirant leur lézard de feu vers eux. Ron attrapa alors Thot au passage et se mit à le caresser machinalement.
-Tu dis ça jusque parce que tu es jalouse, cracha t'il. Parce que Fleur est la plus belle, et que tous les garçons sont à ses pieds. Tu es frustrée, parce que elle, elle peut avoir la personne qu'elle veut !
Il devait y avoir un sous-entendu quelque part puisque Ginny devint aussi rouge qu'une tomate et quitta précipitamment les lieux comme une furie.
-Ce n'était pas gentil, ça, Ron ! L'engueula Hermione.
-Parce qu'elle était gentille, elle, peut-être ? J'ai besoin d'aide, et elle, elle m'enfonce !
*Besoin d'un miracle, plutôt…* Songea Harry en se demandant comment tout ça allait lui retomber dessus… Parce que c'était ce qui devait arriver. Et en effet, Ron se tourna vers lui, avec l'expression quémandeuse d'un chiot malheureux.
-Harry, s'il te plait, vas lui demander si elle veut bien aller au bal avec moi ! Toi, tu lui as déjà parlé, ça ne fera pas bizarre… Tu n'auras qu'à lui parler de mes qualités !
A la façon dont son visage se transforma, Ron devait trouver son idée brillante.
-Parce que ça ne fera pas bizarre DU TOUT ça, ironisa Harry.
Il était Aspirant chevalier dragon par l'œuf ! Pas conseiller matrimonial !
Le scarabée frétilla des antennes et Moineau qui le regardait attentivement, cracha des flammes dessus, délogeant brutalement les adolescents qui craignirent pour leurs cheveux et leurs habits.
-Moineau ! Le gronda Harry alors que le lézard venait de gober l'insecte tombé à terre.
Le petit brun ne se sentit pas coupable pour deux sous, bien au contraire, il donna l'impression d'avoir effectué une mission capitale et vint requérir ses caresses de récompense.
-OK, je vais le faire, capitula Harry devant un Ron abattu qui donnait l'impression d'avoir toute la misère du monde sur ses épaules.
Il le prévint néanmoins en lui pointant un doigt sous le nez :
-Mais je ne te garantis aucun résultat !
Depuis son épaule, là où il s'était installé sans gêne, Moineau mâchouilla son scarabée, qui émettait comme un bruit de gâteau sec. Le lézard de feu était vraiment très fier de lui.
-D-
Quelques instants plus tard, mis en route pour effectuer cette désagréable corvée, les pas d'Harry furent néanmoins déroutés par un gros chien noir qui vint attraper l'arrière de sa veste pour lui faire changer de chemin. Direction les Cachots.
Harry espéra de toutes ses forces que Sirius ne lui rejouait pas la scène de l'entrevue surprise avec Dumbledore et fut soulagé lorsqu'il ne trouva que Rogue en train de corriger des copies à son bureau.
Quoique… « Soulagé » et « Rogue » ne devrait jamais cohabiter dans la même phrase. Surtout lorsque Sirius décidait de prendre la poudre d'escampette pour les laisser tous les deux.
-Ah ouais… Très rassurant.
Il se racla la gorge, espérant pouvoir attirer l'attention du sinistre personnage sur lui, mais Rogue continua un moment à griffonner férocement sur ses copies certaines de ses meilleures remarques sarcastiques sans aucun doute, et ce, sans lever les yeux. Puis, quand Harry perdit patience et ouvrit la bouche, ce fut la voix de l'homme qui tonna :
-Je ne sais rien de l'attaque sur votre dragon.
Décontenancé, le brun s'accorda un moment pour rassembler ses pensées et s'avança jusqu'au bureau, posant ses mains à plat sur celui-ci.
-Dans ce cas, de quoi discutiez-vous ce jour-là, avec Lucius Malefoy et, j'en suis particulièrement certain, Karkaroff ? Ne me racontez pas n'importe quoi, vous ne parliez certainement pas de la pluie et du beau temps pour avoir l'air coupable.
-Ce que nous disions n'avait rien à voir avec votre dragon…
-Elle s'appelle Talath. Elle est la future reine de la Réserve de la Montagne Blanche, vous devriez faire l'effort de retenir son nom !
L'homme émit un reniflement sarcastique mais Harry ne se laissa pas démonter :
-Vous ferez moins le méprisant quand tout ce qui vous défendra d'une grande menace sera le cuir et l'intelligence d'un dragon. Vous devriez le pressentir, non, vous qui parliez avec deux anciens mangemorts… ? Pour peu que le terme « ancien » soit véridique, bien entendu.
-Cela ne vous concerne pas…
La même rengaine, encore et toujours, celle qui rendait Harry heureux d'avoir quitté le monde des sorciers pour la Réserve où, au moins, on le prenait au sérieux.
-Bien au contraire. Cela me concerne à partir du moment où l'on vise Talath… Ou moi. Parce que voyez-vous, j'ai eu le temps de réfléchir à tout cela. D'elle et de moi, qui est le plus fragile ? Le plus facile à tuer ? Et qui entrainera la mort de l'autre au passage ? Si l'on avait voulu vraiment nous tuer tous les deux, éliminant la force que représente les Longwing, c'est moi qu'on aurait visé, mais c'est elle qui a été attaqué, parce que moi, on veut me garder en vie… en vie mais affaibli. Comme pour me garder… Pour plus tard. Pour une personne en particulier qui voudrait me tuer de sa propre baguette pour faire oublier un passage un peu humiliant de son histoire.
-Vous pensez à Vous-Savez-Qui.
-Parfaitement. C'est la seule solution. Parce que Voldemort ne s'est pas embarrassé de délicatesse lorsqu'il a auparavant tenté de détruire les Longwing : il s'est attaqué à la part humaine. Il a assassiné Leslie, pensant que Aluranth se suiciderait même si elle était pleine. Il se fichait de Leslie, mais il ne se fiche pas de moi. Tout ça pour dire qu'il est normal que je soupçonne ceux qui ont travaillé avec lui autrefois. Et vous, quand je vous vois discuter avec eux et refuser de répondre à mes questions, n'en déplaise à Sirius qui croit en votre innocence.
Rogue émit un micro sourire, n'arrivant pas à le cacher à temps du regard d'Harry qui était fixé sur lui en quête de vérité.
-Vu ce que vous faites tous les deux, il n'est pas très impartial.
-Ça vous dérange on dirait.
-Bof, je m'en fiche. L'endroit où il met sa bite ne regarde que lui.
-Très élégant, vraiment. La Réserve vous donne de drôle de manières.
Harry ignora la remarque.
-En fait, je trouve plus étrange votre comportement. Après tout ce qu'il vous a fait, comment pouvez-vous le laisser vous toucher ? Avez-vous si peu d'amour propre ?
Le regard en face de lui perdit toute trace d'amusement pour devenir le bloc de pierre qu'il était habituellement.
-Et bien que cela ne vous regarde pas du tout, sachez que les adultes ne voient pas et ne ressentent pas les mêmes choses que les adolescents. Nous sommes bien plus mesurés et bien plus apte à cette chose que l'on appelle le pardon. Tout le monde fait des erreurs, Potter, et il est humain de ne pas revenir dessus éternellement. Me concernant, je me concentre sur le Sirius d'aujourd'hui, et c'est quelqu'un que j'apprécie, et je souhaiterai vraiment que vous ne soyez pas une épine entre nous deux. Vous comptez pour lui, et je ferai avec.
Harry détourna un instant le regard, essayant de ne pas se sentir comme un gamin boudeur face au nouveau petit ami de son père. C'était dur.
/Vous n'êtes pas obligé de vous retenir./ Fit Talath avec souci. /Cet homme mérite d'entendre le mal qu'il fait./
C'était juste ce dont il avait besoin pour se lancer :
-Moi je ne vous pardonne pas. Vous vous êtes montrés odieux alors même qu'il s'agissait de notre toute première rencontre. Vous savez, je ne suis pas mon père, je n'ai pas pour habitude d'harceler et d'humilier les gens. Mais bon, je suis qu'un ado, pas vrai ? Je prends les choses trop à cœur ! Après tout, vous faites pareil à d'autres, et si Neville fond en larmes à la seule évocation d'un contrôle de potion, c'est probablement parce qu'il est trop émotif, lui aussi, ça n'a certainement rien à voir avec le fait que vous preniez votre pied à nous écraser depuis votre statut privilégié de professeur et protégé de Dumbledore… Franchement, à votre place, j'aurais honte.
Harry tint position face à l'expression glaciale et crispée du Maitre des Potions. Il avait très envie de sourire, un rictus narquois sans aucun doute, sachant que son vis-à-vis ne pouvait ni le mettre en retenue ni lui retirer des points.
-Je savais déjà que vous serez aussi arrogant que votre père, et vous ne cessez de me le prouver.
Question arrogance, cet homme en tenait une couche. Sirius devait certainement être fou, Azkaban avait dû lui dérégler le cerveau. Mais bon, là n'était pas la question.
-On s'égare. Je ne vois pas ce que ça vous coute de me dire de quoi vous parliez avec Lucius Malefoy si ce n'est pas compromettant.
*A part bien sur le plaisir d'être contrariant…*
Rogue poussa un petit soupir, agacé. Harry n'osait croire qu'il avait oublié à quel point il pouvait être têtu.
-La seule chose à retenir, Mr Potter, c'est que j'essaie de manœuvrer Lucius pour qu'il me dise où se trouve son fils.
-Drago ? Fit Harry, aussi étonné qu'intéressé. Je ne savais pas que ça vous intéresserait.
-Je suis le directeur de la maison Serpentard, les serpentards m'intéressent, et Drago était l'un de mes élèves préférés. Il est dans mon devoir de m'assurer qu'il se porte bien. C'est bien plus surprenant que VOUS, vous vous en souciez.
-Ca m'intrigue, rectifia Harry en partie horrifié à l'idée qu'on puisse penser qu'il se préoccupait à ce point de son ancien rival. Parce que cette rumeur sur son adhésion à Durmstrang était fausse et que son père se comporte de façon inhabituelle.
Ses derniers mots firent pratiquement sauter Rogue sur ses pieds, l'envoyant se rapprocher d'Harry comme s'il craignait qu'il disparaisse :
-Qu'est-ce qui vous fait penser que le comportement de Lucius Malefoy est « inhabituel » ?
-Je sais pas, il est différent… C'est plus une sensation qu'autre chose… Comme si l'ancien Malefoy était rêche et sec comme de la poussière de pierre froide et que l'actuel était plus comme quelque chose de mouillé, de froid et de vaguement gluant. (voyant que Rogue le fixait d'un air halluciné, il reprit) mais sa façon de comporter à juste l'air… fausse par rapport à celle d'avant.
Rogue se rassit sur sa chaise avec lenteur.
-Etrangement, je pense la même chose que vous. Pas d'un point de vue sensation, mais le Lucius Malefoy que je connais, même s'il n'est pas l'homme le plus pédagogue du monde avec son fils, se soucie de lui et de son devenir. Depuis qu'il est là, Lucius évite mes questions sur Drago comme s'il s'en désintéressait… (Puis il rajouta dans un marmonnement sans doute destiné à lui-même) Et il manque de la peau de serpent d'arbre du Cap dans ma réserve d'ingrédient…
Harry ne voyait pas le rapport même si ça lui disait vaguement quelque chose.
Rogue se perdit alors dans ses pensées et Harry comprit qu'il n'en obtiendrait rien de plus. Il s'apprêtait à partir quand le professeur se rappela de son existence :
-Pour votre enquête personnelle, Mr Potter, je ne crois ni Lucius, ni Karkaroff coupables. Déjà parce que Lucius est beaucoup plus subtil dans sa façon de faire, puis parce que Karkaroff tient à Krum comme à la prunelle de ses yeux. Il ne quitte pratiquement pas son chevet depuis l'incident. Vous devriez chercher ailleurs.
Voilà qui ne l'arrangeait pas… Harry quitta les Cachots plus perdu que quand il n'y était entré, ce qui n'était certainement pas le but recherché.
/L'ennemi reste invisible./
Cela ne les rassurait aucunement, d'autant plus qu'il pouvait encore essayer de finir ce qu'il avait commencé. Harry renonça à faire tout autre chose et s'empressa de rejoindre Talath dans l'illusion, il le savait, de pouvoir les protéger.
Ce n'était pourtant pas comme s'il avait pu faire quoique ce soit durant la Première Tâche…
-D-
C'était pourquoi Harry ne se retrouva face à Fleur Delacour que le jour suivant. Face à Fleur et toute une série d'autres filles dont les regards allaient de la moquerie au mépris, quand ce n'était pas un savant mélange des deux.
C'était peut-être le « Est-ce que je pourrais te parler seul à seule ? », il aurait peut-être dû préciser qu'il avait déjà quelqu'un pour l'accompagner puisque l'info ne semblait pas être arrivé à leurs oreilles françaises recouvertes de trop de bonnets et de trop d'écharpes.
Ou peut-être que quelqu'un l'avait déjà invité, et là il ne pouvait plus grand-chose pour Ron et ses idées tordues.
-D'accord, finit cependant par accorder Fleur, se détachant de son regroupement de pimbêches pour lui attraper le bras. Il y a-t-il un endroit agréable pour parler dans le coin ?
Harry se retint de peu d'hausser des épaules. Comme s'il avait la tête de quelqu'un à recenser les lieux « sympas » ? Machinalement, il la conduisit vers le stade de Quidditch dont l'intérieur était normalement interdit d'accès.
-Tu n'as pas l'air de faire grand cas des règles, Potter, commenta-t-elle alors qu'il supprimait l'une des barrières magiques pour avoir accès à l'un des gradins.
-Ca sonne comme une généralité, s'amusa Harry. Je suis juste quelqu'un de très curieux.
-Oh, je ne pense pas que ce soit juste une question de curiosité, répliqua la jeune française en le suivant dans le dédale des marches grimpant en colimaçon. La curiosité n'a rien à voir avec le fait de rester vivant frappé par un sort de mort ou de donner l'Empreinte à une Reine d'Or en tant que garçon.
Harry s'arrêta d'un coup et se tourna vers elle, arrivant de par sa position en hauteur, à la faire lever les yeux vers lui. Elle sourit, une expression qui donnait à tout son visage un air divin :
-J'ai été élevé en partie chez les vélanes, elles connaissent plus de choses sur les dragons et leurs chevaliers que n'en connait le commun des sorciers. Comme chez les veelas, la société des dragons est matriarcale, la Reine a la plus haute position – et sa Dame doit en avoir autant. Car les couples dragons – chevaliers sont rarement mixtes, même si ça arrive. Mais les reines qui choisissent des humains mâles, ça, c'est très rare, et d'après ma grand-mère, c'est toujours synonyme de grands chamboulements dans l'équilibre magique.
Harry se força à garder un visage sans expression. Il avait déjà suffisamment de pressentiments par lui-même sans avoir besoin des prédictions d'une vieille vélane.
-Talath m'a choisie, je n'y suis pour rien.
Elle haussa des sourcils d'un air peu convaincu et Harry s'empressa de reprendre sa montée jusqu'à arriver à l'air libre, le doux vent hivernal venant soulever ses cheveux et condenser son souffle.
Il put alors voir que le terrain de Quidditch était recouvert de petits buissons de taille variable.
-Mais qu'est-ce qu'ils font ici, par l'œuf ?
-Pas du quidditch, ça c'est certain, commenta Fleur. C'est sans doute pour l'une des deux Tâches à venir.
Elle observa plus attentivement l'ensemble, tout cela la concernant de très près, étant une des championnes, et Harry la laissa faire, s'asseyant sur une des places.
-Tu avais quelque chose à me dire, non ? Finit-elle par lancer en se retournant vers lui.
-Euh… Oui… C'est un peu délicat…
Il crispa ses mains sur le rebord de l'assise pour s'empêcher de gigoter bêtement.
-C'est… A propos d'un ami. Ron Weasley. Tu vois… Il t'aime bien et il aimerait aller au bal avec toi.
Il sut, rien qu'au froncement de nez et à l'expression un peu désespérée de la jeune fille que les chances de Ron n'étaient pas folles.
-« Il m'aime bien » ? Répéta-t-elle avec incrédulité. Qu'en sait-il ? Ce n'est pas comme si j'avais pu parler à ce garçon à un moment ou à un autre. Il aime bien mon apparence, comme un millier d'autres garçons, c'est tout.
-Eh bien, ce n'est pas comme si tu lui avais laissé une chance de te connaitre, répliqua presque aussitôt Harry. Il a essayé de te parler, et c'est déjà beaucoup pour un garçon de notre âge, face à toi qui est de trois ans notre ainée !
-Si je devais écouter tous les garçons qui viennent me voir, je serais bonne pour l'asile ! D'autant plus s'ils sont de trois ans mes cadets !
-Tu as bien accepté de m'écouter, moi !
-Oui, mais tu es le chevalier d'une reine d'or. Les charmes que j'ai hérités de ma grand-mère agissent moins sur toi étant donné que tu es destiné à un homme !
Harry faillit s'étouffer avec sa salive et prit sans doute quelques couleurs, légèrement affolé. Fleur était la première personne extérieure à la Réserve à savoir ça. Par chance –et il avait épluché tous les articles de Rita Skeeter – les sorciers ignoraient tout de cette histoire-là.
Fleur soupira en le voyant au bord de la panique.
-Ne t'en fait pas, je n'en parlerais à personne. Le peuple veela est proche de celui des chevaliers dragons sur toutes ces histoires de prédestinations amoureuses et de contrôle aléatoires de nos pulsions.
* « Contrôle aléatoire des pulsions »* Se répéta mentalement Harry, un peu émerveillé par cette formulation de la chose.
-Toi aussi tu es concernée ? Tu n'es pourtant velane que… au trois quart ?
Elle hocha de la tête en approbation.
-Un peu. Disons qu'il n'est pas impossible que se pointe brutalement une personne pour laquelle je perdrais la tête… C'est assez déprimant dit comme ça, mais chez les veelas, l'âme sœur est montée sur un piédestal. C'est considéré comme la meilleure chose qui pourrait arriver. Je dois juste être trop sorcière pour approuver de perdre mon droit au choix, bon comme mauvais.
Comme Harry comprenait…
-Mais je n'ai pas le droit de me plaindre, continua Fleur avec un geste de la main comme si elle chassait tout ce qu'ils venaient de dire loin d'elle, ma petite sœur, Gabrielle, est bien plus impactée que moi par notre héritage.
Elle se tut brusquement, laissant un silence légèrement contrit planer entre eux. Harry se demanda si elle n'en avait pas trop dit, puis elle reprit :
-Ça fait du bien de parler de ça avec quelqu'un qui connait à peu près la même chose… (puis avec un sourire malicieux) même de trois ans son cadet. (Harry leva les yeux au ciel). Nous, les hybrides, sommes peu nombreux à vivre au sein de la société sorcière, avec la lourde charge de représenter nos peuples d'origines. Il faut se serrer les coudes comme on dit. Ron, c'est le grand garçon roux qui semble avoir plus de jambes et de bras qu'autre chose et qui est lié à un lézard de feu bleu ?
Harry bégaya, n'osant dire oui, en rapport avec la remarque sur le physique de son ami.
-Son lézard de feu s'appelle Thot, finit-il par dire. Et il a un grand frère chevalier dragon, alors il connait un peu les problèmes qu'ont les « pas vraiment sorciers ».
-Ah, oui, c'est vrai. Le grand roux qui te couve des yeux dès que tu apparais dans son champ de vision.
Harry resta un instant muet, interdit, puis s'empressa de la contredire avec un regard de réprimande :
-Charlie ne me couve pas des yeux, il a la lourde charge de me protéger ! Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, quelqu'un a essayé de tuer mon dragon l'autre jour !
La blonde se contenta de ricaner, avant de reprendre difficilement son sérieux.
-Très bien, puisqu'il le faut, je me sacrifie. Je serais la cavalière de ce Ron. Il a intérêt à savoir danser sans me marcher sur les pieds ou, possesseur de lézard de feu ou non, je lui lancerais un sort si désagréable qu'il ne pourra plus marcher droit pendant un moment !
Harry fit la grimace, songeant que ça allait être là sa future mission. Mais une réflexion de quelques minutes alors que Fleur redescendait les escaliers sans lui, lui donna l'idée du siècle. Il se sentit d'un coup très machiavélique dans le sens où cela allait peut être régler un autre problème. Faire une pierre deux coups.
-Je suis brillant, se dit-il pour lui et pour Talath avant de se précipiter à son tour dans les escaliers.
Talath était d'accord, bien entendu, et elle avait hâte de voir ça.
A suivre…
Voila voila, Charlie ne couve PAS du tout Harry des yeux, nooon, et ce n'est pas de la bave au coin de ses lèvres non plus ! hihi ! Et il ne va pas du tout faire de crise de jalousie en apprenant qui Harry a invité ! Quoiqu'il en soit de notre Charlie, je vous retrouve pour la suite mercredi prochain qui devrait normalement contenir des cours de danses et le bal lui-même !
