Mot de l'auteur : Bonjour en ces temps de pluie, de vent et de gel (et je ne dirais pas de neige, puisque moi je vis dans le sud de la France et qu'on est puni par toutes les conneries météorologiques qui viennent pas embellir le paysage – bien au contraire *a une pensée émue pour l'état dévasté de son jardin*). Ouais, Février est le mois que je déteste le plus dans l'année. Il devrait être légal d'hiberner pendant ce mois. Cela ne m'empêche pas cependant de vous offrir ce chapitre assez long qui ouvre une nouvelle page de la vie d'Harry.

Ah oui, et aussi, si ça vous intéresse, j'ai fait un dessin de Harry, Moineau et Talath. Vous pouvez le retrouver sur ma page deviantart (tapez juste « deviantart » et « mimikoyuy » sur votre navigateur et vous devriez tomber dessus !) .

Et maintenant, bonne lecture !

RAR à Maud: Chut, il faut pas le dire que je suis une vilaine assassin d'animagus. C'est juste que je me suis toujours dit qu'avec des animaux pareils, ils finiraient forcement par se faire bouffer par une bestiole qui passe. C'est dans l'ordre des choses. Les romans ne l'ont pas fait - alors je m'en suis occupé XD

RAR à Hesteria: Merci pour ton commentaire, je suis ravie que cette histoire te plaise! Concernant ce qu'est Voldemort/Lucius, ce sera évoqué plus tard - mais prendre possession n'est pas exact. Et sur le fait que Charlie a un comportement d'ado frustré... Totalement! Mais il n'a que 22 ans aussi - et il n'est pas habitué à ne pas obtenir ce qu'il désire de ce côté là XD Vilain chevalier bronze.
Concernant le sujet de l'homosexualité, cela diffère d'une race à l'autre. C'est très bien accepté dans les Réserves, pour des raisons très évidentes, ils n'ont pas vraiment le choix. Mais les sorciers sont plus frileux à ce sujet parce que, bien évidemment, tout le monde sait que pour être convenable, une relation sexuelle - et forcement conjugale, est destinée à la procréation! Et qu'un sorcier homosexuel, c'est du bon sang perdu pour les générations à venir XD Mais je vais laisser un célèbre personnage qui fait son entrée dans ce chapitre dire tout ça mieux que moi!


Rappel :

Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich

Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -

Aspirants : Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Damian (dragon brun Emlith)
Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)

Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens-
O'Connel (dragon bronze)

Candidats : Dennis Crivey


Chapitre 25 : L'investiture

« Le Ministère Britannique demande un audit sur la Réserve de la Montagne Blanche !

Ce 25 aout 1995 avait lieu la traditionnelle Réunion des Accords de Défense et de Protection de la Coalition Europe-Ouest, destinée à voter les nouvelles mesures et financements alloués aux différents organismes militaires associés… Dont font partie les Réserves de Dragons.

Cette année, le ministère anglais s'est distingué en demandant à faire voter une mention de censure envers la Réserve roumaine de la Montagne Blanche. Le Chevalier Desclare ( Gérant de ladite Réserve) et le représentant roumain, Mr Lupesco, se sont vivement indignés des propos du représentant anglais, Mr Weasley.

Il faut savoir que c'est dans cette même réserve qu'a marqué le jeune Harry Potter, égérie anglaise connue pour avoir causé la perte d'un dangereux Mage Noir à l'âge canonique de un an. Son arrivée plus ou moins secrète dans la Réserve a froissé le gouvernement britannique qui avait été tenu hors de l'opération et avait fait rechercher son héros durant tout l'été 93.

Cependant l'incident entre ces deux puissances ne s'arrête pas là puisque le Chevalier Desclare n'a pas manqué de rappeler l'agression de l'unique reine Longwing encore en possibilité de se reproduire ayant eu lieu durant la Première Tâche du Tournoi des Trois Sorciers organisé par le Ministère Britannique. Et même si l'agression est aujourd'hui imputée à un mage noir échappé d'Azkaban, Bartemius Croupton Jr, ce dernier n'a pu agir que parce que son père, alors un éminent membre du gouvernement, avait fomenté son évasion. Nous avons longuement parlé de cette affaire dans nos précédentes éditions, avec tous les problèmes que cela avait causés à cause du sort d'imperium posé sur la star de Quidditch bulgare, Viktor Krum, qui est apparu il y a peu en public à sa sortie de l'hôpital, la peau marquée de cicatrices malheureusement indélébiles.

La conséquence fut les rencontres tendues qui eurent lieu entre les représentants de la Coalition et ceux de l'Alliance du Grand Nord. L'incident diplomatique semble cependant écarté pour le moment.

C'est toutefois à cause de ce dernier point que les membres de la Réunion ont voté à 11 contre 9 pour un Audit de la Réserve concernée. A cette occasion sera envoyée une élue du gouvernement britannique, Miss Dolores Ombrage, pour exécuter un rapport, en échange, les dotations britanniques ne baisseront pas pour cette année. »

Harry rabaissa brusquement le journal qu'il lisait, poussant un grognement contrarié.

Ce n'était qu'un nouveau motif de désagrément, ces derniers ayant tendance à s'accumuler ces derniers temps. Il termina avec rapidité son petit déjeuner, jetant des petits bouts de viande à Moineau qui les attrapait impeccablement en vol, puis renvoya le plateau à travers le passe plat, en direction de la cuisine.

Cela faisait cinq mois qu'il prenait ses petits déjeuners et sa collation de midi dans ses appartements, n'apparaissant dans le Hall des Repas que pour le diner du soir. Ces derniers temps, il avait de plus en plus du mal à être en contact avec les autres chevaliers dragons et aspirants, son estomac se nouant alors de colère et de jalousie.

La raison ? Arenth, Kyreth et Emlith avaient atteint leur taille adulte. A deux ans les dragons mâles étaient considérés comme mâture, et leurs partenaires passaient alors d'Aspirant à Chevalier durant la cérémonie de l'Investiture. Rebecca travaillait sans relâche depuis plusieurs mois pour forger les armes définitives de Edmund, Ronan et Damian, et ces derniers ne tarderont pas à connaitre les Escadrilles où ils seraient affectés.

Bien entendu, Harry était totalement exclu de ce qui arrivait à ses compagnons d'Eclosion… Enfin, il allait devoir quand même devoir trôner à côté de Desclare pour les adouber chevaliers… Quand lui… Quand lui, la personne la plus importante de toute la Réserve, était mis à l'écart comme un enfant !

C'était si injuste !

Lui devrait se coltiner la bonne femme envoyée par les anglais quand les autres partiraient faire de vraies choses importantes, se battre, surveiller, espionner ou protéger ! Et quand on daignait lui attribuer une mission, c'était un truc aussi débile qu'aller chercher des œufs de lézards de feu avec les Candidats !

Lui ! Qui avait donné l'empreinte à une Reine dorée ! Remisé avec les Candidats !

Sa rage était plus que palpable à travers sa magie qui faisait disjoncter les cristaux de lumière alors qu'il se dirigeait vers la grotte de Talath, n'arrivant pas à décolérer.

Cette mission insultante avait juste été la goutte d'eau qui fait déborder le vase, mais rien de ce qu'il avait pu dire ou hurler à Desclare ne l'avait fait revenir dessus.

« Il faut brosser les membres du gouvernement britannique dans le bon sens du poil, et pour ça, rien de mieux que de leur offrir des œufs de lézards de feu. »

Tu parles, pauvres bestioles, imaginer Fudge avec un lézard de feu trônant sur ses misérables épaules lui donnait envie de vomir. Après, tout comme les autres habitants de la Réserve, il voyait d'un sale œil l'ingérence d'un Ministère de la Magie dans leurs affaires… Mais il était désormais bien placé pour savoir qu'ils avaient besoin des dotations de l'Angleterre. Tenir les comptes de la Réserve était une de ces si « délicieuses » tâches qu'il devait effectuer quotidiennement avec l'aide de Gwendolyn.

Des fois il se disait qu'il ferait mieux de se casser une jambe.

/Puis-je faire quelque chose pour vous mettre de meilleure humeur ?/ Demanda Talath avec courtoisie quand il entra dans son antre en vue de la préparer au voyage.

L'humeur d'Harry s'adoucit légèrement à la vue de sa merveille dorée, comme à chaque fois, mais désormais Talath était habituée à ressentir ses sautes d'humeur sans monter immédiatement sur ses grands chevaux. Depuis le mois de mai Harry évoluait entre un état maussade et volcanique. Ses quinze ans ne semblaient pas avoir arrangé la chose – les seules différences visibles était que sa voix s'était stabilisée à un baryton grave aux intonations chaudes et que sa croissance était redevenu normale, lui donnant une carrure plutôt moyenne, plus agile que solide – mais qui faisait de lui un très beau garçon un peu ténébreux avec ses mèches noires qui lui tombaient sur les yeux et son expression généralement distante et non concernée.

Sur ce dernier point, on pouvait dire qu'il avait effectivement bien changé. Ses sourires qu'il distribuait généreusement auparavant étaient devenus rares, son allure ouverte et curieuse avait totalement disparue. Usée par de trop nombreuses désillusions.

Cette allure qu'il affectait désormais, c'était sa carapace, son masque, et seule Talath savait vraiment toute l'étendue de son mal-être, échouant néanmoins à y trouver une solution.

Les choses étaient encore normales durant leur mission à Poudlard, bien qu'une ombre avait fleuri dans l'âme d'Harry sans qu'il y prenne garde. Sa relation avec Charlie Weasley s'était aussi bien dégradée et n'avait plus jamais été celle qu'elle était autrefois. Mais le coup dur fut l'éloignement progressif de ses deux amis, Damian et Valentine alors que l'entrainement pour eux s'intensifiait, tandis que celui d'Harry se réduisait encore plus pour le laisser, seul, derrière des piles de papiers.

Au fait de ne plus se voir ou se croiser hors des repas, Harry avait fini par ne plus supporter de les entendre parler de leurs cours. Il devenait acerbe avec eux et il détestait ça. Il savait que tous deux n'y étaient pour rien, mais il finissait par ne ressentir plus que de la jalousie et de la haine en leur compagnie.

Alors il avait commencé à les éviter.

Et il s'était isolé.

Il n'y avait plus que deux personnes qu'il acceptait encore près de lui : Gwendolyn et Rebecca. La première parce qu'elle arrivait à l'apaiser, étant devenu au fil des mois comme une mère de substitution pour lui, la deuxième parce qu'elle n'hésitait pas à lui botter le derrière quand il devenait imbuvable, puis à le serrer contre elle très fort pour le soutenir. Un peu comme une grande sœur.

Et puis il y avait Talath qui n'avait qu'amour et compréhension pour lui.

Il réalisait quand même qu'il avait éjecté tous les hommes de son entourage… Et il y avait une autre raison à cela.

Certains regards de chevaliers étaient devenus très prédateurs, quand une poignée d'eux ne le déshabillait pas carrément du regard.

Au début, cela l'avait rendu perplexe et un peu perturbé, il savait que certains hommes préféraient leurs confrères – comme les chevaliers verts qui ne s'en cachaient pas et sortaient ouvertement avec d'autres hommes. Mais ce n'était pas les verts qui le regardait, c'était à peu près tous les autres.

Et ça souriait, ça murmurait, ça riait. On parlait de lui, il le savait. Ca ne pouvait pas être un excès de paranoïa de sa part. Mais dès qu'il essayait de savoir ce qu'il y avait à son sujet, tout le monde faisait l'imitation de la carpe, silencieux et changeait de sujet.

Comment pourrait-il vouloir de leur présence à ses côtés en de telles circonstances ?

« Les choses s'arrangeront » assurait Gwendolyn, mais Harry ne le voyait pas venir, ce jour-là.

-Allez, allons-y, fit-il d'une voix déprimé à sa compagne, alors qu'il s'accrochait, le pied dans une boucle du harnais, la main autour d'une lanière.

La dragonne émergea à l'extérieur et s'élança paresseusement de son promontoire vers le petit groupe réunit au niveau de la pierre de l'œil, sur la paroi ouest du volcan.

Goleth salua Talath, lui laissant la place de se poser, tandis qu'Harry se laisser tomber pour atterrir près de Montemps.

Ce dernier renifla de mécontentement :

-Je me demande où sont parties mes leçons, Aspirant. Notamment la Règle N°1. Il va falloir que j'ai une discussion avec Amber…

-Pourquoi ? On ne prend même plus la peine de m'entrainer, répondit Harry d'un ton blasé.

Ce n'était pas qu'Harry ne comprenait pas l'utilité de cette règle, il n'était pas suicidaire – pas quand sa chute entrainerait celle de Talath, mais il aimait tellement être libre de ses mouvements pendant le vol, sentir le vent sur sa peau et l'adrénaline envahir ses veines. De plus, il était totalement à l'aise, voler semblant une deuxième nature chez lui, et il était dans son élément entre la peau de son dragon et le ciel.

Du reste, voler était la seule chose qui le rendait heureux ces derniers temps.

Montemps le regarda avec souci, mais avant qu'il ait pu dire quelque chose, Dennis avait sauté dans les bras d'Harry et s'enthousiasmait, tout excité, sur leur mission.

-Bonjour Harry ! Quel temps magnifique ! Tu es très beau toi aussi ! Tu arrives à croire qu'on va voir des nids de lézard de feu ?! C'est génial ! Quand j'étais petit, avec Colin, on avait cherché des nids de tortues sur les plages, mais on n'avait jamais rien trouvé ! Tu crois que je pourrais en garder un s'il y en a trop ? Ce serait trop la classe ! J'adorerais avoir comme toi un lézard de feu brun ! Les bruns c'est trop cool ! Goleth est trop cool et il me laisse jouer au toboggan sur ses ailes quand on le nettoie dans le lac ! Et…

-CRIVEY ! Aboya Montemps. Qu'EST-CE QUE C'EST QUE CE COMPORTEMENT ? MAITRISE-TOI UN PEU BON SANG !

Le petit blond se raidit brutalement, reprenant un peu de distance avec Harry pour se mettre en position de rassemblement, tout contrit.

-Désolé Chef…

Mais quand ce dernier eu le dos tourné pour préparer l'embarquement des candidats sur Goleth, Dennis se tourna à nouveau vers Harry et lui chuchota :

-Dis… Dis…. Quand est-ce que Talath pondra des œufs ? Je ne peux plus attendre d'assister à une Eclosion ! Alors c'est pour bientôt ?

Harry écarquilla les yeux, cette question le prenant totalement au dépourvu. Il leva la tête sur sa moitié qui le regarda avec la même interrogation dans le regard.

Quand est-ce ? Eh bien, selon les Ballades, il fallait attendre que la Reine soit mature, et alors, elle pourra être couverte par un mâle. Ce rappel des choses contraria Harry parce qu'il ne voulait pas qu'un autre dragon force Talath ou quoique ce soit dans ce genre. Les quelques fois où Harry avait assisté à la reproduction d'une verte, cela semblait affreusement brutal, avec les mâles qui se battaient entre eux tout en pourchassant la pauvre dragonne.

Il n'avait cependant jamais pu voir cela en entier, puisqu'il finissait presque automatiquement au fond de son lit à se masturber en maudissant les reptiles concernés. Et sa propre sensibilité à la chose, puisqu'il avait fini par apprendre que ce n'était pas aussi horrible pour tout le monde.

Mais Harry entendait TOUS les dragons, et ce don si utile dans certains cas, lui faisait subir ça. Il avait bien essayé de se couper mentalement des dragons, mais comment se concentrer avec le sang en feu ?

-Non, c'est pas pour bientôt, se contenta de grommeler Harry à Dennis qui prit un air de chien battu.

Il comprenait cependant son impatience. Cela faisait un an maintenant qu'il était Candidat… Harry ne l'avait été que la durée d'un été et il avait trouvé ça déjà assez long. Il pouvait cependant plaindre encore plus les recalés de la dernière Eclosion.

En regardant les personnes présentes, il pouvait voir d'ailleurs que certains avaient abandonnés. Les trois cruches par exemple – ce qui n'était vraiment pas un mal.

Un par un, les Candidats montèrent dans le filet de transport accroché sous le ventre de Goleth, à l'exception de Dennis, qui, à force de regards langoureux à la reine dragon, réussit à obtenir une place derrière la selle d'Harry.

Les deux dragons coururent alors vers le bord de la falaise et se laissèrent porter par les vents, planant en cercle autour du volcan.

/Je vais vous envoyer les repères de la destination. Soyez attentif./ Fit Goleth à Talath et Harry.

Et presque aussitôt, l'image d'une plage de galets près d'une eau bleu/gris s'imposa dans leurs esprits, avec au loin un rocher blanc surgissant des flots, avec une forme très particulière de chas d'aiguille.

Harry et Talath prirent bien garde de garder cette image en tête alors que la dragonne transplanait, les envoyant tous deux dans cet espace glacial et sans sensation qui servait de porte à ces voyages spatiaux.

C'était la dernière chose qu'on leur avait appris, sans doute de peur qu'ils s'y essayent d'eux même et se blessent gravement, ou pire, ne ressortent jamais de ce néant.

C'étaient ainsi que les dragons se suicidaient à la mort de leur moitié : Ils disparaissaient, tout simplement, et ne réapparaissaient jamais, nulle part. Quand ils le pouvaient du moins. Aluranth, la mère de Talath, était beaucoup trop faible pour ça, elle s'était juste laissé dépérir.

Le néant ne dura que quelques respirations et aussitôt tous les sens d'Harry reprirent du service. Ils étaient arrivés exactement à l'endroit de l'image envoyée par Goleth. Les « repères » étaient la chose la plus importante, chaque Aspirant devait en apprendre une série, et au fil de ses voyages, en créer d'autres.

Le premier, bien évidemment, servait à rentrer à la Réserve : L'image mentale de la Pierre de l'œil surmontant la falaise ouest et pointant sur la Montagne du Doigt.

Talath avança un peu pour laisser de la place à Goleth qui apparut deux minutes après eux.

/La plage./ Indiqua Goleth, et les deux dragons se posèrent sur l'étendue de caillou pour laisser leurs fardeaux descendre.

Montemps reprit alors le contrôle des opérations, réunissant ses troupes autour de lui, plus Harry qui, adossé à Talath jouait à faire rouler un caillou avec son pied.

-Bien ! D'après les chevaliers envoyés en repérage, des lézards de feu ont été aperçu dans le coin ! Nous allons donc ratisser méthodiquement la plage et les falaises à la recherche de nids ! Les nids sont généralement creusés dans la terre ou insérés dans des creux de la roche, puis recouverts de sable ou de végétaux afin de les protéger des prédateurs. Si vous voyez un amassement suspect, approchez-vous avec prudence, car la reine n'est jamais très loin de son nid et elle pourrait vous attaquer. Vous trouverez aussi des nids de vertes, mais ceux-là sont souvent sans surveillance, mal placés, souvent déjà à moitié dévorés et sans intérêt. Les œufs des or ont au moins la taille d'une clémentine – ceux des vertes ressemblent davantage à des œufs de serpents. Vous verrez vite la différence. Je vais faire des équipes de trois…

Harry ne prit pas la peine d'écouter la suite, s'éloignant pour se balader sans la moindre intention de chercher.

Qu'est-ce qu'il allait s'amuser…

-D-

La Cérémonie de l'Investiture était, à l'image des Eclosions, un évènement public qui réunissait généralement un grand nombre de notables. Pour l'occasion, la famille des futurs chevaliers était aussi conviée.

Damian, bien évidemment, pouvait compter sur sa mère biologique et sa mère adoptive, les parents d'Edmund vinrent avec ses deux frères ainés, ainsi qu'une petite sœur.

Pour Ronan, par contre, personne ne se déplaça.

Mais cela ne concerna pas vraiment Harry qui, lui, devait être aux côtés de Desclare comme un gentil toutou pour accueillir la délégation britannique et leur offrir le coffret qui contenait six œufs de lézards de feu que les Candidats avaient dénichés.

Harry était vert de devoir leur faire un tel cadeau. De la confiture pour les cochons alors que tellement de meilleures personnes mériteraient de partager leur vie avec un tel compagnon. Il avait d'ailleurs proposé de les donner plutôt aux enfants malades de Sainte Mangouste, mais ce n'était pas une décision assez « politique » et Fudge pourrait les accuser de se mêler des affaires du Ministère.

Pour finir, Desclare avait briefé toute la Réserve sur les comportements à observer durant tout le temps de la présence de l'Observatrice. Les « Communs » n'avaient pas à savoir ce qu'il se passait dans les Réserves alors la discrétion était de mise pour tout le monde.

Harry avait interdiction de parler de ses aptitudes personnelles et jusqu'ici, il ne s'était pas dit que son don représentait un avantage stratégique à garder secret. Cela ne fit que l'exaspérer un peu plus sur la façon dont on le traitait, puisqu'il était SI important.

En tout cas, Desclare ne pouvait pas le forcer à être aimable, et c'est donc un Harry grincheux dans sa tenue d'apparat qui reçut le Ministre de la Magie britannique et Dolores Ombrage.

Le gérant grommela dans sa barbe au sujet de « non coopération » tout en le fusillant du regard, mais il en avait cure. D'autant plus qu'il n'aimait pas Fudge et que la bonne femme qui l'accompagnait ressemblait à un crapaud coincé dans une robe rose bonbon. Certes, juger les gens sur son apparence, c'était mal, mais ses scrupules fondirent vite à la première phrase de la dame. C'était un subtile mélange de léchage de cul de Fudge et d'insinuations à peine cachée sous sa voix de petite fille.

A peine furent-ils partis s'installer à la tribune que Harry attrapa Desclare par la manche :

-Tu ne peux PAS me demander de m'occuper d'elle ! Le prévint-il.

-C'est ton rôle en tant que seigneur de t'occuper des hôtes de marque, répliqua le chevalier bronze. Je sais que ça ne va pas être une partie de plaisir, mais il va falloir que tu prennes sur toi !

Harry le regarda d'un air dégouté et alors que l'homme se débarrassait de sa grippe et partait lui aussi s'installer, Harry cria à son encontre, se foutant bien d'être entendu par tout le monde :

-C'EST-CE QUE FAIS DEJA TOUT LE TEMPS ! PRENDRE SUR MOI !

Bien évidemment, le gérant le snoba et Harry n'eut d'autres choix que de partir à sa suite – toujours comme son fidèle chien servile.

Cette journée s'annonçait catastrophique.

/C'est ce que vous dites tous les jours./ Remarqua subtilement sa dragonne qui observait les festivités depuis sa corniche, nonchalamment couchée.

-Ouais bein aujourd'hui c'est pire que d'habitude, grommela entre ses dents le jeune homme en se postant aux côtés de son bourreau.

La cérémonie se déroulait en plein air, afin que les dragons puissent y participer, et ceux-ci, curieux, se tenaient perchés sur toutes les surfaces possibles, bien souvent la corniche de leur grotte, et observaient les humains s'activer, devant ressembler un peu à des fourmis afférées aux yeux de ces géants.

Les seuls dragons à terre étaient Arenth, Kyreth et Emlith, portant fièrement leur équipement complet de combat aux armoiries de la Réserve.

Celui-ci comportait une côte de maille qui couvrait le cou et le buste, un casque blanc qui épousait le contour du crâne et se finissait en pointe au milieu des yeux. La face du dragon était traditionnellement peinte avec une peinture d'or en des ornements qui étaient propres à la fantaisie de chaque chevalier. Une selle bien plus imposante que celles qu'ils utilisaient pour un simple vol, celle-ci était presque un véritable siège avec une plateforme de chaque côté pour accueillir un ou deux auxiliaires de combat, généralement chargés, pour l'un, de la communication avec les drapeaux, l'autre étant un archer chargé d'abattre les humains du camp adverse ou, pour les plus habiles, d'essayer de crever les yeux des montures… Les ailes étaient renforcée au niveau des os par de légères protections en métal, tous comme le haut des pattes jusqu'aux coudes et genoux. La queue, elle, était habillée sur le dessus de plusieurs plaques non solidarisées hérissées de fines pointes.

Les trois dragons avaient fière allure même si certains invités pointaient du doigt la paupière cousue de Kyreth.

Machinalement, Harry tenta d'imaginer sa dragonne parée de telles atours, féroce et impressionnante, mais à la place de cela, elle portait son harnais de cérémonie, celui qui était tout doré et couvert de pierreries, celui qu'Harry avait trouvé magnifique à l'âge de treize ans et qu'il regardait désormais comme une insulte à son encontre, tout en l'appelant le « harnais de fillette ». Talath l'aimait pourtant beaucoup.

Lui avait l'impression de jouer à la barbie. Manquerait plus qu'il l'asperge de paillette.

Au bout d'un moment, jugeant que tout le monde était présent, Desclare interpella la foule qui se tenait en deux blocs distincts de chaque côté. En premier venaient les chevaliers dragons, puis Valentine, seule aspirante de la foule, avec derrière elle les Candidats, puis finalement étaient placés tous les habitants des Cavernes Inférieures. Les invités, eux, étaient sur des gradins arrondis de chaque côté de la tribune installée pour l'occasion.

Sur celle-ci : Desclare, Harry à sa gauche, et en retrait Montemps et Gwendolyn.

Quand le silence s'installa, le chevalier bronze reprit la parole :

-Aujourd'hui est un jour important. Aujourd'hui trois de nos frères rejoignent notre assemblée.

Il laissa planer le silence, puis un léger fredonnement résonna dans l'air, s'amplifiant au fur et à mesure, rejoint brusquement par une pulsation, une percussion et Harry se rendit compte que c'était les dragons qui battaient la mesure de leur pattes avant, se redressant et se laissant tomber en parfait accord tout en faisant jouer leurs voix – non mentale – mais leurs vrais cordes vocales, comme pour le jour de l'Eclosion.

Mais si ce jour-là, la chanson était encourageante, un accueil, celle-ci était résolument martiale.

Harry sentit son cœur se mettre à battre plus fort et des frissons d'émotion l'envahir.

-Ils ont amenés leurs dragons jusqu'à l'âge adulte, les dragons les ont jugés digne Ainsi que nous, leurs pairs, de recevoir le titre de chevalier. Maitresse des Aspirants ! Faites avancer vos Elus !

Amber Stevens apparut alors dans le couloir formé par les deux assemblées, suivie par Edmund, Ronan et Damian qui se tenaient au même niveau, dans leur plus bel uniforme. Leurs expressions étaient dignes et concentrées, même Damian qu'Harry aurait aimé voir aussi excité que d'habitude. Ca le rendait triste, il avait l'impression d'avoir définitivement perdu son ami.

-Je vous présente Edmund Deiricht, maître du bronze Arenth, annonça Stevens lorsqu'ils furent au pied de l'estrade.

Le brun s'avança alors, grimpa les marches et vint mettre un pied à terre devant Desclare et Harry, la nuque courbée.

-Je vous présente Ronan Watteau, maître du bronze Kyreth.

Le manège se répéta avec le garçon à la peau noire qui s'agenouilla à droite d'Edmund.

-Je vous présente Damian de la Réserve, maître du brun Emlith.

Harry regarda alors son ami se placer pratiquement devant lui et lui présenter sa nuque noyée en grande partie par des mèches blondes qu'il avait laissé pousser. Damian avait seize ans, il était plus un homme qu'un enfant maintenant. Il fit couler son regard jusqu'aux mains de Damian, gantée, songeant aux marques rouges dues au feu de Talath.

En cet instant, Harry avait envie de prendre le garçon dans ses bras et de s'accrocher à lui en le suppliant de ne pas l'abandonner. Damian, son premier ami ici – le garçon qui l'avait enlacé en lui disant qu'il avait bien l'intention de l'adopter.

Mais déjà Rebecca se présentait à eux, habillée d'une très étonnante robe de voilage blanc qui mettait en valeur la couleur sombre de sa peau. Elle portait dans ses mains une lance à longue lame, celle-ci blanche comme un clair de lune et gravée de deux loups hurlant se faisant face.

-Le Renoncement, annonça t'elle, le rassemblement. Un loup qui s'oublie au sein de sa meute et aspire à l'infini – voici Croc Lointain.

Elle s'agenouilla devant Harry, lui tendant l'arme, et celui-ci la récupéra sans un mot, avant de s'avancer face à Edmund qui gardait toujours les yeux vers le sol.

Harry appuya alors la pointe de la lance sur son épaule, à la jonction où le cou était découvert, et le cisailla légèrement pour que le sang coule sur la lame.

-Lève les yeux Chevalier Edmund et prend ton arme.

Edmund releva la tête et leurs regards se croisèrent, la première fois depuis un long moment, dépourvu de gêne pour une fois, mais plein du reste de leur amitié, plein de la fidélité qui emplissait le cœur de l'homme en face de lui.

Rebecca l'avait parfaitement cerné.

L'ainé attrapa l'arme, son arme personnelle.

-Je jure de servir la Réserve jusqu'à mon dernier souffle ou celui de mon dragon. Je jure d'obéir à mon Chef, je jure d'honorer et de respecter ma Dame… Ou mon Seigneur.

Il eut un léger sourire face au rajout et Harry plissa légèrement les yeux, sans cependant dire quoique ce soit.

Edmund se redressa alors, s'inclina, puis parti à reculons rejoindre le contingent des chevaliers.

Rebecca reprit alors la parole, une nouvelle arme à la main. Cette fois-ci il s'agissait d'un cimeterre, une épée à lame courbe… Mais dans une de ses versions ancestrales, un khepesh, si Harry se souvenait bien, utilisée en Egypte sous les pharaons. La lame couleur bronze était d'abord droite, puis se courbait en demi-cercle. Des ronces étaient dessinées sur le pommeau, se continuant en traits abstraits sur l'acier.

-La Douleur. Une terre craquelée et aride qui attend la pluie. Voici l'Epine Brune.

Comme tout à l'heure, Harry récupéra l'arme, et se plaça cette fois-ci face à Ronan, essayant de décortiquer le blabla sibyllin de leur forgeuse d'arme. Il entailla peut être plus que nécessaire la peau brune devant lui et ragea en ne constatant aucun frémissement de douleur chez son vis-à-vis.

C'est avec une moue de mécontentement qu'il cracha la formule traditionnelle, sachant que si ça n'avait tenu qu'à lui, Ronan serait resté Aspirant toute sa vie.

-Lève les yeux Chevalier Ronan et prend ton arme.

Ronan prit tout son temps pour le regarder, un sourire supérieur ornant ses lèvres – et Harry put même voir le bout de sa langue passer sur sa lèvre supérieure comme pour se l'humecter, ou se pourlécher les babines de la situation.

-Je jure de servir la Réserve jusqu'à mon dernier souffle ou celui de mon dragon. Je jure d'obéir à mon Chef, je jure d'honorer et de respecter ma Dame.

Harry attendit un peu, mais c'était tout, et d'ailleurs le bronze se releva l'air de rien, pas comme s'il avait omis le titre de Harry dans le lot. Alors soit Harry le voyait comme le fait qu'il ne lui jurait pas allégeance – ou qu'il le considérait comme une Dame.

/Vous ne pouvez pas le tuer. Ce serait très embêtant./ Le raisonna Talath alors qu'il bouillonnait de l'intérieur.

*Il vient de me manquer de respect !*

/Je sais, et c'est très mal, mais aujourd'hui c'est la Cérémonie./

La douleur, la douleur… Oui ce type était une vraie douleur au cul des autres. Harry se força à se concentrer sur Damian, son Damian qui ne mériterait pas que Harry lui gâche son moment.

Rebecca l'attendait avec… un grand boomerang blanc et orange à trois pales, marqué d'un symbole… Un triskèle celtique. C'était plutôt rare comme arme, mais ça ne l'étonnait qu'à moitié que Damian hérite de quelque chose de non conventionnel… Et qui était destiné à lui revenir dessus à chaque fois.

-La Tolérance. Un cœur calme qui cherche à voir au-delà l'Autre. Voici Cercle Serein.

Harry reçu la dernière arme, et se retourna juste pour faire face au blond. Il se rapprocha peut être plus que nécessaire, comme pour s'imprégner pendant un moment de cette espèce de chaleur dont le garçon était entouré, puis tira son poignard pour exécuter la cisaille et laisser le sang couler sur le boomerang.

Damian frissonna un peu mais un sourire gentil s'inscrivit sur ses lèvres.

-Je jure de servir la Réserve jusqu'à mon dernier souffle ou celui de mon dragon. Je jure d'obéir à mon Chef, je jure d'honorer et de respecter mon Seigneur ou ma Dame, récita Damian quand il se fut relevé, muni de son boomerang.

Harry sentit qu'il voulait dire autre chose, mais il se retint, s'effaçant dans la solennité de ce moment.

Il recula en marche arrière, comme pour les autres, et Harry les regarda se tenir ensemble en position de salut, essayant désespérément d'être heureux pour eux et de taire ses ressentiments.

Mais il n'y arrivait pas.

Il aurait dû être avec eux.

-D-

Les violons, les accordéons et les cornemuses jouaient depuis l'estrade, et Harry tapotait des doigts sur la table d'honneur, se demandant ce que lui vaudrait un double meurtre.

Là, juste à ses côtés, Fudge et Ombrage tripotaient les œufs de lézards de feu, cherchant lesquels seraient susceptibles de contenir ce qu'ils désiraient.

-Je ne veux pas autre chose qu'une femelle, Monsieur Potter, répétait Ombrage, et il semble normal que le Ministre obtienne un bronze, parce que, si j'ai bien compris, ce sont les meilleurs.

-C'est ASPIRANT Potter, OU SEIGNEUR Potter, grogna Harry qui revoyait à la hausse ses chances d'homicides. Et, pour la dixième fois, on ne peut PAS savoir d'avance la couleur par rapport aux œufs ! ET les bronzes ne sont PAS les « meilleurs », il n'y a pas de couleur meilleure qu'une autre, chacune à ses qualités et ses défauts ! Je peux vous assurer que dans les failles de certaines montagnes, un dragon bronze serait plus un embêtement qu'autre chose !

*Et pan pour les bronzes !* Rajouta mentalement Harry qui foudroyait du regard le groupe des chevaliers concernés qui faisaient cercle autour des nouveaux adoubés.

-Mais d'un point de vue général, les bronzes sont les meilleurs ! C'est ce que tout le monde dit, déclara Fudge en plissant des yeux suspicieusement comme s'il croyait que Harry cherchait à l'arnaquer.

Harry espérait qu'il se retrouve avec une verte. Parfois, quand on ne s'en occupait pas assez, elles oubliaient tout simplement qu'elles avaient un maître et disparaissaient pour mener leur propre vie.

« Obtenir un bronze ne vous achètera pas un cerveau » était ce qu'il mourait d'envie de dire, mais à la place, il piqua en catimini leur bouteille de vin et se servit, espérant qu'il finirait vite complétement torché et que la vue de lui en train de vomir sur leurs invités donnerait suffisamment envie à Desclare de le renvoyer dans ses appartements.

Talath secoua la tête d'un air désespéré dans son esprit, mais il la repoussa de ses pensées : ce n'était pas elle qui devait se coltiner ces deux boulets.

Alors qu'il buvait son verre de vin rouge, il laissa à nouveau son regard parcourir la salle.

L'ambiance était joyeuse, le vin cultivé à la Réserve coulait à flot et Gwendolyn avait débloqué une partie des vivres des caves pour leur offrir un festin de choix. Quelques personnes dansaient sur la musique entrainante, d'autres riaient grassement ou élevaient la voix pour se faire entendre au-dessus des autres.

A un moment, les stars de la fête furent prises à parti par tout un groupe, et forcé à boire des litres et des litres de bière pour « prouver qu'ils étaient bien des hommes maintenant ». Harry renifla d'agacement, finit brusquement son fond de vin et se servit un nouveau verre sans faire attention à être discret cette fois-ci. Et lui, il était quoi alors ? Un sous-homme ? Crétins de chevaliers pochtronés !

Il fut à moitié heureux de voir que Charlie ne faisait pas parti de ce groupe, mais ce dernier le regarda et fixa ensuite son verre avec un regard tout sauf équivoque.

Par pur esprit de rébellion, Harry haussa des sourcils d'un air entendu et lui porta un toast avant d'avaler cul sec.

De toute façon, qu'il soit là ou pas… En ce moment, il avait juste l'impression de faire « joli ».

Quelqu'un attira l'attention de Charlie et il se détourna – tant mieux- pensa Harry en continuant son observation solitaire.

-Ce vin est excellent, faisait Fudge, je n'en connais pas de meilleur, quel dommage que les Réserves ne l'exporte pas… Vous devriez gouter ma chère…

-Non merci. Je pense qu'un homme mur et raisonné comme vous peut se permettre ce petit plaisir, mais regardez un peu l'effet que cela produit sur de pauvres esprits faibles… (Ombrage eut un petit bruit de gorge de dégout en détaillant les chevaliers autour d'eux) Tout cela ne peut mener qu'à un comportement indécent et séditieux ! Je ne cautionne rien de ce que je vous en ce moment et Mr Potter fait bien de rester assis à nos côtés…

-ASPIRANT Potter.

-Cela n'a…

-Et l'Aspirant Potter se casse, répliqua Harry qui en avait marre.

Il venait de repérer Valentine qui se tenait toute seule dans un coin de la salle, elle aussi accrochée à un verre au contenu tout aussi soupçonneux que le sien.

Il se fraya donc un chemin dans la foule, ignorant l'exclamation offusquée de l'Observatrice, mais il ne lui fut pas aussi aisé de s'extirper des chevaliers euphoriques. Ils avaient peu d'occasion de faire la fête, alors Harry pouvait comprendre qu'ils se lâchent à fond quand cela arrivait – cela n'impliquait cependant pas à ses yeux le fait de se faire peloter le cul au passage ou de devoir jeter hors de son chemin un mec ivre qui menaçait de l'embrasser.

-Qu'est-ce qu'ils peuvent être lourds… Grommela-t-il à Valentine en s'asseyant à son coin de table.

Celle-ci le regarda avec étonnement, puis fit mine de jeter un coup d'œil par-dessus sa propre épaule comme s'il pouvait s'adresser à quelqu'un d'autre qu'à elle.

-Quoi ? Tu me parles à nouveau ? Fit-elle d'un ton faussement surpris.

-Toi aussi t'es lourde quand tu t'y mets.

Plus blasé qu'autre chose, il attrapa son verre pour voir s'il restait quelque chose à l'intérieur, puis le reposa. L'alcool devait commencer à faire son effet puisqu'il se sentait légèrement détaché des choses.

-Oh, pardon, votre seigneurie, j'attendrais votre futur changement d'humeur pour faire de l'humour, railla t'elle en le foudroyant du regard.

-Oh, allez Val', on est dans la même merde ce soir. 'Vec eux, lâcha-t-il avec un geste en direction de leurs camarades d'Eclosions qui buvaient des tonneaux entiers de bière sous les encouragements et les sifflements des autres chevaliers.

-Une autre bande de cons en plus, approuva la blonde avec une grimace de dégout. C'est ça, soyez contents d'avoir rejoints ce troupeau de queutards même pas capable de voir un « non merci », même si celui-ci se pointait en porte-jarretelle et se lançait dans un french cancan devant eux…

-Du french cancan ?

Mais Valentine avait pointé son doigt sur lui :

-Toi t'es pas mieux, t'es comme eux : pas capable de voir plus loin que le bout de ta propre queue, alors viens pas chouiner dans mes jupons (Harry porta son regard sur ses jambes, mais bien évidemment elle était en pantalon et elle lui redressa le menton d'une pression de l'index) « bouhouhou, je suis le pauvre Harry et tout le monde est trop méchant avec moi, c'est trop injuste ! »…

-JE ne chouine PAS ! Contesta Harry en repoussant sa main d'une tape. C'est quoi ton problème aujourd'hui ? T'as tes règles ou quoi ?

-Au moins, moi c'est aujourd'hui, parce qu'alors là, toi ça fait des mois que tu pisses le sang. J'espère que tu as prévu assez de protections, je ne te prêterais pas les miennes !

Et elle éclata de rire, un rire étrange, devant l'expression offusqué de Harry qui quitta sa place avant d'en arriver à lui jeter quelque chose à la tête.

Cela ne fit que redoubler l'hilarité de la blonde qui le héla alors qu'il s'enfuyait vers la foule :

-Eh Harry! Allez ! Pars pas comme ça, je rigole ! Tu mets quoi ? Des serviettes ou des tampons ?!

Il la regarda une dernière fois avec effarement, se demandant pourquoi elle se défoulait sur lui. C'était vrai qu'Harry avait évité sa compagnie, mais c'était justement pour ne pas qu'ils en arrivent à ce point-là. Il avait tout fait pour les épargner, et voilà comment il était remercié ! Ah ! Paye tes amis !

Néanmoins…

Elle était vraiment bizarre ce soir…

Laissant tomber, il contempla ses possibilités en parcourant le Hall des Repas du regard : la table principale, hors de question tant que la sangsue et le crapaud la squatteront, le groupe bruyant des jeunes chevaliers… Pareil, il ne se sentait pas du tout à l'aise avec eux. Restait le groupe des « vieux », mais il se tapait suffisamment Desclare dans la journée pour chercher sa compagnie. Restait ici et là des petits groupuscules souvent composés de chevaliers bleus et verts… Et le groupe de Charlie.

Rebecca était avec eux d'ailleurs, mais c'était à peu près la seule avec qui il pouvait parler sans avoir l'impression de passer à côté de tout un tas d'insinuations. Et Charlie bien sûr…

Leurs regards se croisèrent et Charlie dit quelque chose à ses amis avant de se lever de sa chaise et de venir vers lui d'un pas posé, sans se presser. Puis une fois devant lui, il adressa un sourire moqueur à son expression fermée et s'inclina pour le considérer sous plusieurs angles.

-Je peux savoir ce que tu cherches ? Le plan menant à ton cerveau n'est pas tatoué sur ma peau, tu sais ?

-En fait, c'est probablement plus celui menant au tien que je cherche, répliqua Charlie sans s'émouvoir de l'accueil qui lui était fait – d'ailleurs, depuis le temps, il s'y était adapté, comme tout le monde.

Il continua :

-Non, en vrai, je constatais ton état d'alcoolisme, histoire de voir si je pourrais t'attraper dans un coin sombre et te faire subir les derniers outrages en toute quiétude… Hélas, ta fichue langue est toujours capable de cracher du venin.

-Continue comme ça et je poursuis cette discussion en fourchelangue.

-Comme je suis le plus mature de nous deux, je vais arrêter. On dirait que tu t'ennuies, non ? Les émissaires du gouvernement britanniques sont pourtant de tels bout-en train !

-Va te noyer dans le lac, grommela Harry alors que le « plus mature » éclatait de rire.

Charlie avait une assez longue expérience de Fudge pour savoir prendre la poudre d'escampette dès que l'on faisait mention à lui. Harry se jura en son fort intérieur de l'envoyer faire PLLLEIIIN de mission en Angleterre une fois qu'il serait officiellement Seigneur de la Réserve et que les gens arrêteront de le prendre pour une jolie décoration sans volonté.

-J'ai fuis ces gens, même si je sais que Desclare me prendra la tête avec ça demain au Conseil, puis j'ai fuis Valentine qui est d'une humeur de pitbull… Je pense que je vais bientôt fuir la salle tout simplement.

-Hum… Je crois que sa lézard de feu doré est en chaleur, commenta Charlie. C'est ce qui la met sans doute dans cet état. Le prends pas pour toi, je l'ai vu renverser une carafe de jus sur la tête de Mortimer tout à l'heure. J'ai dû intervenir pour empêcher Reyn de lui refaire le portrait… Quoiqu'elle semblait prête à lui casser la gueule à lui aussi.

Harry se concentra pour remettre les chevaliers dont il parlait. Reyn était un brun, dans la même escadrille de vol que Charlie, et Mortimer était un vert qui trainait souvent à l'Infirmerie. Ils étaient en couple… Ah, oui, maintenant que ça lui revenait, Gwendolyn lui avait peut-être dit que Mortimer était l'apprenti du Maître Guérisseur. Il avait toujours été très gentil avec Harry… Il ne voyait pas ce qu'il avait pu dire ou faire pour se recevoir une carafe de jus de fruit dans la figure…

-Cherche pas, elle n'est tout simplement pas dans son état normal, ça lui passera.

-Mais si c'est comme ça avec Delilah, je ne veux même pas être dans les environs quand Dinth aura ses premières chaleurs, soupira Harry. Dire que je trouvais que Stevens était effrayante …

Il fit un arrêt sur ce qu'il disait, réalisant que lui-même avait une dragonne, et que lui aussi risquait de passer par cet état de « j'envoie bouler tout le monde ».

Baaah… Ca ne pouvait pas être siii différent de ce qu'il ressentait tous les matins en se levant…

Un vertige l'assaillit brutalement et il vacilla un instant, évitant au dernier moment de se retenir aux habits de Charlie.

-Ca va ? Demanda ce dernier en levant la main vers lui.

Harry l'évita prestement.

-C'est rien. Il y a peut-être un peu trop de monde et de bruit ici, je vais aller faire un tour dans la galerie histoire de respirer un peu d'air frais.

Il s'éclipsa sans demander son reste : il ne voulait pas être aperçu en situation de faiblesse. Sa situation qui n'était pas glorieuse ne risquerait pas de s'arranger si on pensait qu'il était souffreteux et chétif.

Comme il l'avait dit, il se rendit dans la galerie de pierre, un couloir dont la paroi extérieure était percées de trous, comme des fenêtres naturelles qui donnaient sur une vue de l'intérieur du volcan.

D'habitude il y avait beaucoup plus de monde en train d'y trainer, des couples principalement, occupés à se tripoter et à se dévorer la bouche, mais avec les directives de Desclare, toute activité de ce genre se retrouvait reléguée aux appartements des chevaliers.

Harry était donc seul pour son plus grand plaisir. S'accoudant à une des fenêtres, il inspira profondément l'air qui sentait déjà l'automne et se sentit beaucoup mieux.

C'était probablement le vin.

Dans la pénombre de la soirée, il pouvait encore voir l'estrade de la Cérémonie à l'ouest du lac, et repensa à ce jour d'été où il était arrivé à la Réserve. Deux ans – ça semblait si peu… Mais ça avait suffi à changer radicalement sa vie. Il eut un rictus amusé envers son ancien lui-même dont les inquiétudes se portaient sur devoir cohabiter avec des gens qui le détestaient.

Ici, personne ne le détestait… Enfin, à part Ronan, se rectifia t'il en voyant ce dernier venir vers lui d'une démarche si conquérante qu'elle en devenait ridicule. Harry se retourna pour lui faire face, adossé contre le rebord dans une position faussement détendue, ne cachant pas son ricanement.

Le chevalier bronze puait la bière sur au moins deux mètres à la ronde. Il était probablement bien plus imbibé que lui, même si le pourcentage d'alcool était moindre.

-Alooors, Princesse, t'as pas trop les boules? Lui demanda-t-il en envahissant son espace vital, l'asphyxiant de son haleine alcoolisé.

Le brun chassa un peu d'air avec sa main.

-Je vais commencer à les avoir si tu ne vas pas embêter quelqu'un d'autre dans les minutes qui suivent. Ou… Mieux : pourquoi n'irais-tu pas te jeter dans le vide ? Tu sais ce qu'on dit : le vide attire le vide, et comme ta grosse tête est vide, peut-être que tu devrais essayer…

Le poing de Ronan vint frapper la colonne à quelques centimètres du visage d'Harry, mais ça n'eut pas le don d'impressionner Harry.

-Ooouh, vilain rocher… Il a appris sa leçon maintenant, se moqua t'il.

-C'est ça, rigole tant que tu le peux Princesse, cracha Ronan en l'encadrant de ses bras, mais tu ne bénéficieras pas éternellement de la protection de Desclare. A moins que…

Le regard du bronze vola un instant sur le corps d'Harry avec une lueur malsaine dans les yeux.

-Continue à faire ça et toi et ton dragon comptabiliserez à vous deux une unique paire d'œil.

Ronan s'écarta et à la place d'enrager comme il en avait l'habitude, en tout type sanguin qu'il était, il se contenta d'un grand sourire.

-Je vais me faire un plaisir de te voir cloué au sol, à jouer les parfaites petites maitresses de maisons, quand moi je serais au cœur de l'action. Amuses-toi bien avec la femme du Ministère anglais !

Alors qu'Harry cherchait dorénavant à le tuer du regard, Ronan s'éloigna, et avec une parfaite révérence :

-Ma Dame.

Il quitta la galerie de pierre en riant très fort, laissant l'Aspirant dans un état de frustration intense.

Ce sale con avait une fois de plus frappé là où ça faisait mal. Il pouvait se moquer des anciens Aspirants, mais dans le fond Harry aimerait être avec eux, à se faire chambrer par les autres chevaliers sur leur nouvelle condition, recevoir son arme personnelle et jurer fidélité à la Réserve, intégrer une escadrille, partir en mission, ne pas avoir à se préoccuper de choses comme les chaleurs ou la lente maturité de sa dragonne…

En fait, et Harry ne pouvait se l'avouer que dans la cachette de ses sentiments les plus profonds, il aurait voulu donner l'Empreinte à un dragon.

Bleu, brun, ou bronze, aucune importance, du moment qu'il pouvait être avec les autres chevaliers, pareils à eux. Un homme à part entière.

Se retournant à nouveau vers la cuvette du volcan, il enfouit son visage dans ses mains – partagé par ce sentiment frustrant, et sa honte de cracher sur sa Moitié.

Il sentit soudain la présence de son lézard de feu et écarta les doigts pour le regarder voltiger devant lui avec excitation.

-Et qu'est-ce que t'as, toi ? Marmonna t'il, mais tout ce que lui renvoyait comme sentiment son petit brun était son état d'hyperactivité.

Puis il fila comme une flèche dans l'obscurité, à la poursuite d'un petit éclat d'or qui scintillait furtivement près des flambeaux. Se redressant, Harry se pencha vers le vide, puis courut dans la galerie pour se rapprocher et mieux voir… Mais oui, dans un concert de pépiements, c'était bien sept lézards de feu qui poursuivaient Delilah.

-Manquait plus que ça… Lâcha Harry en essayant d'éloigner de lui les pulsions excitées de Moineau.

Ca, plus le vin, il n'osait imaginer le cocktail que ça pourrait donner.

Continuant à suivre la nuée à travers les couloirs, il s'arrêta brusquement en percevant la voix de Valentine. Il la chercha des yeux, mais les lieux étaient vides. Puis il remarqua la porte entrouverte de l'atelier de couture.

Et plus il s'approchait, plus les sons devenaient… Eh bien Harry avait une petite idée, et cela aurait dû suffire à l'éloigner de cette porte, mais s'il y avait bien quelque chose qui n'avait jamais abandonné le jeune homme, c'était bien sa curiosité, et cette conviction qu'il devait savoir

S'approchant discrètement, il se porta dans l'interstice, occultant la lumière, son ombre tachant le dos de l'homme qui s'activait furieusement avec force de râle, tenant contre lui un corps gracile dont Harry pouvait voir une jambe crochetée à la taille, le pied nu courbé au-dessus des fesses qui allaient et venaient en un rythme presque hypnotisant, une main fine était étendue sur le haut de la chemise, et un cou blanc, une gorge offerte aux lèvres de l'homme, de nombreuses ondulations blondes .

Les gémissements féminins étaient comme une musique, une supplique, que rien ne semblait pouvoir arrêter, puis alors même que Harry ne pouvait plus ignorer l'éléphant dans la pièce, la jeune fille renversa sa tête et son regard tomba droit sur lui.

D'abord il put y lire une sorte d'engourdissement, mais alors que la lumière se faisait dans l'esprit de Valentine, ses yeux bleus se durcirent et refusèrent de se défiler.

C'était un défi.

A suivre…

Personne n'avait pensé au passage à chevaler des trois autres garçons pour cette année, ni à Ombrage. Bien sûr qu'il fallait que je la mette ! Même si son rôle sera différent, forcément, du canon.

Bon… Bon… On se rapproche d'un moment délicat. Le secret devient trop difficile à tenir et Desclare va devoir se mettre à table. Prochain chapitre ? J'espère que j'aurais le temps de l'écrire pour mercredi ou je sens que vous allez me sauter à la gorge XD !