Mot de l'auteur : Bonjouuur tout le monde ! Ce mercredi pas de faux bonds, pas de chat à l'agonie (il va mieux, d'ailleurs, si ça intéresse quelqu'un), pas de fatigue ou de manque de temps. C'est normal puisque pour la première fois depuis 9 mois je suis en vacance ! Et comme d'habitude j'aimerais remercier mes gentils reviewveurs (ça se dit ?) puisque grâce à eux on est arrivé à un total de 300 reviews ! Merci merci ! Je vais faire de mon mieux pour que cette histoire continue à vous plaire et être digne de votre soutien ! Allez, je vous laisse maintenant avec la suite de l'histoire !

RAPPEL:


Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich

Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -

Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)

Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
River (dragon bronze Carenath)
Cyan (dragon bronze)
O'Connel (dragon bronze)
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)
Damian (dragon brun Emlith)
Reyn (dragon brun)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -

Candidats : Dennis Crivey


Chapitre 31 : L'imprudence de Harry et Mortimer

Harry contempla les morceaux du miroir, leur obscurité avait gardé ces étranges couleurs irisées arc-en ciel et leur surface polie qui les rendaient si attractif. Même maintenant il avait envie de les toucher… Malgré ce qu'il avait vécu à cause d'eux.

Mais… Ils ne pouvaient plus lui faire de mal, maintenant, non ?

Avec la pensée qu'il ne pouvait pas être un garçon peureux, Harry s'accroupit pour toucher l'un des pans renversés.

Il n'y eut rien de particulier. Harry l'avait détruit… Et peut-être même plus que ça. Il se souvenait d'avoir voulu faire disparaitre la parodie de vie qu'avait conçue la Dame Blanche pour lui… Mais ce n'était ni de la sorcellerie… Ni un Mot de Pouvoir qu'il avait utilisé…

C'était peut-être ça qui l'avait court-circuité.

Une nouvelle fois, au milieu de pleins d'autres tentatives, il fit le vide dans sa tête et invoqua le vrai nom de Talath, il ouvrit la main pour le Mot tout simple de Lumière… Et une nouvelle fois, une douleur fulgurante vint lui trancher la tête en deux.

Des gouttelettes de sang tombèrent sur l'obsidienne et il s'empressa de presser un mouchoir sous son nez, recroquevillé de douleur.

Heureusement que ça passait vite. Le mal de tête comme le saignement de nez, mais c'était excessivement rageant.

Il se força à respirer doucement pour se reprendre, se jurant en lui-même qu'il retenterait, et retenterait jusqu'à ce qu'il y arrive à nouveau.

Respectueusement, il essuya le sang sur le miroir. Au final, il était probablement un peu triste qu'il ait brisé un cadeau de son arrière arrière arrière et plusieurs fois encore arrière, grand-mère.

Est-ce que la Dame Blanche était aussi une descendante de Sorka ? Bah, ce n'était pas ça qui pourrait la racheter à ses yeux : après tout, la tante Petunia et Dudley l'étaient aussi et ça n'en faisait pas pour autant des personnes respectables…

Il se releva lentement pour éviter tout vertige, et se dirigea vers la grande tapisserie qui avait été dépoussiérée et qui présentait l'arbre généalogique de la toute première chevalier dragon.

Il était gigantesque, et pas très loin du miroir. Harry cherchait toujours qu'elle était le nom en bas des branches qui correspondaient à sa famille. Il aimerait pouvoir y apparaitre aussi un jour, avec, comme pour chaque chevalier de la tapisserie, le prénom de son dragon à ses côtés.

« Le dernier » s'il en croyait les mots de la Dame Blanche.

Ce qui ne pourrait signifier qu'une chose : qu'il allait mourir sans descendance. Soit parce que sa mort était proche… Soit parce qu'aucune femme ne serait un jour enceinte de lui. Ce qui, dans les deux cas, était déprimant. Il aimait beaucoup les enfants.

Même s'il ne se voyait absolument pas devenir père maintenant. Ni dans des années proches.

Il secoua légèrement la tête pour arrêter de penser à des choses aussi idiotes et se dirigea vers un groupe de chevaliers qui prenaient une pause après plusieurs heures de pelletages de roches.

De nombreux chevaliers bleus et verts qui, dixit Desclare, « n'avaient rien à faire » avaient été envoyés nettoyer la grande caverne qu'avait découverte Harry. A la lumière des cristaux, elle était bien plus intéressante que ce qu'il avait cru dans la pénombre. Peut-être aussi parce qu'il n'avait plus la jambe broyé et que ses priorités n'étaient plus les même.

Sans cet énorme espace, on pourrait croire qu'il s'agirait d'une bibliothèque, un lieu d'étude et de détente en tout cas. Les murs qui n'étaient pas occupés de niches contenant des parchemins étaient tous recouverts de tapisseries plus ou moins en bonne état, des tables, des bancs confortables et même des pots qui avaient dû contenir des plantes se trouvaient un peu partout sur les coursives.

A l'époque, cela avait dû être un lieu très agréable.

Mais les parchemins étaient ce qui intéressait particulièrement tout le monde puisqu'ils regorgeaient d'un savoir datant d'une autre ère, d'une autre façon de vivre. Le Maitre Tisserant qui s'était accaparé les tapisseries les plus abimées pour les restaurer les avait datées à la création de la race des Longwing, soit vers le début du 14emesiècle.

Il était possible que ces documents contiennent la mémoire de la fondation de la Réserve de la Montagne Blanche. Et c'était Harry qui allait devoir s'occuper de cela, ce qui satisfaisait assez sa curiosité.

S'arrêtant un instant au bord du vide, il fixa la grandeur des lieux, désormais à nouveau occupée ici et là, des chevaliers à chaque étage en train de s'activer, et chaque bruit qui résonnait désormais était comme un rappel du silence qui avait envahi son être.

Il ferma les yeux très fort, puis se détourna.

-Eh ! Est-ce que l'un d'entre vous a retrouvé ma baguette magique ? Demanda t'il aux trois chevaliers bleus qui se trouvaient là.

Ils se regardèrent un instant puis haussèrent des épaules :

-Non, rien vu du genre, fit l'un d'entre eux avec l'air de s'en foutre royalement.

Ce qui n'étonnait pas vraiment Harry. Les chevaliers et les baguettes… Mais lui il se sentait légèrement exposé sans elle en ce moment. Et il n'avait pas envie de devoir aller s'en racheter une autre.

Sa baguette c'était… sacré. En quelque sorte. C'était en la tenant dans ses mains, dans le magasin d'Ollivander, qu'il avait senti pour la première fois ce qu'était réellement la magie en lui.

-OK, laissez tomber, grommela Harry en remontant vers la sortie.

Il aperçut alors Cyan qui se tenait près d'elle et fronça les sourcils de colère. Ces derniers temps, il y avait toujours un gars de la bande à Charlie dans un coin.

Est-ce qu'ils le surveillaient ?

Il ne voyait pas Charlie demander à faire une chose pareille, mais le River, lui… Oh lui, Harry le sentait mal.

Il se demandait s'il devait lui tomber dessus, quand Ombrage débarqua depuis le trou creusé dans la paroi. Elle arborait une allure conquérante et ce malgré son petit cardigan rose pelucheux et ses chaussures à petits talons qui la faisait trébucher sur chaque petit caillou mal placé.

Harry secoua la tête machinalement, navré. Le ridicule ne tuait pas, c'était vrai, mais il y avait quand même une limite à la « coquetterie ». Celle d'arborer des vêtements adaptés à un chantier.

Il vit le moment où elle le repéra. Ses petits yeux se plissèrent d'une façon calculatrice, mais elle se détourna. Ce n'était pas lui qu'elle cherchait : et elle trouva sa proie quelques étages plus bas.

Elle se pressa donc, se dandinant pratiquement pour ne pas courir alors qu'elle dévalait les coursives en spirale, pestant entre ses dents sur le malcommode d'une telle disposition.

Quand elle passa à hauteur de Harry, il fut tenté de jeter une pierre entre ses jambes, histoire de voir si en trébuchant elle se mettrait à rouler comme un ballon jusqu'en bas. Ce serait terriblement plus rapide pour elle.

Mais à la place, il retourna au bord, plié au-dessus d'une balustrade en pierre, pour observer sa rencontre avec Desclare.

A la vue du chevalier bronze elle sortit des parchemins de son petit sac à main et se mit à les secouer au-dessus de sa tête :

-Arrêtez tout ! Ordonna-t-elle. J'ai dit : Arrêtez tout Desclare (répétât-elle alors qu'il la regardait comme si elle était cinglée) J'ai ici des documents du Ministère donnant à seuls les agents conventionnés le droit de fouiller ce site hautement précieux pour notre histoire ! Tout le monde doit partir sur le champ et me laisser tout ce qui a été trouvé sur place ! Toute personne se trouvant sur les lieux sera hors la loi et déféré à la justice ! Des chevaliers devront alors aller chercher les Langues de Plomb qui viendront s'occuper de continuer les fouilles !

Alors qu'elle devait s'attendre à un branle-bas le combat ou à une contestation violente, elle se retrouva opposée à un scepticisme silencieux alors que Desclare lui arrachait les documents des mains pour les lire avec un reniflement contrarié.

Il lut rapidement en diagonale avant d'émettre un grognement :

-Je ne vois que la signature de Fudge.

-Le Ministre de La Magie Fudge, le reprit onctueusement Ombrage.

Elle s'attira un regard mauvais des chevaliers aux alentours, abasourdis qu'elle ose faire ce genre de remarque alors qu'elle même leur refusait systématiquement leurs titres.

-Peu importe, ça ne change rien. Ces morceaux de papiers ne valent rien à la Réserve tant qu'ils n'ont pas été signés par les vingt représentants de la Coalition Europe-Ouest au cours d'une Réunion organisée pour le sujet. Fudge devrait bien le savoir et je ne manquerais pas de lui faire savoir ce que je pense de ses manières… A lui et au reste des représentants. Maintenant, si vous n'avez rien à faire de mieux, laissez nous travailler.

Harry ricana depuis son observatoire. Ombrage s'était au fur et à mesure empourprée, sa tête s'enfonçant de plus en plus dans son large cou au point de l'engloutir totalement. Furieuse, elle sortit son calepin et se mit à gribouiller furieusement dessus avec une plume.

-Ceci sera dans MON compte rendu, Mr Desclare !

Son effet fut gâché puisqu'une vingtaine de chevaliers qui n'attendaient que ça lui crièrent dessus :

-CHEVALIER DESCLARE !

Elle bondit de surprise, puis, toujours aussi rouge, se remit à trottiner pour remonter les quelques trois cents mètres de coursives jusqu'à la sortie.

Harry qui la suivait du regard put remarquer que Cyan, qui s'était légèrement mis en retrait pour ne pas être remarqué, lui emboîta le pas quelques secondes plus tard.

Cela le rendit d'abord perplexe – puis il réalisa que ce n'était apparemment pas lui que la bande à Charlie surveillait… C'était la femme du Ministère.

Mais… Alors… A les voir si souvent là où il était… Est-ce que ça voulait dire que Ombrage le surveillait, lui ?

-D-

Talath sortait tous les jours durant un laps de temps de deux-heures. C'était bien moins que ce à quoi elle avait habitué Harry, mais c'était une occasion pour lui de la voir… Sans qu'elle le sache.

L'atelier des tanneurs était situé à l'endroit parfait pour ça… En plus de posséder plusieurs œilletons vers l'extérieur pour laisser couler l'eau qui pourrait déborder de leurs vasques. C'était donc couché par terre pour jeter un œil à travers l'une des petites ouvertures, essayant d'oublier le seul défaut des lieux : à savoir l'odeur, qu'il observait la routine de sa dragonne.

Il ne doutait pas un instant de la bonne façon dont la traitaient Damian et Valentine, mais il ne pouvait que constater à quel point la couleur de sa peau était pale par rapport à d'habitude. Deux semaines étaient déjà passées, sans amélioration ni pour lui, ni pour elle, et probablement qu'Harry aussi, s'il avait pu arborer une autre couleur que celle de sa peau mate, aurait eu l'air malade.

Tout ce qu'il pouvait faire c'était ça : la regarder et se demander à quoi elle pensait en ce moment. Avec des scénarios plus ou moins catastrophiques qu'il imaginait et qui dépendaient beaucoup de son propre état d'esprit.

Aujourd'hui était un mauvais jour apparemment, mais ses réflexions funestes furent coupée par un lézard de feu qui apparut juste devant l'œilleton, lui coupant la vue.

Avec un léger cri de surprise, Harry roula en arrière, ignoré des deux tanneurs et du Maitre qui travaillaient juste à côté.

Semblant s'être rendu compte de son erreur de trajectoire, le lézard de feu transplana de nouveau devant Harry en pépiant joyeusement.

C'était une toute petite verte, probablement très jeune, sa robe ponctuée de quelques arabesques plus claires, elle portait pourtant vaillamment un petit parchemin roulé qui faisait presque la moitié de sa taille.

Elle le laissa tomber sur Harry avant de se poser sur l'une des cuves pour boire un peu d'eau fraîche.

Le jeune homme, lui, récupéra le parchemin, noué d'une simple cordelette en chanvre, et regarda à nouveau le petit lézard inconnu.

-Toi, tu n'es pas passé par Desclare, murmura t'il pour lui-même.

Tous ses courriers étaient d'habitude déviés par le bureau du Gérant de la Réserve… Mais celui-ci avait échappé à ce sort… Ce qui ne pouvait que le rendre inquiet. Qui sait quel sortilège dangereux ce simple parchemin pouvait contenir… Mais d'un autre côté, ça ne collait pas beaucoup avec le petit lézard tout joyeux et quasi inexpérimenté.

Il hésita longuement, interrogeant son intuition. Puis il finit par dénouer la petite cordelette et le message.

Une vieille capsule de bière tomba à terre, et il la ramassa avec précaution en se posant encore plus de question.

« Je sais ce qui t'arrive et je peux t'aider.

Tu trouveras avec ce message un portoloin qui s'activera à minuit précisément.

Viens seul. »

Harry regarda à nouveau la capsule, puis le message. Par Merlin et tous les Fondateurs, si ça ne ressemblait pas à un piège ! Et un piège bien tentant.

Mais justement, à y repenser, est-ce que ça n'était pas un peu trop grossier ? Aucun kidnappeur ou tueur n'utiliserait une telle méthode. Ils s'en prendraient à des personnes proches pour l'attirer à eux ou mettraient entre ses mains un portoloin sans lui en révéler la nature.

A vrai dire il aurait suffi que la capsule soit déjà activée pour le prendre au piège.

Alors soit son ravisseur était très stupide. Soit la personne qui lui voulait du bien avait un sens de l'humeur particulièrement tordu.

« Je peux t'aider »

Si seulement…

Mais il ne pouvait pas prendre cette décision tout seul… Il fallait qu'il en parle à quelqu'un.

Il pensa d'abord à Charlie, mais il était certain qu'il serait contre cette aventure. Trop protecteur.

Damian et Valentine ? Aussi murs que lui, ils n'avaient pas vraiment de différences d'âge.

Puis la figure de Mortimer s'imposa à son esprit et il se dit que le vert serait un parfait conseiller.

Aussitôt il fourra le parchemin et le portoloin à l'intérieur de sa veste et au moment même où il s'apprêtait à sortir de sa « cachette », Ombrage fit irruption dans l'Atelier comme un diable sortant de sa boite, son regard balayant les lieux comme un animal traquant sa proie.

-Où est Mr Potter ? Demanda-t-elle alors aux artisans.

Harry les remercia intérieurement quand ils firent tous plus ou moins signe qu'ils ne l'avaient pas vu tout en continuant à assouplir du cuir ou à couper des bandes pour de futurs harnais.

Pourtant, Ombrage sembla sentir le mensonge – ou alors elle avait encore suivi la trace d'Harry jusqu'ici (et ce dernier commençait à se demander si elle n'avait pas mis de sort de traçage sur lui) – car elle s'avança pour roder entre les tables et les cuves.

Avec résignation, Harry se releva et se montra.

-Je suis là, Miss Ombrage. Qu'est-ce que vous me voulez aujourd'hui ? Fit-il avec lassitude.

Le sourire de crocodile qu'elle lui adressa lui fit un peu regretter de ne pas s'être enfui en rampant.

-Ha –aaah ! Exulta-t-elle en s'avançant vers lui pour jauger sa cachette. VOUS SAVEZ que vous n'avez pas le droit de voir la dragonne dorée dans votre état !

-Il ne faut pas qu'elle me VOIT, rectifia Harry aigrement. Ça n'a aucune conséquence que je l'observe.

Sinon jouer sur son moral.

-Dans ce cas pourquoi vous cachiez vous ?! Reprit-elle en plissant des yeux.

-Peut-être pour qu'on me laisse tranquille ? Suggéra-t-il pince sans rire.

Elle était bien la seule personne dont il voulait vraiment se cacher à l'heure actuelle et tout le monde sauf elle devait l'avoir compris aux vus des petits sourires en coin qu'arboraient les artisans qui observaient le spectacle d'un œil.

Quand elle s'en rendit compte, le visage de la dame du Ministère sembla gonfler et rougir comme une grosse tomate mure à point.

-Suivez-moi dans mon bureau, grogna-t-elle alors en se détournant.

-Vos appartements, la corrigea Harry. Vous n'avez pas de bureau.

Il la suivit néanmoins, désireux de ne pas paraître suspect malgré son envie de foncer à l'infirmerie.

« Bizarrement » la caverne allouée à Miss Ombrage était située à l'écart de tout le reste, au plus profond de la roche. Ce n'était pas un endroit désagréable, mais elle grimaça en entrant, reniflant en fixant les parois de pierre brute. Elle avait cependant bien essayé de les faire disparaître sous une avalanche de petites assiettes décoratives ornées de chatons mignons qui miaulaient et ronronnaient à en faire crisper d'agacement n'importe qui de normalement constitué.

Elle lui fit signe de s'asseoir derrière une petite table où elle se mit à lui servir du thé.

Tout le mobilier semblait avoir été métamorphosé selon ses gouts, ne gardant que l'ensemble de tapisserie montrant Poudlard à une époque où le terrain de quidditch n'avait pas encore été construit.

-Qu'est-ce que je peux faire pour vous ? Demanda-t-il en posant la tasse qu'elle venait de lui tendre.

-Je voulais juste m'assurer que vous vous portiez bien, minauda t'elle en prenant sa voix de petite fille. Vous êtes un trésor important pour les sorciers d'Angleterre et il est de mon devoir, pour le Ministère, que je veille sur vous.

-C'est ce que vous faites ? Vous « veillez » sur moi ? Répéta Harry avec scepticisme. J'ai surtout l'impression que vous guettez chacun de mes faux pas.

-Allons allons… J'avais déjà remarqué que vous souffriez d'une flagrante paranoïa… Envers Albus Dumbledore… Envers le Ministre… Et les sorciers même peut être en général. Mais nous ne vous voulons aucun mal. Nous sommes au contraire là pour vous aider. Ce thé non plus, ne vous tuera pas, vous savez ?

La tentative d'humour laissa Harry froid et il ne fit aucun mouvement vers l'objet.

Elle poussa alors un soupir navré.

-Je sais que ça n'a pas été facile avec Sirius Black qui vous traque et qui souhaite votre mort, mais c'est un cas exceptionnel, il n'a jamais pu digérer la mort de son ancien Maître.

Pour toute réponse, Harry renifla d'amusement. Sirius n'avait jamais été un problème pour lui et tous ces mensonges à son sujet ne faisaient que desservir les propos d'Ombrage.

Lassé, il fit voyager son regard sur la décoration de mauvais goût qui l'entourait, quand il tomba sur l'œuf de lézard de feu qui était posé négligemment au milieu d'une coupe de fruits frais.

Il se redressa brusquement.

-Qu'est-ce que cet œuf fait là ?

Ombrage jeta un regard paresseux dans la direction concernée.

-Il n'a pas encore éclos.

-Il ne risque pas d'éclore si vous ne le gardez pas au chaud ! Quand les Candidats les avaient ramassés, ils étaient à une semaine de l'éclosion. Il aurait déjà dû sortir de son œuf !

D'ailleurs, Harry réalisa soudainement que son mystérieux coursier, la petite verte, venait probablement de la couvée qu'ils avaient offerte au Ministère… Donc le mot provenait forcement d'un sorcier britannique, travaillant pour Fudge.

Cela ne l'encourageait pas vraiment à suivre les instructions du message.

Se levant, il attrapa le petit œuf et vida la théière de thé dans un pot de fleur avant d'y insérer l'œuf pour qu'il profite de la chaleur résiduelle de la porcelaine.

-Mais ! S'indigna la sorcière.

Presque aussitôt, comme s'il n'avait attendu que cela, ils purent entendre un « crac » à l'intérieur de l'objet, rapidement suivit d'autres bruits émis par l'œuf fendillé.

-Où se trouve la viande pour l'Eclosion ? Demanda Harry en cherchant frénétiquement autour d'eux et ne trouvant qu'une boite en métal contenant des petits gâteaux.

-Quelle viande ? S'étonna Ombrage qui commençait un peu à paniquer en fixant sa théière comme si elle contenait un épouvantard.

-La viande pour former le lien ! Pesta Harry, je vous en ai parlé à vous et à Fudge !

-Le MINISTRE Fudge !

-Tout ce que vous voulez, je m'en fiche, tout ce que je veux, moi, c'est de la viande !

-Ohlala j'espère que ce sera une femelle, se contenta de dire Ombrage en rapprochant sa large figure de la théière avec une expression avide.

Un long couinement lui répondit, et une petite tête sortie de l'ouverture pour quémander bruyamment son dû.

Une tête plus rousse qu'autre chose. Harry reconnut aussitôt une nuance de bronze, et Ombrage aussi apparemment, puisqu'elle se recula précipitamment et se détourna en croisant les bras dans une véritable attitude boudeuse.

-Donnez-lui des morceaux de gâteaux, au moins ! Fit Harry en lui apportant la boite de biscuit.

-Non. Je n'en veux pas. Ce n'est pas une femelle.

Harry lui jeta un regard noir. Elle n'avait pas le droit de se comporter comme une gamine pourrie gâtée qui n'a pas reçu le jouet qu'elle souhaitait à Noël ! C'était d'un être vivant dont ils parlaient !

Il se donna mentalement des baffes en se rappelant qu'il avait fait un peu pareil avec Talath, et considéra un instant la possibilité de marquer lui-même le lézard avant de la rejeter. Son aptitude à gérer ses liens magiques semblait cassée, il y avait trop de chance pour qu'il échoue.

-S'il vous plait, Miss Ombrage ! Si vous ne le marquez pas, il va mourir de faim dans moins d'une heure. Les bébés lézards de feu n'ont pas assez de force pour transplaner jusqu'à une potentielle source de nourriture !

-Non, je n'en veux pas. Donnez-le à qui vous voulez ! J'en prendrais un autre ! Moi j'en veux un qui forme un couple avec celui du Ministre Fudge !

Harry se retint de faire la grimace à cette idée et attrapa le petit lézard qui s'était entre temps extirpé de la théière. Il sentait très fort le thé à la bergamote.

Puis, comme dans un éclair de génie, il se rappela qu'il y avait toujours quelqu'un du groupe à Charlie qui surveillait les activités d'Ombrage. Il sortit de l'appartement et chercha une ombre dans les environs.

Ce fut comme ça qu'il tomba sur River et avant même que ce dernier ait pu dire un mot, il se retrouva avec le petit lézard piaillant dans les mains.

-S'il te plait River, il a besoin de quelqu'un et Ombrage n'en veut pas et moi je… Voilà quoi.

-Mais… Je n'ai rien pour le nourrir, contra le chevalier, contaminé par son affolement.

Avec une expression féroce et sans appel, Harry lui tendit la boite de biscuit.

-D-

Quand Mortimer le vit arriver, Harry était tout échevelé et essoufflé. Il lui fit signe de ne rien dire alors qu'il reprenait sa respiration.

-Longue… Et… Contrariante… Histoire.

-Ca implique des beaux garçons ? Demanda à tout hasard le chevalier vert en lançant un regard éloquent à sa mise désordonnée, mais Harry lui jeta une expression amusée.

-Ca implique Dolores Ombrage.

-Berk ! Non, alors si c'est ça je ne veux RIEN savoir ! Tu ne pourrais pas, pour une fois, avoir des aventures impliquant de beaux apollons plutôt que des mégères névrosées ?

-J'aimerais tellement… Si tu savais... Avec un peu de chance, la prochaine n'impliquera aucun membre de sexe féminin.

Il tendit nonchalamment le parchemin de l'inconnu et Mortimer l'attrapa avec une expression intriguée. Harry se sentit un peu nerveux alors que l'homme le lisait, ayant peur de s'être trompé dans ses pronostiques personnels au sujet du chevalier vert.

Il fit donc la conversation :

-T'es gallois, pas vrai ?

-Yep, confirma ce dernier en s'éloignant avec le message.

-Il y a pas une réserve de Vert Gallois là-bas ?

-Même si je suis un chevalier vert, je voulais monter un dragon, pas un poney, continua l'homme distraitement en sortant quelques flacons d'une armoire.

Il saupoudra une substance qui provenait de l'un d'eux sur le bout de parchemin et observa la réaction.

-Les Vert Gallois sont si petits que ça ?

Harry n'eut pas de réponse à ce sujet.

-Il n'y a aucun maléfice, fit-il à la place avant de verser une goutte de potion dessus. Pas de magie draconique non plus.

Il plaça alors le parchemin devant la flamme d'une bougie.

-Et je vois un morceau de filigrane. Ça vient d'un atelier anglais à première vue.

-Livré très probablement par un lézard de feu provenant du Ministère de la Magie Anglais, ajouta pour lui Harry. A moins que d'autres œufs aient été livrés autre part.

-J'allais justement te demander où tu l'avais eu. Il a échappé aux contrôles ? C'est vraiment bizarre…

Harry haussa des épaules.

-Alors… Qu'est-ce que tu en penses ?

L'apprenti guérisseur se détourna en se frottant les poils de barbe du menton, l'air perdu dans ses pensées.

-Que ce papier ne t'a probablement pas été envoyé par un bel homme prêt à te secourir par tous les moyens. La plupart des guérisseurs capables ont tous au moins 120 ans…

-Mortimer, souffla Harry d'un ton doucement affligé.

Il reçut un petit sourire en excuse, mais bien pauvre par rapport à ceux dont il était habitué.

-Ton état ne change pas. Les sorts, les potions, la médecine traditionnelle et même le vaudou n'ont rien fait bouger. Je commence à croire qu'il te faudrait un contre sort… Mais pour ça il faudrait savoir précisément ce que la Dame Blanche t'a fait et ça…

-On n'en sait rien, continua pour lui Harry en se laissant tomber sur un lit d'auscultation. J'ai vraiment merdé.

-On fait tous des erreurs, répliqua Mortimer. Et peut-être que faire ce que demande ce message en est une autre… Mais…

Il fixa Harry qui le regardait d'entre ses bras croisés sur son visage.

-Ça pourrait être le seul moyen ? Proposa celui-ci d'une petite voix hésitante. Mais Desclare ne voudra jamais me laisser sortir de la Réserve. Je vais devoir désobéir. Déserter vraiment cette fois-ci…

-Si ça marche il comprendra. Mieux vaut un Harry capable de parler à son dragon qu'un Harry qui est resté mais qui ne lui est d'aucune utilité. Tu sais qu'il est pragmatique. C'est la peur d'un assassinat ou du Vol soudain de Talath qui le faisait te clouer ici, mais si tu restes dans cet état, Talath pourra voler, mais elle sera incontrôlable – sans rien pour l'ancrer à la Réserve. Alors non seulement il est probable qu'elle s'empiffre et soit trop lourde pour faire un Vol décent, mais en plus elle pourrait encourager plus que nécessaire les bronzes à s'affronter, voir même à s'entretuer. Une femelle dragon qui a ses chaleurs, c'est cruel et féroce, Harry. Notre job, à nous, leurs maîtres, c'est de les juguler. Alors je peux t'assurer que Desclare comprendra quand tu auras retrouvé tes pouvoirs.

-Alors tu crois qu'il faut que j'y aille ?

-JE crois qu'il faut qu'ON y aille. Hors de question de te laisser y aller tout seul. Ton mystérieux correspondant est fou s'il croit que tu vas venir seul.

-Il l'a spécifié…

-Et il t'a aussi envoyé un message anonyme complétement foireux. De toute façon, c'est soit je t'accompagne, soit je te ligote comme un saucisson à un de ces lits. J'ai appris le bondage dans un livre, durant mon temps libre. Tu serais un excellent sujet pour m'entrainer.

Harry ne savait pas ce qu'était le bondage mais il était sûr et certain qu'il n'avait pas envie d'essayer. Pas avec Mortimer en tout cas.

-Et Reyn ?

-Quoi Reyn ?

-Il va être d'accord pour que tu prennes un tel risque ? Après tout on ne sait pas ce qui nous attend de l'autre côté du portoloin.

-Pourquoi diable je mettrais Reyn au courant de ça ? C'est mon petit copain, pas ma mère. Je fais encore ce que je veux. En plus, en le mettant au courant, je risque de l'entrainer avec moi pour complicité à un déserteur.

Harry ouvrit de grands yeux effarés, il n'y avait même pas pensé :

-Je ne peux pas te laisser m'aider !

-C'est trop tard Harry, à partir du moment où tu m'as montré ce parchemin et que j'ai décidé de ne pas en aviser le Gérant, je suis complice. Ne t'en fait pas, je m'en sortirais.

Mortimer balaya d'un geste de la main toutes les possibles sanctions qui pourraient lui tomber dessus et le brun eut l'impression de le comprendre un peu plus : de toute évidence, guérir et aider les gens étaient plus qu'un simple hobby à côté de ses devoirs de chevaliers. C'était quelqu'un de généreux, tout simplement, et Harry se sentait très reconnaissant envers le sort pour l'avoir mis sur sa route.

Il hocha de la tête pour lui dire qu'il comprenait.

-Ils n'ont pas besoin de savoir que tu m'as aidé après tout ? Ajouta-t-il. Je vais écrire une lettre pour Desclare et je dirais que j'ai tout fait de mon propre chef. Je ne veux vraiment pas t'impliquer dans mes ennuis.

Mortimer lui adressa un grand sourire et vint lentement jusqu'à lui pour mettre un genou à terre :

-Je jure d'honorer et de respecter mon Seigneur.

Harry le fixa avec perplexité un petit moment, reconnaissant là un morceau du serment fait par les nouveaux chevaliers pendant la cérémonie de l'Investiture.

-Tu sais ce que ça signifie, Harry ? Continua Mortimer en relevant le visage vers lui. Cela veut dire que chacun d'entre nous s'interposera entre le danger et toi. Et, franchement, je suis très heureux que ce soit pour un garçon comme toi.

-Un garçon qui ne pose que des problèmes ? Je ne suis pas sûr de le mériter…

-Un garçon qui s'investit, se questionne, questionne les autres et cherche le bien et ce qui est juste autour de lui. Tes défauts sont secondaires pour moi. Tu ne seras jamais parfait de toute façon. Personne ne l'est, à part peut-être les gens ennuyeux à qui rien n'arrive.

Mortimer se releva à ce moment-là.

-Et tu n'es pas de ces personnes ennuyeuses à qui rien n'arrive. Alors va discrètement préparer un sac, des vêtements chauds, et on se retrouve ce soir à 23h30 dans l'Aire d'Eclosion.

Harry fit aussitôt un salut militaire en prenant une expression très sérieuse :

-Chef ! Oui Chef !

Il sauta à bas du lit et couru vers la sortie. Avant de fermer la porte, il se retourna une dernière fois vers l'homme et le remercia chaleureusement.

Il ne savait pas bien ce qu'il était en train de faire, probablement de trahir la Réserve et ses amis en s'enfuyant de nouveau, mais, au moins, il n'était pas seul cette fois-là.

-D-

L'après-midi passa de façon atrocement lente. Harry resta principalement dans ses appartements pour éviter toutes les personnes qui pourraient deviner que quelque chose clochait chez lui.

Mais il y avait aussi quelque chose qu'il tenait absolument à faire avant de partir rejoindre Mortimer, et cela l'angoissait énormément. C'était cette chose qui faisait que chaque mouvement de trotteuse sur le cadran de l'horloge semblait être retardé… Cette chose qui le faisait mordiller ses ongles en restant assis sur son canapé, une grosse veste fourrée et son sac à dos cachés derrière un panier. N'ayant aucune fenêtre, il ne pouvait pas voir la lumière décliner, mais il avait toujours su quand le crépuscule faisait son apparition – comme un changement d'odeur dans l'air. Restant à l'écoute, il attendit impatiemment que la nuit tombe complétement, puis, assez sûr que personne ne viendrait le déranger, il se faufila discrètement avec ses affaires jusqu'au bout du couloir central de ses appartements.

Jusqu'à l'ouverture qui menait à la caverne de Talath.

Avalant douloureusement sa salive, il prit une profonde respiration, puis passa le rideau.

Son cœur sembla fondre en un amas gélatineux quand il trouva sa beauté dorée roulée en boule dans son trou, son torse s'élevant et s'abaissant au rythme de sa respiration profonde.

Il inspira très fort pour gouter à nouveau à cette caractéristique odeur d'allumette grattée qu'avait le souffle des dragons et ne put s'empêcher de l'approcher pour pouvoir la toucher.

Quand elle dormait, elle n'était pas facile à réveiller.

Normalement.

Harry fit presque un bond quand elle dressa brusquement la tête, ses yeux jaunes d'anxiété se vrillant sur lui comme ceux d'un serpent dérangé. Les iris se mirent aussitôt à miroiter, le bleu envahissant comme une vague son regard. Bleu pétillant de plaisir et de joie. D'amour.

La gorge d'Harry se noua, et alors la confusion envahit les traits de Talath alors que le jaune revenait prendre sa place et qu'elle tendait le cou vers lui.

Harry vint prendre son museau dans ses bras avec ferveur, des larmes de désespoir coulant sur ses joues.

-Je ne peux pas t'entendre mon Cœur.

Le souffle de Talath se figea un moment, puis reprit alors qu'elle poussait son museau contre lui, comme en quête d'une réponse dans son odeur ou dans son toucher.

-Je suis si désolé, tellement désolé… Tout ça c'est ma faute, mais je jure que je vais tout faire pour pouvoir t'entendre à nouveau… Alors si je pars aujourd'hui, ce n'est pas pour t'abandonner, tu dois me croire Talath, je reviendrais. Je REVIENDRAIS. C'est promis… Je sais que toi tu m'entends en ce moment. Alors ne perds pas espoir… Ne me laisse pas tout seul… Tout seul dans ce monde car j'ai encore besoin de toi. Je ne peux plus communiquer avec toi, c'est vrai, mais tout le monde m'a assuré que nous étions encore liés. Et que tu le sens… Alors tant que ce lien sera là… Talath, je t'en supplie. Attends-moi.

Il avait posé son front sur la base de son museau alors que les yeux de Talath se fermaient avec lourdeur, comme si elle cherchait elle-même à chasser des larmes. Les dragons ne pouvaient pas pleurer. Mais tout dans son allure montrait qu'elle était en train de lui parler aussi, de lui dire des choses qu'il aurait eu besoin d'entendre pour se sentir plus fort, pour affronter cette nouvelle épreuve avec confiance et courage.

-Tu me manques tellement… Honnêtement je ne pensais pas que ce serait possible.

Le museau doré se décala pour venir frotter sa joue et essuyer les sillons salés qui la parcouraient.

A regret, songeant brusquement aux minutes qui passaient et au temps qu'il lui faudrait pour rejoindre en secret l'Aire d'Eclosion, il se força à se détacher.

Elle tenta de le suivre dans son mouvement, mais il plaça ses bras en bouclier devant lui. Voyant qu'elle renonçait à le retenir, il sortit un parchemin roulé de sa poche et le déposa devant elle :

-C'est une lettre pour Desclare, lui expliquant ce que je fais. Dedans je dis que je fais tout ça tout seul, mais c'est faux. Mortimer m'aide, alors si tu veux des nouvelles de moi, tu n'auras qu'à demander à Hellth demain matin. Je sais que tu n'aimes pas trop discuter avec les vertes, mais c'est pour la bonne cause, hein ?

Il tenta de rire, il tenta un sourire, mais il échoua lamentablement aux deux et finit par se dire que la meilleure chose à faire était encore de s'enfuir loin d'ici avant de craquer et de ne plus pouvoir bouger.

Retenant difficilement ses sanglots, il baissa la tête et fonça vers la sortie de la caverne en sentant très bien, tout le long, le regard jeune pâle de sa dragonne sur lui.

Ce ne fut qu'une fois dans l'herbe haute de la cuvette et sous sa cape d'invisibilité qu'il se permit de pleurer tout son saoul en prenant le chemin de l'Aire d'Eclosion, de l'autre côté du volcan.

Il savait que ce serait difficile de l'avoir devant lui et de ne pas pouvoir interagir avec elle. Encore s'estimait-il heureux de ne pas avoir eu affaire à une crise de panique ou un accès de colère de sa part.

Mais cela pourrait venir, à force. S'il continuait à la laisser comme ça.

Sans compter ce pauvre Moineau, victime collatérale de tout ce bazar.

Arrivant face à l'ouverture immense de la grotte, il se laissa un instant pour essuyer ses larmes et se reprendre. Il ne pouvait pas se montrer à Mortimer comme ça. En fait, il ne pouvait se montrer comme ça à personne, si ce n'était Talath. Quel leader ferait-il si on l'apercevait dans un tel état de faiblesse ?

Ça, c'était bien une chose qui n'avait pas changé depuis Poudlard. On attendait beaucoup de lui, et parfois, il avait l'impression que c'était trop, qu'il n'avait ni la force, ni les épaules pour ça. Mais la plupart du temps, il devait avouer qu'il aimait cela. Il avait besoin qu'on compte sur lui parce que c'était une position qui ne le plaçait pas à l'écart, bien au contraire, cela le plaçait au centre de tous les gens et de toute l'agitation. Il se sentait alors vivant et utile, loin de ce qu'avait été son enfance avec les Dursley, seul et ignoré de tous.

Et c'était pour ces moments qu'il tenait bon, qu'il chassait les traces de son chagrin et qu'il redressait le dos en laissant derrière lui ses peurs et ses hésitations.

-Je suis là, Mortimer, fit-il en s'approchant de l'homme qui l'attendait, assis sur la première rangé des gradins destinés aux spectateurs.

-Tu n'as pas eu de problèmes pour venir ? Demanda ce dernier en sautant à terre.

-Non, aucuns, répondit Harry en finissait de cacher sa cape d'invisibilité dans son sac à dos. Prêt pour partir à l'aventure ?

-Prêt pour tomber sur un beau mec !

-Tu n'es pas en couple ?

-Toucher avec les yeux, ce n'est pas tromper ! Répliqua joyeusement Mortimer en rajustant néanmoins un holster de poitrine où se trouvait son arme personnelle : une longue dague.

Harry préféra ne rien répondre, sachant très bien qu'il essayait de détendre l'atmosphère et sortit la capsule de bière pour la lui tendre.

Sa montre indiquait vingt-trois heures cinquante.

Mortimer attrapa à deux doigts le portoloin, gardant une main sur son arme pour pouvoir la dégainer le plus rapidement possible en cas d'attaque à l'arrivée.

-Tout se passera bien, souffla t'il néanmoins.

Harry hocha vivement de la tête, cherchant en lui-même ce qu'il pourrait faire s'ils étaient effectivement attaqués.

-Il n'y a pas de raison.

Puis il eut le silence, et l'attente du moment où minuit les arracherait de la Réserve.

Ce qui n'aidait pas, c'était que c'était le premier portoloin d'Harry, il n'avait pas la moindre idée de comment ça fonctionnait. Mais ça ne pouvait pas être pire que la poudre de cheminette…

C'était PIRE que la poudre de cheminette.

Quand ses pieds retouchèrent le sol il trébucha et s'étala lamentablement par terre avec une horrible nausée au bord des lèvres. Pendant un bref moment, il avait même cru que ce truc n'était pas un portoloin mais un redoutable artefact ayant pour but de le tuer avec le plus de souffrance possible.

Mortimer gémit à côté de lui, apparemment lui aussi bien barbouillé par le voyage.

-Je préfère définitivement voler à dos de dragon…

Harry tenta de se reprendre rapidement, ils étaient dans une espèce de grotte à première vue, même si la terre sous ses mains semblait bizarre… Trop lisse.

Il s'extirpa d'un pas encore vacillant de cet espace, et subit un choc qui le fit se retenir aussitôt aux parois.

Sous la lune presque pleine s'étalait devant lui le flanc d'une montagne recouvert de gigantesques squelettes de dragons dont les os blancs ressortaient atrocement dans l'obscurité. Mais ce n'était pas juste l'horreur de voir réunis autant de dragons morts : c'était surtout de voir sous ses yeux une de ses visions.

Le miroir d'obsidienne lui avait montré exactement cette scène. Il lui avait définitivement montré l'avenir.

Il fit quelques pas et se retourna, découvrant que ce qu'il avait pris pour une grotte était en fait l'intérieur d'un crane immense, gueule grande ouverte.

Et tout au-dessus, sur le point culminant de la montagne, se trouvait un château massif et sombre.

-C'est le château de Nurmengard, siffla Mortimer qui l'avait rejoint avec un air peu rassuré. C'est ici qu'a eu lieu la dernière grande bataille contre Grindelwald. Ce sont le Champs de la Désolation. Cet endroit est maudit et ne doit être approché de personne !

Harry commença légèrement à paniquer, contaminé par l'effroi de son compagnon, quand une voix cassante et très familière retentit :

-C'est justement ce qu'il y a d'utile avec les lieux soi-disant maudit, c'est qu'on peut y être tranquille ! Et je vois que vous êtes toujours incapable de suivre une directive correctement Potter. Je vous avais dit de venir seul !

Harry tourna vivement la tête vers l'homme qui était apparu près d'eux, se plaçant légèrement devant Mortimer qui commençait déjà à sortir son arme.

-Rogue !?

Le sorcier eut un léger sourire narquois.

-En personne.

A suivre…

Ouiii le retour de la menace des cachooots ! Je ne pouvais PAS écrire une « cinquième » année sans intégrer Rogue. Je pense que certains devineront ce qui va suivre du coup ! Je vous dis donc à mercredi prochain !