Mot de l'auteur :Bonjour tout le monde ! Ce chapitre a eu un retard mooonnnstre, je suis tellement désolé ! Mais vous verrez, il est long. Pour le poster le plus tôt possible, je vais faire l'impasse sur les réponses aux commentaires, mais je répondrais aux questions demain. Je remercie donc très chaleureusement tous ceux qui m'ont laissé un petit mot, ils sont toujours très appréciés. J'espère que ce chapitre vous plaira !


-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE-

Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich

Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -

Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)

Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade)
River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze)
Cyan (dragon bronze)
O'Connel (dragon bronze)
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)
Damian (dragon brun Emlith)
Reyn (dragon brun)
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -

Candidats : Dennis Crivey

-CHATEAU DE NURMENGARD-

Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-

-ORDRE DU PHENIX-

Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley

-CHATEAU DE POUDLARD-

George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley


Chapitre 36 : L'Ombre dans Harry

-Allez-y, l'encouragea Rogue.

Il devait recommencer tout doucement, procéder par le début. Invoquant tout ce qu'était Talath – son vrai nom- il sentit avec plaisir le flux de magie venir à lui et ce sans aucun déchirement sanglant de la part de son esprit.

-Lux, souffla t'il.

Il entendit le mot être déformé par l'ajout du pouvoir de sa dragonne et une boule de lumière blanche apparut entre ses mains.

Il inspira brusquement, l'enthousiasme et l'ivresse de la victoire le gagnant tout entier alors qu'il avait REUSSI. Il avait PUTAIN de réussi à réutiliser un mot de Pouvoir. Il avait vaincu ce que lui avait fait cette salope de Dame Blanche !

Oh comme il aimerait tellement à cet instant l'avoir devant lui pour la narguer, lui renvoyer son échec en pleine face ! « Tu as essayé ! Eh bien voila ! J'ai survécu, je me suis accroché et je vais te faire la peau ! » Après plusieurs mois de galère sans nom, il s'en sortait enfin !

Bien sûr il était obligé d'exulter dans sa tête parce que Rogue n'était pas un très grand admirateur des adolescents trop sûr d'eux…. Et puis, il restait un problème majeur.

Il fit disparaitre l'orbe lumineuse d'un mouvement de la main et jeta un regard contrit à l'homme devant lui.

-Ça fonctionne, fit Rogue. On dirait que la blessure mentale a été résorbée.

-Mais pourquoi je ne communique toujours pas avec Talath ? Si j'utilise son nom, ça veut dire que nous sommes liés, que le lien est à nouveau là, mais…

-Je ne pense pas un instant que votre lien vous ait jamais quitté, le coupa l'homme. Y accéder était juste difficile. Parce qu'il y avait une blessure béante dans votre esprit d'abord – ça nous l'avons réglé. Ensuite vous avez délibérément à un moment placé un mur entre les dragons et vous, mais ça je pense aussi que c'est réglé…

Il soupira profondément en passant une main dans sa nuque, l'air vraiment dérangé d'avoir cette conversation. Harry savait de quoi il parlait. Le Vol. Ce putain de Vol.

-Ouais… C'est une sorte de résignation. Il faut prendre les dragons avec tout ce qu'ils sont, pas juste ce qui me plait ou m'arrange, cracha Harry.

Il détestait que Rogue le regarde avec souci comme il le faisait en ce moment.

-Ca ne me semble pas normal, finit par dire l'homme. On devrait pouvoir faire quelque chose pour vous… Pas juste…

-STOP professeur, l'arrêta Harry. C'est tout à votre honneur, vraiment, mais vous n'auriez jamais dû l'apprendre. Ça, c'est juste des affaires de chevalier dragon et ça doit rester dans la Réserve. C'est… Vous ne pouvez pas comprendre. Il faut avoir marqué un dragon pour comprendre. Et c'est la voie que j'ai choisi, de mon propre gré. Me livrer tout entier à Talath. Comme elle se livre tout entier à moi. Aussi grande, puissante soit-elle, c'est à mes ordres, à mes passions et à mes caprices qu'elle obéit. A moi petit sorcier tout faible. Alors, mon corps, ma vie sexuelle ou amoureuse… C'est quelque chose que je peux et dois mettre en second plan.

-Vous avez raison, je ne comprends pas. Je ne vois que, vous, jeune garçon non majeur, vierge, devenu l'objet de la concupiscence de tout un groupe d'hommes pour des raisons toutes discutables – que ce soit un moyen d'obtenir le pouvoir, ou par désir pour votre personne –et je n'arrive pas à croire que depuis toutes ces années, nous soutenions ce genre de chose par ignorance. Qu'une partie de mes impôts cautionne ce système et je suis tout à fait incapable de penser aux Dames de la Réserve que je connais sans me dire qu'elles n'ont pas choisi l'homme à leur côté mais qu'elles n'ont pas d'autres choix que de sourire et de se taire. Et je ne sais même pas comment je vais pouvoir assumer de mentir à Sirius quand vous serez pareillement apparié. Quand vous serez de retour à la Réserve je me demanderais tous les jours si ce Vol est arrivé, et comment vous le vivez.

Harry resta un instant muet face à cette déclaration si honnête. Il ne s'attendait pas à ce que Rogue se livre de cette façon. Bien sûr, sa réaction était probablement la raison pour laquelle les Réserves cachaient tout cela, mais il était vraiment touché.

-Vous serez inquiet pour moi ? Demanda-t-il avec un demi-sourire.

-Evidemment, enfant, et je maudis déjà l'homme qui vous fera du mal.

-Peut-être pas… Souffla doucement Harry comme en une prière timide. Peut-être qu'il sera bon avec moi…

Rogue n'avait pas l'air optimiste, il avait l'air préoccupé. Il se détourna avec son habituel mouvement de robe de sorcier.

-Quoiqu'il en soit, vous avez abattu ce mur mental. Ce n'est donc plus ce qui vous cause des interférences avec votre lien. Qu'en est-il de vos incursions dans l'esprit du Seigneur des Ténèbres et de son serpent ? D'autres cauchemars ?

Harry haussa des épaules.

-Je n'y arrive pas sur demande. C'est tellement bizarre. On dirait que ça n'arrive que lorsque Volde… Enfin, Lui, est sous l'emprise de fortes émotions comme la joie ou la violence. Je n'explique pas le serpent. Quoiqu'il en soit ça me donne toujours l'impression qu'on me plante un pieu dans ma cicatrice. J'avais arrêté de ressentir ça avec Talath.

-De bons occlumens ces dragons… Marmonna Rogue.

-Vous pensez que c'est à cause de ça que je n'ai toujours pas accès à l'esprit de Talath ?

-Non, fut la réponse abrupte que Harry reçut. Mais je ne peux pas faire ça à votre place. Je n'ai plus rien à vous apprendre. Le reste, vous devez le faire de vous-même. Vous savez que quelque chose cloche. Réfléchissez. A ce que vous êtes. Et vous comprendrez.

-Mais vous, vous le savez ! L'accusa Harry. Alors pourquoi ne pas me le dire ?!

-C'est une supposition de ma part. Quelque chose que vous devez réaliser.

Rogue pointa un doigt pour toucher la poitrine de Harry et continua :

-Vous savez que vous n'êtes pas tout seul, là.

Et sur cette affirmation sibylline, il le laissa.

Harry eut alors tout loisir de retourner ce qu'il lui avait dit dans tous les sens, errant dans un couloir de la forteresse alors qu'il n'avait rien à faire. Remus avait déménagé au QG de l'Ordre depuis l'attaque de Arthur Weasley et leurs conversations commençaient déjà à manquer à Harry. Même si, pour être honnête, plus que d'avoir le loup-garou comme compagnie, il aurait aimé rentrer à la Réserve.

Il s'assit dans le renfoncement d'une grande fenêtre et observa avec monotonie la neige tomber sur les versants des montagnes, recouvrir d'une fine couches les squelettes en contrebas.

Seigneur, ces squelettes, il ne s'y ferait jamais. Il avait beau se dire que tout le monde finissait ainsi, en un assemblement de minéral de calcium, il avait l'impression de pouvoir palper la souffrance des dragons blessés mortellement, chutant jusqu'au sol pour se briser un peu plus, leur chevalier déchiré par l'angoisse et le chagrin. S'ils étaient seulement encore en vie, sinon la lente agonie des dragons qui n'arrivaient pas à transplaner pour se tuer dans l'obscurité glaciale de l'Entre Deux.

Il savait que tout ça l'attendait, aussi sûr qu'il avait vu ces ossements dans sa vision, il verrait de ses propres yeux la bataille qui ferait à nouveau tant de victimes.

Les visions du Miroir d'Obsidienne semblaient du genre impossible à prévoir et à contrer. Comment aurait-il pu savoir que le portoloin l'amènerait ici ? Alors comment savoir ce qui amènerait à cette bataille ? Avec un rire d'autodérision, Harry songea qu'il aurait dû avoir ses premiers cours de divination en troisième année. Il l'avait choisi en option au milieu de toute la liste parce que Ron lui avait dit que c'était un cours facile ! Quelle connerie ! Néanmoins, si ça pouvait l'aider, il se réservait un moment dans son futur pour rendre visite au professeur de divination de Poudlard.

Même si Ron et Hermione pensaient qu'il s'agissait de la plus grosse escroquerie de l'Histoire.

De toute façon, il n'avait pas d'autre choix que de se pencher sur tout ce que lui avait appris, et le miroir, et la Dame Blanche. A commencer par ces foutues prophéties à son sujet.

Quand le soleil fut suffisamment haut pour que Sirius soit réveillé et préparé, il rejoignit le salon où il avait l'habitude d'éplucher la presse et quelques vieux bouquins – à la fois pour connaitre la situation de la guerre, mais aussi pour chercher une échappatoire à sa situation juridique d'évadé de prison qui le privait de baguette légitime et de tout son héritage.

Ce fut cependant avec une lettre dépliée sous ses yeux que Harry le trouva, l'air plutôt mécontent. Harry piocha une pomme dans une coupe de fruit, la frotta machinalement contre sa manche avant de croquer dedans et de l'interroger :

-Tu as reçu de mauvaises nouvelles ?

Sirius eut sa ride entre les sourcils – une ride qu'Harry commençait à considérer comme lui appartenant. Celle qu'il avait toujours quand il parlait de son retour à la Réserve.

-Eh bien… Ça dépend…

Il avait l'air réticent et Harry s'assit sur l'accoudoir d'un divan lui faisant face, continuant à grignoter son fruit jusqu'à ce que l'homme se décide.

-C'est de Molly Weasley, finit par marmonner son parrain. Elle voudrait t'inviter à passer Noël avec eux au Square Grimmaurd. Les enfants en seraient ravis apparemment et moi et Severus, sommes bien évidemment le bienvenue si nous souhaitons éventuellement nous joindre à vous…

Il grogna presque les derniers mots et Harry ne put s'empêcher de regarder les décorations qu'ils avaient déjà installées dans la pièce. Leur plan initial était de le faire ici, à trois. Rogue avait accepté de faire le repas et Harry s'était proposé pour le dessert. Cela le fit se sentir plutôt déchiré.

Voulait-il d'un noël privé, juste entre eux, ou bien pouvait-il en profiter pour passer du temps avec ses amis de Poudlard ? Dans les deux cas cette opportunité serait sûrement la dernière.

Sirius était néanmoins en proie à des tourments légèrement différents :

-Tu vois comment elle formule ça ? Comme si je pourrais ne pas passer Noël avec toi ? Comme si eux étaient plus ta famille que moi ? « Eventuellement nous joindre à vous » ! Ah ! Non mais quel toupet ! Dans MA maison en plus ! M'inviter dans MA maison !

-Je suis certain qu'elle ne pensait pas à mal… Tenta Harry.

-Tu ne sais pas Harry, elle n'est pas contente de la situation. Toi avec moi et Severus, ici, dans ce château. Remus m'a dit qu'elle avait demandé à Dumbledore de régler ce problème… Comme si le directeur avait un quelconque droit sur toi ou sur moi ! Elle ne m'aime pas. Elle pense que je vais t'embarquer dans des choses dangereuses, et en plus elle n'approuve pas du tout mon mariage avec Severus.

-Je n'ai pas besoin de toi pour faire des choses dangereuses, ricana Harry en jetant son trognon dans une poubelle. Et pour ton mariage… Je ne vois pas en quoi ça la regarde.

-Voilà ! Approuva vigoureusement Sirius en agitant violemment la lettre.

Plus sérieusement, Harry le fixa :

-Si tu ne veux pas y aller, on fera ça ici, comme on avait prévu de le faire.

L'homme poussa un profond soupir en laissant le parchemin retomber sur une table basse devant lui.

-Je ne veux pas te priver de tes amis juste parce qu'il y a une femme sans gêne dans les parages. Et puis il y aura Remus, et Severus aura une bonne excuse pour s'éclipser discrètement et ne pas participer à ce qu'il considère comme une mascarade commerciale.

-Moi j'espère juste que Dumbledore restera à Poudlard… Songea Harry à voix haute tout en remarquant pour la première fois la Une de la Gazette du Sorcier qui montrait justement le directeur de l'école en train de sortir d'une session du Magenmagot en compagnie du Ministre Fudge.

Et, un peu derrière eux, Lucius Malefoy.

-D-

Une nouvelle veste en cuir, un collier en lacet avec un pendentif de plume, deux énormes livres, dont l'un sur les célèbres Dames de Réserve, un autre sur la Défense magique appliquée et son usage contre les Forces du Mal, une énorme boite de Dragées surprises et l'inévitable pull de Molly : voilà tout ce qu'il y avait sur le lit d'Harry au milieu de plusieurs cadavres de papier cadeau.

Enfin, presque tout : il avait immédiatement caché sous son matelas un magazine de pornographie gay accompagné d'une petite note « Pour que tu puisses en trouver un à ton goût. » Signé bien évidemment de Mortimer.

S'il l'avait dans un premier temps maudit, il aurait été malhonnête de dire qu'il ne l'avait pas feuilleté avec intérêt avant de le cacher. Et qu'il ne le regarderait pas à nouveau ce soir.

C'était, avec le collier offert par Charlie, les seuls présents venant de la Réserve. Il ne s'y attendait même pas à vrai dire. De son groupe d'ami, seul Damian avait commencé à recevoir une solde. A 4 mornilles la semaine, la solde d'un chevalier en début de carrière, il fallait économiser pas mal pour pouvoir s'offrir quelque chose.

Quoiqu'il en soit, il se sentait parfaitement comblé par ses cadeaux de Noël.

Il espérait avoir fait des heureux avec ses propres cadeaux. Il avait même demandé à Rogue de faire un retrait important dans les coffres des Potter afin d'offrir un nouveau bijou à Talath. Stevens désapprouverait totalement, mais cela faisait trop longtemps qu'Harry n'avait rien ajouté au trésor officieux de sa dragonne.

Il sourit mélancoliquement en pensant à elle.

Bientôt il serait à nouveau à ses côtés : il y croyait dur comme fer.

Songeant à la longue journée qui les attendait, Harry rangea tous ce qui avait lieu d'être, et sauta de son lit pour se préparer, s'assurant bien de porter le collier de Charlie et la superbe veste qui n'était autre que le cadeau de Sirius et apparemment aussi de Rogue (Même s'il n'avait pas signé la carte).

-Joyeux Noël ! Entonna-t-il joyeusement en pénétrant dans la cuisine.

Il eut droit à une vraie réponse de son parrain, assorti d'une embrassade, et d'un grognement dédaigneux de Rogue qui épluchait la Gazette du Sorcier version Festive.

Il suffisait de voir que la Une était au sujet du Chœur Gobelin de Chant de Noël pour savoir qu'il ne devait rien y avoir de très intéressant à lire. Harry préféra se jeter sur les restes de bûche aux marrons qu'ils avaient servis au réveillon. Ce n'était pas très raisonnable sachant que le repas de Noël risquait d'être copieux avec Molly aux commandes, mais Harry se jura de faire le double d'entrainement durant une semaine pour brûler les graisses excédentaires.

-A quelle heure déjà doit-on être au QG ? Demanda-t-il avec excitation, pressé de revoir ses amis.

-Pas avant midi, fit Sirius en posant sa tasse de café et Harry remarqua alors qu'il avait de petits yeux. Les Weasley iront d'abord rendre visite à Arthur avant de rentrer pour manger.

-Tu as mal dormi cette nuit ? S'inquiéta Harry. C'est cette histoire avec Molly qui te met dans cet état ?

Sirius émit un petit son étranglé, la courbe de ses lèvres se plissant en un mélange de lignes embarrassée et amusée. A voir la façon dont les mains de Rogue se crispèrent sur le pauvre journal, Harry regretta aussitôt sa question.

-Okay. Pas mal dormi. PEU dormi, c'est ça ? J'ai encore raté une occasion de me taire.

C'était si embarrassant ! Harry replongea dans son petit déjeuner pour mieux se faire oublier et se maudire intérieurement. Il n'était juste toujours pas habitué à vivre avec un couple ayant une vraie vie sexuelle. Surtout en s'immisçant lors d'une période où ils auraient juste dû être eux deux, sans un adolescent maladroit dans les pattes.

-Mais ta sollicitude est appréciée, s'empressa d'affirmer Sirius. Et je suis assez alerte pour un cours matinal si ça te dis… Je sens que tu n'es pas très loin de former un patronus ! Ce serait une belle réussite pour ce jour de Noël !

Bien sûr, Harry était loin de créer un patronus dit « corporel », ayant l'apparence d'un animal, mais à la fin de la séance, il produisait une brume blanchâtre tout à fait honorable. Il était difficile de savoir ce qu'elle vaudrait face à un détraqueur, mais il avait réussi à envoyer de court message à Rogue qui se trouvait à un étage inférieur.

En retour, il avait pu voir un magnifique patronus de chien les invectiver, Sirius et lui, d'arrêter de l'embêter avec leurs gamineries. A ce moment, Sirius prit des couleurs sur les joues, et Harry le crut en colère, mais il semblait qu'il n'en était rien, bien au contraire.

-C'est un chien, expliqua t'il à Harry en tentant de contrôler un grand sourire idiot.

-J'ai vu, et alors ? C'est important la forme animale que le patronus prend ?

-La forme dépend du souvenir heureux qui est utilisé….

Il n'alla pas plus loin, les yeux rêveurs, et Harry retourna son attention sur la baguette d'Aubepine, se demandant quelle forme prendrait le sien. Son plus fort souvenir était la première fois qu'il avait volé avec Talath. Mais un patronus dragon serait un peu… Exagéré… Et légèrement superflu.

Ils arrêtèrent l'entrainement quelques minutes avant l'heure du départ et rejoignirent Rogue qui les attendait dans le hall pour transplaner. Mais avant cela, l'homme lui tendit un morceau de papier et lui demanda de retenir l'adresse indiquée.

-La Maison est protégé par un Gardien du Secret, expliqua Sirius. Seul lui – ou un mot de lui peut te permettre d'entrer.

Harry fronça le nez face aux boucles travaillées qui formaient « Le quartier général de l'Ordre du Phénix se trouve au 12, square Grimmaurd, Londres. ».

-C'est l'écriture de Dumbledore, leur fit-il remarquer, ne s'attirant qu'une réponse positive.

L'Ombre s'agita en Harry et il dût presque se retenir de lui dire « oui oui, je sais… ». A la place il prit avec une expression désabusée la main que lui tendait Rogue et se laissa emporter dans la tempête du sort de transplanage.

Tout en se disant que, décidemment, Dumbledore jouait un jeu déroutant.

Pourquoi avait-il généralement l'impression que l'homme ne protégeait pas les bonnes choses ?

-D-

L'arrivée d'Harry à Square Grimmaurd ressembla un peu à un ensemble flou de visages, de présentations et de vieux murs décorés de guirlande en sapin.

C'était comme si tous les membres s'étaient réunis en entendant qu'Harry allait venir, et, plus dérangeant, comme s'ils considéraient qu'il faisait déjà parti des leurs. Ce fut Nymphadora Tonks qui le libéra de cette pression en venant trébucher sur un meuble et en s'écroulant presque sur Sirius avec un grand sourire. Elle avait dû faire quelque chose à ses cheveux, puisqu'ils étaient à présent longs et rouges.

-Bonjour Cousin, fit-elle en se redressant. Et Joyeux Noël.

-Joyeux Noël Nymph', il faut vraiment que tu déplaces ce porte parapluie.

Un rire musical lui répondit et elle balança la main devant elle comme pour chasser une mouche.

-Non, c'est encore pire quand je le fais, et Kreattur n'arrête pas de le remettre à sa place. C'est ma maladresse qu'il faudrait déplacer à ce stade !

Elle adressa alors à Harry un grand sourire.

-Vous êtes cousins ? S'étonna ce dernier en cherchant des traits de ressemblances entre eux.

Et à réfléchir, il y avait cette espèce de charme désuet et un peu ténébreux qui s'échappait d'eux deux, comme des personnages tout droit sorti d'un roman gothique de l'époque victorienne.

-Pas cousin germain, répondit Sirius. Je ne sais pas si vous avez déjà été présenté, mais voici Nymphadora Tonks. Il s'agit de la fille d'une de mes cousines.

-On s'est croisé, répondit Harry en lui tendant la main.

-Ceux qui veulent être mes amis m'appellent Tonks, répondit-elle en lui serrant la main. Parce que mon prénom c'est vraiment… (elle fit la grimace) Merci Maman et Papa quoi !

-Les tiens ne sont pas les pires, jeune fille, répliqua gentiment Sirius avant de se tourner vers son filleul : Nymphadora veut dire « Don des Nymphes », elle porte ce nom parce que c'est une métamorphomage.

Pour illustrer les propos de Sirius, la forme de Tonks se brouilla soudainement, les chairs se déplaçant, les couleurs se mélangeant avec rapidité, jusqu'à ce qu'un double de Sirius habillé d'une robe le regarde avec exactement la même expression.

-Wouah ! Lâcha Harry, bouche bée.

-Je croyais qu'on avait dit: Plus d'imitation de Sirius, grogna brusquement Rogue qui avait fini de saluer tout le monde.

Le deuxième Sirius prit alors une allure contrite et se changea pour redevenir la jeune femme aux cheveux rouges.

-Oh allez Professeur Rogue, c'était juste pour rire !

-Quoi ? Que ?! Bégaya Sirius en la fixant désormais avec suspicion : Qu'est-ce que tu as fait à Severus ?

-Ça va, je n'ai pas abusé de ton mari ! Où est donc passé ta fibre de Maraudeur ?!

Sirius s'apprêtait à défendre son honneur mais Rogue le bâillonna d'une main :

-Il a grandi Miss Tonks. Peut-être que vous devriez songer à en faire de même. Quoiqu'il en soit, puis-je savoir où en est notre petite enquête commune ?

Il relâcha la bouche de son époux outré (et n'ayant pas vraiment l'air de quelqu'un ayant grandi) et la jeune femme poussa un profond soupir comme si elle jugeait qu'il était la personne la plus ennuyeuse de la terre.

-Désolé, toujours pas de nouveauté concernant Drago. Pas depuis que j'ai perdu sa trace à Portsmouth. Ce gamin a vraiment tout fait pour effacer son passage. J'ai du mal à croire que quelqu'un comme lui, élevé à la manière des sangs purs, ait pu se retenir d'utiliser la magie aussi longtemps.

Harry qui écoutait voracement leur discussion fut coupé par Sirius qui l'enjoignait à le suivre dans les étages du bâtiment. Avec un peu de déception de ne pas pouvoir entendre la suite, il se hissa à son tour dans l'escalier qui longeait le hall.

-Pourquoi Severus a demandé à Tonks de l'aider à rechercher Malefoy ? Demanda-t-il pour assouvir sa curiosité.

-Parce qu'elle est la seule à vouloir le faire. Aucun autre Auror ne veut se pencher sur ce cas. Parce que déjà, officiellement, il n'y a pas d'enquête, mais aussi parce que les autres de l'Ordre ne voient pas l'intérêt de se fatiguer pour le fils d'un Mangemort avéré.

-Mais pas elle.

-Drago est son cousin germain. Leurs mères à tous les deux sont sœurs même si elles n'ont plus de contact depuis un moment. Mais Andromeda se fait beaucoup de soucis pour sa sœur et son fils. C'est pourquoi Nymphadora ne peut pas rester insensible à cela.

-Malefoy est son cousin… ? Répéta Harry, un peu effaré. Ils ne se ressemblent pas du tout.

Sirius lui adressa un sourire féroce alors qu'il arrivait avec lui sur le deuxième palier :

-Comme je te l'ai dit, les deux familles ne se fréquentent pas. La mère de Drago, Narcissa, est à l'image de cette maison « la Noble et très Ancienne Maison des Black ». Sombre, riche, de la magie noire au plus profond des pores de sa peau. Andromeda est plus comme moi. De toute mes cousines, c'était ma préféré parce qu'elle savait ce qu'elle voulait : en l'occurrence, il s'agissait d'un beau né moldu du nom d'Edward Tonks ! La famille des Black ne l'a alors plus considéré comme une des leurs.

-Charmante famille, commenta Harry alors qu'ils arrivaient devant une porte au nom de son parrain. Ta chambre ?

-Oui, celle que j'avais en tant qu'adolescent. Tu verras qu'elle dénote légèrement du reste de la maison, gloussa Sirius en poussant la porte.

En effet, alors que vert, argent, noir et motifs de serpents formaient le plus gros de la décoration de l'appartement privé, la chambre de Sirius était habillée de rouge : tissu de baldaquin et tapis, mais aussi de posters issu de magazine moldus montrant des femmes en petites tenues et un grand nombre de voitures et motos. Surtout des motos en fait.

-Tu aimais vraiment ça ou c'était pour enrager tes parents ? Demanda Harry avec amusement.

-Quoi ? On ne peut plus joindre l'utile à l'agréable ? Les deux bien sûrs ! La première chose que j'ai fait en tant qu'homme libre – je veux dire quand j'ai été majeur- ca a été de m'acheter une Triumph pour pouvoir me faire des virées avec et la bidouiller pour y rajouter quelques options magiques. Une moto, c'est bien plus confortable qu'un balai pour voler.

-Hagrid a aussi une moto volante.

-En fait, c'est la mienne. Mais je m'occuperais d'en modifier une nouvelle quand je pourrais à nouveau vivre normalement. Les modèles qui sortent maintenant sont bien meilleurs.

-J'espère que tu pourras le faire bientôt, souhaita Harry. Et quand ce sera fait, tu m'amèneras faire un tour, histoire que je te dise si c'est ne serait-ce qu'à moitié aussi bien que voler à dos de dragon !

Sirius posa les mains sur ses hanches, faussement accablé :

-Ah oui, évidemment, si tu mets la barre si haute !

Après ça, comme personne ne les appelait encore pour manger, Sirius continua à lui faire le tour du propriétaire en égrenant les souvenirs parfois amusant, parfois doux amers, souvent quand il en venait à parler de son petit frère. Ils évitèrent soigneusement de réveiller le portrait de Mrs Black dans l'entrée, et finirent finalement dans un salon où était suspendue une grande tapisserie généalogique de la famille.

Harry put repérer les trous brûlés qui représentaient autrefois Sirius et Andromeda, et suivant les lignes, il remonta jusqu'à l'étiquette indiquant Drago Malefoy, puis sa mère, et remarqua alors qu'il y avait apparemment une troisième cousine.

-Tu t'entendais bien avec Bellatrix ?

Un bruit d'étranglement lui répondit au début, comme si Sirius avait essayé de rire et de hurler en même temps.

-Non, Merlin. Cette femme est pire qu'un poison. Heureusement que les hommes et les femmes sont séparés à Azkaban parce que je crois que je n'aurais pas survécu si j'avais dû la côtoyer là-bas.

-Elle a été emprisonnée ?

-Tu n'es pas au courant ? C'est l'une des plus proches adeptes de Tu Sais Qui. Elle, son mari je-sais-plus-quoi Lestrange et Bartemius Croupton Jr ont été ensemble jugé coupable de torture sur ce pauvre Frank Londubat et sa femme Alice. Je les connaissais bien, ils étaient avec nous dans le Premier Ordre du Phénix.

Harry déglutit.

-Les parents de Neville.

-Donc tu vois, ce n'est pas quelqu'un d'appréciable. D'aucune façon. Heureusement, nous sommes à l'abri d'elle tant que les Détraqueurs font leur boulot. Allez, redescendons maintenant, sinon ils vont encore m'accuser de te monopoliser !

Harry ricana face à son ton d'homme désespéré, il jeta néanmoins un dernier regard sur la fresque de noms et de visages avant de le suivre vers la grande cuisine encombrée de gens et de décorations.

-Ah ! Vous voilà enfin ! S'exclama Molly, attrapant affectueusement la tête de Harry pour le diriger dans la direction de sa place à table. Harry, mon chéri, vas donc t'asseoir à côté de Ron. Sirius, je t'ai placé entre Severus et Remus, de l'autre côté. (Puis se tournant vivement) Non George ! Qu'est-ce que fait ce cache-théière sur ta tête ?! Sérieusement !

Retenant son rire, Harry se faufila jusqu'à Ron qui vint poser son poing sur son bras pour attirer son attention :

-Sympa cette boussole de balai pour cadeau, Harry. C'est tellement mieux que ce que m'a offert Hermione.

-Qu'est ce qu'elle t'a offert ?

-Un planning de devoir, répondit-il d'un ton lugubre. Tu y crois ?

-C'est tellement du Hermione tout craché !

Devant eux, Hermione s'installa et Ron lui fit un grand sourire forcé avant de murmurer :

-Je n'ai pas droit de dire que je déteste, n'est-ce pas ?

-J'ai bien peur que la courtoisie élémentaire l'implique, en effet.

Ron poussa un gros soupir résigné.

-Au fait, en parlant de balai… Continua Harry. Comment se passent ces premiers mois en tant que gardien de l'équipe de Gryffondor ?

-Eum… C'est à la fois génial et flippant. Et un peu bizarre parce que maintenant plus de la moitié de l'équipe est de la famille. Ginny au poste d'attrapeur, Fred et George à la batte… Les Serpentards se moquent beaucoup de nous et nous appellent « l'équipe Weasley ».

-Je crois que c'est « l'équipe WeasLAIDS » dans les faits, intervint Ginny en apparaissant presque de nulle part sur la chaise à côté de Harry. Mais ce n'est pas comme si on les avait pas massacrés durant notre premier match, du coup…

Elle battit des paupières sous le couvert de ses cheveux qui tombaient de chaque côté de son visage, semblant le regarder un peu trop à son gout, alors Harry coupa le contact visuel pour observer les personnes qui avaient fini de s'installer et distribuaient les apéritifs.

Tonks s'était assise entre Remus et Hermione, mais son attention semblait presque uniquement portée sur son voisin masculin. Harry la regarda un moment essayer plusieurs poses, rajuster ses cheveux, humecter et mordiller ses lèvres – et ne s'attirer qu'une brève attention légèrement alarmée de la part du troisième Maraudeur.

-C'est moi ou il y a un truc entre Remus et Tonks ? Demanda t'il finalement à Ron et à George.

George roula des yeux tandis que Ron grognait d'amusement.

-Un peu mon neveu, fit le plus âgé. C'est comme ça depuis que Lupin est revenu au QG. Cette pauvre Tonks fait tout ce qu'elle peut – et ça finit souvent en catastrophe d'ailleurs…

Comme pour mieux prouver ses dires, Tonks releva brusquement le coude de la table, soulevant en même temps un pot de fromage blanc d'accompagnement dans lequel elle s'était enfoncée.

-Enfin ! Ma chère ! Soupira Molly qui l'avait remarquée. Venez là que je vous nettoie ça !

Tonks rougit furieusement et s'empressa de filer jusqu'à la doyenne avec son pot de yaourt toujours collé, sous les regards plein de compassion des garçons. Ainsi que Remus qui tentait de faire comme s'il n'avait rien remarqué.

Harry se sentait comme s'il avait envie de lui donner un coup de pied au derrière. Quand il pensait que Remus avait avoué être envieux du mariage de Sirius alors qu'il avait une charmante jeune femme qui n'attendait apparemment que ça à côté de lui !

En plus, elle lui plaisait bien cette Nymphadora Tonks. Elle était si lumineuse de caractère que ça semblait presque indécent de l'ignorer.

-Mais qu'est-ce qu'il lui prend, on voit bien qu'elle est amoureuse de lui ! Râla-t-il. Il pourrait quand même essayer et y mettre un peu du sien ! Pas vrai les gars ?! Demanda t'il en se tournant vivement vers les deux roux.

Mais ces deux derniers étaient en train de le regarder fixement, George très clairement amusé, un sourcil levé d'un air entendu, quand Ron avait l'air légèrement gêné. Puis Harry se rendit compte qu'ils ne faisaient pas que le regarder lui, leurs yeux passaient d'un point à l'autre… Et Harry se retourna pour se rendre compte que Ginny le regardait toujours comme s'il était la chose la plus passionnante de l'Univers, passant coquettement une mèche de cheveux derrière son oreille. Elle ondula légèrement des épaules et rapprocha légèrement sa chaise d'une petite secousse.

-Et toi, Harry… Comment ça va ? Demanda-t-elle pratiquement dans un roucoulement. Tu fais… Beaucoup d'entrainement… ?

Et ses yeux partirent alors se poser un rapide moment sur le reste de son corps, s'accrochant à ses biceps, à son torse et même allant jusqu'à chercher en direction de sous la nappe.

*Et merdeeeeuh…*

Harry réalisa tout d'un coup que le repas allait être particulièrement difficile.

-D-

-Qu'est ce qui ne va pas avec Ginny ? Finit-il par demander à Ron et aux jumeaux une fois sorti de table et s'étant installé avec quelques autres dans l'un des salons.

Il s'était placé de façon à ce qu'un vase horriblement moche le cache, ayant eu le plus grand mal à échapper à la cadette de la famille.

Ses frères poussèrent un soupir en réponse.

-C'est à cause des romans de chevalier qu'elle lit en ce moment, affirma Fred.

-Qu'elle dévore, rectifia Georges.

-Attendez… Quoi ? Les romans de chevaliers ?

Les garçons parurent très étonnés de sa réaction perplexe.

-Non ? Ne me dis pas que, TOI, qui est chevalier, tu ne sais pas ce que sont les romans de chevaliers ?! S'exclama George.

-Eh bien, non, je ne vois pas du tout ce que c'est. Et pourtant je m'occupe des Archives de la Réserve. Donc des livres sur les chevaliers dragons, j'en vois pas mal !

Les jumeaux se fixèrent un petit moment et se mirent à retenir difficilement leurs gloussements malgré l'expression agacée d'Harry. Heureusement, Ron vint à sa rescousse :

-C'est normal que tu connaisses pas, c'est des livres pour FILLES. Des conneries romantiques au sujet d'un chevalier super beau et musclé venant à dos de dragon sauver une fille en situation de détresse. Tombant amoureux et ayant pleins de beaux enfants bla bla bla... Le stéréotype des chevaliers dans toute sa splendeur.

-Ginny ne lit que ça depuis les vacances, ajouta Fred. Et je crois qu'elle s'est mise à fantasmer sur toi.

-Pas qu'elle fantasmait pas déjà sur toi, ajouta George.

-Le toi Survivant.

-Maintenant elle le fait aussi sur le toi Chevalier.

Harry préféra ne rien dire sur le moment. Il était désespéré qu'une telle littérature existe. Il passa une main sur son visage avec un grognement exaspéré.

-On devrait bruler tous ces livres, affirma Ron.

-Brûler quoi ? Fit Hermione qui arrivait près de leur petit groupe, un verre de lait de poule entre les mains.

Adroitement, elle vint aussitôt se faufiler entre les bras de Fred, adressant à Ron un regard de défi :

-Alors, dis-moi, quel livre on devrait brûler ?

Ron avala difficilement sa salive et Harry répondit à sa place :

-Les romans de chevaliers.

-Oh… Commença Hermione d'un air moins assuré. Non. J'avoue qu'il ne sont pas tous très bon, mais toutes les filles lisent ces livres à un moment ou un autre, ça fait partie de notre développement.

-Oh non, pas toi aussi… ? Soupira Harry, peignant deux taches roses sur les joues de la gryffondor.

-Eh bien oui, j'avoue, j'en ai lu pas mal il y a deux ans… Mais ce n'est pas la peine d'en faire tout un drame. C'est juste… Ludique, tu sais ?

George transplana à ce moment précis et Hermione, comme si elle savait déjà ce qu'il allait faire, laissa échapper une injure en levant les yeux au ciel, tirant sur les bras de Fred comme si le punir lui, pourrait agir aussi sur son frère.

Et en effet, George était de retour à sa place, quelques secondes plus tard, un livre dans les mains. Il avait l'expression de quelqu'un qui se trouve génial.

-Je l'ai piqué dans la chambre de Ginny, fit-il en l'ouvrant à une page au hasard.

-Non, sérieusement, les garçons ! Se manifesta Hermione en étant néanmoins arrêté par Fed qui la serra un peu plus contre lui, l'air malicieux.

George fit la sourde oreille et s'éclaircit la gorge pour lire un passage :

Elle détourna son visage, et fut arrêtée par sa main sur sa joue. Que lui arrivait-il ? Cet homme n'avait-il qu'à la toucher pour faire fondre sa volonté ? ».

George ricana tandis qu'Hermione le fusillait désormais du regard.

-Vraiment !

-Attend attend ! Et si on remplaçait tous les prénoms du livre par « Harry » et « Ginny », proposa Fred.

-Hors de question ! Répliqua aussitôt Harry, alarmé.

-« Harry », « Ginny », ça fait un peu répétition, tu trouves pas ? Remarqua George.

-« Oh Harrry montre-moi ton gros dragon… » , « D'accord Ginny, viens donc vérifier à quel point mon baudrier est bien attaché… »…

Fred s'arrêta dans son envolée lyrique, attaqué par Harry qui lui lançait des grains de raisins récupérées dans une coupe. Il tenta de les éviter comme il le pouvait mais Hermione vint en aide à son ami en récupérant les fruits au passage et en les lançant à son tour.

-Harry a raison, vous êtes lourd là, protesta Ron.

Mais George avait continué à feuilleter le roman et se mit tout d'un coup à glousser nerveusement.

-Eh bien eh bien Hermione, c'est que c'est presque interdit au moins de dix-huit ans tout ça ! « Privé de toute raison, il eut quand même la présence d'esprit de la laisser respirer alors qu'il s'enfonçait en elle, transporté par le rythme éternel qui scandait l'union entre un homme et une femme »… Le rythme éternel… ! Répéta t'il en s'étouffant presque de rire alors qu'Hermione était littéralement mortifiée et Ron déconfit.

Harry était juste désabusé – secouant légèrement la tête comme s'il n'osait pas y croire, gobant le raisin qui lui restait comme une alternative d'alcool.

-Ginny lit ces choses ?! Finit par siffler Ron en fixant le livre comme si c'était l'âme de Salazar Serpentard réincarnée. Et ça vous fait rire ? Notre sœur lit de la pornographie et ça vous fait rire ?!

-Oh Ron, ce n'est pas de la pornographie, se défendit Hermione. C'est de l'érotisme (elle renifla d'un air contrarié en fixant son petit-ami) une arcane apparemment hors de portée de certains hères…

-Moi j'appelle ça du porno, grogna Ron en prenant une expression butée.

Harry pensait que du vrai porno s'apparenterait plus à la réalité de le Réserve, avec les hormones des Vertes en chaleur, l'adrénaline et la testostérone à dépenser à coups de frictions et de va-et-vient glissant. Du porno serait mieux en fait.

-Et moi j'en connais un qui, s'il continue à rire, risque de devoir attendre longtemps avant de connaitre le rythme éternel qui scande l'union d'un homme et d'une femme, menaça Hermione et Fred se tu immédiatement… Avant de reprendre presque aussitôt, incapable de résister.

L'adolescente dû s'avouer vaincue.

-Eh bien, qu'est-ce qu'il se passe ici ? Demanda soudainement Sirius qui les avait vus rire comme des bossus depuis l'autre bout du salon.

-On parlait de romans de chevaliers, le renseigna aimablement Hermione.

-Oh ça existe encore ? Je me souviens qu'on s'était amusé à l'école à en écrire un en le faisant le plus cochon possible pour choquer les filles…

-Que vous avez imprimé sous MON nom, fit alors une voix sombre derrière lui et Sirius sembla alors se souvenir de la chute de son histoire en voyant l'expression courroucée de Rogue. J'ai été convoqué par Minerva et puni pendant trois semaines pour « partage d'ouvrages indécents ».

-Oups… C'est vrai… J'avais oublié…

-PAS moi.

Comprenant qu'il valait mieux ne pas intervenir, le groupe laissa le couple s'éloigner pour mieux se disputer, leur mouvement dans la foule révéla cependant la présence de Ginny à l'entrée qui interrogeait les gens à coups de « Est-ce que vous auriez vu Harry ? ».

Le brun sentit que le moment était venu de faire une retraite stratégique et s'échappa pour se réfugier dans une autre pièce.

Il s'agissait d'une bibliothèque.

-Qu'est ce qui ne va pas avec Ginny ? Fit soudain une voix féminine, comme en écho avec sa propre demande de tout à l'heure, et Harry se retourna pour voir que Hermione l'avait suivi.

-Euh… Ecoute Hermione… C'est compliqué à expliquer…

-C'est parce que tu es un chevalier or ? Attaqua Hermione en s'avançant un peu plus, puis voyant son étonnement, elle lâcha doucement pour elle même : je le savais.

-Comment… ? Pourquoi… ?

-Valentine m'en a parlé l'année dernière. La raison pour laquelle toi et elle était voué à l'échec alors qu'elle semblait totalement ton type… Elle m'a dit que votre identité sexuelle se forgeait en même temps que celle de votre dragon. Et… Tu as une dragonne, donc… Est-ce que ça veut dire que tu préfères les garçons ?

-Il parait, soupira Harry. Mais en vérité, ni l'un ni l'autre me déplait et ni l'un ni l'autre ne m'emballe. Mais bon, même sans ça, je ne peux tout simplement pas concevoir une relation avec une civile. Et je ne veux pas croire que Ginny Weasley veuille juste se taper un chevalier dragon pour une nuit. Et même si c'était le cas, je ne suis pas son homme, je suis encore… Inexpérimenté.

-Oui, bien sûr. Vu comme ça…

Elle se frotta les mains, nerveuse, l'esprit sans doute plein d'autres questions, qu'elle ne lui posait pas pour son plus grand étonnement.

-Ca ne me dérange pas que tu sois… potentiellement homosexuel, ajouta-t-elle finalement, mais je te conseille de préparer bien le terrain si tu comptes le dire à quelqu'un d'autre. Je sais que Molly Weasley n'est pas très… Enthousiaste sur ce sujet. Dès qu'on mentionne Sirius et le professeur Rogue, elle fait la grimace. Ron et Ginny aussi. Ils sont polis, donc ils ne le montrent pas, mais ce n'est pas une notion incorporée dans leur éducation. Je crois en fait, que tout ce qui est hors des clous du mariage et de la procréation gêne Molly. Et c'est pourquoi elle est si malheureuse au sujet de Charlie chevalier dragon.

-C'est bête. Pas besoin de mariage ou d'enfants pour être heureux…

-Pour Molly c'est un peu l'apothéose d'une vie. Mais je sais que c'est bête. Je sais aussi que les romans de chevaliers sont bêtes, avec toujours une fille entourée de beaux garçons prêts à tout pour elle. Je me suis beaucoup documentée l'année dernière, et on parle assez rarement des hommes qui marquent des dragonnes vertes, pourtant ils sont pratiquement aussi nombreux que les femmes, et parfois même, plus nombreux. Sans parler des femmes qui marquent des dragons bleus – ça c'est encore plus rare. Une mention sur quarante-sept livres. Donc l'homosexualité est présente dans les Réserves, plus que dans les sociétés civiles car il est impossible de cacher son identité sexuelle. Je me trompe ?

-Non, ce n'est pas caché si on veut bien regarder… Ça fait partie du fonctionnement de la Réserve… Comme une sorte de régulation naturelle des naissances humaines. Si on regarde ça du point de vue d'une époque sans contraceptif ou protection valable. J'ai lu dans de vieilles archives qu'il y a pu y avoir jusqu'à cent naissances une année et que cela a posé pas mal de souci. C'était une année où il y avait très peu de chevaliers verts hommes parce que le recrutement avait stupidement privilégié les femmes pendant plusieurs années consécutives.

-J'aimerais bien visiter ces archives un jour… Déclara Hermione avec une expression de chat se léchant les babines devant un bol de crème.

Harry n'eut pas le cœur à la décevoir et préféra changer de sujet :

-Et… Toi et Fred ? Vous l'avez fait tous les deux ?

Hermione se redressa comme un hibou brusquement réveillé.

-Quoi ?! Pourquoi tu dis ça ?

-La façon dont il te tient. On dirait qu'il veut te garder que pour lui et avoir le plus de surface en contact possible entre toi et lui. C'est… Assez dominant de sa part. Genre : je te marque et je laisse personne te toucher.

-On ne l'a pas fait… Mais on veut le faire, expliqua Hermione. C'est notre dernière année ensemble à Poudlard. Une fois son diplôme en poche, George et lui ont déjà un arrangement avec le gérant de la boutique Zonko pour y travailler à mi-temps et continuer à développer leurs produits en vente par correspondance en parallèle. Tout ça pour pouvoir un jour avoir leur propre boutique. Bref, il va être très occupé. Et moi aussi, avec les révisions pour les ASPICs…

-C'est en septième année les ASPICs Hermione…

-Tu rigoles ? Il faut commencer à réviser dès la sixième année si on veut s'en sortir !

*Pauvre Ron… Paix à son âme*Compatit silencieusement Harry en essayant de garder un visage sérieux.

-Bref, j'ai seize ans, je me sens prête. Je veux le faire.

-Que voulez-vous faire Miss Granger ?

La voix masculine tomba un peu comme une fiente de pigeon au mauvais endroit. Harry se crispa d'un coup et Hermione, très embarrassée, devint aussi rouge qu'une tomate bien mûre. Elle pivota aussitôt sur elle-même pour faire face à Dumbledore qui les regardait, les yeux bleus pétillants d'amusements.

L'Ombre en Harry gronda et son cœur se mit à battre follement tandis qu'un shoot d'adrénaline envahissait ses veines.

-Réussir mes examens bien sûr et devenir Prefet-En-Chef, babilla Hermione à toute vitesse. Maintenant je… Euh… Dois faire quelque chose. Excusez-moi !

Hermione déguerpi aussi vite qu'elle le pouvait et une tension presque palpable s'installa dans la bibliothèque malgré le fait que Dumbledore souriait toujours sereinement.

-C'était inutile et humiliant pour elle, l'accusa Harry. Vous auriez pu choisir un meilleur moment pour vous annoncer. Ou bien comprendre que cette discussion était privée et attendre.

-Ah, les petites contrariétés de jeunesse ! S'exclama Dumbledore avec une expression rêveuse. Ce sont elles qui pimentent l'existence… Ne vous en faites pas, Miss Granger s'en remettra bien vite.

Harry ne prit même pas la peine de le contredire, même si de son avis, cela faisait partie des choses dont on se passait très bien. A la place de ça, il alla directement au but :

-Ne dites rien, vous vous êtes éclipsés du banquet de Noël de Poudlard tout exceptionnellement pour me tenir une embuscade dans cette bibliothèque… ? Ça aussi c'était inutile.

Il sonnait sans doute un peu trop blasé –et probablement arrogant- mais il s'en fichait, il aurait dû parier un an de sa futur solde sur le fait que le directeur allait se pointer et ne pas rater une rare occasion de l'avoir sous la main.

-Pas exceptionnellement pour vous, le reprit Dumbledore d'un ton doux, marchant d'un pas lent comme s'il pensait qu'Harry était un animal sauvage à pacifier. Je vois que vous avez découvert l'Ordre du Phénix. Vos amis en ont fait de même au début de l'été, ils sont très enthousiastes à l'idée de se rendre utile…

Les dents d'Harry crissèrent un moment et il se força à décontracter sa mâchoire. Il ne devait pas montrer qu'il était atteint. Le monstre noir en lui affutait ses griffes et semblait souffler à l'esprit d'Harry de rester sur ses gardes, de ne rien croire.

-Bien évidemment, c'est exclu n'est-ce pas ? Même vous pouvez voir qu'ils ne sont que des adolescents.

Les lèvres de Dumbledore remontèrent légèrement, comme s'il s'amusait d'être face à une répartie qu'il savait être de la patte de Desclare.

-Bien sûr, abonda t'il alors. Bien sûr. Mais ce n'est pas tout à fait ton cas, n'est-ce pas ? Même si tu es mineur, tu as suivi l'entrainement rigoureux des chevaliers dragons.

-Comme tout Aspirant. Ce n'est pas une grande nouvelle, fit Harry sans le quitter des yeux alors qu'il abordait une lente courbe vers le foyer éteint de la cheminée.

-Non, bien sûr. Mais tu serais peut être intéressé par de nouvelles opportunités ?

-Et pourquoi cela ?

Il faillit être abrupt, agacé qu'il était de voir éternellement le même cheminement avec cet homme. Ce qu'il voulait d'Harry était déjà gros comme une maison. Il se sentit néanmoins légèrement à bout de souffle un instant, alors qu'en réaction l'Ombre en lui gonflait et croissait comme une maladie. Il secoua la tête comme pour essayer de s'en libérer et s'ordonna de garder son calme.

-Je me suis laissé dire que maintenant que tu n'es plus tenu par le lien avec ta dragonne et que tu as enfin appris en quoi il consistait et ce qu'il t'obligerait à faire… (Son expression se fondit alors en un masque de compassion) Ah Harry… Ces Vols sont tout simplement terrible… Je comprends très bien que tu n'as pas pu accepter d'offrir ton corps à la première brute venue… Ces Vols ont le pouvoir terrifiant de transformer d'honnêtes hommes en la plus bestiale des possibilités…

-Comment savez-vous ça ? Le coupa brusquement Harry, horrifié. Personne ne parle des Vols en dehors des Réserves !

Qu'il sache pour son lien avec Talath, il s'en doutait : après tout Rogue et Remus considéraient encore comme correct d'informer l'homme de tout ce qui était potentiellement utile, surtout si ça concernait Harry… Mais il n'osait croire que Rogue ait tout dit au sujet des Vols alors qu'il le cachait encore à Sirius.

Quelle que fut la réponse, Harry se sentit pas mal violé dans son intimité, dans son identité de chevalier et dans sa décision d'accepter le prochain Vol de Talath.

Et comme si ça ne suffisait pas pour être en rogne il papillonna des yeux – son tic inconscient lorsque quelqu'un tentait une incursion dans son esprit. Furieux, il envoya le souvenir de sa mère en avant et y ajouta une touche de dramatique bien placé. Dumbledore tressaillit à peine en tombant sur une Lily Potter l'accusant de ne pas les avoir bien protégé.

-Ce n'est pas ce que tu crois, affirma t'il alors.

-Mon esprit n'est pas un open bar professeur.

Il avait un peu du mal à se concentrer cependant, après l'essoufflement venait une sorte de vague de nausée et il regrettait de ne pas s'être penché plus sérieusement sur le truc qui n'allait pas chez lui.

Il entendait presque la voix de Rogue le narguer :

«Vous savez que quelque chose cloche. Réfléchissez. »

Quoique c'était, ça prenait des proportions monstrueuses en contact avec Dumbledore.

-Tu es devenu si difficile à comprendre Harry, expliqua ce dernier, toujours souriant comme si c'était juste un jeu. Parfois pour se rapprocher, il n'est pas mal d'avoir quelques indices.

-Je n'ai pas besoin d'être proche de vous, grogna Harry en allant s'adosser à un rayonnage.

-Néanmoins je peux voir que l'enseignement de Severus a porté ses fruits. C'est une bonne chose que tu puisses repousser les visions concernant Voldemort.

-Pourquoi ? Ca aura tout de même permis de sauver Mr Weasley, peu importe comment j'y arrive.

-Tu y arrives parce qu'un lien vous unis, toi et Voldemort, depuis le jour où il a essayé de te tuer. Nous ne savons pas s'il est en est conscient… Mais il le sera bien à un moment ou à un autre, n'en doutes pas, Harry. Et c'est un lien à double sens. Si tu peux sentir ses émotions fortes et voir à travers ses yeux, cela signifie qu'il peut faire la même chose avec toi. Les visions, Harry, sont des choses à prendre avec prudence.

Harry ne répondit rien, mais accepta prudemment le conseil.

De toute façon, tout cela sera bientôt de l'histoire ancienne. Talath l'avait toujours éloigné de tout ce qui n'était pas elle. Il pouvait remercier la possessivité des dragons pour ça.

-Ce lien… Continua Dumbledore. Tu comprends que l'on ne peut pas le prendre à la légère. Tu as un rôle à jouer dans tout ça Harry. Et ce n'est certainement pas en continuant à vivre dans une Réserve que tu pourras prendre la place qu'il te revient dans cette lutte…

-La place qui me revient, professeur, c'est celle de Seigneur de la Réserve. Je retrouverais bientôt mon accès au lien de Talath. Le seul qui compte pour moi.

-Alors tu vas accepter d'agir toi aussi comme un animal ?! De faire comme si tu pouvais être une femelle à féconder ? Harry, je te pensais plus fier que ça.

-Ce n'est pas une question de fierté, c'est une question de fidélité, répliqua fortement Harry même si ses joues avaient fortement rougies à la notion de fécondation. Mais je ne m'attends pas à ce qu'un civil comprenne une telle notion. Ni à ce qu'on me culpabilise au sujet de ma liberté sexuelle.

Un bras appuyé à la cheminée comme s'il était accablé d'un poids énorme, Dumbledore poussa un soupir :

-C'est une opportunité à saisir en ce moment Harry ! Renoncer à ce lien, pouvoir redevenir élève à Poudlard et pouvoir vivre une vie normale…

Harry émit un ricanement sinistre :

-Je n'ai jamais eu une vie normale. D'ailleurs c'est quoi « une vie normale » ? La recherche de la normalité ne m'a jamais mené à quoi que ce soit de bien. M'a juste obligé à faire semblant d'être quelqu'un d'autre pour répondre aux attentes et m'a monté la tête au point d'abimer le lien qui m'unit à la plus merveilleuse créature du monde. Alors je vais juste être Harry avec mon obstination à ne PAS faire partie de votre petit groupe secret.

Il y eut un long échange silencieux entre eux deux, Harry tachant de faire de son mieux pour cacher la pression qu'il subissait de l'intérieur – littéralement poussé à la colère et même à la violence . Puis Dumbledore s'éloigna de la cheminée et lui adressa un nouveau sourire aimable.

-Je comprends. C'est ta réponse pour l'instant. Sache que tu peux changer d'avis à tout moment, la proposition reste valable… enfin (ajouta-t-il malicieusement) jusqu'à tes 17 ans, j'ai bien peur que Poudlard n'accepte pas les adultes.

Il tourna alors les talons et sortit de la pièce, permettant à Harry de se laisser glisser jusqu'au sol avec soulagement.

Déjà, le monstre noir se tassait en lui, retournant dans sa tanière. Harry était trop éprouvé pour mener la chasse immédiatement.

Mais il n'allait plus remettre les choses éternellement à plus tard. Si c'était la dernière chose qui le séparait deTalath, alors il allait devoir faire un peu de nettoyage.

-D-

Le soir même il était encore trop excité par la journée alors il attendit le lendemain et demanda à s'isoler dans une pièce qu'il arrangea lui-même, neutre et calme.

Cela pouvait paraitre étrange, mais il avait choisi de retourner dans la chambre de l'Epouvantard, trouvant en quelque sorte rassurant la présence de la créature dans son tiroir.

Elle ne tremblait plus à son approche, semblant avoir accepté qu'il ne lui voulait aucun mal et qu'il la laisserait tranquille. Elle ouvrit même légèrement sa cachette, comme curieuse, bien que l'intérieur du meuble restait juste sombre, sans aucune trace concrète de sa présence.

-Flirter avec la peur, s'amusa pour lui-même Harry en s'asseyant en tailleur sur le tapis de la pièce.

Ce moment d'humour ne dura qu'un instant, comme pour se décontracter, puisqu'il restait assez anxieux de ce qu'il allait faire – ou allait découvrir. Jusqu'ici il avait toujours eu Rogue pour le guider dans son esprit, et il aurait bien souhaité qu'ils aillent ensemble jusqu'au bout… Mais apparemment ce morceau du voyage, Harry devait le faire seul.

Il inspira profondément et se laissa porter par ses cinq sens afin de vider son esprit des préoccupations et de ses peurs inutiles. Il essaya d'ignorer qu'il s'était efforcé de bâtir un mur autour de son esprit, mais qu'il n'avait jamais regardé ce qu'il cherchait à protéger. L'impression lourde et sombre venait cependant bel et bien de là, elle arrivait par derrière sa mère, et non par devant, et son souvenir protecteur échouait donc à le retenir.

A y réfléchir encore et encore, Harry avait fini par se demander si ce n'était pas le reflet d'un début de dépression de sa part. Un mal-être qu'il aurait refoulé.

Il se concentra dessus, et retrouva la sensation de brique en béton dans sa poitrine. Il s'y accrocha aussitôt – « Bon, montre-moi ce qui va pas avec moi »- et plongea un peu plus dans la méditation au point d'en oublier son corps.

Nope. Transe, hypnose, un rêve éveillé, ce que détestait tellement Rogue. Il le fallait pourtant et au moins, il en était totalement conscient.

Quand il ouvrit les yeux, il était entouré par l'obscurité.

*Presque…* Songea Harry car dans la réalité, une telle absence de lumière l'empêcherait de se voir. C'était juste une incohérence propre aux songes.

Il regarda un moment autour de lui, identifiant le brouillard obscur si épais qu'il semblait presque palpable et le huma. Et c'était comme sentir les émotions au fond de sa gorge. Peur, tristesse, doute et colère.

Cela le laissa légèrement perplexe .Même s'il avait vécu des moments difficiles ces derniers temps, il avait beaucoup travaillé sur lui-même pour aller mieux. Est-ce que les émotions négatives se collaient à son corps, impossible à annihiler ?

Cette idée le désespéra légèrement jusqu'à ce qu'il sente un certain courant. Ce brouillard venait de quelque part et quelque chose continuait à l'alimenter.

*Pas moi.* Pensa férocement Harry comme pour conjurer le sort.

Il n'aimait pas se dire qu'il était destiné à rester une personne triste et aigrie. Ça ne lui ressemblait pas du tout.

Il marcha alors à contre-courant, possédé par une détermination implacable.

Peu à peu, il commença à entendre un son ténu, impossible à identifier d'abord, mais à fur et à mesure qu'il approchait, il ne faisait plus aucun doute que quelqu'un pleurait.

Et plus il approchait, plus le cœur d'Harry battait fort, s'excitant tout seul sans la moindre raison comme s'il avait quelque chose à rattraper.

Une autre lumière perça alors le brouillard : celle d'une silhouette recroquevillée sur elle-même. Un adolescent aux cheveux noirs incroyablement décoiffés qui sanglotait si violemment qu'il ne semblait plus pouvoir s'arrêter.

Harry s'immobilisa, d'abord dépité. Pourquoi une autre version de lui-même pleurait dans son esprit ?

-Eh ! L'appela t'il.

Mais l'autre Harry ne bouge pas.

-Tu m'entends ? Tenta-t-il à nouveau.

Face à ce nouvel échec, il passa une main nerveuse dans ses cheveux, puis après un soupir résigné, s'avança lentement vers son autre lui, jusqu'à poser une main sur son épaule tremblante.

Son cœur fit un bond dans sa poitrine, comme une palpitation et la silhouette se figea, cessant d'émettre du bruit.

*Bordel…*

-Eh… Est-ce que ça va ?

-Non. Ça ne va pas.

Harry resta désespérément muet plus d'une minute, surpris par la voix. Ce n'était pas la sienne, elle était… Indéniablement différente. Ca le tracassa aussitôt comme si quelque chose essayait désespérément de faire surface dans son esprit. Quelque chose qu'il aurait dû savoir.

Il avala difficilement sa salive avant de continuer :

-Qu'est-ce qu'il ne va pas ?

-Je suis seul. Je déteste être seul. Vous n'êtes pas là.

-Je le suis, le contra-t-il, légèrement décontenancé d'être vouvoyé par lui-même.

-Non, c'est parce que je ne suis pas ce qu'il vous faudrait. C'est vrai, je ne vous cause que des problèmes… Vous me détestez probablement. Vous allez probablement me laisser et ne plus jamais revenir…

Les derniers mots explosèrent, à moitié avalé par les sanglots qui reprenaient. Et Harry n'avait qu'une envie, c'était de lui hurler qu'il ne comprenait rien et qu'il ne savait pas ce qu'était cette chose qui lui ressemblait et pourquoi elle venait le tourmenter dans sa tête !

Par pitié, il espérait ne pas commencer à devenir schizophrène ?!

Est-ce que c'était ce qu'avait voulu dire Rogue avec son « Vous savez que vous n'êtes pas tout seul, là. » ? Non, non, Harry ne savait rien de ça, il était bizarre parfois, c'est vrai, mais il était droit dans ses bottes. « Réfléchissez » disait-il aussi et Harry le maudissait de n'être JAMAIS clair.

Est-ce que ce serait trop difficile, à la place de jouer le connard mystérieux et ténébreux de dire « Fais ceci et ceci et tu as la réponse » ?!

-Je suis désolé, laissa t'il tomber, parce que c'était comme s'il devait le dire à son autre lui pitoyable.

Et alors, pour la première fois, Harry remarqua que son autre lui portait une espèce de tunique dorée. Une ROBE dorée, toute simple. Et la voix le frappait parce que c'était le genre de tonalité que pourrait donner la sienne portée par des cordes vocales féminines.

Une voix qu'il connaissait déformée par le lien télépathique. Ce Harry était une fille et il était un crétin complet !

Vous savez que vous n'êtes pas tout seul, là.

Bien sûr qu'il n'était pas seul ! Il était lié à Talath ! Ce marasme de désespoir qui faisait barrage, ça ne venait pas de lui, ça venait de sa dragonne !

Et rien d'étonnant à ce qu'elle ait d'un point de vue psychique son apparence puisqu'ils partageaient la même âme. Probablement que pour elle, Harry apparaissait sous la forme d'un longwing.

Tout ce temps à la chercher et elle n'avait jamais quitté Harry, elle avait toujours été là. Le soulagement et le bonheur lui firent monter les larmes aux yeux.

-Talath !

L'adolescente sortit finalement la tête de ses bras, ses yeux verts malheureux se levant vers lui. C'était comme voir un barrage céder. Trop de peur, trop d'angoisses, et de grosses larmes se mirent à couler le long de ses cils noirs pour dégouliner sur ses joues déjà bien poisseuses.

-Harry !

Il fut aussitôt contre elle, serrant sa silhouette de toutes ses forces comme pour pouvoir l'aspirer en lui. Et effectivement, c'était comme être à nouveau complet, respirer sans gêne et laisser se dissiper en poussière toute la culpabilité et l'incertitude.

-Avons-nous passé ces derniers mois à nous inquiéter chacun de notre côté d'être détesté de l'autre ? Demanda-t-il avec douceur.

Il sentit les bras de Talath l'attraper à son tour et serrer presque aussi fortement.

-Ne m'abandonnez pas… Murmura-t-elle à bout de souffle.

-Jamais ma Vif, mon Cœur, ma Beauté. Tu es beaucoup trop importante et je ne te déteste pas. Et puis, nous sommes à nouveau connectés. Le sens-tu ?

-Je n'ai jamais cessé de vous sentir. Vous étiez là, mais… Silencieux. De paroles, d'émotions. Comment pouvais-je savoir ?

-Tu m'entends, tu as mes émotions, sont-elles négatives ?

-Non, elles sont merveilleuses. Et vous êtes merveilleux. Vous êtes devenus tellement plus merveilleux… Sans moi.

Harry sentit l'angoisse de Talath l'envahir et vint attraper sa tête entre ses mains pour poser un baiser sur ses cheveux, puis basculer son visage vers lui.

-C'est pour toi que j'ai fait tous ces efforts. Pour te retrouver. Pour assumer notre poids. Pour te mériter. Je me suis rendu compte de tellement de choses… Ces moment étaient terribles, mais je me sens grandis. Plus fort. Plus comme toi.

-Vous êtes forts. Vous avez toujours été fort. Et si vous voulez toujours de moi, je ferais ce que je dois faire pour être à la hauteur. Pour ne pas vous gêner.

Elle semblait effondrée, d'une façon très peu Talathienne. C'était en quelque sorte effrayant de ne pas la voir agir comme une petite chef à qui tout devait être dû.

-Qu'est-ce que tu racontes Jolie Idiote ?! Tu es forte comme personne, tu es la reine dorée de la Montagne Blanche ! Et…

-Arrogance et Egoïsme, le coupa Talath avec colère. Je ne pensais pas loin, je ne pensais qu'à moi et à vous. Moi aussi, j'ai eu du temps pour réfléchir. Pour comprendre. Vous ne m'appartenez pas et il y a d'autres personnes qui ont besoin de vous…

-Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?! Qui donc a bien pu te fourrer une idée pareille dans la tête ?!

Un silence contrit lui répondit, mais Harry comprit tout seul. La colère, l'envie de violence… Tout s'enflammant en Harry à des moments très précis. La fureur le prit à son tour, mais c'était plus quelque chose de glacial et de résolu. Il la sentit tressaillir dans ses bras, ayant suivie son chemin de pensée.

-Qu'est-ce que t'as dit ce connard de Dumbledore ?

-Il savait des choses, soupira-t-elle. Et j'avais peur. Peur qu'il ait raison.

-Rien de ce que veut Dumbledore n'est ce que JE veux. Et pour rien au monde je n'ai besoin que tu changes ou que tu penses à d'autres personnes qu'à nous. Je le fais déjà pour deux, ce qui veut dire que j'ai besoin de toi pour être égoïste. Ce n'est pas une si mauvaise qualité que ça. Pas plus que l'arrogance. Pas pour nous deux.

Harry s'appuya sur ses pieds, et il se leva, attirant avec lui Talath jusqu'à ce qu'ils soient tous les deux debout.

Il la détailla un peu curieusement, pouvant désormais voir les différences de genre entre eux, une jolie poitrine gonflant la robe doré, ainsi qu'une taille et des hanches plus marquées.

Elle le dévorait pareillement du regard, tenant fermement ses avant-bras comme si elle craignait de le voir brusquement disparaitre.

-Tu me raconteras toute cette histoire avec Dumbledore plus tard. Quand nous serons vraiment face à face…

La prise se referma plus sur ses bras alors qu'une étincelle de panique naissait dans les yeux profondément verts face à lui.

Harry la lâcha un instant pour poser à son tour ses mains sur ses bras, essayant de dégager toute l'affection qu'il pouvait. C'était comme revenir à l'éclosion, face à cette petite dragonne désemparée qui l'accusait de n'être pas venu assez vitre auprès d'elle.

-Talath, même si je me réveille, nous sommes ensemble. Nous pouvons toujours nous parler et nous ressentir et je serais bien vite à la Réserve. Il suffit que tu demandes à Hellth de venir me chercher et je serais là.

Il vit nettement, et sentit, son égo se rebeller contre la tâche de confier à une VERTE entre toute la charge de son Maître. Cela le rassura nettement, voyant que malgré tout, sa Vif restait celle qu'il avait toujours connue.

-Je vais le faire. Mais… Ca fait tellement de temps. Je sais que nous sommes ensemble, mais… Juste un peu encore…

Elle se rapprocha pour venir poser sa tête contre son cou et il l'enlaça en réponse, profitant qu'elle soit sous cette forme pour ça. Au passage, il remarqua que le brouillard s'était largement dissipé, laissant derrière lui des volutes tout justes argentées.

-T'ais-je apaisée ?

-Oui. Vous êtes là.

-Des ennemis puissants nous attendent, annonça t'il en songeant à tous les combats qui se profilaient.

-Qu'ils viennent, on les recevra, grogna sauvagement Talath.

Et Harry était totalement d'accord.

Ils restèrent ainsi encore un peu, s'écoutant vivre et ressentir, puis avec une compréhension mutuelle, ils déverrouillèrent leurs bras et reculèrent d'un pas.

-Je serais bientôt là, promit Harry.

Il laissa alors sa concentration s'effriter et griffa sauvagement son bras pour se créer un choc capable de le réveiller. Et effectivement, ne ressentir aucune douleur alluma un dispositif de sécurité dans son cerveau et il se sentit violemment arraché au rêve. Ayant tout juste le temps d'entendre la réponse de Talath.

/Je t'attends./

Il se réveilla brusquement, subissant comme toujours la désorientation du retour à la réalité. Ce fut d'autant plus troublant qu'il sentait l'excitation de Talath et que Sirius sauta pratiquement sur lui avec une expression horrible.

-Tu es enfin réveillé ! Merlin Merci ! Nous étions tellement inquiets !

-Pourquoi ? S'étonna Harry en essayant de se lever, mais un étourdissement le prit et il se rassit.

-Comment ça « Pourquoi ? » ?! Ça fait trois putain de jours que tu es dans cet état et impossible à réveiller !

-TROIS JOURS ?! Reprit Harry. Non ! Ca fait juste… Peut-être une heure… Pas plus !

-Trois jours, valida Rogue qui se tenait sur une chaise, dans l'ombre de la pièce, la Gazette du Sorcier entre ses mains. Et une chute aurait probablement pu vous réveiller mais j'ai jugé plus sûr de vous laisser continuer un moment ce que vous étiez en train de faire…

Harry ne put s'empêcher de le regarder de travers :

-Et vous n'auriez pas pu me dire que c'était Talath qui faisait une déprime ?! Plutôt que de me laisser galérer… Pendant apparemment des jours entiers même si je n'en ai pas eu l'impression ?!

-Cela n'aurait pas marché si je vous avais mâché le travail. Peu importe maintenant, avez-vous récupéré le contact avec votre foutu dragon ?

-Oui, cracha Harry même s'il avait envie de bouder. Mortimer va probablement apparaitre d'un moment à l'autre pour venir de chercher.

-Oh… Souffla Sirius en se laissant tomber à côté de lui, l'air complétement perdu.

/Il ne veut peut être pas que vous partiez…/ Lança Talath. / Et le Maître de Hellth se prépare./

Harry ignora le commentaire sous-entendu, se disant qu'il y allait vraiment y avoir une grande conversation utile avec elle.

/Oui, je sais./

L'expression renfrognée de Rogue suffit néanmoins à faire penser à Harry qu'il y avait autre chose que son départ ou ses trois jours de sommeil qui ébranlait les deux hommes.

-Il s'est passé quelque chose ?

Sirius se massa les yeux alors que Rogue jetait le journal aux pieds d'Harry.

Il y avait dix photographies de sorciers qui se partageaient la Une avec le titre écrit en gros et gras « EVASION MASSIVE D'AZKABAN
LE MINISTERE CRAINT QUE BLACK SOIT
LE « POINT DE RALLIEMENT »
D'ANCIENS MANGEMORTS »

Et le regard d'Harry fut attiré par une photo en particulier, la seule sorcière du groupe, une brune au regard sauvage, les cheveux emmêlés et le teint blême. Ainsi que le nom qui y était attaché : Bellatrix Lestrange.

-Et merde…. Résuma t'il.

A suivre…

Bon je suis crevée, j'ai mal à la tête et je vous raconte même pas l'état de mon clavier d'ordinateur que j'ai depuis le début de cette histoire. Ca va bientôt faire un an, non ? En tout cas les lettres sont à moitié effacées ! Il n'y a que parce que je les connais que je ne confonds pas tout le temps le « U » et le « I » qui ne sont plus qu'une barre blanche. Je crois que c'est à ça qu'on reconnait la qualité du clavier. Le mien était vraiment un premier prix.

Bref voilà, 27 pages. Le chapitre le plus long pour le moment, mais je ne voulais vraiment pas le diviser. Encore pardon pour l'attente. Le prochain… Ce sera une fameuse Interlude que vous n'aimez pas… Mais bon… Allez, on ira faire un petit tour du côté du Manoir Malefoy !