Mot de l'auteur : Pour bien commencer l'année je me suis décidée à publier le chapitre suivant de Chevaucher le Vent. En fait, il est prêt depuis un moment, mais j'arrive à un passage délicat de l'histoire qui me demande d'avoir une vue d'ensemble. Beaucoup de choses vont se passer et les choses vont s'enchainer de plus en plus vite à mesure qu'on arrive à la fin de cette partie « Aspirant » et plus ou moins à la moitié de cette fanfic. Je pense que vous n'aurez les chapitres suivants que lorsque j'aurais terminé tous les enchainements, sinon j'ai vraiment peur que vous soyez perdus.
En tout cas je tiens à vous remercier tous de votre enthousiasme pour cette histoire et vous rassurer sur le fait que, non, elle n'est pas abandonnée. Elle est juste compliquée ! Surtout si je veux rester crédible et logique. Mais je vais y arriver. Je suis une créature très têtue.
Et Bonne année 2020 à vous tous !
RAPPEL
-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE-
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -
Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth - lézard de feu vert Jade) –Second de la 4eme Escadrile-
River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze)
Cyan (dragon bronze)
O'Connel (dragon bronze Regileth) – Capitaine de la 1ere escadrille-
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth) -1ere escadrille-
Damian (dragon brun Emlith) – 4eme Escadrille-
Reyn Li (dragon brun Gendrath) -4eme Escadrille-
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -
Candidats : Dennis Crivey
-CHATEAU DE NURMENGARD-
Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-
-ORDRE DU PHENIX-
Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley
-CHATEAU DE POUDLARD-
George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley
Chapitre 40: Fool game
Le banquet de bienvenue pour les chevaliers des Verts Gallois fut une chose sans intérêt, où Harry se garda de regarder autre chose que sa table, et surtout pas dans la direction de Charlie, et bu beaucoup.
Il était encore sous le choc et hésitait entre pleurer sur son manque de lucidité ou sur la mort de la merveilleuse relation fraternelle qu'il avait fantasmé.
Au final, comme il s'était senti un peu étourdi, il avait cédé à la solution de facilité immédiate qui consistait à aller s'écrouler sur son lit en espérant que tout serait effacé le lendemain. Douce illusion qui ne dura que le temps de son sommeil. La situation étant même légèrement plus abominable puisqu'en prime il avait la gueule de bois.
Cette réalisation faite, et après qu'il ait vomi beaucoup de liquides dans ses toilettes en maudissant les chevaliers roux non fiable, il se traina jusqu'à l'infirmerie pour découvrir qu'il n'était pas la seule âme en détresse.
Le Maître Guérisseur avait pourtant un regard à dégriser n'importe quel chevalier. D'ailleurs personne dans la Réserve n'irait se risquer à se rendre à l'infirmerie sans une BONNE raison valable – malheureusement la liste de ces dernières étant un chouilla restreinte- et en fait le guérisseur détestait simplement devoir passer derrière le manque de soin et de bonne hygiène de vie.
En conséquence, la première réaction de tout malade censé était de vérifier si seul Mortimer se trouvait dans les parages, parce que le vert était ici l'équivalent de la jolie et sexy infirmière (et qu'il le savait très bien !).
Par chance, c'est ce dernier qui capta le regard et l'appel à l'aide d'Harry à l'entrée :
-Pitié, dis-moi qu'il reste des potions contre la gueule de bois !
-Toi aussi ? S'étonna Mortimer en le tirant néanmoins dans un coin alors que le regard perçant du Maitre Guérisseur s'arrêtait un instant sur eux, avant qu'il ne reprenne son engueulade sur sa victime du moment.
Cachés en partie par les rideaux d'un lit, Mortimer fouilla dans un des placards fermé à clef pour en sortir un flacon qu'il lui tendit :
-Oooh merci, tu es mon sauveur ! (Harry fit sauter le bouchon et l'avala d'un coup avec une grimace) beerrrk toujours aussi dégueu.
-Mais efficace, répliqua Mortimer en récupérant le contenant pendant qu'Harry s'ébrouait. Mais Maître Denar refuse d'en donner en général. Ne dis pas que je l'ai fait.
-Aucun risque, je ne tiens pas à devoir subir un de ses sermons culpabilisant. Et certainement pas avant le réveil de Talath.
-Tout de même, Harry… Ne me dis pas que toi aussi tu as voulu impressionner nos invités ?
-Quoi ?! Non ! Quelle idée ! C'est ce qu'ils ont fait ?
Il eut un vague geste pour les chevaliers agonisants.
-Ils ont voulu prouver qu'ils tenaient mieux l'alcool. Je ne veux même pas savoir comment se portent les chevaliers des Gallois. Aucun ne s'est pointé ici pour l'instant…
-C'est un soulagement, non ? Commenta Harry qui espionnait à présent les malades et souriait comme un maniaque en remarquant Ronan dont le visage était plus vert que brun.
-Ca dépend. Ma conscience de guérisseur me titille… Mais dis-moi… Qu'est ce qui t'as mis dans cet état alors ?
Harry se retourna à nouveau vers lui avec un air supplicié.
Quelques minutes plus tard, ils se trouvaient dans une réserve de l'infirmerie et Mortimer lui tendait verre d'eau sur verre d'eau pour le réhydrater.
-Charlie a essayé de m'embrasser, lâcha finalement Harry d'un ton morose en fixant le liquide transparent devant lui.
-Il a « essayé » ? Releva Mortimer en s'asseyant à moitié sur un coin de table.
-Je me suis reculé.
Le jeune chevalier grogna de contrariété de se sentir coupable alors que son ainé le fixait d'un air mi perplexe mi déçu.
-C'est rude de faire ça – et ça laisse les choses dans des situations si délicates ! Explicita Mortimer en secouant la tête, semblant désespéré par son cas.
-Qu'aurais-je dû faire ? Le laisser me toucher? Ce ne serait pas plus odieux de lui faire croire que je suis ok avec ça ?
-Tu es sûr de ne pas l'être ? On parle bien de Charlie Weasley, n'est-ce pas ? Beau gosse second d'escadrille avec le menton sexy et le rire chaud comme la braise ? Celui qui te bouffe des yeux depuis des années ?
Harry se sentit légèrement dépassé et ferma les yeux avec un geste d'abandon des mains. Il ne savait pas à quoi il devait réagir en premier. Menton sexy ? Non, le plus urgent restait la fin troublante.
-Charlie ne me bouffe PAS des yeux depuis des années ! Contredit t'il, d'abord véhément, avant de se sentir un peu inquiet devant l'expression doucement chagrinée et condescendante de Mortimer alors il continua d'une petite voix inquiète : IL ne le fait pas, pas vrai ?
-Sans aucun doute possible, si, il le fait. Et j'ai bien peur que tout le monde le sache ici…
Harry resta bouche bée, parce que vraiment, il ne voyait pas comment réagir autrement. Mortimer poussa un soupir résigné :
-A ton avis, pourquoi Desclare et Charlie se tirent constamment dans les jambes depuis que tu as marqué ?
-Parce qu'ils ne s'aiment pas ? Proposa avec espoir Harry même s'il connaissait à présent suffisamment Desclare pour le savoir professionnel avant tout autre considération.
C'était mieux que de penser qu'ils étaient en train de se battre pour lui. Mieux que d'imaginer que tous les deux avaient l'intention de se challenger pour l'avoir.
Etrangement, Harry n'avait JAMAIS pensé que Derianth pourrait participer au Vol de Talath. Il pensait que leur relation amicale le mettrait hors de leur chemin quand ça arriverait. Et pourtant, il avait supposé que Charlie cherchait à renverser Desclare… Mais comme à l'époque il n'était pas au courant de toute cette merde concernant le Vol et le fait d'avoir un compagnon, il n'avait pas fait le rapprochement.
Ou il s'était bandé les yeux pour ne pas faire la relation.
-Oh My !… Je ne veux PAS que Charlie participe au Vol.
-Mieux vaut Charlie que Desclare, assura Mortimer d'un ton piquant.
-Il est comme mon grand-frère, répliqua Harry. Rassurant, beau, fort, mais, d'une façon très platonique tu vois ? Très très platonique ! Je ne peux même PAS me l'imaginer nu. (« Moi je peux » rêvassa Mortimer avec un sourire pervers) Est-ce que tu trouverais ça normal qu'un grand frère et un petit frère fasse ce genre de chose ? Ce serait de l'inceste !
-MAIS ce n'est PAS ton grand frère.
-Qui se préoccupe de ce détail ?
-Ce sont tes sentiments. Charlie ne les partage apparemment pas. Lui il te voit d'une façon très peu platonique… Et il doit se sentir tellement mal en ce moment…
Harry se laissa tomber sur une chaise, désespéré :
-Comment ça a pu arriver d'abord ? Je n'ai rien d'un premier prix, merde. Il y a une tonne de mecs qui pourraient être mannequin ici ! Rien que… Jonas tiens ! Jonas semble sortir des pages de Sorcière Hebdo ! Avec son brushing et ses dents ridiculement parfaites. Et à côté, on a quoi ? Moi ! Avec mon manque de carrure, mes cheveux ingérables, ma peau grasse d'ado et ma banalité totale ! Aux yeux d'un mec je n'ai certainement rien de putain de remarquable, de jolie ou de baisable!
Pour toute réponse, Mortimer roula des yeux et vint l'attraper pour le tirer devant un miroir. Harry observa son visage contrarié à côté de celui du chevalier vert et se demanda où ce dernier voulait en venir.
Le brun SAVAIT qu'il avait changé en mieux depuis qu'il était à la Réserve, passant de frêle piaf maigrichon à un corps vibrant de santé capable de lui attirer quelques œillades charmante de la part des serveuses et il se faisait assez bien aux petites cicatrices blanches qui ornaient un peu tout son corps, mais il restait toujours mal à l'aise avec les miroirs.
Parce que même Talath n'avait pas réussi à lui faire oublier l'image du gamin négligé et vilain qu'il avait vue dans son reflet pendant ses années avec les Dursley. Comment aimer son physique quand les gens autour de vous vous assuraient que vous étiez un horrible petit monstre ? Quand vos os sont visibles sous votre peau et que vous flottez constamment dans des vieux vêtements rapiécés et délavés ?
-Harry… Soupira simplement Mortimer quand il se rendit compte qu'il n'y aurait aucune épiphanie de sa part. Tu es splendide.
Harry le fixa depuis le miroir avec de grands yeux surpris, puis il se reprit :
-Tu dis ça parce que tu es mon ami.
-Suis-je du genre à mentir bêtement sur ce genre de sujet ? Alors, oui, bien sûr, si tu veux te comparer à Jonas, fait le, mais premièrement, c'est un bleu, donc ça n'aucun intérêt, et en plus tout le monde sait que ce type se masturbe devant le reflet de son miroir donc personne n'est intéressé. Et puis, tant qu'on y est, c'est vrai que la plupart du temps tes cheveux ne ressemblent à rien… Mais tu vois on s'en cogne de ta coupe de cheveux. Quant à ta peau grasse, eh bien, comme tu l'as dit, c'est à cause de la puberté et on est tous passé par là. Mais, et là je pèse mes mots, « banal » n'est pas un qualificatif pour toi et ne le sera jamais !
Mortimer appuya amicalement un doigt dans une de ses joues avant de continuer :
-Ce n'est pas que mon avis. Tout le monde, et particulièrement les bronzes, sont très heureux de la façon dont tu as grandi. Je peux t'assurer que beaucoup feraient la gueule si tu n'étais pas à moitié aussi « baisable » que tu ne l'ais. La « Dame » et la Reine sont un sujet de fierté dans une Réserve. Et je peux t'assurer que beaucoup se vantent de toi lors de leurs missions, et que les chevaliers des autres Réserves doivent être très curieux. Pour sûr, on risque d'avoir du monde à la prochaine Eclosion, mais ce sera moins pour voir les œufs que pour te voir, toi !
Il gloussa légèrement en baissant les yeux sur le visage à présent écarlate de Harry qui essayait de lui échapper.
Il lui fila finalement d'entre les mains.
-Pitié dis-moi que tu inventes tout ça ?
-Nope, tout est vrai.
-Oooh qu'est-ce que c'est embarrassant…
-Bref, tu ne peux pas accuser Charlie d'être incohérent à ce sujet.
-Non, non… Je veux dire, il est l'un qui me connais le mieux, il sait que j'ai un caractère difficile et tout. On n'a pas arrêté de se disputer par messages interposés durant ces derniers mois !
Mortimer, qui rangeait distraitement quelques affaires que Harry avait dérangées dans sa fuite, se retourna vers lui.
-Vous avez échangé des messages ?! Et Charlie s'est disputé avec toi ?!
-C'est ce que j'ai dit !
Mortimer le fixa avec résignation en secouant la tête.
-Vous avez flirté.
Harry s'étrangla de rage d'être si incompris.
-Nooon ! Couina t'il.
-Si, vous avez flirté, appuya Mortimer. Ça y ressemble drôlement en tout cas. Harry, Charlie ne montre jamais ses émotions et il n'est rien que cordial et distant ! Qu'il se dispute est… inimaginable pour la plupart d'entre nous !
-Je trouvais ça bizarre aussi, gémit Harry.
-Tu as répondu au flirt Harry, tu lui as envoyé des signaux d'encouragement, pas étonnant qu'il ait tenté sa chance… Pour se ramasser comme une merde. Pauvre Charlie !
-Mais arrêtes avec tes « Pauvre Charlie » ! Moi je ne savais PAS que c'était du flirt ! Je ne lui aurais jamais répondu autrement ! Personne n'a jamais flirté avec moi… avant tout ça !
C'était si exaspérant. Harry se demandait s'il n'y avait pas un retourneur de temps quelque part pour qu'il puisse oublier cette journée. Et qu'allait-il bien pouvoir dire à Ron ? « Ton frère en pince pour moi depuis longtemps et je l'ai rejeté après lui avoir apparemment donné de faux espoirs » ? Il ne pouvait pas.
Et d'abord qui aurait pu croire que les relations amoureuses entre membres de même sexe puissent être aussi frustrantes qu'entre un garçon et une fille ?! Est-ce que ça n'aurait pas dû être simple comme « ah, ok tu ne veux pas ça alors restons amis ! ».
-Je pense qu'il est amoureux de toi, lâcha Mortimer comme s'il pouvait lire ses pensées. Ce serait plus simple s'il voulait juste te baiser. Mais là… Les sentiments sont un véritable nid de serpent.
Il semblait penser à lui-même et Harry se demanda s'il avait eu de mauvaises expériences amoureuses avant de tomber sur Reyn.
-Qu'est-ce que je dois faire ? M'excuser ?
-Quelle horreur ! Tu veux piétiner vos deux fiertés respectives ?! Ne t'excuses pas à part si c'est pour lui rouler une pelle dans les secondes qui viennent. Non, tu dois le laisser lécher ses blessures dans son coin et te tenir loin de lui.
Ça sonnait bien, surtout avec la perspective de partir pendant plusieurs jours en France. A cette pensée, il demanda d'ailleurs à Mortimer s'il était partant pour l'y accompagner. Et avec ça, il avait pratiquement tout son groupe de complet.
Mais ce ne serait qu'une formalité de convaincre Dennis de l'accompagner comme porte drapeau.
-D-
-Damian, Mortimer Cadwell, Reyn Li et Dennis Creevey, annonça Harry avec aplomb en posant sur le bureau de Desclare un parchemin de participation de mission dûment rempli.
C'était ces quatre-là qu'il avait choisi pour l'accompagner en France. Ils seraient donc six avec James O'Connel qui lui était imposé comme chef d'équipe.
Ce dernier était d'ailleurs présent à leur réunion de préparation.
-Reyn ? Le chevalier du brun Gendrath ? S'étonna Desclare en parcourant des yeux la lettre que Fleur avait envoyé en réponse à celle d'Harry.
-Reyn est français. Avoir un traducteur en plus n'est pas une mauvais chose, expliqua Harry même si c'était plus parce qu'il y avait encore peu de chevalier qu'il connaissait assez pour leur faire confiance.
Et il se fiait au jugement de Mortimer sur le chevalier brun – même si ce jugement était peut être biaisé par sa bite, qu'importe, « Reyn – le – grognon » semblait être correct à ses yeux.
-A-t-il quelques repères de transplanage ? Demanda O'Connell qui était face à une carte de la France qu'il avait dépliée sur une grosse partie de la table afin de déterminer la route à prendre.
Le capitaine de la première escadrille prenait lui-même beaucoup de place avec son imposante largeur d'épaule et son torse de taureau.
Harry détourna son regard de l'homme pour jeter un œil perdu sur l'immense territoire qui ne lui disait absolument rien en dehors de Paris et de Calais.
-Il est né à Paris, non ? Lança-t-il.
-Il n'a pas quitté le 13eme avant d'arriver à la Réserve, répliqua Desclare. Ses repères ne sont pas très intéressants.
Le plus jeune ne comprit pas – ignorant tous des arrondissements parisiens – mais O'Connell sembla décidé à l'aider en posant un doigt sur Paris, avant d'en poser un autre sur la ville où leur avait donné rendez-vous Fleur. Un patelin du nom de Quézac. C'était pratiquement à l'autre bout de la carte. Ils allaient s'ennuyer s'ils devaient effectuer une distance pareille en Long Vol.
-Dans le sud… Je peux nous faire transplaner au Pic du Midi ( O'Connel retira son doigt de Paris pour montrer un point dans les montagnes des Pyrénées) ou au Puy de Sancy ( son doigt vola alors dans une zone au-dessus du point de rencontre) Ce dernier est le plus prés. 2h de vol environ si on n'est pas dérangé par des avions de tourisme et toutes les autres conneries que les moldus laissent dans les airs.
-Prévoyez une heure de plus, les prévint le Gérant en attrapant une tasse remplie de klah pour en avaler une gorgée.
Harry et O'Connell se tournèrent pour le dévisager avec incompréhension, mais ce fut ce dernier qui se sentit obligé de préciser :
-Mon estimation de 2h était calquée sur le rythme de vol d'une Verte…
-Une Verte Longwing, oui, le coupa Desclare. Pas un Vert Gallois.
-Pourquoi diable est-ce qu'on se coltinerait un Vert Gallois ? Demanda Harry en plissant les yeux avant de sentir le coup fourré arriver : Non, vous plaisantez ?
-Dernier décret de Ombrage en date : « Toute mission doit comporter un membre de la Garde ». Je crois que celui-là, elle l'a concoctée tout spécialement à ton attention.
-Trop gentil. Fallait pas, ironisa Harry avec une moue dégoutée.
O'Connell n'en menait pas large non plus.
/On ne va pas devoir voler à leur rythme quand même ?/ Tonna son dragon bronze, Regileth, avec effroi. /Je vais me froisser l'aile si je dois me freiner./
/C'est inadmissible, on ne va pas se retenir pour qu'une misérable petite verte puisse tenir la cadence !/ Appuya Talath. / Ce sont toujours les dragons de tête qui donnent le tempo. Et même nos Vertes le tienne ! /
Harry n'essaya même pas de lui expliquer la différence entre leur race et celle des gallois. C'était ridicule. Les longwings avaient la meilleure allonge de tous les dragons, c'était ce qui en faisait des dragons de vols exceptionnels autant en vitesse qu'en endurance.
Et il y avait un autre problème :
-De toute façon, qu'en est-il de l'altitude de vol ? Les gallois peuvent monter jusqu'à… Quoi ? 18000 pieds grand max?
-Ne sois pas méprisant.
-Je suis pas méprisant, je suis réaliste, se défendit Harry. On va pas faire très discret si tous les piafs du coin s'enfuient à cause de nous, même sous invisibilité…. Mais je tiens à faire remarquer que même les canards volent plus haut que ça.
-On ne peut rien y faire, le coupa Desclare. Tout est déjà arrangé. Le Capitaine de la Garde a choisi qui vous accompagnera : il s'agit de sa fille. Une certaine Elisabeth Austen et sa Verte Athéna.
Harry ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel à l'entente du nom de la dragonne. Même si ça restait mieux que « Victorius ». Il écouta à peine O'Connell recevoir ses dernières instructions avant qu'il ne roule sa carte pour enclencher les préparatifs.
Desclare attendit qu'il soit parti avant de lancer le Mot de verrou sur la Salle du Conseil afin que personne ne puisse entrer, ne puisse voir ou ne puisse entendre ce qu'il allait se passer.
Il se tourna alors vers Harry.
-Cette fille, la Austen, elle sera là pour vous espionner et faire son compte rendu à Ombrage, annonça t'il alors. Cette dernière est vraiment aussi collante qu'une sangsue. A chaque fois qu'on croit avoir endormi sa vigilance elle nous prouve le contraire.
-Salope sadique obsessionnelle, marmonna Harry quelque part derrière les mains qu'il passait sur sa figure.
-Langage, le prévint Desclare. Tu ne seras pas le premier Aspirant à cracher du savon pendant une semaine si je décide de te laver la bouche.
-Pardon. Mais elle me met… hors de moi.
/Si elle n'avait pas l'air de ressembler autant à un poisson avarié, et d'en avoir le gout, j'aimerais bien la manger./ Ajouta quant à elle Talath.
Le Gérant poussa un bref soupir, partageant la frustration d'Harry, avant de se reprendre.
-Il faut rester patient et l'avoir à l'usure. Toutefois, je ne pense pas que ce soit une bonne idée de dévoiler au Ministère Britannique le véritable but de ton voyage. Pour une simple question d'avantage stratégique, bien sûr, mais aussi parce que nous ne savons pas encore combien de nos ennemis y sont déjà infiltrés. Si tu as raison et que Voldemort est de retour et bouge ses pièces, cela pourrait te mettre en danger. La jeune Austen ne doit PAS savoir. Alors… Comment comptes-tu faire cela ?
Reconnaissant un test, Harry plissa les lèvres et réfléchit.
-Elle a quel âge ?
-D'après son physique, je dirais qu'elle doit avoir quelques années de plus que toi.
Et elle ne faisait qu'obéir aux ordres. Harry avait du mal à considérer ce genre de personne comme un ennemi, surtout un chevalier dragon. Et une jeune fille. Il ne savait pas si c'était son côté résolument chevaleresque qui parlait, mais il n'avait pas vraiment envie d'être méchant ou mesquin avec elle.
Le mieux serait de la mettre de son côté. De l'amadouer… Mais avec quoi ?
Soudain, venu de nulle part, alors qu'il pensait à ce qu'il avait pour lui, il se revoyait devant le miroir de l'infirmerie avec Mortimer.
C'était peut être une idée stupide, mais…
-Je pourrais… La séduire ?
Il avait déjà vu Desclare faire ce genre de chose. Prendre une allure charmeuse et distribuer des compliments. Si Mortimer avait raison sur son physique, alors Harry pouvait sans aucun doute réussir à subjuguer une adolescente.
Desclare le fixait très sérieusement comme s'il jugeait ses capacités.
-Je ne suis pas certain que tu sois prêt pour ça, laissa t'il entendre.
-On ne le saura pas si je n'essaie pas, répliqua Harry avec, soudain, la folle envie de mesurer son sex-appeal. Et au pire, si ça loupe, je n'aurais qu'à me rabattre sur un autre plan.
Il était assez confiant à la seule condition que la fille ne soit pas non plus repoussante. Son jeu d'acteur avait de grosses limites et il ne pourrait pas subir une Mimi Geignarde 24h sur 24 pendant plus d'une journée…
-D-
Il avait ainsi autant d'espoir que de craintes alors qu'il attendait en bas des falaises que son ajout Gallois fasse son apparition.
Ils n'étaient que quatre à être prêt à partir pour le moment : lui, Dennis, Talath qui était plus qu'excitée de pouvoir enfin aller en mission et Damian… Qui avait dû retourner dans sa caverne pour aller réveiller à nouveau son dragon.
Donc pendant que Dennis, bondissant à son habitude comme s'il avait bu trop de caféine, vérifiait et revérifiait le harnais de combat de Talath, ainsi que son propre attirail et ses drapeaux, Harry scrutait avec inquiétude les ouvertures obscures et désertes qui lui faisaient face.
Son cœur fit un léger bond quand il aperçut le capitaine Austen sortir de l'une des cavernes et se retourner vers quelqu'un qui l'accompagnait pour le serrer dans ses bras. Harry grogna d'impatience parce qu'il ne pouvait toujours pas la voir.
La discussion semblait être ce genre de choses graves et touchantes que se disent un parent et son enfant avant de se séparer, le même genre de chose qu'il avait eu avec Sirius et ça mit Harry dans d'assez bonnes conditions vis-à-vis de la chevalier.
Sa dragonne verte apparut alors derrière eux et se plaça rigidement au bord de la corniche, le corps légèrement aplati pour permettre à sa maitresse de la chevaucher. Talath renifla très fort de mépris en prêtant attention au même spectacle.
*Tu me donne bien la patte pour que je monte sur toi.* Lui rappela Harry.
/Amour et servilité sont deux choses très différentes. J'ose penser que vous ne me laisseriez jamais vous attendre dans ce genre de position./
* Non, rassure-toi ma beauté. Le truc qui me gêne, c'est que je ne l'entends pas parler.*
/Elle ne parle pas. Si elle a vraiment un cerveau, tout doit se passer dans sa tête. Pauvre créature./
La grande dragonne dorée frémit d'horreur et se concentra sur Dennis qui lui demandait si elle avait froid.
Harry y fit à peine attention puisque la silhouette se dégagea de l'homme et se plaça au côté de sa dragonne pour jeter un regard sur l'entièreté de la cuvette du volcan. De loin, elle ne semblait pas très grande et ses cheveux blonds étaient coupés aussi courts que ceux d'un garçon.
Harry fredonna d'appréciation pour lui-même. Il aimait les cheveux blonds.
Pendant un bref instant il eut l'impression que leurs regards se croisaient.
*Ey bonjour petite guerrière sur petite dragonette verte, hâte de faire votre connaissance.* Pensa Harry – peut être un peu trop fort car il sentit le frôlement d'une autre conscience contre son esprit.
Athéna ?
Talath émit un éternuement de dérision en réponse et Harry tendit la main dans sa direction pour qu'elle vienne y coller son museau. Il le caressa doucement en lui murmurant des mots doux alors que le couple en haut de la falaise descendait à présent vers eux.
La petite dragonne verte se posa légèrement au sol, presque avec délicatesse et s'inclina aussitôt pour laisser sa maitresse descendre de son dos. Talath quitta la main d'Harry et se contenta juste de tendre le cou pour souffler avec agacement sur elles.
La différence de taille était encore plus flagrante alors que la Vert Galois se figeait d'inconfort, les yeux roulant du jaune de la peur face à l'énorme tête qui faisait presque sa taille.
La créature était tout de moins assez joliment proportionnée avec de longues pattes courbées et musclées, le corps recouvert d'écailles souples qui s'épaississaient au niveau du cou et des membres inférieurs. Elle était aussi dotée d'une sorte de fine crête de piques souples le long de la colonne vertébrale qui devait réclamer l'utilisation d'une selle spéciale pour ne pas la blesser.
Harry fut coupé dans ses observations intérieures par une voix féminine assurée et légèrement agacée :
-Excusez-moi, pourriez-vous, s'il vous plait, maitriser votre dragon ?
Il s'écarta pour pouvoir observer la chevalier qui se tenait bravement face à Talath les poings sur ses hanches. Elle portait cet uniforme avec sa ridicule petite cape vert foret qui ne servait à rien, des lunettes de vol portée pour l'instant en serre tête au milieu de ses courtes mèches dorées qui entouraient un visage trop sérieux.
D'une façon curieuse, elle ne ressemblait pas aux maitresses de vertes de longwing. Il lui manquait les muscles, la confiance naturelle et tous les bibelots ou efforts de coiffures qu'elles mettaient en œuvre pour rester féminine et séduisantes (« bien dans leur peau » aurait dit Valentine) malgré tout l'attirail non sexy qu'on leur imposait.
Même Stevens avait cette putain de chevelure magnifique qui lui tombait sur les épaules.
Nope, face à lui il avait un fétu de paille pas plus grand que lui qui semblait tout faire pour essayer de gommer le plus possible de chromosome X. Malgré cela, au milieu des sourcils et des lèvres fines serrées, il y avait deux grands yeux bleus doux et un petit nez droit impertinent qui empêchaient définitivement Harry de la prendre au sérieux.
Elle ressemblait à un petit écureuil en colère. Il pouvait au moins se soulager d'être face à quelqu'un de raisonnablement jolie.
Il se mit à sourire sans trop d'effort, lançant immédiatement l'offensive de charme en tentant de la caresser du regard. Elle cligna les yeux nerveusement.
-Talath se maitrise très bien toute seule, elle n'est juste pas habituée à être snobée, commenta t'il à la grande horreur de Talath qui le poussa de la tête dans son dos, l'envoyant légèrement en avant.
/Il n'est pas question de cela mais du RESPECT qu'ils me doivent !/
Harry la rassura mentalement en se retenant de ricaner, la gratouillant sous le cou avec un regard rempli d'amour. Revenant vers la jeune fille, il se rendit compte qu'elle le fixait avec attention et derrière le sérieux, il sembla capter de la curiosité.
-Tu dois être Elizabeth Austen, maitresse de Athena, je suis…
-Harry Potter, le coupa t'elle alors que ses yeux grimpaient un instant sur sa cicatrice. Le Survivant, bien sûr, qui peut bien ignorer qui vous êtes ?
-Ils le font, dans cette Réserve, renifla Harry avec un peu d'indignation – ayant légèrement oublié l'effet de sa cicatrice sur chaque sorcier britannique.
-Hum, eh bien, c'est vrai que vous n'êtes pas tout à fait comme je me l'imaginais, fit-elle.
-Je suis plus charmant j'espère ? Tenta Harry en haussant une épaule.
Oh mon dieu, il avait l'impression d'imiter Sirius dans ses tentatives ponctuelles de drague envers Rogue. Talath le fixa avec inquiétude alors qu'il se fracassait mentalement la tête contre un mur.
-Je ne dirais pas exactement cela, grommela la blonde après quelques ouvertures et fermetures de bouches vaines.
Elle regardait à présent autour d'elle comme si elle espérait avoir de l'aide de Dennis ou de Damian et Emlith qui venaient d'atterrir.
-Tu peux me tutoyer au fait, on doit avoir à peu près le même âge, lança Harry en faisant mine d'ignorer leurs deux embarras respectifs.
Damian disait toujours que la clef d'une bonne drague c'était de continuer à faire comme si tout allait bien.
-Comme il te plaira, agréa t'elle, très formelle, avant de continuer plus sèchement : maintenant si on pouvait se concentrer sur la mission. Qui est le Chef d'équipe ?
Elle semblait prier très fort pour que ce ne soit pas lui. Harry secoua doucement la tête avec amusement.
-O'Connell, mais il n'est pas encore là. Il doit régler les derniers détails avec Desclare. Il manque encore la moitié de l'équipe, alors si j'étais toi et ta dragonne, je me détendrais un peu.
-C'est impossible, je suis en service et Athéna est un dragon d'élite…
Sa voix se fit légèrement plus ténue alors qu'elle fixait avec horreur Emlith se rouler dans la terre.
-Le harnais le démange, expliqua Harry.
Il fixa Athéna qui avait légèrement tourné le cou pour observer le grand dragon brun avec un air à peine aussi horrifié que sa maitresse, mais en sentant le regard d'Harry elle se remit aussitôt droite comme si elle avait commis une faute grave en oubliant sa position de statue.
Comme une gargouille plantée sur un bout de toit d'église.
Talath secoua la tête avec exaspération et se détourna – trouvant cela beaucoup trop affligeant pour elle.
-Vraiment Elizabeth, tu peux dire à ta dragonne de s'occuper, elle me donne des courbatures rien qu'à la regarder, insista Harry.
Il se serait bien adressé directement à la dragonette s'il ne s'efforçait pas de cacher sa capacité à parler à tous les dragons – et parce que, aussi, c'était généralement quelque chose de discourtois à faire lorsque l'on n'avait pas de rapport amical avec le chevalier.
Bien qu'Harry passait souvent outre ce dernier fait – après tout – son pouvoir l'empêchait de faire vraiment une différence entre humains et dragons. Et devoir demander la permission à quelqu'un pour parler avec un dragon semblait un peu infantilisant pour ce dernier.
-C'est Sergent Austen, fut-il reprit. Et Athena n'est pas habilité à « s'occuper ». Elle est parfaitement dressée et sous contrôle – au cas où tu l'aurais oublié, c'est un dragon, pas un animal de compagnie. C'est une monture de la Garde, au service du Ministère pour faire régner l'ordre. Et c'est un très grand honneur qu'elle sait représenter.
Harry qui avait croisé les bras pour l'écouter resta silencieux un moment en les fixant, le poids de son corps reposant sur son pied droit.
-Ouah, finit-il par lâcher.
Les yeux de la jeune fille se plissèrent, ayant très clairement perçu la condescendance amusée derrière sa posture et sa réaction.
-Je vois que les gens ont raison au sujet de l'arrogance et du manque de discipline des chevaliers dragons, siffla t'elle. Sans doute que cela vous fait rire de voir nos dragons – ou nos « poneys » comme vous dites.
Mais Harry ne perdit pas un instant son sourire, faisant quelques pas nonchalant dans sa direction, fouillant son regard pour voir sous le masque. Il en était pratiquement certain, cette fille aimait énormément sa dragonne et il avait très envie de gratter sur la surface pour dégager ce qu'il y avait en dessous.
Il était à côté d'elle quand il se remit à parler sans la regarder.
-Eh bien, si nous sommes arrogants, alors vous êtes collets-montés et coincés. Et de nous deux, chère Elizabeth, je suis actuellement le seul à voir Athena comme un dragon – et pas comme un balai sur une aire de décollage. Quoique même mon balai je le laissais bouger un peu.
/Bien envoyé !/ Approuva fièrement Talath alors qu'il continuait sa route vers Damian.
Ce dernier le regardait avec une étincelle moqueuse dans le regard *il sait* songea Harry avec un peu d'embarras.
-De toute évidence nous n'avons pas la même façon d'élever les dragons, claqua derrière lui Elizabeth avec hauteur, se détournant à son tour non sans rajouter : ET c'est « SERGENT AUSTEN » !
-Elizabeth, chuchota avec défi Harry en se demandant si elle l'entendrait.
Il ricana intérieurement de lui-même en réalisant qu'il avait plus ou moins utilisé la même technique avec Charlie lors de leurs correspondances. Est-ce que irriter quelqu'un jusqu'à le rendre fou était vraiment une façon de flirter ?
Il savait juste une chose, dans un cas comme dans l'autre, cela s'était révélé très divertissant, même s'il reconnaissait que les réponses de Charlie avaient plus comptées. Et que l'insistance du roux à ne pas rejoindre son point de vue lui avait donné une impression de pression au niveau de la cage thoracique.
C'était d'autant plus douloureux maintenant qu'il savait qu'il participerait au Vol de Talath… Ou peut-être pas ? Peut-être qu'il en avait à présent plus qu'assez d'Harry ?
Et Harry n'arrivait pas à dire s'il trouvait que c'était une bonne chose ou non. Mais… Il n'était pas amoureux ? Alors… Ce serait peut-être mieux de continuer à décourager Charlie.
…Mieux.
-Tu as quelque chose avec les blondes, pas vrai ? Lâcha Damian en l'attrapant par les épaules.
Harry roula des yeux en réponse, même si c'était vrai. Et il regarda la charmante Elizabeth essayant de ne pas ressembler à nouveau à un mignon écureuil en colère.
-Est-ce que ça veut dire que tu es amoureux de moi ? Continua son compère – effectivement blond- que Harry s'empressa de repousser sur le côté gentiment.
-Même pas en rêve !
-D-
/Vous vous faites du mal pour rien./ Affirma Derianth alors que Charlie observait depuis sa corniche les mouvements d'Harry en contrebas.
Il le savait, bien évidemment, nourrissant à la fois distraitement Jade avec des petits morceaux de viande, et son cœur avec l'acidité de la scène du baiser évité et avec l'amertume de la proximité qu'il permettait avec Damian et avec cette… Verte Galloise.
/Damian n'éprouve pas ce genre de sentiments pour Harry./ Le rappela à l'ordre Derianth – toujours incroyablement posé et un rien moralisateur.
Il fallait dire que le garçon était dans LEUR escadrille, ils devaient s'occuper de lui, pas entretenir de la colère insensée à son égard parce que, lui, pouvait toucher l'objet de ses pensées. Son bronze avait raison, mais il était un dragon. Foncièrement cohérent. Les humains ne l'étaient pas forcement. Charlie ne l'était pas en ce moment.
Ce fut d'ailleurs ce qui le fit grogner lorsqu'il entendit le bruit de bottes derrière lui, annonçant la venue d'une autre personne très cohérente.
-J'ai besoin d'être un peu seul, River, annonça-t-il d'une voix grincheuse.
Le brun s'arrêta juste derrière lui et enfonça sans préavis l'une de ses bottes dans le dos de Charlie pour le secouer d'un mouvement nonchalant.
-J'ai besoin d'une nouvelle ceinture, d'une nouvelle paire de bretelles et du dernier livre de Gilderoy Lockhart pour rire un bon coup, mais, tu vois, dans la vie on n'a pas toujours ce qu'on veut, répliqua la voix ironique de son meilleur ami avant de ranger son pied.
-Non, en effet, sonna de même Charlie en regardant Harry saluer Reyn qui venait de se poser au sol avec son dragon.
River renifla avec mécontentement en tirant son cou pour voir ce qu'il fixait avec tant d'intensité.
-Ce garçon sera ta mort Charlie.
Ce dernier grogna pour seule réponse.
/Sa cour de séduction ne se passe pas très bien./ Expliqua doucement Derianth à l'autre chevalier.
-Pourquoi diable d'abord devrait-il le courtiser ? Répondit River.
/Cela offre de meilleures conditions de victoires pour le Vol./
-C'est comme s'il ne faisait pas confiance à tes capacités.
Le dragon ronronna doucement avec un son pensif.
-Arrêtez tous les deux de parler de moi comme si je n'étais pas là, fit Charlie en offrant son dernier morceau à sa lézard de feu. Tout ça n'a rien à voir, ou presque, avec le Vol. Je veux qu'il m'aime, d'accord ? Et si Derianth attrape Talath durant le Vol, je ne veux pas me retrouver le lendemain avec une gêne monstrueuse entre moi et Harry et vu comme il a réagi à mon approche de la dernière fois c'est sûr qu'il y aurait eu un gros malaise. Il avait l'air… Complétement surpris.
Il laissa tomber les derniers mots avec un désarroi palpable. Et dire que tout le monde n'arrêtait pas de se moquer de son manque de subtilité concernant son béguin pour Harry… II fallait que le principal intéressé ne se soit, de toute évidence, rendu compte de rien.
Que devait-il faire ? Moins d'insinuations, plus de parler cru ? Moins de douceur, plus de rentre dedans ?
Derianth lui envoya l'image mentale d'une brebis fuyant en panique la gueule d'un dragon avec pour message simple qu'il était parti pour faire encore plus décamper son protégé avec de tels plans. Le bronze aimait bien Harry malgré ce qu'il faisait subir à son chevalier et il n'avait pas envie de voir leurs plans changer.
*Harry n'est pas une chèvre.*Précisa t'il tout de même à son compagnon.
/Harry est impulsif et facile à perturber. Il est comme un jeune dragon qui teste ses ailes. Ce n'est pas parce qu'il a raté une fois une figure avec vous qu'il ne la réussira pas un jour./
Maudissant finalement Derianth, il souhaita ardemment que Talath lui en fasse voir de toutes les couleurs dans l'avenir. Histoire d'équilibrer la balance.
-As-tu pensé que, peut-être, tout simplement, il est juste attiré par les femmes, Charlie ? Conseilla prudemment River en venant s'accroupir à côté de lui.
-Il a donné l'empreinte à une REINE ! Ca veut dire ce que ça veut dire !
-Non, ça veut juste dire qu'il est une incohérence. Si c'était dans l'ordre naturel des choses, il y aurait un ratio de reines couplées avec un homme humain aussi important que c'est le cas avec les dragonnes vertes. Ca ne l'est pas. Actuellement, sur toute la Terre entière, Harry est le SEUL. Partager son esprit avec un être de sexe féminin ne le rend pas forcement gay. Tout comme partager ton esprit avec un être de sexe masculin ne fait pas de toi un homme strictement hétéro.
Vrai, il s'était révélé être bisexuel. Mais c'était le cas de beaucoup de chevaliers bronze et brun. Une certaine flexibilité sexuelle était nécessaire quand les vertes avaient des maîtres des deux sexes. Ce qui ne signifiait pas forcement qu'ils l'étaient tous. River était un cas purement hetero et pas mal de bruns étaient juste gays. Ils avaient même quelques autres cas particuliers avec un chevalier bleu complétement dépourvu de désir sexuel et deux chevaliers verts transgenre.
Tout était possible et leurs vies en étroite collaboration avec les dragons les rendaient tous, à quelques exceptions près, très tolérants et ouvert d'esprit.
Mais Charlie vivrait la pire déception de sa vie si Harry n'était même pas un petit peu attiré physiquement par lui. La seule idée le rongeait de l'intérieur et il ne put s'empêcher de regarder d'un sale œil le manège de Harry, en bas, avec la chevalier étrangère.
-Charlie… Soupira doucement River en posant une main sur son épaule. Tu dois retrouver les membres de ton escadrille. En plus, Harry ne va pas tarder à partir pour sa mission.
-Je sais… Je voulais lui dire au revoir… Mais… J'ai l'impression que je ne serais pas vraiment bien reçu. Et mon humeur… N'est pas au mieux. Et je ne veux pas qu'il me voit à nouveau à mon pire. ENCORE. Je n'ai jamais été autant à mon pire qu'avec lui.
-C'est parce qu'IL fait ressortir le pire de toi, claqua River avec un rire sombre alors qu'il tournait les talons vers la caverne, considérant la discussion close.
Charlie se leva à son tour et se frotta nerveusement le bras en jetant un dernier regard au fond du volcan.
/C'est parce qu'il fait ressortir tes émotions et les rends plus fortes./ Rectifia Derianth qui savait mieux, le ton plein de douceur et d'amour.
Charlie lui rendit un sourire reconnaissant.
-D-
Mortimer et Hellth précédèrent tout juste O'Connell et son bronze. La verte secoua à peine l'air en laissant descendre son Maître avant de bondir avec plusieurs sauts jusqu'à Gendrath, enroulant son cou au sien avec des roucoulades sonores.
Son humeur ne semblait cependant pas contagieuse puisque Mortimer avait l'air d'avoir avalé un citron et avec une avancée rapide, attrapa Harry pour l'éloigner de Damian et du reste du groupe.
-Mais ?! Que… ?! Fit Harry avant de se faire interrompre.
-Pourquoi tu ne m'as pas dit que Reyn participait à cette mission ?!
-Euh… Je me suis dit que ça te ferait plaisir ? Lança Harry, vraiment interrogatif puisqu'il ne comprenait pas ce qui mettait son ami dans un tel état.
-Absolument pas. Reyn et moi on a rompu depuis plusieurs mois !
-Quoi ?! Glapit Harry en se retenant fortement de faire des allers retours visuels entre les apparemment anciens amoureux.
Il n'arrivait pas à y croire !
L'apprenti guérisseur se frotta le bras comme s'il avait froid, semblant ne pas savoir où poser son regard.
/Je ne comprends pas non plus./ Fit distraitement Hellth en direction de Harry. /Mais j'ai renoncé à comprendre depuis longtemps. /
Mortimer roula des yeux, semblant la trouver ridicule.
Et comme de juste :
/C'est vous qui l'êtes./
-C'est Reyn qui m'a laissé tomber, d'accord ? Gémit Mortimer en haussant des épaules. Je ne vois pas pourquoi j'aurais dû ramper à ses pieds pour lui demander de revenir dans mon lit. Je ne l'oblige à rien et ce n'est pas à moi de gérer ses insécurités !
Harry resta muet, totalement en dehors de sa zone de confort. Il était juste le pire confident du monde et avait pratiquement envie de lui dire d'aller parler à Damian. Même si Damian avait probablement une trop grande bouche et pour sa part les pires conseils du monde.
Il se sentait cependant désolé de la tristesse et l'amertume qu'il pouvait lire sur le visage du chevalier vert. Il s'était ouvert de nombreuses fois à lui au sujet de son affection pour Reyn et la rupture n'avait pas dû être si anodine que ça pour lui.
-J'aurais dû te demander… Soupira Harry. Encore une fois j'ai l'impression qu'on ne s'est occupé que de mes problèmes.
-Eh, qui est l'ainé ici ? Fit Mortimer. Contrairement à toi je suis un grand garçon. Ça ira. Je réussirais à cohabiter avec mon ex pour quelques jours.
Tout en lui ébouriffant les cheveux, il le poussa vers l'endroit où les chevaliers s'étaient réunis pour écouter O'Connell parler de la première partie de l'expédition.
Il y aurait deux points de transplanage. Le premier à mi-parcours, dans les Alpes Autrichiennes, près de Salzbourg où ils feraient une pause d'une heure pour s'assurer du bien être des dragons, puis le saut jusqu'au sud de la France, où ils feraient à nouveau un arrêt avant d'attaquer le Long Vol jusqu'au point de rendez-vous fixé par Fleur.
Harry écouta distraitement le rapport bref et méthodique émit par la voix de basse de l'adulte, observant son équipe en se demandant s'il avait bien fait. Suivre son instinct l'avait toujours mené à bon port d'une façon ou d'une autre alors il ne lui restait plus qu'à avoir foi en lui-même.
Ses yeux se placèrent alors sur Elizabeth Austen à la recherche de son nouveau défi immédiat.
Il pouvait le faire. Il pouvait la manipuler.
A suivre…
Que ceux qui pensent que Harry se lance dans un jeu bien foireux lèvent la main… Le comité de soutien à Charlie Weasley présidé par Mortimer est au bout du couloir à droite… Le groupe d'attente à la réapparition de Drago Malefoy est à l'étage supérieur. L'antre de l'écrivain est dans la cave, merci de la nourrir exclusivement de biscuits de noël. )
