Mot de l'auteur : Bonjour tout le monde ! C'est le moment pour un peu de fanfiction :p !
C'est un chapitre (long) que j'ai eu beaucoup de plaisir à écrire alors j'espère qu'il vous plaira !
La minute culture non obligatoire : Avez-vous deviné mon inspiration pour les veelas ? Le gros indice, c'était le nom de la grand-mère de Fleur : « Myrtha ». En fait tout ça vient d'un célèbre ballet du 19eme siècle appelé « Giselle, ou les Willis ». Willis étant une autre traduction pour veela (ou vila ou vily…), eux même issus de contes slaves. Dans ce ballet, Giselle qui est de santé fragile est séduite par un homme, mais découvre qu'il est fiancé, et comme elle est apparemment TRES fragile, elle meurt de folie et de chagrin, trahie et devient une willi. Les willis sont des créatures de vengeance et la reine des willis, Myrtha, retrouve l'homme et le condamne à danser toute la nuit jusqu'à en mourir, mais l'amour de Giselle étant plus fort que son sentiment de trahison, elle s'arrange pour soutenir son ancien amoureux jusqu'à ce que l'aube se lève, lui permettant ainsi de survivre. (Bon et il y a aussi un autre mec mais je simplifie).
Voilà, c'était la minute culture non-obligatoire !
-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE-
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -
Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade) –Second de la 4eme Escadrile-
River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze) -4eme escadrille-
Cyan (dragon bronze)
James O'Connel (dragon bronze Regileth) – Capitaine de la 1ere escadrille-
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)- 1ere Escadrille-
Damian (dragon brun Emlith) – 4eme Escadrille-
Reyn Li (dragon brun Gendrath) -4eme Escadrille-
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -
Candidats : Dennis Crivey
-CHATEAU DE NURMENGARD-
Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-
-ORDRE DU PHENIX-
Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley
-CHATEAU DE POUDLARD-
George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley
-GARDE DES VERTS GALLOIS-
Capitaine: Austen (dragon bleu Victorius)
Sergent : Elizabeth Austen (dragon vert Athena)
Chapitre 43 : Quartier chinois
Le soleil l'aveugla à la sortie de la Grotte du Diable, puis Moineau fila sur lui comme une flèche, pleins de pépiements déconcertés jusqu'à ce qu'il retrouve sa place au milieu des fourrures ornant le col de son blouson.
Il y avait là aussi les regards aux cernes ombrés des deux chevaliers qu'il avait laissé derrière lui et qui s'étaient assis où ils pouvaient comme deux pauvres types gardant une entrée.
-Je vous avais dit que tout se passerait bien ! Clama-t-il en levant les bras.
Reyn poussa un grognement avant de laisser tomber sa tête d'un air désespéré.
-Pire personne à protéger AU MONDE, l'entendit-il cracher entre ses bras.
O'Connell était encore occupé à faire l'inventaire de ses membres comme s'il craignait qu'un veela en ait mangé un morceau, puis il se hissa sur ses jambes de toute sa stature pour se tenir devant Harry comme si ça aurait pu avoir le pouvoir de l'intimider, bras campés sur ses hanches en option.
-Tu ne feras plus JAMAIS cela.
-J'avais raison de le faire, répliqua Harry en levant des yeux plissés vers lui. Et je le referais à chaque fois que ce sera nécessaire.
-Non. Tu es un soldat, tu ne peux pas agir comme bon te semble à chaque fois que cela te prend !
O'Connell avait attrapé son épaule pour le tenir devant lui et Harry n'essaya même pas de défaire la prise, connaissant suffisamment leurs différences de forces. Cela n'empêcha pas Moineau de sortir sa tête de sa capuche pour siffler à la face de l'homme avec menace.
-Je ne suis pas un soldat, je suis un Seigneur, répondit-il doucement en appuyant le dernier mot.
-TU es un Aspirant.
Harry haussa les épaules avec un sourire distrait :
-Oui, cette stupide chose qu'est la règle impliquant d'attendre le Vol pour me donner les rênes de la Réserve. Dans tous les cas, être destiné à un poste de commandement m'oblige à réfléchir au-delà des ordres, Desclare m'entraine pour ça depuis deux ans après tout.
-C'est pour éviter d'avoir des Dames ou des Seigneurs arrogants ou mégalomaniaque qu'on leur impose un partenaire, Aspirant Harry, et je n'ai jamais vu autant la nécessité de cette tradition qu'en ce qui te concerne.
O'Connel le lâcha aussitôt et se détourna, l'expression sombre, pour reprendre la route vers leur campement.
-Allons-y, je ne sais pas ce que cette fille, Fleur Delacour, fait, mais nous nous rentrons. Nous sommes déjà restés trop longtemps et si les français le découvrent, nous risquons d'avoir des problèmes.
Harry le fixa en silence, la mâchoire serrée et l'homme dû comprendre qu'il n'obtiendrait rien de lui puisqu'il eut un geste désespéré dans sa direction avant de reprendre son escalade vers le sentier.
Reyn se résigna alors à se lever et à suivre le mouvement, les muscles endoloris par sa veille.
-J'ai de la sympathie pour le pauvre homme qui aura la charge d'essayer de te contrôler, lâcha-t-il au passage et Harry eut un ricanement sournois.
Ses pensées étaient assez similaires, bien que pas aussi miséricordieuse. La vérité c'était que l'homme capable de le contrôler n'était pas encore né et ne naitrait peut être jamais.
Le chemin du retour à travers la montagne éclairée par la belle lumière hivernale fut bien plus simple et bien plus agréable. Rapidement ils purent apercevoir le village et la silhouette de leurs dragons.
Regileth trompeta leur retour avec joie, surprenant les oiseaux et probablement tous les moldus des environs car si le Mot de pouvoir Nox pouvait cacher les dragons à leurs vues, il ne faisait cependant rien au sujet du son.
Heureusement cela pouvait aisément passer pour une corne de brume.
Harry repéra l'éclat de lumière qui se reflétait sur sa dragonne, occupée à grimper en hauteur en tirant Gendrath avec elle pour leur assurer un peu d'intimité. Reyn bloqua alors deux secondes de surprises alors qu'il repérait qu'une discussion étrange était en train de se produire entre leurs deux dragons, mais il était difficile de marcher sur un sentier plein de caillou avec son esprit de l'autre côté de la vallée, alors il se refocalisa sur ses propres sens, non sans jeter un regard méfiant dans sa direction.
Harry retint son sourire malicieux, il savait que Reyn n'aimerait pas du tout ça, mais ses choix étaient limités. Seul lui pouvait l'amener à bon port et il était très content d'avoir décidé de le prendre pour cette mission.
Ainsi, Gendrath avait l'air particulièrement perturbé quand il envoya son esprit vers son chevalier, et donc vers Harry par la même occasion.
/La Jeune Reine veut que nous l'amenions quelque part. Elle veut. Elle ordonne. Et nous ne devons en parler à personne… C'est très inhabituel comme requête. Je n'aime pas les choses inhabituelles !/
Reyn dû se coller un torticolis vu la vitesse avec laquelle il tourna la tête dans sa direction, l'expression très mauvaise. Il ouvrit la bouche mais Harry colla un doigt sur ses lèvres pour lui faire signe de se taire.
Il se rapprocha alors l'air de rien en gardant O'Connell dans son champ de vision pour s'assurer qu'il ne faisait pas attention à eux.
-Je t'expliquerais tout une fois à destination.
-Pourquoi ne pas le faire maintenant avec les autres ?
-Parce que ce serait une autre perte de temps. O'Connell ne veut pas bouger sans l'autorisation de Desclare et le sergent Austen voudra celui de cette salope d'Ombrage. Et je ne veux PAS qu'Ombrage sache ce que je suis en train de faire.
-Et qu'est-ce que tu proposes alors ? Cracha silencieusement Reyn d'un ton tranchant.
-Tu ne semblais pas désireux de me protéger hier ? Se moqua Harry. C'est ta chance de le faire.
-Te protéger actuellement semblerait impliquer de te ligoter à Regileth et à laisser O'Connell te ramener à la Réserve !
-Gendrath ne peut pas désobéir à Talath, tu le sais, et vous deux n'aurez qu'à tout nous mettre sur le dos quand on sera rentré. Après tout, ce ne sera que la vérité, que nous vous avons forcé.
/Je ne peux pas désobéir à la Jeune Reine./ Gémit presque le dragon brun comme s'il attendait que son chevalier arrange les choses.
Il y avait un arrière air de chien pleurnichant derrière son maitre parce que sa balle préférée est coincée sous un meuble.
-Et c'est ce que tu fais, pas vrai ? Grogna Reyn. Est-ce que tu as menacé aussi Mortimer la dernière fois que tu as disparu ? Est-ce que tu lui as dit qu'il n'aurait aucun problème alors qu'il aurait pu passer en cour martiale ? Aurait pu perdre Hellth ?
-Mortimer s'est proposé tout seul, répliqua Harry avec hauteur, lui, au moins, a un sens du devoir et sait prendre des risques. C'est un Vert, mais il a plus de courage dans son petit doigt que dans tout ton stupide corps de Brun.
La remarque sembla mal passer et pendant un instant, Harry vu le moment où l'autre homme allait l'attraper et lui balancer son poing dans la figure, mais Reyn sembla se rappeler à qui il avait à faire à temps et prit fortement sur lui.
Et l'adolescent aux cheveux noirs souffla de soulagement, il n'avait pas besoin d'une telle complication et pas envie d'un bleu au visage. Il était néanmoins conscient qu'il avait touché un point douloureux et se le nota dans un coin de l'esprit pour plus tard.
Quoi qu'il en soit, ils arrivaient déjà au campement et Harry n'avait plus le temps de se perdre en débat avec Reyn.
-Lorsque nous serons dans l'air pour transplaner, je veux que Gendrath transmette à Talath des coordonnées sûre pour apparaitre à Paris.
-Une brusque envie de shopping ? Grinça Reyn.
-Je t'expliquerais après, le coupa Harry avant de former un sourire pour Elizabeth, Mortimer et Damian qui les attendaient de pied ferme.
-On va mourir, cracha Reyn. Si ce n'est pas durant cette escapade, ce sera parce que Desclare voudra nos têtes encadrées sur le mur de son bureau.
Harry lui donna un coup de pied agacé dans le mollet pour le faire taire et l'éloigner.
Mortimer les regardait tous les deux avec suspicion quand Damian lui adressait le sourire le plus lourd de sous-entendu que Harry lui avait jamais vu et que Elizabeth était une petite masse de mécontentement.
Dennis, ce cher enfant, se contenta d'un salut joyeux avant de continuer à plier le campement.
-Alooors, chantonna Damian, il parait que tu t'es bien amusé~ !
-Je n'ai pas couché avec un veela, l'arrêta aussitôt Harry.
-Quoi ?! Tu n'en as pas tripoté un un peu ?
-Non, pas même un peu. Crois-moi, quand tu as marché sur cent mètres de cadavres en décomposition pour arriver jusqu'à eux, tu as une toute autre façon de les considérer.
Damian se détourna, déçu de ne pas pouvoir récolter un bon récit et se lamentant du manque d'initiative d'Harry (ce qui, intérieurement, faisait bien rire le concerné).
-Dans ce cas, pouvons-nous savoir ce qui t'a retardé ? Fit Elizabeth en s'avançant d'un pas vers lui et en levant le menton d'un air digne.
-Coma éthylique, ne mentit presque pas Harry.
Il y avait réfléchit durant sa sortie de la grotte et cela semblait la meilleure explication à fournir.
-J'avais déjà bu un peu au restaurant et ils m'ont donné à boire un alcool très certainement pur. C'est le problème avec ce genre de réunion, ils vous peinturlurent avec une bouillie bizarre et vous ne pouvez rien refuser de ce qu'ils vous donnent à boire ou à manger sous risque d'être impoli. Finalement, vous vous réveillez sur le sol humide et inconfortable d'une grotte avec le pire mal de crane du monde.
Elizabeth le considéra un instant avant de se détourner et de pousser un soupir consterné :
-En même temps, je n'ai pas l'impression que les hommes ont besoin de beaucoup de sollicitation pour se noyer dans l'alcool. La veille de notre départ, plus de la moitié de nos chevaliers étaient au lit en gémissant comme des bébés pour avoir trop bu durant la fête.
Harry gloussa légèrement et Mortimer approuva d'un coup de coude :
-Pas que vos hommes. J'ai l'étrange souvenir d'un aspirant rampant misérablement jusqu'à moi pour une potion…
-Tss, faux frère.
/Mortimer me fait vous dire qu'il SAIT que vous n'êtes pas malade de vous être saoulé hier. Il sait à quoi vous ressemblez dans ces cas-là./ Intervint Hellth. /Mais il accepte de jouer le jeu./
Face au regard beaucoup trop clairvoyant de Mortimer, Harry se racla la gorge avec gêne et changea aussitôt de sujet en apercevant Athéna qui marchait vers eux, les ailes pliées sur son dos.
-On dirait qu'Athéna va beaucoup mieux !
Il ignora l'expression faussement offusquée de Mortimer alors qu'Elizabeth approuvait d'un hochement de tête, se forçant très fort apparemment de ne pas câliner sa dragonne.
-Tu avais raison, le chevalier Cadwell est un bon soigneur.
Elle adressa le plus petit sourire à Mortimer, ce qui était en soi une amélioration par rapport à son ancien malaise évident.
-Nous avons un peu parlé hier soir, tandis qu'on t'attendait.
-Je ne lui ais pas dit trop de choses mauvaises sur toi, plaisanta le chevalier Vert, mais j'ai peur que Damian n'ait pas eu cette retenue.
Harry ne put s'empêcher de sentir ses joues chauffer et lutta contre l'envie d'hurler le nom de Damian et de le poursuivre pour lui rôtir les fesses.
-Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter des amis comme vous ?! Se plaint-il à la place. Je ne suis pas SI mauvais tout de même ?! Elizabeth, ne croit pas un seul mot de ce qu'ils ont pu te dire !
-C'est « Sergent Austen » pour toi, rectifia t'elle, sans cependant le venin qu'avait pu contenir ces mots autrefois.
Elle était en train de se moquer de lui, les yeux remplis de défi. Elle poussa d'ailleurs un petit soupir exagéré :
-Quel drame, c'est un mythe qui continue à s'effondrer. Quand je dirais à tout le monde que Harry Potter, le Survivant, ne change pas tous les jours de caleçon…
-Ouaaah ! C'était UNE fois et juste parce que j'avais oublié d'amener mon linge à laver ! Est-ce que Damian a précisé qu'il n'est pas rare qu'il porte les siens trois jours d'affilés !
Elizabeth et Mortimer firent ensemble la grimace.
-La masculinité dans toute sa grandeur ma chère Lizzie…
-Plus que je ne voudrais le savoir.
-Eh ! Pourquoi lui il a le droit de t'appeler sa « chère Lizzie » tandis que moi je ne peux même pas t'appeler par ton prénom ! S'exclama Harry.
Un éclat de regard bleu acéré lui répondit tandis qu'elle se détournait pour terminer de ranger ses affaires.
-Parce que je peux lui faire confiance. Par contre, je ne pourrais pas me prononcer à ton sujet… Même si…
Il la regarda s'adoucir légèrement et s'humecter les lèvres avant qu'elle ne se décide à continuer doucement :
-… J'aimerai beaucoup ça.
Il soupira intérieurement en se disant que c'était mal parti vu ce qu'il s'apprêtait à faire. Gagner la guerre était bien sûr plus important que d'embrasser et de roucouler avec une fille qui lui plaisait, mais c'était la première fois qu'il ressentait du regret à ce sujet.
/Elle vous pardonnera si elle est intelligente./ Chercha à le consoler Talath.
Cela commençait à faire beaucoup de gens qui allaient devoir lui pardonner, songea in petto Harry alors qu'un O'Connel toujours contrarié les poussaient à aider à finir de plier le campement plutôt que de papoter comme des bonnes femmes.
-D-
Il eut l'espace d'un instant une vison d'amas de bâtiments réunis en plusieurs triangles, de grandes tours et en général d'une énorme concentration urbaine très différente du calme et paisible village de Quézac, puis il y était, sortant des ténèbres et du froid de l'Entre-Deux pour apparaitre dans le ciel de Paris, le cœur battant à tout rompre face à l'excitation et à son audace.
Dans quelques secondes, O'Connell se rendrait compte que Reyn et Harry n'avaient pas suivis le mouvement de la troupe et alors…
Et alors ça n'avait pas d'intérêt pour l'instant.
Depuis le ciel, Paris s'étendait de toute part, divisée en deux par la Seine et pourvue ici et là d'amas de végétation. Harry ne put s'empêcher de pousser un rire incongru en apercevant la pointe de la Tour Eiffel au Nord-Ouest de leur position.
Talath était plus perplexe qu'autre chose, incapable de dire si elle aimait ou non. Il y avait beaucoup de choses faciles à brûler et tellement d'humains qu'elle n'aurait qu'à se pencher pour en ramasser un entre ses crocs. Elle en avait déjà même l'eau à la bouche. Il y avait aussi cette drôle d'odeur de fumée qui n'était pas désagréable du tout même si, à force, elle souhaiterait retourner à l'air pur et vif de la montagne.
/Je pense que voir autant de petits humains s'agitant réveille une part très primale de moi./ Annonça Talath. /Nous ferions mieux de nous poser quelque part./
/Nous avons notre perchoir habituel./ Annonça Gendrath. / Suivez-nous./
Le dragon brun piqua vers le sol, en direction d'un ensemble de tours d'immeubles qui surplombait tout le quartier. Il en choisit un et atterrit sur le toit en essayant de le faire le plus doucement possible. Talath tenta de l'imiter, mais elle était bien plus imposante que lui et le mouvement de ses ailes envoya une bourrasque qui secoua les arbres alentours, souleva les jupes de quelques dames en contrebas et envoya voler plusieurs chapeaux.
-Quel est cet endroit ? Demanda Harry en sautant à bas de Talath.
-Ma famille vit dans cet immeuble, expliqua Reyn qui commençait les vérifications de routine sur Gendrath. Je laisse toujours Gen' ici lorsque je viens leur rendre visite. Ma famille a tendu exprès un sortilège pour qu'il puisse rester au calme.
-C'est bien utile, approuva Harry en vérifiant lui aussi Talath.
Dennis lui manquait pour cette tâche immense, mais il avait réussi à le persuader de monter avec Damian et Emlith sous prétexte de voir les différences entre dragons.
Harry avait presque honte.
-Il y a beaucoup de sorciers qui vivent ici ? Demanda-t-il.
-Tu veux dire en dehors de ma famille élargie ? Ironisa l'autre homme. J'ai des oncles et des tantes partout dans cette rue. Il y a les Tang, aussi, qui tiennent une boutique de divination des baguettes et d'astrologie chinoise. Mais sinon, non, on se partage possessivement le commerce hautement traditionnel et pas du tout cliché d'apothicaire. L'avantage c'est que les clients sont autant des sorciers que des moldus adeptes de la médecine chinoise et qui ne sourcilleront pas devant de la poudre de triton séché. Mais tu peux être sûr que la dizaine de boutiques présente dans le quartier, bien que possédant des noms différents sont toutes tenus par des membres de la famille Li.
-Ca sonne comme une mafia.
-Attends de rencontrer ma mère…
En fait, il n'eut pas beaucoup à attendre. Pénétrant par l'issue de secours du toit, ils descendirent quelques étages identiques avant d'entrer dans un appartement très coloré. Beaucoup de rouge et d'or, nota mentalement Harry même si les motifs étaient très différents des tapisseries de gryffondor.
Ça sentait aussi l'encens.
Reyn appela, un mot qui ressemblait à « maman » et une femme surgit alors avec de grands cris que Harry ne comprenait pas, venant attraper son fils et le serrer fortement dans ses bras avant de lui embrasser les joues et le front tout en continuant à s'écrier.
-Désolé, grogna Reyn dans sa direction avant d'essayer de calmer sa mère.
Elle était elle aussi chinoise, les cheveux noirs courts en carré autour de ses joues, le visage aux traits bienveillant bien que possédant une allure solide sous sa chemise à col mao et son pantalon en toile beige. Et comme Harry baignait dans le français depuis hier, il remarquait qu'elle n'avait pas le même accent, le sien était plus chantant et exotique.
Quand elle eut fini d'harceler son fils, elle se tourna vers lui avec un sourire et le salua d'un mouvement de tête.
-Harry, je te présente ma mère, Camélia Li (à ce moment-là la dame lui tapa sur le bras avec un air agacé et il ajouta : ) mais elle préfère qu'on l'appelle 'Lia Li.
-Dis-lui que je la remercie pour son accueil, répondit Harry en esquissant lui aussi un hochement de tête vers elle.
Reyn se mit alors à parler en français, et Harry réussit à attraper au passage le mot « anglais » et « dragon », puis les yeux de sa mère s'écarquillèrent visiblement avant de se poser sur Harry avec une sorte de lueur fanatique.
Aussitôt il eut les bras plein d'une dame chinoise qui lui baragouinait des choses à toutes vitesse tout en le tirant vers une pièce qui se trouvait être un salon et de lui pointer avec insistance une grande tapisserie magique représentant ce qui devait être un dragon doré de la race des Célestes ou des Impériaux.
Le reptile ondulait élégamment dans un ciel bleu clair, son corps au cuir lisse reflétant la lumière du soleil.
-Bon, fit la dame dans un anglais teinté d'accent chinois. Homme. Dragon d'or. Chance. Grande chance et bonnes choses. Très contente.
-Euh… Fit Harry en jetant un regard d'appel à l'aide en direction de Reyn qui se tenait accoudé à l'embrasement de la porte.
-Elle dit que tu honores sa maison par ta venue et par celle de la Reine Talath. Que tu apportes à ma famille fortune et chance et blablabla. Si elle te connaissait comme je commence à te connaitre, elle saurait qu'elle ferait mieux de te chasser en te jetant du gros sel.
Harry lui rendit un regard noir.
Puis revint à la dame en s'efforçant de lui sourire alors qu'elle s'inclinait à répétition devant lui :
-Oh pitié… Merci ? Mais je ne fais rien vraiment… (Et comme cela n'eut aucun effet) Reyn ! Dans quelle langue parle ta mère au juste ?! C'est du chinois ?! Est-ce qu'elle me comprend ?
-Non, c'est bien du français… Avec un atroce accent chinois, même moi je ne la comprends pas la moitié du temps.
L'autre brun sembla en avoir eu assez de laisser Harry dans l'embarras puisqu'il vint cueillir sa mère pour la décrocher et lui donner apparemment des commandes puisque la femme se hâta vers une autre pièce en continuant à regarder de temps en temps Harry et lui souriant comme s'il était la huitième merveille du monde.
Quand elle eut enfin disparue, il poussa un soupir de soulagement.
-Elle est plutôt intense.
-Je lui ai demandé de nous apporter de quoi manger, parce que je sais pas toi, mais moi je crève la dalle. A cause de ton retard, on n'a même pas pu prendre de petit déjeuner.
-Tu vas m'en vouloir longtemps, pas vrai ? S'enquit Harry avec amusement.
-Si on reste en vie ? Oui. Moi qui ai toujours cru que les dames de la Réserve n'étaient rien d'autre que sagesse et pondération…
-Alors tu n'as connu que Leslie, parce qu'à ce que j'ai entendu de Gloria… Je ne lui arrive pas encore à la cheville question faire tourner en bourrique les chevaliers !
-Oui, Leslie était gentille et toujours douce. Comme sa sœur, mais en plus rigolote. Elle venait souvent nous voir du temps où j'étais Candidat puis Aspirant pour discuter et plaisanter avec nous. Elle m'a beaucoup aidé au début quand j'ai été envoyé à la Réserve. Je… Je ne savais pas trop si je voulais être chevalier à l'époque… J'aurais préféré aller à Beauxbatons. Termina-t-il en fronçant les sourcils, contemplant sombrement la tapisserie.
-Pourquoi être devenu Candidat alors ?
-Je n'ai pas choisi. C'est la tradition dans les familles sorcières chinoises d'offrir un enfant aux Réserves. C'est un « grand honneur », on balade les gamins choisis dans la rue avec des banderoles et on leur jette du riz dessus pour qu'ils puissent donner l'Empreinte. Mon grand frère doit succéder à mon père, donc lui a eu droit à Beauxbatons, moi j'ai eu droit aux dragons. Non pas que j'en suis malheureux maintenant, bien au contraire. J'aurais été malheureux si j'avais dû rester ici.
-A cause de ta mère ? Voulut plaisanter Harry mais apparemment il tapa plus près que prévu.
-Ma famille n'aurait jamais accepté un fils gay, lâcha Reyn avec une expression sinistre.
-Oh…
Harry ne sut quoi dire, embarrassé, pensant pendant un instant à ce que lui avait dit Hermione à Noël au sujet d'y aller doucement quand il devrait parler de sa possible homosexualité aux Weasley. Apparemment, Charlie n'avait lui-même jamais révélé qu'il pouvait apprécier les garçons à l'occasion. Peut-être qu'il se doutait de la façon dont serait mal accueillie la nouvelle…
Imaginer que Ron le repousse à cause de ça suffisait à lui tordre les entrailles.
-Attends… Mais ta mère n'a pas semblé choquée que je sois un chevalier or. Elle se doute bien que… ?
-Non, ce n'est pas du tout ce à quoi elle pense. Elle croit que tu es une sorte de divinité à cause de vieilles légendes chinoises.
-Quoi ?!
-Eh bien, on dit que les Empereurs des Anciens Temps étaient tous les compagnons de Dragons Or. Des Impériaux comme la bestiole sur cette tapisserie. Le fait qu'ils leur aient donné l'empreinte faisait d'eux des fils du Ciel et les rendait légitimes au titre. C'est d'ailleurs pour ça que la couleur jaune ne pouvait être portée que par l'Empereur. Honnêtement, si tu veux mon avis, les empereurs devaient fricoter avec leur garde du corps loin du lit de l'Impératrice !
Harry ricana, mais ne put s'empêcher de regarder à nouveaux la tapisserie avec plus d'attention.
-Reyn ?
-Ouais ?
-Les sorciers chinois ont toujours été en avance sur nous question dragons…
-C'est ce que tu as dit à la moitié velane hier.
-… Et donc, grâce à ça, ils étaient plus avancés en alchimie.
-Ouais, sorciers comme moldus. Pas pour rien que la poudre à canon a été inventé là-bas. Pourquoi ?
-Je crois que je viens de découvrir la plus grosse escroquerie de l'histoire de la Chine. Impliquant des alchimistes, un caillou rouge, la quasi certaine complicité des dragons et des hommes avides de pouvoirs.
-Quoi ?!
Mais Harry ne put répondre puisque Camélia Li débarqua de la cuisine avec une sorte de boite ronde d'où sortait de la fumée.
-A manger, fit-elle fièrement en le couvant du regard.
Reyn récupéra leur repas et discuta avec elle, provoquant l'apparition d'une moue de déception sur son visage et son retrait à nouveau dans l'autre pièce.
-Remontons manger sur le toit, proposa Reyn, on y sera plus tranquille pour discuter.
La boite contenait des espèces de gros beignets blanc qui intriguèrent autant Harry que Talath, surtout quand le chevalier brun en lança un direct dans la bouche de Gendrath.
-Ce que je préfère. Baozi : des brioches fourrées à la viande et aux légumes, expliqua ce dernier en venant s'asseoir au bord du toit, les pieds pendant dans le vide.
/Je veux aussi en gouter./ Insista Talath.
-Tu plaisantes, c'est trop petit pour toi, tu ne sentiras même pas le gout que ça a, répliqua Harry en imitant Reyn qui mordit une grande bouchée dedans.
Le pain avait une texture moelleuse et la farce était délicieusement chaude et bien assaisonnée. Parfait pour le réchauffer dans le ciel glacial de Paris, même si ça semblait un peu anti-cliché. Il aurait probablement dû avoir une sorte de café chic avec vue sur la Tour Eiffel.
-C'est bon ! Approuva t'il et Reyn eut une sorte de sourire paresseux en réponse.
Cela donnait une toute autre impression de son visage et pendant un instant, Harry pu comprendre ce qui avait attiré Mortimer là.
/Je veux aussi en gouter !/ Se plaignit alors Talath en venant taper sa tête avec le bout de son museau pour ne plus être ignorée.
Et comme Moineau venait s'ajouter à l'acharnement, Harry attrapa une des brioches pour la jeter dans la gueule de sa dragonne et laissa son lézard de feu grignoter dans la sienne.
Bien évidemment, le plat remporta bien plus de succès d'un côté que de l'autre.
/Mouaif… Ça ne vaut pas un gros bœuf…/
Harry secoua la tête d'un air gentiment désespéré tandis que Talath se détournait, déçue.
Il revint alors sur le chevalier brun, mais le moment décontracté semblait passé et ce dernier fixait d'un air pensif le quartier qui s'étalait sous ses yeux.
Ca semblait le moment pour une question indiscrète :
-Donc… Quel est le grand problème avec Mortimer ?
Un éclat de surprise à vif tira le visage du chevalier, puis il referma les poings autour du vide en lui adressant un regard noir :
-Le même « grand problème » qu'il y avec toi, Merde ! Laissa-t-il échapper alors. Est-ce si terrible de nous laisser vous protéger ? C'était tout ce que je voulais de Mortimer. Je voulais qu'il ait confiance en moi pour se reposer sur mes capacités. Pas qu'il me tapote gentiment la tête en me disant de ne m'inquiéter de rien et règle tout dans son coin. Il est apprenti guérisseur, il a déjà suffisamment de préoccupations…
-Peut-être qu'il pense que c'est quelque chose qu'il doit faire de lui-même ou qui ne le concerne que lui, lâcha Harry avec une once d'agacement hautain. Mais c'est plus quelque chose me concernant, je pense. Mon cas et celui de Mortimer sont totalement différents. J'ai besoin de faire mes preuves, tu vois ? Je ne dois pas être assisté ou surprotégé sinon ça perd tout son impact, tout son sens. Mortimer n'a rien à prouver. C'est un adulte ET je crois que tu oublies tout simplement un truc à son sujet : la raison qui fait qu'il est apprenti guérisseur. Il est incroyablement altruiste. C'est son truc aider les gens. C'est ce qu'il AIME faire. Si tu l'aimes, tu ne voudrais pas lui retirer ça.
-Je l'aime, affirma sans appel Reyn. Mais c'est un truc que nous caractérise un peu, nous les chevaliers bruns et bronze, c'est qu'on a besoin d'être utile. On a besoin de quelque chose à protéger et à chérir. Et… A ses côtés j'ai l'impression de ne servir à rien. Qu'il n'a pas besoin de moi en dehors de la chambre…
Harry se mordit la joue en baissant les yeux sur Moineau qui profitait de son inattention pour piquer un peu plus de farce dans sa brioche. Pendant un instant l'image de Charlie s'était imposée à ses yeux – Charlie lui reprochant de ne pas s'être reposé sur lui – Charlie triste d'être mis de côté.
Un truc de bruns et de bronzes, en effet…
Se secouant, il décida de revenir sur le cas en question : Reyn et Mortimer.
-Tu te trompes, il a l'air vraiment triste que vous soyez séparés. Et ce n'est pas qu'une question de sexe, crois-moi. Il m'a suffisamment parlé de toi pour que je le sache. Tu sais, quand il te mentionne, tout son visage s'illumine, même s'il est fatigué ou contrarié. Savoir que tu es là pour lui semble suffisant pour lui permettre de passer n'importe quelle journée. Donc tu l'aides. Tu l'aides vraiment. Pas en le protégeant comme une putain de demoiselle en détresse. Il n'en a pas besoin. Mais en lui offrant un lieu où se rendre à la fin de la journée… Une raison de sourire ou de rire…
Le visage de Reyn se crispa brusquement, tout en profondes rides et sourcils froncés tandis qu'il fixait un point droit devant lui, ses yeux sombres brillants. Puis, après un reniflement sonore, il lâcha un simple « D'accord. » et essaya de reprendre contenance.
-Mortimer est… J'étais plutôt enthousiaste la première fois que Gendrath a attrapé une verte. Melith, la dragonne de Lars. Mais Lars a vraiment traité ça de façon très décontracté, comme un coup d'un soir, comme si ça n'avait pas d'importance. D'ailleurs la nuit d'après, il était déjà dans les bras d'un autre. Ça m'avait un peu… découragé. Je ne savais plus à quoi m'attendre et je n'avais plus trop d'enthousiasme à ce sujet, puis Gendrath a attrapé Hellth et… Me réveiller avec Mortimer le lendemain. C'était totalement différent. Il souriait comme s'il était vraiment heureux de me trouver là.
/Melith était une erreur./ Fit Gendrath avec souci. / Et son chevalier était un idiot. Je suis toujours désolé de vous l'avoir imposé./
Reyn eut un petit soupir affectueux face au soutien de son dragon, puis il continua :
-Si je me sors vivant et entier de cette histoire, je vais essayer de le faire revenir à moi.
-J'espère être aussi vivant et entier pour voir ça. Quoique… Est-ce que ça voudrait dire que je vais avoir encore droit à un récit détaillé de vos habitudes sexuelles ? Eeerk…
-Hey ! Le bouscula Reyn alors qu'il tirait la langue de dégout. Dis-moi plutôt maintenant pourquoi tu m'as entrainé dans cette merde monumentale ?
Harry reprit son sérieux et tira un morceau de parchemin de sa poche de blouson où Fleur avait écrit une adresse :
-Je dois rencontrer Nicolas Flamel.
-L'alchimiste ? S'étonna Reyn en récupérant le papier. Le troisième arrondissement ? C'est pas très loin d'ici… (il tendit un doigt derrière eux en direction de la Seine). Mais pourquoi tu veux voir un alchimiste ?
-Je suis convaincu qu'il sait des choses à mon sujet. Des choses qui ont peut-être un rapport avec Voldemort ou ce qu'il se passe en ce moment au Ministère… Ou en tout cas… En rapport avec le fait que je sois le chevalier d'un dragon d'Or. Tu vois, quand j'étais en première année à Poudlard, Nicolas Flamel a laissé sa pierre philosophale au château, sous la protection de plusieurs sorts et enchantements. Voldemort la voulait. Il a essayé de la voler à la banque de Gringotts le jour même où elle a été retirée… Le jour même où la personne qui m'accompagnait pour acheter mes affaires scolaires l'a retirée. Et devine qui était là aussi cette année ? Quirell, qui est responsable de la mort de Leslie. Au bout du compte, je suis celui qui a réussi à récupérer la pierre et je l'ai touchée. En fait, c'est presque comme si elle m'avait attendu… Ça ne peut pas être que des coïncidences ! Rien ne peut être une coïncidence, pas plus que ma rencontre avec un souvenir de Voldemort dans la Chambre des Secrets lors de ma deuxième année… Parlant aux serpents et pouvant ouvrir l'entrée… Ou même, je ne sais pas… Plein d'autres choses… C'est comme si tout avait été mis en place même avant ma naissance pour que je puisse me trouver ici en ce moment !
Il se retourna vers Reyn pour obtenir une sorte d'assentiment, mais le chevalier le regardait la bouche entrouverte, semblant totalement hors de la réflexion et de l'enthousiasme d'Harry.
-… En fait, tu es aimant à emmerdes, fut la propre conclusion du brun. Ca devrait être un soulagement que ça ne vienne pas du fait que tu sois un chevalier, mais étrangement, ça ne l'est pas. C'est même plutôt inquiétant.
-Ce n'est pas le point ! Râla Harry.
-Ca devrait le devenir. Mais ok, tu nous as fait venir à Paris pour avoir des explications. Mettons-nous d'accord sur le fait que ça n'implique ni combats, ni mises en danger intempestives et que nous allons fortement éviter d'avertir le Ministères des Affaires Magiques de notre présence. Je ne veux PAS être arrêté par un Auror.
Harry haussa des épaules, l'air douteux.
-On va essayer.
-Aimant à emmerdes, répéta tout bas Reyn en grinçant des dents avant de continuer : Bon, on ne peut pas y aller à dos de dragons et ça reste trop loin pour y aller à pieds. On va demander à mon frère de nous y amener.
-Ton frère ? L'interrogea Harry alors qu'il finissait sa brioche et qu'il suivait du regard son compagnon qui se levait.
-Il a un véhicule.
-D-
Une fois hors de la tour d'immeubles, Harry n'eut plus du tout l'impression d'être en France. Les bâtiments étaient dépourvus du cachet ancien et élégant qu'il imaginait être le style parisien, avec des moulures rococo et des rambardes fantaisies aux balcons et aux fenêtres, arborant au contraire des façades en béton blanc sali du gris de la pollution. Heureusement qu'il y avait les vitrines éclatantes de couleurs des nombreux restaurants asiatiques, épiceries asiatiques, centre culturel chinois, salon d'esthétique et de massages asiatiques. Probablement y avait-il aussi quelque part une banque asiatique, un médecin asiatique, et pourquoi pas même des cabinets d'avocat asiatiques?
C'était comme un Chemin de Traverse en version asiatique, ouvert en plein milieu de Paris.
Et même les gens qu'ils croisaient étaient pratiquement tous asiatiques. De vagues hypothèses au sujet de regroupements de familles immigrantes se formèrent dans son esprit. Il y avait eu des choses similaires en Angleterre. Il y avait bien une raison pour laquelle le curry était devenu un plat si populaire.
Ils passèrent devant le salon de divination des Tang, leur vitrine présentant un fouilli poussiéreux de statues de dragons impériaux, de cartes de tarot, d'estampes déroulées présentant des schémas compliqués mystiques et trois boules de cristal étiquetées à 10 galions ou 60 francs[1]. Sans cette indication, Harry n'aurait jamais pu deviner que la boutique appartenait à des sorciers.
L'apothicaire dans lequel le fit rentrer Reyn était encore plus passe partout, la pièce très propre remplie de jarres, de boites et de bocaux, avec quelques plantes d'allure exotique et là aussi un arrière fond d'odeur d'encens. Derrière un comptoir, un homme qui ne pouvait être QUE le père de Reyn s'il en jugeait les sourcils et l'expression (mince, c'était génétique apparemment) baissa un journal pour dévisager ses potentiels nouveaux clients.
-Wayde est dans l'arrière-boutique ? Demanda Reyn en lui épargnant à peine un regard avant qu'un très discret hochement de tête silencieux l'envoi à travers une porte du fond.
Harry resta un peu plus face au regard vide de l'homme et le salua d'un geste de la tête pour ne pas avoir l'air malpoli. Il finit néanmoins par bégayer en désignant lui aussi la porte et se décida à suivre son guide avant de se sentir plus mal à l'aise.
L'homme ramena le journal devant ses yeux sans un bruit ni sentiments.
De l'autre côté il y avait une réserve faite de grands placards pleins de petits tiroirs, d'une table de travail avec des mortiers et des pilons, et encore derrière, quelques cages où s'entassaient des animaux et des créatures magiques dont un murlap qui cracha méchamment dans sa direction.
Moineau sortit un instant sa tête du col d'Harry pour lui grogner dessus en retour, mais Harry le rabattit à l'intérieur de la main alors qu'il pénétrait dans une cour intérieure où Reyn discutait avec une version plus âgé de lui-même qui fumait un mégot.
Un vieux cyclomoteur portant deux caisses de chaque côté arborait la publicité de la boutique : « Au Comptoir du Chrysanthème. Herbes, potions et médecine traditionnelle chinoise. » suivi d'un numéro de téléphone.
La discussion entre les deux frères se déroulait en français alors Harry resta à l'écart en acceptant de se faire montrer du doigt de temps en temps. Il interrogea pour passer le temps son lien avec Talath et celle-ci lui appris avec enthousiasme que la mère des garçons était montée sur le toit pour leur donner à manger et qu'elle se montrait très élogieuse à son sujet, ce qui ne pouvait que lui agréer.
*Tu as déjà mangé avant notre départ. Tu vas avoir du mal à t'envoler.*
/Ca fait déjà DEUX jours !/ Répliqua-t-elle avec indignation comme si c'était énorme.
Ce qui ne l'était pas pour un dragon qui dévorait quatre bêtes en un seul repas et qui avait un système digestif extrêmement lent.
-OK, c'est bon. Il nous emmène, lui lança Reyn alors que le frère écrasait son mégot sous sa chaussure.
Ce dernier le regardait avec un air bizarre, mais Harry préféra ne pas poser de questions tant qu'il obtenait ce qu'il voulait. C'est-à-dire, jusqu'au moment où le mec monta sur son cyclomoteur et les regarda avec impatience.
-Euh ? Quoi ?! Begaya Harry alors que Reyn grimpait derrière lui et que désormais deux regards identiques l'agressaient. On va monter à TROIS sur cet engin ?!
-Mais oui, t'en fais pas ! Ca se fait tout le temps ici !
-On ne devrait pas porter au moins un casque ?
Les deux chinois se regardèrent, Reyn traduisant apparemment, puis ils haussèrent tous les deux des épaules, l'air pas inquiet. [2]
-OK, se résigna Harry en venant se percher serré entre Reyn et le porte bagage. Mais tout d'un coup je ne me sens plus le garçon le plus dangereux du groupe.
Il eut à peine le temps d'enrouler ses bras autour de la taille de Reyn (qui roulait des yeux d'un air exaspéré, notez-le) que la petite moto partait dans une pétarade sonore et une impulsion bien plus importante qu'il ne l'aurait cru.
Rapidement ils se retrouvèrent dans la circulation à louvoyer entre les voitures.
-Je ne pensais pas que ça roulerait aussi vite ! S'exclama Harry dans le dos du brun.
-Normal, mon frère l'a bricolée !
-Tout d'un coup tu viens de perdre cent points de confiance de ma part !
Il avait beau dire, une fois légèrement assuré que le grand frère n'allait pas les planter contre un autre véhicule, il se détendit suffisamment pour profiter du paysage. Leur groupe avait désormais quitté les quartiers chinois pour quelque chose de bien plus français et il ne put s'empêcher de se sentir excité alors qu'ils traversaient la Seine sur le pont de Bercy, entourés d'arches qui découpaient la vue sur les berges.
Des rues d'abord modernes laissèrent ensuite place aux splendides appartements haussmanniens et des bâtiments d'allure historique qu'il était incapable de nommer. Une immense place avec une grande tour verte en son centre, des petits jardins à la française, des lampadaires élégants, des bâtiments qui au final finissaient par ressembler tous à des monuments historique, même à l'intérieur des petites rues dans lesquelles se faufilait habilement, et avec un sens de l'orientation unique, leur conducteur. Harry regardait autour de lui avec de grands yeux écarquillés, regrettant somme toute de ne pas pouvoir s'arrêter et profiter de l'ambiance.
Il éclata d'un rire un peu hystérique quand il réalisa qu'il était en définitive à PARIS.
Finalement leur petite excursion se termina quand ils arrivèrent dans la très jolie et très étroite rue de Montmorency, au 51, l'adresse que lui avait indiquée Fleur.
Il n'était pas difficile de trouver la maison, la seule avec une façade de pierre ancienne avec des fenêtres en bois à croisillons. L'endroit semblait cependant être une sorte d'auberge, puis, alors qu'ils se rapprochaient, certains éléments de l'architecture se floutèrent et cela changea radicalement l'apparence du lieu. Exit le restaurant, une plaque dorée indiquant « Nicolas Flamel, Alchimiste d'Etat » annonçait fièrement à quoi ils avaient à faire.
Apparemment le bâtiment contenait deux lieux différents selon que l'on soit moldu ou sorcier. La partie sorcière avait même une ruelle sur le côté qui indiquait sur un écriteau suspendu « Passage des cents potionistes. » sur lequel se reposait une petite chouette.
- Attendez-moi ici, fit Harry en s'extirpant comme il le pouvait du cyclomoteur. Avec un peu de chance, je ne devrais pas en avoir pour longtemps…
Mais alors Reyn attrapa adroitement son poignet pour le retenir :
-Et si c'était dangereux ? Tout le monde me tuerait s'ils apprenaient que je t'ai laissé seul !
-Tu te rends compte que Nicolas Flamel doit avoir presque mille ans ? C'est un vieillard ! Que je sois maudit si un satané vieillard se jette sur moi lorsque je franchirais cette porte !
Reyn fit la moue.
-Très bien, j'hurle si j'ai besoin d'aide, ça te va ? Si danger il y a, il viendra surement de l'extérieur, donc j'ai besoin de toi pour ME hurler si tu vois un auror ou un mangemort.
Reyn s'adossa contre un mur et grogna.
-Je suis un très mauvais hurleur.
-Ca tombe bien, moi aussi, répliqua Harry avec un regard noir avant de tirer sur une chaîne reliée à une petite cloche.
Le son n'alla pas très loin au milieu du vacarme habituel de la ville, mais cela suffit à faire apparaitre un elfe de maison à l'entrée qui les fixa avec surprise, ses yeux s'arrêtant rapidement sur l'emblème présente sur leurs blousons.
L'elfe baragouina quelque chose en français, qui surprit apparemment Reyn, mais celui-ci répondit tout de même et Harry souffla intérieurement d'exaspération pour tous ces gens qui ne parlaient pas sa langue.
-Pardon. Cet elfe de maison sait parler un peu anglais, fit alors le petit être en revenant sur Harry. Maître a dit un chevalier dragon venir bientôt. S'il vous plait, entrez.
-Mr Flamel savait que j'allais venir ? S'étonna Harry en suivant son guide dans une maison sombre et encombrée de tout un tas d'objets poussiéreux ayant l'air plus ou moins magiques.
-Maître est un très grand sorcier, se contenta t'il de répondre en avançant avec précaution comme s'il avait peur de marcher trop fort.
Au détour d'une armoire encombrante, un très vieux et très délicat monsieur à la chevelure blanche comme de la neige se tenait, assis dans un fauteuil à oreille.
Ses yeux bleus semblèrent s'éclaircir de leur propre lumière quand ils se posèrent sur Harry, avec un mélange de soulagement et de curiosité.
-Ah je vous attendais, seigneur Harry. Mais ne restez pas debout, asseyez-vous et pardonnez au vieil homme que je suis de ne pas se lever pour vous saluer. Je crains que mes hanches ne me le pardonnent pas.
-Bien sûr, pas de problème Mr Flamel, se précipita Harry en s'asseyant sur un autre fauteuil et en le rapprochant un peu. Je suis désolé de m'inviter sans vous avoir prévenu à l'avance… Bien que vous ne semblez pas du tout surpris et même très informé. Etes-vous une sorte de devin en plus d'être un alchimiste ?
L'homme eut un petit rire, comme un carillon et Harry ne put s'empêcher de le regarder avec une sorte de fascination tellement il semblait… doux dans son allure et son comportement. Ce n'était probablement pas ainsi qu'il aurait imaginé un génie qui aurait voué sa vie à l'alchimie et qui avait surpassé les limites de la mortalité.
-Pas devin, non. Mais je comprends votre confusion. Je suis certain que ces derniers jours ont été riches de nombreuses façons. Je savais que vous vous présenteriez à ma porte, mais je ne savais ni quel jour, ni quelle heure. Je n'avais pour indication que ce que m'avait dit votre arrière grand-mère, Dame Maureen.
A ce moment-là, l'elfe qui s'était éclipsé apparut avec un plateau de thé et une assiette de petits gâteaux secs, empêchant Harry de sauter sur le vieil homme pour comprendre ce qu'il venait de dire.
-Enfin, ex Dame… Continua Flamel alors que l'elfe les servait. Elle avait déjà perdu sa dragonne quand elle est venue me voir pour obtenir de l'aide.
-Quel aide pensait-elle obtenir de votre part ? Demanda Harry, un peu agacé de se sentir si perplexe vis-à-vis du tournant de la discussion.
-Elle pouvait obtenir toute l'aide qu'elle pouvait demander. Moi et ma femme l'aurions aidé à se cacher de Grindelwald. C'était l'époque, vous savez. Grindelwald s'était donné pour but d'exterminer toute la Lignée de Sorka afin d'avoir enfin l'avantage sur le flanc aérien. Au début il avait essayé de rallier ces femmes à sa cause, mais il a vite compris que c'était perdu d'avance. C'était pourtant un grand manipulateur et un grand séducteur.
Harry prit la tasse que lui tendait l'elfe et comme il n'avait pas la moindre envie de thé à l'heure actuelle, il laissa Moineau sortir de son blouson en le dézipant légèrement pour le laisser laper dedans.
Cela ne sembla pas offusquer son hôte mais l'elfe sembla un peu dépité.
-Je ne suis pas venu parler de mon arrière-grand-mère, vous savez, annonça t'il.
-Je sais pourquoi vous êtes là et cela a tout à voir avec elle, répliqua le vieil homme avec un sourire malin. Comme je vous l'ai dit, elle n'est pas venu me demander de l'aider à se cacher, elle est venue à moi pour la même raison que vous : la pierre philosophale.
Harry fronça les sourcils, quelque chose venant taquiner son esprit sans qu'il arrive cependant à l'attraper. Puis au bout d'un moment, il lâcha le cours de ses réflexions à voix haute :
-Elle savait. Elle savait que je viendrais vous voir aussi. Comment elle savait ça ?
-Elle savait parce qu'un miroir d'obsidienne le lui avait montré.
-Quoi ?! S'exclama Harry. Vous voulez dire qu'elle a eu des visions ? Mais…
-C'est votre ancêtre, elle aussi avait ce pouvoir. Elle vous a vu, elle savait que vous viendriez au monde, que vous seriez de son sang et que vous seriez un chevalier or.
-Mais ELLE était DEJA morte quand je suis né ! Comment a-t-elle pu voir quelque chose qui arriverait après sa mort ?
Nicolas Flamel poussa un profond soupir et brisa avec difficulté en deux un petit gâteau avant d'en suçoter un morceau pensivement.
-Ce que vous devez comprendre, Seigneur Harry, ce sont les différences qui existent entre les pratiques divinatoires, les prophéties et les visions du miroir d'obsidienne. Si j'en juge l'odeur de sauge et les traces d'aubépine que vous avez sur votre échancrure, vous revenez d'une séance probablement perturbante de Rêve Eveillé menée par les veelas. C'est une pratique très courante dans de nombreuses civilisations, magiques comme moldues, qui consiste à ingérer des doses d'opiacés pour ouvrir son esprit et capter des choses que l'on ne capte pas habituellement. Comme si les évènements du passé et du futur se mélangeaient en une même vague que l'on peut saisir un bref instant. Les veelas ne sont pas une race ayant des dispositions particulières pour la divination, c'est leur seule façon de procéder.
-Mais ce que la reine Myrtha m'a dit… (Harry dézipa complétement son blouson pour laisser apparaitre sa chemise déchirée et l'étoile à six branches toujours peinte sur son torse.) Sur mes morts, mes apparentes renaissances… Elle a laissé entendre que Talath allait mourir !
-C'est ce que j'essaie de vous faire comprendre : certaines choses, les plus vagues en général, sont souvent en effet appelées à se produire. Et là cela tient de la prophétie. C'est une forme de divination qui peut ou non s'éloigner du cadre d'un seul individu pour s'inscrire dans une destinée globale du monde, parce que là on lutte contre des forces magiques au-delà de nos capacités. C'est une force astrale, permettant à ceux qui savent lire les étoiles, comme les centaures, d'avoir une idée de ce qui se prépare. Quand Mars est en apogée dans le ciel, son influence magique donne à tous ceux qui souhaite la guerre une possibilité de la voir se concrétiser. La forme qui est marquée sur votre torse est une disposition d'étoile toute particulière qui agit sur vous. Chacun de ces points représente un astre céleste et c'est le mélange de leurs influences qui font ce que vous êtes aujourd'hui. Mais ce n'est PAS quelque chose de précis. C'est plus quelque chose de circonstanciel.
-Je ne suis pas certain de comprendre… Les étoiles ont un pouvoir magique sur nous ?
-Les astres nous influencent, bien sûr. Ils influencent toute la Création. L'exemple le plus concret est celui de la lune. Elle a une influence énorme sur les océans, sur la végétation, sur la psyché humaine, sur les loups garous et sur les rythmes biologiques des femmes. Et la lecture des astres c'est le principe même de l'astrologie. Mais ce que vous devez comprendre, c'est qu'il est inutile de se pencher sur ce genre de divination. Il est impossible de prévoir avec justesse ce qu'il va se passer. A ce sujet l'univers est insondable et peut avoir un drôle de sens de l'humour.
-Donc…
-Arrivera ce qui doit arriver à ce sujet. Mais si vous essayez de traficoter les évènements pour qu'ils aillent dans votre sens, vous vous en mordrez les doigts à un moment ou à un autre.
-Mais à quoi sert la divination alors ? Si on ne peut pas empêcher les choses horribles d'arriver, ça n'a aucun intérêt !
-Ce que j'appellerais la « petite » divination peut avoir un intérêt à ce sujet, bien que ce soit là aussi très fastidieux. C'est ce qui regroupe par exemple la lecture des feuilles de thé ou le tirage des cartes, parce qu'ils vous donneront des réponses sur votre avenir au moment même où vous faites la divination. Mais les résultats peuvent changer d'un jour sur l'autre, parce que l'avenir « précis » n'est jamais écrit dans la pierre, il change tout le temps. On peut vous annoncer la mort d'un proche un jour, mais comme vous êtes désormais au courant et que vous avez fait quelques démarches à ce sujet, ne serait-ce qu'aller lui parler de la météo alors que vous n'auriez pas dû aller le voir ce jour-là normalement, vous avez changé l'avenir.
-Donc le fait qu'on m'ait parlé de la possible mort de Talath, ça a pu l'empêcher ?
-Peut être, peut être pas. C'est tout le fait de la vie, Seigneur Harry, chaque jour est une surprise, et la divination est plus quelque chose que nous avons constaté malgré nous, que quelque chose voué à nous être utile. Mais les visions du Miroir d'Obsidienne sont encore différentes.
-En quoi ? Elles montrent l'avenir. Ou du moins des bribes de moments parfois sans intérêt et d'autres dramatiques. Et même pas dans un ordre chronologique à mon avis.
-Oui, oui… Mais elles sont différentes parce qu'elles ont un but. Sans elles, vous ne seriez jamais venu au monde. Si Dame Maureen n'avait pas su qu'elle avait un dernier devoir à tenir, elle aurait fait comme tant d'autres chevaliers qui perdent leurs dragons sur le champ de bataille : elle se serait arrangée pour se faire tuer. Mais elle savait qu'elle devrait perpétuer et protéger sa lignée pour que vous apparaissiez. Les visions du miroir d'obsidienne sont différentes dans le sens où elles sont extrêmement précises et qu'elles ne doivent pas être évitées ou empêchées, aussi horribles puissent-elles être.
Rapidement, un flash de sa vision de la bataille courut dans l'esprit de Harry et il aurait aimé pouvoir la transmettre telle quelle au vieil homme pour qu'il révise ce qu'il venait de dire.
-Moi vivant… Commença-t-il avec menace avant d'être coupé :
-Ces visions sont un guide, si vous en voyez une, ça veut dire que vous êtes sur le bon chemin.
-Le bon chemin vers quoi ? Une extermination ? Fit Harry avec un ton un peu hystérique.
Nicolas Flamel resta cependant très calme, le contemplant même avec une touche d'empathie qui eut le don de le faire redescendre de ses grands chevaux.
-Le bon chemin pour la race des dragons et de leurs chevaliers. Vous vous étonniez que Dame Maureen ait eu une vision de vous, mais c'est parce que le Miroir d'Obsidienne ne montre PAS l'avenir de la personne qui le regarde, il montre l'avenir d'une race entière. Personne ne sait pourquoi ce poids est tombé sur Sorka et sur ses descendants, mais une puissance supérieure a fait de vous les protecteurs des dragons. C'est pour ça que vous pouvez les entendre, pour ça que vous avez du pouvoir sur eux, pour ça qu'on vous a confié les Miroirs d'Obsidiennes pour vous aider et vous guider dans votre tâche.
L'homme s'arrêta brusquement, la gorge sèche et attrapa lentement et précautionneusement sa tasse de thé pour la boire tandis qu'Harry était trop choqué pour réagir. Nicolas Flamel reprit donc :
-C'est pour ça que Dame Maureen savait qu'elle avait besoin de la pierre philosophale pour que le moment venu vous puissiez marquer une reine dorée. Elle m'a confié cette tâche et j'ai discrètement attendu qu'un garçon naisse, un garçon sorcier, même si je dois m'avouer que je ne m'attendais pas à ce qu'il se retrouve l'objet de tous les regards avant même sa naissance. Dès votre conception, c'est comme si un murmure s'était mis à glisser dans les airs pour atteindre toutes les races magiques et leur faire comprendre que quelque chose de gros et d'important se passait. Quand vous avez survécu au Mage Voldemort, alors beaucoup y ont vu une réponse, bien que d'autres savaient que ce n'était que le début… Pour ma part je savais qu'il me suffirait de placer la pierre non loin de vous pour que vous soyez attiré par elle, je l'ai donc sous un faux prétexte confiée à mon ami Albus pour qu'il la protège à Poudlard. Il n'était pas du tout au courant de mes véritables intentions.
-Donc comme je le pensais, ce n'était pas une coïncidence ce qu'il s'est passé lors de ma première année… On a fait de moi un chevalier d'or. Mon arrière-grand-mère l'a fait parce qu'un vieux miroir noir lui a dit de le faire, sans se préoccuper de ce que je pourrais ressentir alors que j'étais son descendant…
-C'est vrai, je comprends que vous vous sentiez utilisé…
Harry se leva aussitôt de son fauteuil pour faire les cents pas nerveusement dans la pièce.
-Je me demande si être chevalier rend inapte à ressentir des sentiments pour sa progéniture, grogna t'il sans s'arrêter.
-Mais c'est un devoir que vous partagez. Ce n'est pas un « vieux miroir noir ». C'est une œuvre alchimique sans pareille. Savez-vous ce qu'est l'obsidienne ?
-La pierre des dragons, cracha Harry sans trop d'intérêt.
-C'est une roche produite par les volcans, née du feu, de l'acide et du souffre. Trois éléments nécessaire à la création de la pierre philosophale soit dit en passant. Trois éléments de dragons. On raconte même que les dragons seraient nés des volcans. Seraient leur force incarnée en une seule créature. Dites-moi Seigneur Harry, en quelles circonstances vous êtes-vous retrouvées en présence d'un miroir d'obsidienne ? Il y en a peu désormais et je ne me souviens pas avoir entendu parler de celui de la Montagne Blanche depuis un moment.
-Il était dans une salle abandonnée, répondit Harry. Je l'ai découvert parce que le sol s'est effondré sous mes pieds.
-Et ça arrive souvent à la Montagne Blanche que le sol s'effondre sous vos pieds ?
-C'est un volcan, il y a tout le temps des petits tremblements de terre.
-Mais au point où ils vous fassent tomber directement dans la salle du Miroir…
Exaspéré à présent, Harry pivota brusquement vers le vieil homme :
-Qu'essayez-vous de me faire dire au juste ?
-Je vous dis juste que ce jour-là vous avez été appelé. Appelé pour faire votre devoir comme toutes vos ancêtres avant vous. Sorka a fait ce qu'elle devait faire. Maureen l'a fait aussi et aujourd'hui, cette puissance issue du feu, issue des volcans, vous a guidé jusqu'au miroir pour que vous en fassiez autant. Je ne dis pas que vous devez le faire, ni que vous ne devez pas le faire, je vous explique juste ce qu'il y a derrière une partie de votre passé et comment vous servir de ce que vous avez vu…
-S'il me guide pour le bien des dragons…. Aussi étrange que ça puisse paraitre vu ce que j'ai vu… Est-ce que je peux penser que ces visions peuvent m'amener à vaincre la Dame Blanche et Voldemort ?
-Je ne saurais vous le dire avec certitude, mais je ne pense pas que ce Mage Noir soit bon pour quelques races qui soient, même les plus sombres d'entre elles. Le monde, les astres, les forces physique ou chimique, tout l'univers tourne autour d'une notion d'équilibre. Voldemort est un agent de déséquilibre, il nie la Mort pour lui et l'apporte aux autres, réveille ceux qui sont tombés de leur sommeil mérité et se nourrit du Pouvoir en excès. Mais toi, Harry, tu es au contraire un agent d'équilibre. Une part d'homme, une part de femme, une part de Vie et une part de Mort… mais la reine Myrtha t'a surement déjà expliqué tout cela. Ensuite… Concernant la Dame Blanche… Elle est l'ennemie du Miroir d'Obsidienne et de ce qui l'anime plus que tu ne peux l'imaginer…
-Vous savez qui elle est ? S'étonna Harry. Personne ne semble le savoir. J'ai pensé qu'elle pouvait être une velane, mais maintenant que j'en ai vu des vraies, je sais qu'elle ne l'est pas. Elle est trop âgée et… froide, pas humide et végétale comme les veelas. Maintenant je me demande si ce n'est pas un vampire…
Nicolas Flamel eut un petit sourire distrait en regardant vers la fenêtre encrassée qui perçait le mur du fond.
-Cette réponse arrivera en temps et en heures.
Harry fixa à son tour la fenêtre pour apercevoir le visage d'un inconnu contre le carreau.
Une baguette était pointée contre la vitre et Harry se demanda si ce type avait entendu leur discussion et depuis quand.
Une brusque montée d'adrénaline et de colère l'envahit brusquement et il se précipita sur la fenêtre pour l'ouvrir. S'apercevant qu'il avait été découvert, l'autre sorcier se jeta loin du mur. Il se précipita dans la ruelle sorcière alors qu'Harry escaladait la fenêtre et envoyait d'un mot Moineau sur lui.
Le petit lézard de feu ne se fit pas prier et pour se rapprocher plus vite essaya de transplaner, mais sans succès. Ce qui expliquait aussi la fuite du sorcier.
-Il y a des barrières de transplanage !
Une course poursuite s'engagea alors.
-D-
Quand la porte du numéro 51 s'ouvrit sur un vieillard l'informant du brusque départ de son « ami », Reyn ne retint pas son hurlement de rage et sa menace de lui tordre le cou avant de s'engouffrer à toute vitesse dans la ruelle sorcière sous les yeux ahuris de son grand frère.
-C'était un gamin si calme… Fit Wayde à Nicolas Flamel qui gloussa doucement d'amusement avant d'ajouter :
-Ah ! Etre à nouveau jeune, et rêver du quotidien aventureux et tumultueux des chevaliers dragons !
-D-
Le Paris sorcier semblait être un ensemble de toutes petites ruelles pavées et sinueuses comme des sentiers de serpents, s'entrecroisant à de nombreuses intersections ornées de petites fontaines ou de statues, où il était très facile de perdre quelqu'un de vue.
Heureusement Harry avait Moineau pour le précéder dans les airs car cela faisait plusieurs mètres qu'il ne pouvait plus voir le bout de la cape noir du sorcier qu'il traquait, trop occupé à tourner au bon endroit et à éviter d'entrer dans des sorciers innocents qui s'exclamaient avec indignation quand il les bousculait au passage.
Avisant soudain un étal extérieur de chapeaux fantaisie, il eut une idée qui lui permettrait de gagner un peu de temps et de visibilité et concentra son pouvoir et celui de Talath.
Le Mot de Légèreté sembla s'enrouler autour de lui et il se sentit soudain capable de s'envoler avec le vent. Ce fut plus ou moins ce qu'il fit en sautant sur le auvent du stand et en rebondissant jusqu'aux toits des maisons à des hauteurs qui lui seraient normalement inaccessible.
Il se réceptionna tout en douceur et reprit aussitôt la course en coupant plus aisément d'un toit à l'autre, jusqu'à pouvoir apercevoir l'homme qui fonçait toujours tout en jetant des regards affolés en arrière, vers le lézard de feu brun et, supposait-il, vers l'endroit où il pensait qu'Harry se trouvait.
Il se dirigea alors dans un nouveau croisement, la « Rue des Murmures » qui était encore plus étroite et dont les murs percés d'étranges petites ouvertures semblaient salis par la suie. Moineau fit alors un brusque arrêt en poussant un cri de terreur et battit en retraite.
Harry exécuta aussitôt un demi-tour, plongeant dans la ruelle pour venir attraper son petit compagnon. Il n'eut pas à se demander ce qu'il se passait car il était entouré de toute part de magie et surtout, de centaines de voix qui murmuraient des choses en même temps.
Il ne savait pas à quoi tout ça servait, mais en tout cas, il était sûr qu'il ne voulait pas rester ici. Il enfouit Moineau dans sa veste et se précipita de l'autre côté dans l'espoir de retrouver le sorcier.
Les voix marmonnaient presque avec fureur comme si elles essayaient d'attraper à tout prix son attention. Il pouvait presque sentir la magie derrière lui chercher à l'agripper comme des mains fantomatiques. Par chance, il ne comprenait aucun mot et il ignora aussi bien les quelques portes en bois qui s'entrouvrirent à son passage, offrant un entrebâillement noir et une impression de yeux fixés sur lui.
Ce furent les cent mètres les plus longs de sa vie.
Pour être attaqué par un maléfice à sa sortie.
Ses réflexes et son instinct lui évitèrent le pire et il roula aussitôt à l'abri d'une fontaine représentant trois vieilles femmes filant de la laine.
-Tu es collant gamin ! Fit l'homme dans un anglais épais, comme s'il essayait de parler avec un caramel collant dans les dents.
Harry prépara son Mot de Bouclier tout en tirant sa rapière. Sentant son humeur, Moineau extirpa sa tête de son blouson et s'apprêta lui aussi au combat.
Le bruit de l'eau coulant lui cachait celui des pas du sorcier, ainsi Harry n'était plus tout à fait certain de sa position à présent. Il prit son lézard de feu dans ses mains et essaya de lui faire comprendre ce qu'il attendait de lui.
-Laisse-moi voir par tes yeux, chuchota-t-il avant de le lâcher.
Moineau, si intelligent comme toujours, compris aussitôt et rampa discrètement le long des volumes de la fontaine, nageant silencieusement dans le bac, avant de se tapir au niveau de l'ourlet d'une des statues de vieilles dames pour darder son regard sur le sorcier qui tentait de contourner la fontaine par la droite.
Il transmit aussitôt l'image dans l'esprit de son Maître.
Harry respira profondément et bondit, lançant le sort favori des chevaliers dragons :
-IGNIS !
Un jet de flammes sembla naitre même de son cri, léchant le sorcier qui émit un cri de surprise avant de jeter un sort de bouclier maladroit. Harry l'atteignait cependant déjà et visa de son arme la main de baguette, réussissant à lui taillader la chair entre le pouce et l'index.
Malheureusement il ne lâcha pas son arme et comme réveillé par la douleur, il esquiva le prochain coup d'Harry qui visait sa jambe et roula hors d'atteinte, le corps tremblant d'attention et un rire aigrelet sur ses lèvres.
Ses yeux légèrement exorbités et sa baguette étaient tous deux fixés sur son prochain mouvement alors qu'il reculait doucement vers la sortie de la rue, qui semblait être une grande avenue. Des moldus passaient devant la ruelle sans même leur jeter un coup d'œil, ignorants de leur existence, peignant des ombres mouvantes sur les pavés.
En un instant, tous les sorts sorciers et Mots de Pouvoir que Harry connaissait passèrent dans son esprit à la recherche d'un moyen d'immobiliser l'homme pour pouvoir l'interroger. Sa main gauche était déjà à la recherche de la baguette d'Aubépine quand le sorcier se mit à parler de son propre chef.
-Pensiez-vous que votre arrivée ne serait pas remarquée, Harry Potter ? Que vous pourriez glisser sous notre nez comme une petite souris ? Nous savons tout. Nous sommes partout !
-Qui ça, nous ? Renifla avec méfiance Harry, s'attirant une grimace aigre de la part du sorcier qui releva sa manche pour dévoiler triomphalement le tatouage noir qui marquait sa peau blanche.
Severus lui avait montré la sienne, et avant cela, Croupton l'avait peinte à de nombreuses reprises dans le ciel, Harry savait donc reconnaitre la marque des Ténèbres. La marque de Voldemort.
Ses entrailles se serrèrent de malaise à l'idée de retrouver un de ses adeptes au beau milieu de Paris, loin de la Grande Bretagne qui aurait dû centraliser toutes ces pourritures. Il allait devoir accepter qu'ils étaient plus nombreux qu'il ne l'avait prévu, et bien plus dispersés, à sa grande angoisse.
Où était Croupton en ce moment ? Où étaient Bellatrix et les évadés d'Azkaban ? Il avait été sceptique aux recherches très étendues menées par les chevaliers dragons, pensant au fond de lui qu'ils seraient tous auprès de Voldemort… Mais où était même Voldemort à cette heure ? Il n'était peut-être même pas en Angleterre. Il était peut être bien plus proche qu'il ne le pensait, ou bien à comploter avec la Dame Blanche…
Mais dans ce cas-là, peut être que le Ministère de la Magie Britannique était déjà sous sa coupe ?
-Où est-il ? Gronda-t-il avec menace alors que Moineau volait comme un rapace autour du sorcier.
-Oooh, tu as peur, pas vrai ? Sourit ce dernier. Il sait tout de toi, ses yeux sont partout, mais toi tu ne sais rien de Lui. Tes actions sont vouées à la défaite gamin. Tu ne peux pas rivaliser avec le plus puissant Mage de tous les temps !
-J'ai réduit à l'état de simple souvenir désagréable ce même Mage quand j'étais un bébé, cracha Harry en s'attirant la colère du sorcier. Je peux recommencer !
-Pas cette fois, grogna l'homme en s'emparant brusquement d'une moldue qui poussa un cri perçant d'effroi, ne comprenant pas un instant ce qu'il lui arrivait.
Harry fut de même déboussolé par la tactique, n'osant plus rien faire de peur d'avoir la femme dans son champ de tir. Elle se mit à crier en français en essayant de s'échapper de l'étreinte de l'homme étranger mais ce dernier fit courir sa baguette sur son bras, peignant une ligne écarlate, cisaillant vêtement et chair.
Les protestations se transformèrent alors en cri de douleur et en pleurs.
-Arrêtez ça tout de suite ! S'exclama Harry en fermant frénétiquement les poings, le corps tendu vers une action qui lui permettrait d'arrêter tout ça.
Moineau plongea vers le Mage Noir mais ce dernier plaça aussitôt la femme entre eux et le lézard de feu poussa un cri de frustration en battant des ailes pour s'éloigner.
-Ils ne sont que de la viande, du sang et des os, lâcha le Mage Noir en agrippant le menton de la femme en pleurs pour l'obliger à regarder vers Harry. Des créatures pathétiques, et pourtant si arrogantes, si persuadées de leur propre importance… Doloris !
Le cri qui sortit de la bouche de la femme semblait presque inhumain et ébranla Harry de tout son être, tout comme le spasme anormal qui la secoua.
-Laissez là ! Ordonna-t-il, essoufflé par ce spectacle. Quel…. Quel genre d'honneur ou de fierté avez-vous à lui faire du mal alors qu'elle est sans défense !
-Mais du plaisir, gamin. Que du plaisir. Ça fait du bien de les remettre à leur place, tout comme le Seigneur des Ténèbres s'assurera de le faire avec toi !
Harry n'eut pas le temps de répliquer car le mage noir jeta la femme dans sa direction et il la rattrapa de justesse alors qu'il prenait la fuite et disparaissait dans l'avenue bondée.
La moldue se jeta alors loin de lui, les yeux exorbités d'effroi et le corps secoués de tremblement qui ne semblait pas pouvoir s'arrêter. Elle baragouinait en français et il ne put que lui jeter un regard navré avant de pointer sa baguette dans sa direction :
-Je sais que vous ne me comprenez pas, mais je suis terriblement désolé. Oubliette !
Les yeux de la femme se voilèrent et son visage se lissa malgré ses tressaillements toujours présents. Probablement une séquelle au sort de torture comme si ses muscles étaient devenus fous. Il s'était concentré à lui retirer les souvenirs de sa rencontre infortunée avec la magie mais il n'était pas assez doué pour la soigner. Se croquant la lèvre face à son impuissance, il tira le corps encore hébété de la femme pour la pousser dans l'avenue, sachant que les moldus aux alentours iraient aussitôt s'occuper d'elle.
Il ne pouvait malheureusement pas se permettre d'attendre qu'une ambulance la prenne en charge, pas alors que sa présence était désormais connue. Il fit donc demi-tour, caressant gentiment son lézard qui vint se percher sur son épaule, une stridulation triste vibrant dans sa gorge.
Tous deux se sentaient comme s'ils avaient lamentablement échoués. Légèrement curieux du silence de Talath, Harry se concentra sur elle, mais ce fut pour sentir son profond contentement béat.
*Talath ?*
/Huuum ?/
*Est-ce que tu te sens bien ?*
/Hum ? Merveilleusement bien ?/ C'était comme si elle roulait sur elle-même, détendue dans son nid ou dans les bassins chauds des Grandes Thermes.
Il ne sentait aucune douleur ou sensation d'inquiétude, alors il s'efforça de ne pas s'inquiéter même s'il trouvait étrange qu'elle ne se sente pas plus concernée par ce qu'il venait de lui arriver.
Qu'est-ce que la mère de Reyn lui avait donné à manger ?
Il effaça pour un instant cette question de son esprit alors qu'il traversait à nouveau la Rue des Murmures.
L'endroit était toujours aussi glauque et il se mit à courir. Toutefois il manqua de se casser la figure magistralement quand il freina des quatre fers brusquement en captant un reflet roux.
Ses yeux s'écarquillèrent quand, d'une porte ouverte, il vit une femme rousse aux yeux verts qui le fixait.
Tu n'es pas encore mort, dit-elle.
Et l'instant d'après, elle avait disparue, ne laissant que les ténèbres à sa place.
-D-
Reyn était bien évidemment furieux et arborait un air encore plus constipé que d'habitude quand il le retrouva.
-Qu'est-ce que j'avais dit ? Pas de bagarre ? Pas de mise en danger ? Parler à un vieillard inoffensif et c'était tout ?
-Ce sont des questions ? Demanda Harry qui n'était pas d'humeur à rigoler.
En fait, il commençait à avoir très envie d'un bain et d'un lit. La nuit, rapide l'hiver, était déjà en train de tomber sous la forme d'un faible crépuscule. Et plus que tout, il était très inquiet d'être aussi impuissant à contrôler les évènements. Lui qui avait cru naïvement qu'une prophétie de veela et les visions d'un miroir allaient lui donner toutes les clefs dont il avait besoin ! A la place de cela, c'était Voldemort qui semblait mener le jeu.
La seule fois où il avait pu le contrecarrer, c'était lorsqu'il avait utilisé son lien avec lui.
-J'abandonne, tu es incontrôlable, un agent du chaos, crachait encore Reyn alors qu'ils marchaient pour retrouver son grand frère qui regardait sa montre d'un air préoccupé.
Ses yeux s'illuminèrent en les remarquant et il jeta à Harry une enveloppe blanche un peu lourde.
-Monsieur Flamel, se contenta t'il d'expliquer.
A l'intérieur se trouvait une rapide lettre indiquant que face à l'espionnage évident de Voldemort, l'homme était allé retrouver sa femme à la campagne, ne se sachant pas en sécurité. La dernière phrase attira cependant bien plus son attention :
« Pernelle a fait le collier pour vous avec le tout dernier reste de pierre philosophale. Il pourra un jour sauver votre vie ou celle de ceux que vous aimez. »
Retournant l'enveloppe, une chaîne en argent tomba, portant un pendentif une délicate larme écarlate. Le bijou brillait de reflets sanglants quand Harry le fit tourner, reconnaissant immédiatement la pierre qu'il avait autrefois tenue dans ses mains.
Sans hésiter, il fit passer le collier autour de son cou, et le laissa pendre contre le pendentif de plume que lui avait offert Charlie. Leurs poids sur sa peau était un rappel rassurant.
-Wayde doit rentrer pour faire des livraisons, intervint alors Reyn en faisant le traducteur. Pouvons-nous, s'il te plait, partir ?
- Oui, on n'a plus rien à faire à Paris, déclara Harry en réponse, jetant un dernier coup d'œil à la beauté qui l'entourait alors que les premiers éclairages s'allumaient.
Le voyage du retour lui sembla inconfortable, d'autant qu'il avait alors tout le luxe de s'interroger sur l'étrange comportement de Talath.
-Ta mère donne des trucs bizarres à manger à Gendrath habituellement ? Demanda-t-il alors qu'ils se hâtaient en direction de l'immeuble.
-Non… Pas que je… Commença le chevalier brun, avant qu'une expression étrange fleurisse sur son visage, mélange de stupéfaction et de colère. Putain de bordel de merde, elle aurait pas osée…
Il partit aussitôt en courant et Harry l'imita avec perplexité, jusqu'à découvrir, alors qu'ils entraient dans le hall d'entrée et grimpaient quelques étages, une queue d'asiatiques dans les escaliers. Reyn jura d'autant plus et commença à grimper trois par trois les marches en hurlant en français.
Harry tourna la tête vers l'asiatique qui se trouvait à côté de lui à ce moment et l'homme parla, indéchiffrable, en dehors du nom de « 'Lia Li » et du mot « dragon » et Harry sentit qu'il y avait effectivement des raisons d'hurler. Il espéra jusqu'au bout que cette ligne de personnes qui portaient des sacs ou même différentes choses dans les mains ne soit pas là pour leurs dragons, même s'il ne voyait pas du tout pourquoi ils le seraient. Tout ce qu'il voyait était que de temps en temps, l'un d'eux descendait en sens inverse l'air tout à fait heureux et extasié.
Arrivé sur le toit, ses doutes furent malheureusement confirmés.
Talath se tenait au milieu du toit plat, couchée en sphinx dans une position relâchée, sa tête se balançant doucement sans une once de méfiance ou d'inquiétude alors qu'elle fixait le peuple qui, un à un, patronné par Camelia Li qui était en train de se faire disputer par son fils, venait déposer des offrandes devant elle et prier.
La dragonne était entourée de fleurs, de nourritures, de bijoux et de deux grandes coupes où brulaient de l'encens à l'odeur florale. Gendrath était enroulé autour d'elle, à moitié somnolent.
Harry n'eut aucun scrupule à dégager de son passage la file d'asiatique et à les jeter plus loin avec des regards furieux, jusqu'à atteindre le museau de sa Moitié. Ils n'avaient pas le temps de s'occuper de cette catastrophe et à ce stade ce n'était qu'une question de temps avant que des aurors ou des dragons ne leur tombent dessus.
-Talath, allez réveille-toi ma Vif ! Il faut qu'on parte !
/Huhuuum ? Pourquoi ? Je suis bien ici, les gens sont gentils avec moi, ils me font plein de cadeaux et d'éloges. Ils disent que je suis une divinité et que j'ai le pouvoir de les rendre riches et d'apporter la chance et la prospérité à leur famille./
-Et ils ne te laisseront pas partir à cause de cela, répliqua Harry en essayant de la déplacer, sans succès.
Il se rappela alors les histoires concernant les temples chinois et de la façon dont les prêtres arrivaient à obtenir calme et soumission de la part des dragons récalcitrants. Ses yeux se portèrent aussitôt sur les deux coupes d'encens avec fureur. Si Camélia Li n'avait pas été la mère de Reyn, il ne l'aurait probablement pas épargné pour ça.
Les veelas l'avait drogué hier, et voilà qu'aujourd'hui c'était le tour de Talath. Il n'aurait jamais dû la laisser sans surveillance avec juste l'assurance d'un sort de protection.
Réunissant sa magie et la sienne, il déversa depuis le ciel une véritable trombe d'eau sur eux.
Tous les humains, sauf lui –préparé au choc-, poussèrent des cris de surprises et d'inconfort en subissant la gifle glacée, se retrouvant trempés de la tête aux pieds. Les deux dragons, quant à eux, relevèrent la tête en clignant les yeux d'hébétement.
/Que vient-il de se passer ?/ Demanda Talath alors qu'une foule de personnes s'enfuyaient en fulminant vers les escaliers de secours, laissant derrière eux des trainées humides.
Camélia Li gémissait dans un coin en agitant sa baguette magique pour se sécher.
-Tu n'étais plus lucide, expliqua Harry en donnant un coup de pied à l'une des coupes d'encens, éprouvant un plaisir mesquin à la renverser.
/Je suis mouillé./ Se plaint de son côté Gendrath. / Et il fait froid./
Moineau sortit difficilement du blouson mouillé, l'air aussi mécontent que ses grands cousins, la gueule ouverte dans un feulement dépité alors qu'il arrosait Harry en s'ébrouant.
-C'est tout ce à quoi j'ai pu penser, répliqua Harry en se séchant à son tour sous l'haleine brûlante de Talath. Nous ne pouvons pas rester ici plus longtemps.
Il remarqua que Reyn observait lui aussi anxieusement autour d'eux tandis qu'il montait sur son brun.
-Harry ! Ils arrivent ! Annonça-t-il en pointant du doigt le nord où cinq dragons venaient de transplaner près de la Tour Eiffel.
Harry ne perdit pas de temps et laissa Talath se jeter dans le vide avant même qu'il ne soit en sécurité sur sa selle. Quand elle ouvrit les ailes pour reprendre de l'altitude, il se hissa le long du harnais et retrouva sans problème sa position sur son cou, son lézard de feu accroché à la fourrure de son col et ses lunettes de vol sur le nez.
/Où allons-nous ?/ Demanda anxieusement Gendrath alors que les dragons français claironnaient d'avertissement en approchant.
-On retourne à Quézac.
Ils disparurent à temps, laissant le ciel nocturne de Paris derrière eux.
Et comme de juste, lorsqu'ils réapparurent dans le sud de la France, ils furent accueillis par une violente pluie battante.
« Ça valait bien la peine de se sécher… » sembla alors dire Moineau en poussant un petit éternuement agacé.
A suivre…
Bon, si vous vous demandez à quoi ressemble pour moi Reyn, jetez un coup d'œil à l'acteur Tim Kang qui joue l'agent Cho dans la série Mentalist. Plus jeune, bien sûr. C'est l'un de mes personnages préférés, il me fait tellement rire avec son stoïcisme parfois froid, parfois pessimiste.
(Et Mortimer pourrait ressembler à Matt Czuchry, mais chut ! Arrêtons là avec les acteurs) (Et NON je ne regarde absolument pas The Resident au moment où j'écris ça.) (Bon peut être que si.)
Le chapitre suivant risque d'arriver tard samedi prochain ou même dimanche matin. J'ai genre un gros déplacement à faire pour passer un examen et je risque de me sentir vraiment essorée suite à ça. Donc ne vous inquiétez pas trop si la notification tarde à arriver sur votre boite mail !
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[1]On est en 1996, donc, oui, la monnaie est encore en francs. Aaah nostalgie… D'ailleurs en général, j'essaie de décrire le Paris de 96 d'après mes vagues souvenirs de vacances enfant, donc ne soyez pas trop sévères, en plus à ce que j'ai lu le quartier a beaucoup changé depuis, je sais qu'il y a eu de nouvelles constructions et un peu d'effort pour le moderniser (ce qui fait 24 ans déjà, mon dieu ce coup de vieux…).
[2] Je sais que c'est probablement inutile de le préciser mais NE MONTEZ PAS A TROIS SUR UN DEUX-ROUES ET ENCORE MOINS SANS CASQUES. Ces deux garçons font parties de ces fous qui pensent que ça peut être une bonne idée, l'un d'ailleurs est devenu chevalier dragon, ce qui veut tout dire.
