Mot de l'auteur :Bon, bein ce fut dimanche. Comme prévu, hier j'étais rien de moins qu'un zombie , mais pour ceux qui se le demandent, mon examen s'est bien passé !
A côté de ça, un gros merci à vous tous qui me suivez, et aux nouveaux qui ont découvert cette histoire ! J'espère que ce chapitre vous plaira !
-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE-
Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich
Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -
Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)
Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade) –Second de la 4eme Escadrile-
River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze) -4eme escadrille-
Cyan (dragon bronze)
James O'Connel (dragon bronze Regileth) – Capitaine de la 1ere escadrille-
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)- 1ere Escadrille-
Damian (dragon brun Emlith) – 4eme Escadrille-
Reyn Li (dragon brun Gendrath) -4eme Escadrille-
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -
Candidats : Dennis Crivey
-CHATEAU DE NURMENGARD-
Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-
-ORDRE DU PHENIX-
Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley
-CHATEAU DE POUDLARD-
George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley
-GARDE DES VERTS GALLOIS-
Capitaine: Austen (dragon bleu Victorius)
Sergent : Elizabeth Austen (dragon vert Athena)
Chapitre 44 : L'Ombre sur la Matra
Trois jours et ses joues piquaient un peu. Harry le sentit alors qu'il passait une main couverte d'eau de la rivière sur son visage et pendant un moment, il se permit de penser à lui et à la preuve qu'il n'était plus un enfant, avec tout ce que cela impliquait.
Plus qu'il ne l'aurait voulu. Plus qu'il ne l'avait souhaité. Autrefois il avait voulu être un homme, maintenant il voudrait retarder sa propre maturité. Mais ce n'était pas uniquement son corps, c'était les évènements qui se bousculaient contre lui pour l'obliger à endosser ce rôle.
Sur ses joues, c'était cependant encore des poils épars et peu esthétique, ainsi il s'empressa de demander son rasoir et son savon à barbe à Reyn qui était pareillement occupé à faire un brin de toilette, tout en le maudissant copieusement à voix basse.
Il récupéra le matériel et l'ignora facilement. Le chevalier grognait depuis qu'ils étaient revenus à Quézac et qu'il était devenu évident qu'ils ne rentreraient pas immédiatement à la Réserve.
En effet, Fleur les attendait avec des sacs de provisions pour la suite du voyage. Elle avait gentiment essayé de les inviter à dormir dans une auberge, mais Harry avait appris sa leçon et préférait garder un œil sur Talath.
Ils avaient donc sécurisé et protégé de la pluie un espace le long de la rivière, différent du premier où ils avaient campés, et ils avaient monté leurs tentes sans vraiment se parler. Le luxe serait pour un autre jour.
Il récupéra du savon sur le bout des doigts et l'étala sur les zones concernées tout en notant l'odeur fraiche, différente de ce qu'il pouvait sentir dans le cou de Mortimer et de Damian. Différent aussi de celui qu'utilisait Charlie.
Ce dernier en utilisait un au bois de santal : Harry le savait bien car quand Charlie se penchait sur lui, cela envahissait ses sens, troublait ses pensées et le laissait aussi nerveux qu'un hippogriffe enchainé.
*Oh bon sang, arrête Harry !* Se gronda-t-il lui-même.
Il sentait qu'il était toujours contrarié, envers Charlie, mais aussi envers lui-même. Il l'avait regardé si longtemps avec des étoiles plein les yeux, notant tout chez lui avec admiration et envie, qu'il n'arrivait pas à se détacher de cette impression d'homme idéal qu'il s'était forgé à son idée.
Et même maintenant, ses défauts, dont le plus gros étant qu'il avait essayé de l'embrasser, n'arrivait pas à flétrir cette image.
Il ouvrit le rasoir et le passa avec attention sur sa peau, craignant de se tailler comme il l'avait déjà fait. L'opération était délicate et il n'avait surtout pas besoin d'avoir sa gorge nouée et le cœur battant à la chamade pour ça.
-Si tu ne veux pas venir, commença-il à la place en direction de Reyn. Tu peux toujours rentrer. J'ai l'intention d'écrire une lettre à Desclare pour tout lui expliquer.
Le chevalier brun lui lança un regard furieux :
-Comme s'ils ne me cloueraient pas au pilori pour vous avoir laissé tous seuls sans la moindre escorte ! Pour peu qu'on puisse considérer un dragon brun comme une escorte pour une Reine… Ce qui n'est PAS le cas !
Il se retira avec humeur du bord de la rivière et Harry ne put qu'hausser des épaules avant de reprendre son rasage délicat.
/Quand bien même il approuve cette mission, Desclare ne l'avait pas imaginé sans un bronze./ Commenta Talath en venant se positionner elle aussi au bord de la rivière, observant les remous provoqué par la pluie battante. /Il va nous demander de revenir… Ou nous renvoyer le Maître de Regileth…/
*Nous n'allons pas l'attendre.* Répondit Harry puisque aucun d'eux deux ne souhaitaient revoir O'Connell et Regileth de sitôt après leur avoir faussé compagnie en toute impunité.
Il rinça la lame du rasoir dans l'eau et s'aspergea à son tour pour chasser tout le savon, mouillant ses cheveux au passage, avant de lever la tête vers l'œil calme de Talath :
-A moins que tu ais peur ?
Sa dragonne tourna entièrement sa tête vers lui, ses iris se teintant d'un vert sombre très semblable aux siens.
/Jamais. Pas avec vous./
-Je ne suis pas la personne la plus prudente, tu sais…
Il le réalisait sans honte, surtout après avoir passé les dernières vingt-quatre heures avec Reyn pour le lui rappeler constamment.
/Je ne suis pas le dragon le plus prudent non plus./ Répliqua-t-elle avec une once d'humour. /Puisque je vous ai choisi./
Harry ne put retenir un éclat de rire à cela. Il sauta jusqu'à sa patte pour s'appuyer contre elle avec affection et en retour, elle vint frotter le bout de son museau contre ses cheveux, les agitant avec son souffle chaud.
-Allons-nous coucher ma Vif, demain sera long.
/Je voulais vous dire…/ L'arrêta Talath en s'enroulant autour de lui avec fluidité. /Si les serviteurs de Voldemort sont partout, Moi je suis toujours avec vous. Moi et plein d'autres… Vos frères et sœur de couvée, le Maître de Hellth et celui de Gendrath malgré ses grognements. Sirius. L'ancien professeur de potion et le loup garou. Ron et Hermione. Et certainement beaucoup d'autres dont nous n'avons pas la moindre idée. Nous ne sommes pas non plus seuls dans ce combat./
Harry sentit son cœur fondre d'amour en la voyant le réconforter. Il n'aurait pas oser avouer qu'il en avait besoin, mais elle l'avait compris toute seule.
-Ca peut parfois sembler accablant, soupira Harry en grattant le contour de son œil remplis de la couleur bleu du plaisir. Le nombre de nos ennemis… ou potentiels ennemis. J'espère que l'on pourra tirer certaines choses au clair au cours des prochains jours.
/Si cela pouvait nous débarrasser de l'horrible grosse femme rose, je serais extrêmement satisfaite./
-Et moi donc !
-D-
Il était si épuisé par les derniers évènements qu'il s'écroula dans les fourrures du sac de couchage et s'endormit presque aussitôt. Il ne se souvint d'aucun rêve étrange lorsque Reyn le réveilla cinq heures plus tard pour prendre la relève de la garde.
Il pleuvait toujours dehors et l'air était froid même près du feu de camp, alors Harry migra contre Talath avec une tasse de klah chaud. Les deux dragons dormaient autour d'eux, mort au monde comme on disait, au point même qu'Harry aperçut durant un instant une sorte de chèvre traverser la plaine sans beaucoup d'inquiétude.
Là, sans interlocuteur pour lui changer les idées, Harry ne put s'empêcher de cogiter sur tout ce qu'il savait des évènements, sans vraiment le mener à rien de concret. A rien d'évident. Il écrivit alors la lettre à Desclare, pour lorsque Moineau serait moins occupé à ronfler doucement à l'intérieur de son blouson, mais ça ne lui prit pas assez de temps.
Il souhaita que le soleil se lève vite.
-Moi, j'ai quand même un petit peu peur, avoua t'il à la nuit.
Quand personne n'était là pour l'entendre.
-D-
Charlie naviguait aux alentours de la salle du conseil, dans le large couloir des cavernes intermédiaires. Les voix des différents capitaines d'escadrilles étaient suffisamment hautes d'indignation pour qu'il puisse les entendre sans être vu et il avait envoyé une partie de ses hommes coller Ombrage pour s'assurer qu'elle ne viendrait pas mettre son nez curieux dans le coin.
Elle était de toute façon trop occupée à s'envelopper de la Garde des Dragons pour qu'ils puissent se plaindre en chœur de la Montagne Blanche.
Et aussi d'Harry. Mais sur ce cas ils n'étaient guère différents des chevaliers dans la pièce d'à côté.
-C'est inadmissible. Il n'obéit à rien, il est rebelle et indiscipliné ! Vous avez échoué dans son éducation Gérant ! Tonna une fois de plus le capitaine de la Seconde Escadrille.
-McArthur a raison. Vous avez été trop laxiste avec lui, Ivan ! Ce garçon doit être maté avant qu'il ne devienne incontrôlable et véhicule des idées de libertés dans toute la Réserve ! Nous sommes une communauté militaire. L'Obéissance et l'Ordre sont à la base de toute notre vie.
Ici c'était le vieux grincheux qui servait de Capitaine à la Huitième.
Un silence suivit durant quelques secondes, puis c'est la voix mesurée de Desclare qui se fit entendre.
-Le « mater » n'est pas mon rôle actuel, Harvin, je ne suis plus le Chef de la Réserve. Plus depuis la mort de Leslie. Mon rôle consiste à l'éduquer pour en faire un Seigneur correct et à ce sujet, j'ai déjà dû faire des concessions pour qu'il accepte de me laisser le faire.
-C'est ce que je dis ! Il est trop autoritaire ! Et obstiné ! Ce ne sont PAS de bonnes qualités pour une Dame de la Réserve ! Aboya le Capitaine de la Seconde.
Un grand coup raisonna et Charlie imagina sans peine son poing taper contre la table.
-Mais c'est là le point, McArthur, ce n'est PAS une Dame, fit la voix ironique du Capitaine Lucian de la Cinquième.
-L'appellation est sans importance. Le rôle est ce que le rôle est. Celui de la Dame de la Réserve, un élément stable et apaisant. A moins que vous ne vouliez à ce point d'une nouvelle Gloria ?
-Racontez-nous à nouveau O'Connell, demanda le propre capitaine de Charlie, probablement avec un de ses regards nerveux dont il avait le secret, scrutant désespérément le consensus général auquel il pourrait se joindre.
Cet homme avait laissé son courage et ses couilles derrière ses quarante ans.
-J'ai déjà tout dit, commença solennellement O'Connell. Je n'avais aucune prise sur Harry. Il m'écoutait quand il voulait m'écouter, mais quand il ne le voulait pas, il n'en faisait qu'à sa tête. Il ne pliait à aucun mot logique de ma part, ni à aucune intimidation ou peur. Il est intelligent, il sait qu'on dépend de lui actuellement et il en profite. Ce n'est pas comme si on pouvait le mettre en prison ou tuer son dragon.
-Nous sommes à sa merci en somme… Grinça le Capitaine Harvin.
-Ecoutez, écoutez, je me dois d'intervenir sur le caractère de Harry, intervint alors Montemps avec sa voix rocailleuse. Il a été mon candidat pendant peu de temps, c'est vrai, mais je suis certain que Maitresse Stevens sera d'accord avec moi. Harry n'obéit pas aux figures d'autorités juste parce qu'elles affirment l'être. Je dirais même qu'il méprise ceux qui se reposent sur leurs titres ou leurs âges pour imposer leur volonté. Il faut gagner son respect. Une fois que je l'ai gagné, je n'ai plus eu aucun problème avec Harry, même lorsqu'il n'était pas d'accord avec moi.
Charlie abonda dans le sens de ce discours en se callant contre un mur, secouant la tête pour lui-même.
Oui, avant tout, il fallait d'abord avoir le respect d'Harry.
-J'approuve en effet, annonça Amber Stevens. J'admets qu'il y a sans équivoque chez Harry une part de malice et de sournoiserie, mais il n'agit jamais avec malveillance. Il se soucie de la Réserve et des dragons, et peut être parce qu'il est jeune, ou parce que c'est le seul moyen qu'il connait, il fonctionne en créant du chaos tout autour de lui et en réassemblant ensuite les choses pour le mieux. C'est sans doute perturbant pour vous, mais je suis persuadée qu'il fait de son mieux.
-Et puis, il n'y a pas que son caractère à blâmer… Grogna Montemps. Vous n'êtes pas sans ignorer que c'est Talath qui murmure à son oreille.
-Montemps a encore raison, Harry n'avait certainement pas la confiance en lui qu'il a maintenant que Talath est entrée dans sa vie.
-Au contraire, il était plutôt toujours inquiet de ses capacités. Le plus petit, le moins musclé, le moins adapté, il était toujours très anxieux.
*Il était mignon à l'époque…* Songea malgré lui avec nostalgie Charlie, manquant du jeune Harry qui cherchait son attention et lui adressait des sourires un peu timides et hésitants comme s'il n'était pas sûr qu'ils seraient bien accueillis.
Les choses étaient plus simples alors, mais il fallait bien qu'Harry grandisse et que plus de personnes remarquent alors la créature tentante qu'il devenait. Qu'hommes et femmes commencent à orbiter autour de lui, comme des lunes capturées par l'attraction du champ de gravité d'une planète.
Le problème était que Charlie n'aimait pas partager.
-Certes il n'a pas eu autant de problèmes après l'Empreinte, approuva Maitresse Stevens avant de continuer avec enthousiasme : Je n'ai jamais vu un aspirant maitriser aussi vite les Mots de Pouvoir et être aussi rapidement à l'aise dans les exercices de vol. Ce garçon est né pour voler. Talath aussi. Le comportement traditionnel d'une dorée est de contrôler sa Réserve, elles n'aiment pas en général la quitter. Talath a certes un certain intérêt pour le contrôle de son nid et de ses dragons, mais elle est aussi la première à ouvrir ses ailes lorsqu'il faut partir. Une Reine dorée traditionnelle n'aurait probablement pas choisi Harry comme chevalier. Je crois que vous devez vous résigner au fait que tous les deux seront différents de ce que vous avez toujours connu. Et que c'est peut être préférable vu les temps qui s'annoncent.
Un brouhaha à mi-voix masculine se répandit alors que tout le monde marmonnait ou grommelait en même temps, ce qui empêcha Charlie de connaitre leurs pensées à cela.
-Allons, allons ! Appela Desclare pour ramener le silence. Tout cela ne nous ramènera pas notre dorée et notre brun manquants. Connaissant Harry, il est probablement déjà en route vers sa destination et même si je ne doute pas de la loyauté et du courage du chevalier Reyn, il est clair que nous ne pouvons pas lui faire confiance pour faire entrer un peu de prudence dans la tête de son futur seigneur.
-Qui le peut ? Marmonna O'Connell, apparemment assez désillusionné.
Desclare l'ignora.
-Je vais lui renvoyer Moineau avec un message l'enjoignant d'attendre une escorte et de nous renvoyer sa position. Comme au point où on en est, les chances sont fortes pour qu'il l'ignore, je veux que vous réunissiez vos meilleurs hommes, ceux qui ont des repères de transplanage dans la zone, pour essayer de les retrouver.
-Mais la majorité de ces hommes sont déjà sur le terrain à la recherche des Mangemorts en fuite, rappela le Capitaine Lucian. Que dira Ombrage si on les envoie sur une autre mission ?
-Ombrage ne sait pas qui sont nos pisteurs. Organisez un roulement et remplacez-les par des recrues plus fraiches. Ils n'y verront que du feu, termina Desclare avec un sourire dans la voix.
Une longue plainte venant de l'extérieur les distraya tous un moment, puis Charlie entendit un bruit de parchemin roulé.
-Qu'est ce que… ? Demanda le Capitaine Harvin.
-C'est Dinth, elle est sur le point d'avoir son premier Vol. On devrait profiter de la distraction pour faire ce roulement, commenta Lucian.
-Ainsi soit-il.
Charlie concentra alors son esprit sur Moineau pour l'attirer à lui, se forçant à ignorer les stridulations enthousiastes de sa propre lézard de feu verte qui ressentait toute l'excitation qui naissait dans la Réserve à cause du Vol imminent.
Heureusement, Derianth était beaucoup trop préoccupé par la disparition de Harry et Talath pour avoir envie de participer et regardait vaguement l'agitation en contrebas de sa corniche, n'offrant à son maître qu'une sensation de désintérêt et de colère couvée qui lui permettait de garder ses pensées claires.
Tous deux étaient en désaccord sur la marche à suivre. Derianth voulait qu'ils partent rejoindre Harry et Talath, les sauver, les protéger et les ramener à la Réserve. Charlie pensait qu'au vue des dernières réactions d'Harry, cela serait mal accueilli. Mieux valait s'ériger comme un allié que comme un trouble-fête.
Il sourit lorsque Moineau transplana devant lui, un petit rouleau de parchemin accroché à l'une de ses pattes, et se posa sur l'épaule qui n'était pas déjà occupée pour se frotter contre son menton avec un roucoulement affectueux.
Il était devenu très à l'aise avec le lézard de feu brun durant la période où Harry avait perdu ses pouvoirs. Tout comme Jade qui vint aussitôt accrocher sa queue à la sienne, les rendant tous les deux aussi bruyants qu'une paire de tourterelle amoureuse.
-Du calme. J'ai une mission pour vous.
Il monta les nombreux escaliers jusqu'à ses appartements et attrapa de quoi écrire pour griffonner son propre mot à Harry et l'attacher à sa lézard de feu.
Il fit alors le chemin jusqu'à la corniche de Derianth où le grand bronze semblait presque sur le point de grignoter de frustration le bord de son perchoir. Le ciel au-dessus d'eux était un ensemble cotonneux de gris, brisé de temps en temps par la couleur vive d'un dragon pleurant l'échec du Vol. La tension qui était retombée indiquait que Dinth avait finalement été attrapée et que les participants étaient tous occupés à soulager leurs excitations d'une façon ou d'une autre.
Charlie trouva un peu étrange d'être à côté des festivités pour une fois, car même quand Derianth ne volait pas, il profitait de l'émulation générale et finissait dans le lit de quelqu'un.
Pourtant, depuis quelques temps, il remarquait qu'il y avait de moins en moins de bronze aux vols des vertes. En conséquence leurs chevaliers étaient tous à fleur de peau et il y avait de plus en plus de conflits entre eux…
Il n'y avait pas trente millions d'explications.
Ils se préparaient tous pour le Vol de Talath.
Et rien ne semblait apparemment rendre plus anxieux des bronzes se préparant que leur Reine absente. Harry ne devait pas avoir la moindre idée de l'état dans lequel ses aventures les mettaient tous.
-Fais attention à toi, pria-t-il au ciel comme s'il y avait une chance pour que cela atteigne le jeune homme brun là où il se trouvait.
Il se tourna ensuite vers les deux lézards de feu, caressant leur tête en ancrant dans son esprit le visage qui le hantait depuis si longtemps.
-Maintenant, tous les deux, à Harry !
Ils ne se firent pas prier et sautèrent de ses épaules pour déployer leurs ailes dans un claquement et disparurent en un instant.
Au même moment, Derianth reçut une convocation de leur capitaine d'escadrille et Charlie sut qu'il était bon pour repartir à la chasse aux mangemorts.
-D-
Harry tenait son cap léger nord-est, regardant régulièrement la boussole accrochée à sa selle et sa carte. Au réveil, lui et Reyn avaient transplané en Autriche, là où les avaient fait se reposer O'Connell durant le voyage de l'aller, puis après la pause nécessaire, ils avaient commencé le Long Vol jusqu'à la Hongrie.
Sur le papier, ça avait l'air simple, dans la réalité, Harry n'avait ni prévu la difficulté de se repérer dans un paysage principalement montagneux, ni la météo. Ah, il ne pleuvait pas actuellement, mais ils passaient leur temps à devoir voler soit trop bas, soit trop haut, parce que d'épais nuages occupaient leur partie habituelle du ciel.
De l'avis d'Harry, voler dans un nuage était pire que de voler sous la pluie. Et tout aussi humide et glacial.
Ni lui, ni Reyn n'avaient l'expérience nécessaire pour un tel vol. Adapter un Long Vol aux conditions météorologiques difficiles était quelque chose que l'on apprenait aux capitaines et deuxième et troisième d'escadrille, pas aux chevaliers de reine ou simples soldats. Les dragons tentaient de pallier leur ignorance avec leurs instincts, mais cela ralentissait leur avancée.
En temps normal, Harry n'y aurait vu aucun mal. Il y avait pire que de passer son temps à voler librement dans le ciel, passant d'un courant aérien à un autre, plongeant vers le sol ou battant des ailes pour reprendre de l'altitude sans même avoir à se préoccuper de maintenir une formation.
En tout cas, Talath en profitait.
Il était juste anxieux parce qu'il savait que la Réserve était à sa recherche et souhaitait quitter l'Autriche au plus vite. Aucun chevalier de la Montagne Blanche ne se risquerait à patrouiller sur le territoire des Magyars à pointes sans un accord préalable, ainsi passé la frontière, ils seraient tranquilles.
Harry poussa un soupir de soulagement quand il aperçut enfin une grande ville traversée d'un fleuve. Il semblait qu'ils aient enfin trouvé Vienne. Ca ne leur avait pris « que » trois heures. Maintenant il suffisait qu'ils suivent le Danube et ils finiraient par sortir de ce maudit pays de montagne.
Au moment même où il se réjouissait, il sentit une poussée dans son esprit et pu anticiper les deux dragons qui apparurent au nord de leur position.
-Dans les nuages ! Ordonna Harry, faisant relayer l'information à Gendrath et les deux dragons se précipitèrent dans le brouillard.
/Ce sont nos dragons. Un bronze et un brun. Telkh et Rovath./ Fit Talath qui avait eu le temps de les reconnaitre.
/Pourquoi nous cachons nous alors ?/ Chouina Gendrath. /Reyn dit que vous devriez arrêter de faire votre mauvaise tête et aller les voir./
*Je n'ai pas besoin d'eux.* Répliqua Harry. *Restons cachés le temps qu'ils s'éloignent.*
/C'est très désagréable./ Commenta simplement Gendrath.
Ça l'était, mais s'il supportait sa propre frustration à être traqué et peu respecté dans ses choix, le dragon brun pourrait supporter un peu d'eau froide. Il pouvait gérer ça tout seul quoiqu'en dise la réponse qu'il avait reçu de Desclare. Il avait très bien fait jusque-là sans se cacher derrière le dos de quelqu'un d'autre pour le « protéger ».
Eventuellement risquait-il d'y avoir un article révélateur dans le « Cri de la Gargouille », le quotidien sorcier français, sur la présence d'un longwing doré et une étrange file de sorciers chinois dans le 13eme arrondissement, mais ce serait tout.
Au moins Charlie semblait l'avoir compris, lui, puisqu'il s'était juste proposé comme aide en cas de besoin et lui avait laissé Jade qui se blottissait en ce moment même avec Moineau dans son blouson.
Il devrait faire suffisamment tôt face aux conséquences de ses actes et il refusait de rentrer sans avoir au moins quelque chose pour les avancer dans leur compréhension des derniers évènements. Car tout ce qu'il avait appris, fondamentalement, ces derniers jours, c'était que la divination et les prophéties c'était de la merde.
Et que son arrière-grand-mère et une sorte de dieu des volcans avaient mis sur ses épaules le poids de la survie des dragons.
Comme s'il n'y avait pas déjà assez à faire avec Voldemort et la Dame Blanche.
Il écouta les dragons à leur recherche, des discussions très fonctionnelles alors qu'ils scannaient la ville à la recherche d'importantes traces magiques comme si Harry et Reyn pouvaient simplement être en train de boire un café viennois dans une boutique.
Quand Harry cessa de les sentir, il les fit se précipiter hors de la zone nuageuse en direction de l'est, suivant le cours du fleuve le long de son périple hors du pays. Il resta à l'affut, craignant à tout moment d'apercevoir des dragons devant eux. Le Mot de Pouvoir qui leur donnait leur invisibilité, Nox, empêchait totalement les moldus de les voir, mais pouvait être percé par les êtres magiques dans un rayon d'un à trois kilomètre. Talath pouvait repérer un dragon sous Nox à trois kilomètre.
Mais en général, au moment où vous le repérez, il est souvent trop tard pour éviter l'interaction. Ils avaient eu de la chance, tout à l'heure, qu'Harry ait son radar intégré et que les deux autres dragons aient un rayon moins large de vision.
Une vingtaine de minutes plus tard, il se détendit visiblement en dépassant un panneau indiquant qu'ils quittaient l'Autriche pour la Slovaquie. Les cinq minutes suivantes, ils avaient à nouveau franchi une frontière et mettaient enfin les pieds en Hongrie.
Le territoire des puissants et sans peurs chevaucheurs de Magyars à Pointes.
-On se fait une pause déjeuner ! Décida Harry.
-D-
-Alors… La Hongrie ? Fit Reyn en laissant un instant son sandwich thon œuf mayonnaise généreusement fourni par Fleur.
-Quoi « la Hongrie » ? Répondit Harry avant de faire un signe du bras sur la rive du fleuve où ils se trouvaient. C'est bien, la Hongrie, bien et beau.
Reyn renifla, de son reniflement accompagné de son regard désillusionné indiquant « tu me sers de la merde et je le vois ». Harry songea pendant un instant qu'il était grave qu'il commence à arriver à décrypter aussi bien l'autre homme.
-La France et l'Autriche aussi, pourtant nous sommes ici. As-tu déjà vu un magyar à pointes en chair et en os ? Moi oui. Je ne veux PAS que mon dragon se fasse défoncer par un magyar.
/Charitable pensée…/ Emit Gendrath en venant poser sa tête près de lui.
-Je n'en ai jamais vu en vrai, mais il n'y a aucune raison pour que l'on se fasse attaquer… Enfin… J'espère…
-Oh mon dieu… Les chances que ça arrive viennent probablement de tripler en quelques secondes.
Harry lui jeta un morceau de son propre sandwich à la figure et Reyn répliqua en lui balançant carrément le sachet de sel dessus.
-Ey ! S'indigna Harry.
-Tu es l'incarnation vivante de la loi universelle voulant que si une chose peut mal tourner, elle le fera !
-Mais les choses VONT bien ! Répliqua Harry avec un rictus acerbe. Ce n'est pas grave si certaines choses se passent mal tant qu'au final on en ressort vivant et gagnant !
-Et le jour où quelqu'un n'en ressort pas vivant ? Enchaina Reyn, cinglant.
Le sourire disparut des lèvres de Harry, remplacé par un froncement de sourcils déterminé.
-Ca n'arrivera pas.
-Ca arrivera.
Cette façon de le dire avec fatalité installa une boule dans la gorge de Harry et il ne put rien faire d'autre que regarder Reyn nettoyer leurs dégâts avec sur son visage l'expression de quelqu'un qui vient de sucer un citron.
-Nous sommes des chevaliers dragons, expliqua simplement le chevalier brun. C'est inévitable tôt ou tard. Mais vaut mieux tard que tôt.
Un silence pesant et songeur s'installa un instant entre eux. Reyn continua de manger l'air de rien, mais Harry avait l'impression d'avoir perdu l'appétit. Il devait dire quelque chose pour éviter qu'un tel présage de mauvaise augure s'installe comme une vérité.
-Je n'ai jamais eu… de deuil. Enfin, pas vraiment. Je n'ai pratiquement aucun souvenir de la mort de mes parents. Je ne sais pas comment je pourrais réagir si ça arrivait, confia alors Harry. Si je deviendrais fou furieux ou m'effondrerais de désespoir…
-Moi non plus, mais j'imagine qu'on réagit comme on peut. Mortimer a déjà vu des gens mourir. Des gens proches, des inconnus… Il s'est fait tatouer un sombral sur la cuisse, pour s'ancrer dit-il, quand il sent qu'il est sur le point de craquer et d'avoir une panne. Pour se rappeler que la mort n'est pas juste quelque chose d'injuste et de douloureux.
-Je ne le savais pas. Mais ça parait logique pour un guérisseur. Il y a forcément des gens qu'il n'a pas pu sauver…
Et il voulait dire qu'il ne pourrait pas faire ça, être sans arrêt en situation d'échouer à sauver des vies, mais la vérité, c'était que ce n'était qu'un prolongement de ce que venait de dire Reyn : lui-même, en tant que seigneur, en tant que Survivant, il y aura des gens qu'il ne pourra pas sauver et ce n'était clairement pas quelque chose qu'il se sentait prêt à affronter maintenant.
Il regarda le chevalier devant lui.
-Tout ça ne me fait pas vraiment vouloir plus de protections, tu sais ? Si seulement je pouvais même moins vous impliquer, ce serait mieux. Je ne veux pas que quelqu'un meurt pour me protéger. Si ça tourne mal tout à l'heure, tu as tout à fait le droit de sauver ta peau en me laissant…
-Harry… Ecoute, le coupa l'homme avec un air grave mais aussi blasé. J'aimerais mieux être mort que de vivre le restant de ma vie en sachant que j'ai laissé un camarade derrière moi. Et même si ce n'était pas le cas, je serais accusé de trahison en cour martiale et pendu. Tu sais ? C'est comme ça. Chez toi, chez moi, chez les autres. Nous sommes des chevaliers, je crois que le sacrifice est dans notre ADN, comme une certaine forme de noblesse.
-…Comme si les dragonnets cherchaient les plus fous et inconscients d'entre nous pour l'Empreinte ? Grinça Harry en fouillant dans le sac à provision. Ça ne me semble pas très biologique comme système.
Il émit une exclamation de victoire quand il sortit une bouteille de vin rouge et chercha sa timbale ainsi que celle de Reyn pour les remplir.
-Fleur a mon amour éternel. Elle a même pensé à la boisson.
L'autre homme émit un bref son de gorge peu impressionné en prenant tout de même son verre.
Harry sirota le sien avec plaisir, laissant le gout du vin et de l'alcool le détendre. Cela commençait à avoir un gout de la maison, un gout rassurant, même si ce n'était pas tout à fait le même que celui qu'ils produisaient sur les coteaux du volcan.
-La Réserve de la Mátra a été absente au dernier Rassemblement, se décida t'il alors à expliquer à Reyn. Ce n'est pas normal. Ça l'est encore moins quand on sait ce qui a été à l'ordre du jour…
-Huum ? Ombrage, c'est ça ?
Reyn fronça les sourcils sur son regard sombre :
-Tu penses qu'il y a eu des pressions de la part du Ministère de la Magie britannique ? De la corruption ? Des pots de vins ?
-Les chevaucheurs ont en quelque sorte une réputation, répondit Harry en prenant une nouvelle gorgée et en fermant les yeux. Je ne les vois pas se laisser corrompre même si aucune Réserve ne cracherait contre un peu plus d'argent.
-Exact. La Réserve la plus sauvage d'Europe. Mais que veux-tu y faire à toi tout seul ? Je veux dire…. C'est une sorte de chose qui concerne toute la Coalition…
Harry se mordit la lèvre inférieure en se demandant jusqu'à quel point il pouvait révéler ses hypothèses, puis il fixa Reyn et son instinct lui souffla qu'il pouvait y aller.
Quand il avait commencé cette mission, il avait choisi l'autre homme par défaut, uniquement parce que Mortimer lui en parlait tout le temps, mais à présent il réalisait que malgré son caractère particulier ou le fait qu'il ne souhaitait rien de mieux que d'être loin d'Harry et de son influence apparemment néfaste, il le comptait maintenant comme un chevalier qu'il voulait à ses côtés pour toutes les batailles à venir.
-Nous allons juste un peu enquêter… Mais je soupçonne que ce qu'il s'est passé à la Mátra est lié non seulement au Ministère Britannique, mais surtout, derrière cette façade, à Voldemort. Ce n'est pas JUSTE une question de manœuvre politique, c'est un mouvement de guerre. Et si c'est vraiment le cas, c'est bien plus gros que la Coalition.
-Tu veux dire que le Ministère britannique agit pour le Mage Noir ?
-Non, je dis que probablement la majorité des ministères européen et leurs grandes villes sont déjà infiltrées de Mangemorts et qu'ils surveillent (*comme le mangemort de Paris…*) ou manipulent les politiciens de toutes les façons qu'ils ont à leur disponibilité, allant du pot de vin à l'imperium. Je pense que quelqu'un souffle des choses à l'oreille de Fudge (*Lucius Malefoy probablement*). Elizabeth a laissé entendre qu'Ombrage craignait que je monte une armée contre le Ministère.
Reyn clignota des yeux avec stupeur.
-Bon sang c'est complétement dingue.
-C'est là où on en est. Tu comprends pourquoi je devais faire ce que j'ai fait ces derniers jours ? Je devais essayer de réunir tout ça en un ensemble cohérent, sauf que la Mátra est la pièce du puzzle qui me permettra de mettre le reste en place.
-Mais je ne comprends toujours pas pourquoi c'est toi qui dois faire ça. Tu n'es encore qu'un aspirant et qu'un ado… Merde je ne suis moi-même pas très vieux, mais tu as l'air tellement jeune…
Harry ne put s'empêcher d'émettre un sourire tordu, presque une grimace et frotta la cicatrice en forme d'éclair sur son front.
-Oui, mais je suis Harry Potter. Le Survivant. C'est moi qui aie foutu en l'air tout ce qu'avait accompli Voldemort il y a quatorze ans et à cause de ça, j'ai peur de ne pas pouvoir être un simple spectateur. Parce qu'il est clair qu'il veut se venger et parce que beaucoup de personnes pensent que je peux reproduire le miracle. Et aussi… Parce que je DOIS agir car je déteste l'idée de juste voir et laisser Voldemort venir à moi. Et parce que… Mon… « destin » semble me mener là.
Il balaya une main vers le ciel en pensant aux étoiles et planètes dont lui avait parlé Flamel même si Reyn ne comprenait probablement pas pourquoi il faisait cela.
Celui-ci le considéra un moment en silence, ne semblant pas savoir quoi dire.
-…Quoiqu'il en soit c'est toujours dingue et foiré comme histoire.
-L'histoire de ma vie, ironisa Harry en portant un toast au vide.
Quand il but, le vin sembla tout d'un coup amer.
Son nom avait toujours été un fardeau, mais jamais il n'avait pesé aussi lourd sur lui. L'instinct et son intrépidité l'avait toujours mené vers l'avant sans vraiment de doutes. Bien qu'il y en ait déjà eu, notamment lorsqu'il se demandait s'il donnerait l'empreinte à un dragon à temps… Mais c'était minime face à ce qu'il sentait croitre en lui. Il savait cependant qu'il ne pouvait pas laisser ces voix se faire entendre. Il ne pouvait pas fléchir et se laisser aller en une crise de foi en lui-même. Pas quand il avait le futur de la Réserve entre ses mains.
Il reprit un verre en sentant l'inquiétude de Talath caresser son esprit. Heureusement, le brouhaha de ses anxiétés avait tendance à être lavé par le vin, ne laissant que les meilleures des pensées.
-Donc nous nous rendons à la Réserve de la Mátra, résuma Reyn sans s'être rendue compte de sa brève chute d'état d'esprit.
-Yep, répondit joyeusement Harry.
-Alors qu'on ne sait pas où c'est précisément et que de toute façon il y a des barrières anti intrusion et camouflante ?
-On n'a pas besoin de savoir où c'est.
Le chevalier brun se remit à le regarder de son regard « arrêtes d'essayer de me faire manger de la merde » et Harry sourit, très content de lui-même.
-D-
Selon son plan (parce qu'il y en avait bien un), ils n'eurent effectivement pas besoin de trouver la Réserve, puisque celle-ci les trouva avant.
Il les sentit environ dix secondes avant qu'ils n'apparaissent dans leur champ de vision… Et Harry dû avouer que voir un Magyar à pointes en photo était très différent d'en voir un en vrai.
C'était un des rares poids lourd d'Europe, quoique petit par rapport à d'autres races encore plus grandes, le bronze avait néanmoins deux tête de plus que Talath, un corps massif et courts, la peau recouverte d'une armure d'écaille et de pointes partout où l'on pouvait regarder, particulièrement au niveau de sa meilleure arme : sa queue qui était un véritable gourdin hérissé.
Les trois dragons de patrouilles (un bronze, un brun et un bleu) étaient particulièrement nerveux et leurs discussions étaient chaotiques et rapides alors que leurs petits yeux brillaient de différentes couleurs trop rapides pour être identifiés – ce qui était le signe d'un stress intense. Harry vit peut être du rouge, de l'orange, du jaune et du blanc, ce qui n'était rien de bon.
/Ce n'est pas normal./ Réagit Talath.
/Fuyons !/ Ajouta avec pragmatisme Gendrath.
*Nous ne fuyons PAS !* Le reprit Harry en essayant de lui envoyer des ondes positives, mais les yeux du dragon brun étaient eux aussi en train de passer au jaune.
/Il s'est forcément passé quelque chose à leur Réserve et ça concerne les dragons. Des jeux politiques humains ne peuvent pas plonger plusieurs dragons dans une telle détresse./ Commenta Talath.
/Une reine ! Une reine !/ Piailla un instant l'un des Magyar à pointes de façon compréhensible.
Harry sortit les drapeaux qu'il gardait toujours dans ses poches de bagages et signa leur matricule dans l'espoir d'entamer la discussion. Il y eut une hésitation d'un côté, puis le dragon bronze émit une longue plainte tragique qui fit se hérisser les poils sur la nuque de Harry.
Nonobstant cela, le chevalier hongrois signa son propre matricule de Réserve et lui demanda ce qu'il faisait ici.
Harry se lécha les lèvres, pesant ses réponses et le bienfondé de son entreprise. Les dragons étaient désormais silencieux, mais d'une manière presque morbide, l'air ailleurs comme s'ils ne voulaient pas être là.
Harry prétexta un besoin d'aide et une entrée dans leur Réserve, puis réfléchit à la possibilité de contacter directement les dragons, dévoilant ainsi sa capacité pour entrer au cœur du problème même s'il n'y avait aucune assurance qu'ils lui répondent.
/J'essaie de les contacter mais ils ont trop peur. Ils rejettent mon contact./ Annonça alors Talath avec contrariété. /Je ne pense pas que vous obtiendrez plus d'eux./
*Qu'est ce qui pourrait les pousser dans un tel état ?*
Leurs chevaliers étaient bien vivants à leurs côtés et ils étaient parmi les dragons les plus craint du monde, ils n'auraient pas dû logiquement tomber dans une telle terreur.
Talath réfléchit un moment, puis quand la réponse arriva, elle le fit avec une gravité qu'il ne lui avait encore jamais connu :
/Leurs reines sont menacées. Je ne vois que cela. Leurs reines et leurs dames./
Harry jura en réponse, manquant alors presque la réponse qui vint de l'autre côté.
Ils acceptaient.
/Que faisons-nous ?/ Demanda Talath. /S'il y a là-bas quelque chose capable de menacer plusieurs reines Magyars à pointes, nous ne ferons certainement pas le poids./
-J'ai bien peur que nous n'ayons plus vraiment le choix… Déclara Harry alors que le bronze et le brun venaient les entourer en une escorte serrée, le bleu venant jouxter Gendrath qui avait désormais du mal à cacher ses sentiments.
Reyn devait avoir une expression de sourcil tout à fait intéressante désormais.
Harry essaya de se distraire avec cette pensée alors que Talath était forcée à ajuster son vol aux deux autres dragons, inconfortablement proche pour les empêcher de transplaner s'ils décidaient de le faire. Les chevaliers hongrois gardaient leurs visages fixés et froids sur l'horizon, n'épargnant aucun regard à Harry, rendant difficile de deviner leurs intentions. La queue hérissée de pointes du bronze était comme une menace très réelle alors qu'elle ondulait à deux doigts d'eux.
Le Mot de protection pourrait amortir le coup et surtout les déchirures, théorisa Harry, mais ils seraient toujours déstabilisés et vulnérable à une autre attaque.
Les magyars à pointes étaient des tanks volants quand eux étaient plus du genre léger et intelligent avion conçu pour infliger des dégâts de loin. Une attaque physique serait forcément en leur défaveur.
Ils prirent donc leur mal en patience, l'esprit à l'affut alors qu'ils arrivaient finalement dans une série de vallons, couverts de forêts et même de vignes en repos, volant droit sur une large montagne qui s'élevait dans l'horizon, bleutée et surmontant toutes les autres hauteurs.
-Le Mont Kékes, dans le massif de la Mátra, supposa Harry en regardant sa carte.
Cependant il était fort improbable que cette montagne-là accueille des dragons puisqu'elle était occupée par les moldus. Et en effet, alors qu'ils survolaient son sommet enneigé et sa station de ski, une montagne encore plus haute surgit brusquement de nulle part, moins évasée, s'élevant comme une cheminée trouée de grottes et de dragons arpentant ses flancs.
Deux plateaux se présentaient à différentes hauteurs. Le plus bas avait un lac nourrit par une haute cascade, ainsi que la plus grande ouverture de grotte, sans doute celle menant à l'Aire d'Eclosion. Le plus haut plateau, là où ils se dirigeaient, semblait servir d'Aire d'Atterrissage.
Harry se pencha sur le cou de Talath et touchant sa peau, donna une impulsion de magie pour utiliser le Mot d'Union.
Les yeux de Talath lui permirent de parcourir les plateaux à la recherche de reines dorées ou d'occupation inhabituelle… Mais hormis l'agressivité générale des magyars à pointes, il n'y avait rien d'immédiatement suspect.
Pas de mangemorts encapuchonnés. Pas d'employés du Ministère Britannique. Mais là encore, ça ne voulait rien dire.
Restant sur ses gardes, Talath plongea à la suite de leur escorte et, voyant un chevalier remonter le plateau vers eux, Harry eut une inspiration :
-Ma Vif, fait semblant de boiter quand nous toucherons terre.
/Très bien./ Fit-elle avec une touche de nervosité bien que jouer le rôle de la demoiselle en détresse ne lui plaisait guère. Elle savait cependant qu'une blessure serait une bonne excuse pour expliquer leur Long Vol vers la Roumanie, plutôt qu'un rapide transplanage.
Elle exagéra donc sa difficulté à se poser, bondissant sur trois pattes en gémissant légèrement.
Les dragons autour d'elle roucoulèrent immédiatement d'inquiétude et de soucis : voir une reine blessée suffisait à surpasser un instant leur stress.
Harry glissa alors de son dos et se positionna près de la patte faussement blessée, n'ayant pas trop de difficulté à avoir l'air préoccupé, puisque dans les faits, il l'était.
Il y avait dans l'air une sensation générale de malaise qui lui donnait envie de sauter hors de sa peau et de l'abandonner derrière lui pour fuir plus vite. Il ne savait pas si c'était son pouvoir qui parlait ou si Reyn qui atterrissait à son tour était capable lui aussi de le ressentir. Ils ne purent cependant partager leurs impressions puisque le Chef de la Réserve se tenait à présent devant lui avec deux autres chevaliers.
Le symbole bleu d'un triangle traversée par deux ronces couvertes d'épines se tenait sur le blouson du Chef, en plus des galons indignant son rang. C'était un homme brun dans la quarantaine, le visage presque de la couleur du bronze patiné et profondément creusé de rides impliquant un mélange de concentration extrême et de douleur. Ses épaules étaient tendues sans raison pour quelqu'un qui n'accueillait que deux dragons, comme s'il se savait observé de la montagne.
Harry essaya un instant de voir au-dessus de son épaule, sans rien observer d'autres que des ouvertures sombres. Il calma sa frustration et se concentra plutôt sur son interlocuteur, qui, Faranth en soit loué, parlait anglais.
-Harry Potter, aspirant de la reine dorée Talath de la Montagne Blanche, le salua l'homme. Nous avons beaucoup entendu parler de vous.
Harry força un sourire avenant sur ses lèvres, réalisant qu'il allait une nouvelle fois devoir jouer la carte de la séduction, même si cette fois-ci ce n'était pas une jeune fille inexpérimentée qui se trouvait devant lui.
-Et vous devez être Sir Aron, Chef de la Réserve de la Mátra, chevalier du bronze Denorith. Je suis sincèrement désolé de m'imposer dans ces circonstances, mais le chevalier Li et moi-même avons été séparé de notre groupe et ma précieuse dragonne s'est blessée ...
Un léger tic de l'œil fut le seul signe que Reyn était conscient de sa mascarade mais il sut se taire et cacher ses sentiments sous une moue renfrognée.
Les rides sur le visage du Chef semblèrent se creuser un peu plus alors qu'il fixait Harry, il ouvrit la bouche une seconde, rien ne sortit et il se ravisa. Son regard, d'un vert plus pale que ceux d'Harry, devint intense, comme s'il parlait et essayait de transmettre un message, les pupilles d'abord rétractée avouaient la peur et l'hyper attention, puis une flamme de résolution brilla et l'homme se mit à parler.
Cela semblait un discours classique d'accueil mais Harry n'en entendit presque aucun mot car un dragon s'était mis à lui parler en même temps.
/Partez. Maintenant. Partez je vous en conjure. La Mátra est infiltrée./
Harry sentit sous ses pieds un tremblement rythmique qui devenait de plus en plus fort. Il crut d'abord que c'était un tremblement de terre, puis il sentit plus que comprit que quelque chose de très gros et de très lourd courait vers eux depuis l'intérieur de la montagne.
Quelque chose de très dangereux et de très malveillant.
/ S'il vous plait. Maintenant ! Partez ! /
Pour la première fois de sa vie, et malgré toutes les expériences qu'il avait vécues, il sentit vraiment la Mort roder autour de lui. Son souffle lui manqua et son corps se crispa alors qu'il réalisait que tout allait bientôt se terminer.
Etrangement ses pensées immédiates allèrent à Elizabeth et à Charlie. Combien il aurait aimé plus de leurs parts. S'excuser. Savoir à quel point leurs lèvres auraient été douces et exigeantes. Comment il se serait senti contre eux.
Une odeur d'ozone arriva jusqu'à lui depuis la caverne.
/MAINTENANT !/ Cria le dragon avec urgence avec une puissance qui sembla presque pousser physiquement Harry de sa catatonie.
*Talath ! Gendrath !* Appela t'il en ayant du mal à ne pas se concentrer sur les tremblements du sol sous ses pieds et sous ses propres tremblements de peur qu'il peinait à retenir. *On part. De suite. Danger. Transplanage d'urgence à la Réserve.*
Talath réagit très vite, contaminée par la peur d'Harry. Elle cessa de jouer la comédie et se jeta sur les chevaliers pour qu'Harry puisse s'emparer d'un morceau de son harnais et s'y agripper. Le contact du cuir fut un réel soulagement alors qu'elle continuait son mouvement en ignorant les dragons surpris et évitant les extrémités pointues tout autour pour se jeter dans le vide.
Le vent fouetta le visage d'Harry et il s'empressa d'enfiler ses lunettes de vol en même temps qu'il vérifiait Gendrath et fut soulagé de voir qu'il avait aussi récupéré Reyn et qu'ils les suivaient de près.
La neige se mit à tomber tout autour d'eux alors qu'ils se précipitaient vers les frontières de transplanage.
Un grondement puissant et furieux de frustration tonna comme un coup de tonnerre derrière eux et Harry n'eut le temps que de voir une ombre se détacher de l'obscurité de la plus grande caverne, ainsi que deux points rouges lumineux avant que les ténèbres du transplanage n'avalent toute sensations hors celle du froid et de la terreur.
Pendant un moment, tout ce qu'Harry put sentir, ce fut les battements paniqués de son propre cœur.
-D-
La neige tombait drue désormais alors que Barty Croupton observait le point du ciel où avaient disparus les deux longwings.
-Dommage mon mignon petit Harry, nous n'allons pas pouvoir jouer ensemble aujourd'hui…
Il se lécha les lèvres en se remémorant l'adolescent qui avait bien grandi pour devenir une proie tout à fait délicieuse et il ne pouvait pas attendre trop longtemps avant de le voir brisé.
Il sentit un homme s'approcher par derrière et ne fut pas surpris de voir Goyle quand il y jeta un petit coup d'œil.
-Les transporteurs sont arrivés, annonça le sorcier massif et aux traits disgracieux.
- A temps, approuva-t-il dans un murmure de contentement. Faites entrer les deux plus jeunes Reines, les bronzes et une dizaine de dragons d'autres couleurs. Cela devrait suffire à Maitre Lacone.
-Nous nous en occupons… Approuva l'homme en commençant à partir, avant de s'arrêter comme s'il venait d'être frappé par une idée : Et… Et les autres ? Qu'est ce qu'on en fait ?
Un lent sourire mauvais s'allongea sur les lèvres de Barty.
-Quelles autres ?
Goyle fronça les sourcils, puis compris finalement car avec un grognement de joie mauvaise, il hocha de la tête avec un sourire carnassier.
A côté de Barty, il y avait encore le corps déchiré en deux parties, fumant de sang chaud, d'un Magyar à pointes bronze. L'homme s'étira, les bras au-dessus de sa tête, avec un gémissement de satisfaction alors qu'au loin vibrait le bruit des hélices d'un zeppelin.
D'ici, et malgré cette rencontre avortée, il partirait avec la sensation du travail bien fait.
A suivre…
Non ce n'est pas un Balrog dans la caverne même si je m'avoue coupable, j'ai écrit ce passage en partie sur l'OST « The bridge of Khazad Dum ». C'était donc le dernier chapitre que j'avais en réserve pour l'instant, et comme j'ai un cadeau à écrire pour ma BF démoniaque et que la prochaine update sur mon profil sera pour Familles de Sorciers, je ne pense pas qu'il y aura de nouveaux chapitres pour cette histoire avant fin octobre. Mais je vais essayer de bien bosser pour vous !
