Mot de l'auteur : Bonjour à tous ! Cela fait bien longtemps encore n'est-ce pas ?Je vais vous passer rapidement la partie vie-travail-et-le-reste qui est toute nulle, vous dire que vous pouvez remercier deux géniales lectrices en particulier qui m'ont relancée (une sur Tipee qui m'a remis sur l'écriture et une sur Instagram qui me fait poster ce chapitre ce week-end et qui se reconnaitront ) ) , et pour ma part je remercie chacun d'entre vous qui soutiennent et aiment cette histoire. Beaucoup d'amour à vous tous !

-RESERVE DE LA MONTAGNE BLANCHE-

Gérant: Ivan Desclare (dragon bronze Norlith)
Intendante des Cavernes Inférieures : Gwendolyn Steenwich

Chef des Candidats : Adrian Montemps (dragon brun Goleth)
Maitresse des Aspirants : Amber Stevens (dragon vert Legith) –compagne de Rebecca -

Aspirants : Valentine Lassauge (dragon vert Dinth - lézard de feu or Delilah)
Harry Potter (reine dragon or Talath- lézard de feu brun Moineau)

Chevaliers: Charlie Weasley (dragon bronze Derianth- lézard de feu vert Jade) –Second de la 4eme Escadrile-
River (dragon bronze Carenath, lézard de feu bronze) -4eme escadrille-
Cyan (dragon bronze)
James O'Connel (dragon bronze Regileth) – Capitaine de la 1ere escadrille-
Edmund Deiricht (dragon bronze Arenth)
Ronan Watteau (dragon bronze Kyreth)- 1ere Escadrille-
Damian (dragon brun Emlith) – 4eme Escadrille-
Reyn Li (dragon brun Gendrath) -4eme Escadrille-
Rebecca (dragon bleu Farlith) –compagne de Amber Stevens- - Maitresse des Armes-
Mortimer Cadwell (dragon vert Hellth) – Apprenti Guérisseur -

Candidats : Dennis Crivey

-CHATEAU DE NURMENGARD-

Severus Rogue (lézard de feu vert Absinthe) –époux de Sirius Rogue-
Sirius Rogue –époux de Severus Rogue-

-ORDRE DU PHENIX-

Albus Dumbledore
Remus Lupin
Maugrey Fol-Œil
Nymphadora Tonks
Arthur et Molly Weasley
Bill Weasley

-CHATEAU DE POUDLARD-

George Weasley
Frederick Weasley –petit ami de Hermione Granger-
Ronald Weasley (lézard de feu bleu Thot)
Hermione Granger –petite amie de Frederick Weasley-
Ginevra Weasley

-GARDE DES VERTS GALLOIS-

Capitaine: Austen (dragon bleu Victorius)
Sergent : Elizabeth Austen (dragon vert Athena)

Chapitre 45 : Le Prix du Sang

La lumière et les couleurs éclatèrent aux yeux d'Harry quand lui et Talath sortirent du vide et du froid. Des voix jaillirent de toutes parts autour d'eux, mais il ne pouvait que se concentrer sur l'image délicieusement familière et rassurante de la cuvette du volcan couverte de neige, les eaux du lac gelées et des fumerolles s'échappant des canaux d'évacuation des Grandes Thermes.

C'était chez eux et c'était sûr et encore en sécurité.

/Harry, nous devons les prévenir pour les Magyars./ Intervint Talath.

Et alors c'était comme s'il sentait à nouveau cette étrange d'odeur d'ozone et sentait des yeux flamboyants de rage sur sa nuque. La Mort planait comme un fantôme derrière lui, presque palpable, et il savait au plus profond de son être qu'il l'avait échappé de justesse, mais que désormais, elle était sur sa trace, elle l'avait flairé, elle l'avait gouté, et elle avait aimé son gout.

Ses doigts se serrèrent sur les lanières de son harnais et deux têtes de lézards de feu, une brune et une verte, sortirent de son blouson avec des roucoulements interrogateurs et inquiets.

-Ça ira, il s'adressa à eux avec un sourire forcé. Tout ira bien.

Talath et Gendrath atterrirent de concert sur la pelouse gelée qui bordait le lac et de nombreuses personnes convergèrent dans leurs directions, tandis que le ciel se remplissait de longwing de toutes les couleurs poussant des grondements de victoire.

Harry chercha machinalement des yeux les Vert Gallois et les trouva immobiles sur quelques corniches à leur habitude de taxi à écailles, silencieux près des figures humaines qui s'amassaient en plusieurs groupes à l'air distant et réprobateur.

Il pensa un bref instant à Elizabeth puis repoussa rapidement cette pensée. Ce n'était PAS son problème dans l'immédiat.

Son problème, c'était Desclare qui avançait vers eux avec son pas martial et son expression furieuse.

Harry laissa sortir les deux lézards de feu de son blouson, s'échappant avec des coups d'ailes hâtifs, puis décrocha ses attaches et se laissa glisser jusqu'au sol. Il aperçut du coin de l'œil Reyn faire de même et se précipiter en avant, comme s'il avait l'intention de prendre tout sur lui mais Harry le stoppa d'un geste du bras en lui lançant un regard furieux, pour s'avancer ensuite vers le Gérant de la Réserve avec une expression déterminée sur le visage.

S'il devait commencer à être un seigneur et un leader, c'était maintenant ou jamais – et il avait beaucoup trop joué au bel idiot innocent ces derniers jours.

-Il faut qu'on parle Desclare, et c'est trop urgent et sensible pour être retardé.

Il accompagna ses derniers mots par un regard vers les Verts Gallois et le chevalier bronze qui semblait clairement en conflit avec cette entrée en matière, prit une expression plus prudente et fermée.

-Très bien. J'attends tes explications de toute façon. Allons dans mon bureau.

Harry hocha sèchement de la tête et le suivit quand il se détourna pour se diriger vers la rampe d'accès à la caverne de Talath. Cette dernière les suivit d'un pas fluide, obligeant la foule à s'écarter, ainsi que les amis d'Harry qui le fixèrent avec incompréhension et inquiétude.

Harry mima « plus tard » avec ses lèvres et essaya de leur offrir un sourire rassurant mais cela ne changea pas beaucoup leurs expressions. Il espérait au moins que Reyn en profiterait pour se réconcilier avec Mortimer.

Il essaya aussi de ne pas le chercher, mais échoua de toute évidence, car un coin de sa tête nota l'absence de Charlie. Et cela lui fit réaliser qu'il aurait aimé le voir, pour absorber un peu de la flamme ardente qui caractérisait l'homme et obtenir le soutien qu'il semblait toujours heureux de lui offrir.

A la place de quoi il devrait compter sur ses propres forces. Toujours.

/Ma force aussi./ Lui souffla Talath, étendant son cou pour venir respirer contre ses cheveux alors qu'ils arrivaient dans sa grotte.

Elle se posa pas loin du trou qu'elle utilisait pour dormir, les suivant du regard alors qu'ils passaient le rideau menant aux appartements d'Harry. Ce dernier vit un éclat de bronze la rejoindre à l'entrée et sentit que c'était Norlith.

-Inutile d'aller dans ton bureau, fit Harry en s'arrêtant devant la porte de son cabinet d'étude. Nous pouvons parler ici.

-Qu'est ce qui est si urgent ?! Claqua avec brutalité Desclare alors qu'ils passaient la porte et la refermait derrière eux.

Harry murmura quelques Mots pour la protéger des écoutes malintentionnées et se tourna vers l'homme en laissant éclater sa détresse :

-La Reserve de la Matra est en danger ! Il y a quelque chose là-bas qui les menace, les menace tous ! Reines comme bronzes ou seigneur. Tu aurais dû voir Sir Aron, il y avait tellement de peur dans ses yeux !

Desclare se figea sur place, son visage perdant de son expression renfrognée et de sa colère, il se reprit cependant rapidement, comme après avoir digéré un instant la possibilité et les conséquences d'un Sir Aron effrayé. Les chevaucheurs de Magyars étaient réputés pour être sans peur et sans émotions alors il allait sans dire que le Chef de la Réserve, le meilleur d'entre eux, ne pouvait être qu'imperturbable.

-Comment ça ? Quelle chose les menace ?

-Je ne sais pas, je… Nous ne sommes pas restés pour le savoir… C'était…. (« J'ai eu si peur » voulait dire Harry mais il ne le pouvait pas.) Mais Talath va partager ses souvenirs avec Norlith et tu pourras voir par toi-même !

/ Il a raison. Il y a quelque chose qui terrifie les Magyars./ Commenta Norlith à Desclare. /Mais je ne vois pas ce que c'est… Probablement un autre dragon. Un poids lourd./

Harry fronça les yeux. L'impression qu'il en avait eue n'était pas celle d'un dragon. Les dragons sentaient le feu, le vent, la roche chaude et la liberté. Cette chose était… Effrayante. Obscure. Froide. Sans sentiments ou pitié. Presque… Morte.

Cette chose sentait exactement comme la Dame Blanche.

Mais il n'avait aucune preuve à ce sujet.

Il raconta alors rapidement son voyage en laissant quelques coins dans l'ombre, n'omettant néanmoins rien de ce qui était pour lui l'action du Ministère de la Magie dans les évènements actuels.

-C'est évident que le Ministère joue un rôle dans tout ça. Les Magyars menacés permettant à Ombrage d'obtenir le droit d'établir sa garde de dragons et ainsi de nous surveiller…. De ME surveiller apparemment puisque je suis un tel danger pour Fudge… Chasser les Mangemorts évadés n'est qu'un prétexte ! S'ils voulaient un poste d'avant-garde ils auraient mieux fait de s'installer dans la Réserve des Highlands !

Desclare fit quelques pas jusqu'aux portraits représentant les anciennes Dames de la Réserve, se figeant d'un air pensif devant celui de Leslie qui lui adressa un doux sourire.

-Tu m'as dit auparavant que pour toi, Lucius Malefoy, l'un des plus proches conseillers du Ministre Fudge, est un Mangemort…

-Pour moi c'est certain, approuva Harry avant d'émettre un rire grinçant et de continuer : mais de toute évidence, ça ne semble pas l'être pour la majorité des sorciers britanniques.

-Les anglais… Soupira Desclare d'un ton affligé. Si c'est vraiment le cas, alors cet homme veut faire de toi un ennemi de l'Angleterre, t'isoler des soutiens que tu as là-bas. Et d'un autre côté il distrait Fudge de la véritable menace. C'est plutôt rusé comme tactique. Il nous embarrasse d'Ombrage, fidèle et obtuse conseillère de Fudge, nous empêchant de regarder ce qu'ils font à côté… Enfin c'était sans te compter dans ses calculs. Il connait encore mal ta passion pour le chaos.

C'était amer, mais Harry ne se laissa pas toucher, haussant des épaules nonchalamment.

-Vous pourrez me mettre en cellule d'isolement le temps que vous voudrez après que nous ayons réglé ces problèmes plus urgent, peut-être ?

-Insolent. Je te réserve bien pire, crois-moi.

Harry ignora le regard brulant et la menace. Il aurait le temps de s'inquiéter de tout ça plus tard.

Un sourire légèrement mesquin et incroyablement satisfait naquit cependant sur les lèvres de Desclare et dans la grotte, certainement en accord avec ses pensées, Norlith émit un roucoulement presque ricanant en réponse.

-Nous avons néanmoins ici une opportunité à ne pas laisser passer, pas vrai Harry ?

Talath, intuitive et méchamment intelligente, comprit immédiatement et se mit à exalter de joie dans sa tête.

-Nous ne devons pas perdre de temps, se contenta t'il juste de répondre, ayant du mal à partager leur euphorie.

-En effet. Norlith, fais passer les ordres.

/Comme il vous en plaira./ Fit la voix soyeuse du dragon.

Sur ce, Desclare se détourna pour quitter la pièce, Harry le suivant machinalement, des frissons parcourant son épiderme, symptômes d'un sentiment qu'il n'arrivait pas à bien définir. Peur ? Excitation ? Appréhension ? Adrénaline ? Tout ça à la fois ? C'était comme si la Terre avait soudainement changé son sens de rotation.

-N'est-ce pas trop risqué… ? Lâcha-t-il doucement alors qu'une partie de son esprit suivait les ordres relayés par les dragons. Je veux dire… Nous allons… C'est comme…

Devant son hésitation à finir sa phrase, Desclare sembla hésiter entre la gravité et l'amusement, avant de tomber dans ce dernier :

-C'est la première fois que vous déclarez la guerre à une nation, Potter ? Vous serez peut être amené à le faire plus souvent que vous ne le pensez.

Ils s'avancèrent sur la corniche de Talath, où se trouvaient leurs deux dragons, et devant eux, un véritable ballet de dragons et d'hommes, là où certains courraient enfiler leurs armures, là où d'autres acculaient des Verts Gallois, là où on affutait et sortaient les armes, là où on réprimait des chevaliers de la Garde qui essayaient de se défendre… Là où on se préparait à partir sur le champ de bataille.

Le cœur d'Harry se mit à battre d'une symphonie inédite et les frissons se raffermirent alors qu'il absorbait le sentiment collectif d'impatience et de soif.

Soif de batailles, soif de danger, soif de sang.

Il y avait eu deux moments où il s'était senti chevalier dragon d'une façon incontestable et primale: Le jour de l'Eclosion de Talath et leur premier vol. Celui-ci en était un autre. Il venait avec une compréhension nouvelle de son statut, mais aussi de la nature des dragons.

Il l'entendait dans le fredonnement de joie pur qui faisait vibrer son lien avec Talath.

Les dragons n'aimaient pas la guerre et les combats…

Non.

Ils l'adoraient.

-D-

Dolores Ombrage émettaient des bruits qui ressemblaient étrangement à des gloussements de poules effrayées alors que deux chevaliers la trainaient de force dans la salle du Conseil. Elle trébucha le haut du corps en avant sur la table, quelques cheveux défaits de sa coiffure habituellement toujours impeccable. L'une des mèches se plaça en travers de son front alors qu'elle se redressait, ses yeux brûlants de haine directement dirigé sur Harry qui ne broncha pas.

Il s'efforça de rester de marbre et de contrôler la part primale de lui (qui était en grosse partie occupée par Talath en ce moment) qui voulait faire quelque chose d'aussi mesquin que de jubiler de la situation.

-Comment osez-vous ?! Vous tous ?! Siffla-t-elle alors d'un ton venimeux. JE représente le Ministère Britannique !

-La seule chose que vous êtes pour l'instant, c'est notre prisonnière, répliqua Desclare avant de s'adresser aux deux chevaliers : Enfermez là dans une de nos geôles et gardez un œil sur elle, nous aurons certainement des questions à lui poser plus tard.

Ils firent jouer leurs muscles pour arriver à la tirer loin de la table tandis qu'elle trainait les pieds et continuait à chercher à faire face à Desclare et Harry pour les abreuver de sa colère.

-JE LE SAVAIS ! DES TRAITRES ! LE MINISTRE SAURA TOUT POTTER ! ET TOUT LE MONDE SAURA QUE VOUS ETES UN TRAITRE A VOTRE PATRIE ! UN PARVENU PARMIS LES PARVENUS ! DES…

Ses imprécations furent réduites par la distance puis coupées rapidement par une porte.

La réalisation qu'il y avait finalement une armée qui se dirigeait contre Fudge, telle qu'elle l'avait imaginé dans son esprit délirant, frappa Harry. Mais l'ironie c'était que tout était de leur faute. S'ils n'avaient pas menacés la Réserve de la Matra pour s'immiscer à la Montagne Blanche, rien de tout cela ne serait arrivé.

*S'il vous plait, faites que tout aille bien pour les Magyars…*

Desclare continuait à donner des ordres autour de lui. Tous les chevaliers étaient en train d'être rappelé à la Réserve et la majorité des dragons choisis pour partir à la Matra étaient déjà en armure complètes et attendaient d'être menés.

-Bien, dites au Maitre forgeron d'armer Norlith pendant que j'enfile ma propre armure ! Finit Desclare en prenant la direction de ses appartements.

-Et… Et moi ?! L'interrompit Harry en courant derrière lui.

Desclare stoppa net et lui jeta un regard sévère.

-Comment ça, et toi ? Toi tu restes tranquillement ici et tu essaie de ne plus inquiéter tout le monde, pour une fois !

-Hors de question ! Je viens avec vous ! Contra Harry. Sir Aron et son dragon ont risqués leurs vies pour que je puisse m'enfuir ! Je ne peux pas… Juste rester là !

-Et nous ne pouvons pas vous laisser, toi et Talath, risquer vos vies dans un possible combat.

-Nous resterons à l'abri, je le promets ! Et nous nous protégerons !

-Avec quoi ? Il n'y a pas d'armure pour les reines, et tu n'en as pas non plus ! Grogna Desclare. Quant à tes promesses… Je ne veux même pas aborder ce sujet.

Il voulut se détourner pour continuer son chemin, mais Harry fut aussitôt sur son chemin, le torse gonflé d'indignation.

-Quand ais-je JAMAIS menti ?!

-Ça ne veut pas dire que tu es honnête. Ça ne veut pas dire que tu traites tes futurs chevaliers avec la dignité qu'ils méritent. Abandonner ton escorte comme tu l'as fait était indigne d'un leader. Tu crois qu'ils vont te respecter ? Tu crois qu'ils vont t'aimer ? Tu crois qu'ils vont t'obéir ? Tu crois que jaillir sur ta dragonne dorée, jouer de ton joli visage et de ton statut de Survivant va leur faire oublier la façon dont tu les as insultés ?

Harry se sentit blanchir. Et même s'il essayait de s'accrocher à son feu intérieur et à l'indignation royale de Talath, il était envahi par un sentiment de honte assez fort pour mourir d'envie de se repentir et de se racheter. Même si… Eh bien il ne voyait pas comment il aurait pu faire autrement.

Il savait qu'on ne l'aurait pas laissé aller à Paris.

-Je m'excuserais auprès de O'Connel et Regileth. Auprès de Mortimer, Hellth, Damian et Emlith. Et je promets solennellement et sur mon honneur que Talath et moi obéirons à vos ordres tout le long de l'opération menée à la Matra. S'il vous plait, j'ai une dette envers Sir Aron et s'il y a la moindre petite chose que je peux faire…

-Tu l'as déjà fait Harry, tu nous as prévenus.

Le brun garda ses yeux plein d'espoir sur l'homme, et celui-ci finit par émettre un petit soupir.

-Très bien. Mais Talath reste en dernière ligne et toi, on va te trouver une armure quelque part.

-Parfait ! C'est tout ce que je demandais ! Exulta Harry. Merci !

-Bon sang, allez file ! Grogna Desclare avant de marmonner pour lui-même sur les adolescents rebelles en se dirigeant vers ses appartements.

Ledit adolescent ne se le fit pas dire deux fois et se précipita aussitôt à l'armurerie qui se révéla être un beau chahut de chevaliers prélevant ici des lances, là des flèches à dragon ou bien des pierres à feu. Tout le matériel nécessaire pour abattre l'un des leurs. Harry garda pour lui ses suspicions au sujet de l'identité de leur ennemi et essaya tant bien que mal de se frayer un chemin vers le portant où étaient stockées les côtes de mailles.

Une main sur l'épaule l'arrêta à mi-parcours et il se retourna pour tomber sur Valentine qui le tira derrière elle.

-Je me doutais que je finirais par te trouver ici, fit-elle quand ils se retrouvèrent à nouveau dans l'un des couloirs des cavernes inferieures.

-Je dois me trouver une armure… Lança-t-il alors, un peu paniqué intérieurement.

Il n'était pas du tout prêt à faire face à Valentine à l'heure actuelle. Il n'arrivait même pas à la regarder en face. La tranquillité émanant de Dinth, sa dragonne, ne prouvait qu'une seule chose : c'était que son premier Vol nuptial avait eu lieu. Quand il les avait quittés, il y avait quelques jours seulement, un moindre petit mot de travers suffisait à les lancer toutes les deux dans des diatribes sanglantes… Et maintenant… Maintenant c'était comme s'il avait retrouvé la Valentine d'avant. Sauf que c'était faux.

C'était forcément faux, après…

Il y avait tout un tas de récits de vols qui se mélangeaient actuellement dans sa tête. Mortimer… Rebecca… Reyn…

La voix de Valentine transperça son nuage d'appréhension.

-Je savais que tu voudrais te joindre à la bataille, et comme on fait à peu près la même taille, je pense que c'est mieux pour toi d'emprunter mon armure. Allez viens idiot !

-Tu ne fais pas partie de l'assaut ? S'indigna Harry alors qu'il était toujours tiré vers les appartements des Aspirants.

-Je ne me souviens pas que tu m'aies adoubé, ironisa Valentine. Tu sais, tu étais parti faire je ne sais quoi, je ne sais où, de ton côté. Damian était insupportable. Je crois que je lui jeté quelque chose à la figure, mais je ne suis plus sûre de quoi. C'était un peu avant que toute cette angoisse à ce sujet ne déclenche Dinth. Tu sais ? Son Vol ?

-Oh Val'… Je suis désolé…

-De quoi ? L'arrêta t'elle en se tournant brusquement vers lui, au point qu'ils furent presque visage à visage et que les yeux bleus de Valentine, attentifs et curieux, mais non furieux, envahirent son champ de vision.

C'était étrange que ce soit toujours elle. Elle était toujours aussi belle. Toujours aussi forte à l'intérieur. C'était toujours leur valkyrie même après…

-Cela devait arriver de toute façon, continua-t-elle. Je le sais. Tu le sais. Et j'étais préparée.

Elle reprit sa course, le poing toujours agrippé à lui pour les quelques mètres qui les séparait du dortoir.

Harry n'y était plus retourné depuis qu'il avait obtenu ses propres appartements. C'était étrange de le voir si vide, occupé uniquement des quelques affaires de Valentine, dont l'armure qui était étalée sur l'un des lits vides.

-Allez, retire ta veste, l'enjoignit elle en attrapant la cote de laine.

Elle la lui passa sur la tête dès qu'il fut en chemise, puis enchaina avec la cote de maille. Toutes les deux étaient enchantées pour être ignifuge. L'un était plus une protection contre le froid de l'altitude, l'autre contre les coups des chevaliers ennemis.

Ni l'un ni l'autre ne servirait à quoi que ce soit face aux crocs d'un dragon de poids moyen ou poids lourd.

Elle lui passa ensuite le surcot porté par tous les chevaliers de la Montagne Blanche. Un vêtement tombant jusqu'à la taille, noir, en dehors d'un triangle blanc cerclé sur le torse. Harry portait toujours son baudrier, enserrant ses hanches et le haut de ses cuisses, de sorte qu'il ne restait plus qu'à y accrocher le porte épée, une sangle en cuir maintenant le fourreau.

-Ce n'est qu'une rapière, commenta Valentine. Mais Rebecca me l'a donné en attendant mon arme officielle.

-Je suis sûre qu'elle sera super cool.

-Elle le sera. J'ai réussi à la cuisiner pour savoir ce qu'elle me fabriquait.

-Et c'est ?

-Super cool. C'est tout ce que tu sauras. Une garantie pour t'obliger à revenir.

-Val…

Elle noua d'un geste vif l'attache puis se redressa et l'attrapa par le haut des bras pour le maintenir face à elle. Gravement elle le fixa un moment avant de l'attirer dans une étreinte d'ourse qui expulsa tout l'air de la poitrine d'Harry avant qu'il ne puisse tapoter gentiment son dos tout en respirant son odeur de cuir, de transpiration, un léger ton de lavande et de fumée.

-Je reviendrais toujours Val. C'est ma maison ici. Et je te ferais chevalier et tu seras admirée de tous pendant la fête qui sera donnée en ton honneur.

-Eh, c'est la minute du câlin ? Comment ça se fait que personne ne m'a prévenu ! Fit soudainement la voix de Damian depuis l'entrée du dortoir.

Les deux eurent à peine le temps de tourner la tête dans sa direction que le garçon se précipitait sur eux en armure et se jetait dans une embrassade générale qui les fit tous basculer sur le lit derrière eux.

-Damian ! Quel abruti ! Vous m'écrasez tous les deux ! Gémit Valentine alors qu'elle devait supporter le poids des deux garçons en côte de maille.

-Câlin des frères et sœur d'éclosion ! Hurla Damian alors qu'Harry avait un fou rire silencieux et tentait de rouler sur le côté.

/Nous ne faisons PAS ça./ Averti Emlith à ses deux sœurs de couvée.

/Je n'en vois pas trop l'intérêt./ Renifla Talath avec hauteur.

/Comme si nous pourrions avoir envie de rouler contre toi./ Grinça Dinth.

Harry finit par glisser par terre, mais seulement parce qu'il sentit la poigne de Damian le lâcher. Ce dernier et Valentine roulèrent tous les deux sur le dos, haletants légèrement, puis le chevalier plus âgé le regarda gravement, comme il était assez rare qu'il le fasse.

-Merde Harry, on était super inquiet pour toi.

Le brun baissa les yeux, se souvenant que Damian avait été son premier et plus fidèle ami ici. Il l'avait mis à l'aise dès le premier jour d'une façon qu'il aurait cru impossible.

-Je suis désolé Damian. Et je m'excuse auprès de toi aussi, Emlith, lança-t-il au plafond.

/Ce n'est pas nécessaire. Vous êtes le Seigneur de la Montagne Blanche./ Répliqua Emlith. / Mais Damian était mal de ne pas connaitre votre état de santé, donc je l'accepte. /

-Et puis, continua Damian d'une voix cette fois-ci geignarde : pourquoi Reyn ?! Quitte à choisir un chevalier pour t'accompagner dans tes aventures, choisis ton vieux copain !

Il ne put aller plus loin car Valentine le frappa au visage avec un coussin.

-Vraiment ?! C'est tout ce que tu trouves à dire ? « Laisse-moi au moins me fourrer dans les mêmes ennuis que toi » ?!

-Arrêtes, comme si tu n'aurais pas voulu être là toi aussi !

Valentine rougit légèrement en se voyant démasquée mais refrappa quand même le garçon au visage pour faire bonne mesure.

-Assez, vous deux, j'ai compris ! Les coupa Harry en se sentant brusquement bien mieux qu'il ne l'avait été depuis bien longtemps. Nous devons maintenant nous rendre à nos dragons, Desclare n'attend qu'une excuse pour me laisser derrière lui.

-Soyez prudents, tous les deux. Vous ne voulez VRAIMENT pas que j'écrive vos éloges funèbres, les menaça Valentine avec une lueur assassine dans les yeux.

Les deux garçons lui répondirent d'un salut main sur le cœur solennel, avant de partir rejoindre leurs dragons respectifs.

-D-

Talath devait avoir l'air un peu étrange en arrière garde, son cuir brillant comme un soleil perdu dans une immensité de dragons vêtus de métal, de la tête à la queue. Elle était aussi désormais le plus grand dragon de la Réserve.

Des bruns était placé tout autour d'elle en formation de carapace, ce qui l'agaçait incroyablement car elle avait toujours détesté les entrainements impliquant cette figure. Tout comme Harry, elle préférait pouvoir disposer du ciel comme elle l'entendait, sans devoir faire toujours attention à garder un alignement parfait pour ne pas donner un coup d'aile dans un partenaire.

-Nous avons promis d'obéir à Desclare pour cette mission, lui rappela Harry qui l'entendait grommeler son mécontentement et qui pouvoir entendre les pensées inquiètes des dragons tout autour d'eux alors que sa Vif piétinait rageusement le sol.

/Je sais. Mais c'est intolérable ! Je vaux cent fois n'importe lequel de ces dragons !/

-Et c'est pourquoi Desclare nous surprotège, murmura pour lui-même Harry.

Après leur escapade, il se sentait plus calme. Son trop plein d'énergie et de besoin d'action avait été brûlé, et en fait, il était presque triste de devoir repartir aussi vite de la Réserve. Il n'avait même pas pût voir Mortimer pour s'excuser…

Ni même Elisabeth…

Devant lui, les dragons s'envolèrent tous les uns après les autres en une vague argentée, ondulant et grimpant vers le ciel alors que les dragons surentrainés prenaient leurs places dans les formations. Quand ce fut leur tour, l'ordre relayé de dragons en dragons comme une marée, il réussit à maitriser Talath dans une de ses brusques envolées d'humeur et conserver leur placement.

L'air froid frappa sur son visage durant la montée, puis se congela autour de lui en un instant tandis que les dragons se lançaient dans le saut qui les conduirait à des kilomètres de leur position.

Harry compta pour lui dans sa tête jusqu'à quatre avant que les ténèbres du transplanage disparaissent pour laisser place à nouveau à la vision de leur carapace de bruns. Avec en fond le paysage montagneux et le Mont Kekes se découpant dans le ciel nuageux.

Inévitablement, il sentit son corps se crisper et sa gorge se serrer tandis que les vestiges vraiment peu lointain de sa peur refaisaient surface. Il se força donc à fermer les yeux fortement et souffla plusieurs fois en collectant tout ce qu'il pouvait de détermination et de courage.

Il n'était plus tout seul. Il avait une armée.

Une fois recentré, il essaya de trier le flot de pensée des dragons présents pour pouvoir capter les éclaireurs et ce qu'ils allaient découvrir. Ce fut un échec retentissant, mais peu à peu alors qu'ils approchaient de la Matra sans que rien ne vienne contrer leur approche, un sentiment glacial s'installa et Norlith, Harry le reconnu, poussa le plus horrible des grondements de rage avant de se moduler en une plainte déchirante qui figea le cœur d'Harry.

C'était un son qu'il n'avait plus entendu depuis la mort de Hector, le lézard de feu d'Hermione.

Et seuls trois lézards de feu avaient alors lancé le chant de lamentation.

C'était toute une armée de dragon qui se mit à pleurer, leur colère et leur chagrin se déversant en Harry dont les yeux se remplirent, incontrôlable, de larmes qui se mirent à couler sur ses joues.

/Ils sont morts ! / Haleta Talath alors que la vague de dragon s'amassait en vol stationnaire autour des plateaux et des corniches de la Réserve Hongroise. /Ils sont tous morts !/

Là où il y avait eu autrefois une activité crispée, mais présente, il n'y avait plus que bâtiments détruits, sang et cadavres. Des dragons éventrés, déchiquetés, de toutes tailles, malgré leurs cuirasses et leurs défenses – quelques corps humains, peu en un seul morceau – et beaucoup trop de membres éparpillés ici et là pour leur convenir. Même les animaux de compagnie et le bétail y étaient passés. Et c'était assez récent pour que l'air soit encore imprégné de l'odeur de la terreur et de la mort, les lieux commençant à être peuplé par le vrombissement des mouches venues profiter de l'occasion.

Tout ce que Harry voyait lui paraissait complétement impossible.

Il y avait un tel mythe derrière l'indomptabilité et la force des Magyars à pointe qu'il était impossible que toute la Réserve ait été massacré dans le pauvre laps de temps où Harry s'était enfui et maintenant.

- Pose-toi Talath, s'il te plait… Demanda t'il avec l'impression d'être déconnecté de la réalité, fixant Desclare et quelques chevaliers bronzes faire quelques pas dans la boucherie.

Ses yeux étaient à nouveau secs, ce qui était bien car il avait bien l'intention de chercher la moindre miette d'indice sur ce qui était arrivé. Seules des braises de colère persistaient en lui, entretenues par les dragons qui, leurs pleurs terminés, grondaient et sifflaient, cherchant un ennemi sur lequel s'abattre.

Ce n'était pas tant une question de vengeance – car après tous les Magyars n'étaient pas de leurs races même s'ils étaient des alliés forts qui méritaient qu'on chante leurs départs, mais chaque dragon voyait le spectre de sa mort et pire, celle de son chevalier, dans ce charnier et la peur les rendaient encore plus apte à la violence.

/Dire que nous avons été si proches…/ Frissonna Talath en posant ses pattes sur le sol souillé, accompagné de part et d'autres de quatre dragons bruns.

Harry partageait son sentiment, venant s'étendre sur le cuir chaud et vivant devant lui, appréciant la montée du corps sous lui dû à la respiration.

-Nous sommes vivants, murmura t'il contre elle avant d'embrasser la peau et de commencer à défaire ses liens.

Il grimaça en glissant à terre, l'un de ses pieds venant d'atterrir dans ce qui semblait être une flaque de vomi. Il essaya de frotter sa semelle en avançant vers le groupe de chevaliers à terre – sa propre petite escorte derrière lui – et détaillait sombrement ce qu'il pouvait voir autour de lui.

Ce n'était pas loin de certaines scènes que pouvaient autrefois laisser Talath, Emlith et Dinth, à l'époque où ils étaient encore des dragonnets et qu'ils faisaient un désastre avec leurs premières chasses au bétail. A cela près qu'il s'agissait là d'une version géante.

/Ils pensent qu'il s'agit d'un dragon./ Rapporta Talath en faisant référence aux autres chevaliers.

*Je n'en suis pas sûr.*

/Ca pourrait l'être. C'est familier et étranger à la fois. Je ne sais pas vraiment comment l'expliquer… C'était l'impression…. L'impression d'un ennemi. /

Le racisme était loin d'être quelque chose d'inconnu aux dragons, il suffisait de voir comment les Longwings se comportaient avec les Vert Gallois, mais c'était curieux d'entendre de la bouche de Talath des pensées digne d'illustrer le sentiment primal d'extermination que ressentaient certains individus pour ceux qui étaient différents.

-Un dragon mais pas un dragon, marmonna Harry en faisant les quelques pas le séparant de Desclare et déclara à haute voix : Il y a très peu de dragons bronze parmi les… victimes.

-C'était ce dont on se faisait la réflexion, approuva Desclare. Ils sont peut être allé poursuivre leurs attaquants…

-En laissant leurs Rein… Commença Harry avant de se taire et prit d'un horrible pressentiment, se détourna et couru jusqu'à l'intérieur de la plus grande caverne – d'où était venu le monstre.

Desclare l'appela, puis lança des ordres à son sujet, du moins c'est ce qu'il lui sembla car son esprit focalisé se précipitait à l'intérieur des méandres de la montagne, découvrant toujours plus de morts , jusqu'à ce qui semblait être le cœur même de la Réserve où il se laissa tomber à genoux, un cri de chagrin, de colère et de haine s'échappant de sa gorge, venu du plus profonde de son être.

Ses doigts agrippèrent la roche sous lui, souhaitant, regrettant, se faisant une raison alors que des pas retentissaient derrière lui et que son escorte du moment découvrait elle aussi les corps mutilés des trois Reines Magyars.

Il y eut un silence accablant et sordide, encore plus accablant par le vide de la caverne –une caverne conçu pour les discussions, pour les sons grondants ou flutés des dragons, pour les rires et les colères, les musiques et les fêtes. Les montagnes des dragons étaient toujours chaleureuses, sèches et saines, tandis que la souillure et l'humidité semblait déjà se frayer un chemin maintenant que leurs habitants n'étaient plus. Et ne seraient plus jamais.

Harry sentit la présence de leurs dragons s'avancer eux aussi dans la caverne et découvrir la scène, restant eux aussi muets par ce qui était pour eux l'image de la Fin.

Une race de dragons n'existait que par ses reines. Si les reines mourraient, alors il n'était plus possible de faire naitre la nouvelle génération et la race ne pouvait plus que s'éteindre.

/Il y avait d'autres Reines…/ Lâcha soudainement, et à sa plus grande surprise, Arenth, le dragon bronze de Edmund et Harry se rendit compte qu'il était entouré et de son ancien frère d'Eclosion, et de Damian. /Elles étaient cinq aux dernières nouvelles. Où sont les deux autres ? /

Harry et Edmund échangèrent un regard plein de question, un peu étrange étant donné que le chevalier bronze l'avait évité depuis l'Empreinte, gêné de son futur rôle dont il connaissait déjà tous les tenants et les aboutissants.

En cet instant, cependant, ça ne signifiait rien. Ils n'étaient tous que des chevaliers confrontés à un ennemi inconnu et extrêmement redoutable.

/Nous ne le laisserons pas nous faire ça… Et nous nous vengerons de quiconque ayant eu la stupidité de croire qu'il pouvait nous imposer sa loi ou sa terreur !/ Asséna Talath à la cantonade, ses pattes frappant et les griffes raclant le sol, avant de pousser un puissant grondement de défi qui résonna dans toute la caverne et fut presque aussitôt repris par tous les dragons encore vivants présent à la Matra, claironnant leur accord et leur soutien.

/A commencer par ces fourmis de sorciers du Ministère de la Magie Britannique ! / Finit Talath en venant pencher sa tête au-dessus de Harry.

Ce dernier se redressa, venant se poster à côté de sa joue et vint poser sa main dessus, là où le doré s'approfondissait pour former ce qui ressemblait à des marques de spirales. Il sentait son souffle chaud, accompagnée de cette curieuse odeur d'allumette grattée être renvoyé sur lui à chaque fois qu'elle inspirait.

Il pensa un très bref instant à Elizabeth. A Athéna.

Puis le spectacle sous ses yeux effaça tout sentiment chaleureux qu'avait pu lui inspirer leurs brefs moments tous les deux.

Ainsi il répondit, sec et brûlant.

-Oui.

-D-

Un petit groupe d'éclaireurs agiles et furtif de bleues et de vertes fut laissé à la Matra, juste au cas où leur ennemi reviendrait. Tout le reste de l'armée rentra, plus ou moins bredouille et assoiffé de sang.

Cela demanda beaucoup d'effort de discipline aux chevaliers pour ne pas fondre comme une malédiction sur le côté du volcan où étaient désormais retenus les Verts Gallois et leurs chevaliers. Harry s'efforça de ne même pas y jeter un regard, rejoignant un étrange Conseil qui fut organisé et se tint dans l'Ancienne Caverne découverte par Harry.

Pendant un moment ce ne fut que le vacarme des cris de colère des chevaliers. Les Maîtres Artisans les avaient rejoints, représentant pour chacun leur Atelier et Gwendolyn faisant de même pour le reste des habitants des Cavernes Inferieures. Elle vint se poser à côté de lui, la mine accablée comme si la mort annoncé de la Reine Dragon de la Matra lui rappelait la mort de sa petite sœur et Harry lui serra affectueusement le bras en réponse.

A cet instant, toutes les différences qu'il pouvait y avoir entre eux habituellement étaient gommées pour ne laisser que des Habitants de la Réserve, vivant tous aux contacts des Dragons dans une relation quasi symbiotique. Cela rappelait à Harry quelque chose que lui avait dite Valentine quand il était arrivé ici : Les Gens de la Réserve, bien que nés comme sorciers, étaient différents des Sorciers. A cet instant, cela paraissait plus vrai que cela ne l'avait jamais été et Harry sentait qu'un fragment de lien qui l'avait tenu encore relié au monde sorcier était en train de se déchirer filament par filament.

Tout ce qui le tenait encore était sa famille sorcière : Sirius, les Weasley, Hermione et le professeur Rogue, parce qu'il les aimait et voulait faire partie de leur clan.

Mais après Ombrage, après les manigances de Dumbledore, après la trahison du Ministère Britannique, après ce qu'avait permis de faire Elizabeth… Une vérité s'était faite dans le cœur d'Harry.

Il n'était plus un sorcier. Il se refusait d'être un sorcier.

-L'heure est grave, tonna finalement Desclare au-dessus des autres voix et tous se tournèrent dans sa direction. Aujourd'hui le sang des dragons a coulé.

Un râle de colère de la foule et des dragons répondirent.

-Aujourd'hui un pays nous as trompé et menti.

Des cris répondirent, invoquant la mort et la vengeance contre les sorciers d'Angleterre.

-Aujourd'hui nous sommes mis face à une décision que nous n'avons jamais voulu prendre et qui pourrait bien signer notre perte.

Le regard de Desclare chercha alors le sien et Harry compris qu'il le consultait parce qu'il était pour ainsi dire le futur de la Réserve et que sa Reine était malgré son jeune âge celle au-dessus de tous les autres dragons. Il comprenait. C'était une lourde responsabilité mais s'il suivait ce que criait le cœur de Talath et ce que son propre sens de la justice lui hurlait, alors il n'y avait pas d'autre solution et il hocha la tête doucement.

Le Gérant de la Réserve l'imita en accord et il retourna son expression guerrière vers la foule :

-Nous leur feront payer le Prix du Sang !

Ainsi, ce serait la guerre. Gwendolyn serra à son tour le bras d'Harry comme pour se soutenir et ne pas s'effondrer. Elle se reprit cependant et balaya d'un air fier la foule de chevaliers, des personnes qu'elle connaissait pour la plupart depuis les plus tendres tourments de l'adolescence.

*J'espère que tout cela n'a rien à voir avec ma vision de bataille…* Lança pour sa part Harry à Talath.

/De toute façon, l'Alchimiste a dit que cela DOIT se produire./ Lui rappela-t-elle. / Que cela signifierait alors que nous sommes sur la bonne voie./

Harry frissonna devant les implications sous-entendues. Il n'était pas encore certain de ce qu'il pensait de ce que Nicolas Flamel lui avait appris.

*Nous devons toutefois prévenir Sirius… Et espérer que l'Ordre du Phenix sera assez intelligent pour ne pas se mettre dans nos pattes… *

Il ne voulait pas risquer de faire tuer un membre de sa famille sorcière dans le gâchis qui se préparait.

Après cela, ce ne fut plus que préparatif. Desclare envoya tout d'abord certains des plus fiables de ses hommes auprès des autres Réserves afin de leur faire comprendre que les Accords avaient été rompus, tout en espérant faire planer suffisamment de doute pour qu'ils ne viennent pas à la défense du Ministère britannique. Cela prendrait bien plus de temps pour que leur parole soit vérifiée et entérinée et un Grand Conseil devrait alors se tenir.

Harry fut tenu très occupé, non seulement dans de nombreuses réunions stratégiques, mais aussi pour la préparation de la Cérémonie d'Intronisation de Valentine comme chevalier. C'était une chose qu'il tenait à faire avant de partir au combat. La fête qui se tiendra pour elle risquait de ne pas être aussi insouciante que celle qui avait été tenue pour leurs frères de Couvée, mais elle méritait d'être elle aussi célébrée.

A mi-parcours du mois, il réalisa qu'il n'avait même pas pensé au Vol de Talath depuis des lustres. Et ce fut juste une petite pensée alors que Charlie avait été rappelé à la Réserve et était informé des avancées et de son rôle dans la bataille. L'homme sembla éviter son regard, ce qu'Harry respecta, encore lui-même en parti mortifié par l'épisode du presque baiser.

Il avait envie de parler à Mortimer pour analyser tout cela, mais ce dernier était occupé à surveiller la préparation des potions de baume calmant par les Candidats en prévision des futures blessures. L'échéance du combat semblait rendre pressant la moindre des choses qu'il reportait. Penser à son futur semblait tout d'un coup hors sujet, mais son cœur balançait et saignait contre sa volonté au moindre instant d'accalmie, le faisant fixer tantôt les hautes grottes où il savait se trouver les appartements de Charlie, tantôt la falaise sombre de l'autre côté du Lac où était retenue Elizabeth.

Il savait qu'il devrait confronter l'un et l'autre pour récupérer une partie de sa sérénité.

Et il finit par trouver le moment propice alors qu'il était envoyé de l'autre côté du volcan, traversant la plaine sous les quelques flocons qui tombaient, épars, certainement les derniers de la saison.

Il offrit un regard désolé aux dragons Vert Gallois qui avaient été cloitrés dans plusieurs petites grottes, trouvant malgré lui Athéna qui penchait tristement la tête vers la pierre.

/Ils sont aussi complices./ Rectifia cependant Talath avec dégout.

Que de si petits dragons aient pu participer à la destruction des Magyars à Pointes la consternait au plus haut point et lui avait fait comprendre l'importance que revêtait leur lien avec l'humanité puisqu'il avait permis une telle chose. Dans un contexte sauvage et naturel, une reine Vert Gallois aurait vu toute sa colonie se faire massacrer.

Harry grimpa plusieurs niveau plus haut pour trouver les appartements fermés où étaient confinés les chevaliers de la Garde et décida de s'arrêté d'abord à celui où se trouvaient les femmes.

On le laissa passer sans problème dans la grotte où cohabitaient Elizabeth et cinq de ses consœurs.

Le regard que lui lança la jeune femme était polaire et venimeux. Elle se leva de l'une des paillasses qui leur avait été fourni et le confronta fièrement, gardant le menton levé malgré la propre colère qui devait émaner de Harry.

Derrière elle les autres femmes le fixaient avec autant d'hostilité.

-Alors ? Avez-vous quelque chose à dire, Seigneur Potter ?

Elle cracha les derniers mots comme s'ils avaient un terrible gout.

-Je devrais, sans doute, être celui qui pose cette question, lui renvoya t'il en la fusillant du regard. Je n'arrive pas à croire que tu aies pu participer à quelque chose d'aussi vil !

- Comment oses-tu ?! S'exclama-t-elle avec indignation. TU es celui qui a trahi l'Angleterre !

Harry avait envie de la frapper. Comment pouvait-elle comparer un manque de loyauté envers son pays de naissance et le massacre d'une réserve entière ?!

-J'en ai rien à foutre de ta putain d'Angleterre ! Lui cracha t'il au visage en explosant à son tour, la faisant reculer d'un pas avec une étincelle de peur dans ses yeux bleus. Je croyais que TU aimais les dragons ! Je croyais que tu étais un chevalier ! Mais aucun chevalier digne de ce nom ne participerait aux manigances d'un gouvernement impliquant le massacre d'une race entière de dragons !

-Nous n'avons jamais eu pour but de détruire les Longwings, assura plus calmement Elizabeth avec une note de perplexité.

-Je ne parle pas des Longwings, je parle des Magyars à pointes !

Elle le fixa avec incompréhension, et toujours un peu de peur.

-Je ne comprends pas… Qu'est ce qu'ont à voir les Magyars à Pointes avec tout ça ?

Harry eut un rire mauvais à ça qui sembla perturber tout le groupe de femmes.

-Qu'est qu'on à voir les Magyars à Pointes ? Répéta-t-il aigrement. Dis-moi, Elizabeth, comment penses-tu que TON Ministère de la Magie ait pu vous imposer dans notre Réserve ? Est-ce que tu penses que ce sont les ailes de la justice et de la supériorité de la bonne morale anglaise qui vous ont mené ici alors qu'aucune Réserve au Monde ne voterait pour une telle chose ? Tu ne t'es jamais demandé pourquoi ce jour-là, il n'y avait aucun représentant de la Réserve de la Matra? Tu pensais que c'était une heureuse coïncidence ? De la chance ?! Un putain de signe ?!

Au fur et à mesure qu'il parlait, il s'était avancé sur elle jusqu'à la coincer dans un coin de la grotte, son bras la bloquant alors qu'il s'abattait sur le mur à côté de son visage. Ils respiraient le même souffle alors que leurs visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre et Elisabeth semblait complétement perdue.

-Réponds ! Ordonna Harry alors qu'elle détournait les yeux et les fermait en reflex.

Dehors Talath gronda en écho.

-Je ne sais pas… Fit-elle. Je ne suis au courant de rien à ce sujet ! J'obéis aux ordres c'est tout !

Harry s'éloigna légèrement, dégouté.

-« C'est tout »… Et tu penses que ça te donne le droit de me regarder comme tu le fais et de me juger ?

Elizabeth ne quitta pas le mur, le corps vibrant d'une énergie réprimée, les yeux brillants de colère et d'humiliation.

-Mais tu nous as trahi… Tu es… Pour nous…

Ses mots semblaient s'étrangler dans sa gorge alors qu'elle le fixait à nouveau avec rancœur, mais aussi avec envie, comme s'il était le seul lac d'eau dans un désert et qu'elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi il se refusait à elle.

Cela secoua les propres sentiments d'Harry et réveilla sa propre convoitise déçue.

-C'est toi qui m'a trahi Elizabeth. C'est toi qui m'as fait croire que tu étais quelqu'un d'autre. Quelqu'un de digne et de forte… Quelqu'un que je pourrais désirer… Mais ce n'était qu'un mirage.

-Tu peux parler… Balbutia-t-elle alors qu'une larme s'écoulait finalement de ses cils pour glisser sur sa joue.

-Elizabeth n'aurait jamais été à toi de toute façon ! Fit l'une des autres femmes qui eut assez de cran pour l'approcher.

-Ah oui ? Répondit Harry avec un ton plat, essayant de ne pas montrer son intérêt et lui infusant tout le mépris qu'il ressentait.

-Oui, parce que le Capitaine a déjà été décidé que sa dragonne devait s'accoupler avec Romanus, reprit l'autre femme.

-Erika… Essaya d'intervenir Elizabeth un peu affolée, mais Harry la repoussa contre le mur d'une main sur l'épaule et lui coupa la parole.

-Et ce que tu essaie de me dire c'est que puisque l'accouplement d'Athéna a déjà été décidé, alors Elizabeth est en quelque sorte fiancée au chevalier de Romanus ?

-Tout à fait ! Fit ladite Erika avec toutefois un peu de surprise.

-Oui, ironisa Harry qui était loin de se sentir heureux, je comprends de mieux en mieux comment fonctionnent les choses dans la Garde…

Il jeta un regard noir à Elizabeth qu'il gardait toujours contre le mur, se demandant si elle aurait eu l'intention de lui avouer tout ça à un moment.

-Et comment s'appelle ce fringuant chevalier ? Questionna-t-il alors d'un ton menaçant mais alors plus personne n'eut rien à dire et tout sauf Harry semblait plus sûr à regarder.

-Ce n'est pas grave, reprit-il avant de lâcher la jeune femme. Ça n'a plus la moindre importance.

Il avait l'impression d'avoir un puits sans fond et obscur à la place du cœur en s'éloignant. Ses poings tremblaient d'une envie de briser ou de détruire quelque chose, n'importe quoi qui lui permettrait d'évacuer tout ce qu'il ressentait.

-J'espère que vous pourrez vivre le reste de vos vies avec la conviction d'être restée fidèles au Ministère de la Magie, même si ça signifie que vos mains sont désormais couvertes du sang des dragons et des chevaliers de la Matra !

Il vit l'étincelle de réalisation et de panique briller dans les yeux de Elizabeth, mais il sortit de la caverne et referma la porte derrière lui avant qu'elle n'ait pu parler.

Les chevaliers chargés de les surveiller refermèrent aussitôt le verrou derrière lui, le regard aussi sombre que le sien alors que plusieurs Vert Gallois poussaient de longues plaintes funèbres.

*Elle ne savait pas…*

C'était à peine un petit réconfort. Comme Talath l'avait fait remarquer, cela n'enlevait rien à leur complicité dans l'affaire.

/Mais je suis désolée que vous vous sentiez aussi mal…/

Harry se laissa un moment tomber contre la paroi glacée du couloir quand il fut certain d'être hors de vue de qui que ce soit et passa une main sur son visage. Il était l'arroseur arrosé. Il avait cru pouvoir séduire Elisabeth pour réussir à faire d'elle ce qu'il voulait, mais elle n'aurait jamais pu être à lui dès le début.

Bon sang, quel idiot appelle son dragon « Romanus » ?

/Quelqu'un qui est loin d'être à votre hauteur !/ Répondit avec mépris Talath. / Maintenant, reprenez-vous Harry, ce n'est pas la fille dont vous devez vous méfier, c'est du père./

-Tu as raison ma Vif, soupira t'il avec un sourire d'autodérision.

/Vous aurez un partenaire humain formidable un jour./ Lui assura t'elle pour le réconforter.

-Pourquoi faire ? Je t'ais toi, la plus magnifique des magnifiques, plaisanta-t-il avec amour en se redressant et en continuant son chemin vers les cellules des chevaliers de la Garde mâles.

Il la sentit se pavaner un peu à l'extérieur, persuadée qu'aucun autre dragon présent n'avait de moitié aussi parfaite que lui, ce qui devait être cependant la conviction de chacun des dragons existant dans ce monde… Cela allégea néanmoins un peu sans cœur et lui permis de se tenir devant le Capitaine Austen sans avoir envie de lui fracasser la figure.

Ce qui était particulièrement compliqué vu le dégout qu'affichait son visage poupin.

-Vous êtes une honte à votre nom et à votre race, claqua-t-il derrière les barreaux.

-Mon nom et ma race se portent très bien, merci beaucoup, répliqua Harry. Maintenant, vous… Je veux tout savoir sur les plans du Ministère concernant la Montagne Blanche et la Matra.

L'homme garda un visage sans expression en dehors d'un certain dédain et les autres chevaliers de la garde se renfrognèrent avec morgue.

-Vous ne voulez pas parler ? Fit doucement Harry avant de faire ce qu'ils avaient convenu avec le Conseil, se tournant vers un de ses chevaliers bruns en poste : Chevalier Weimer, sortez Victorius de l'enclos.

-Bien Seigneur Potter ! Approuva l'homme qui partit aussitôt effectuer sa tâche alors que tout le corps d'Austen se crispait.

-Qu'est-ce que vous avez l'intention de faire ? Grogna ce dernier en agrippant les barreaux.

-Rien que vous n'ayez participé à faire aux Magyars à Pointes, répondit Harry avec un sourire malin.

La façon dont l'homme se raidit lui dit tout ce qu'il y avait à savoir à ce sujet. Il SAVAIT que les dragons avaient été utilisé comme moyen de pression, mais pas qu'ils avaient tous été massacré, sinon il ne serait pas aussi calme. Ce qui signifiait qu'il y avait plus qu'un simple plan du Ministère pour asseoir son contrôle sur lui et sur les Réserves.

Il lança alors le Mot de liaison et récupéra la vue de Talath qui se tenait à l'affut depuis la falaise. Elle était devenue tellement plus souple et agile ces derniers temps qu'il ne pouvait s'empêcher de l'admirer et de voir qu'elle avait définitivement tout perdu de ses rondeurs et de sa maladresse de dragonnet. A presque 3 ans elle semblait être devenue l'équivalent d'une jeune femme.

Lorsque Victorius fut libéré de l'enclos, l'air assez perdu au début, le dragon eut pour reflex suivant de rechercher son chevalier, mais c'était sans compter Talath qui lui tomba dessus et l'écrasa sous une de ses pattes griffues en lui grondant son agacement.

Harry sentit la peur du petit dragon presque aussi intensément que devait le ressentir son chevalier qui poussa un petit son rauque et le foudroya du regard.

-Alors Capitaine Austen, allez-vous parler ? Se contenta de demander Harry en clignant des yeux pour récupérer sa propre vision.

Talath dut faire quelque chose en plus car la peur de Victorius s'accompagna d'une douleur qu'Harry se força à ignorer en montant ses boucliers d'oclumentie.

-Allez, un petit effort, Capitaine… Dites-moi par exemple qui a eu la fâcheuse idée d'empêcher l'une des Réserves de se présenter à la Réunion des Accords ?

L'homme lui jeta un nouveau regard meurtrier, gardant envers et contre tout son visage fermé, inflexible dans sa prétention de vertu et d'honneur. Harry comprit qu'il faudrait un peu plus qu'un peu de torture pour le faire bouger, c'est pourquoi il inspira discrètement et s'approcha un peu plus du chevalier qui prenait sur lui.

-Vous savez quand je disais que je ferais tout ce qui a été infligé aux Magyars ? Susurra-t-il à voix basse. Ils sont morts. TOUS.

Les yeux du Capitaine s'agrandirent de façon démesurée et Harry s'éloigna à nouveau et se retourna vers ses gardes :

-Allez libérer les autres Verts Gallois, que nos dragons aient un peu d'amusement eux aussi…

-ARRETEZ ! Haleta le père de Elizabeth alors que les autres chevaliers commençaient à s'agiter d'effroi et que d'autres chants funèbres montaient depuis l'enclos des dragons bleus.

Harry suspendit l'ordre qu'il n'avait de toute façon pas l'intention de mener à terme. Cela avait été son dernier levier de pression et il était heureux que son bluff ait fonctionné. Il se retourna alors vers l'homme, en position d'attente impatiente.

-Cette idée d'immobiliser discrètement la Réserve de la Matra venait du Conseiller Malefoy, se résigna à dire le Capitaine. Il avait même les hommes pour le faire, des personnes n'ayant rien à voir avec le Ministère, des mercenaires assez fous pour tenter une telle opération. Je ne sais rien d'autre, le reste ne concernait pas la Garde des Verts Gallois.

Chaque mot semblait lui coûter et il se renfrogna à nouveau après cela.

Harry ne le poussa pas plus, songeant plutôt au fait que Lucius Malefoy, plus que présumé Mangemort, avait manœuvré tout cela. Le Ministère ne gagnait rien à abattre les Magyars à Pointes si aucun des mercenaires ne pouvaient faire remonter à eux. C'était donc la volonté de Voldemort… Il s'était certainement débarrassé d'un ennemi puissant, l'une des plus grosses puissances de feu des Accords… Mais ça n'expliquait pas les Reines et les Bronzes disparus, ni même la créature qui avait orchestré ce massacre.

Quoiqu'il en était, l'implication du Ministère de la Magie dans ce carnage était intolérable.

-Quel crétin ce Fudge ! Ne put-il s'empêcher de jurer entre ses dents.

Il sentit presque aussitôt le changement d'ambiance du côté de son adversaire, comme si le fait d'avoir prononcé le nom du Ministre avait déclenché quelque chose chez le Capitaine Austen.

Ou alors était-ce le fait de sentir le lien entre Austen et Victorius se réveiller d'une façon qu'aucuns autres membres de la Garde des Verts Gallois n'avait manifesté ? Une montée soudaine de pouvoir lorsque le véritable nom d'un dragon était invoqué.

C'est ce qui permit à Harry de contrecarrer avec le Mot de bouclier, se plaçant devant ses chevaliers qui furent, eux, surpris par le grognement émit par le Capitaine Austen – voix d'homme et de dragon unis – et par la langue de flamme qui jaillit vers eux.

Il ne savait pas très bien ce qu'avait voulu faire le Capitaine de la Garde alors qu'il résistait à la chaleur du feu percutant sa protection, mais cela provoqua un regain d'agressivité chez Victorius qui, malgré la différence de taille et de puissance, se jeta lui aussi sur Talath.

Malheureusement, Talath n'eut pas autant de scrupule que pouvait en avoir son chevalier. Evitant l'attaque du petit Vert Gallois, crachant sa colère vis à vis de l'attaque de sa Moitié, elle riposta en attrapant le petit dragon par l'une de ses pattes pour le jeter en l'air comme elle pouvait le faire avec n'importe lequel des bœufs du troupeau et refermer ses crocs sur la partie douce et sensible de son ventre, arrachant peau et viscères. Le Vert Gallois hurla son agonie en même temps qu'un vacarme épouvantable s'emparait de la Réserve.

Cris de colère des Longwings à l'attaque de leur Reine. Cris de lamentation des Verts Gallois qui sentaient qu'ils perdaient l'un des leurs.

Cri de douleur du Capitaine Austen alors qu'il s'écroulait sur ses genoux, son Mot de Pouvoir s'éteignant, ne laissant que les barreaux de la prison rouges incandescents et fumants.

Le calvaire de Victorius ne dura cependant pas plus que nécessaire car Talath se leva sur ses deux pattes arrière et arrosa le petit corps bleu-vert de sa propre flamme si concentrée à une telle distance qu'elle tua le dragon mortellement blessé en quelques secondes.

Le bruit aux alentours ne fit alors qu'empirer, entre les trompettes de victoire d'un côté et les pleurs de l'autre. Harry se surprit à ne pas être complétement noyé par tous ces dragons.

/C'est parce que je vous protège. Toujours./ Expliqua Talath avec une satisfaction triomphante.

Harry sentit son épaule être serrée, et c'était ses chevaliers qui le regardait avec une sympathie qu'il avait rarement trouvé jusqu'ici. Il était plus souvent jaugé et traité avec une certaine distance du fait de son statut.

-Belle réaction rapide Chevalier, fit l'un d'entre eux, l'étonnant, et voyant cela l'homme rougit de gêne et balbutia : Enfin… Je veux dire… Seigneur Harry !

-Non, ça va, répliqua Harry avec un sourire lumineux. Chevalier c'est très bien.

Il se retourna alors vers la geôle, poussant un soupir pour l'homme qui se tenait à genoux, la tête dans ses mains, entouré par plusieurs de ses hommes un peu confus qui essayaient de le soutenir. L'un d'eux qui semblait être son second, un jeune homme musclé aux cheveux bouclés châtains clairs, lui jeta un regard meurtrier.

-Je pense que tu viens de monter en grade, lâcha Harry sans la moindre envie de rire, tu peux remercier ton ex-Capitaine « Mr Controle-du-dragon » qui n'a pas réussi à contrôler le sien au seul moment où ça importait.

-Sale chien ! Réagit aussitôt l'homme qui se serait probablement jeté sur lui s'il n'y avait eu les barreaux. Tu es vraiment un poison, Elizabeth, puis le Capitaine… Et ces conneries de « Survivant » ! Je regrette que tu n'y sois pas resté avec tes parents !

-Tais-toi, TU es le chien ici ! Cracha l'un des chevaliers derrière Harry, mais celui-ci ne se sentait pas vraiment insulté. Il lui était arrivé parfois de le regretter lui aussi.

/Mais c'était avant Moi, pas vrai ?/

Il opina dans son esprit.

-Et donc ? Continua-t-il sans montrer d'émotion particulière. Comment dois-je vous appeler ?

-Un ennemi, grogna l'homme. Je suis John Sewell, le chevalier du bleu Romanus !

*Romanus?!*

Les yeux d'Harry s'écarquillèrent légèrement en réalisant qu'il avait devant lui le « fiancé » de Elizabeth. Un rictus mauvais joua alors sur ses lèvres.

-Un ennemi, en effet.

Il se détourna, ayant déjà de toute façon ce qu'il était venu chercher même si cela avait entrainé une mort inutile à ses yeux.

/Le prix du sang./ Assura Talath en reprenant les mots de Desclare.

Il avait fait quelques pas pour s'éloigner lorsqu'il entendit la voix du Capitaine Austen, rauque mais toujours compréhensible :

-Chevalier un jour…

Ses ongles courts griffèrent le sol de la caverne et Harry continua sa route sans lui retourner son attention, complétant néanmoins l'adage dans son esprit.

Chevalier toujours.

A suivre…

Vous l'avez compris, on entre pou chapitres dans une partie moins légère et plus politique (plus compliqué à écrire aussi… *soupir*), mais Harry prend de plus en plus confiance, pas vrai ? J'espère que je pourrais vous fournir le chapitre suivant bien plus rapidement que celui-ci et que l'automne et l'hiver me sera propice.