Chalut tout le monde !

La suite…. On va bien en venir à bout de ce tome

Merci aux fidèles lecteurs/lectrices

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Bonne lecture !

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L'odeur du café flottait dans la pièce. Tous les participants y avaient eu recours pour mieux se réveiller au début de la séance à l'exception de Finch qui préférait son thé habituel. Les sujets défilaient, des chiffres, des rapports. Ils avançaient vite et Harold espérait qu'ils en termineraient pour ce soir.

Il écoutait Carl Wayne, un chef de secteur, expliquer le dernier contrat conclu avec une entreprise localisée dans la marina et qu'il avait remporté face à une rude concurrence et après plusieurs mois de négociations. Les plus gros contrats étaient toujours mis à l'honneur pour que celui qui les avait obtenus puisse être félicité. C'était une façon de valoriser les collaborateurs. A la fin, chacun y alla de son appréciation. Puis l'informaticien intervint :

-« Je pense que ce sujet est clos ? » Chacun approuva d'un mot ou d'un signe « Passons aux dépenses »

A l'autre extrémité de la table un homme s'agita, Finch leva les yeux vers lui

-« M Singeer, vous avez déposé un rapport à ce sujet ? »

-« Oui M Wren ! »

-« Dans ce cas, vous avez la parole »

-« Merci. Le sujet c'est surtout la couverture santé ! Je trouve urgent d'en revoir les chiffres !»

-« La couverture est la même pour tous les employés de l'entreprise » commenta Herman Hertz avec son accent guttural où transparaissaient ses origines allemandes « J'ai travaillé à son élaboration il y a quelques années. Le taux avait été pleinement approuvé »

-« Je ne remets pas en cause votre travail cher collègue » répondit Singeer d'un ton doucereux « Mais les taux sont inadaptés. J'ai fait une comparaison, la couverture que nous proposons est la plus élevées de toutes les entreprises que j'ai consulté. C'est presque du 100% dans certains domaines ! »

-« Une prise en charge très étendue, c'était la volonté du projet » répliqua Hertz avec un regard vers Finch qui restait parfaitement impassible

-« C'est une aberration ! » clama Singeer « Personne n'offre ça et les employés en profitent, ils abusent même ! Au moindre bobo ils consultent, même un simple rhume ! Un rhume ça se guérit en deux jours avec un sirop en vente libre. Seulement dans ce cas, le sirop ils le payent de leur poche, c'est tellement mieux de faire payer le patron ! Et résultat les coûts explosent et ça plombe les chiffres ! »

-« Maintenir les employés en bonne santé améliore les chiffres » contra Wayne, qui assied à droite de Singeer, s'efforçait de rester à l'écart des envolées de celui-ci

-« Je ne suis pas d'accord » répliqua Hertz « Un rhume c'est simple en effet, mais sur une personne asthmatique par exemple, cela peut avoir des conséquences … »

-« Foutaises ! » l'interrompit Singeer « Soigné immédiatement ça ne complique rien du tout ! Et pire encore, il y a la fraude !»

-« La fraude ? » répéta Hertz, surpris

-« Exactement ! Cette couverture, c'est une incitation ! J'ai un cas dans mon secteur et croyez-moi, je ne compte pas laisser courir ! » Finch le fixait l'air neutre mais le regard perçant

-« Expliquez-nous cela M Singeer » invita-t-il d'une voix posée

-« Récemment j'ai découvert qu'un des employés de l'agence de Brooklyn a fraudé »

-« Le directeur ? Je le connais » commenta l'un des chefs

-« Non, l'un des employés » répliqua Singeer avec un geste méprisant « Ce type a emménagé dans une résidence il y a six mois et trois mois après, direct, il épouse sa voisine de palier ! »

-« Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à cela » commenta Hertz « Même si c'est un peu rapide je le conçois »

-« Sauf que c'est un mariage blanc ! Dans l'immeuble tout le monde sait que le gamin de cette femme est malade, un cancer pédiatrique, un truc de ce genre » précisa l'homme avec désinvolture « C'est une petite secrétaire à mi-temps, alors évidement elle ne peut pas financer. Par contre notre type, lui, a une super couverture santé et le contrat stipule qu'il peut l'étendre à toute la famille pourvu qu'il soit marié, même si ce gosse est juste une pièce rapportée » Il y eu un remous devant ce discours

-« Et vous pensez que cette femme a épousé ce garçon pour son assurance ? » interrogea son voisin

-« Je ne le pense pas, je l'affirme ! Mais c'est lui qui a proposé la fraude »

-« Mais comment le savez-vous ? »

-« Parce que j'ai avec moi deux collaborateurs très compétents qui eux sont convenables. Ils ont l'habitude de discuter avec les employés et ce type s'est vanté de sa bonne action »

-« Et vos espions vous l'on rapporté, c'est logique » ironisa Hertz. Singeer le fusilla du regard

-« Ce ne sont pas des espions mais des employés responsables qui ne supportent pas ce genre de comportement déloyal envers l'entreprise » s'énerva-t-il « Il y a fraude ! Dès le lendemain du mariage le type a déposé le dossier, et il était à peine validé que les factures ont commencé à pleuvoir, et pas des petites sommes je vous prie de me croire ! Ça coute une fortune de soigner ces maladies-là ! »

-« Et que préconisez-vous ? De laisser cet enfant sans soin ? » Intervint un chef de secteur visiblement exaspéré

-« Je dis que ce type abuse et qu'il n'avait qu'à prendre les factures à sa charge sans les faire supporter à l'entreprise »

-« Si c'est juste un employé je doute que son salaire soit en adéquation » jugea l'homme

-« Il me semble que l'entreprise peut se permettre un cas sans risquer la faillite » ironisa un autre

-« Alors sous prétexte que l'entreprise est rentable il faut dépenser sans compter ? » grinça Singeer « Moi je dis qu'il faut revoir le taux de couverture ! » martela-t-il

-« C'est à M Wren de juger » trancha Hertz. Les regards se tournèrent vers l'informaticien qui leva les yeux de son ordinateur pour balayer du regard le visage de ces hommes dont la majorités étaient visiblement énervé par les propos échangés. Singeer les toisait d'un air suffisant, sur de son bon droit. Victor s'était tourné comme les autres. Il observait l'informaticien mais celui-ci ne laissait rien paraitre. Impossible de deviner ce qu'il pensait. Son regard dériva vers son collègue Bryan et il fronça les sourcils, surprit. Le jeune homme se tenait toujours dans le coin derrière mais il avait une expression sur le visage, comme s'il venait d'assister à quelque chose d'extraordinaire et Victor en resta perplexe car il n'avait rien remarqué qui vaille cette expression.

-Et bien M Singeer, si vous estimez que cela est indispensable nous pouvons envisager de lancer une étude sur l'impact des taux de couverture de notre mutuelle sur les chiffres de l'entreprise »

-« Excellente idée » jubila Singeer

-« Du reste il faudra tenir compte de certains critères lors de cette évaluation. Vous avez une masse salariale relativement jeune M Singeer. Sans doute moins exposée aux maladies chroniques »

-« C'est vrai. Mais quand j'ai pris mes fonctions j'ai fait un peu de ménagé » remarqua l'homme « Place aux jeunes » précisa-t-il avec un sourire moqueur provoquant un murmure dans l'assistance

-« Il n'y a pourtant pas eut beaucoup de départ en retraite » remarqua Finch

-« Non, plutôt des départs volontaires »

-« Sans doute un peu provoqué » grinça Hertz

-« Je fais ce qu'il faut pour la rentabilité de l'entreprise » répliqua Singeer

-« Ca semble vraiment vous tenir à cœur » remarqua Wayne

-« M Hertz, vous étiez en charge de cette opération. Je pense pouvoir vous confier le suivi » intervint Finch

-« Bien sûr M Wren »

-« Alors nous nous reverrons à ce sujet »

-« Entendu » jugea Hertz en retenant un soupir

-« Quant à M Martin Felt nous étudierons son dossier » Singeer lui adressa un regard interloqué

-« Heu… »

-« Un problème M Singeer ? » interrogea Finch

-« Non. Mais je n'avais pas cité le nom de l'employé »

-« Vous n'avez pas eu beaucoup de jeune marié dans votre secteur M Singeer, il était facile de retrouver le dossier » répondit tranquillement l'informaticien « D'ailleurs, il semble que ce jeune homme n'ait pas bénéficié des jours de congés offert à l'occasion de son mariage ? »

-« Non. Je les ai bloqué puisque c'est un mariage blanc ! »

-« Je vois » jugea Finch « Je rencontrerai notre DRH à ce sujet »

-« Bien » affirma Singeer, rassuré. Il songea qu'il serait peut-être bientôt débarrassé de cet employé indélicat et s'en réjouit. Il était le seul à paraitre satisfait dans la salle. Les autres échangeaient des regards perplexes ou contrariés. Les plus anciens risquèrent un regard en coin vers leur patron mais Finch restait indéchiffrable.

-« Restons sur le sujet des dépenses » invita-t-il « Plus précisément des notes de frais. M Coxman j'observe une hausse significative de vos frais de représentation ces derniers mois » annonça-t-il en se tournant vers son chef de secteur. L'interpellé se redressa

-« C'est vrai M Wren, nous avons été un peu dépensier, mais… »

-« C'est à la hauteur de vos réussites » l'interrompit Finch « Onze contrats avec la municipalité, sur des chantiers particulièrement prometteurs. C'est un résultat exceptionnel»

-« Merci M Wren » répondit l'homme, rasséréné

-« Au vu de ces résultats, l'investissement se révèle modeste en ce qui concerne les frais de représentation. Je suppose qu'il fut proportionnel en ce qui concerne la charge de travail »

-« C'est vrai que c'était très chronophage. J'avais constitué une petite équipe de quatre collaborateurs qui se consacraient entièrement aux dossiers de la municipalité. Ils se sont vraiment impliqués et ils n'ont pas compté les heures supplémentaires »

-« Je le constate » jugea Finch en observant son écran « M Coxman vous rédigerez un mail à la comptabilité pour que la prime de fin d'année de ces quatre collaborateurs soit doublée, je le validerai auprès du service »

-« Oh merci M Wren ! Merci pour eux »

-« C'est mérité »

-« Et ça va les encourager » affirma Coxman

-« Les employés bien traités sont toujours plus efficaces » commenta Hertz un peu amer, avec un regard appuyé vers Singeer qui semblait s'être complètement désintéressé du sujet. Finch parcourut la salle du regard puis enchaina :

-« M Singeer, vous avez eu vous aussi de nombreux frais de représentation » l'interpellé releva la tête, surprit

-« Hum ? »

-« Vous êtes le second plus dépensier » commenta Finch

-« Oh c'est possible… dans mon secteur on traite souvent autour d'un déjeuner »

-« Vraiment ? »

-« Oui et chaque fois il faut que j'emmène mes bras droits et le client amène un ou deux collaborateurs ou un comptable. L'addition grimpe vite… »

-« Surtout à certaines adresses »

-« Il faut savoir impressionner le client » remarqua Singeer, un peu mal à l'aise

-« Vous avez une préférence pour la cuisine du Per se semble t-il » poursuivit Finch. L'homme toussota, trouvant son patron un peu trop bien renseigné sans doute

-« C'est pas mal » concéda t-il

-« Les tarifs aussi » remarqua bravement Wayne

-« Ce qui est étrange c'est que vous nous parliez de déjeuner avec quelques autres convives, collaborateurs ou clients, mais la plupart de vos notes de frais concernent des diners et pour deux personnes seulement » énonça Finch sans le quitter des yeux et l'autre rougit, troublé

-« C'est … C'est souvent pour finaliser le contrat… c'est plus tranquille »

-« Reste à savoir qui signe avec vous » grinça Hertz qui voyait là une occasion de prendre sa revanche « Avec une délégation de pouvoirs on peut faire signer n'importe quel collaborateur y compris une secrétaire un peu avenante »

-« Qu'est ce que vous insinuez au juste ? » gronda Singeer

-« Rien, je constate » ricana l'autre

-« Messieurs ! » intervint Finch sèchement « Nous ne sommes ici que pour évoquer des chiffres » recadra t-il fermement. Hertz se rassit au fond de son fauteuil mais toisa Singeer avec un sourire moqueur qui en disait long « Les repas ne sont pas l'unique poste de dépenses » poursuivit Finch comme s'il n'avait pas été interrompu « Vous déclarez trois véhicules de fonctions pour votre secteur M Singeer »

-« C'est possible oui » hésita celui-ci

-« Vous ne connaissez pas votre flotte ? »

-« Si bien sur… Il y a trois véhicules » concéda l'homme avec réticence

-« Pourtant les notes du garagistes font état de six véhicules différents » Singeer pinça les lèvres, « Six véhicules dont une décapotable… »

-« Une décapotable ? Ca me plairait comme voiture de fonction» gloussa Wayne

-« Cette voiture a subit récemment d'important dégâts si j'en juge par la dernière facture » l'informaticien leva la tête de son écran et fixa son regard dans celui de son adversaire « A la même époque votre mutuelle a couvert les frais d'hospitalisation de votre fille. Un séjour d'une dizaine de jours en clinique suite à un accident de la circulation. Un refus de priorité… » Singeer s'épongea le front « C'est une étrange coïncidence »

-«Ma fille est … une jeune conductrice » bredouilla-t-il. Finch se redressa pour mieux le toiser

-« M Singeer, si je requérais l'identité des propriétaires de chacun des véhicules dont le garagiste a enregistré l'immatriculation, êtes-vous certain que je n'obtiendrais que le nom de mon entreprise? » interrogea l'informaticien. L'homme devint pale, il déglutit avec peine. Les autres participants retenaient leur souffle, attendant la suite

-« C'est-à-dire… le garagiste fait des prix pour la société. Je me suis dit que … que… »

-« Que vous pourriez en profiter pour vos véhicules personnels ? »

-« Exceptionnellement … » tenta l'homme

-« En réglant vos factures pourquoi pas M Singeer… mais lesdites factures sont toutes dressées au nom de la société »constata Finch « Espériez-vous que cela ne se remarquerai pas ? » L'homme resta muet

-« Si je ne connaissais pas votre aversion pour les fraudes, je dirais que cela y ressemble fort M Singeer» assena Harold comme un coup de grâce. Victor l'observait, subjugué. Rien dans ses traits ne trahissait la moindre émotion. Seule cette lueur dans son regard disait sa volonté implacable. Il était fasciné par cette force tranquille

-« C'est l'hôpital qui se moque de la charité » trancha Hertz. Singeer lui adressa un regard meurtrier

-« Allons Messieurs » tempéra Finch « Je pense qu'un audit comptable suffira pour obtenir quelques éclaircissements »

-« Vous avez raison M Wren » approuva un des chefs. Singeer ne répondit pas, dompté

-« Je prendrais contact avec la comptabilité » annonça l'informaticien en fixant son adversaire qui se ratatina dans son fauteuil « Passons au sujet suivant » ajouta t-il tranquillement « M Mccauley avez-vous préparé le dossier du sponsoring ? »

-« Oui M Wren » réagit aussitôt le concerné « Le fichier est sur le bureau… enfin je crois » ajouta t-il perturbé. Finch se tourna vers le fond de la salle. Bryan comprit aussitôt le message et se précipita vers Mccauley pour l'assister. L'informaticien en profita pour se pencher vers Victor

-« M Hanson auriez vous l'obligeance d'aller prévenir Miss Ortega que je souhaite la rencontrer quelques minutes à midi ? » chuchota t-il

-« Tout de suite M Wren » répondit le jeune homme en se levant

-« Précisez lui bien que cela ne prendra que quelques minutes, je ne la retarderai pas »

-« Entendu » Victor quitta rapidement la salle. Finch se réinstalla et écouta le compte rendu de Mccauley qui avait retrouvé son fichier. Il sentait un regard peser sur lui et tourna légèrement la tête. Son regard heurta celui de Singeer qui le fixait avec une certaine animosité. Il soutint son regard sans ciller et sans qu'un seul trait de son visage ne laisse paraitre une quelconque émotion. Singeer céda le premier dans ce duel muet. Finch songea spontanément à son compagnon. Près de lui aucun homme n'aurait pu le menacer. Il secoua la tête pour se reconcentrer

-« Et donc nous obtenons des résultats positifs pour chacun de nos sponsoring et je pense que nous pouvons les reconduire pour l'année. Excepté le partenariat avec l'association des récollets anglais qui cesse ses activités et sera dissoute.

-« Bien » approuva Finch « Avez-vous une autre candidature pour remplacer l'association ? »

-« Oui M Wren, j'ai anticipé votre demande et j'ai deux candidats sérieux. Le premier devrait vous plaire M Wren, il s'agit d'une galerie qui organise deux expositions par mois en mettant en avant une fois sur deux de jeunes artistes prometteurs. Depuis leur ouverture il y a six ans, ils ont découverts Mango et Santony qui commencent à être connus. D'ailleurs trois tableaux de Mango décorent nos bureaux »

-« Voilà une décoration de valeur » remarqua Hertz

« Pas seulement » songea Finch. Ce peintre était aussi l'auteur du tableau préféré de John, celui pour lequel il avait eu un coup de cœur, celui qu'il lui avait offert pour son anniversaire et qui ajoutait une touche de couleur dans la décoration simpliste de son loft

-« C'est une bonne idée » approuva l'informaticien « Quelle est la seconde candidature ? »

-« C'est un autre domaine. Le collège Saint Antoine dispose d'une équipe de basket d'un assez bon niveau, qui commence à être reconnue dans l'état, et ils souhaitent créer une seconde équipe en handisport. Toujours en basket mais en fauteuil. Le fils de l'entraineur a été victime d'un accident, c'était un jeune espoir, il a voulu continuer son sport, bien qu'il soit en fauteuil »

-« Et il a trouvé des équipiers ? » demanda l'un des chefs

-« Au centre de rééducation, il y avait quelques bons éléments. En les regroupant, ils pensent constituer une bonne équipe »

-« Il y a d'autre équipes dans le secteur, j'ai déjà assisté à un tournoi » commenta l'homme

-« Oui, il y en a assez pour constituer une mini ligue dans l'état »

-« Ca reste assez confidentiel » jugea un autre chef

-« Pour l'instant, mais de plus en plus d'établissement scolaire propose des équipes handisport »

-« Oui c'est en développement » remarqua Victor

-« Pas sûr que ce soit vraiment porteur » estima l'autre chef

-« L'handisport est en pleine essor et c'est bon pour l'image » plaida Mccauley

-« Mais pas très rentable » persista l'autre

Finch écoutait le débat, observant les intervenants. Il vit Mccauley afficher une mine contrariée, visiblement déçu que son projet ne soit pas mieux accepté, « un peu trop » estima-t-il

-« M Mccauley vous me transmettrez les deux dossiers, je vous ferai parvenir ma réponse » trancha t-il

-« Bien M Wren »

-« Considérons que ce sujet est clos » affirma l'informaticien « Et il est l'heure de la pause déjeuner » chacun approuva et les participants se levèrent pour sortir et se rendre au restaurant. Finch quitta la salle, Victor et Bryan sur les talons. Finch les observait du coin de l'œil

-« Quelque chose vous contrarie M Hanson ? » Victor tressaillit

-« Non M Wren »

-« Mais encore ? »

« Et bien en vérité, je ne pense pas que M Felt ait agit pour nuire à l'entreprise M Wren, plutôt pour faire une bonne action à sa manière »

-« Vous n'êtes donc pas d'accord avec l'hypothèse de la fraude élaboré par M Singeer ? Elle me semble pourtant suffisamment caractérisée »

-« Oui mais…c'était pour faire le bien »

-« Agir dans un but généreux rend t-il un fraudeur moins coupable M Hanson ? »

-« Je suppose que non » concéda Victor avec un soupir

-« Et vous M Miles qu'en pensez-vous ? »

-« Qu'il y a fraude, que M Felt est coupable, mais que j'aurais pu faire comme lui » affirma Bryan

-« Voilà qui est franc » remarqua Finch. Ils étaient arrivés devant le bureau de la DRH « Suivez-moi messieurs, mais j'exige de votre part une totale discrétion sur les propos que nous échangerons »ordonna-t-il d'un ton ferme

-« Oui M Wren » approuvèrent les deux hommes. Finch frappa un coup bref

-« Entrez » invita une voix féminine. L'informaticien pénétra dans la pièce. Une femme de type hispanique, dans la quarantaine, très élégante, était assise derrière le vaste bureau

-« Miss Ortega » salua t-il

-« M Wren ! » s'exclama la femme avec un grand sourire, elle contourna le bureau pour lui tendit une petite main parfaitement manucurée qu'il serra fermement « Quel plaisir de vous voir ! Vous vous faites si rare »

-« Mais les années n'ont pas de prise sur vous Miss Ortega » constat -il

-« Merci M Wren » répondit la femme en rougissant

-« Je ne vous retiendrai pas très longtemps, je ne voudrais pas vous mettre en retard pour le déjeuner familiale. Comment vont vos fils ? »

-« Très bien merci ! Ils sont au collège et toujours aussi inséparables. C'est un peu normal pour les jumeaux mais l'ainé en fait autant, j'ai parfois l'impression d'avoir eu des triplés ! » s'amusa Rosa « Et ne vous inquiétez pas, pour vous je veux bien avoir quelques minutes de retard » ajouta t-elle en reprenant place derrière son bureau tandis que Finch s'installait dans le fauteuil

-« Merci Miss Ortega. Je suis venu vous parler de Martin Felt. »

-« Hum, je vois. M Singeer m'a déposé un dossier sur lui hier matin. Il le soupçonne de fraude parce qu'il fait profiter un jeune garçon de l'assurance santé de l'entreprise. Selon lui il aurait épousé la mère dans ce but et ce serait un mariage blanc »

-« C'est la théorie de M Singeer. Et il y a probablement du vrai»

-« Sur le but de l'union c'est possible » jugea Rosa « Pour le mariage…. Il peut s'agir d'un coup de foudre ? » Suggéra-t-elle

-« Pourquoi pas en effet. Je ne pense pas que nous ayons le pouvoir de juger cela. Cela relève de la vie privée d'un employé » estima l'informaticien

-« Et pour ce qui est de la fraude… » Commença la jeune femme

-« Je pense que nous pourrions considérer cela comme une sorte de don ? » compléta Finch

-« C'est ce que j'ai pensé en lisant le dossier. Et j'étais certaine que vous seriez du même avis M Wren » précisa Rosa « C'est la politique de la maison » ajouta t-elle avec un sourire entendu

-« Vous me connaissez Miss Ortega » La jeune femme saisit le petit dossier posé à sa droite

-« Je peux donc le classer ? » demanda-t-elle avec un air entendu

-« Faites donc Miss Ortega »

La DRH se leva et alla glisser le dossier dans le broyeur installé non loin en adressant un sourire complice à son patron qui le lui rendit

-« Toutefois, j'aimerais que vous examiniez tout de même le dossier de M Felt. Il semble qu'il ait été privé des trois jours de congés offerts par l'entreprise pour un mariage. Et, plus important, de toutes perspectives d'avancement ces trois dernières années »

-« Vraiment ? Je vais vérifier »

-« Si rien ne justifie cela, hormis, comme je le pense, l'animosité de son chef, il serait bon de réparer cette injustice »

-« Certainement »

-« Son cv et son expérience en font un candidat intéressant, de même que ses états de service. Je crois que nous avons trois postes de directeurs d'agence à pourvoir ? »

-« Deux M Wren. J'ai recruté quelqu'un hier pour le troisième, je dois vous transmettre le dossier pour approbation »

-« Bien. Je pense qu'un second sera pourvu également. Cela devrait convenir à M Felt »

-« Surtout qu'il a des charges » approuva Rosa

-« Je vous précise également qu'un poste de chef de secteur devrait se libérer dans les prochains jours » Le sourire de la jeune femme s'élargit

-« Vous avez toute mon approbation M Wren »

-« Je compte sur vous » affirma l'informaticien. Il se leva « Je ne vous retiendrai pas plus longtemps »

-« C'est un plaisir M Wren. Prenez soin de vous » affirma Rosa

-« Bonne journée Miss Ortega » Finch quitta le bureau, suivit de ses assistants. Il longea le couloir jusqu'aux ascenseurs. Bryan avait déjà pressé le bouton d'appel. « Ma façon de juger les fraudes vous convient-elle Messieurs ? » demanda-t-il tranquillement avec un bref regard vers les deux hommes

-« Oh oui M Wren ! » s'enthousiasma Victor

-« Tout à fait M Wren » affirma Bryan

-« Bien. Je compte sur votre discrétion » rappela t-il. Les deux hommes hochèrent la tête en signe d'approbation. Finch était sûr qu'il pourrait leur faire confiance au moins jusqu'à la fin de l'enquête sur Singeer

Parvenu au restaurant, ils s'installèrent et commandèrent rapidement. Finch sentait la fatigue et il espéra que l'après midi serait plus sereine. Il sentit son portable vibrer et s'en saisit machinalement. Il ouvrit le SMS et un sourire lui vint spontanément. A l'écran s'affichait un seul mot [Déjeuner ? ] et une photo de Bear fixant attentivement l'objectif. Dès que le serveur eut apporté son plat il prit discrètement une photo et l'envoya en retour. [Parfait ] reçu t-il aussitôt. Ce simple échange lui rendit un peu de courage et même s'il n'avait pas beaucoup d'appétit cela l'incita à profiter de son repas.

Il remarqua que Singeer n'avait pas beaucoup d'appétit lui non plus mais qu'il appréciait beaucoup le vin qui lui était servi. Un peu trop même. Hertz semblait morose mais il entama une discussion avec son voisin de table qui sembla le dérider. Finch termina rapidement son repas et s'éclipsa au vestiaire

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OoooooooooO

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John patientait, pianotant distraitement sur le volant, la circulation était dense et il n'avait pu éviter l'embouteillage dans le centre « C'est la mauvaise heure » avait-il constaté en soupirant

Tôt ce matin-là, il s'était rendu au marché, décidé à ramener ces produits frais qui lui permettrait de cuisiner de délicieux repas pour son compagnon. A son retour il avait soigneusement rangé ses achats mais il avait alors constaté l'incurie dans le reste des placards ou du réfrigérateur. Finch n'avait pas dû veiller au ravitaillement, c'était plutôt son domaine d'ailleurs, Harold ne sachant jamais quoi acheter. Il l'avait déjà constaté au début de leur séjour alors que les placards ne contenaient guère que les produits de base et rien pour réellement cuisiner

Bear s'étala un peu plus à l'arrière, confortablement installé, l'embouteillage ne le dérangeait pas. John décida de tourner à droite à mi-chemin pour contourner l'obstacle mais il comprit vite qu'il n'était pas le seul à avoir eu cette idée. Levant les yeux, il reconnut le grand bâtiment gris à sa gauche. Le collège où Lee était scolarisé. Justement les élèves quittaient l'établissement pour la pause déjeuner. Reese scruta les silhouettes des adolescents qui chahutaient sur le trottoir. Il repéra un petit groupe de trois élèves et au milieu celle familière de Lee en pleine discussion avec ses amis. Il sourit en jetant un regard dans le rétroviseur vers Bear. Avisant une place libre, il se gara rapidement. Le malinois était déjà à l'affut. Il sauta hors du véhicule pour suivre son maitre. L'ex agent traversa la route et s'élança derrière les trois jeunes gens

-« Bear vas y, tu es plus rapide » affirma t-il amusé. Le malinois ne se le fit pas dire deux fois et se précipita à la poursuite de son ami qu'il avait reconnu. Parvenu à sa hauteur, il bondit sur lui en jappant joyeusement. Après quelques secondes de surprise le rire de Lee résonna au milieu des cris d'effroi de ses camarades. Il vit le garçon les rassurer tout en câlinant le chien puis il se redressa pour observer les alentours, devinant que Bear n'était pas seul. Reese approcha. Lee l'aperçut et lui adressa un grand sourire avant de s'élancer pour se pendre à son cou

-« John ! »

-« Bonjour Lee »

-« Je suis trop content de vous voir ! »affirma le gamin

-« Moi aussi »

-« Bear est en forme, vous allez bien ? »

-« Oui ça va merci »

-« Qu'est ce que vous faites là ? » demanda le garçon en reprenant les câlins au chien

-« Je passais dans le quartier et je t'ai aperçu. J'ai pensé que cela te ferait plaisir de voir Bear »

-« Ah oui ! Et vous aussi ! » John ébouriffa les cheveux du garçon d'un geste affectueux

-« Et Harold ? »

-« Il est au travail »

-« C'est dommage ! »

-« Tu rentres chez toi ? » demanda l'ex agent

-« Oui. Papa me laisse rentrer à pied à l'appartement si je fais la route avec mes deux copains »

-« C'est plus rassurant »

-« C'est encore mieux si je fais la route avec vous » suggéra Lee avec un sourire malicieux

-« Si tu veux » céda John. Lee se rapprocha de ses amis qui n'avaient pas bougé et les observait avec curiosité

-« Ca va les gars, je vais rentrer avec Bear et John »

-« On a pas le droit de rentrer avec un inconnu » souffla le plus petit

-« John n'est pas un inconnu c'est mon ami ! » répliqua Lee « Je suis en sécurité avec eux » affirma t-il tandis que Bear lui donnait de petits coups de museau pour réclamer d'autres caresses

-« Ok. A demain alors » répondit le plus grand

-« Ils sont prudents, c'est une bonne chose » remarqua Reese

-« Ouais et ils savent que papa est policier, alors ils sont sérieux ! Allons y ! » Ajouta le jeune garçon en l'entrainant

-« Je ne vais pas déranger votre déjeuner ? »

-« Bien sur que non ! En plus on est mercredi, j'ai un peu plus de temps parce que je n'ai pas cours cet après midi, mais j'ai entrainement à 15H. Alors papa rentre à 13H et il prépare un truc rapide en général. Des fois je lui fais des pâtes»

-« Tu cuisines ? »

-« Oh pas vraiment ! Juste deux trois trucs que papa m'a appris pour plus tard, pour que je ne mange pas que des hamburgers quand je serais grand » précisa Lee en riant « Megan m'a montré des trucs aussi, des salades toutes simples»

-« Veux-tu que nous préparions quelque chose tous les deux ? »

-« Sérieux ? »

-« Oui »

-« Chic ! On va s'amuser ! » Lee réfléchit un instant puis ajouta « Y' pas mal de trucs dans les placards mais je sais pas trop ce qu'il vous faudra… »

-« Ne t'inquiète pas on va improviser »

-« Il y a une boucherie là au coin » remarqua le jeune garçon en désignant une boutique dans l'angle « Au cas où, j'ai deux dollars… »

-« Bonne idée, allons voir ce qu'ils proposent » affirmant John en se dirigeant vers le magasin. Il y trouva rapidement l'inspiration et Lee s'enthousiasma pour le menu. John régla avec sa carte les achats bien supérieur aux économies de Lee qui s'en inquiéta « C'est offert par le cuisinier » le rassura Reese. Ils se pressèrent de rentrer à l'appartement où ils furent accueillis par Isatis qui entama une séance de jeu endiablée avec son copain canin. Pendant ce temps John et Lee s'installèrent en cuisine

Reese guidait le garçon qui se révéla un apprenti plein de bonne volonté mais un peu maladroit

-« J'ai l'impression d'être avec Harold » jugea t-il

-« Ah oui ? »

-« Lui aussi est volontaire …et maladroit ! » ajouta l'ex agent avec une moue explicite. Le garçon éclata de rire

-« La prochaine fois, il faudra qu'il vienne aussi ! Et on cuisinera ensemble le repas !»

-« Tant que tu ne taches pas sa précieuse chemise il ne refusera pas »

-« D'accord » gloussa le gamin. John profita d'un instant d'inattention du garçon pour prendre une photo de son chien avec l'idée de contrôler le déjeuner de son compagnon. Il l'envoya et la réponse qu'il reçut quelques minutes plus tard le rassura.

Le bruit de la clé dans la serrure les averti du retour de Fusco

-« Lee t'es là ? C'est quoi cette odeur ? Ca sent bon ! » Le garçon se précipita dans le couloir mais il fut rattrapé par Bear qui fit fête à l'arrivant. Lionel écarquilla les yeux en le voyant

-« On a de la visite papa ! Et je cuisine avec John !»

-« John fait le chef ? » interrogea Fusco en s'efforçant de contenir les assauts de Bear

-« Je squatte ta cuisine Lionel. J'espère que tu n'y vois pas d'inconvénient ? »

-« Toi, non, pas du tout ! Mais tu es … en promenade ?»

-« John passait dans le quartier au moment où je sortais du collège et il m'a vu alors je suis rentré avec lui » expliqua Lee

-« Ok et bien j'ai rien contre un bon déjeuner »

-« T'as eu une matinée difficile papa ? »

-« Pas fameuse fiston ! La paperasse, pire qu'un bureaucrate alors que je suis un homme de terrain moi ! »

-« Je vais mettre la table, on va se régaler tu vas oublier tes copies ! » affirma Lee. Reese retourna dans la cuisine surveiller la cuisson. Fusco le suivit

-« Tout va bien ? » demanda-t-il

-« En pleine forme » répondit l'ex agent, pas dupe

-« Et Finch ? »

-« Il s'est rendu dans son entreprise pour assister à des réunions. Je le laisse mener ses affaires seul » Il se tourna vers son ami « Oui je le laisse y aller seul et c'est mon choix, non je ne suis pas exclu et oui tout va très bien entre nous » affirma t-il avec un sourire pour atténuer ses paroles

-« Ok. Je te crois sur parole parce que Megan m'a parlé de tes progrès »

-« Les nouvelles vont vites on dirait »

-« J'ai mes sources ! Pas de missions ? »

-« Non. Je devais prendre le relais mais je n'ai pas reçu d'instructions »

-« Heureusement. Sans Finch se serait trop compliqué » remarqua Lionel. John lui adressa un regard vexé et il lui répondit par un sourire moqueur qui lui confirma qu'il cherchait à le taquiner. Lee apparut dans la cuisine

-« Est-ce que c'est prêt ? Il y a encore quelque chose à faire ? »

-« Non. Encore dix minutes et tu pourras servir »

-« Ok. Alors j'ai dix minutes pour jouer avec Bear » affirma le garçon en disparaissant vers la terrasse

-« Le cuisinier n'est pas censé surveiller la cuisson ? » demanda Fusco

-« Il est juste intérimaire » plaida Reese. Lionel rappela son fils dix minutes plus tard, ne voulant pas le priver du plaisir de servir son plat. Les trois hommes s'installèrent autour de la table, Bear et Isatis chacun d'un coté de Lee

-« Profitons en » s'amusa Lionel « Finch n'est pas là » John fronça les sourcils pour la forme mais laissa faire. C'était excellent et les deux Fusco louèrent les talents du cuisinier. Puis Lee retourna jouer avec Bear et Isatis pendant que les deux hommes restaient à discuter dans le salon avec un café. A 14H30 Fusco donna le signal du départ.

-« C'est l'heure de l'entrainement » clama t-il « Et je dois retourner bosser » ajouta t-il avec une grimace qui en disait long sur sa motivation « Tu rentres à la villa ? »

-« Oui. J'ai promis quelques promenades dans les dunes à Bear »

-« En tous cas t'as meilleure mine et … meilleur moral aussi, ça fait plaisir »

-« Merci Lionel »

-« Tache de rester comme ça ! Surtout quand Harold sera de retour»

-« Ne t'inquiète pas. Cela ne changera plus » promis Reese. Il câlina Isatis puis s'éclipsa avec Bear pour regagner sa voiture et retrouver leur refuge provisoire.

A peine avaient-ils franchit la porte que la sonnerie du téléphone retentit. John alla décrocher et saisit rapidement un stylo pour noter le message.

-« On dirait que la machine accepte de collaborer avec nous » annonça t-il à son chien. Bear l'observa pendant qu'il allumait l'ordinateur puis décryptait l'identité du nouveau numéro et commençait les recherches. « A priori ce ne sera pas très compliqué » commenta-t-il finalement. Il saisit son portable et appela Fusco

-« Oui ? »

-« J'ai du boulot pour toi »

-« Une mission ? »

-« Oui et j'ai toutes les informations ! »précisa John

-« Tu as réussi à joindre Finch ? » se moqua Lionel

-« Je me suis débrouillé seul, selon ses méthodes ! »

-« Bon alors on va voir si tu es aussi efficace ! File-moi les infos » invita l'inspecteur

Reese s'efforça d'être aussi précis que l'aurait été son compagnon. Pendant que Lionel se rendait sur le lieu de travail de leur numéro, là où il avait le plus de chance de le trouver, Il continua ses recherches, se remémorant l'ordre dans lequel Finch réalisait sa collecte. Il était beaucoup moins rapide mais il finit par en obtenir autant.

Finalement l'enquête ne dura pas plus de deux heures. Lionel boucla le coupable et admit que John « ne se débrouillait pas si mal que ça » mais l'ex agent n'eut pas le temps d'apprécier le compliment car il s'empressa d'ajouter « ça ne vaut quand même pas Finch » avant de raccrocher précipitamment en riant. Reese songea qu'il ne perdait rien pour attendre. Il classa le dossier et éteignit l'ordinateur puis décida d'aller se promener avec son chien. Bear n'attendait que cela et s'élança joyeusement sur la plage, ramenant son bâton à son maître pour jouer un peu.

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Finch retourna dans la salle après s'être rafraîchit un peu. Le brouhaha du restaurant lui était pénible, il décida de devancer ses collaborateurs. Il s'approcha de son assistant du jour

-« M Hanson, je retourne au bureau mais je vous laisse veiller à ce que le reste de l'équipe achève normalement son repas, nous reprendrons à 14H 30 comme prévu » souffla-t-il à Victor

-« Bien M Wren, mais… » Commença le jeune homme, perturbé

-« Je connais le chemin » ironisa Finch devinant sa pensée

-« Je vous accompagne M Wren » affirma aussitôt Bryan, rassurant son collègue

-« Comme vous voudrez M Miles. Vous aviez le temps de finir votre repas »

-« Oh j'ai fini M Wren » répondit celui-ci et il le suivit pour le raccompagner jusqu'au bâtiment.

Victor jeta un regard circulaire sur la tablée. Le déjeuner de la veille avait déjà été écourté, mais là, s'ils partaient maintenant, ce serait presque sauter le repas pour certain. La plupart choisissait le menu complet, entrée, plat, dessert, et les plats venaient tout juste d'être servis. Bryan et lui s'étaient contentés du plat comme leur patron. Agacé, il se pressa de finir son assiette, au moins il serait prêt à partir. Il sentit quelqu'un le frôler et leva les yeux pour découvrir la silhouette gracieuse et le décolleté avantageux de sa collègue

-« Bonjour Victor » dit-elle tout sourire

-« Oh Bonjour Vanessa » bredouilla le jeune homme « Tu es venue déjeuner ici toi aussi ? »

-« Pour une fois, oui » la jeune femme pris place sur la chaise libre à côté de lui après l'avoir rapprochée. « Et puis j'avoue, j'étais curieuse ! » minauda-t-elle

-« Curieuse ? »

-« De voir le patron ! C'est tellement rare qu'il soit là ! »

-« C'est vrai qu'il travaille plutôt en visio »

-« Alors dis-moi, il est comment en vrai ? »

-« Heu… bien »répondit Victor. Vanessa fronça les sourcils

-« Bien ? C'est tout ? »

-« On ne parle pas tant que ça »

-« Est-ce qu'il est aussi sévère qu'on le dit ? »

-« Sévère…. Non, il est un peu froid »

-« Un peu beaucoup non ? »

-« Quand on le connait un peu, je crois qu'il est plus humain qu'il veut bien le montrer » estima le jeune homme

-« Et ça se passe bien ces réunions ? »

-« Oui plutôt bien. Enfin, ce matin c'était un peu tendu »

-« Tendu comment ? »

-« Disons qu'il y a eu débat et que certains y ont laissé des plumes ! » Ironisa Victor avec un regard en coin vers Singeer qui semblait définitivement délaisser son repas pour son verre

-« Et M Wren est intervenu ? »

-« Il a recadré tout le monde ça n'a pas trainé ! »

-« Il est strict alors… »

-« Il est précis surtout. Il connait parfaitement chaque dossier, j'ai l'impression qu'il a réponse à tout ! Et malheur à celui qui n'a pas bien préparé son intervention ! » Affirma Victor avec une visiblement admiration

-« Ça doit être un bourreau de travail » remarqua Vanessa

-« Surement. On ne connait pas autant d'infos sans y travailler »

-« Et bien ! Entre ça et la rigueur… Sa femme ne doit pas s'amuser tous les jours ! » Jugea la jeune femme avec une moue perplexe

-« Je ne sais pas » répondit Victor avec un haussement d'épaules « Je ne la connais pas»

-« Il est bien marié ? » insista Vanessa

-« A vrai dire je n'en sais rien » avoua le jeune homme

-« Il a une très belle alliance »

-« Oui je sais, j'ai remarqué. D'ailleurs je ne me rappelais pas ce détail, ça ne doit pas faire très longtemps qu'il la porte… ou alors je n'avais pas remarqué » affirma le jeune homme tout en réfléchissant « Mais de toute façon j'ignore qui porte sa jumelle »

-« Ça doit être une très belle femme » soupira Vanessa

-« Tu crois ? »

-« Evidemment. Il est très riche ! Avec les moyens qu'il a il ne va pas épouser une moche ! »

-« Les goûts et les couleurs » émit Victor

-« C'est bizarre quand même que personne ne sache rien, ce genre d'infos ce n'est pas un secret d'état ! »

-« M Wren a la réputation d'être très discret. Tiens, même Miss Ortega qui le connait depuis longtemps, avec qui il parle de sa famille, et bien même elle, je suis sûr qu'elle ne sait rien sur lui ! »

-« En voilà des cachotteries » constata la jeune femme, masquant son dépit derrière un sourire un peu crispé. Elle avait pourtant bien cru que cet idiot de Victor pourrait la renseigner puisqu'il était littéralement collé au patron depuis la veille.

-« Tu vas venir à la soirée de clôture du trimestre ? » demanda le jeune homme, hésitant

-« Je ne sais pas, peut-être. Pourquoi ? »

-« Comme ça. J'aurais aimé t'inviter à danser » risqua Victor. Il avait déjà invité la belle Vanessa deux fois auparavant mais c'était toujours fait rejeter sèchement comme pratiquement tous les gars du service

-« Si j'y vais, pourquoi pas ? » répondit la jeune femme avec un sourire feint. Elle aurait surement mieux à faire ce soir-là mais elle ne voulait pas le décourager totalement non plus au cas où

-« Je t'offre le café ? » demanda Victor plein d'espoir

-« Merci mais je dois retourner à mon poste, je vais être en retard » répondit Vanessa « La prochaine fois qu'on se croise à la machine à café ? »

-« D'accord »approuva aussitôt le jeune homme, ravi de cette perspective. La jeune femme se leva et quitta le restaurant de sa démarche chaloupée, attirant irrésistiblement les regards des convives masculins alentour. Victor soupira. Dommage que ses collègues ne l'ai pas vu discutant avec la plus jolie fille du service, il aurait fait des envieux !

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Finch s'était installé dans son bureau où il avait pris un peu de temps pour quelques recherches. Ayant terminé il referma son ordinateur et laissa son regard parcourir la pièce sobrement aménagée, il l'utilisait si peu ! Deux tableaux de peintres qu'il appréciait, une petite bibliothèque. Et sur le côté un portrait de son ami qu'il observa un instant avec nostalgie. Nathan. Sa présence lui manquait bien souvent. Comme chaque fois qu'il se sentait troublé il caressa machinalement son anneau. Ce simple geste le rassurait, surtout parce qu'il le rapprochait de celui qui lui avait offert. Du bruit dans le couloir l'avertit du retour de ses collaborateurs. Il se leva et se prépara à les rejoindre. Victor passa la tête à la porte

-« Nous sommes de retour M Wren »

-« Je viens » Il regagna la salle et reprit sa place. Deux retardataires manquaient à l'appel dont Singeer. Les autres discutaient entre eux. Mccauley consultât ses mails et Finch le vit tressaillir et lever les yeux vers lui

-« Un souci M Mccauley? »

-« Non. Mais vous avez déjà validé les dossiers M Wren? »

-« Cela fait dix ans que vous vous occupez du sponsoring M Mccauley. Je pense pouvoir me fier à votre expertise »

-« Merci M Wren. Et … heu… Vous validez les deux ? »

-« J'espère que vous nous tiendrez informé des résultats de votre petit fils ? »

-« Heu…. Oui, volontiers M Wren. Il débute juste dans l'équipe vous savez…. »

-« Je suppose que cela sera des plus bénéfiques pour sa rééducation »

-« Disons que cela l'aide à surmonter les conséquences de son accident »

-« C'est une bonne thérapie » jugea Finch. Il se tourna vers Victor qui le regardait fixement « M Hanson ? » Celui-ci ne put résister à la curiosité

-« Vous connaissez toutes les familles de vos collaborateurs M Wren ? » interrogea-t-il

-« Je m'efforce de me tenir informer M Hanson » répondit tranquillement l'informaticien. Victor n'osa rien ajouter, perplexe. Il croisa le regard de son binôme et comprit qu'il n'en pensait pas moins. Profitant que la réunion n'était pas commencée il le rejoignit sous prétexte de se procurer une bouteille d'eau.

-« Ça se passe plutôt bien »

-« Sauf pour Singeer » se moqua Bryan

-« Oh lui je crois qu'il est grillé »

-« Moi aussi »

-« Au fait qu'est ce qui s'est passé ce matin ? »

-« Ce matin ? »

-« Oui A un moment je t'ai vu regarder M Wren tu avais l'air halluciné »

-« Crois moi il y avait de quoi ! » répliqua aussitôt Bryan « Si tu avais vu la vitesse à laquelle il faisait défiler les informations sur son écran ! Je n'avais jamais vu quelqu'un d'aussi rapide ! »

-« Vraiment ? » demanda Victor perplexe

-« Oh oui ! Je te jure c'était bluffant ! En plus c'était les infos pour contrer Singeer. En cinq minutes il savait tout de ses écarts. C'était …. Il savait exactement quelles informations afficher et comment les obtenir….et à une vitesse !»

-« C'est comme ça qu'il a trouvé le nom de l'employé » réalisa Victor

-« Il n'avait pas le dossier avant. Singeer est venu avec, il a tout cherché sur le tas, en direct ! » Les deux hommes échangèrent un regard puis se tournèrent d'un même mouvement pour observer l'informaticien, tranquillement assis dans son fauteuil, impassible comme à son habitude. Rien dans son apparence ne laisser deviner de tels talents en informatique…

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La réunion avait repris mais ne concernait plus que des dossiers secondaires, l'essentiel avait été vu et Finch s'en réjouit, il pourrait abréger son absence, rentrer plus tôt auprès de son compagnon. Une certaine tension régnait dans la pièce, dû à l'attitude de Singeer qui s'était permis quelques remarques pas très bien accueillie par les intervenants car n'étant le plus souvent pas constructives, et surtout visiblement dictées par son état d'ébriété. Alors qu'il risquait une nouvelle réflexion, M Mccauley n'y tint plus et se dressa, prêt à répliquer, mais un geste de Finch le stoppa net

-« M Mccauley gardez votre calme je vous prie, la cause ne vaut pas l'engagement » affirma t-il tranquillement. « M Miles, faites venir la sécurité »

-« Pourquoi? vous pouvez pas vous débrouiller tout seul M Wren ? » demanda Singeer d'un ton moqueur. Finch eut un mince sourire ironique

-« Je ne voudrais pas m'abaisser à votre niveau M Singeer » rétorqua t-il tranquillement. L'autre le fusilla du regard. Il se leva, un peu chancelant mais les portes s'ouvrirent sur deux agents de sécurité

-« Un souci M Wren ? »

-« William, ayez l'obligeance de raccompagner M Singeer à l'entrée du bâtiment et de le confier à un taxi. Ou aux forces de l'ordre s'il se montre trop récalcitrant »

-« Tout de suite M Wren » Les deux agents empoignèrent Singeer qui se mit à brailler de façon un peu incohérente, quelques insultes émergeants au passage

-« Je crains que sa carrière ne soit quelque peu compromise » ironisa Hertz. La porte se referma sur les trois hommes et la tension parut tout de suite moins forte dans la pièce

-« Il a donné le bâton pour se faire battre » remarqua Wayne

-« Vous avez bien fait M Wren » commenta Victor

-« Merci de m'avoir retenu M Wren » affirma Mccauley « Vous aviez raison »

-« Ce qui est bien avec M Wren c'est qu'il fait preuve de la même classe pour féliciter ou pour congédier » commenta Hertz. La remarque fut unanimement approuvée par les participants et Finch les remercia d'un signe de tête discret. Il songea qu'il lui faudrait peut-être se méfier de Singeer à l'avenir, mais John serait avec lui, il ne risquerait donc rien.

A 18H Harold signifia la fin de la réunion. Les collaborateurs quittèrent la salle un à un en le saluant. Hertz s'avança

-« M Wren. Pour ce qui est de notre rendez-vous, dois-je contacter votre assistante ou vous envoyer un mail ? »

-« Notre rendez-vous ? » demanda l'informaticien

-« Oui pour l'étude sur les taux de couverture, il me faudra vos consignes » Finch secoua la tête

-« Ce ne sera pas nécessaire M Hertz. Les taux que nous avions définis ensemble à l'époque me conviennent parfaitement, ils sont à l'image de la politique de gestion du personnel que j'entends appliquer dans mon entreprise »

-« Ah oui ? »

-« Votre travail à l'époque était parfait M Hertz et cela restera ainsi. M Singeer a de toute évidence mal assimilé l'aspect social de notre fonctionnement. Aussi n'est- il pas le mieux placé pour demander une révision de nos choix. Ce dossier est clos »

-« Entendu M Wren. Je m'en réjouis » affirma Hertz. Il salua et quitta la salle d'un pas plus léger. Finch observait Victor et Bryan, visiblement satisfait eux aussi de sa décision.

-« Messieurs, les principaux sujets qui devaient être évoqués ont été traité durant ces deux jours. Il ne reste que des détails. Il est possible que nous en terminions par quelques séances en visio »

-« Bien M Wren »

-« Le rythme était… fatiguant » risqua Victor qui s'inquiétait mais ne voulait pas vexer son patron

-« En effet. Je vous ferai parvenir un message. Si la visio est privilégiée je vous demanderai d'avertir chaque participant au plus vite »

« Bien sur M Wren »

-« La réunion était prévue pour 10H30. Vous aurez le temps demain matin »

-« Je consulterai les messages dès 8H M Wren » affirma Victor « Même 7H si vous voulez »

-« 8H sera très bien » affirma Finch « Bien, messieurs, je vous remercie vous avez fourni un excellent travail »

Les deux jeunes gens affichèrent de larges sourires sous le compliment et l'informaticien les quitta, les laissant heureux et motivés et aussi assez admiratifs.

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Finch referma la porte de l'appartement. Il posa sa sacoche sur la commode, accrocha son manteau à la patère et se laissa tomber dans le fauteuil, épuisé. La journée lui avait paru interminable. Ces réunions étaient plus fatigantes finalement que ses heures de recherches en tête à tête avec la machine, mais c'était sans doute dû aux divers participants, beaucoup plus bavards dans un bureau que par visio. Et cette altercation ce matin. Il faisait pourtant très attention au moment de l'embauche, écartant ceux qui ne correspondait pas à l'esprit de respect qu'il voulait voir régner dans son entreprise. Enfin, ils avaient bien avancé en deux jours, résolvant un certain nombre de problème et planifiant efficacement les process pour la fin de l'année. Il ne restait que quelques détails à parfaire et cela ne devrait plus être très long. Il se décida à opter pour la visio et saisissant son portable il envoya un message que Victor pourrait lire au matin

Un grondement retentit, le faisant tressaillir. Un éclair illumina la pièce presqu'aussitôt, lui faisant réaliser qu'il n'avait même pas allumé la lampe. Il soupira, n'ayant pas envie de bouger de son fauteuil. Il ne songeait même pas au diner qui de toute façon ne le tentait pas de par son coté solitaire. Ses pensées revinrent vers John qui lui manquait cruellement. Une fois de plus il se trouva stupide de l'avoir laissé alors qu'il aurait pu agir autrement. Son besoin de calme semblait avoir totalement disparu depuis son retour et leur explication deux jours plus tôt, il n'aurait pas dû s'engager!

Finalement il se leva péniblement et se dirigea vers la petite cuisine pour se servir un verre d'eau. Il devait rentrer. Puisqu'il poursuivait en visio ce serait plus simple. Demain matin il rentrerait auprès de lui. Il lui parlerai des véritables raisons qui lui avaient fait accepter ces réunions en présentiel même si John avait déjà compris. C'était sans doute pour cela qu'il ne cherchait pas non plus à le joindre dans la journée. Dieu que sa voix lui manquait! Cette voix basse et chaude qui pouvait avoir tellement de pouvoir sur lui!

Tandis qu'il buvait lentement son verre d'eau fraiche un nouvel éclair illumina la pièce. Son regard se posa alors sur le mur en face de lui, sur le calendrier, accrocha un détail… Il resta un instant interdit puis réalisa…

Retrouvant toute son énergie, il se précipita dans l'entrée, enfilant rapidement son manteau et saisissant son portable avant de quitter l'appartement, prenant juste soin de fermer les lieux.

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Reese remua doucement les légumes dans la poêle, surveillant la cuisson. Installé à proximité, Bear surveillait le four, anticipant avec enthousiasme la dégustation de son contenu.

La température avait chuté à cause de l'orage mais il régnait une douce chaleur dans la petite cuisine. John se tourna vers le malinois

-« Ca sent bon tu ne trouves pas ? » le taquina t-il. Le chien jappa pour montrer son approbation. Un crépitement brutal leur fit lever les yeux « La pluie se déchaine » constata l'ex agent. Une rafale souffla sur la villa, amplifiant le bruit de la mer. Reese pinça les lèvres. Ce temps risquait de contrarier ses espoirs. Mais il décida de ne pas se laisser décourager et continua ses préparatifs. Il gouta son plat, rectifia l'assaisonnement, c'était presque prêt. Il vit soudain Bear se redresser, l'oreille aux aguets, attentif. Une minute s'écoula puis la porte s'ouvrit lentement et le malinois se précipita sur le nouvel arrivant.

Finch se tenait sur le seuil, essayant de contenir la bonne humeur de son chien tout en s'essuyant le visage, à moitié aveuglé par l'eau qui dégoulinait de ses cheveux

-« Harold » s'exclama John. Il se précipita pour l'aider « Retire ton manteau tu es trempé » protesta t-il en l'aidant à retirer le vêtement. L'informaticien se laissa faire, un peu étourdi « Je vais te chercher de quoi te sécher » ajouta l'ex agent mais il vit alors Bear qui revenait vers eux avec une serviette « Bon chien » approuva t-il en le flattant. Il tendit la serviette à son compagnon qui la prit avec reconnaissance

-« Merci » murmura t-il en s'essuyant le visage

-« Ça va ? » s'inquiéta Reese

-« Ce n'est que la pluie »jugea Finch

-« Il faut que tu te changes, tu vas prendre froid » estima l'ex agent en détaillant son costume. Finch hésitait, ne sachant comment se comporter. Reese sourit « Peut être que nous pourrions nous saluer avant ? » suggéra t-il « Il n'y a pas que Bear qui soit heureux de te voir » murmura t-il. Ce fut un déclic. Finch avança et se cala contre la poitrine de son partenaire avec un soupir. John posa la main sur sa joue pour lui faire lever la tête et l'embrasser

-« Ça va mieux ? »

-« Oui » affirma Finch. Il laissa son regard dériver sur la petite pièce, heureux d'être là, mais un détail l'interpella, le perturbant. La table soigneusement dressée pour deux… « Tu attends quelqu'un ? » demanda t-il, incertain. Reese, qui avait suivi son regard, lui sourit à nouveau

-« Oui : toi ! » L'informaticien tressaillit et leva la tête vers lui « Je t'attendais. Ce soir ou demain, mais je savais que tu ne tarderai plus » précisa John. Il caressa doucement les cheveux bruns humides, chassant une mèche plaquée sur le front de son compagnon avant d'y poser un baiser « Tu n'aurais pas pu oublier la date » affirma t-il

-« Non » confirma Finch même s'il savait que ce n'étais pas une question. John le relâcha et, prenant sa main, il l'entraina dans la salle de bains

-« Vient tu as besoin de vêtements secs ! »Il le laissa un instant et revint avec un pyjama. Finch avait retiré sa veste et ses chaussures et s'efforçait de déboutonner son gilet, rendu maladroit par ses doigts engourdis par le froid. Reese approcha et l'aida à retirer sa chemise et son maillot. Tandis que Finch se séchait, il acheva de le dévêtir puis il l'assista pour enfiler son pyjama. Dès qu'il fut revêtu de vêtements secs et un peu réchauffé, l'informaticien se sentit beaucoup mieux. Il passa les bras autour du cou de son compagnon et l'embrassa tendrement

-« Merci ! »

-« A votre service M Finch ! » taquina John. Il posa une main sur son ventre et affirma «Et maintenant je vais m'occuper de ton estomac ! » L'informaticien lui sourit et le suivit docilement

John avait eu le réflexe de préserver sa poêle à l'arrivée de son partenaire et retrouva donc son diner intact. Il fit le service pour trois et s'installa face à son compagnon

-« Ca sent bon » remarqua Finch

-« Bear était du même avis » approuva Reese « As-tu besoin d'autre chose ? »

-« Non » déclina l'informaticien en commençant à manger. John qui l'observait voyait la fatigue sur son visage, la tension dans son maintien

-« Tout s'est bien passé ? » demanda t-il prudemment

-« Oui. C'était juste un peu fatiguant. J'ai perdu l'habitude de ces réunions » admit Finch

-« Et… c'est terminé ? » risqua l'ex agent. Finch savait le sens caché de sa question. Ce n'était pas tant les réunions de travail qui l'intéressait mais son besoin de solitude

-« Oui » annonça-t-il fermement « Je n'y retournerai pas. J'ai envoyé un message à Victor et nous règlerons le reste en visio » Il vit son partenaire se détendre

-« Tant mieux » souffla John. Il tendit le bras par-dessus la table et saisit la main libre de son vis à vis « Tu m'as manqué » murmura t-il. Harold ressentit toute la tendresse de son compagnon derrière ces quelques mots. Ce besoin qu'il avait de lui et qu'il ressentait tout autant

-« Toi aussi » répondit-il en serrant sa main. Bear se manifesta d'un coup de museau. Finch se pencha pour le caresser « Et toi aussi » ajouta t-il à la satisfaction du malinois. Il reprit son repas, et l'atmosphère détendue entre eux lui fit du bien. Il se sentait à sa place dans ce lieu accueillant auprès de l'homme qu'il aimait et de leur fidèle compagnon. Toute sa fatigue, toutes les tensions s'allégeaient et il sentait un engourdissement bienheureux l'envahir. Il repoussa son assiette. Reese qui l'observait le vit faire et compris. Il se leva et se glissa souplement derrière lui. Posant délicatement ses mains sur sa tête, il le massa doucement, devinant que la migraine n'était pas loin et décidé à la stopper. Finch ferma les yeux et s'abandonna aux mains expertes de son compagnon avec une spontanéité qui toucha celui-ci. Reese continua un moment, glissa vers la nuque qu'il frôla doucement avec mille précautions, puis passa aux épaules, les soupirs de son compagnon étaient le meilleur indicateur de la réussite de ses soins. Lorsqu'il le jugea suffisamment détendu, il cessa le massage et le contourna pour l'inviter à le suivre

-« Viens » murmura t-il en lui tendant les mains. Finch se leva aussitôt et se laissa guider sans hésitation. John le conduisit à la chambre et l'installa confortablement dans leur lit. Retirant rapidement son tee shirt, il s'allongea à ses côtés et le prit dans ses bras « Tu as besoin de te reposer » chuchota t-il en posant un baiser sur son front

-« Pour demain ? » chuchota Finch

-« Oui pour demain. Et pour tous les autres jours. Pour être bien… avec moi »

-« Je suis bien avec toi » confirma Harold. Il l'embrassa et se réinstalla contre lui. Il ne résista pas longtemps au sommeil. John ne bougea pas, veillant sur lui jusqu'à ce qu'il s'endorme à son tour, apaisé.