Chapitre 3 : Jusqu'à ce que la mort nous sépare.
Le jour de la noce approchait inexorablement et son angoisse augmentait jour après jour. Non pas qu'elle ne s'était pas déjà faite à l'idée du mariage, elle n'avait pas le choix et était au clair avec ça quand bien même c'était difficile à vivre, mais elle avait, jusqu'à la veille, préféré occulter un détail de taille. Ce fut Jane qui le lui rappela au détour d'une discussion entre mère et fille :
- Le mariage approche vite tu ne trouves pas ? avait-elle demandé en coiffant les cheveux de sa fille.
À ce moment là, Hermione aurait dû se douter que la conversation allait être importante, car sa mère profitait toujours d'une session coiffure pour parler de sujet ne concernant pas vraiment les hommes, surtout les pères. Regardant sa mère au travers du miroir de sa coiffeuse, la jeune sorcière répondit, soupçonneuse :
- Oui, c'est vrai, ces trois dernières semaines sont passées rapidement…
- À vrai dire, j'ai l'impression que ce sont ces vingt dernières années qui sont passées à une vitesse folle, admit Jane avec un sourire nostalgique. Et cette semaine passera aussi en un claquement de doigt.
Posant la brosse, la mère de la jeune sorcière caressa la chevelure de sa fille avec une douceur toute maternelle :
- Je me suis mariée à ton père alors que j'avais sensiblement le même âge que toi aujourd'hui.
Hermione connaissait par cœur l'histoire de ses parents mais ne se lassait jamais de l'entendre.
C'était à une époque de grand développement pour Londres, qui devenait progressivement une vraie métropole. Dans les années 1870, une jeune infirmière cherchait sa voie dans une société où les femmes comme elle, s'approchant de la vingtaine et voulant travailler alors qu'elle n'avait pas de mari, n'avaient pas leur place.
Jane avait dû batailler contre ses parents, depuis ses 16 ans, pour étudier les bonnes pratiques en étant bénévole dans divers hôpitaux qui, hélas, ressemblaient plus à des mouroirs qu'autre chose. Pourtant, sans jamais se décourager, celle qui passait son temps entre ses livres et ses patients, finit par tomber sur un médecin différent des autres.
Le Dr Granger, un jeune homme de 35 ans à l'époque, venait d'entrer en poste dans cet hôpital austère où travaillait la plus acharnée et, d'après l'histoire comptée par le susnommé, « la plus merveilleuse et fascinante des demoiselle ». Loin de la juger pour son mode de pensée très progressiste pour les années 70, il en tomba amoureux et lui fit la cour, au plus grand étonnement de ses futurs beaux-parents.
Bien trop heureux de pouvoir se débarrasser de leur cadette bien trop hors normes, ils avaient volontiers augmenté la dote de celle-ci pour s'assurer que le mariage ait lieu, ce qui fut le cas. Le mariage se déroula un beau jour du mois d'août 1874 et le couple d'amoureux, chose si rare pour l'époque, coula des jours heureux. Seul ombre au tableau, une grossesse qui ne venait pas. Avec le temps, l'espoir d'avoir des enfants diminuait et alors qu'ils s'étaient fait à l'idée de vivre leur amour à deux, un petit miracle eut lieu et, en septembre 1879, une fillette vint au monde.
- Et dans quelques jours, c'est toi qui va te marier… soupira Jane non sans déposer un baiser sur le dessus du crâne de sa princesse. J'espère que ton époux sera te rendre aussi heureuse que ton père avec moi.
Hermione ne répondit pas tout de suite, elle se contenta de se tourner et de prendre sa mère dans ses bras. Jane resserra l'étreinte, donnant le courage nécessaire à sa fille de répondre le plus franchement qu'elle put se le permettre :
- Il va me donner l'autorisation de faire le travail que je souhaite… que puis-je espérer de mieux ?
- De vivre une vie remplie d'amour ma chérie ! répondit Jane en redressant la tête. Le travail est épanouissant, je ne pourrais dire le contraire ma princesse, mais il ne fait pas tout, tu peux me croire.
- Je te crois maman, répondit Hermione en souriant.
- La famille est un pilier important pour s'épanouir… et d'ailleurs…
Jane sembla d'un coup bien embêtée et s'assit sur le lit pour être à la même hauteur que la future mariée. Avec hésitation, ce qui était rare chez elle, sa mère toussota :
- Je ne te ferai pas l'affront de te demander si tu sais comment on fait les enfants, dit-elle en regardant ailleurs.
Pour le coup, Hermione fut elle aussi gênée et se sentit rougir en sachant très bien où sa mère voulait en venir. Dire qu'elle n'avait jamais pensé à son future rôle de femme mariée aurait été mentir, elle avait déjà réfléchi à ça et cela l'avait dégouté d'avance, d'où ses œillères. Jane continua néanmoins avec bienveillance :
- Je sais ce que les livres en disent ma chérie et, tu peux me croire, c'est plus… eh bien, plus agréable que ça n'en a l'air.
- Je n'ai pas l'impression que ça le soit, fit remarquer Hermione en se souvenant très bien de ce qu'elle avait lu.
L'idée qu'un homme entre son pilier dans son fondement semblait barbare, d'autant que la férue de lecture qu'elle était avait, dans les ouvrages médicaux de ses parents, pu comprendre que la femme se voyait pourfendre son hymen lors de la nuit de noces. Qui pouvait trouver cela agréable ?
- Pour te dire la vérité, la première fois n'est pas toujours agréable, c'est vrai, corrigea Jane. Ça peut l'être, ça dépend de la personne et de son partenaire, mais il est inévitable qu'il y ait un instant… douloureux !
- Je pense savoir de quel moment tu parles, avoua Hermione.
- C'est un moment à passer, nous y passons toutes le soir de nos noces ma chérie. Après, tu t'en doutes sûrement, si cela ne se fait pas uniquement ce soir là, c'est qu'il y a des avantages à… à la chose !
- Oui, faire des enfants…
En avait-elle néanmoins envie ? Oui, à une époque elle s'était imaginée mère, elle s'était plu à rêver d'un fils qu'elle aurait aimé et élevé avec l'espoir qu'il aurait une vie extraordinaire. Puis l'idée d'avoir une fille l'avait effrayée… le monde n'était pas fait pour les demoiselles, que ce soit pour les moldues ou les sorcières, alors avait-elle réellement envie de prendre le risque de donner la vie à une être exceptionnelle qui serait forcément considérée comme minable ?
Alors oui, les conditions de la femme évoluait et puis, il y avait eu des exceptions, comme la reine Victoria. Mais c'était justement cela, des exceptions, et de toute façon, en tout connaissance de cause, avait-elle envie de faire un enfant avec le mari qui lui était destiné aujourd'hui ?
- Il n'y a pas que pour les enfants ma chérie, avoua Jane en rougissant maintenant à son tour. Quand je t'ai dit que cela pouvait être agréable… et bien c'est que cela peut réellement l'être !
- Vraiment ? s'étonna la jeune sorcière.
- Oui, et c'est quelque chose que l'on ne nous explique que rarement, pourtant il ne devrait pas y avoir de honte. Cela ne regardera que ton époux et toi bien sûr, mais il me semblait important que tu comprennes un peu ce qui t'attends.
- Je te remercie maman, dit-elle avec sincérité. Tu as toujours fais ça à la perfection… me soutenir, m'éduquer et m'accompagner dans toutes les étapes de ma vie. Je t'aime maman !
- Je t'aime aussi ma chérie !
Jane se leva et reprit sa fille dans ses bras avec une tendresse infinie. Hermione ferma les yeux et profita de cet instant précieux qui lui manquerait. Elle savait qu'elle rêverait sa mère régulièrement même après son mariage, mais avec l'âge, les câlins se faisaient hélas plus rares. C'était de sa faute, en grande partie, et elle eut peur de le regretter un jour, donc autant faire durer celui-ci.
En fin de journée, quand elle se retrouva seule dans son lit, la jeune femme rumina. Il lui semblait clair que ne pas avoir d'enfants ne serait pas un problème, autant pour une potentielle fille, qui serait discriminée, que pour un potentiel fils, qu'elle n'aurait peut-être pas assez de temps pour voir grandir. Travailler était son objectif principal, pour éventuellement changer le regard des sorciers sur les personnes comme elle. C'était la dessus qu'elle devait travailler car les conditions de vie féminines semblaient être un combat impossible. Mais alors, si elle était au clair avec ça, pourquoi n'arrivait-elle pas à dormir ?
À force de tourner dans son lit et dans ses propres pensées, elle ne put que constater qu'elle craignait simplement son futur époux. Certes, elle avait fait la promesse d'être cordiale avec lui, sans plus, et il lui avait promis de la laisser travailler… mais serait-il seulement suffisamment gentil pour ne pas faire de leur nuit de noce un calvaire ? C'était tout de même un mage noir qui n'avait rien de bon en lui ! Pire encore, est-ce qu'il la forcerai à enfanter ? Si lui trouvait ça agréable, voudrait-il reconduire la nuit de noce plusieurs fois ? Sirius aurait été bien plus compréhensif, Hermione le savait…
Qu'allait-il advenir d'elle après ce mariage ?
…
La veille du jour fatidique, Hermione décida de prendre un peu l'air dans la propriété McGonagall. Elle était tranquille pour une fois, les autres étant bien trop occupés à parfaire les détails du mariage tout en arguant qu'il était préférable que la future mariée se détende. Ils avaient raison, c'était bien mieux ainsi !
Assise dans l'herbe face au point d'eau, elle profitait de l'ombre d'un peuplier pour lire sans prendre de couleur. Une jeune mariée bronzée ferait tâche dans la Lorderie, surtout aux côtés de Rogue et de sa pâleur maladive.
- Hermione ?
Une voix familière mais se voulant discrète retentit non loin. La jeune sorcière releva la tête en sentant son cœur se serrer en reconnaissant l'individu :
- Sirius ?
Ce dernier sortit de sa cachette de fortune, un arbre non loin, et s'approcha d'elle doucement :
- Puis-je vous importuner un instant ?
- Vous ne m'importunez jamais, s'offusqua-t-elle en se redressant. Mais que faites vous là ?
- Je devais absolument vous voir, dit-il en retirant son couvre chef et en jouant avec d'un air nerveux.
Une fois face à elle, Sirius regarda à droite et à gauche pour s'assurer que personne n'était aux alentours :
- Vous semblez stressé, fit-elle remarquer sans comprendre pourquoi.
- Fuyez avec moi Hermione, lança-t-il d'un coup.
- Pardon ?
- Hermione, vous ne pouvez décemment pas épouser Servi… enfin votre fiancé actuel ! Contrairement à lui, j'ai des sentiments sincères à votre égard et je… j'ai cru comprendre que vous en aviez pour moi.
- Certes, admit-elle en baissant la tête. Je ne peux pas le nier et je n'en ait pas l'intention… mais Sirius, vous savez que c'est impossible ! Qu'adviendrait-il de nous si nous faisions ça la veille de mon mariage !
- Nous partirons vivre ailleurs, dit-il avec vigueur. L'on m'a dit que les Amériques étaient somptueuses et une terre prometteuse pour les sorciers comme nous.
- Et que ferions nous là bas ?
- Nous vivrions ensembles, j'ai suffisamment d'argent pour ouvrir n'importe qu'elle type de boutique de votre choix. Nous ne serions pas aussi riche qu'avec mes avantages actuelles, mais nous ne manquerions de rien. Nous serons ensembles, nous serons heureux et nous fonderons une belle et heureuse famille loin de cette société archaïque !
Il avait l'air d'y croire avec vigueur et elle aurait aimé avoir autant de fougue que lui. Pourtant, elle ne pensait pas ce projet viable et pour cause :
- Sirius… ma famille est ici et mon rêve l'est aussi…
- Vos parents pourraient nous rejoindre et, les rêves ne valent rien s'ils sont vécu seul !
- Et vivre à deux vaut-il le coup si c'est dans l'intention de fuir ?
- Ce ne serait pas tant une fuite qu'un nouveau départ !
- Pensez-vous vraiment qu'un mage comme Lord Rogue nous laisserait partir sans tout faire pour se venger ?
Sirius ne répondit pas, il savait pertinemment que la jeune femme avait raison. S'ils fuyaient, ils devraient fuir à vie.
- Je ne veux pas vous perdre Hermione…
- Vous ne me perdrez pas vraiment Sirius ! Je serai mariée demain, oui, mais mes sentiments pour vous ne seront pas altérés pour autant.
- Mais vous ne m'appartiendrez jamais et c'est une autre que je vais devoir mener à l'autel, soupira-t-il.
C'était un fait auquel elle n'avait pas pensé… il allait devoir se marier, si ce n'était avec elle alors ce serait avec une autre. Ce constat la chagrina clairement :
- Cette loi sur le mariage est stupide, dit-elle alors. Je ne comprends pas que l'on puisse forcer des gentilshommes comme vous à épouser la première venue juste pour continuer de vivre sous les bonnes grâces de la société…
- Cela me force à fuir, soupira-t-il.
- Vous comptez donc réellement partir ? s'exclama-t-elle.
- C'est cela où je devrais épouser une femme au hasard en espérant soit que par miracle elle vous surpasse, ce qui n'arrivera jamais, soit qu'elle meurt rapidement pour me donner le statut de veuf, comme votre futur mari.
- Je ne compte pas mourir jeune ! s'offusqua Hermione.
Avec un regard surpris, il comprit le quiproquo et expliqua :
- Je parlais de sa première épouse Hermione, je ne doute pas une seconde que vous aurez une belle et longue vie !
- Sa première… répéta-t-elle en ayant du mal à comprendre. Par Merlin…
Elle n'avait jamais fait le rapprochement mais Lord Rogue avait clairement le même âge que Sirius. Hors, si Lord Black n'était pas marié, c'était uniquement à cause de son arrestation abusive, ce qui signifiait qu'à l'heure actuelle, Rogue était censé être marié depuis longtemps !
- Il a tué sa première épouse ? demanda-t-elle subitement.
La fuite n'était peut-être pas une si mauvaise idée que ça finalement ! Morte, elle n'aurait jamais accès à son rêve non plus après tout.
- C'est presque la cas, cracha Sirius avec une animosité extrême. La rumeur raconte qu'elle s'est suicidée, preuve s'il en fallait qu'il ne faut pas que vous vous mariez avec cet individu incapable de prendre soin d'une dame ! Quand bien même il est certain que votre force de caractère vous empêchera de penser à une telle horreur, votre mariage signifiera la fin de votre bonheur.
Hermione regarda ailleurs un instant, pensive. Jamais, au grand jamais elle ne mettrait fin à ses jours. Quelles que fussent les horreurs que Rogue pourrait lui faire vivre, elle ferait bien pire pour se venger jusqu'à ce que ce fusse lui qui n'en puisse plus ! Mais tout de même, est-ce que son idéologie et son rêve en valait à ce point la peine ? Le sort des sangs impurs n'était peut-être pas entre ses mains après tout.
Alors qu'elle se perdait dans toutes ses pensées, elle sentit deux mains se poser sur ses épaules puis des lèvres capturer les siennes. Sirius l'embrassait ! Elle avait rêvé de ça plus d'une fois et cela se produisait aujourd'hui... mais elle ne pouvait pas laisser faire ça ! Rapidement, ses muscles se tendirent et avec force, elle le repoussa. Sa raison avait pris le dessus :
- Vous ne pouvez pas faire ça Sirius ! dit-elle avec colère. Vous rendez-vous compte de ce qu'il pourrait m'arriver si quelqu'un nous voyait ?
- Il ne vous arrivera rien en Amériques, jamais Rogue ne nous rattraperait ou alors, j'en ferais mon affaire et…
- Il suffit, le coupa-t-elle. Sirius, je continue de croire que mes sentiments resterons les mêmes pour vous, mais jamais je ne prendrais la fuite de la sorte. Plus je réfléchis et plus il me paraît clair que ma place est ici, au Royaume-Uni, au ministère ! J'ai… j'ai la sensation que j'ai un rôle à jouer et je ne peux pas abandonner ça.
Sirius fut sur le point de protester mais le hennissement d'un cheval l'en empêcha. Quelqu'un arrivait et Hermione posa une main compatissante sur l'épaule du sorcier qu'elle appréciait tant :
- Partez Sirius… mais ne fuyez pas le pays, je vous en conjure. Prendre une femme ne sera pas une fin de soit et, j'en suis sûre, votre place est ici aussi. Promettez le moi je vous pris.
Bien qu'hésitant, il s'inclina :
- Ce que vous me demandez est bien cruel.
- L'idée de ne plus jamais vous revoir l'est tout autant…
- Pour moi aussi, admit-il en soupirant. Bien, puisqu'il en est ainsi, je vous le promets Hermione.
L'instant d'après, il avait disparu dans un pop sonore. Quand la jeune sorcière tourna la tête, elle finit par voir la monture et son cavalier. Le cheval semblait se débattre alors que l'homme sur son dos tenait à peine droit… pauvre animal. Mais elle n'avait pas le temps de s'apitoyer, elle comprit sans mal que l'individu était un sorcier peu habitué aux transports conventionnels moldus, il fallait maintenant qu'elle sache qui il était.
Arrivant dans le salon de la demeure McGonagall, elle trouva l'homme en question qui discutait avec la maîtresse des lieux. Il semblait terriblement petit face à la sorcière qui le dépassait de plus d'une tête.
- Ah, Hermione vous voilà, venez je vous prie, demanda Minerva en souriant. Je vous présente Monsieur Signataire, membre du service des recensements sorciers. Monsieur, je vous présente Miss Granger, la future mariée.
- Enchantée Miss, répondit le sorcier avec un léger sourire.
De près, ce dernier semblait avoir la soixantaine et malgré son air jovial, il ressemblait légèrement à un gobelin. Hermione le salua à son tour, sans cacher sa surprise de voir un membre du ministère, ici à la veille de la cérémonie.
Hermione savait que, dans le cadre d'un mariage entre sorciers, un membre de la communauté magique devait procéder à une cérémonie pour sceller l'union. Ce qu'elle ignorait jusqu'à là, c'était que la future mariée devait donner de sa personne pour se faire :
- Il vous faut une mèche de cheveux ? s'étonna-t-elle.
- Oui, c'est bien cela, accorda-t-il en souriant. Cela nous permet de vérifier que vous n'êtes pas déjà engagée avec quelqu'un d'autre avant vos épousailles.
- Oh… je vois, comprit la jeune sorcière.
La publication des bancs avait pour but d'éviter ce genre de désagrément dans la société moldue. Les mariages ne pouvant être officialisés facilement dans tous le pays, ces publications servaient de vérification de fortune, pour empêcher les futurs mariés non sorciers de commettre le crime de bigamie. Dans le monde qui était celui d'Hermione depuis quelques années, il suffisait de magie de vérifier cela en quelques secondes.
L'homme gobelin prit quelques cheveux de la jeune femme et les plaça dans un tube à essai, avant d'y ajouter quelques gouttes d'une potion violette. Moins d'une seconde plus tard, le membre du ministère sourit face à la fiole virant au rose :
- Parfait, tout est en ordre, les rubans pourrons être enchantés pour demain.
- Il vous fallait ces potions pour cela ? s'intéressa Hermione qui n'avait jamais rien trouvé de très développé concernant le sortilège de la cérémonie à venir.
- Oui, en plus de vérifier que vous êtes bel et bien célibataire, la mixture scellera magiquement votre union, ce qui conservera votre trace magique dans nos registres.
- Ce qui me liera officiellement à Lord Rogue aux yeux du ministère, compléta la jeune femme.
- Au yeux de Dieu avant tout, rectifia le sorcier, mais aussi au sein de notre bon vieux ministère il est vrai.
Hermione n'écoutait plus vraiment, pensant au lendemain.
- Voulez-vous boire quelque chose ? proposa Minerva en souriant.
- Oh, cela aurait été avec plaisir, mais je dois me rendre à l'église pour parler au prêtre qui va officier demain. Même s'il fait partie des moldus officieux, toléré par le ministère, au courant de notre nature, nous préférons toujours aller sur place dès la veille pour nous assurer que tout se passera sans encombres.
- Oui, c'est préférable, admit Minerva. Si nous pouvons éviter de reproduire la grande panique, ce serait mieux.
C'était une anecdote populaire chez les sorciers, mais Hermione n'était pas certaine de la véracité de cette histoire, tout du moins de l'origine de celle-ci. La grande panique aurait eu lieu dans les années 1666, le jour où un prêtre qui devait officier le mariage d'un couple sorcier tomba malade et fut remplacé en dernière minute. Le remplaçant n'avait pas été mis au courant de l'existence de la magie et, alors que la cérémonie du ruban commençait, se dernier paniqua et tenta d'immoler les invités par le feu… entraînant l'une des pires catastrophes qu'ait connu Londres.
Pour l'heure, ce n'était pas tant pour la capitale que s'inquiétait vraiment la jeune femme. Elle se demandait surtout si sa propre existence résisterait à la cérémonie du lendemain.
…
Elle se le demandait toujours alors qu'elle se tenait devant la porte close de la demeure Mcgonagall. Son père lui prit la main et sourit :
- Ne t'en fais pas ma chérie, tout vas bien se passer.
- J'espère , admit-elle en le regardant.
- Tu sais, hésita un instant son père, si… eh bien, si tu as le moindre doute sur ton futur bonheur je… je pourrais fermer les yeux un instant le temps que tu disparaisses littéralement par magie.
Dire qu'elle s'attendait à cette remarque aurait été mentir. Elle regarda son père avec stupéfaction alors qu'il s'expliqua :
- Je veux ton bonheur ma chérie, et j'avais l'impression que ce serait avec cet homme ! Mais si tu penses te tromper, si je me fourvoie, alors je préfère te voir fuir et en assumer les conséquences pour toi. Ta mère serait d'accord avec moi et tu le sais !
- Merci papa, dit-elle en le serrant contre elle. Merci… mais je ne fuirais pas, jamais je ne me le pardonnerais ! Je serai heureuse, je ferai tout pour l'être et tu sais à quel point je peut être têtue. Ne t'en fais pas pour moi.
Se reculant, elle retrouva un sourire franc. Elle s'était perdue de vue elle-même depuis un temps, mais comme son père - qui pourrait se sacrifier pour le bonheur de sa fille - elle se sentait capable de sacrifier certains aspects de sa vie pour ses rêves. Elle s'en souvenait maintenant pleinement et cela la ragaillardit :
- Tu veux bien m'accompagner dehors ? Mon époux m'attend !
John sourit alors et, rassuré, tendit son bras à la mariée qui le prit sans hésiter. Quand ils sortirent enfin, Hermione vit le soleil de ce si beau mois de juillet ainsi que les fleurs colorées du jardin de la demeure Mcgonagall qui rayonnaient tels des diamants. C'était ici qu'elle avait souhaité officier, dans un lieu familier et où elle se sentait en sécurité, avec ses proches auprès d'elle.
Comme souvent dans les mariages, peu de gens étaient invités, le but n'étant pas de faire une fête outrancière pour des noces après tout. Harry, Ron, Ginny et leurs parents étaient présents, ainsi que Minerva et… Dumbledore lui-même. Elle n'avait pas souvenir de l'avoir invité, ne serait-ce que pour éviter de croiser son regard en épousant un homme autre que celui qu'il lui avait chaudement recommandé. Pourtant, il semblait moins en colère qu'elle ne l'eût cru, il semblait presque heureux alors qu'il parlait en souriant à une dame que la mariée ne connaissait pas. Au vu des vêtements qu'elle arborait et de sa prestance certaine, il ne pouvait s'agir que de sa belle-mère…
Puis alors que son père et elle s'approchait de l'allée parsemée de pétales de lys, elle releva enfin la tête et vit le marié. Il se tenait droit devant une arche assez cliché mais somme toute très jolie, entourée de fleur rose, violette et blanche : des cosmos. Il était vêtu d'une tenue qu'elle n'aurait imaginé, un ensemble très écossais, du tartan vert, bleu et gris, en passant par le kilt assorti ! Il avait attaché ses cheveux en une natte lâche et avait aujourd'hui une barbe de quelques jours taillée à la perfection avec un motif aussi fin qu'artistique. Il s'agissait clairement de la tenue traditionnelle de son clan, c'était un Lord après tout, mais il ne semblait pas très à l'aise ainsi vêtu.
Il regardait le sol comme si ses chaussures étaient les éléments les plus passionnant de sa journée puis il redressa la tête quand la musique nuptiale se lança, jouée par quelques musiciens que Minerva avait trouvés important de faire venir pour l'occasion. Non sans hésiter, il finit par porter son attention sur celle qui s'approchait de lui. Son regard était impénétrable, comme toujours, à une exception peut-être : une lueur curieuse qui passa furtivement dans ses iris, d'ordinaire aussi noir que les ténèbres qui faisait la réputation de sa famille. Hermione ne sut pas si elle aurait dû s'en sentir flattée ou plutôt effrayée, mais elle garda la tête haute en arrivant enfin à son niveau.
La musique cessa alors et les invités, qui s'étaient levés pour voir la mariée s'avancer, se rassirent, à l'exception des témoins des époux qui s'approchèrent au contraire. Lord Rogue avait choisi un homme pour cette tâche, l'inverse total de lui. Un blond vénitien aux yeux bleu-gris, l'air joyeux, qui souriait de bon cœur en observant le sombre sorcier. Se pouvait-il qu'il fusse un ami à lui ? Se pouvait-il même qu'il ait un ami ? En traversant le jardin, elle avait bien remarqué le peu de monde présent du côté du marié après tout.
Elle n'eut pas le temps de se poser plus de question que la cérémonie commençait déjà. Le prêtre ne semblait pas vouloir brûler vifs les époux malgré leur nature et tout le sermon se déroula sans encombre et plus vite encore qu'elle ne l'aurait pensé… ce n'était pas une messe après tout. Puis le sorcier à l'air de gobelin, qui s'était fait discret jusque là, approcha à son tour, un ruban rouge à la main.
- Maintenant, avant d'officialiser cette union devant dieu, il est tant de le faire aussi devant notre ministère ! dit-il avec fierté. Lord Rogue, veuillez prendre la main de Miss Granger je vous pris.
Sans un mot, il tendit la sienne alors que la jeune sorcière fit de même, sans jamais relever les yeux. Il attrapa alors la main d'Hermione et l'enserra délicatement. Ses doigts étaient froids mais sa peau était bien plus douce qu'elle ne l'eût cru. Il ne bougea pas d'un pouce alors que Monsieur Signataire enroula magiquement le ruban autour des mains et des poignets des deux autres sorciers :
- En ce jour bienheureux, où deux êtres s'unissent devant dieu et le ministère, j'ai l'honneur de sceller le lien symbolisant les engagements qu'ils souhaitent se promettre l'un à l'autre, devant vous. Si quelqu'un dans l'assemblée ici présente à une raison quelconque de s'opposer à cette union, qu'il l'indique maintenant ou se taise à jamais.
Personne ne dit rien et le membre du ministère s'en réjouit plus que quiconque. Il pointa sa baguette sur le ruban :
- Que ce lien soit aussi éternel que l'amour que vous vous porterez !
Le ruban s'illumina magiquement et une aura rouge emmena de ce dernier. Le prêtre reprit sa place et demanda :
- Lord Severus Tobias Rogue, voulez-vous prendre pour épouse Miss Hermione Jane Granger, pour l'aimer fidèlement dans le bonheur ou dans les épreuves, tout au long de votre vie ?
Le susnommé garda étonnamment le silence… voulait-il tout annuler ? Il n'allait quand-même pas oser la mettre dans l'embarras alors qu'elle s'était montrer si courageuse ! Le prêtre dû toussoter pour faire réagir le sorcier qui resserra la main d'Hermione avec force :
- Oui, je le veux, dit-il à haute et intelligible voix.
Le ruban bougea et s'incrusta légèrement dans les mains et poignets des futurs époux, sans que cela ne fusse douloureux. La jeune femme trouva cette magie fascinante malgré ce que cela représentait, mais au moins ne lui avait-il pas fait l'affront de la rejeter maintenant, c'eût été pire que le mariage lui-même.
- Miss Hermione Jane Granger, voulez-vous prendre pour époux Lors Severus Tobias Rogue, pour l'aimer fidèlement dans le bonheur ou dans les épreuves, tout au long de votre vie ?
- Oui, je le veux, répondit-elle sans une once d'hésitation.
Le ruban s'incrusta encore, jusqu'à disparaître entièrement, comme ne faisant plus qu'un avec les époux. Hermione sentit des fourmillements dans ses mains, en lien avec le sort qui l'unissait maintenant officiellement à Rogue…
- Je vous déclare donc mari et femme ! Lord Rogue, vous pouvez embrasser la mariée !
Son courage disparu bien vite au moment de devoir redresser la tête pour la clôture du mariage en lui-même. Elle sentit qu'il s'approcha d'elle alors qu'il n'avait même pas prit la peine de relâcher sa main.
- Fermez les yeux, lui murmura-t-il.
Sans réfléchir plus, elle obéit alors qu'il redressa son menton avec douceur. Elle se rappela à ce moment là du premier baiser qu'il lui avait volé, et voilà qu'il volait en quelque sorte sa vie par celui-ci. Les fines lèvres de Rogue se posèrent sur les siennes et Hermione ne bougea pas. Elle s'était imaginée qu'il serait plus franc et direct que la première fois, maintenant qu'il n'avait pas à se cacher derrière une ruse perfide, pourtant il fut tout aussi délicat que dans les jardins de Poudlard. Était-ce donc toujours comme ça, d'embrasser un homme ?
Quand il se recula enfin, elle rouvrit les yeux et constata qu'il avait lui-même clos les siens. Peut-être qu'il était de coutume de le faire ainsi… ce n'était pas si désagréable en réalité, même si c'était curieux. Peut-être que c'était encore mieux quand on aimait la personne en question.
La tête pleine de questions, elle remarqua derrière Rogue une ombre, au loin. Sirius était venu et l'observait à distance avant de disparaitre simplement. Hermione sentit son cœur se serrer un tant soit peu avant de reporter son regard sur l'homme face à elle : son mari pour le restant de ses jours.
