Bonjour bonjour ! Nous revoici avec la suite des aventures de nos deux randonneurs. Au chapitre précédent, les eaux thermales et la tranquillité de la montagne ont fait leurs petits effets... Comment vont ils réagirent après cette nuit pleine de promesses ? On vous laisse le découvrir.

Bonne lecture !

Shadow: Merci pour ton retour et ta fidélité sur cette histoire. On est aussi très contentes du rendu du dernier chapitre. Ravie qu'il t'ait autant plu.


Après une journée riche en action et en émotions, précédée d'une nuit courte, Kagami a le sommeil lourd et reste endormi plus longtemps que d'ordinaire, jusqu'à ce que le soleil vienne le déranger. Il plisse les yeux dans la luminosité matinale, les souvenirs de la veille ressurgissant dans son esprit embrumé. Il prend conscience du corps nu d'Aomine près du sien et soudain il réalise tout ce qui s'est passé. Ce rapprochement physique était une étape qu'il redoutait et qu'ils ont franchie... Il a adoré ce moment, et espère juste qu'il en a été de même pour le brun. À cette évocation, un bonheur angoissé fait palpiter son cœur et son estomac, le réveillant tout à fait.

Kagami se tourne sur le dos et s'étire, songeant avec regret qu'aujourd'hui, ils rentrent chez eux. Mais il garde l'espoir que cette escapade aura scellé quelque chose entre eux, et que désormais leur relation continuera à évoluer dans le bon sens.

Il se lève discrètement et enfile le peignoir de la veille, sortant sur la terrasse pour contempler les montagnes, bleues dans la lumière du matin. Il fait encore un peu frais, mais il accueille avec plaisir la sensation qui dépose des frissons sur son épiderme. Il veut encore profiter un peu de l'atmosphère si paisible et grandiose à la fois des hauteurs, et s'en imprégner pour peut-être en rapporter un peu de sérénité dans son sac à dos sur le chemin du retour.

Lorsqu'il ouvre un œil, il est seul dans le futon. Aomine niche son visage sous un oreiller imprégné du parfum de Kagami, lui rappelant sa seconde nuit passé à ses côtés. Il prend le temps d'émerger en savourant la chaleur timide du soleil qui s'égare sur son dos, puis se retourne paresseusement dans les draps pour observer la pièce. Il trouve Kagami assis en terrasse avec une tasse de thé fumante et un doux sourire s'invite sur son visage lorsqu'il découvre sa silhouette se découpant à contre-jour. Il aime l'avoir dans son périmètre. Le savoir à portée de regard et à portée de voix. Il se décide finalement à le rejoindre, prenant soin de s'habiller un minimum. Il récupère son jogging, rougissant presque en l'enfilant, la seconde tasse de thé laissée à son attention et vient s'assoir aux côtés de Kagami à pas de loup, pour ne pas troubler sa tranquillité.

Kagami tourne la tête lorsque la silhouette d'Aomine entre dans son champ de vision, et il lui adresse un sourire. Il est heureux de le voir, il lui semble différent ce matin. L'intimité qu'ils ont partagée rend sa présence physique plus intense, et il remarque tous les petits détails, ses yeux encore un peu gonflés de sommeil, ses cheveux ébouriffés, et même son parfum chaud et réconfortant au réveil.

« Hey... Bien dormi ? »

Peu importe le cadre et la nuit qu'il a passé, Aomine n'est vraiment pas du matin – sauf découverte de levé de soleil épique – cela va de soi. La faute peut-être à son rythme décalé qui rend tout réveil avant midi difficile. Il émet un vague grognement avant de boire une gorgée de sa boisson chaude. Il emplit ensuite ses poumons de tout l'air pur qu'il peut et expire en fermant les yeux. Encore nimbé de sommeil il ne prend pas vraiment conscience de ses gestes et laisse sa tête engourdie reposer sur l'épaule moelleuse de Kagami. Dans un bâillement incontrôlable il demande tout de même :

« Et toi ? »

Kagami sourit à voir la panthère si mal réveillée et pose un baiser dans ses cheveux qui lui chatouillent le cou.

« Très bien... À vrai dire, ça faisait longtemps que j'avais pas aussi bien dormi. »

Un sourire taquin retrousse ses babines et la tentation étant plus forte que la raison, Aomine sort tout haut la connerie qu'il pense tout bas.

« Je suis un doudou efficace alors ? »

Kagami laisse échapper un léger rire et acquiesce.

« Ouais... C'est ce qu'il semblerait. Peut-être bien que je vais te garder.

— Ça fait encore un bon point pour moi on dirait », marmonne-t-il plus pour lui-même en se redressant pour boire son thé.

Kagami ne répond rien mais sourit, il est vrai que le brun cumule ces fameux bons points depuis le début du week-end. Il reprend une gorgée de thé, profitant de la tiédeur du soleil sur ses jambes et son visage.

Maintenant que la brume s'estompe dans son esprit, Aomine est pris d'une sorte de malaise. Il ne sait pas trop s'ils doivent parler de la veille, si Kagami s'attend à quelque chose en particulier de sa part et il se sent bien incapable de savoir quoi dire pour le moment. Quelque part il a conscience que c'est énorme, mais il reste étrangement en retrait, comme si ce n'était pas vraiment lui hier soir. Et peut-être bien que dans le fond c'est le cas.

Kagami laisse le brun se réveiller, mais au bout de quelques minutes, il demande :

« À quelle heure est-ce qu'on doit rendre la chambre ? »

Aomine se tourne vers Kagami avec une moue dubitative.

« Aucune idée. Avant 15 heure je dirais. Pourquoi, t'es pressé ? » demande-t-il un brin inquiet, lui-même n'étant pas pressé du tout. Revenir dans son quotidien et prendre part au monde extérieur à ces murs lui parait trop brutal.

« Non, répond Kagami en secouant la tête. Mais je pensais qu'il faudrait partir avant midi et on a un peu traîné au lit », ajoute-t-il avec un sourire.

Il répond avec un rictus et une œillade entendue.

« Comme si t'étais du genre à faire des grasses mat'. J'me trompe ? demande le flic avec un haussement de sourcil moqueur.

— Hm non... Plutôt lève-tôt, reconnaît Kagami. Même quand je game tard... Mais bon ici c'est pas pareil... J'ai l'impression d'être en vacances.

— Ouais j'te l'accorde, ça donne pas envie de repartir... Tu veux le p'tit dej' au lit ? » s'entend-il proposer.

Le rouge lui adresse un regard surpris, puis acquiesce.

« Eh bah... Pourquoi pas. J'avoue, ça serait une première ! »

Aomine lui sourit, avale le fond de sa tasse et dépose un baiser sur sa joue, se surprenant encore par ce geste auquel il n'a pas réfléchi.

« Bouge pas je vais demander ça. J'ai la dalle... » confesse-t-il en se redressant.

Kagami lui sourit, ravi de ce petit geste de tendresse. Lui aussi a l'estomac dans les talons, comme toujours le matin, et surtout après une nuit comme celle-là. Il regarde le brun s'éclipser et s'étire, content pour une fois de n'avoir rien à faire ce matin.

Aomine enfile le premier t-shirt qu'il trouve puis referme le battant de la porte coulissante derrière lui. Comme chez lui, il rejoint la cuisine où il sait trouver Mei derrière ses fourneaux. Au seuil de la pièce il s'arrête sur les quelques marches et se retient à une des poutres du plafond. Voilà bien longtemps qu'il ne tient plus dans l'encadrement et la vieille femme ne tarde pas à le repérer.

« Oh Daïki tu es levé ? »

Il lui sourit gentiment et descend à sa rencontre, piquant un grain de raisin sur la table pleine de victuailles au passage. Elle lui tape sur les doigts en faisant mine de le gronder puis lui demande s'il a bien dormi en s'affairant au-dessus d'une marmite. Ils échangent un peu sur les travaux de rénovation et le jardin qu'il a trouvé superbe, puis l'aide à préparer un plateau qu'il compte ramener dans sa chambre, remplissant bien chaque contenant, se sentant affamé par toutes les odeurs alentour.

Alors qu'il s'apprête à la laisser tranquille en prenant garde à ne rien renverser, elle le retient et glisse une feuille sous une des assiettes.

« Tien, pour ton ami. C'est la recette du plat d'hier soir. »

Il la remercie d'un sourire, amusé par l'idée que Kagami vient de se faire adopter sans le savoir puis traverse les couloirs dans un équilibre précaire, croulant sous le poids de son buffet.

Kagami s'est réinstallé dans son futon, calé paresseusement contre les oreillers, et il rit amusé quand le brun débarque avec un plateau très garni. Au moins, ce matin encore il n'a pas à se soucier de ne pas pouvoir contenter son estomac exigeant.

« Eh bah ! T'as rapporté tout un festin ! » s'exclame-t-il en se redressant.

Le brun se concentre lorsqu'il installe le plateau au milieu des futons. Fier de lui et de son exploit il surjoue les serveurs aguerris dans une petite courbette avant de prendre place à ses côtés.

« C'est que je commence à connaître l'appétit de Monsieur... Bon app' ! »

Kagami s'amuse de son petit numéro et salive à la vue des diverses mets disposés sur le tableau.

« Ça a l'air délicieux... Bon app ! »

Sans attendre, il s'empare de ses baguettes et commence à déguster quand il aperçoit le bout de papier :

« C'est quoi ? La note ? On est ruinés ? Parce qu'elle a l'air longue ! »

Aomine ricane, la bouche déjà pleine. Il déglutit pour lui répondre.

« Nan c'est la recette du plat du jour qu'on a dévoré hier. Si elle te l'a écrit, c'est que t'es un vrai VIP. »

Kagami hausse les sourcils et attrape la feuille pour la lire tout en mangeant.

« Hm... Ça m'a l'air faisable. J'ai hâte d'essayer ! »

Le brun acquiesce, plus occupé à faire sa fête aux différents plats qu'à lire la recette. Si Kagami le dit, il le croit volontiers. Il ralentit un peu lorsque l'urgence de manger se calme et se sert une tasse de café. Il soupire d'aise en profitant de ce moment qui rajoute un air de vacances à leur escapade, satisfait de ne pas partager leur nouvelle intimité avec le reste des clients de l'auberge. Égoïstement, il veut garder Kagami pour lui encore un peu, sachant qu'ils rentreront bientôt pour reprendre le cours leurs vies.

Kagami prend également son temps pour manger, ce n'est pas tous les jours qu'il a un si bon petit-déjeuner déjà tout préparé, et en plus à déguster en bonne compagnie. Il apprécie le calme du moment et se dit que ça va vraiment lui faire drôle de regagner son appartement bruyant en ville, et aussi de se séparer d'Aomine. Cependant, il repousse ces pensées pour le moment, inutile de se mettre à déprimer dès maintenant...

Aomine termine son bol le regard divaguant sur l'extérieur. Le silence entre eux est confortable, et bien que la question d'aborder ou non la veille revienne lui chatouiller la conscience, elle ne le gêne pas plus que ça. Peut-être parce que Kagami n'a pas changé de comportement. Parce qu'il reste fidèle à lui-même, comme si rien d'inhabituel n'était venu troubler leur soirée. Il remarque tout de même que ses regards sur lui sont moins discrets, ou alors il en a seulement une conscience accrue, il ne saurait dire. Quoiqu'il en soit il apprécie que Kagami le regarde, même si ça le rend un peu fébrile, se souvenant de la tension que certains échanges peuvent susciter.

Quand il termine finalement son petit-déjeuner, Kagami se rallonge en soupirant de satisfaction. Il devrait aller prendre une douche, mais il n'est pas pressé de bouger. Pour une fois, il apprécie un moment de paresse. Il réalise qu'il avait bien besoin d'une matinée comme ça, et il est heureux d'avoir pu véritablement se détendre ce week-end. Il lance un coup d'œil de côté à Aomine :

« Tu voudras retourner te baigner avant de partir ? »

Il considère sérieusement la proposition. C'est vrai qu'ils ont encore le temps mais ça ne le tente étonnement pas plus que ça. Il préfère rester dans le calme de leur chambre.

« Hum nan ça me dit trop rien... Toi ?

— Je me sens pas d'humeur difficile aujourd'hui, dit-il en souriant. Tout me va. »

Et c'est vrai, qu'ils choisissent une activité ou qu'ils ne fassent rien, il veut juste profiter en paix de ces dernières heures.

Toujours à sa contemplation, le brun hoche la tête doucement, puis écarte le reste de leur repas pour s'installer plus confortablement. Le cœur battant un peu plus vite il s'autorise à regarder Kagami et son air serein. Il détaille sa chevelure indomptable, s'attarde sur son sourire tendre puis glisse sur la peau nue de son torse dévoilée par les pans du peignoir entrouvert. Cette fois il ne prend pas la peine de demander l'autorisation, et y pose sa main pour le toucher à la lumière du jour, pensif.

La main d'Aomine lui paraît chaude sur sa poitrine et un léger frémissement le parcourt. Il effleure le dos de sa main du bout des doigts, caressant son poignet avant de remonter sur son bras tandis qu'il cale le sien derrière sa tête, soupirant doucement de plaisir.

Aomine observe les doigts de Kagami courir sur sa peau. Il apprécie qu'il le laisse trouver son rythme, sans jamais le forcer mais trouvant toujours une façon silencieuse de l'encourager. Aomine est plutôt du genre entreprenant, séducteur, joueur d'habitude. Mais le faire si ouvertement avec Kagami a quelque chose d'intimidant. Comme si le fait qu'il soit un homme lui faisait oublier ce naturel qui ne demande pourtant qu'à ressurgir pour lui faciliter la tâche, alors qu'il se fait l'impression d'un novice qui découvre l'intimité pour la première fois. À cette pensée, il fronce les sourcils, réalisant que dans en sens, ça ne pourrait être plus vrai. En fait, il ne se reconnait tout simplement plus, se demandant même s'il s'est véritablement connu un jour à la lumière de ce qu'il éprouve en sa présence, avec leurs peaux qui se frôlent. Dans un soupir de lassitude il se penche pour coller son front au torse puissant et attirant de Kagami, cherchant un peu de réconfort dans ses caresses.

« Qu'est-ce que tu me fais Kagami... » murmure-t-il sans véritablement attendre de réponse.

Kagami relève la tête pour observer le brun, bien qu'il ne puisse voir son visage. Il glisse sa main sur sa nuque et la masse doucement, puis un sourire étire le coin de ses lèvres.

« Rien de spécial... Enfin je crois... Pourquoi ? »

La panthère grogne entre ses pectoraux avant d'y appuyer un peu sa tête pour protester. Il aurait mieux fait de se taire s'il avait su que Kagami en jouerait à son avantage.

« Tu sais très bien pourquoi... » maugréé-t-il. Mais de bonne grâce et parce qu'il éprouve le besoin d'en parler au risque de se donner la migraine, il poursuit d'un ton moins grognon. « Tu me fais ressentir des choses qui ne me sont pas familières, et tu me donnes envie d'autres que je pensais pas vouloir. »

Il n'ose pas redresser le regard vers lui, un peu honteux de ses propres aveux mais n'arrive cependant pas à se soustraire à son contact.

Kagami réfléchit à ses paroles, mais il n'est pas vraiment sûr de comprendre. Ses doigts ralentissent sur sa nuque et il se mordille la lèvre, puis choisit de demander directement :

« Tu veux dire d'un point de vue... intime ? »

Il inspire doucement pour trouver le courage de répondre, mais puisqu'il est lancé... Il redresse finalement le visage et se cale pour croiser son regard.

« Ouais, principalement... »

Kagami soutient son regard d'un air sérieux, cherchant à deviner les pensées du brun.

« Okay... répond-il, hésitant. Et c'est... déstabilisant ? Perturbant ? Ou... désagréable ? »

Sa ride du lion se creuse lorsqu'il y réfléchit et déni la dernière option.

« Déstabilisant c'est sûr... Du coup je ne sais jamais comment réagir, ça me soule. De là à dire que c'est désagréable, non. Ce serait même plutôt le contraire... » admet-il dans l'ombre d'un rictus. « C'est juste... parfois j'arrive à n'écouter que ce qu'il y a là, et d'autres c'est ça qui prend le dessus », explique-t-il maladroitement en désignant successivement son ventre, où loge son instinct, et son crâne.

Kagami sourit à ces mots et glisse ses doigts dans ses cheveux avant de murmurer :

« Tu dis ça comme si ça faisait longtemps qu'on était ensemble... Peut-être que d'habitude ça se passe pas comme ça pour toi, mais... Moi ça me paraît plutôt normal. Mais en fait, tu sais très bien comment réagir. C'est comme au basket : c'est quand tu commences à penser comment réagir que tu laisses filer la balle. Tu te poses peut-être des questions parce que là... c'est du foot plutôt que du basket », ajoute-t-il en riant de sa propre comparaison, qu'il choisit cependant de suivre jusqu'au bout : « Mais au fond... ça reste du sport. »

Attentif, Aomine l'écoute et fronce un peu plus les sourcils, incertain de la comparaison. Mais au moins, il comprend où il veut en venir et ça lui arrache finalement un sourire.

« Mouais... mais même si ça reste du sport, les règles sont pas les mêmes. Enfin j'imagine... » Il s'égare dans ses propos et la métaphore de Kagami, décidément perdu. « Je sais même pas ce que j'essaie de dire... D'habitude je me pose pas milles questions. Je sais ce que je veux et ce que la personne en face attend.

— Hm... J'aime pas dire ça, mais là je pense que tu réfléchis trop... Et puis, tu vas me dire que je suis mal placé pour le dire, mais je suis pas sûr que ce soit fondamentalement aussi différent... » Kagami fait une pause, réfléchissant tandis qu'il continue de jouer avec ses cheveux coupés courts, puis reprend : « En attendant... Moi je tiens pas les comptes et j'ai pas de calendrier... Et puis... je peux te guider aussi... »

Trop réfléchir... certainement. Il se souvient hier soir comme tout est devenue plus limpide un fois qu'il a mis son esprit sur off, se laissant guider uniquement par ses envies et ce que lui criait son corps. Il sent ses joues s'échauffer à ce souvenir, revoyant Kagami torse nu sous ses doigts avides de le découvrir. La main de ce dernier parcourant son cuir chevelu n'aide pas plus à rester concentré. Son pouls s'accélère lorsque son regard s'attarde sur les lèvres de Kagami. Nerveux mais un peu plus confiant à l'idée d'être guider, il accepte sa proposition.

« Ok... alors montre-moi. »

Kagami sourit, le brun a peut-être des doutes et trop d'interrogations dans la tête, mais il est toujours aussi prompt à passer à l'action. Il l'invite à se rapprocher de lui pour pouvoir l'embrasser, savourant sur ses lèvres son goût de café. Il aime la sensation du poids de son corps contre le sien, et referme ses bras autour de lui, agrippant son t-shirt.

Lorsqu'il retrouve ses lèvres, il répond à son baiser avec gourmandise, se délectant du frisson qui dévale son dos. Voilà une chose à laquelle il n'a plus envie ni besoin de réfléchir. Il aime ça et il devient sérieusement accro à cette façon d'être embrassé. Aomine lui rend son étreinte en glissant ses avants bras sous son buste, se pressant contre lui.

Kagami aime la spontanéité avec laquelle son partenaire répond à ses baisers, les savourant avec la même gourmandise que lui, ça le rassure et ça réveille son désir tandis que ses mains retrouvent leur chemin sous le tissu pour pouvoir mieux le toucher. Sa peau tannée est douce sous ses paumes, et il se délecte de suivre le tracé de ses muscles. Il est nu sous son peignoir, mais ne s'en soucie pas lorsqu'il décale son bassin pour l'emboîter avec celui du brun, le capturant entre ses cuisses avec un léger gémissement de satisfaction.

Ses lèvres toujours rivées à celles de Kagami se retroussent en recueillant ce son de contentement. Il note dans un coin de sa tête avec amusement que le tigre semble se réjouir de le retenir prisonnier, lui laissant très peu de possibilité de mouvement. Aomine qui n'avait pas envie de s'enfuir se demande vaguement s'il n'aurait pas dû, face à tant de possessivité. Mais après-tout, c'est lui qui a demandé... Alors il ne se dérobe pas, acceptant son sort, curieux de découvrir la suite.

Kagami glisse ses mains au creux de ses reins avant de descendre sur ses fesses et les presse pour le plaquer contre lui, stimulant son érection alors qu'il ondule doucement du bassin. Il relâche les lèvres d'Aomine pour revenir s'attaquer à son cou qu'il aime dévorer de baisers, d'autant qu'il a remarqué que ça a tendance à faire gémir le brun. Il s'enflamme à son contact, le désir contractant presque douloureusement son bas-ventre, mais il s'efforce de garder un rythme lent et sensuel.

Si le début était amusant, Kagami vient de lui ôter toute envie de rire. Les baisers mordants dans son cou le font frémir, et il se cambre pour lui en donner le libre accès. Il est vite submergé par la chaleur qui s'étend dans son ventre et brule ses reins qu'il reconnait comme son désir. S'il se surprend encore à trop analyser, conscientiser cette émotion a le don de réveiller son sexe qui vient rencontrer celui de son partenaire. Son cœur s'affole dans sa poitrine, mais son esprit s'égare définitivement dans le néant lorsque la langue de Kagami vient le caresser derrière l'oreille. Il émet un gémissement qui tient plus du ronronnement et se laisse aller à la volupté qui s'empare de lui.

Kagami soupire de plaisir tandis qu'il sent le sexe du brun se dresser contre le sien. Son peignoir glisse et sa verge se plaque contre l'entrejambe du brun, lui arrachant un grognement de désir. Il masse les fesses d'Aomine alors qu'il continue d'onduler contre lui, laissant la volupté embraser ses sens. Il aime tellement être au contact du brun, il a soif de son corps, de ses soupirs, et il a envie de lui donner envie d'explorer ces nouveaux plaisirs.

Sentir le désir de Kagami ne l'effraie pas comme il aurait pu s'y attendre. Ça le stimule et attise le sien qu'il découvre encore. Il aime sentir ses dents effleurer sa peau, et ses doigts s'imprimer sur sa chair, à lui faire presque mal. Il revient piquer ses lèvres pour les mordiller avant de chercher sa langue. Son parfum envahit ses sens et l'entraîne un peu plus loin dans le lâcher prise. Le sexe du tigre frotte le sien à travers le tissu et il frissonne sous une caresse plus appuyée. La sensation est déroutante. Déroutante parce qu'inédite mais surtout parce qu'il ne pensait pas en retirer autant de plaisir. Il grogne entre les lèvres de Kagami qu'il tient toujours captives et sa main qui semble agir seule tant son geste est naturel, saisit sa cuisse pour raffermir leur emboitement.

Kagami frémit en sentant la poigne du brun, son souffle se fait rauque et précipité alors qu'il se sent proche de l'orgasme. Il crispe une main sur la nuque d'Aomine, enfonçant ses ongles juste sous la racine de ses cheveux alors que ses lèvres s'entrouvrent sur un gémissement. Il ne cherche pas à lutter, à se contenir, il veut juste s'égarer dans cette délicieuse volupté, sans réfléchir, et se livrer aux lèvres d'Aomine. Il frotte son bassin à celui du brun et lâche prise, avec cette déroutante impression de tomber sans vertige, et mord sa lèvre alors que l'orgasme le fauche finalement, faisant frissonner tout son corps.

Le brun reste figé en découvrant l'expression d'extase de Kagami, ne comprenant pas tout de suite pourquoi il cesse d'onduler contre lui. Son cœur pulse dans sa poitrine, le laissant haletant et aux veines gonflées autant par l'effort que le désir. Il est surpris de la rapidité avec laquelle leurs corps se sont embrasés, et d'avoir éprouvé autant de sensations délicieuses de cette façon. Essoufflé, il observe Kagami, les yeux toujours clos, en relâchant doucement sa cuisse qu'il effleure du bout des doigts dans une caresse presque hésitante. Ainsi débraillé, le visage rougit et les lèvres humides de ses baisers, il le trouve magnifique. C'est une nouvelle facette de lui qu'il découvre, et il prend soin de la graver dans sa mémoire.

Kagami entrouvre les paupières et sourit au brun, relâchant sa poigne sur sa nuque et glissant sa main le long de son dos.

« Fuck... That was good... » souffle-t-il d'une voix un peu rauque, encore étourdi de plaisir.

Toujours un peu sonné d'être responsable de l'orgasme de Kagami, il éprouve un étrange mélange de gêne et de fierté. Mais Aomine lui offre un sourire, amusé par l'anglais employé. Il n'est pas bilingue, mais il pense avoir saisi le sens général.

« Ouais... c'était intense...» admet-il pensif.

Kagami redresse la tête pour ravir ses lèvres, l'embrassant avec la satisfaction du fauve repu. Puis, il le contemple, laissant toujours sa main dériver sur le dos du brun.

« Tu es super hot », remarque-t-il avec un sourire, content d'en arriver à un stade où il peut dire ce genre de choses librement, même si ça risque de déstabiliser un peu Aomine.

Aomine ne s'y attendait pas, et juste comme ça Kagami le ramène au moment présent, lui arrachant un éclat de rire. Il sait qu'il plait, qu'il ne laisse pas les regards indifférents, mais ça n'arrive jamais qu'on soit aussi franc avec lui sur la question. Ça le change et s'il en croit son visage qui s'échauffe sous le regard brulant de Kagami, il apprécie.

« Ouais je sais... » répond-il faussement blasé pour masquer son trouble.

Ça fait rire Kagami de voir Aomine se rengorger tout en rougissant, un paradoxe qu'il trouve plutôt craquant.

« Yeah... J'imagine qu'on te le dit souvent. Va falloir que je m'assure d'anéantir la concurrence... »

Aomine pouffe encore puis plonge dans le regard de braise pour mesurer le sérieux de ces propos. C'est vrai qu'ils en sont encore à un stade d'exploration. Enfin, surtout lui... Mais imaginer un Kagami possessif serait une première pour lui qui n'a jamais eu de relations laissant à ses partenaires l'opportunité de l'être.

« Pas tant que ça figure-toi. Pas aussi franchement en tout cas. » assure-t-il avant de reprendre un ton plus bas. « Et c'est pas moi qui ai des visiteurs nocturnes louches que je sache... »

Kagami secoue la tête en souriant.

« C'est pas vraiment le genre de circonstances où t'as envie qu'on te trouve hot... Mais j'ai mes petits succès aussi dans les bonnes circonstances », ajoute-t-il avec un rictus provocateur.

Le brun grimace et il sent ses doigts se resserrer involontairement sur la hanche de Kagami. Oui, ça il le sait. Merci... Dans un élan de cette rage reminiscente qui a fait voler ses certitudes en éclats, il fond sur la bouche de Kagami pour lui voler un baiser autoritaire. Lorsqu'il retrouve ses yeux brillant de malice il plisse les siens puis il souffle contre ses lèvres avec un sourire narquois :

« Si tu veux vraiment parler de concurrence, n'oublie pas que de nous deux, c'est moi qui suis armé...

— Tout de suite, les menaces ! » s'offusque faussement Kagami, qui apprécie particulièrement ce baiser possessif. « Mais bon, j'ai pas envie de me mettre un représentant de l'ordre à dos, alors je vais me tenir à carreau. »

Pas dupe, il entend la moquerie dans le ton de sa voix et grogne pour la forme. Il se savait possessif avec ses potes, acceptant mal les nouveaux venus dans leurs cercles proches. Ce qui arrive fatalement en grandissant, lorsqu'on s'éloigne les uns des autres. Pourtant sa réaction arrive à le surprendre. Ça lui ferait presque peur si Kagami n'en riait pas.

Après un furtif baiser en guise d'approbation, il se détache finalement de lui.

« Je vais prendre une douche. Tu crois que tu peux rester sage en attendant ?

— Mais je suis toujours sage ! » proteste Kagami en riant, tandis qu'il en profite pour mater son torse nu sans chercher à se faire discret.

Aomine secoue la tête, pas vraiment d'accord et s'éclipse avant de rougir encore sous ce regard qu'il commence à comprendre.

Sous le jet d'eau chaude, il prend un instant pour revivre ces derniers moments, aussi forts qu'inattendus. Il laisse un sourire taquiner sa lèvre en réalisant qu'il a cette fois été un peu plus acteur que spectateur. Kagami a raison, il y a des réflexes qui sont là. Son corps a l'air de savoir ce qu'il veut, autant lui faire confiance comme il l'a toujours fait. La peur, l'angoisse, toutes ses émotions lui sont familières. C'est son quotidien au travail. Il arrive à les mettre de côté, les dépasser pour rester concentrer. Personne ne veut d'un flic qui freeze sous la pression... Alors il est passé maître dans l'art de les enfermer lorsqu'elles sont trop envahissantes. Mais elles finissent toujours par trouver un chemin, quand il baisse la garde, ou quand il est seul. C'est aussi pour ça qu'il redoute de rentrer. S'éloigner de Kagami, c'est prendre le risque de se laisser submerger.

Kagami se nettoie sommairement et remet de l'ordre dans sa tenue, mais il reste allongé sur le futon, profitant de la douce euphorie après un bon moment de sexe. Il s'imprègne du calme, écoutant l'eau couler dans la salle de bain voisine. Il se sent heureux et le cœur léger, il est soulagé qu'Aomine le laisse approcher et n'hésite pas à tenter des choses avec lui. Il connaît le sexe entre hommes, oui, mais c'est différent avec chaque personne, et cette fois... il est amoureux, ce qui rend tout plus unique et singulier.

Il ferme les yeux, se surprend même à somnoler, lui qui est d'ordinaire si actif et dynamique. Ce week-end en montagne a définitivement fait des merveilles pour lui.

Il ne s'éternise pas dans la douche, mettant brièvement de l'ordre dans ses pensées. Il n'est pas encore temps de s'y attarder. Avec une serviette il frictionne vivement ses cheveux pour en ôter l'eau avant de la nouer autour de ses hanches. Lorsqu'il rejoint l'espace principal il essaie de faire abstraction de sa quasi nudité. Avec ce que Kagami et lui ont partagé... il se voit mal jouer les prudes. D'autant que ce n'est pas son genre, et puis... il voit bien que sa plastique est au gout du tigre. C'est toujours bon pour l'égo quand on manque de confiance sur certains points.

Il s'amuse de le trouver au même endroit et s'approche en silence. Alors qu'il fouille dans son sac à la recherche d'un caleçon il le taquine.

« Je crois que je commence à trop déteindre sur toi. Ou c'est le futon qui est trop confortable... »

Kagami entrouvre un œil et contemple d'un air intéressé sa quasi absence de tenue. La serviette blanche fait encore ressortir le teint caramel d'Aomine, et il devine les lignes de son corps se dessiner sous la fine barrière de tissu.

« Hm... Un peu des deux, j'imagine. Ça fait longtemps que j'ai pas pris autant mon temps le matin... Je crois que j'en avais besoin. »

Et c'est vrai que le fait de s'activer est aussi une manière pour lui de ne pas trop penser et s'attarder sur des appréhensions ou des idées noires. Mais ce matin il n'éprouve pas le besoin de battre en brèche des sensations négatives, au contraire il veut même prolonger le moment et rester baigné dans cette tranquillité.

Le brun lui sourit, content que cette escapade lui plaise autant et qu'elle lui ait permis de faire un break. Une fois sommairement vêtu, ne sachant trop quoi faire de lui, il revient s'assoir dans le futon auprès de Kagami.

« Ravi de constater que tu sais faire la grasse matinée... Et tant mieux si ça te fait du bien. »

Kagami pose une main sur la cuisse d'Aomine et la caresse doucement tandis qu'il émerge, rassemblant sa motivation pour aller se laver à son tour.

« Yeah... C'était vraiment une super idée de s'arrêter à cet onsen.

— Ouais... je trouve aussi », admet-il.

Difficile de dire le contraire étant donné ce qu'ils y ont exploré. Il ne saurait s'expliquer pourquoi, mais il a l'intuition que chez eux, il aurait eu plus de mal à se libérer assez. Et puis ça lui donne aussi une raison supplémentaire d'être attaché à cet endroit.

Kagami finit par se redresser et s'étire longuement, avant de poser un baiser sur la joue d'Aomine.

« Merci », conclut-il avec un sourire, puis se lève et se dirige vers la salle de bain.

Il attend que la porte de la salle de bain se referme pour se glisser dans la place chaude qu'a laissé Kagami. Il s'étire de tout son long comme un chat, imitant l'autre fauve, puis roule jusqu'à trouver son portable. Dans un soupir de résignation, il se décide à consulter les horaires des trains de retour, se préparant doucement à l'idée qu'ils doivent partir.

Kagami redescend doucement sur terre alors que l'eau chaude lui éclaircit les idées. Ils vont bientôt devoir repartir, et s'il regrette de quitter ces lieux, il est aussi impatient de vivre son quotidien différemment... Un quotidien où il est en couple avec Aomine, où ils ont plein de choses à vivre ensemble et à apprendre l'un sur l'autre, sans qu'il n'ait plus besoin de se protéger et de maintenir une certaine distance entre eux. C'est un poids immense qui a libéré sa poitrine, le laissant plus léger et optimiste.

Quand il revient dans la chambre, il choisit des vêtements propres dans son sac, amples et confortables comme il se doit pour une fin de week-end, et s'habille sans se presser, conscient des coups d'œil que lui jette le brun alors qu'il fait mine d'être absorbé par son téléphone.

Maintenant qu'il sait qu'il lui est possible d'éprouver du désir pour Kagami, voir sa peau nue et dorée ne lui fait plus le même effet que la veille, ou lorsqu'il la découvrait pour la première fois à la plage. Elle a tendance à le déconcentrer bien trop facilement. Il s'efforce tant bien que mal de reporter son attention sur l'écran.

« Il y a des trains toutes les heures à la station la plus proche. En comptant la route à faire jusque là-bas, faudrait pas trop tarder pour choper le prochain », explique-t-il pour se redonner contenance.

Kagami termine de s'habiller et acquiesce, avant de s'atteler à rassembler quelques affaires pendant qu'Aomine fait de même. Quelques minutes plus tard, ils sont fin prêts. Kagami se sent un peu vide à l'idée de quitter la montagne, mais se rassure en se disant qu'ils reviendront. Il adresse un sourire un peu mélancolique au brun :

« Bon... On y va ? »

L'estomac noué et le cœur gros, il hoche la tête. Aomine fait un dernier tour d'horizon de la pièce pour en graver les détails, surtout la vue, pour les moments de doutes. Il pourra se transporter ici, profiter de l'atmosphère des lieux même à distance.

Avant que Kagami n'ouvre la porte pour sortir, il le retient par le poignet et l'attire contre lui. Il ne sait pas vraiment comment lui exprimer sa gratitude pour ces derniers jours, pour sa présence, sa patience. Alors il l'embrasse une ultime fois en ces lieux où il a trouvé beaucoup de réponses et d'apaisement. Il caresse les lèvres de Kagami des siennes, espérant lui faire passer ce qu'il ressent sans parvenir le décrire vraiment.

La poitrine de Kagami se serre à la douceur tendre de ce baiser, empreint d'une certaine nostalgie, de sentiments indéfinis, et peut-être même d'une certaine inquiétude. Le rouge serre Aomine dans ses bras et lui rend son baiser, profitant de ces derniers instants dans l'intimité de leur chambre. Puis, il se recule un peu et adresse un sourire confiant au brun.

« C'est que la première de nos aventures », murmure-t-il.

Aomine sent sa poitrine s'alléger à cette idée. Il reprend confiance, réalisant qu'il avait besoin d'entendre ça. Bêtement, la fin de ce week-end sonnait la fin d'autre chose pour lui. Quelque chose qu'il a à peine eu le temps d'explorer et d'apprivoiser. Il réalise maintenant qu'il en arrive au terme, toute la pression qu'il s'était mise pour que cette aventure réponde à ses attentes. Alors même qu'il ne les conscientisait pas toutes. Rassuré par ce rappel, il le laisse ouvrir la porte. Ce n'est pas la fin, ce n'est que le début... se murmure-t-il en quittant pièce.

Ils rejoignent la réception pour faire leurs adieux au couple de gérants. Kagami les remercie poliment pour leur hospitalité, promettant de revenir bientôt.

« Et merci encore pour la recette », conclut-il avec un sourire.

Au moment de régler la note, le jeune flic se bat presque avec Ken lorsque ce dernier lui fait un prix d'ami. Il finit par accepter pour ne pas le vexer mais tandis que son hôte raccompagne Kagami sur le perron avec sa femme, il glisse discrètement un généreux pourboire dans le pot sur le comptoir.

« Reviens nous voir bientôt Daïki, tu te fais trop rare. Le supplie Mei.

— Promis », dit-il en s'inclinant devant le vieux couple.

Sur le chemin jusqu'au portail, il se retourne pour les saluer de loin une dernière fois le cœur un peu lourd, comme à chaque fois qu'il quitte ce havre de paix pour rejoindre le monde extérieur.

Alors qu'ils descendent dans le village où ils doivent prendre le train, Kagami pose une main sur l'épaule du brun et lui sourit :

« Ils étaient vraiment contents de te voir. Faudra pas que tu tardes trop à revenir ! Et j'espère que tu m'emmèneras, ajoute-t-il avec un clin d'œil.

— Moi aussi j'étais content... On pourra refaire la rando au printemps si ça te tente. D'ici là, on peut se contenter de l'onsen.

— Ouais, ça doit être sympa aussi quand le temps se rafraîchit. »

Kagami sourit et retire sa main tandis qu'ils approchent de la gare. Ils n'auront pas longtemps à attendre avant le prochain train pour Tokyo. Il est un peu mélancolique aussi sur cette fin de week-end, d'un autre côté, il a passé deux jours fantastiques et se sent plutôt serein.

« Quand est-ce que tu reprends le boulot, déjà ? » demande-t-il alors qu'ils prennent place sur un banc sur le quai.

Aomine soupire, pas ravi de penser au travail. Cette coupure n'était pas censée être des vacances, et elle n'a pas été de tout repos... Pourtant il a fini par comprendre qu'il en avait besoin. Alors qu'au départ il était frustré d'avoir été mis à pied, aujourd'hui ça le déprime d'y retourner. Il ne se sent pas prêt.

« J'étais censé reprendre demain. Mais j'ai posé une journée. Je me suis dit que j'en aurait besoin après ce week-end, admet-il en se frottant la nuque.

— Dis tout de suite que je suis épuisant ! s'esclaffe Kagami, qui lui donne un petit coup de coude dans les côtes.

— Me fait pas dire ce que j'ai pas dit ! J'avais juste pas envie d'une transition trop violente », s'offusque-t-il en lui frappant l'épaule d'un revers de main.

Kagami rigole, se passant une main dans les cheveux.

« Ouais... Je comprends. Moi je reprends demain, j'ai déjà trop traîné ces temps-ci ! »

Aomine lui offre un regard compatissant et s'en veut un peu d'avoir éloigné Kagami de ses obligations.

« J'espère que t'auras pas pris trop de retard dans ton programme d'entraînement.

— Ouais... T'en fais pas. Ça m'a pas fait de mal d'avoir une petite pause de toute façon. Et puis... j'ai passé un super week-end », ajoute-t-il en lui lançant un regard de biais avec un sourire au coin des lèvres.

Complice, il lui rend son sourire. C'est vrai que ce week-end était spécial. Pour plusieurs raisons, il restera gravé longtemps dans sa mémoire. Aomine rompt le contact visuel presque malgré lui lorsqu'il aperçoit leur train sur les rails au loin. Bientôt, ils entendent le roulement régulier et sentent les vibrations annonçant l'approche de la locomotive sur le quai. Il se résigne à monter dans le wagon et laisse Kagami leur choisir une place.

Ils s'installent dans un coin calme, il n'y a pas grand-monde dans la rame. Kagami lui laisse le côté fenêtre, et lorsque le train s'ébranle, le rouge pose une main sur sa cuisse, la caressant doucement d'un geste presque machinal tandis qu'il observe le paysage défiler derrière la vitre. Il songe à Alex et Tatsuya, et soudain, une interrogation surgit dans son esprit. Ils n'en ont pas parlé ce week-end, mais il a besoin de savoir. Il se penche vers le brun et murmure :

« Au fait... Toi et moi... Je peux en parler ou tu préfères que ça reste entre nous pour le moment ? »

Le brun se crispe imperceptiblement à son contact et vérifie par automatisme s'ils peuvent être vus. Il se gifle intérieurement, se rappelant que ça ne le gênait pas de lui faire du pied dans un bar bondé il y a quelques jours de ça. Lorsque la question tombe, le souffle chaud de Kagami effleurant sa nuque, son cœur manque un nouveau battement. Il se sent rougir un peu, prenant conscience que ce qu'ils ont partagé ce week-end ne restera pas derrière eux et va aussi intégrer sa réalité. C'est une idée qui lui tord les tripes, d'angoisse d'abord et d'autre chose... de plus exaltant. Il se racle la gorge avant de répondre à voix basse lui aussi.

« Je... Tu peux. Je pense que Satsu va pas me lâcher de toute façon alors j'imagine que je vais en parler aussi. »

Kagami se détend à ces mots. C'est la réponse qu'il espérait entendre.

« Ok... De mon côté je suis sûr qu'Alex aurait tout deviné aussi, elle me connaît trop bien. »

Kagami se recule et le contemple en souriant sans s'en rendre compte, son cœur battant plus vite à l'idée qu'il a devant lui, presque officiellement, son petit ami. Il a du mal à croire à sa chance, mais peu importe. Il aime aussi ce sentiment d'irréalité qui l'enveloppe, adoucissant tout, y compris la perspective de reprendre une vie ordinaire.

Amusé de sentir son regard peser sur lui, Aomine tente une œillade en biais, interrogateur. Mais Kagami reste silencieux et lui répond d'un sourire innocent. Il n'essaie pas d'en savoir plus et retourne à la contemplation du paysage, dérivant dans ses propres souvenirs. Il pense à sa meilleure amie. À ce qu'elle va bien pouvoir demander, et surtout ce qu'il va pouvoir répondre. D'un côté il aimerait tout lui dire, tout partager pour qu'elle l'aide à démêler ce qui se trame en lui. Mais d'un autre... il a encore besoin de le garder pour lui. Il ne veut pas spécialement en faire un secret, mais d'abord apprivoiser l'idée qu'il a une relation avec un homme. Une relation tout court. Parce que c'est le cas maintenant, pas vrai ? se demande-t-il soudain.

Kagami se laisse bercer par le roulis du train, son esprit dérivant vers la semaine à venir, les nouveaux moments qu'il va vivre avec Aomine. Tout est différent maintenant, après ce week-end. Ils ont tout un nouvel aspect de leur relation à explorer. Une autre aventure, en somme...

Après son huitième scénario d'interrogatoire, Aomine décide de penser à autre chose. Mais son esprit est tenace et revient l'embêter. Cette fois, il se demande ce que Kagami va dire à ses proches. Il serait curieux de le savoir... Ne serait-ce que pour se faire une idée de ce qu'on est censé partager ou non dans ce genre de situation. Parce que mis à part se vanter de ses performances et de son nombre de conquêtes auprès de Kise, il n'a jamais parlé de personne de spécial à ses amis. D'ailleurs... devrait-il en parler à Kise ? Sans arriver à mettre le doigt sur la raison, cette perspective le met mal à l'aise. Il a le présentiment que ça pourrait mal se passer.

Le trajet n'est pas trop long jusqu'à Tokyo, et ils ne tardent pas à voir apparaître les premiers bâtiments urbains. Kagami n'est pas si mécontent à la perspective de retrouver son chez lui, et il commence déjà à réfléchir à ce qu'il va manger aujourd'hui. Aomine lui semble plongé dans ses pensées, et il ne le dérange pas. Il doit sans doute se poser beaucoup de questions, lui qui quelques jours auparavant était perdu et paniqué à l'idée de laisser un peu de place à son attirance pour lui. Il a cédé ce week-end et il ne s'est pas enfui, et pour Kagami, c'est tout ce qui compte.

Aomine se laisse surprendre par la voix du conducteur qui annonce leur entrée en gare de Tokyo. Ne faisant plus attention à ce qui l'entourait, il n'a pas vu le temps passer. Sur pilote automatique, un brin désorienté il suit Kagami et récupère son sac avant de descendre sur le quai. Il est presque pris de panique à l'idée de le quitter ici et maintenant. Ne tenant vraiment pas à rentrer seul chez lui. C'est comme si le brouhaha de la mégalopole venait de l'arracher brutalement à son cocon de silence. Tous les sons lui paraissent plus forts, plus stridents, plus insupportables après ce break en pleine nature. Il a l'étrange sensation de ne pas coller au décor, d'être à côté de ses godasses, un étranger dans sa propre ville et il déteste ça.

Ils sortent de la gare, où ils doivent se séparer pour partir chacun de leur côté. Kagami a un pincement au cœur. D'un côté, il a besoin de se poser chez lui, de réfléchir un peu à tout ça, de l'autre, il n'aime pas l'idée de quitter Aomine, comme si une fois hors de vue, il allait s'apercevoir que tout ça n'était qu'un rêve. Il se réprimande intérieurement et inspire un grand coup avant de sourire au brun.

« Bon... Faut que je file. Je t'envoie des messages, okay ? »

Sa poitrine se serre. Il s'en doutait. Et au fond il sait qu'il a besoin de se retrouver un peu seul aussi. Seulement, maintenant qu'il réalise combien il est attaché à lui, c'est plus dur de le laisser partir. Il ravale sa frustration et hoche la tête avec une ébauche de sourire.

« Ça marche. Rentre bien. »

Kagami lui adresse un sourire rassurant, puis, avant de trop hésiter, il fait volte-face et s'éloigne à pas vifs. Il se trouve un peu loin de chez lui, mais décide tout de même de rentrer à pied, il a besoin de brûler un peu d'énergie avant de se poser chez lui. Il sort son casque et le place sur ses oreilles avant de lancer sa musique, s'immergeant dans son propre monde tandis qu'il emprunte les rues familières, et qui lui semblent pourtant légèrement différentes... Mais c'est lui qui a changé, réalise-t-il. Il sort comme grandi de ce week-end, renforcé aussi alors qu'une assurance neuve lui confère une énergie positive. En bref, il se sent bien dans ses baskets, et c'est grâce à Aomine et à ce qu'ils ont partagé ce week-end.

Sans parvenir à bouger, Aomine le regarde s'éloigner et se fondre dans la masse comme un poisson dans l'eau. Il l'envie alors que lui s'en trouve incapable. Lorsqu'il est hors de son champ de vision, une angoisse sourde revient lui prendre la gorge.

S'il avait eu la satisfaction de trouver quelques réponses, à présent livré à lui-même il ne sait bêtement plus ce qu'il doit faire, dans quelle direction aller. Il avait anticipé cette aventure avec tant d'enthousiasme, d'énergie et de volonté que son terme s'abat sur lui comme la fin de tout. C'est étrange et désagréable, cette sensation qui l'étreint de ne plus vraiment savoir qui il est. C'est effrayant de s'apercevoir que Kagami lui manque déjà, rendant la foule plus oppressante que d'ordinaire. Finalement, l'idée que quelqu'un puisse surprendre ses pensées lui donne la motivation de rentrer chez lui. Un endroit sûr où il sera peut-être plus à même de recoller les morceaux qui semblent restés quelque part dans les montagnes.