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Thème écrit : Bouffée d'oxygène. Thème image : Feu brûlant dans la cheminée, Stéphane Juban, Unsplash.
CW - Mentions de violences physiques et psychologiques.
Fandom : Les Loups de Mercy Falls.
Personnages : Sam Roth.
Ships : Ø
Thèmes/Tags : Lycanthropie.
-11°C.
Mercy Falls, Minnesota.
Sam.
Les flammes léchaient joyeusement les bûches, qu'elles faisaient crépiter. Tant de chaleur, de nuances et de mouvements imprévisibles… Il faisait bon se trouver devant une cheminée, ce soir-là. Le Minnesota endurait une vague de froid glaciale depuis quelques semaines et une masure solitaire inhabitée en plein milieu des bois n'était pas l'endroit rêvé en termes d'isolation.
Il haïssait le froid.
Il haïssait devoir l'affronter seul, sans les autres pour l'aider.
Pelotonné devant la cheminée, emmitouflé dans un jogging, plusieurs vestes et une couverture, un mug chaud et un vieux livre non loin de lui, Sam espérait de toutes ses forces. Attendait son heure, parmi le froid et les ombres rampantes. Son souffle émettait de la buée.
Beck n'était pas rentré.
Ils se trouvaient tous dehors, dans les bois immenses du domaine de Boundary Wood. Ils chantaient dans le silence de la nuit - l'écho de leurs voix graves et tristes se gravait dans son cœur, lamentation déchirante d'un autre monde qui le pressait de le rejoindre toujours plus tôt chaque année.
Il attrapa le livre, l'ouvrit à n'importe quelle page d'une main tremblante. Ses yeux s'accrochaient, se cramponnaient aux caractères imprimés. Dieux, qu'il faisait froid en cette fin novembre !
Les mots semblaient être les seuls à être capables de l'apaiser. Pas les frissons, la sensation désagréable d'entre-deux, oscillant entre plusieurs états, ni la nausée qui ne se trouvait jamais loin.
Pas la violence, ce tableau rouge sang, glapissements de souffrance, dents qui claquent et coups de fusil. Cette fresque indescriptible de larmes vitreuses, de baignoire et d'écarlate à laquelle il avait survécu.
Pas la douleur, les os qui craquent, se réassemblent, les tendons qui claquent, les convulsions, la métamorphose.
Mais la terreur, lointaine, aigüe et ancienne.
L'oubli de Sam.
L'oubli tout court.
Alors il forçait ses pensées, nuées d'oiseaux à la dérive, à se concentrer sur Rilke, goûter la saveur salvatrice des mots, les faire résonner encore et encore pour lutter contre le vide. À imprimer leur sens sur ses rétines, à ses lèvres, prière muette pour un dieu qui, s'il avait existé, l'aurait maudit.
Peu importe le chant des loups. Peu importe la solitude. Peu importe la froideur débilitante de la maison de Beck lors des mois d'hiver parce que personne n'était là pour allumer le chauffage ou l'électricité, la nausée familière qui lui coupait le souffle. Peu importe ce qu'en pensaient Paul, Shelby, Ulrik et les autres.
Il ne sombrerait pas. Pas sans se battre.
Après tout, il était le meilleur d'eux tous.
