Bonjour, bonsoir à nouveau !

J'espère que vous avez apprécié le prologue, petite mise en bouche pour lancer cette histoire.

Voici le premier chapitre qui amorce vraiment le début de notre aventure avec Hermione.

Je souhaite qu'il vous plaise alors… bonne lecture !


CHAPITRE 1

« Il y a bien les souvenirs mais quelqu'un les a électrifiés et connectés à nos cils.

Dès qu'on y pense, on a les yeux qui brillent. »

Mathias Malzieu

Les lattes du vieux parquet craquaient sous le poids de l'humidité. La moisissure avait fini par ronger les murs. Il régnait dans la pièce une vague puanteur, mélange de poussière et de bois pourri.

Elle ouvrit des yeux lourds, cernés de poches violacées. Sa bouche était sèche, sa langue pâteuse et ses pensées embrumées.

Autour d'elle, une simple chaise et un bureau dans un coin, une armoire dont la porte était sortie de ses gonds et un lit, rongé aux mites, sur lequel elle était encore allongée. Le sol, jonché de bouteilles vides. Bourbon. Vodka. Alcools moldus de toutes sortes qui amollissaient le corps et l'esprit.

Elle ne put que tenter de réprimer le frisson qui courut le long de son dos et accueillir l'angoisse qui monta en elle tandis qu'elle rejetait la couverture poisseuse sur le matelas.

Hermione ne reconnut rien. Ni cette pièce à la décoration désolante, ni son reflet dans le miroir crasseux qui ornait le mur.

Il n'y eut que la douleur sourde dans son crâne et cette étrange sensation de brûlure sur son avant-bras pour lui rappeler que, non, elle n'était pas morte. Pas encore.

Elle avait erré quelques heures dans les ruelles sombres de l'Allée des Embrumes, hagarde, les sens engourdis, avant d'avoir les idées suffisamment claires pour parvenir à transplaner sans risquer de se désartibuler. L'instinct lui avait dicté de se réfugier dans la campagne anglaise, au Terrier.

La jeune femme avait préféré passer ces quarante-huit dernières heures sous silence. Si les souvenirs étaient en grande partie troubles, elle avait pleinement conscience du choix qu'elle venait de faire durant ces deux jours.

Un choix qui allait changer le cours de sa vie pour toujours.

Aussi, elle éluda le flot de questions qu'on lui assena à grands coups de « je ne m'en souviens pas ».

Un rapace fendait le ciel nimbé des couleurs de l'aube, battant des ailes dans un rythme régulier. Il tournoyait en cercle au-dessus de la campagne, glissait sur la brise du petit matin puis piquait en flèche au milieu d'un champs avant de regagner les cieux.

Hermione contemplait l'oiseau d'un œil absent tandis qu'elle remuait mollement une cuillère dans sa tasse de thé devenu froid.

Il flottait dans l'air l'odeur du chocolat chaud et celle des brioches qui sortaient du four. Les premiers rayons du soleil filtraient à travers l'épais carreau de verre. La petite cuisine du Terrier était baignée d'une douce lumière mordorée qui peinait malgré tout à apaiser son cœur.

La silhouette potelée de Molly Weasley se dessina dans le couloir qui menait à la salle à manger. Un châle multicolore couvrait ses épaules à l'endroit où retombaient ses boucles rousses. Elle s'empressa de couper la gazinière avant que le lait bouillant ne déborde de la casserole et rouspéta dans sa barbe quelque chose qu'Hermione ne chercha pas à comprendre.

Elle tourna doucement son visage vers la jeune femme.

- Hermione, ma petite chérie, tu n'as presque rien avalé… constata la sorcière tandis qu'une moue désapprobatrice naissait au coin de ses lèvres.

La jeune femme répondit d'un las haussement d'épaule et reporta son attention sur l'oiseau de proie qui continuait de voler à travers les nuages, indifférent aux maux des humains sur la terre ferme. Finalement, la voix bienveillante de Molly s'éleva une seconde fois.

- Je crois que les garçons aimeraient te parler… Ils sont dans l'ancienne chambre de Charlie.

Puis la mère de famille disparu dans le couloir les bras chargés de linge propre qu'elle alla étendre à l'extérieur du Terrier.

Cette bâtisse était à nulle autre pareille. Le Terrier avait son caractère propre. Construit d'un bois solide, fait de bric et de broc en tout genre, il y régnait une atmosphère chaleureuse. C'était un lieu de vie pur, à la fois bruyant et apaisant où il avait toujours bon vivre pour la famille Weasley, en dépit de son allure plus que modeste.

Hermione abandonna la tasse sur un coin de table et entreprit de gravir les marches escarpées qui menaient aux étages supérieurs. Le bois craquait dangereusement sous chacun de ses pas.

Elle fit tourner la poignée de la chambre du troisième étage et ne fût pas étonnée de découvrir Harry Potter et Ronald Weasley assis par terre, entourés de dizaines d'articles de journaux et de morceaux de parchemins en pagaille.

A l'aube de ses dix-sept ans et à la suite de ses découvertes au cours de l'année précédente, Harry avait pris la décision de partir en quête des horcruxes et de les détruire.

Espoir, illusoire ou pas, de détruire le seigneur des ténèbres. Il avait fait de cette idée sa mission, son but. Vengeance folle ou syndrome du sauveur ? Hermione l'ignorait.

Quelques semaines auparavant, elle se serait très certainement jetée dans cette bataille à corps perdu.

Les garçons la dévisagèrent un instant puis Harry s'empourpra. S'il était doté d'un courage sans égal, le brun n'avait jamais été doué pour dissimuler ses émotions. Il était un livre ouvert.

Quant à Ron, lui, c'était autre chose. Elle connaissait les sentiments du rouquin à son égard. Depuis plusieurs années. Mais lui, comme les autres, avaient brisé son cœur. Elle savait cependant qu'elle conserverait une affection particulière pour le dernier des fils Weasley.

- Les lettres pour Poudlard sont arrivées ce matin, la tienne est là, commença-t-il d'ailleurs en désignant un vieux bureau en acajou gonflé d'humidité.

- Je sais que vous ne comptez pas y retourner…

Le silence flotta un instant dans la petite chambre mansardée. A l'extérieur, on entendait le vent s'élever sur la plaine il soufflait doucement contre la lucarne où perçaient les rayons du soleil.

Les deux amis échangèrent un regard, interdits.

Il était difficile de duper Hermione Granger. Elle n'était pas seulement l'élève la plus brillante de Poudlard. Elle était observatrice, maligne, futée.

Elle avait un sens aiguisé de l'analyse, un esprit vif qui lui permettait de réfléchir et de réagir rapidement. Une jeune femme aussi douée en sortilèges qu'en étude du comportement humain.

- Toi en revanche, il le faut, lança Harry d'un ton sans appel. Après ce qui est arrivé à tes parents, il n'y a qu'un endroit au monde où tu ne seras pas en danger.

La brune écarta un peu les lèvres.

Si seulement son ami avait pu savoir ce qu'elle savait. S'il lui avait été possible de lui dévoiler la vérité, alors il aurait compris. Il aurait compris qu'elle n'avait nul besoin d'être protégée.

Elle chercha ses mots mais le garçon qui avait survécu ne lui laissa pas le temps de répliquer.

- Et j'ai besoin de quelqu'un de confiance à Poudlard.

Avait-elle besoin de protester ? Finalement, fallait-il davantage d'explications ? Malgré tout, au fond de sa poitrine, son cœur se serra. Le petit organe respiratoire se compressa si fort qu'elle eut le souffle coupé.

Elle savait que ce moment arriverait. Elle y était préparée. Mais la déception et, quelque part, la jalousie d'être abandonnée par ses plus proches amis, était un sentiment différent de ce qu'elle avait imaginé.

Une boule de chaleur gonfla dans le creux de son ventre, le sang dans ses veines se mit à frémir et une subtile douleur élança son bras.

La colère.

Elle tira instinctivement sur les manches de son pull.

Surtout ne pas se trahir.

Hermione échangea un regard amer avec les jeunes hommes et hocha doucement la tête.

- Bonne chance alors.

Abdiquer. Parce qu'il n'y avait pas d'autre alternative.

Pour l'instant.

Elle les contempla s'évanouir dans la nature au son d'un petit « plop » et se retrouva seule, au milieu de la poussière et des journaux abîmés. Labyrinthe de solitude. Perles salées au bord de ses yeux noisette.

Six années d'amitié venaient de s'évaporer dans la nature.

Pour se donner un peu de contenance, elle mordit sa lèvre inférieure. L'heure n'était pas à la tristesse. Elle avait déjà passé le stade du désespoir.

Le goût métallique du sang dans sa bouche lui arracha une grimace de dégoût.

Immobile dans le petit matin frileux, elle laissa une poignée de minutes s'écouler avant d'inspirer profondément par le nez, comme sa mère lui avait enseigné et s'empara de la lettre cachetée du sceau de Poudlard.

Chère Miss Granger,

Par la présente, j'ai le plaisir de vous confirmer votre entrée en septième année à l'Ecole de Sorcellerie Poudlard au titre exceptionnel de Préfète en Chef.

A n'en pas douter, vos excellentes prédispositions vous permettrons d'obtenir vos ASPIC avec succès.

Vous êtes attendue le 1er septembre pour prendre connaissance des modalités spécifiques à votre poste.

Avec mes meilleurs sentiments,

Minerva McGonagall, directrice de l'Ecole de Sorcellerie Poudlard.

Hermione froissa doucement la lettre entre ses doigts fins. Préfète en Chef.

Le film qu'elle avait toujours imaginé de sa vie la menait irrémédiablement à ce rôle. Elle se souvenait de cette envie qui l'avait prise aux tripes, le jour de sa première rentrée à l'école. Six ans plus tôt. Une née moldue à qui l'on avait ouvert les portes d'un château au sein duquel elle avait découvert une seconde famille.

Une petite fille avec des rêves naïfs de petite fille.

La réalité était sombre et ne laissait qu'un goût amer.

Elle n'avait plus de famille. Et la vérité, habilement dissimulée sous des années de mensonges accumulés, était qu'elle n'en n'avait jamais réellement eu.

D'une profonde inspiration, la jeune femme refoula le flot de pensées qui se mélangeait dans sa tête et laissa une poignée de jours s'écouler avant de repousser sa rentrée à Poudlard par une lettre adressée à la directrice.

La semaine s'égraina au rythme monotone des gnomes à chasser du jardin, aux copieux repas préparés par Molly mais dont les saveurs devenaient poussière sur ses lèvres pâles.

Le départ de Ginny pour l'école au premier matin de septembre avait sonné la fin de l'été.

Hermione avait serré son amie, la dernière qui lui restait, entre ses bras frêles en lui promettant de ne pas tarder à la rejoindre. Mais les jours s'étaient effilés et finalement, la brune avait décidé de ne quitter le Terrier que la veille son dix-huitième anniversaire.

Elle remercia longuement les Weasley pour leur gentillesse et s'installa aux Trois Balais pour une ultime nuit de répit avant l'année qui l'attendait.

Une chambre modeste qui lui offrait le calme et la solitude qu'elle recherchait. On ne prêtait guère attention à la jeune sorcière, le nez plongé dans un vieux livre corné dont la reliure usée commençait à se déchirer par endroit.

Hermione occupa la plupart de son temps à la lecture, lovée dans un fauteuil élimé le long de la fenêtre de sa chambre.

Seule la présence rassurante et le ronronnement affectueux de son chat, Pattenrond, lui manquait. La boule de poil avait disparu, elle aussi, dans un miaulement le soir des meurtres. Hermione l'avait vu se glisser entre ses jambes pour quitter la maison en courant et ne l'avait plus revu ensuite. Elle s'était longuement demandé où le matou avait pu trouver refuge.

Peu de temps avant minuit, elle descendit avaler un thé à la cannelle et échangea quelques banalités avec Tom, le serveur bossu avant de remonter souffler l'unique bougie qui éclairait la chambre.

Pas de gâteau, pas de lettres de ses amis, pas plus de cérémonie.

Son dix-huitième anniversaire se dissipa dans une volute de fumée.

Elle rejoignit le château par le Poudlard Express le lendemain matin. Spécialement affrété pour son arrivée, le train chatoyant filait sur la lande brumeuse. Silhouette fantomatique sur ses rails de métal glacé.

La brune passa l'intégralité du trajet à contempler le reflet spectral de son visage dans la vitre mouchetée de gouttes de pluie. De lourdes cernes violacées marquaient son regard brun.

A la nuit tombée, elle se retrouva devant les immenses grilles en fer forgé à l'entrée du domaine. Une pluie froide et épaisse commençait à tomber, nimbant le château d'un voile grisâtre.

Le concierge, Argus Rusard, l'accueillie de son éternel regard réprobateur. Elle arrivait bien tard, le banquet touchait à sa fin, il n'était plus une heure pour arriver à Poudlard.

Hermione préféra ignorer la mauvaise humeur du vieil homme vouté et n'accorda pas davantage d'attention à la chatte hirsute qui miaulait à ses pieds. Ces deux-là s'étaient bien trouvés.

Elle le gratifia toutefois d'un signe de tête et se hâta de gagner le bureau de la directrice.

Elle fut surprise de découvrir l'escalier en colimaçon dévoilé derrière la gargouille et son cœur se serra face à la porte en bois sertie d'un heurtoir en forme de griffon.

Albus Dumbledore n'était plus. Mais il semblait que l'actuelle directrice n'était pas prête au changement.

La brune frappe deux fois et pénétra dans le bureau circulaire après y avoir été invitée.

La directrice leva le nez du parchemin qu'elle était en train de rédiger. La vieille sorcière prit le temps de poser la grande plume d'oie et de rehausser ses lunettes sur le bout de son nez avant de poser ses pupilles vertes sur la préfète. Elle laissa passer un silence avant de lui adresser un sourire sincère au fond duquel Hermione perçut une pointe d'accablement.

- Miss Granger… Asseyez-vous je vous prie.

Hermione s'exécuta et prit place dans l'un des imposants fauteuils qui faisaient face au bureau.

- J'imagine qu'en dépit de la tragédie qui vous a touché cet été, vous devez être ravie de retrouver Poudlard, commença la directrice avant de marquer une courte pause. Je suis d'ailleurs terriblement navrée de ces évènements…

La préfète inclina respectueusement la tête, ne prenant pas la peine de répondre, tandis que les mots restèrent bloquer au fond de sa gorge sèche. Baissant le regard vers le bureau enseveli sous une multitude de documents, elle nota la présence d'un petit carnet noir et corné qu'elle connaissait bien.

Elle écouta la professeur de métamorphose lui détailler longuement la nouvelle charge qui lui incomberait durant l'année et le prestige, preuve d'une grande reconnaissance, d'avoir été élue préfète en chef par le conseil des professeurs.

- Les appartements des préfets en chef se situent au quatrième étage de l'aile ouest.

- Les appartements, professeur McGonagall ? interrogea Hermione d'une voix étonnée.

- Oui, Miss. Compte-tenu des nombreuses responsabilités qui reposeront sur vos épaules au cours de l'année, il est nécessaire que les préfets en chef disposent de leurs propres appartements. Vous ne serez pas soumises aux mêmes règles que le reste des élèves… Votre homologue y a d'ailleurs déjà pris ses quartiers…

La voix de la sorcière au chapeau pointu se perdit. Elle sembla chercher ses mots un instant et, finalement, ses lèvres s'étendirent en un sourire circonspect.

Il était évident qu'elle ne lui disait pas tout et Hermione fut saisie d'une étrange angoisse qui lui parcouru l'échine.

- Filez miss Granger, il se fait tard et vous allez avoir fort à faire dès demain. Bonne nuit.

- Bonsoir professeur, souffla Hermione en quittant son fauteuil.

Elle récupéra son emploi du temps ainsi qu'un document contenant le mot de passe de ses appartements et referma la porte derrière elle.

Au milieu du dédale des escaliers mouvants, elle décacheta l'enveloppe pour prendre connaissance du mot de passe. « Ab Initio ». Une formule latine bien étrange, qui l'on pouvait traduire par "au commencement", pour un homologue étrange. Elle réalisa d'ailleurs que la directrice n'avait pas fait mention de cette autre personne. Qui était cet autre élève dont la vieille sorcière avait préféré taire le nom ? Elle continua de se questionner jusqu'au quatrième étage.

Elle ne rencontra aucune difficulté à trouver le tableau de l'Idole et du Chasseur.

C'était un tableau sublime, tout en grâce et en beauté. Une rivière qui s'écoulait en cascade à flanc de colline le reflet mordoré d'un coucher de soleil dans l'eau transparente une étendue d'herbe verdoyante à perte de vue.

Au premier plan, une magnifique jeune femme au sourire mutin : de longs cheveux d'ébène qui encadrait un visage aux traits parfaits, de grands yeux d'émeraude qui brillaient dans la douceur du soir, une robe en mousseline blanche réhaussée de bijoux d'or. La beauté antique jouait de la lyre et envoyait des regards rieurs.

Juste derrière elle sur un large banc de pierre, un homme à peine plus âgé s'attachait à lustrer un poignard serti d'un énorme rubis qui renvoyait les rayons du couchant.

- Je commençais à croire que tu ne viendrais plus…

Hermione resta interdite et interrogea la jeune femme du regard. Elle éclata dans un rire cristallin, posa sa lyre et tortilla doucement les pointes brillantes de ses cheveux de jais.

- Je suis Aleera, l'un des gardiens de ce tableau… Et toi, tu dois être la nouvelle préfète ?

- En effet… Enchantée, je m'appelle Hermione.

- Je le sais déjà, j'attendais ton arrivée depuis… trop longtemps maintenant.

La Gryffondor renvoya son sourire à l'Idole. Que ce tableau était surprenant. D'une grande douceur. La voix angélique de la joueuse de lyre l'apaisait.

- Ab Initio.

- Bienvenue chez toi, Hermione.

Le tableau pivota sur le côté et la Préfète se glissa dans l'interstice.

Elle aurait aimé pouvoir apprécier les colonnades en pierre qui s'élevaient vers le plafond, la vue saisissante sur le parc que lui offrait la baie vitrée ou la diversité des ouvrages qui trônaient sur les étagères de l'immense bibliothèque.

Oui. Elle aurait aimé être saisie par la beauté des détails ornant l'âtre de l'imposante cheminée. Par les couleurs vives des tapisseries décorant les hauts murs de la pièce.

Mais non.

Elle ne fut saisie que par la stupeur lorsque son regard s'arrêta sur l'assemblée de visages qui lui faisait face. Elle ne put que noter la nausée qui lui souleva le cœur lorsque l'odeur âcre du tabac lui monta au nez.

Elle n'eut d'autre choix que de laisser la rage naître au fond de son estomac quand ses yeux se posèrent sur des cheveux d'un blond presque blanc. Traits durs, mâchoire carrée, regard d'acier qui ne souffrait d'aucune surprise.

- Mesdames et messieurs, le clou du spectacle…

Ignorant la réplique goguenarde qui siffla, Drago Malefoy quitta le sofa en cuir tanné sur lequel il était assis avec l'élégance qui n'appartenait qu'aux personnes de son rang et s'approcha de la jeune femme. Elle était sidérée, le souffle court, le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine.

Était-ce cela l'enfer ? Où était-elle ? Avait-il franchi la frontière de la folie en même temps qu'elle avait franchi l'entrée de l'appartement ? Tout ceci était-il seulement réel ?

Le Serpentard l'attira par le bras vers les larges fenêtres, non sans laisser un rictus courir sur son visage. Elle se défit de l'étreinte du jeune homme d'un geste qu'elle aurait souhaité moins brusque et entreprit d'ouvrir la fenêtre.

L'air pur de la nuit s'engouffra dans ses poumons, embrasant tout sur son passage.

- Tu es l'autre préfet, n'est-ce pas ?

- Excellente déduction Granger… murmura le jeune homme. Je ne t'attendais plus…

Le ton de sa voix indiqua à la jeune femme qu'il n'attendait aucune réponse mais elle ne put contenir les mots qui forcèrent la barrière de ses lèvres.

- Qu'est-ce que c'est, tout ça ?

- Le début de ta nouvelle vie, répondit Drago un ton plus bas.

Il était évident qu'il tenait à ce que leur conversation n'attire pas davantage l'attention de ses comparses Serpentard.

- Les choses ont changé depuis la chute de Dumbledore… Potter et Weasley ne sont plus là, non plus… Il ne reste que toi et moi.

Les lèvres du blond s'étirèrent en un sourire. Un sourire qui arracha un frisson à Hermione. Elle était seule désormais. Tout comme elle, il le savait. Elle allait être réduite à passer les prochains mois en sa compagnie.

- Plutôt mourir.

Un petit rire s'échappa de ses lèvres claires, dessinées à la craie dans la pénombre. Il posa son regard d'acier dans celui de la jeune femme. Au bord de l'évanouissement, elle esquissa un mouvement de recul.

- Ne sois pas trop prompt à souhaiter cela… fit-il avant de laisser passer un instant de flottement. Toi et moi savons que ça n'arrivera pas… Ta chambre est à l'étage. Bonne nuit Granger.

Il lui adressa un dernier regard dans lequel la brune ne put rien lire et tourna les talons pour retrouver sa cour de fidèles. Hermione déglutit et, retenant un haut-le-cœur, s'empressa de rejoindre sa chambre.

Les ténèbres existaient. Ils étaient là.


Et voilà pour ce premier chapitre !

J'attends vos retours ou vos impressions et surtout j'espère que vous avez apprécié le moment !

Du love, à bientôt