Au bout de plusieurs minutes de marche à travers la forêt de sapin, Kurapika se tourne vers Luna, n'en pouvant plus de garder sa question pour lui.

- Dis Luna, comment as-tu appris à te battre comme ça ?

- Et comment tu fais pour bouger avec grâce quand tu combats ? Rajoute Kirua.

Luna les regarde interloqués par leur demande. Eux qui sont si forts, en quoi sa leur intéresse de savoir où elle a appris tout ça. Le blond la regarde et comprenant qu'elle est surprise, il rajoute,

- Tu sais je trouve que tu étais incroyable, tu t'es très bien débrouillée. Kirua hoche la tête pour confirmer les propos de Kurapika.

- Oh… Luna sourit gênée. Ça vient de mes parents. Mon père était Hunter et à côté de sa profession il était maître d'armes et son arme favorite était la rapière. Petite, il m'a initié à l'escrime et ensuite à l'épée longue. Ma mère était danseuse professionnelle et elle m'a aussi initiée à sa passion pour la danse. Ce n'est pas plus compliqué que ça conclut-elle un sourire timide sur les lèvres.

- Était ? demande le blond, le visage songeur.

- Oui… Elle baisse la tête. J'avais 10 ans quand c'est arrivé. C'était en soirée, on était dans le salon avec ma famille quand mon père s'est soudainement levé du canapé et m'a demandé de me cacher dans l'armoire du bas. Sur le coup je n'ai pas compris ce qu'il se passait et j'ai même cru qu'il nous faisait une blague mais quand j'ai vu son regard, j'ai su qu'il ne rigolait pas, c'était même pire que ça, j'ai vu dans ses yeux le danger. Il m'a demandé de cacher ma présence, c'est lui qui m'avait tout appris du Nen alors je savais le faire...mais... ce n'était pas le cas de mon petit frère qui l'apprenait encore… Elle finit sa phrase dans un souffle. Je… Je me suis cachée et mon petit frère s'est glissé dans la cave du bas. Mes parents sont restés à attendre dans le salon. J'ai même pensé à sortir pour leur dire que je voulais être avec eux mais c'est là que j'ai entendu le fracas. Je ne me souviens plus de rien, s'est passé si vite mais je sais juste que quand je me suis décidée à sortir au bout de plusieurs heures, mes deux parents et mon petit frère de 6 ans baignaient dans leur sang… J'ai eu de la chance… Les larmes aux yeux, elle serre les poings.

Au bout de quelques minutes de silence, le temps pour les trois d'appréhender son histoire, Kurapika prend la parole.

- Tu sais qui a fait ça ? demande t-il doucement.

- Oui, La famille d'assassin, les ZOLDIK ! C'est barbare ! C'est pour ça que je voulais être Hunter. Je me suis promis de les faire payer jusqu'au dernier membre de leur famille pour qu'ils sachent ce que ça fait de tuer ceux qu'on aime ! Luna s'exprime avec une telle rage qu'un silence de mort s'installe pendant quelques secondes parmi les compagnons, mais elle est loin de se douter qu'en vérité ce silence n'est pas du à son histoire mais à la révélation qu'elle vient de faire.

Kurapika jette un bref coup d'œil vers Kirua, mais ce dernier ne laisse rien paraître, son ami remarque quand même que son visage s'est complètement fermé.

- Je suis désolée de l'entendre, répond Kurapika. Luna lève les yeux vers lui, il affiche une mine triste. Tu n'as plus personne de ta famille ?

- Si dit-elle en souriant. Heureusement j'ai toujours mon grand frère. Mais je ne le vois plus depuis qu'il a rejoint la brigade fantôme.

Kurapika s'arrête brutalement. Luna se stoppe aussi, surprise de son arrêt.

- Depuis combien de temps fait-il partie de la brigade ? dit-il d'une voix froide qui traduit une grande colère, ses cheveux devant les yeux.

Luna prise au dépourvu par sa question mais surtout par le ton de sa voix, répond doucement.

- Euhh… Depuis des années en fait, il a été enrôlé quand il avait 13 ans. C'était juste après la mort de nos parents… C'était très dur alors il a préféré partir de vivre sa vie. Je ne lui en veux pas.

Un rire froid sorti de la bouche de Kurapika.

- Tu ne lui en veux pas qu'il tue des gens comme ça ? S'exclame Kurapika les dents serrées.

- Je… Tu n'as qu'à demander à la famille Zoldik. C'est à cause d'eux, je ne vais pas lui en vouloir alors qu'on a tué mes parents juste pour une putain de prime ? Tu rigoles là !

- Tu trouves que j'ai l'air de rigoler ! Crie Kurapika. Tu acceptes ce qu'il fait ! Donc tu es donc complice du meurtre des innocents ! Tes mains sont pleines de leur sang ! Du mépris apparaît sur son visage.

À cette phrase, Luna se jette face à Kurapika, elle se retrouve face au visage de ce dernier. Si proche qu'elle sent son souffle sur son visage.

- Tu as un problème avec moi, KU-RA-PI-KA dit-elle en prenant bien soin d'articuler sur son prénom, le regard noir. Elle essaie d'entrevoir ses yeux sous ses cheveux quand elle croit apercevoir une lueur rouge dans son regard mais elle n'a pas le temps de continuer car le jeune homme détourne le visage.

- Je n'ai plus rien à te dire. Il coupe court à la conversation et part devant.

Il s'en va sans s'arrêter, laissant Luna perplexe et figée. C'est quoi ce bordel ! murmure t-elle pour elle-même. Luna expire très fort, en colère et abasourdis par ce qu'il vient de se passer. Elle prend quelques instants pour elle et décide enfin de le suivre mais en restant loin de lui. Kirua qui n'a toujours rien dit et qui a observé toute la scène ferme la marche à plusieurs mètres derrière elle.

Ça commence bien songe-t-elle, ça ne fait même pas 24 heures qu'on est ensemble et on se prend déjà la tête.

Elle se retourne vers Kirua qui à le regard songeur et voit qu'il n'a pas du tout envie de parler.

Normalement, ce sont les meilleurs moments quand on apprend à se découvrir mais là ça a pris une tournure particulière. Luna a l'impression que tout est de sa faute. Mais comment est-ce possible alors que la vie lui a pris les êtres les plus chers à ses yeux.

Les trois compagnons enfermés dans leur mutisme, entreprennent une longue marche. Au bout de deux heures de marche mortuaire. Le soleil commence à faire place à l'obscurité. La présence des sapins est encore plus imposante au fur et à mesure que le soleil se couche.

Kirua lâche enfin une phrase.

- Il faut qu'on dorme et il ya une petite clairière là-bas. Il montre du doigt l'emplacement.

Tiens il a enfin décidé à parler celui-là, pense Luna. Elle regarde dans la direction de Kirua.

- Je suis d'accord avec toi. Cherchons des bois pour s'abriter. Il faudrait construire une petite cabane pour se protéger.

- Et bien, partons chacun de notre côté pour trouver de quoi manger et des bout de bois, déclare Kirua.

Nos deux compagnons et Kurapika qui a entendu la conversation, se séparent dans la forêt de sapin. La colère encore présente en chacun.

Au bout de d'une dizaine de minutes, Luna marche sans vraiment regarder ou elle va. Elle a envie de pleurer, elle se sent si seule. Elle regarde le ciel qui prend une couleur bleu nuit et s'adresse à l'univers comme une prière. « Je vous en prie, aidez-moi. Je ne comprends pas ce qu'il se passe… Est-ce que je fais mal les choses ? »

Elle qui a toujours été authentique, qui a toujours essayé de bien faire. Qui a toujours gardé le sourire malgré les pertes et les obstacles. Elle a son caractère certes mais l'accusé pour quelque chose qui n'est pas de son ressort, l'a fait sortir de ses gonds. Elle en veut à Kurapika, elle ne comprend pas pourquoi il a réagit de la sorte après qu'elle lui ai confié son histoire, mais aussi pourquoi Kirua n'a même pas pris sa défense. On est censé se protéger en plus de ça…

Luna n'a jamais dit que son frère avait pris la bonne décision de rejoindre la brigade mais elle lui fait confiance, c'est le seul membre de sa famille qui lui reste. Elle ne sait même pas ce qu'il fait avec eux et elle a du mal à penser qu'il pourrait tuer de sang-froid. Et puis, elle ne l'a pas revu depuis qu'il est parti mais une fois par an, elle reçoit avec émotion une carte postale de sa part. C'est la seule chose qui lui fait du bien depuis que ses parents et son petit frère ne sont plus de ce monde.

Ahhhhh c'est pas possible ! Dit-elle avec frustration.

Elle ne les connaît que depuis quelques heures mais c'est déjà électrique entre eux. Pour se calmer, elle sort de la poche arrière de son pantalon, deux écouteurs et son petit iPod. Elle met lecture et Poupie commence à chanter.

« Est-ce que quelque chose a changé, Quelqu'un que j'suis devenu

Avant j'ai jamais été habité par une douleur impromptue

Ça vient du ventre, ça prend la gorge et quand j'y pense

C'est tout au centre de mon corps et quand je danse

Ça m'dérange, j'sais pas vraiment d'où ça vient,

Comme un mélange de mal de bien, de mal de bien

C'est vrai que j'voudrais des réponses à toutes mes questions

Et aucun obstacle à mes actions»

Kirua marche un bon moment jusqu'à ne plus sentir leurs auras. Les mains dans les poches, il tape dans un caillou par terre. « Et si non comment va la vie pour toi, vu que rien ne t'atteint ? » Il repense à la phrase de Luna. Pourquoi ses mots aussi insignifiants soit-elle, l'avaient finalement atteint.

Il tape encore plus fort dans une grosse pierre qui était placée sur son chemin « La famille d'assassin, les Zoldics ! C'est barbare ! mes deux parents et mon petit frère de 6 ans baignaient dans leur sang ...»

Kirua serre les poings et la mâchoire. Pourquoi, pourquoi tout ça arrive… À cause de sa famille, il vivra toujours dans l'ombre de son nom. Un bruit sur le côté, le fait sortir de ses pensées, à quelques mètres de lui, un sanglier se dirige vers une route opposée. Le jeune homme en une fraction de seconde, change de regard, laissant sa rage le consumer. Il saute sur l'animal, le ruant de coup de poing par tout les cotés, il ne s'arrête pas, continuant de lui marteler le corps alors que la bête a déjà rendu son dernier souffle. Ses poings sont en sang et il finit par lui arracher le cœur pour calmer sa douleur.

À plusieurs centaines de mètres, Kurapika, essaie de se contenir. Il se pose contre un arbre, la tête entre les mains, les yeux toujours écarlates. Pourquoi il fallait qu'il rencontre cette fille. Il n'avait rien demandé, lui. Son frère était tout bonnement un criminel mais elle, elle avait l'air d'approuver ce qu'il faisait. Il avait mal à l'estomac depuis qu'elle lui avait dit ça, c'était comme un coup de couteau qu'on lui avait infligé. La haine est si forte, qu'il n'arrive pas à reprendre le contrôle sur ses émotions. Un bref regard sur sa main gauche et le souvenir de lui avoir tenu la main réapparaît. Il jette cette dernière loin de sa vue comme si, il voulait la briser. Il se sent trahis et par une inconnue en plus. Pourquoi ça lui fait cet effet-là. Si elle accepte que son frère tue des innocents alors elle fait aussi partie des criminels qui ont tué tout son clan. A cet instant, une petite pensée traverse son esprit, mais c'est trop tard il s'est arrêté sur elle, elle lui souffle que peut-être il devra la tuer…