Note d'auteur : Merci beaucoup pour vos messages ! C'est vraiment touchant pour moi de voir qu'il y a des lecteurs après toutes ces ANNEES, je sais que j'ai le pire rythme de publication du monde, j'en suis navrée. Mais vos messages me motivent vraiment ! Absolument ravie que ces nouveaux chapitres vous plaisent, et à très vite pour la suite ;)
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LA GOULE EN PYJAMA
Dans les jours qui suivirent, le choc provoqué par la mort de Fol Œil hantait la maison. Tous s'attendaient toujours à le voir franchir la porte de derrière de son pas claudicant, comme les autres membres de l'Ordre qui entraient et sortaient pour apporter les nouvelles. Arthur, Molly et Remus, pour leur part, s'étaient mis en tête de découvrir ce que Megan, Ron, Hermione et Potter avaient comme projet désormais. Ron et Hermione s'étaient contentés de leur dire que Dumbledore avait demandé à Potter de ne rien révéler aux autres, et Megan n'avait rien dit – elle‑même n'était pas tout à fait certaine de ce qu'elle comptait faire. Elle savait seulement qu'elle ne voulait pas abandonner Ron et Hermione, bien déterminés à partir à la chasse aux Horcruxes avec Potter. Une seule chose était sûre : ils ne retourneraient pas à Poudlard cette année, ce qui mettait Molly hors d'elle. Son inquiétude au sujet de son plus jeune fils était légitime, après tout ce qu'avait traversé sa famille depuis la première arrivée au pouvoir de Voldemort. Mais le quatuor ne pouvait pas renoncer à leur tâche, ni repousser leur départ, et en aucun cas révéler l'existence des Horcruxes. Il était essentiel que Voldemort ne découvre jamais qu'ils avaient percé son plus grand secret, sans quoi leur destruction deviendrait impossible, et leurs chances de détruire le mage noir disparaîtraient.
Pour se venger de leur mutisme, Molly fit peser sur les jeunes sorciers une quantité de corvées insurmontable en vue du mariage à venir et du nombre de personnes à nourrir et héberger au Terrier. Astiquer les couverts, harmoniser les couleurs des faveurs, des rubans et des fleurs, dégnomer le jardin et préparer d'immenses plats de petits fours… tout en s'assurant que Megan, Ron, Hermione et Potter ne se retrouvent jamais seuls pour discuter de leurs plans. Comme si cette manœuvre peu subtile pouvait suffire à retarder leur départ. D'après Ron, Potter voulait partir dès que le mariage aurait eu lieu.
Fred et George se montraient aussi inquiets que leur mère. Complètement remis grâce à ses bons soins, tous deux avaient tenté de leur côté d'interroger Megan d'une manière plus efficace que leurs parents, mais ils n'obtinrent pas de meilleurs résultats.
- Vous n'allez pas me faire croire que vous vous attendiez à ce que je retourne à Poudlard, si ? grogna Megan, qui leur en voulait encore d'avoir quitté le collège avec un an d'avance.
- Non, mais on aimerait bien savoir quand et comment tu penses aller te faire tuer par des Mangemorts bien plus nombreux que toi et tes trois copains, répondit George.
- Ce sont plutôt eux qui devraient se faire du souci.
- Megan, s'agaça Fred, personne ne doute de tes capacités, surtout pas nous, mais ce serait complètement stupide de penser que tu peux affronter Tu-Sais-Qui et tous ses Mangemorts toute seule, ou même avec Ron, Harry et Hermione !
- Je n'ai pas l'intention de me pointer avec ma baguette et mon sac à main dans leur quartier général pour buter Voldemort, répliqua Megan. C'est plus subtil que ça. Et ne perdez pas votre temps, je ne vous dirai rien de plus.
- On a compris, Dumbledore vous a donné une mission top secrète, mais vous êtes quatre,Megan Harry n'est pas encore majeur et Ron –
- C'est Ron, compléta George. Quoi que ce soit, ce serait complètement inconscient d'agir tous seuls !
- Ce qu'on a à faire ne nécessite pas d'être trente-huit, objecta Megan. Faites-nous confiance.
- On ne va pas vous laisser partir dans la nature sans savoir ce que vous faites. On va évidemment vous aider.
- Non, ni vous deux, ni personne de l'Ordre, s'agaça Megan. Il est très important que ce qu'on va faire reste secret. Plus il y a de personnes au courant, plus ça risque d'arriver aux oreilles de Voldemort, et à ce moment-là tout sera foutu. Alors vous allez continuer à faire ce que vous avez à faire pour l'Ordre, nous on va faire ce qu'on a à faire de notre côté, et au final on arrivera tous au même but : être débarrassés de Voldemort.
- Tu ne nous fais pas confiance ? s'offensa George.
- Tu te fiches de moi ? Ce n'est pas une question de confiance mais de sécurité. Moins vous en savez, plus vous êtes en sécurité, et du coup moi aussi.
Leur inquiétude était tout aussi légitime que celle de Molly, voire plus encore ils connaissaient parfaitement la témérité de leur amie et étaient fondés à croire qu'elle avait l'intention de rechercher Voldemort pour le tuer elle-même. Ils ne savaient juste pas que Voldemort ne pouvait pas être tué – pas encore. Ses Mangemorts, en revanche… Elle chercherait Bellatrix tout autant que les Horcruxes.
Le mardi soir qui suivit le drame, la plupart des membres de l'Ordre du Phénix vinrent dîner au Terrier. Il y avait tellement de monde dans la cuisine, ce soir-là, qu'on avait du mal à manœuvrer son couteau et sa fourchette. Megan s'était lancée dans un combat de coudes buté avec Fred lorsqu'elle entendit Potter demander à Bill :
- Pas de nouvelles pour Fol Œil ?
- Non, rien.
Aucune cérémonie funèbre en hommage au vieil Auror n'avait pu avoir lieu car Bill et Remus n'avaient pas réussi à retrouver son corps. Il était difficile de savoir où il était tombé, compte tenu de l'obscurité et de la confusion qui avait régné pendant la bataille, mais ils avaient ratissé le comté en vain.
- La Gazette du sorcier n'a pas dit un mot de sa mort, ou de la recherche de son corps, poursuivit Bill. Mais cela ne signifie pas grand-chose. Il y a beaucoup de sujets qui sont passés sous silence, ces temps-ci.
Il jeta un coup d'œil en direction de Megan.
- Non, je n'ai d'autre information de Kevan, s'agaça l'intéressée. Il ne travaille pas pour nous, et il a pris quelques jours de congés pour s'éloigner, de toute façon, par sécurité. Je ne veux pas qu'on le mêle à tout ça.
C'était une position controversée : Megan savait que plusieurs membres de l'Ordre leur reprochaient, à elle et à Kevan, de ne pas se servir de tous les moyens à leur disposition pour aider la résistance. Mais Megan savait également que les rares bribes d'information que Kevan était susceptible de glaner au ministère ne suffiraient pas à changer quoi que ce soit pour leur combat, mais risqueraient très fortement de lui coûter la vie. Elle était intransigeante à ce sujet.
- Le ministère n'a toujours pas prévu d'audience contre moi ? lança Potter à Arthur, assis de l'autre côté de la table.
Le sorcier hocha la tête en signe de dénégation.
- Pourtant, je n'étais toujours pas majeur quand j'ai utilisé la magie contre les Mangemorts. Est-ce parce qu'ils savent que je n'avais pas le choix ou parce qu'ils préfèrent ne pas m'entendre annoncer au monde entier que Voldemort m'a attaqué ?
- C'est plutôt la deuxième raison, me semble-t-il. Scrimgeour ne veut pas admettre que Tu‑Sais-Qui est devenu aussi puissant que lui, ni qu'il y a eu une évasion massive à Azkaban.
- Bien sûr, pourquoi dire la vérité au public ? ironisa Potter.
- Il n'y a donc personne au ministère qui soit prêt à se dresser contre lui ? interrogea Ron avec colère.
Megan lui jeta un regard assassin.
- Bien sûr que si, Ron, mais les gens sont terrifiés, lui répondit son père. Terrifiés à l'idée d'être les prochains à disparaître, ou de voir leurs enfants attaqués ! De terribles rumeurs circulent. Pour ma part, je ne pense pas que le professeur d'étude des Moldus à Poudlard ait démissionné. On ne l'a plus vue depuis des semaines. Pendant ce temps, Scrimgeour reste toute la journée enfermé dans son bureau. J'espère simplement qu'il travaille à un plan d'action.
Il y eut un silence que Molly mit à profit pour débarrasser par magie les assiettes vides et servir la tarte aux pommes.
- Il faut décider comment on va te déguiser, Arry, dit Fleur lorsque tout le monde eut mangé son dessert. Pour le mariage, ajouta-t-elle devant son air interrogateur.
- Oui, on ne t'a pas dit qu'on avait invité des Mangemorts ? ironisa Megan, s'attirant des regards noirs de la future mariée et de sa belle-mère.
- Bien sûr, il n'y aura aucun Mangemort parmi nos invités, mais nous ne pouvons pas garantir que personne ne laissera échapper quelque chose à ton sujet après avoir bu du champagne.
Megan devina que Fleur soupçonnait toujours Hagrid d'être responsable de la fuite de l'information concernant la date du départ de Potter. Et elle n'avait peut-être pas tort.
- Oui, c'est vrai, lança Molly, du bout de la table où elle était assise.
Ses lunettes perchées sur le bout de son nez, elle examinait une immense liste de tâches à accomplir qu'elle avait griffonnée sur un très long morceau de parchemin.
- Ron, as-tu rangé ta chambre ?
- Pourquoi ?
Ron jeta bruyamment sa cuillère sur la table et regarda sa mère d'un œil mauvais.
- Pourquoi faudrait-il que je range ma chambre ? Elle nous convient très bien telle qu'elle est, à Harry et à moi !
- Dans quelques jours, nous allons célébrer ici le mariage de ton frère, jeune homme…
- Et ils vont se marier dans ma chambre ? lança Ron avec fureur. Non ! Alors pourquoi, par les glandes de Merlin…
- Ne parle pas comme ça à ta mère ! trancha Arthur d'un ton ferme. Et fais ce qu'on te dit.
Ron regarda ses parents d'un air renfrogné puis il reprit sa cuillère et s'attaqua au petit morceau de tarte qui restait dans son assiette. Parfois, très rarement, Megan appréciait que personne n'ait une telle autorité sur elle.
- Je peux t'aider, il y a une partie du désordre qui est à moi, proposa Potter.
Mais Molly l'interrompit :
- Non, Harry, mon chéri, je préférerais que tu aides Arthur à nettoyer le poulailler et toi, Hermione, tu me rendrais un grand service si tu voulais bien changer les draps pour Monsieur et Madame Delacour, ils arrivent demain matin à onze heures.
- Charlie va venir aussi ? demanda Megan.
Fred et George lui jetèrent un regard, un peu surpris de l'enthousiasme avec lequel elle avait posé la question.
- Évidemment, sourit Bill. Il arrive après-demain. C'est mon garçon d'honneur.
- D'ailleurs, Megan, il me faudrait quelqu'un pour donner une seconde jeunesse au jardin, suggéra Molly en continuant de parcourir sa liste de tâches.
- Oui, c'est bien connu, je suis très douée pour la magie esthétique.
Les enfants Weasley ricanèrent, mais leur réaction ne fit pas faiblir leur mère, qui griffonna le nom de Megan à côté de l'une des nombreuses tâches à accomplir.
- Dis donc, tu es vraiment contente que Charlie vienne, glissa Fred à Megan.
- Euh oui, on ne le voit pas souvent, répliqua la jeune femme en posant sa cuiller dans son assiette avec plus d'énergie que nécessaire.
- Tu sais, on aime bien Kevan, poursuivit George, assis de l'autre côté de Megan, à voix basse. Mais on aime bien Charlie aussi.
- Ça veut dire quoi, ça ? s'agaça Megan.
Les jumeaux semblaient cependant soudain fascinés par la dernière part de tarte restante, que convoitaient également Tonks et Ron. C'était sans compter sur Pigwidgeon, qui s'était échappé de la chambre de Ron et qui, en voulant goûter lui aussi au dessert, tomba dedans le bec le premier et répandit une quantité non négligeable de plumes dans la tarte, dont plus personne ne voulut.
Bien sûr, Megan fut incapable d'arranger correctement les plantes du jardin après le dîner. Elle jeta un unique sort qui fit tomber les branches et les feuilles mortes et reverdit vaguement les quelques carrés de pelouse, fit disparaître les déchets verts puis estima son travail accompli, certaine que Molly arrangerait de toute manière parfaitement la cour de la façon qui lui plairait. Megan savait que la maîtresse de maison espérait impressionner les Delacour et que rien n'était mieux accompli que par soi-même. Elle délaissa donc son ouvrage, retourna dans la maison et gravit les escaliers inégaux du Terrier jusqu'à la chambre de Ron.
La pièce était un véritable chantier. Les vêtements du jeune homme trainaient à même le sol au milieu des équipements de Quidditch, des BDs et des sacs de Miamhibou. Sa malle de Poudlard était ouverte au fond de la pièce, son contenu débordant de toutes parts. Il y avait des assiettes sales qui traînaient près du lit là où Ron et Potter avaient souvent grignoté en douce dans le dos de Molly. Le matelas sur lequel dormait Potter se trouvait milieu du capharnaüm, entouré de son propre bazar. Hermione était assise dans un coin avec Crookshanks, son chat orange au poil touffu, blotti à ses pieds, répartissant des livres en deux énormes piles, et Ron était couché en travers de son lit aux couleurs des Canons de Chudley.
- Impressionnant ce rangement, Ronald, commenta Megan en poussant les jambes du jeune homme pour s'asseoir au bout du lit, dos au mur.
- Merci, Meganna, répliqua le jeune homme d'un ton sarcastique. Je disais, reprit-il à l'attention d'Hermione, que c'est quand même bizarre qu'on n'ait pas retrouvé son corps et que les journaux n'aient rien dit.
- Ça n'a aucun sens, Ron, s'agaça Hermione.
- Vous parlez de Fol Œil ? devina Megan en fronçant les sourcils.
- Ouais. Tu ne penses pas qu'il a pu survivre ?
- Non, répondit Megan sans hésiter. Évidemment que non. On le saurait.
Ces trois derniers jours, elle s'était efforcée de ne pas penser à Fol Œil. De ne pas imaginer son corps brisé après la chute. Dans son esprit, il n'était pas vraiment mort. Il n'était juste plus là, mais elle ne voulait pas prendre pleinement conscience du fait qu'il était parti rejoindre ses parents, Anita, Cedric et Sirius.
- Peut-être qu'il ne peut pas nous le dire, insista Ron. Peut-être que les Mangemorts l'ont capturé.
- Crois-moi, il vaudrait mieux qu'il soit mort.
Des bruits de pas retentirent dans l'escalier.
- Oui, oui, ça y est, je suis en train de ranger ! s'exclama Ron en sautant de son lit. Ah, c'est toi.
Soulagé de voir entrer Potter, Ron se recoucha sur son lit.
- Salut, Harry, dit Hermione tandis qu'il allait s'asseoir sur son propre lit de camp.
- Et toi, comment as-tu fait pour t'échapper ?
- La mère de Ron avait oublié qu'elle m'avait déjà demandé de changer les draps hier avec Ginny.
Elle jeta Numérologie et grammaire sur l'un des tas et Grandeur et décadence de la magie noire sur l'autre.
- On parlait de Fol Œil, indiqua Ron. Je pense qu'il a peut-être survécu.
- Bill a vu le sortilège de Mort le frapper, objecta Potter.
- Oui, mais Bill était attaqué lui aussi. Comment peut-il être sûr de ce qu'il a vu ?
- Même si le sortilège l'a manqué, Fol Œil est quand même tombé d'une hauteur d'au moins trois cents mètres, insista Hermione qui soupesait à présent dans sa main Équipes de Quidditch de Grande Bretagne et d'Irlande.
- Sans déconner, pourquoi on emmènerait celui-là ? lui lança Megan.
- Il a peut-être utilisé le charme du Bouclier…, insistait Ron.
- Fleur dit que sa baguette lui a sauté des mains, fit remarquer Potter.
- Très bien, si vous tenez absolument à ce qu'il soit mort…, grommela Ron avec mauvaise humeur en frappant son oreiller d'un coup de poing pour lui donner une forme plus confortable.
- Bien sûr que non, on ne tient pas à ce qu'il soit mort ! protesta Hermione, choquée. C'est horrible qu'il soit mort ! Mais nous sommes réalistes !
- Les Mangemorts ont fait le ménage derrière eux, c'est pour ça que personne n'a retrouvé son corps, conclut Megan.
- Ouais, dit Potter, comme Barty Crouch transformé en os et enterré dans le jardin de Hagrid. Ils ont sans doute métamorphosé Maugrey et l'ont empaillé…
- Ne dis pas des choses pareilles ! couina Hermione avant de fondre en larmes sur son syllabaire Lunerousse.
- Oh, non, s'exclama Potter en se débattant pour se relever de son vieux lit de camp. Hermione, je ne voulais pas te faire de peine…
Mais, dans un grincement sonore de vieux ressorts rouillés, Ron avait bondi du lit et arriva avant Potter auprès d'Hermione. Il lui passa un bras autour des épaules, puis plongea la main dans la poche de son jean et en sortit un mouchoir répugnant qu'il avait utilisé un peu plus tôt pour nettoyer le four. Tirant hâtivement sa baguette magique, il la pointa sur le chiffon et prononça la formule :
- Tergeo.
La baguette aspira la plus grande partie de la graisse qui imbibait le tissu. L'air plutôt content de lui, Ron tendit à Hermione le mouchoir qui fumait légèrement.
- Oh… merci, Ron… Je suis désolée…
Elle se moucha et eut un hoquet.
- C'est tellement af… freux. Juste après Dumbledore… Je… n'a… n'avais jamais… i… imaginé que Fol Œil puisse mourir. Il paraissait si solide !
- Je sais, soupira Ron qui la serra contre lui. Mais tu sais bien ce qu'il dirait s'il était là ?
- Vi… Vigilance constante, répondit Hermione en s'essuyant les yeux.
- Exactement, approuva Ron avec un hochement de tête. Il nous dirait de tirer les leçons de ce qui lui est arrivé. Et la leçon que j'ai tirée c'est de ne jamais faire confiance à ce lamentable petit trouillard de Mundungus.
Hermione fut secouée d'un éclat de rire et se pencha en avant pour prendre deux autres livres. Un instant plus tard, Ron lui lâcha brusquement l'épaule. Elle lui avait laissé tomber sur le pied Le Monstrueux Livre des monstres. L'ouvrage se libéra de la ceinture qui le maintenait fermé et fit claquer férocement les bords de sa reliure, telles des mâchoires, en les refermant sur la cheville de Ron.
- Je suis désolée, je suis désolée ! s'écria Hermione tandis que Potter arrachait le livre de la jambe de Ron et l'attachait à nouveau.
- D'ailleurs, qu'est-ce que tu fabriques avec tous ces livres ? interrogea Ron qui retournait vers son lit d'un pas claudicant.
- Elle a décidé d'emmener la moitié de ses bouquins à la chasse aux Horcruxes, déplora Megan.
Elle-même était tout aussi férue de lecture et de nouveaux apprentissages que Hermione, mais elle n'imaginait pas leur quête leur laisser le temps de bouquiner.
- Ah oui, bien sûr, dit Ron, en se frappant le front du plat de la main. J'avais oublié que nous devions traquer Voldemort dans une librairie ambulante.
- Ha, ha, très drôle, répliqua Hermione.
Elle examina le syllabaire Lunerousse.
- Je me demande… Aurons-nous besoin de traduire des runes… Peut-être… Je pense que nous devrions le prendre, pour être plus sûrs.
Elle laissa tomber le syllabaire sur le plus haut des deux tas et prit L'Histoire de Poudlard.
- Écoutez, dit Potter.
Il s'était redressé, assis sur son lit. Megan ferma les yeux d'ennui, tandis que Ron et Hermione se tournèrent vers lui avec le même mélange de résignation et de défi.
- Je sais bien qu'après l'enterrement de Dumbledore, vous m'avez dit que vous vouliez venir avec moi, commença Potter.
- Et ça y est, c'est parti, lança Ron à Hermione, les yeux au ciel.
- On savait qu'on y aurait droit, soupira Hermione en se tournant à nouveau vers les livres. Je pense que je vais prendre L'Histoire de Poudlard. Même si nous n'y retournons pas, je ne me sentirais pas à mon aise si je ne l'avais pas avec…
- Écoutez ! répéta Potter.
- Non, Harry, c'est toi qui vas nous écouter, l'interrompit Hermione. On vient avec toi. La décision a été prise il y a des mois – des années, en fait.
Megan leva les yeux au ciel. Elle ne comprendrait jamais la loyauté indéfectible de ses deux meilleurs amis envers Potter. Le garçon n'avait fait que les mettre en danger année après année.
- Mais…
- Silence, lui conseilla Ron.
- Vous êtes sûrs que vous avez bien réfléchi ? insista Potter.
- Voyons, reprit Hermione, en jetant avec un regard féroce Randonnées avec les trolls sur la pile des livres à ne pas emporter. Depuis plusieurs jours, je prépare les bagages pour que nous soyons prêts à partir à tout moment, ce qui a nécessité, je te le signale pour ton information, des manipulations magiques passablement difficiles que je n'aurais pas pu réussir sans Megan. Sans parler du stock de Polynectar préparé par Fol Œil, que j'ai réussi à détourner sous le nez de la mère de Ron. J'ai aussi modifié les souvenirs de mes parents pour les convaincre qu'ils s'appellent en réalité Wendell et Monica Wilkins et que la grande ambition de leur vie est d'aller s'installer en Australie, ce qu'ils ont fait, à l'heure qu'il est. Tout cela pour rendre la tâche de Voldemort plus difficile s'il veut les retrouver et les interroger à mon sujet – ou au tien car, malheureusement, je leur ai raconté pas mal de choses sur toi. En admettant que je survive à la chasse aux Horcruxes, j'irai rejoindre papa et maman pour lever le sortilège. Sinon… je crois que j'ai utilisé un charme suffisamment puissant pour qu'ils puissent vivre heureux et en toute sécurité. Wendell et Monica Wilkins ne savent pas qu'ils ont une fille, tu comprends ?
Les yeux d'Hermione étaient à nouveau embués de larmes. Ron se releva de son lit, la prit encore une fois par les épaules et regarda Potter en fronçant les sourcils, comme pour lui reprocher son manque de tact. Il était très inhabituel que Ron donne des leçons de tact.
- Je… Hermione, je suis désolé… Je ne m'étais…
- Pas rendu compte que le monde ne tourne pas autour de toi et qu'on a beaucoup à perdre dans cette histoire ? lança Megan, furieuse. Hermione vient de renoncer à ses parents. Elle sait exactement dans quoi elle s'embarque, probablement mieux que toi. Ron aussi. Alors maintenant arrête ton numéro de martyr et estimes-toi heureux qu'ils ne te laissent pas aller te faire tuer.
- Oh non, vous n'allez pas recommencer, déplora Hermione qui s'était remise à pleurer. Toute cette situation est déjà tellement épouvantable ! On doit rester unis !
Megan et Potter se jetèrent des regards haineux. Il n'y aurait jamais d'union entre eux. Ils ne toléraient la présence de l'autre que par égard pour Hermione et les Weasley.
- Ronald, montre à Potter ce que tu as fait, lança alors Megan.
- Non, il vient de manger, répondit Ron.
- Vas-y, il faut qu'il sache ! insista Hermione en se tamponnant le coin des yeux avec l'affreux mouchoir.
- Bon, d'accord. Viens, Harry.
Pour la deuxième fois, il ôta son bras des épaules d'Hermione et s'avança d'un pas lourd vers la porte.
- Allez, viens.
- Où ? demanda Potter en suivant Ron dans le minuscule couloir.
Ils se rendirent au grenier, là où vivait la goule de la famille. Goule qui était en ce moment-même affublée d'un vieux pyjama de Ron, d'une perruque rousse, et recouverte de cloques violettes et enflammées qui dégageaient une odeur épouvantable. Hermione se remit à trier ses livres en reniflant.
- Fais un effort, Megan, s'il te plaît, dit-elle sans lever les yeux.
- Je fais déjà un gros effort en ne lui jetant pas de sort.
Au bout d'un temps très court, Ron et Potter revinrent dans la chambre.
- Quand nous serons partis, la goule viendra habiter dans ma chambre, expliqua Ron. Je crois qu'elle en a très envie. Il est difficile d'en être sûr parce qu'elle ne sait que gémir et baver, mais elle hoche frénétiquement la tête chaque fois que j'en parle. En tout cas, elle est censée être moi, atteint d'éclabouille. Bon plan, non ?
L'air perplexe de Potter contraria Ron et agaça Megan.
- Très bon plan ! insista Ron. Réfléchis, quand on s'apercevra que nous ne revenons pas à Poudlard, tout le monde pensera que nous sommes restés avec toi, Megan, Hermione et moi, d'accord ? Ce qui signifie que les Mangemorts iront directement voir nos familles pour essayer d'obtenir des informations sur l'endroit où tu te trouves.
- Si tout se passe bien, ils croiront que je suis partie avec mes parents, expliqua Hermione. En ce moment, on entend beaucoup de sorciers nés Moldus qui parlent d'aller se cacher quelque part.
- Il est impossible de cacher toute ma famille, ça paraîtrait trop louche, reprit Ron, et d'ailleurs ils ne peuvent pas quitter leur travail. On va donc faire courir le bruit que je suis atteint d'une éclabouille grave et que je ne peux pas retourner à l'école. Si quelqu'un passe vérifier, maman ou papa montrera la goule couverte de pustules dans mon lit. L'éclabouille est très contagieuse, personne ne se risquera à approcher. Et peu importe que la goule soit incapable de dire un mot parce que, de toute façon, on ne peut plus parler quand le champignon se répand jusqu'à la luette.
- Tes parents sont d'accord avec ce plan ? s'enquit Potter.
- Papa, oui. Il a aidé Fred et George à transformer la goule. Maman… tu la connais. Elle n'acceptera jamais l'idée qu'on s'en aille, tant qu'on ne sera pas vraiment partis.
- Les parents adoptifs de Megan ont déjà quitté le pays, ajouta Hermione, qui avait deviné que sa meilleure amie ne prendrait pas l'initiative de parler de ce sujet à Potter. On a pensé à tout.
Pourtant, Megan ne se sentait pas rassurée. Les Weasley restaient une cible facile pour les Mangemorts, même s'ils étaient coriaces et avaient tout l'Ordre du Phénix à leurs côtés. Quant à Kevan, il devait se contenter de se fier à la sentinelle qui montait la garde à l'extérieur de son appartement tout en priant pour qu'on ne s'en prenne pas à lui au ministère lorsqu'il reviendrait de ses « congés ». Elle lui avait demandé de ne pas y retourner, mais il ne l'avait pas écoutée.
- Attends, parce que tu viens, toi ? lança Potter en se retournant vers Megan.
- Non, je vais aller passer mes ASPIC à Poudlard pendant que mes deux meilleurs amis se font tuer par loyauté envers toi, j'ai le sens des priorités.
- Oh, ça suffit tous les deux, s'agaça Ron. Megan a toujours été avec nous, évidemment qu'elle vient. Et heureusement qu'elle vient.
Il y eut un long silence, brisé seulement par le léger bruit mat que produisaient en tombant les livres qu'Hermione continuait de jeter sur une pile ou sur l'autre. Ron resta assis à l'observer, tandis que Potter les regardait tour à tour en silence., incapable de prononcer la moindre parole. Le garçon prenait visiblement la mesure de l'engagement des trois autres dans la quête qui les attendait. Pensait-il qu'ils faisaient cela juste pour lui ? La recherche des Horcruxes n'avait qu'un seul but : rendre Voldemort vulnérable afin de l'anéantir définitivement.
Dans le silence leur parvinrent les clameurs étouffées de Molly qui criait, quatre étages plus bas.
- Ginny a sans doute oublié un grain de poussière sur un rond de serviette à trois sous, dit Ron. Je ne vois pas pourquoi il faut absolument que les Delacour arrivent deux jours avant le mariage.
- La sœur de Fleur sera demoiselle d'honneur, elle doit être là pour la répétition et elle est trop jeune pour venir toute seule, répondit Hermione qui examinait d'un air indécis Flâneries avec le spectre de la mort.
- Il est hors de question d'emmener des bouquins de Lockhart, lui lança Megan.
- Avoir des invités n'aidera pas maman à calmer son stress, soupira Ron.
Sans hésiter, Hermione jeta à la corbeille Théorie des stratégies de défense magique mais conserva Le Guide des écoles de sorcellerie en Europe.
- Mais qu'est-ce que tu fabriques, protesta Megan en déplaçant le livre que Hermione avait posé sur la plus haute pile. Si tu as besoin de bons souvenirs de Krum, tu n'as qu'à attendre le mariage.
- Quoi ? sursauta Ron.
- Ce que nous devons vraiment décider, décréta soudain très sérieusement Hermione, c'est notre destination quand nous partirons d'ici. Je sais que tu voulais d'abord aller à Godric's Hollow, Harry, et je comprends pourquoi, mais… enfin, bon… est-ce que notre priorité ne devrait pas être les Horcruxes ?
- Je serais d'accord avec toi si nous savions où en trouver un, répondit Potter tandis que Ron jetait des regards furibonds à Megan et Hermione.
- Ne crois-tu pas que Voldemort pourrait surveiller Godric's Hollow ? s'inquiéta Hermione. Il s'attend peut-être à ce que tu y retournes pour voir la tombe de tes parents, maintenant que tu peux aller où tu veux.
Le garçon ouvrit la bouche puis la referma. Visiblement, il n'y avait pas du tout réfléchi. Megan, qui ne voulait pas penser à la tombe de ses propres parents sur laquelle elle ne s'était jamais rendue, intervint :
- La personne qui a signé R.A.B. – celui qui a volé le médaillon – a indiqué dans son mot qu'il allait le détruire, non ?
Potter tira vers lui son sac à dos et en sortit le faux Horcruxe qui contenait toujours le message de R.A.B, et lut à voix haute :
- « J'ai volé le véritable Horcruxe et j'ai l'intention de le détruire dès que je le pourrai ».
- Et s'il avait vraiment réussi à le détruire ? demanda Ron qui s'intéressait de nouveau à la conversation.
- Il ou elle, précisa Hermione.
- Peu importe. Ça en ferait un de moins pour nous !
- Oui, mais il faudra quand même que nous tentions de retrouver le vrai médaillon, non ? Pour savoir si oui ou non il a été détruit.
- Et une fois qu'on aura mis la main dessus, on s'y prend comment pour détruire un Horcruxe ?
- Justement, j'ai fait des recherches à ce sujet.
- Comment ça ? s'étonna Potter en fronçant les sourcils. Je croyais qu'il n'y avait pas de livres sur les Horcruxes à la bibliothèque ?
- En effet, il n'y en a pas.
Les joues d'un rose particulièrement soutenu, Hermione raconta aux garçons comment elle avait obtenu les précieux ouvrages en sortant de son sac, avec un air de dégoût, les Secrets les plus sombres des forces du Mal.
- Par le caleçon de Merlin, jura Ron tandis que Potter observait sa meilleure amie d'un regard où se mêlaient l'admiration et l'incrédulité.
- Je me souviens que Dumbledore avait dit de Voldemort qu'il était allé « au-delà des limites de ce qu'on appelle habituellement le royaume du Mal », raconta Potter. C'est de ça qu'il parlait. Du fait d'avoir séparé son âme en sept et de l'effet que ça peut avoir sur la personne.
- N'y a-t-il pas un moyen de reconstituer son âme en rassemblant les morceaux ? demanda Ron.
- Si, répondit Hermione avec un pâle sourire, mais ce serait atrocement douloureux.
- Pourquoi ? Comment y parvient-on ? interrogea Potter.
- Par le remords, répondit Hermione. Il faut ressentir profondément le mal qu'on a fait. Et il y a un détail annexe. Apparemment, la douleur éprouvée est telle qu'elle peut te détruire. J'imagine mal Voldemort tentant l'expérience, et vous ?
- Je pense surtout que c'est plus compliqué que ça, marmonna Megan.
Elle avait tué les Barish, et elle avait tué Dumbledore. Sans parler des Mangemorts qu'elle avait précipités dans le vide quatre jours plus tôt. Son âme en était noircie, même si elle n'avait pas choisi d'en arracher un morceau pour l'enfourner dans des bijoux de famille. Bien sûr, elle regrettait la mort des parents du petit Derek, pourtant cela ne réparait pas le mal commis, et ce n'était pas une douleur particulière de nature à la détruire. Voldemort s'était assuré personnellement qu'elle ait à surmonter des douleurs bien plus intenses.
- Je ne l'imagine pas trop non, répondit Ron. Mais du coup est-ce que le livre explique comment détruire les Horcruxes ou pas ?
- Oui, oui, acquiesça Hermione. Harry l'a déjà fait : il a détruit le journal de Riddle il y a quatre ans.
- Quoi, tu veux dire qu'il faut les transpercer avec un crochet de Basilic ? s'étonna Potter.
- Quelle chance ! On a justement tout un stock de crochets de Basilic à notre disposition, lança Ron. Je me demandais comment on allait les utiliser.
- Il n'est pas nécessaire que ce soit un crochet de Basilic, reprit Hermione d'un ton patient. Mais il faut que ce soit quelque chose de tout aussi destructeur. Typiquement, le venin de Basilic est foudroyant et n'a qu'un seul antidote qui est extrêmement rare…
- Les larmes de phénix, acheva Potter avec un hochement de tête et un regard furtif vers Megan.
La jeune femme l'ignora. Elle n'avait pas besoin qu'on lui rappelle son expérience de mort imminente dans la Chambre des secrets. Hermione expliqua à Ron et à Potter l'enjeu de la destruction des Horcruxes.
- Mais même si nous détruisons la chose dans laquelle il vit, pourquoi le fragment d'âme ne pourrait-il pas aller s'abriter dans un autre objet ? s'enquit Ron.
- Parce qu'un Horcruxe est l'exact opposé d'un être humain.
Devant l'air décontenancé de Ron et de Potter, Hermione se hâta de poursuivre :
- Si je prenais brusquement une épée et que je te la passe au travers du corps, Ron, je n'infligerais aucun dommage à ton âme.
- Ce qui serait pour moi une grande consolation, assura Ron, déclenchant l'hilarité de Megan et Potter.
- J'espère bien ! Mais ce que je veux démontrer c'est que, quoi qu'il arrive à ton corps, ton âme reste intacte, continua Hermione. Avec un Horcruxe, en revanche, c'est l'inverse. La survie du fragment d'âme qui y est enfermé dépend de son contenant, de cette espèce de corps ensorcelé. Le morceau d'âme ne peut plus exister sans lui.
- Ce journal a eu l'air de mourir quand j'y ai enfoncé le crochet du Basilic, confirma Potter.
Megan se remémora l'encre qui avait ruisselé comme du sang sur les pages transpercées et les hurlements poussés par le fragment de l'âme de Voldemort avant de disparaître.
- Une fois le journal véritablement détruit, le morceau d'âme qui y était enfermé ne pouvait survivre. Avant toi, Harry, Ginny a essayé de se débarrasser du journal en le jetant dans les toilettes mais il est réapparu comme neuf.
- Attends un peu, coupa Ron, les sourcils froncés. Le morceau d'âme contenu dans ce journal avait pourtant possédé Ginny, n'est-ce pas ? Comment cela peut-il arriver ?
- Tant que l'Horcruxe est intact, le fragment d'âme qu'il contient peut pénétrer à l'intérieur d'une personne et en sortir à sa guise si cette personne s'approche trop près de l'objet. Je ne veux pas dire le toucher longtemps, ce n'est pas une question de contact physique, ajouta-t-elle avant que Ron ait pu intervenir. Je veux plutôt parler d'une proximité émotionnelle. Ginny a ouvert son cœur à ce journal, elle s'est rendue incroyablement vulnérable. On a de gros ennuis quand on s'attache trop à un Horcruxe, ou qu'on en devient dépendant.
- Je me demande comment Dumbledore s'y est pris pour détruire l'anneau, songea Potter. Pourquoi ne lui ai-je pas posé la question ? Je n'ai jamais vraiment…
Sa voix se perdit. Le silence fut brutalement brisé par le fracas de la porte de la chambre qui s'ouvrit à la volée en heurtant le mur avec tant de force qu'il en trembla. Hermione poussa un cri aigu et laissa tomber les Secrets les plus sombres des forces du Mal. Crookshanks fila sous le lit en crachant avec indignation. Ron se leva d'un bond, glissa sur un vieil emballage Chocogrenouille, et se cogna la tête contre le mur d'en face. Megan et Potter, d'un geste instinctif, brandirent leurs baguettes avant de s'apercevoir qu'ils se trouvaient face à Molly, échevelée, le visage déformé par la rage.
- Je suis désolée de troubler cette petite réunion intime, dit-elle, la voix frémissante. Je ne doute pas que vous ayez bien besoin de repos… mais figurez-vous qu'il y a dans ma chambre un tas de cadeaux de mariage qui ne demandent qu'à être triés. Or, il m'a semblé que vous étiez d'accord pour donner un coup de main.
- Oh, oui, bien sûr, s'exclama Hermione, qui se leva aussitôt, l'air terrifié, envoyant des livres voler en tous sens. Nous allons… Nous sommes désolés…
Elle lança un regard anxieux aux trois autres, puis sortit de la pièce derrière Molly.
- J'ai l'impression d'être un elfe de maison, se plaignit Ron à voix basse, en se massant la tête. Sauf que je n'ai pas la satisfaction du travail accompli. Plus vite ce mariage sera terminé, plus je serai content, ajouta-t-il tandis qu'il leur emboîtait le pas en compagnie de Megan et Potter.
- Ouais, répondit ce dernier. Nous n'aurons plus rien d'autre à faire qu'à trouver les Horcruxes… Ça ressemblera à des vacances…
Ron se mit à rire mais, lorsqu'il vit l'énorme tas de cadeaux qui les attendait dans la chambre de ses parents, son rire s'étrangla soudain dans sa gorge.
Les Delacour arrivèrent le lendemain matin à onze heures. Ron, Hermione, Potter et Ginny éprouvaient une franche animosité à l'égard de la famille de Fleur, et ce fut avec mauvaise grâce que Ron remonta dans sa chambre pour mettre des chaussettes identiques et que Potter s'efforça d'aplatir ses cheveux en bataille. Lorsque Molly estima qu'ils étaient suffisamment présentables, ils se rassemblèrent dans la cour ensoleillée, à l'arrière de la maison, pour y attendre les invités. Megan trouvait qu'ils étaient tous parfaitement ridicules, endimanchés et alignés dans la cour comme le petit personnel d'un château qui attendrait le retour de leur seigneur. D'ailleurs, elle n'avait jamais vu l'endroit aussi impeccable. Le chaudron rouillé et les vieilles bottes qui encombraient habituellement les marches avaient disparu, remplacés par deux nouvelles plantes à Pipaillon qui se dressaient dans de grands pots disposés de chaque côté de la porte. La végétation du jardin qu'elle avait nettoyé à la va-vite la veille était parfaitement taillée, élaguée, remodelée dans son ensemble. Bien qu'il n'y eût aucune brise, les feuilles des arbres et les décorations qui y avaient été placées se balançaient paresseusement, dans un élégant mouvement d'ondulation. Grâce à Fred et George, on ne voyait pas un seul gnome gambader dans les buissons d'ordinaires denses et touffus.
Arthur était allé attendre les Delacour au sommet d'une colline voisine où ils devaient arriver par Portoloin, compte tenu de l'ensemble des protections placées autour du Terrier qui avaient été renforcées avec l'arrivée de Potter. Megan commençait à s'agiter d'impatience lorsque l'approche des Delacour fut signalée par un rire étrangement aigu qui se révéla être celui d'Arthur. Quelques instants plus tard, il apparut à la porte, chargé de bagages et montrant le chemin à une très belle femme blonde, vêtue d'une longue robe vert foncé, qui ne pouvait être que la mère de Fleur.
- Maman ! s'écria la future mariée en se précipitant pour la serrer dans ses bras. Papa !
Monsieur Delacour était loin d'avoir le charme de son épouse. Il avait une tête de moins qu'elle, une silhouette très enveloppée et une barbichette noire et pointue, mais il semblait d'une bonne nature. Chaussé de bottes à talons hauts, il s'avança d'un pas bondissant vers Molly et l'embrassa deux fois sur chaque joue, la laissant dans un état de grande confusion.
- Il ne fallait pas vous donner tant de mal, déclara-t-il d'une voix grave. Fleur nous a expliqué que vous avez eu un gros travail. Beaucoup de « ardoueurk », comme on dit chez vous.
- Oh, ce n'est rien, ce n'est rien ! roucoula Molly. Nous ne nous sommes donné aucun mal, c'était un plaisir.
Ron se défoula en décochant un coup de pied à un gnome qui avait passé la tête derrière l'une des plantes à Pipaillon.
- Chère Milady ! s'exclama d'un air rayonnant Monsieur Delacour, qui tenait toujours la main de Molly entre ses doigts potelés. Croyez bien que l'union entre nos deux familles qui s'avance à grands pas sera pour nous un honneur considérable ! Permettez que je vous présente mon épouse Apolline.
Madame Delacour s'approcha avec grâce et se pencha vers Molly pour l'embrasser à son tour.
- Enchantée, dit-elle. Votre mari nous a conté des histoires d'une exquise drôlerie !
Arthur eut un petit rire nerveux, mais Molly lui lança un regard qui le fit taire aussitôt et le visage de son mari prit l'expression de quelqu'un qui rendrait visite à un ami proche sur son lit de mort.
- Bien entendu, vous connaissez déjà Gabrielle, ma fille cadette ! poursuivit Monsieur Delacour.
Gabrielle avait grandi, mais elle ressemblait toujours à Fleur en miniature. Elle avait désormais onze ans et une longue chevelure d'un blond pur, argenté, qui lui tombait jusqu'à la taille. Elle adressa à Molly un sourire éclatant et la serra dans ses bras, puis lança à Potter un regard de braise en battant des cils. Ginny s'éclaircit bruyamment la gorge.
- Eh bien, venez, entrez ! dit Molly d'un ton joyeux.
Et elle emmena les Delacour à l'intérieur de la maison à grand renfort de : « Allez-y, s'il vous plaît ! », « Après vous, je vous en prie ! », « je n'en ferai rien ! »
Les Delacour se révélèrent des hôtes plaisants et serviables. Ils ne soucièrent en rien de l'apparence de leurs hôtes, pas même du trou sombre sur le côté du visage de George au sujet duquel les jumeaux rivalisaient de plaisanteries. Ils étaient contents de tout et ravis d'aider aux préparatifs du mariage. Monsieur Delacour qualifiait tout ce qu'on lui montrait de « Charming, comme on dit chez vous », depuis le plan de table jusqu'aux chaussures des demoiselles d'honneur. Madame Delacour était une virtuose des sortilèges ménagers et nettoya impeccablement le four en un tournemain, ce qui exaspéra Ron qui l'avait astiqué à l'huile de coude pendant un temps considérable. Gabrielle ne quittait pas sa sœur aînée, essayant d'apporter son aide de toutes les manières possibles, parlant sans cesse dans un français trop rapide pour qu'on puisse la comprendre, même pour Megan qui en avait quelques notions solides. Cette dernière était peu sensible à la chaleur des Delacour, car ils ne lui rappelaient qu'une chose : Cal et les Boyd étaient dans leur pays, en France, arrachés de leurs maisons pour se cacher de Voldemort, et elle n'avait aucune nouvelle d'eux.
Le Terrier n'était pas conçu pour héberger tant de monde. Arthur et Molly dormaient à présent dans le salon après avoir insisté pour que Monsieur et Madame Delacour occupent leur chambre en faisant taire à grands cris leurs protestations. Gabrielle dormait avec Fleur dans l'ancienne chambre de Percy, et Bill partagerait la sienne avec Charlie à son arrivée – les futurs mariés n'étaient toujours pas autorisés à dormir ensemble. Megan, Ron, Hermione et Potter n'avaient pratiquement plus d'occasions de se retrouver ensemble pour établir leurs plans, et en désespoir de cause, ils se portèrent volontaires pour aller nourrir les poulets, dans le seul but d'échapper à la maison surpeuplée.
- Elle ne veut toujours pas nous laisser seuls ! gronda Ron lorsque leur deuxième tentative de réunion dans la cour fut contrariée par l'apparition de Molly, un grand panier de lessive sous le bras.
- Ah, très bien, vous avez donné à manger aux poulets, lança-t-elle en venant vers eux. On ferait bien de les enfermer de nouveau avant l'arrivée des ouvriers, demain… Ils doivent monter le chapiteau, expliqua-t-elle.
Molly s'arrêta pour s'appuyer contre le mur du poulailler. Elle paraissait épuisée.
- Les chapiteaux magiques Millamant… Ce sont les meilleurs. Bill va les escorter. Tu ferais bien de rester à l'intérieur pendant qu'ils seront là, Harry. Je dois dire que ça complique un peu les choses d'organiser un mariage avec tous ces sortilèges de Protection autour de nous.
- Je suis désolé.
- Allons, ne sois pas stupide, mon chéri ! Je ne voulais pas dire… Tu sais bien que ta sécurité passe avant tout ! Au fait, Harry, je voulais te demander comment tu voulais fêter ton anniversaire. Le jour de tes dix-sept ans, c'est important…
Megan avait complètement oublié que le garçon deviendrait majeur le lendemain. Depuis leur arrivée au Terrier, il avait observé les autres se servir librement de leurs baguettes avec une jalousie évidente qui avait satisfait Megan. L'organisation de l'anniversaire allait engendrer un effort supplémentaire pour tout le monde qui l'épuisait d'avance.
- Je voudrais quelque chose de tranquille, dit précipitamment Potter. Sincèrement, Mrs Weasley, un simple dîner serait parfait… C'est la veille du mariage…
- Très bien, si tu es sûr que cela te convient. Je pourrais peut-être inviter Remus et Tonks, qu'en penses-tu ? Et Hagrid ?
- Ce serait formidable. Mais, s'il vous plaît, ne vous donnez pas trop de mal.
- Pas du tout, pas du tout… Ce sera un plaisir.
Elle le regarda, d'un long regard pénétrant, puis elle eut un petit sourire triste, se redressa et s'éloigna. Près de la corde à linge, elle agita sa baguette et les vêtements humides s'élevèrent aussitôt du panier pour aller se suspendre tout seuls. Elle était rongée par l'inquiétude au sujet de l'avenir, du sort de ses enfants, et Megan ne pouvait que lui promettre silencieusement qu'elle ne laisserait rien arriver à Ron et à Hermione.
