PDV Interne.

Alors que le balbutiement des vagues commence seulement à déchirer les brumes du sommeil, j'ouvre les yeux, en meilleure forme que je ne l'ai jamais été. Aujourd'hui est le jour où je montre à Marco ce que je vaux physiquement. L'affrontement est censé se dérouler dans la salle d'entrainement. Je me prépare et attache mes cheveux puis me rends sur le lieu du duel.

Il arrive quelques minutes plus tard pendant que je m'étire et que je réchauffe mes muscles quelque peu endoloris par le manque d'exercice. Son flegme apparent le fait ranger ses mains dans ses poches. Je me retourne vers lui et hausse les sourcils en voyant qu'il est habillé comme tous les jours puis finit par sourire.

-Alors phénix ? Il parait que tu veux chasser une souris. Elle t'embête ?

Il s'approche, l'air pensif et je me mets en garde.

-Je dirais plus qu'elle m'intrigue, j'ai envie de briser cette coquille de mystère qui l'entoure pour apprendre a la connaitre.

Déstabilisée par cette phrase, je me déconcentre et le laisse attraper mes poings serrés. Surpris par mon manque de réaction, il s'arrête et me lance un regard interrogateur.

-Jewel, t'es toujours là ?

Sa voix me sort de mes pensées et je secoue la tête pour remettre mes idées en place, depuis quand il arrive a me déconcentrer aussi facilement ?

-Oui, excuse-moi. On y va ?

-Certainement.

On reprend nos distances et je tente de faire le vide dans mon esprit. Je lance ma jambe et il l'attrape au vol puis tire dessus, me faisant perdre mon équilibre. Je tourne mon pied pour me glisser hors de son emprise et le repousse. Souhaitant me rapprocher, je me lance sur mes bras pour lui mettre un coup sur le menton mais il m'esquive et attrape ma cheville pour m'attirer a lui. Je me sers de l'élan pour entourer son cou de mes jambes puis frappe sur sa tête avec mon coude. Il se penche en avant pour tenter de me déloger et s'agenouille. Mon dos touche le sol et je décroche mes jambes pour sauter en arrière grâce a ma main libre. Voyant qu'il a l'air secoué par mes coups sur sa tête, je saisis l'ouverture et attrape son bras pour le faire passer derrière son dos et enroule ma jambe autour de la sienne. Je le laisse me regarder et tire en arrière ce qui le fait chuter. Malheureusement, il a réussi a m'attraper et m'entraîne au sol.

Je glapis de surprise et atterris sur lui. Mais je ne m'avoue pas vaincue et pose un genou sur son cou et il lève les bras. Croyant a une riposte, je les attrape et les écarte, les gardant loin de moi.

-C'est fini, souris.

Je le regarde et me rends compte que je suis a bout de souffle. Je lui lâche les poignets et recule mon genou mais reste assise sur lui.

-C'est étrange. J'ai eu l'impression... que tu n'as jamais vraiment répondu a mes attaques.

Il hausse les épaules et je hausse les sourcils, d'un air interrogateur.

-Peut-être bien. Après tout, même si tu prétends le contraire, tu sors d'une convalescence non négligeable.

-Tu as eu pitié de moi ?

Je me relève, une sueur froide coule dans mon dos. Voyant ma nouvelle expression faciale qui exprime tout sauf l'approbation, il devient sérieux a son tour et je sais déjà qu'il veut retirer ce qu'il a dit.

-Non, je..

Sentant une colère mêlée de déception monter en moi, je tente de me calmer en expirant rapidement.

-Si il y a bien une chose que je déteste, c'est d'être prise en pitié. J'ai été forcée de travailler là dessus pendant deux semaines mais le fait que ce soit toi, ça me déçoit. Bon sang, ce n'est pas parce que je suis petite ou que j'ai été blessée que je suis faible ! Si je te dis que je vais bien, c'est que je le sais ! Et tu..

Soudainement déchaînée par les émotions contradictoires, je ne le vois pas se relever et m'enlacer sans hésitation alors que je suis en train de lui dire toutes ces choses horribles. Je me tais et mes muscles tremblent doucement.

-Evidemment que tu n'es pas faible. Tu es tellement de choses incroyables. Et ce que j'essaye de te dire, c'est que je suis tombé sous ton charme, Jewel. Dès que tu est arrivée dans ma vie, j'ai développé un intérêt pour toi. Bien avant que je ne te revoie a Tortuga, d'ailleurs. C'est moi qui ai conduit la plupart des recherches sur la légende que tu as fait revivre. Et en échangeant avec toi, je me suis retrouvé captivé. Tu es avide de découvertes, du monde et de la vie. Alors si tu veux bien, j'aimerais t'accompagner le long du chemin.

Subjuguée par ces mots que je n'aurais jamais pensé entendre un jour, je laisse mon corps bouger de lui même, guidé par mes propres sentiments. J'acquiesce lentement et m'approche pour l'embrasser. Il réduit la distance entre nos lèvres et une nuée de papillons s'envole dans mon estomac, traversant mon corps tout entier.

Je me détache rapidement pour m'assurer que tout ça est réel et il me sourit. Ce sourire marque la fin de ma retenue.

-N'espère pas que je vais arrêter de t'embêter.

Il hoche la tête et je le serre contre moi, ravie du tournant de ce duel. Il me lâche et on décide de sortir de la salle d'entrainement.

-Je crois que je vais aller prendre une douche avant d'aller déjeuner.

-C'est une bonne idée, je vais faire ça aussi.

-Tu veux venir ? Ça économiserait de l'eau.

Totalement désarçonnée par sa proposition, je reste muette. Il me fiche une pichenette sur le front et lorsque je proteste, il sourit.

-C'est une blague, souris. Tu n'es obligée de rien.

-Non, je vais venir.

A lui de hausser les sourcils, n'étant pas préparé a ce que j'accepte sa proposition.

-Tu es sure ? Je ne veux pas que tu te sentes forcée.

On arrive devant sa cabine et j'acquiesce pour le rassurer.

-Je pense simplement que si on se voit nus maintenant, ça enlèvera toute gêne hypothétique.

Ne pouvant pas contrecarrer cet argument, il finit par entrer.

-Va y en première, je te rejoins.

Je file dans la salle de bains et me déshabille puis fais couler l'eau.

PDV Externe.

Le blond est bluffé par l'audace de la grise. Elle n'était pas aussi innocente que ce qu'il avait pensé. Mais la réaction de la musicienne ne l'arrange pas, lui qui avait désiré la veille caresser la peau de la jeune femme. Maintenant il devait assumer et aller se doucher. Ce n'était qu'une douche, ils allaient se laver et surement ne pas entrer en contact. Sauf qu'il allait la voir nue, elle qui avait attisé ses désirs. Il secoua la tête pour se remettre les idées en place. Il se déshabilla et entra dans la salle de bains déjà emplie de vapeur avec l'eau chaude. Malgré sa nervosité qui cachait une certaine excitation, il entra dans la cabine et fut presque soulagé lorsque ses yeux se posèrent sur la poitrine de Jewel.

-Un bikini ?

-Je ne sais jamais quand l'océan va m'appeler alors je suis toujours prête a piquer une tête. J'espère que tu n'es pas trop déçu ?

Déçu ? Même si il l'avait voulu, il n'aurait pas pu être déçu. La vision du corps devant lui réveillait son désir charnel. Il aurait voulu la toucher, caresser chaque courbe de la pirate. Si elle souhaitait découvrir le monde, lui voulait découvrir tout ce qui composait la jeune femme.

-Je suis loin d'être déçu, trésor.

-En effet, ton regard en dit long.

Il tente de regarder ailleurs et elle glousse doucement.

-Je n'y suis pas allée doucement alors que dirais-tu d'un massage ? En échange, tu pourrais laver mes cheveux.

-Je dirais que tu sais comment me séduire. Ça me va, souris.

Il entoure sa taille d'une serviette et attrape un tabouret pour qu'elle ait un accès plus facile a sa tête. Elle pose ses mains sur son crane et avec du shampoing, entreprends de passer ses doigts fins dans les mèches blondes tout en variant la pression. Il ferme les yeux et elle se met a humer la musique jouée hier. Quelquefois, elle murmure les paroles et il lui semble qu'il peut les comprendre.

-Monte le son de la radio, c'est ma chanson... Ressens la basse qui résonne. Apporte-moi l'alcool qui fait partir la douleur. Aujourd'hui nous allons réunir la lune et le soleil...

C'est lorsqu'il commence a s'abandonner aux mains qui massent agréablement son crane et sa nuque qu'elle s'arrête. Elle continue de chanter et bouge un peu les hanches, comme si elle entendait la musique. Il lui fait signe de se retourner et commence a la shampouiner délicatement.

PDV Interne.

Alors que ses doigts experts quittent mon crane, je me retourne et frissonne.

-Tu as froid ?

-L'eau ne coule plus depuis un moment.

Il ouvre les bras, inquisiteur et je me réfugie dans son étreinte chaude.

-Tes pouvoirs doivent être utiles en hiver.

-Effectivement. L'été, par contre, peut devenir un enfer.

Il attrape un gel de douche parfumé a l'ananas et je le taquine silencieusement, un sourcil en l'air.

-Ace me l'a offert, je ne vais pas le jeter.

-Je ne te juge pas. Je parie même que ça sent bon. Donne m'en un peu.

Il me met une dose dans la main et je me presse a nouveau contre son torse puis passe mes mains dans son dos, décrivant de larges et petits cercles sur ses muscles. Lui qui avait dans l'idée de réciproquer le geste finit par s'abandonner contre moi et pose la tête sur mon épaule. Je souris et me mets a le papouiller, ce qui le fait grogner doucement de plaisir. Je l'écarte de moi pour faire ses bras et son torse et trace chaque ligne du bout des doigts. Il me regarde faire en souriant. Il s'occupe également de mon dos et je me repose contre lui, profitant de ce moment d'intimité et de partage.

Mousseux a souhait, nous découvrons la peau de l'autre et son toucher sur la notre. Je n'aurais jamais pensé que la première exploration serait aussi naturelle. Cette aisance a propos de la nudité est confortable et je pense que le fait que ça soit Marco y est pour beaucoup. Il est respectueux, calme et posé et me charme dans un confort serein. Je sais au fond de moi que je peux lui faire confiance et qu'il ne fera rien qui puisse me mettre mal a l'aise. Nos corps apprennent a se connaitre, sans précipitation et même si chaque courbe qu'il trace de ses doigts réchauffe et fait frissonner tout mon être, le rythme de cette communion physique est celui d'un slow, sensible et romantique.

Il termine et dépose ses lèvres sur ma joue pour me sortir de cette transe dans laquelle il m'a plongée.

-Toujours là ?

-Tu sais que tu est doué ?

-Tu n'as pas tout vu.

Je souris et d'un commun accord, on décide de se rincer. Lorsque la majorité de la mousse est partie, il m'enlace dans une étreinte pour que l'eau cascade sur nos deux corps. Joue contre joue, on reste ensemble un petit moment puis on finit par sortir. Je drape une serviette autour de mon corps et le regarde.

-J'ai passé un très bon moment en ta compagnie.

-Le plaisir est partagé.

Je souris puis regarde la porte, tentant d'écouter les hypothétiques présences.

-Qu'est-ce qui te traverse l'esprit ?

-J'irais bien m'habiller mais j'appréhende de tomber sur quelqu'un.

Il semble réfléchir un instant puis hausse les épaules.

-Je suis sur que tu va trouver un prétexte. Maintenant, file. Je dois aussi m'habiller.

Et sans plus de manières, il me pousse hors de sa cabine. Surprise, je n'ai pas le temps de riposter et me retourne pour le voir refermer sa porte. Une multitude de piques défilent dans mon esprit mais avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, je vois Ace débarquer dans mon champ de vision. Marco va me le payer.

-Jewel ! Bonjour, bien dormi ?

-Ace ! Salut ! Ça va et toi ?

-Ça va mais pourquoi tu es en serviette dans le couloir ?

Je baisse les yeux sur ma serviette et cherche a toute vitesse une excuse.

-Je.. J'avais plus.. Je n'avais plus de shampoing alors j'ai été en demander a Marco mais il m'a dit de me débrouiller.

-Oh, d'accord. Il fait la même chose quand je viens lui dire que j'ai faim.

J'acquiesce, soulagée qu'il ait accepté sans plus de questions.

-Ah ouais, je vois. Ce n'est pas très sympa de sa part. Sur ce, je vais prendre ma douche. A plus tard !

Je m'esquive sans attendre sa réponse et pousse un soupir lorsque je referme la porte de ma cabine.