Lorsqu'on entre dans la cantine, j'ignore les regards insistants et fait asseoir Tillie à mes cotés. Tatch arrive et dépose devant moi une assiette de lasagnes accompagnées de salade verte. Il donne à l'enfant le même plat, dans une assiette adaptée à son petit gabarit. Je me tourne vers la petite qui se prépare à plonger sa fourchette dans la nourriture.
-Minute, papillon. Tu n'as pas oublié quelque chose ?
Elle repose sa fourchette et se tourne vers le cuisinier.
-Merci pour le repas.
Le brun sourit et la remercie en retour puis se penche vers moi, un air de conspirateur envahit les traits de son visage.
-Tu sais, Jewel... Je ne t'imaginais pas ce coté maternel mais ça te va bien.
-Et toi, tu ferais mieux de t'éloigner avant que je ne plonge ta face de pirate dans un plat.
Mimant une expression de choc, il se recule tout de même hors de ma portée. Heureusement pour lui, Tillie tire doucement sur ma manche pour attirer mon attention.
-Est-ce que je peux manger maintenant ?
-Bien sur, crevette. Bon appétit.
-Merci.
Elle se met à manger avec appétit et je me plonge également dans mon plat. A ma grande surprise, Marco vient s'asseoir à mes cotés. Sa cuisse touchant la mienne, j'essuie rapidement ma bouche que je sais orange et regarde le reste de la tablée, même si je m'adresse à lui.
-Fais attention, ta retenue s'amenuise.
-Peut-être que je fais exprès.
Je manque de m'étouffer sur une bouchée et fais passer le tout avec une gorgée d'eau. Je vois son petit sourire en coin et lui lance mon plus beau regard assassin, qu'il ne manque pas d'ignorer.
-Doucement, Phoenix. On va finir par se faire remarquer.
-Les personnes qui me tiennent le plus à cœur sont déjà au courant alors ça ne serait pas une mauvaise chose.
J'acquiesce et me penche légèrement vers lui pour parler un peu plus bas.
-D'accord mais n'oublie pas que j'apprends encore à mettre un pied devant l'autre.
-Et je suis là pour te tenir la main.
Le dos de sa main frôle innocemment mes doigts et le désir de ressentir son toucher sur ma peau me torture. Ma seule consolation est le contact de nos jambes, qui se fait permanent alors que tous les commandants ont rejoint la table et que l'on doit se serrer un peu plus. Ace se charge de narrer notre mission et mon intervention devient un conte épique alors qu'il s'enflamme.
-Je vous jure, c'était incroyable ! Comme si le kraken était sorti de l'océan pour avaler le bateau !
Certains sourient alors qu'il mime l'attaque de ses mains. Flattée par les remarques de mon commandant, je n'entends qu'à moitié le commentaire de Marco.
-Le Kraken, rien que ça ?
-Tu veux peut-être une démonstration ?
-Quand tu veux.
Je lui lance un regard inquisiteur et il soutient mon regard.
-Tu as l'air agité.
-Si tu savais.
Il boit une nouvelle gorgée de sa choppe, restant énigmatique au possible. Le repas se termine calmement et je remarque que Tillie baille de plus en plus fréquemment.
-Je t'emmène au lit, chipie ?
-S'il te plait.
Je la prend a nouveau dans mes bras et la conduit jusqu'à l'infirmerie. Alors que je la couche, elle pose sa main sur mon bras.
-Merci d'être restée avec moi, je me suis bien amusée.
Je souris et glisse une mèche de cheveux derrière son oreille, attendrie.
-Dors bien, chipie.
Je m'éloigne et rentre dans ma cabine. Mais lorsque je relève la tête, je croise le phénix, seulement vêtu d'un boxer. Le premier réflexe logique serait de me retourner mais j'ai passé cette étape sans m'y arrêter alors je me contente d'admirer la vue. Il sourit et s'approche.
-Salut, toi.
-Bonsoir.
Sa voix, devenue délicieusement grave me donne envie de me retrouver aussi peu habillée que lui. Il semble lire dans mes pensées alors qu'il passe ses mains chaudes sur ma taille, soulevant doucement mon haut.
-Est-ce qu'il y a une raison pour tu sois plus habillée que moi ?
Je souris et secoue la tête.
-Aucune raison qui en vaille la peine.
Il fait glisser mon haut sur le sol et je le regarde faire, curieuse de voir où ses mains iront ensuite.
-Ce soir ?
-Seulement si tu en as envie. Mais je pensais à y aller doucement et aviser ensuite.
-J'aime cette méthode d'approche.
Il soulève mon menton et ses lèvres frôlent les miennes mais il se recule au dernier moment, décidant de jouer avec moi. Mais on peut être deux à jouer. Je déboutonne mon pantalon et il tente de m'aider à l'enlever mais je fais un pas en arrière et le retire moi-même, me retrouvant en bikini.
Je m'étire et lui jette un regard en coin alors qu'il me dévore du regard.
-Mmh.. Je crois que je vais aller prendre une douche.
-Est-ce que je peux venir ?
-Je ne sais pas si tu as été assez sage.
Il hausse un sourcil et je lui envoie un clin d'œil avant de filer dans la salle de bains. A ma plus grande joie, il ne tarde pas à me rejoindre alors que je prétends l'ignorer en laissant mes muscles se détendre au contact de l'eau chaude. Il s'approche jusqu'à chuchoter à mon oreille.
-Dois-je te rappeler qui commande, souris ?
Je souris et me retourne pour me presser contre lui, entourant son cou de mes bras.
-Essaierais-tu de m'impressionner ?
-Est-ce que j'ai une chance de gagner ?
Je hausse les épaules.
-Sache simplement que j'ai des arguments contre toi.
Il baisse les yeux sur ma poitrine et se mords la lèvre inférieure.
-Tes "arguments" me font pas mal d'effet.
Je hausse un sourcil alors qu'il pose les mains sur mes fesses et les attrape doucement.
-Je vois ça.
-J'ai rêvé de faire ça durant tout le repas.
-Et moi j'ai rêvé de ça.
Je l'embrasse et plutôt que de fuir inutilement ma bouche, il répond à mes lèvres et une vague de soulagement me submerge alors que je le retrouve enfin. Une mélodie joue dans mon esprit et je m'écarte, réfléchissant déjà aux accords. Il hausse un sourcil en m'observant et je prends la décision de me mettre immédiatement à la composition, les paroles flottant dans ma tête. Je commence à les murmurer et m'échappe hors de son étreinte.
PDV Marco.
D'abord confus par l'étrange comportement de la grise, il est rassuré alors qu'il la voit chanter doucement une nouvelle musique. Elle s'enveloppe rapidement dans une serviette et bouge doucement les mains pour marquer un tempo.
Il n'ose pas l'interrompre, intéressé par son processus créatif et se contente de la suivre, alors qu'elle revient dans la cabine, encore à moitié trempée. Sa guitare apparaît dans ses bras et alors qu'elle règle les cordes, il prend une serviette pour lui sécher les cheveux. Trop absorbée pour protester, elle s'appuie contre lui alors qu'il l'invite à s'asseoir. Constatant qu'elle n'a pas l'intention de se rhabiller, il l'entoure de ses bras pour lui apporter du confort.
Au bout de quelques minutes d'un silence relatif où il l'entend marmonner différents termes musicaux, elle semble finalement sortir de sa transe et relève la tête pour le regarder.
-Je crois que c'est prêt. Merci de m'avoir aidée à rester au chaud.
-C'est normal. Tu me fais écouter ?
Elle se penche à nouveau sur son instrument et gratte quelques accords. Sa voix chaude et caressante s'élève et il ferme les yeux pour mieux profiter de la présence de la musicienne. Il l'entends taper doucement du pied pour marquer le rythme et se sent chanceux de pouvoir assister seul à ce concert très privé. Il reconnait la chanson comme une balade nostalgique racontant aux travers de différents alcools une relation amoureuse perdue. Alors qu'elle termine, il pose le menton sur ses cheveux humides et en inspire l'odeur iodée, venant de l'océan.
-C'est toi qui m'a inspirée.
-Vraiment ?
Elle hoche la tête et pose la guitare puis trace les veines de ses bras.
-Pour être honnête, ça fait un moment que je n'ai pas composé de morceaux originaux. Simplement des reprises. Je croyais avoir perdu l'inspiration mais depuis toi, j'ai tout le temps une mélodie dans la tête.
Il sourit, flatté par la remarque de la grise et la serre contre lui.
-Oh mais je suis encore toute humide !
-Et tu le remarque seulement maintenant ?
Elle se redresse et commence a se sécher.
-Parce que tu m'as tenue au chaud.
-A l'avenir, tente de te sécher avant de t'engager dans une autre activité.
-Chaque chose en son temps, je sais. Mais je ne pouvais pas laisser l'inspiration s'échapper.
Il secoue la tête, prétendant être exaspéré mais ne peut garder cet acte longtemps car elle dévoile à nouveau son corps bronzé par le soleil et finement ciselé, travaillé par l'activité physique, lui semblant être une véritable œuvre d'art qu'il pourrait contempler des heures durant.
PDV Jewel.
Alors que je cherche un vêtement pour passer la nuit, il interrompt mes réflexions d'un commentaire lascif.
-Sinon, tu peux aussi rester comme ça. Je me chargerai de te tenir chaud.
Je me tourne vers lui et hausse un sourcil mais ne résiste pas longtemps alors qu'il me lance son plus beau clin d'œil et un magnifique sourire charmeur. Je m'approche et m'assieds à moitié sur lui alors que je lance une réplique du même gabarit.
-Fais attention, je pourrais te prendre au mot.
Il m'observe le dominer et se prend au jeu. Il pose les mains sur ma taille et appuie sur mes hanches pour me faire asseoir juste au dessus de ses cuisses. Il vient susurrer sa réponse à mon oreille.
-Je n'attends que ça, trésor.
Je perds du terrain en frémissant mais ne m'avoue pas vaincue en bougeant légèrement le bassin pour me poser plus confortablement sur lui, ce qui fait réagir son entrejambe. Nos regards ne se sont pas quittés un seul instant et il m'attire alors à lui en une étreinte. Surprise, je perds mon équilibre et tombe en avant. Il s'allonge et je suis son mouvement, restant sur lui. Il entoure mon dos de ses bras fermes et puissants et pose son menton sur le haut de ma tête alors que je me blottis contre lui, me sentant aussi petite qu'une souris.
Après un moment de silence confortable, il se confie.
-Tu te rappelle quand tu m'as dit que je manquais de retenue ?
-Pas plus tard que ce soir.
-J'ai remarqué que j'ai plus de difficulté à garder mon flegme légendaire depuis que tu est là.
Je garde le silence, me demandant si cette remarque est un reproche. Comme si il avait lu dans mes pensées, il reprend, caressant doucement mes épaules du bout des doigts.
-Mais après réflexion, c'est plutôt une bonne chose. J'ai l'impression d'avoir retrouvé.. Un sentiment de nouveauté familière. Je sais que ce n'est pas très logique mais c'est ce que je ressens. Ça fait un bon moment que je suis dans ce monde et j'ai pris l'habitude d'une routine inconsciente, ayant l'impression d'avoir déjà tout fait et tout vu. Mais tu m'as fait réalisé que je me suis trompé, je suis loin d'avoir tout vu et tout fait puisque tu m'offre une nouvelle perspective de la vie. Et même si tu te dévoiles aussi progressivement qu'une rose, je crois n'avoir effleuré que la surface de ton être, pour mon plus grand plaisir. A tes cotés, je me sens vivre et je pense qu'il est nécessaire que tu sache à quel point tu est importante à mes yeux, Jewel.
Sous le choc de cette déclaration, je ne peux que m'imprégner du poids réconfortant de ses mots. Je me redresse lentement, tentant de mettre de l'ordre dans mes pensées. Il s'approche et caresse ma joue, trempée par le chemin salé d'une larme solitaire, exprimant le tumulte de mes émotions.
-Au cas où tu ne l'as pas remarqué, je suis complètement ébranlée. Et je n'ai qu'une chose à te répondre..
Je baisse les yeux, remarquant la lueur vibrante de nos colliers et murmure trois petits mots contre ses lèvres.
-Je t'aime.
Sa température corporelle augmente d'un coup alors qu'il m'embrasse passionnément, tout contrôle envolé. Je réponds à ses lèvres et passe mes doigts dans ses courtes mèches blondes. Ses mains viennent trouver ma taille et il me serre contre lui. La chaleur augmente littéralement d'un cran et je suis contente d'être restée en bikini. Malgré l'euphorie partagée, mes poumons manquent d'air et je m'écarte doucement. Il semble revenir à lui et se détache de moi. Il fronce les sourcils en remarquant les gouttes de sueur perler sur ma peau.
-Tu transpires ?
-Il faut dire que ton contact est plutôt chaleureux.
Il réalise finalement ce qui arrive et soupire, un petit sourire sur les lèvres.
-C'est un phénomène qui ne m'était pas arrivé depuis mes débuts en tant que phœnix.
Je souris et lui tends la main.
-Alors une douche froide devrait calmer tes ardeurs.
Il hausse un sourcil face a mon humour douteux mais me suit tout de même dans la salle de bains. Je passe aussi sous un jet tiède pour me débarrasser de la sueur et le laisse refroidir. Je contemple les volutes de vapeur s'échapper de son corps et ne peut m'empêcher de sourire, me mordant les lèvres pour ne pas rire.
-Si c'est pour me faire une nouvelle remarque en rapport avec la chaleur, tu peux aller te sécher.
Je m'exécute et retourne dans la cabine pour sécher mon corps et je lui emprunte un t-shirt pour la nuit. Lorsqu'il me rejoint au bout de quelques minutes, il semble approuver mon choix.
-Après ce débordement d'émotions, je suggère de calmer le jeu.
-Je suis d'accord.
Il enfile un boxer et me rejoins après m'avoir observé quelques instants, un air satisfait sur le visage. Il me prend automatiquement dans ses bras et je me blottis contre lui.
-Mon lit va finir par prendre la poussière.
-Et j'aime te voir dans le mien.
Je souris et dépose mes lèvres à l'endroit où se trouve son cœur. Je laisse le rythme de sa respiration me bercer et je m'endors, apaisée.
