Chapitre 21.
-Il est temps de se réveiller, souris.
A l'entente de la voix grave de Marco, je grogne et me blottis contre lui, recherchant sa chaleur. Ses bras viennent m'envelopper et il me serre contre lui. Je soupire de satisfaction et entends son sourire non dissimulé. Il profite du moment et j'inspire son odeur, mélange d'encre et de papier.
-Jewel ?
-Mmmh... J'vais finir par partir.
Son corps est secoué par un éclat de rire à l'entente de mes mots indistincts, ma bouche étant pressée contre son torse.
-Loin de moi l'idée de ne pas apprécier ton affection matinale mais ça ne te ressemble pas de laisser le soleil se lever sans que tu sois là pour l'observer.
J'ouvre subitement les yeux et me redresse tant bien que mal puis regarde à travers le hublot, le ciel est illuminé. Je regarde le phénomène un instant puis m'étire et contient un bâillement. Je tourne la tête vers Marco et il hausse un sourcil, je hausse les épaules et me recouche, lui tournant le dos. La surprise passée, il finit par réagir.
-Et tu crois que je vais te laisser faire la grasse matinée ?
-Parce que tu crois que j'ai peur de toi ?
Malheureusement pour moi, sa question n'attendait pas ce genre de réponse. Sa main vient se poser doucement sur ma hanche et je souris, croyant qu'il initie un câlin. Mais alors que son bras entoure fermement ma taille, le doute me submerge. Je lui lance un regard inquisiteur et son sourire carnassier me dit de courir. Il se met alors à me chatouiller et je me contorsionne, ne pouvant contenir mon fou rire.
Je tente de le supplier de me relâcher mais il est trop tard. Je me suis laissée attrapée et il ne me laissera aucun répit. L'idée me vient alors de réciproquer son attention et je commence à chatouiller ses bras. Alors que mes doigts fins trouvent ses failles, il me lâche assez pour que je me retourne et j'en profite pour attaquer ses cotes. Il commence à se mouvoir mais est trop occupé par l'idée de continuer à me châtier pour échapper à mes contre-attaques.
Sa bouche étirée en un sourire clos tremble, je sais qu'il a envie de rire. Je lui grimpe dessus et mes mains descendent sur son bassin. Un éclat de rire s'échappe de sa gorge suivi par de nombreux autres. Je laisse échapper un cri alors qu'il tente d'immobiliser mes mains et je fonce sur lui, tête baissée. Je le sens sursauter et sa paume arrête mon front. Mon sourire s'étire alors qu'il comprend ma feinte et je profite de son manque de concentration pour mêler mes doigts aux siens et bouger ma tête pour poser mon menton sur sa paume ouverte.
J'écoute le rythme décalé de nos respirations essoufflées et plonge mon regard dans le sien. Il referme doucement ses doigts sur mon menton et m'attire à lui pour embrasser mes lèvres avec une douceur contrastant la férocité de ses chatouilles.
Je souris contre ses lèvres et me sens fondre contre lui. Lorsqu'il décide finalement de me libérer, j'ai l'impression d'avoir oublié comment respirer. Je prends une minute pour reprendre contrôle de ma personne et me redresse alors qu'un frisson me parcourt.
-Je dois m'avouer vaincue.
-Je pense plutôt que tu as gagné. C'est ton regard qui m'a donné envie de t'embrasser.
Je hausse un sourcil et souris alors que ma prochaine pique me vient à l'esprit. Mais d'abord, je prends soin de descendre du lit et de m'étirer.
-Tu comptes trainer au lit toute la journée, phénix ?
Il se redresse et je lui tire la langue. Il m'observe, semblant contempler l'idée de me faire subir une deuxième attaque mais finit par secouer la tête, un léger sourire aux lèvres.
-Tu sais que t'es une crapule ?
Mon sourire s'étire alors que je m'approche et me hausse sur la pointe des pieds pour venir chuchoter dans son oreille.
-Je crois que le mot que tu cherches est "pirate".
Il se penche et vient me mordre l'oreille. J'éclate de rire et passe mes bras autour de son cou pour l'attirer à moi et je dépose quelques baisers dans son cou. Il grogne de plaisir et ses mains viennent trouver mes hanches.
-Tu viens prendre ta douche avec moi ?
Ressentant sa température augmenter, je souris et me recule doucement.
-Si on continue comme ça, on va à nouveau finir au lit.
-C'est une idée.
Je dépose mes lèvres sur le bout de son nez, ce qui semble le sortir de sa transe.
-Qui ne se réalisera pas ce matin. Ma nouvelle amie va finir par s'ennuyer si je ne sors pas.
Il hausse un sourcil et finit par céder, non sans une tentative pour me faire culpabiliser.
-Et moi je ne vais pas m'ennuyer peut-être ?
Je lui offre ma plus belle moue dubitative et une idée me vient en tête.
-Et si tu mettais à profit toute cette énergie pour t'entrainer avec moi ?
-Tu n'es pas censée éviter l'eau ?
Il touche le bord du pansement et j'acquiesce.
-C'est pour ça que je vais rester au sec.
Il fronce les sourcils, intrigué et je lui fais un clin d'œil puis rassemble rapidement mes affaires et retourne dans ma cabine. Je prends ma douche et opte pour une salopette noire, je noue une chemise a carreaux autour de ma taille au cas ou le temps changerait et enfile mes bottines. Je me rends a la cantine et une exclamation de joie enfantine m'accueille alors que je pousse la porte. Je souris et ouvre les bras alors que Tillie cours à ma rencontre. Je la soulève et la cale sur ma hanche.
-Bonjour, chipie.
-Je t'ai attendue pour manger.
-Waow ! Alors ne laissons pas ton estomac dans le désespoir.
Elle acquiesce vivement et je l'installe à mes cotés. Tatch sort de la cuisine, un plateau dans la main et un grand sourire aux lèvres. Lorsqu'il dépose des croissants, mon sourire s'étire et j'applaudis. Je remarque que l'enfant m'imite et le cuisinier laisse échapper un éclat de rire.
-J'étais sur que ça allait vous faire plaisir.
-Merci beaucoup, Monsieur le cuisinier.
-Oh je t'en prie, appelle moi Tatch, crevette.
La petite hoche la tête et mords vigoureusement dans une pâtisserie. Je l'observe en souriant et tourne mon attention vers le brun, qui s'est tranquillement assis à mes cotés. Je plonge mon nez dans une tasse de café au lait et attends qu'il se décide à parler.
-Alors... Tu as bien dormi ?
-Plutôt bien et toi ?
-Oh oui, je n'ai jamais de problème pour m'endormir.
-Tant mieux.
Il regarde autour de lui et parle soudainement plus bas.
-Tu n'as pas à te cacher avec moi, tu sais.
-Et j'apprécie grandement de pouvoir compter sur toi.
-Allez.. Je sais de source sure que tu n'as pas passé les deux dernières nuits dans ta cabine.
Une ombre passe sur mon visage alors que je repose ma tasse sur la table et que je me tourne complétement vers lui, un sourire trop enthousiaste pour être sincère sur mes lèvres. Je le sens se figer.
-Et moi qui voulais m'entrainer aujourd'hui. Malheureusement, je ne peux pas aller me baigner mais je sais de source sure que je t'avais promis une petite plongée.
Il déglutit alors que je me penche vers lui.
-Qu'est-ce que t'en dis, grand frère ?
-Oh, je serai ravi de t'aider mais tu vois, je suis très occupé, je dois préparer le repas et m'occuper de...
Mon sourire s'élargit.
-Je n'ai jamais eu beaucoup de patience avec les gens insistants. C'est ton dernier avertissement.
Je me rassieds alors que Marco arrive et Tatch reprend contenance et fuit dans la cuisine. Le phénix s'assied face à moi et attrape un croissant.
-Tu te fais embêter, souris ?
-Seulement la commère de service qui cherche ses ragots.
Le blond se contente de sourire et je termine mon café. Je commence à me lever et attire l'attention de Tillie.
-Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?
Je me penche à son niveau et lui souris.
-En ce qui me concerne, je vais aller dehors m'entrainer. Tu peux venir me regarder mais si tu t'ennuie, je suis sure que Tatch adorerait t'avoir dans ses pattes.
-Je viens avec toi.
-Okay chipie.
Je l'entraine sur le pont et elle va s'asseoir à même le plancher. Je m'étire et Marco finis par arriver, je l'accueille d'un sourire.
-Qu'est-ce que t'as en tête, souris ?
-Tu te souviens de la dernière bataille ?
-Un peu.
Je prends une inspiration et garde mon air innocent.
-Je me disais qu'il me faudrait penser a jouer en défense désormais. Pour commencer, j'aimerais tester mon bouclier.
-Tu veux que je t'attaque ?
-C'est l'idée.
Il hausse un sourcil alors que je sors un bandana de ma poche pour le nouer sur mes yeux.
-T'es sure de toi ?
Je pose un index sur mes lèvres closes et l'entends soupirer, intrigué. Après un court moment, j'entends sa respiration calme et j'imagine un petit sourire se former sur ses lèvres alors qu'il lance un poing, je tends ma main ouverte et une barrière se forme, l'empêchant de m'atteindre. Un léger sourire étire mes lèvres alors qu'une idée me vient à l'esprit. Je profite du fait qu'il réfléchisse à une manière de m'atteindre pour manipuler une brise d'une main cachée volontairement derrière mon dos. Cette même brise vient s'enrouler autour du corps de mon partenaire et avant qu'il ne puisse réagir, je lève un doigt et il quitte doucement le sol. Il ne tarde pas à manifester sa surprise et je ressens son équilibre déstabilisé mais le garde enveloppé dans le courant.
Il transforme alors ses bras en deux ailes enflammées et je ressens cette transformation par la chaleur exsudée. Je le relâche et le laisse reprendre contrôle. Je retire mon bandeau et mon sourire s'étire alors qu'il se pose devant moi, les sourcils froncés mais une ombre de satisfaction sur le visage.
-Je pensais que tu voulais jouer en défense.
-Je crois que j'aime te surprendre.
Il hausse un sourcil et je lui fais un clin d'œil puis lui tends la main. Méfiant, il plisse les yeux en ma direction et je me contente de hausser les sourcils, mystérieuse. Il tente tout de même sa chance et pose ses doigts sur les miens, toujours sur ses gardes. Mon plan était de l'envoyer bouler à l'aide d'un courant aérien mais l'éclat d'affection dans ses yeux me détourne de cet objectif. A la place, je me rapproche et soupire.
-Je viens de réaliser quelque chose... Je ne peux plus m'entrainer avec toi, je n'ai pas envie de risquer la chance de te faire mal. De plus, tu me déstabilises trop.
Il reste muet quelques secondes puis sourit et me prends dans ses bras.
-La même pensée m'est venue à l'esprit, trésor.
Alors que les murmures parcourent les quelques petits groupes qui étaient venus voir comment je m'en sortirais face au commandant, je lève la tête et chuchote.
-Est-ce que l'idée d'une course poursuite serait tout aussi perturbante ?
Il me relâche et semble réfléchir.
-Seulement si tu m'attrape.
Il décolle sans tarder et je le suis, enthousiasmée par le fait qu'il se laisse prendre au jeu. Étant plus expérimenté que moi en vol, il fait attention à ne pas me laisser perdre espoir mais alors qu'il observe que j'ai de l'énergie à dépenser, il se transforme complétement en phénix et est encore plus rapide que ce que j'imaginais. Alors qu'on tourne autour du bateau, je décide de le prendre de court. J'arrête de le suivre et observe son parcours. Quand je vois qu'il ralentit pour voir où je me trouve, j'utilise quelques nuages bas pour me cacher et m'approche à quelques mètres. Je réapparais derrière lui, d'humeur taquine.
-Boo !
Il sursaute et prends un temps pour se transformer en demi zoan puis se retourne sur moi.
-Tu as perdu quelque chose, phénix ?
-Seulement mon trésor le plus précieux.
J'ai envie de faire la moue face à cette réplique mais me laisse porter par l'adrénaline et malgré mes efforts pour réprimer mon sourire, ce dernier s'étire tout de même jusqu'à atteindre mes oreilles. Je cache mes joues rouges dans son cou et laisse ses flammes m'envelopper dans une chaleur réconfortante.
-Je vais avoir mal aux joues a force de sourire, Marco.
-C'est le but, Jewel.
Il dépose ses lèvres sur ma tempe et je finis par gagner le courage de me détacher de lui. D'un commun accord, on descend sur le pont avant et Ace nous rejoint.
-Tu t'entraines, Jewel ?
-J'essaye en tout cas. Tu m'aides ?
-J'adorerais me mesurer à toi. Tes pouvoirs sont trop cool.
Je le remercie d'un signe de tête et mon holster de couteaux apparait dans ma main.
-Si ça te va, j'aimerais bien travailler mon corps à corps.
-Aucun problème mais je te préviens, je me bats depuis que j'ai 7 ans.
Je hausse les sourcils et prends le temps d'attacher le holster à ma cuisse et ramène mes mèches de devant en un chignon rapide. Plus d'hommes se rassemblent et Barbe Blanche va également s'asseoir sur son fauteuil. Ayant soudainement conscience que j'ai plus de spectateurs que prévus, je prends une inspiration et offre un sourire à mon commandant.
-On y va ?
Il acquiesce et prends une impulsion.
