Chapitre 23.

PDV Externe.

Au bout de plusieurs heures à peaufiner une carte, Marco sent sa nuque lui demander du repos. Il repose sa plume et étire son cou, tournant la tête vers Jewel, confortablement installée dans son lit, concentrée sur le livre posé sur ses jambes. Il sentit un sourire étirer ses lèvres à la vue de sa souris studieuse et observe que la luminosité du début d'après-midi à fortement diminué. Il se lève et s'approche, s'attendant à ce qu'elle lui accorde de l'attention mais elle ne daigne même pas lever les yeux du texte. Il hausse un sourcil et lui laisse une chance de se rattraper.

-Jewel ?

Il aperçoit un sourire a moitié dissimilé et comprends alors qu'elle le cherche. Il lève les yeux au ciel mais est secrètement amusé par cette attitude enfantine. Cependant, il croise les bras et prétend s'éloigner.

-J'imagine que si la personne sur mon lit ne veut pas mon affection, je vais devoir la donner à quelqu'un d'autre.

Il n'a même pas le temps d'approcher de la porte qu'elle hausse la voix.

-Où est-ce que tu crois aller ?

Il sourit et hausse les épaules, lui tournant toujours le dos et continuant à marcher vers la porte. Il l'entends alors se lever et sens bientôt des bras entourer sa taille.

-Pourquoi un tel revirement de situation ?

-Pardon de t'avoir ignoré. Donne moi de l'affection.

Il se mord la joue pour continuer à la taquiner mais finit par craquer et se retourne pour la regarder.

-S'il te plait ?

Il cède complétement a ses yeux doux et se penche pour l'embrasser, elle sourit momentanément contre ses lèvres et réponds au baiser, enlaçant sa nuque de ses bras. Quelqu'un toque alors à la porte et légèrement agacé de s'être fait interrompre, il soupire et lâche la grise pour aller ouvrir la porte.

PDV Interne.

Quand Marco ouvre la porte, je suis légèrement surprise de voir Tatch accompagné de Tillie. Le cuisinier grimace alors que la petite le délaisse pour aller s'accrocher à ma jambe dès qu'elle me voit. Je fronce les sourcils mais me concentre sur l'explication du brun.

-Désolée de vous déranger. On a eu l'information que le bateau s'approche des cotes de Febria. Dès qu'elle a entendu ça, elle m'a bien fait comprendre qu'il fallait qu'elle te retrouve.

Marco tourne la tête vers moi avec une expression inquisitrice, mais je me contente d'acquiescer et pose une main sur les longs cheveux ébènes.

-C'est une super nouvelle pour toi, chipie. On va sur le pont pour que tu nous indiques où te débarquer ?

Elle acquiesce lentement et voyant qu'elle ne se détacherait pas facilement de ma jambe à laquelle elle semblait collée, je soupire et la prend dans mes bras, la calant sur ma hanche.

-Merci d'avoir pris le temps de la guider jusqu'ici, Tatch. Je m'occupe d'elle.

Le cuisinier acquiesce et je mène la voie jusqu'au pont où se trouve la moitié de l'équipage. Le crépuscule prend ses aises tandis que le soleil se couche lentement. Je rejoins rapidement mon commandant qui offre un large sourire à Tillie.

-Contente de rentrer chez toi ?

D'habitude bavarde, la petite acquiesce puis tourne le regard vers l'horizon. Ace me regarde et je hausse les épaules. Marco nous rejoint, après avoir discuté avec quelques membres et Barbe Blanche.

-Apparemment, il n' y a pas de traces d'ennemis mais on n'est jamais trop prudents. Ace, tu accompagnes Jewel qui ramènera Tillie chez elle.

-Reçu 5/5.

Le brun exécute un salut militaire, ce qui me fait sourire. Je tourne la tête vers Tillie qui regarde toujours les cotes de son ile natale, l'air anxieuse. Je laisse mes doutes de coté pour la rassurer, elle doit avoir peur de se faire gronder par ses parents.

-Hey, chipie.

-Mmh ?

-Ça te dit de voler jusqu'à l'ile ?

-Okay.

Bien que l'idée la ravissait ce matin, elle ne montre qu'une expression neutre, étrangement vide pour une enfant de son age. Mes instincts me pressent d'être prudente mais je décide de mettre ma méfiance de coté. Tout ira mieux une fois qu'elle aura retrouvé ses parents. Je me tourne une dernière fois vers Marco et lui offre un sourire.

-Garde moi une assiette au chaud.

-Ne sois pas en retard.

Je hoche la tête et marche vers le bout du pont, Ace va retrouver son Striker tandis que je tiens Tillie fermement et prends une impulsion pour monter progressivement dans les airs, rejoignant Ace qui active le moteur à l'aide de ses flammes. La distance à parcourir n'est pas grande et je me pose sur la plage au bout de quelques minutes. Mon commandant tire son bateau sur le sable pour éviter qu'il ne parte à la dérive et je donne mon attention à Tillie.

-Okay, chipie. Tu nous guide ?

-Oui. Mais je préfère si il n'y a que toi qui viens. Je ne veux pas que mes parents..

Je regarde Ace qui prends un moment pour réfléchir puis finit par hausser les épaules.

-Ça me va. Je sais que tu es capable de te défendre mais au cas où, n'hésite pas a crier.

J'acquiesce et dépose la petite au sol, elle me prend immédiatement la main et commence à m'entrainer en direction du village côtier. Je fais un dernier signe de la main au brun qui m'offre un large sourire, ignorant tous deux que cette interaction serait la dernière avant un moment.

L'enfant me fait traverser la moitié du village à bon pas et au fur et a mesure que je passe devant les maisons, je m'aperçois que quelque chose sort de l'ordinaire. L'activité de fin de soirée qui devrait être fourmillante, surtout avec la température estivale se retrouve fortement réduite, au point de non-existence. Je ralentis et regarde autour de moi, cherchant un signe de vie mais tout est silencieux.

-Dis, chipie. C'est toujours aussi calme chez toi ?

Elle se contente de hausser les épaules et de presser le pas. Je fronce les sourcils devant son comportement de plus en plus suspect mais la partie dominante de mon esprit est trop impatiente de se débarrasser du malaise qui me gagne peu à peu pour se pré-occuper des signes extérieurs. Ayant l'impression qu'on s'éloigne de plus en plus des cotes, je décide de poser une des nombreuses questions qui me trottent dans la tête, espérant diminuer mon agitation interne.

-Tes parents habitent loin ?

-On arrive bientôt.

J'acquiesce et quelques instants plus tard, on s'arrête devant une maison un peu plus reculée que les autres et entourée d'arbres. De la lumière sort par la porte entrebâillée, ce qui est plutôt bon signe. Tillie lâche soudainement ma main et court à l'intérieur, je hausse les sourcils, surprise par ce soudain changement mais finit par accepter le fait qu'elle soit rentrée pour de bon.

Un tissu humide est alors plaqué contre ma bouche tandis que des bras m'enserrent la taille. Je tente aussitôt de me défaire de l'étreinte mais les muscles de mon assaillant sont plus puissants que moi et les vapeurs du tissu me font perdre ma concentration, ma vision devient floue et je sens mes genoux fléchir. Cependant, avant de perdre connaissance, je réussis à apercevoir Tillie se tenir sur le pas de la porte d'entrée, l'ombre d'une main se posant sur sa tête, comme pour la féliciter. N'ayant pas la force de résister plus longtemps, je ferme les yeux et me laisse tomber dans les entrailles du néant.

Un long moment plus tard.

Lorsque je me réveille, je m'aperçois que mon environnement à entièrement changé. Ressentant la présence de plusieurs autres personnes, j'ouvre les yeux et reconnais l'intérieur d'un wagon de train. Je fronce les sourcils en observant que les personnes les plus proches sont des officiers du gouvernement mondial. Je me suis donc faite enlevée ? Embêtant mais intéressant.

Un des officiers semble finalement s'apercevoir que je suis réveillée et alerte ses collègues. Quatre pistolets sont aussitôt pointés dans ma direction. Ils n'ont pas l'air de savoir qui je suis mais ils sont au courant de la menace que je représente.

-Ne bougez surtout pas !

Je hausse un sourcil puis me redresse, un léger sourire aux lèvres. Les chaines enfermant mes mains tintent lorsque je bouge et j'entends les sécurités des armes se retirer, apparemment pour que je sache qu'ils sont sérieux.

-Je crois que votre tentative de m'effrayer n'a pas fonctionné. Parce que peu importe la raison, vos chefs me veulent en vie. N'est-ce pas ?

Ils grognent et finissent par baisser leurs armes. Pendant ce temps, je regarde par la fenêtre et remarque qu'on roule sur l'océan. Il ne faut pas que je leur donne trop d'indices sur mes pouvoirs mais je peux au moins leur donner le mal de mer. Je m'appuie contre le dossier du siège et ferme les yeux, conjurant progressivement une tempête, avec de nombreuses vagues qui secouent le train. Bientôt, mes surveillants deviennent pales et vont tour a tour vider le contenu de leur estomac.

Bientôt, une personne que je ressens comme nettement plus influente que mes gardes ouvre la porte du wagon, ses épaules humides de son bref passage a l'extérieur. Un pigeon se tient sur son épaule et il fronce les sourcils, ses yeux sombres me dévisageant. Je hausse un sourcil et maintiens son regard.

-Je pensais avoir été clair.

-Elle s'est réveillée toute seule ! Ce-...Argh !

L'agent n'a pas le temps de finir sa phrase que l'homme l'a tué d'un doigt, il fait subir le même châtiment au groupe de six dans un temps record, assez rapide pour que mes yeux ne suivent qu'une ombre floue. Lorsqu'il s'arrête finalement, retirant ses gants noirs pour en sortir une autre paire de sa poche et l'enfiler. La tempête rugit toujours a l'extérieur mais je relâche ma concentration. Si je dois me battre contre un type d'une telle force, il vaut mieux que je préserve mon énergie.

Il attrape une bouteille et un chiffon sur l'un des cadavres et imbibe le tissu. Réalisant qu'il à l'intention de me plonger dans les ténèbres une seconde fois, je pose une simple question, trop curieuse pour me restreindre de provoquer un ennemi.

-Avez-vous peur de moi ?

-Je ne ressens pas la peur.

Il s'approche de moi et pose une main ferme sur l'arrière de mon crane tout en approchant le tissu de mon visage.

-Vous devriez.

Le chiffon se plaque contre mon nez et je plonge mon regard dans le sien avant de perdre a nouveau connaissance, le bruit des gouttes de pluie tombant sur le carreau le dernier son que j'entends avant de sombrer dans les profondeurs nébuleuses de mon inconscient.

PDV Externe.

Une fois certain qu'elle était de nouveau inconsciente, Rob Lucci s'écarte, étrangement soulagé de ne plus avoir a regarder les pupilles émeraudes le fixant. Il percevait en elle quelque chose de beaucoup plus ancien que ce que laissait présumer son enveloppe corporelle et il ne souhaitait même pas penser à ce qui se passerait si elle décidait de relâcher son pouvoir. Le fait que le gouvernement avait envoyé le CP9 pour la capturer prouvait son niveau de dangerosité, égal a celui de Nico Robin.

Le reste du voyage se passa relativement tranquillement. Chaque mouvement signifiant un possible réveil de la grise se soldait par une nouvelle inhalation d'anesthésiant. Lorsqu'ils arrivèrent en vue de leur destination, l'assassin se leva et alla voir ses collègues, parlant brièvement avec l'un d'entre eux.

-Blueno, conduis-là directement à la Tour de la Justice.

Son interlocuteur acquiesce et rejoignit le wagon ou se trouvait leur autre prise, peu impressionné par les cadavres des agents fédéraux ayant échoué a la maintenir inconsciente. Il avait été celui chargé de la kidnapper initialement, puisque la mission était de la capturer sans alerter l'équipage qu'elle avait récemment rejoint. Il avait donc été désigné directement et s'était acquitté de sa mission sans problèmes, ses compagnons ne se doutant pas une seconde de ce qui se passait. Et maintenant, il était chargé du transport de la prisonnière jusqu'à la Tour de la Justice. Il chargea le corps inconscient sur son épaule et ouvrit une porte grâce à son fruit du démon, exécutant sans questions sa nouvelle mission.


Okay ! Enfin un nouveau chapitre après ce long hiatus ! Merci pour vos commentaires qui m'ont remotivée a écrire. Pour le chapitre suivant, seriez-vous intéressés par un flashback sur la réaction de l'équipage de Barbe Blanche ou dois-je continuer immédiatement sur Enies Lobby ?