PDV interne.
Mon cerveau se réveille lentement, tiré des limbes du sommeil par la sensation d'une source de chaleur externe toute proche, ce qui est plus agréable que de reprendre conscience dans un endroit inconnu comme ce qui s'était passé il y a deux jours à peine, lorsque je me suis faite enlevée par le CP-9.
Me sentant reposée et en meilleure forme qu'hier, je me retourne et passe le bras sur le dos nu du Phoenix, me blottissant contre lui et profitant un maximum de cet instant tranquille.
Je l'entends grogner doucement et ses bras se referment sur mon corps, comme un réflexe. J'écoute sa respiration, n'osant pas prononcer le premier mot.
Un instant plus tard, sa voix grave rompt le silence de la nuit.
-Bien dormi, trésor ?
-A tes côtés, toujours.
Il sourit et desserre son étreinte pour que ma tête soit de nouveau face à la sienne. Il m'observe, ses doigts caressant ma joue.
-Hey.
-Hey.
L'instant d'après, je décide de faire la chose la plus imprévue de ma vie et m'approche jusqu'à effleurer ses lèvres et sentir son souffle sur ma peau. J'y murmure trois mots, une déclaration qui prend tout son sens en ce lendemain de retour, qui aurait pu être bien plus retardée si je n'avais pas eu la chance d'arriver au même moment que le pirate qui a bouleversé l'équilibre du gouvernement mondial en leur déclarant la guerre.
-Je t'aime.
Il se recule un instant et son regard se fait incrédule malgré la joie qui le gagne.
-Dis le encore. S'il te plaît.
-Je t'aime.
Il fond sur moi et capture mes lèvres, de la même manière qu'un aigle capture sa proie, comme le poète qui rencontre finalement sa muse.
S'ensuit un baiser doux qui tente de contrôler l'accès brûlant de la passion, qui s'interrompt souvent mais qui revient par peur du manque.
A ce rythme rapide, mon souffle s'accélère et je sens la situation changer alors que la température monte de quelques degrés. Ce même changement s'était produit il y a quelques semaines déjà et je devine sans peine la direction que nos corps prennent alors qu'il passe au-dessus de moi, ses bras posés de chaque côté de ma tête.
Ses lèvres quittent finalement les miennes et il ouvre de nouveau les yeux, j'y aperçois un éclat d'envie.
-Il y a deux possibilités : soit je te laisse partir et commencer la journée. Soit je cède au désir d'explorer chaque centimètre de ta peau, d'en cartographier l'intégralité dans mes mains et mon esprit, si tu m'en donnes la permission.
Le souffle coupé par le ton suave qui habite sa voix, je sens une chaleur différente se développer dans mon bas-ventre.
-Je te fais confiance pour en inscrire chaque détail.
Il m'offre un sourire avant de m'embrasser de nouveau, et ses mains chaudes caressent mon corps, me faisant frémir de plaisir. Sa bouche laisse la mienne pour venir murmurer à mon oreille.
-Si tu veux prendre des initiatives ou même arrêter, n'hésite pas.
J'acquiesce et ses lèvres partent à l'assaut de ma gorge, faisant usage de la zone sensible qui me fait gémir. Ne souhaitant pas rester inactive, je promène mes mains sur son dos, ressentant chaque courbe musculaire.
Alors qu'il s'apprête à retirer mon t-shirt, une idée accapare mon esprit.
-Échangeons de place.
-Audacieux. J'aime beaucoup.
Je souris alors qu'il s'allonge sur le matelas et que je me pose sur ses hanches, ressentant une bosse dure sous mes fesses. Je retire mon t-shirt et il se redresse pour passer une mèche grise derrière mon oreille, sa main s'attarde sur ma joue.
-Tu es magnifique. Chaque moment que je passe à tes côtés me fait réaliser ma chance d'être à tes côtés. J'ai l'impression de revivre à tes côtés.
-Merci mais n'exagère pas.
Il plonge alors son regard dans le mien.
-Ça fait plus de vingt ans que je suis pirate, Jewel. Ça fait longtemps qu'on dit de moi que je suis devenu placide et j'ai même pensé que la vie n' avait plus rien à m'offrir. Et tu es apparue, tu m'as intrigué, tu as intégré l'équipage. Tu t'es fait une place dans ma vie et tu m'as montré ta perspective du monde. Mon cœur s'est alors réchauffé et depuis ce moment je revis. Grâce à toi, trésor.
Ma vision se brouille et je sens une larme rouler sur ma joue. Ne s'attendant clairement pas à cette réaction de ma part, il me prend dans ses bras et me serre contre lui.
-Je ne pensais pas te faire pleurer lors de notre première fois.
Pour toute réponse, un sanglot suivi d'un rire s'échappe de ma gorge et je passe mes bras dans son dos.
-Je n'ai pas envie de te laisser partir mais je sais que si je te retiens, l'un des deux idiots viendra t'arracher à mes bras.
-On ne continue pas ?
Il pose ses mains sur mes épaules et m'écarte de son torse, un sourire aux lèvres.
-Je te promets que ce soir et toutes les journées qui suivront, j'aurais envie de toi. Mais si on ne sort pas déjeuner bientôt, quelqu'un viendra toquer à la porte. Cette première expérience doit être savourée et ne tolère aucune interruption extérieure. Néanmoins, j'apprécie beaucoup la vue.
-Tu as de la chance d'avoir de bons arguments. J'avais dans l'idée de te déguster lentement mais je me contenterais de manger ce que le cuisinier aura préparé.
Je vois une lueur d'intérêt embraser ses yeux et un sourire étire mes lèvres alors que je quitte le lit et m'étire dans un rayon de soleil. Je le laisse observer mon corps presque nu à sa guise et enfile un t-shirt deux fois trop grand pour moi.
-A tout à l'heure, phénix.
Je lui envoie un baiser et quitte la chambre avant qu'il ne change d'avis puis entre dans ma cabine pour me changer, rejouant nos échanges matinaux dans mon esprit. Une fois prête, je sors dans le couloir, une serviette à la main et un trop plein d'énergie dans le corps. Une chance que je connaisse l'activité parfaite pour décompresser.
Je me mets en marche et finis par sortir sur le pont ensoleillé et remarque que le capitaine s'installe dans son fauteuil. Je décide d'aller le voir.
-Bonjour, père.
-Tu t'es suffisamment reposée ?
-Même un peu trop. L'océan m'appelle, je laisse ma serviette ici.
PDV Externe
Barbe blanche regarde sa fille déposer sa serviette sur l'accoudoir du fauteuil puis regarder de chaque côté avant de retirer ses habits pour se retrouver en maillot de bain. Elle marche ensuite vers la rambarde et effectue un plongeon dans l'océan. Intrigué, il se relève de son fauteuil et observe les pouvoirs de sa fille à l'œuvre.
Elle émerge de l'eau et vole un instant en l'air pour replonger à nouveau. S'éloignant du bateau, elle sort de l'océan en surfant un courant marin qu'elle manipule pour monter en l'air et faire des courbes.
Il observe la joie sans limites de sa fille avec un sourire aux lèvres. Marco le rejoint, une tasse de café dans la main.
-Tatch va finir par la trainer du lit jusqu'à la cafétéria si elle continue de traiter les repas comme une alternative.
-Elle se met simplement en appétit. Je me demande comment le gouvernement a pu penser un instant qu'ils réussiraient à l'assouvir.
-Je pense sincèrement qu'elle est la liberté incarnée.
Le capitaine acquiesce et ils observent tous deux les arabesques créés par les courants qu'elle manipule. Quelques minutes plus tard, elle plonge et reste dans l'eau, l'oxygène n'est peut être pas un problème pour quelqu'un comme Calypso. Elle réapparaît près du bateau, des dauphins l'accompagnant. Un large sourire aux lèvres, elle prend une impulsion et vole jusqu'à eux, des gouttes d'eau dégoulinant le long de sa peau halée et elle s'étire.
-J'ai trouvé des copains ! L'un de vous deux veut venir les voir ?
Barbe Blanche éclate de rire et Marco concentre son regard sur le visage de la grise plutôt que sur son corps, qu'il a pourtant déjà vu en maillot de bain.
-Il est dangereux de mélanger les fruits du démon et l'océan, souris.
Elle hausse les sourcils et se baisse à son niveau, joignant les mains derrière son dos, lui offrant une belle vue sur son décolleté. Puis elle chuchote, sa voix ayant un écho de puissance.
-Calypso te protège, phénix.
Le blond mentirait s'il disait qu'à cet instant précis, la musicienne le laissait de marbre. Il n'avait qu'une envie, c'était de la prendre dans ses bras, de l'amener dans un coin tranquille et de la dévorer, lentement et passionnément. Mais il se doit de garder son calme, malgré la tension naissante dans son entrejambe, heureusement cachée par le bastingage contre lequel il était appuyé. Avec le peu de flegme qui lui reste, il répond à l'invitation de la déesse réincarnée.
-Calypso devrait venir manger son petit-déjeuner.
Elle l'observe en silence un instant puis s'esclaffe, hochant la tête.
-En effet, je ne devrais pas faire attendre le cuisinier plus longtemps. Je reviens tout de suite.
Elle repart en arrière et s'éloigne à nouveau avant de décoller vers le ciel. Il la regarde faire, le sourire aux lèvres et ne regarde ailleurs que lorsqu'elle disparaît de son champ de vision. C'est alors qu'il surprend le regard en coin de Barbe Blanche.
-Quelque chose à ajouter ?
-Rien que tu ne saches déjà.
Le blond sourit en portant son regard sur l'horizon, ce qui fait sourire le capitaine. Lorsque Jewel revient se poser sur le pont, son corps ne porte plus aucune goutte salée de l'océan. Elle attrape ses vêtements et les enfile en marchant vers eux. Se sentant déjà plus calme, Marco s'autorise à se retourner et quand il ne voit pas le regard de la grise bouger vers son entrejambe, il pousse un soupir de soulagement interne.
-Allons voir Tatch.
-Tu vas devoir l'affronter seule, souris.
Elle l'observe un instant, posant le poing sur sa hanche.
-Tu vas pouvoir te passer de ma compagnie ?
-Je devrais survivre.
Hochant la tête, elle tourne les talons et s'éloigne, humant une mélodie connue d'elle seule. Il ne serait pas étonné si elle sort un instrument aujourd'hui.
