Petit mot de l'autrice : j'ai mangé des pates aujourd'hui


Texte 5 : Arya & Elia

contexte : UA où Rhaegar a remporté la guerre, il monte sur le trône avec Elia

(et les enfants survivent aussi parce que voilà)


Elia connaissait peu Arya Stark. Néanmoins, du peu qu'elle savait d'elle, elle ne l'imaginait que difficilement pleurer. C'est pourquoi elle fut surprise lorsqu'elle la trouva en proie à de vives larmes. Aussi doucement que possible, afin de ne pas l'effrayer et ainsi la braquer, Elia s'approcha d'elle.

- Tout va bien, ma lady ?

La jeune fille releva vivement la tête et ce que Elia lut dans son regard la remplit de tristesse. Malgré son désarroi apparent, la louve se fit fière :

- Tout va bien, Majesté.

- Arya... Un regard vaut plus que de mots. Et votre regard me dit que vous souffrez. Si je puis faire quoi que ce soit...

- Vous ne pourrez rien faire... répondit amèrement la petite. Ni nous ni personne. Le problème vient de moi.

- Je suis sûre que non, dit gentiment Elia.

- Bien sûr que si !

Le ton qu'employa Arya était bien trop vindicatif pour un échange avec sa souveraine. Pourtant Elia ne la reprit pas ; il était clair que cette petite avait beaucoup de choses sur le cœur. Le moment n'était pas venu de la brimer alors qu'elle allait enfin s'ouvrir à elle...

- Je ne suis pas comme les autres filles, expliqua la louve. Je suis trop... trop moi. Et pas assez gentille. Ou humble. Ou discrète.

- Est-ce une si mauvaise chose ?

- Tout le monde le pense.

Elia se permit de poser sa main sur la sienne.

- Moi je ne le pense pas. Tu sais, je suis gentille. Et humble. Et discrète. Du moins j'aime à le penser.

- Vous l'êtes, Majesté. Et c'est pour cela que vous êtes une bonne reine !

- Oui, je suis une reine. Justement. Es-tu capable de dire quoi que ce soit sur moi ? Sur ce que j'ai fait ?

Les yeux de la petite s'agitèrent, comme un reflet de son esprit déterminé à trouver quelque chose. Finalement, elle sourit.

- Vous êtes la femme du roi ! Vous le secondez. Et vous avez donné naissance au prince et à la princesse. Vous les avez élevé et...

- Oui, j'ai fait cela, la coupa gentiment Elia. Et dans ce que tu décris, je suis « la femme de », « la mère de ». De toute ma vie, je n'ai jamais été « moi », juste « moi ». Quand je mourrais, personne ne me retiendra pour ce que j'ai fait. Je resterai celle qui est rattachée aux autres. Je ne dis pas que ce rôle ne me convient pas ; je suis fière d'avoir accompagné Rhaegar dans la restauration du royaume, tout comme je suis fière des enfants que j'ai vu grandir. Il faut des femmes comme moi. Je ne crois pas avoir la tempe d'être différente, de toute manière. Mais toi... tu n'es pas comme moi. Tu as le potentiel et l'énergie d'être plus que « la fille de » ou « la femme de ». Tu as le potentiel d'être toi. Alors ne t'excuse jamais de ne pas être gentille, humble ou discrète. Tes qualités sont ailleurs, là où elles doivent être. Promet moi donc de ne plus jamais t'excuser d'être qui tu es. D'accord ?

- D'accord, murmura Arya. Et... merci.

Elia ne revit jamais la petite Stark. Mais quelques années plus tard, elle apprit que celle-ci avait été élue capitaine de son propre navire ; la première femme à obtenir ce poste ! Elia en tira une immense fierté.

Fierté qui ne fit qu'exploser lorsqu'elle apprit le nom qu'Arya avait donné à son vaisseau : La Elia.