Je garde les titres en anglais parce que... flemme de les traduire, et ça me permet d'être un peu moins précise pour les significations.
Link's Awakening est arrivé avant les Oracle.
Bonne lecture !
Bonnes fêtes !
2– Safe.
Les premières nuits passées ensemble ne furent pas de tout repos. Non à cause de leurs hormones adolescentes – du moins, pas seulement – mais par la faute du passé de Link.
Ce n'était pas tous les soirs, ce n'était jamais les mêmes cauchemars, les comportements variaient, mais le résultat était là, dans les cernes semblables qu'arborait le couple.
Ralph n'avait jamais autant aimé le matin que depuis lors, car il signifiait la fin des cris et des plaintes, des gesticulations et des pleurs.
Soupirant aux premiers rayons du soleil, il se redressa contre la tête du lit et rassura sa prise sur son compagnon qui dormait dans ses bras, s'accrochant à lui comme à un rocher en pleine tempête.
Repoussant la frange humide de sueur, Ralph y pressa un baiser sur le front découvert puis son menton, fermant les yeux, lui aussi.
L'épuisement lui alourdissait les membres et remplissait son crâne de balles de coton. Tout lui paraissait une épreuve, un obstacle insurmontable, mais il ne devait pas le montrer, et surtout pas à Link. Celui-ci devait gérer avec ses propres problèmes de sommeil, mais aussi ses cauchemars, il était hors de question d'alourdir d'autant plus son fardeau avec ses peines à lui !
Ralph était un grand garçon, il pouvait gérer des nuits raccourcies, des sommeils interrompus abruptement, et les plaintes et cris déchirants qu'émettaient son compagnon, mais il est vrai que l'épuisement était là…
Il se sentait lentement sombrer mais incapable de dormir pour autant, flottant entre les deux états.
Il en fut extirpé en étant secoué énergiquement, bien qu'avec douceur, ses paupières papillonnant s'ouvrant sur le sourire enjoué de l'aventurier, mais aussi ses cernes prononcés.
— Tu t'es rendormi ? Ce n'est pas ton genre de te réveiller après moi !
De sa position agenouillée, il revint se blottir contre lui, entourant son bras gauche des siens et apposant sa tête contre son épaule.
Distraitement, Ralph remarqua qu'il n'était plus en chemise de nuit, mais surtout que la lumière du soleil était plus franche.
— Quelle heure est-il ? Marmonna-t-il en se frottant le visage de sa main libre.
Pour une raison qui lui échappait, Link semblait adorer lui saisir le bras gauche, s'y agrippant de nuit comme de jour.
Heureusement qu'il était droitier !
— Tard. J'ai déjà mangé.
— Pourquoi ne m'as-tu pas réveillé ?
Son ton était celui d'une simple curiosité. Bien qu'encore un peu endormi, il ne l'accusait en rien.
— Tu souriais.
La déclaration fut accueillie par un silence paisible, les deux amoureux savourent la présence de l'autre pressée contre lui, leurs mains se liant et leurs doigts se caressant.
— Comment a été ta nuit ? Finit-il par demander.
Ralph avait vite compris à choisir quand l'interroger à ce sujet, afin d'obtenir une vraie réponse et non un marmonnement évasif ou une réponse automatique, destinées à l'apaiser sans entrer dans les détails.
Il n'eut pas besoin de jeter un œil dans sa direction : le bruit des draps se froissant sous lui suffisait pour l'informer qu'il se tortillait, indécis.
— Correcte, dans l'ensemble. Je ne me rappelle pas de quoi j'ai rêvé, par contre.
— C'est peut-être pas plus mal, grommela-t-il malgré lui.
Cette nuit, ce n'était pas les gesticulations effrénées de Link qui l'avaient réveillé, c'étaient les hurlements de douleur, les râles d'agonie, les gémissements d'angoisse et les sanglots.
Mais le pire restait les supplications. Les marchandages mal articulés d'une voix déchirée. Les appels pressants et brouillons. Les prières.
C'était inutile de le réveiller, il était incapable de différencier ses cauchemars de la réalité, la seule chose que Ralph pouvait faire était de l'empêcher de se blesser dans ses mouvements hiératiques en le serrant dans ses bras et de le bercer, priant pour que son esprit passe à autre chose.
C'était plus rapide et, bien souvent, s'il ne se réveillait pas, Link ne s'en rappelait pas.
Lui, par contre, s'en souvenait.
Peu à peu, les cauchemars de Link devenaient les siens, bien qu'édulcorés, ses propres nuits maintenant hantées de cris plaintifs, des appels au secours, mais surtout de son impuissance à gérer les crises, son inutilité face aux tourments de son partenaire. Il se voyait tenter de le réveiller et échouer, le découvrant mort ou lui reprochant son dédain envers son mal-être.
— Tu vas te rendormir, le taquina Link.
Sa diction devenait hasardeuse, alourdie par le sommeil qui pesait soudainement sur lui.
— On va se rendormir tous les deux, corrigea-t-il.
Pour toute réponse, il n'obtint qu'un souffle de nez, le faisant sourire.
Têtu, pour changer, hein ?
Il raffermit sa prise sur leurs mains enlacées et tendit celle libre pour tendrement caresser les mèches encore légèrement humides, regrettant de ne pouvoir embrasser la peau dégagée sans le déranger.
— Je veille sur ton sommeil, souffla-t-il alors que ses paupières se refermaient.
Leurs souffles se régularisaient, prenant le même rythme, alors qu'ils se rejoignaient dans le monde des rêves, s'étreignant.
Voracity Karn
