Ils sont plutôt amusants à écrire :3 (ce Link a l'avantage d'être encore innocent et ouvert, contrairement à après LA où je l'imagine renfermé, amer et cynique)

Bonne lecture !

Bonnes année !


3– Shores.

Si Nayru lui avait fait aimer les forêts, Ralph avait bien l'intention de faire aimer la mer à Link.

Au cours de leurs passages dans le temps, ils s'étaient retrouvés dedans, sauvés par un navire pirate commandé par l'amant de son ancêtre – une longue histoire qu'il doutait réussir à comprendre ou raconter un jour – mais depuis, l'aventurier semblait l'éviter comme la peste.

Ce n'était pas une question de pudeur – Hylia savait combien de fois Ralph l'avait découvert à différentes étapes d'habillage. Voire par du tout, même – et ce n'était pas par phobie de l'eau, il s'en était assuré.

La capitale possédait l'un des plus gros ports du pays et une bonne partie de la vie de ses habitants étaient tournés vers l'étendue d'eau. Tous les enfants savaient nager, parfois avant même de marcher, et nombre de leurs festivités avaient un rapport avec le monde marin.

Se baigner avec son amoureux était donc tout un symbole !

Ralph savait que s'il expliquait tout ça à Link, celui-ci s'y plierait, mais uniquement pour lui faire plaisir ou au nom de la tradition. Pas pour son plaisir à lui, sacrifiant son bien-être.

Et c'était juste hors de questions. Link avait suffisamment sacrifié pour Labrynnia ou le reste du monde, merci bien !

— Dis, ça te dirait un pique-nique, ce soir ? Lui proposa-t-il.

— On célèbre quelque chose ?

Il put voir sur son visage qu'il réfléchissait, tout juste s'il n'entendait pas les rouages de son cerveau !

Multiple vainqueur contre Ganon, et ce visage livrait le moindre de ses secrets, sans retenue.

— Pas à ma connaissance. C'est une belle journée de printemps, le temps s'est agréablement réchauffé et nous n'avons rien de prévu. Je trouvais simplement que c'était une belle occasion. Mais on peut toujours faire ça à une autre date.

— Non non, je posais juste la question, s'empressa-t-il de répondre. C'est une bonne idée.

Il l'embrassa sur la tempe alors qu'il le dépassait, ravi, et allait quitter la pièce, lorsqu'une mauvaise blague lui vint à l'esprit.

— Mais on peut toujours changer. Après tout, ça fait trois jours que tu n'as perdu aucun de tes vêtements, ça se fête tout aussi bien !

Il n'attendit pas son reste et prit la poudre d'escampette, hilare.

Alors qu'il s'éloignait du salon, il entendit distinctement le choc d'un objet contre un mur, ce qui était sans doute la réaction – tardive – de Link.

Pourtant, il ne mentait pas !


Link le rejoignit dans la cuisine alors qu'il débutait les préparatifs.

— Besoin d'aide ?

— Tu peux me regarder.

— Je ne suis pas si empoté ! Se défendit-il.

Mais au lieu de lui répondre, Ralph marqua un temps d'arrêt et se tourna vers lui, le fixant sans un mot jusqu'à ce que le jeune héros ne s'empourpre.

— C'était une fois !

— Une fois de trop.

Boudeur, Link alla s'adosser contre le mur, les bras croisés. Il se dérida à peine lorsque son partenaire vint l'embrasser sur la joue lors de ses allers et retours.

— Je veux passer une belle soirée au clair de lune avec toi. Pas toi à mon chevet pendant que je me rétablis d'une intoxication alimentaire.

— C'est arrivé une seule fois, marmonna-t-il.

Mais il avait perdu de sa verve et fit juste la moue, l'attrapant par les hanches et enfouissant son visage contre son cou, légèrement honteux de cet épisode.

— C'est toi que je veux dorloter, cette nuit, pas mon estomac. Mais tu es un merveilleux garde-malade, n'en doute pas.

Il acheva sa déclaration d'un baiser claquant sur le front et reprit ses préparatifs, embarquant Link dans son manège, celui-ci se blottissant contre son dos. Ils gardèrent le silence, à l'exception d'un léger fredonnement qu'ils reprirent tous les deux en chœur.


Comme prévu, les températures étaient douces, bien qu'une légère brise fraîche venant de la mer les accueillit.

La crique sélectionnée par Ralph était reculée et sans âme qui vive, leur assurant une intimité et une tranquillité appréciables.

Retirant ses bottes, Link enfouit les orteils dans le sable tiède, les yeux perdus dans les vagues.

Dans son dos, Ralph étala la couverture bariolée servant de nappe et vida le contenu de son panier dessus, organisant leur pique-nique avec attention.

Il alluma la mèche d'une bougie à la citronnelle – les moustiques étaient précoces, cette année – et accueillit le retour timide de Link d'un sourire.

— Assis-toi donc.

Leur conversation était pleine de silence mais aucun ne s'en plaignit, savourant le ressac et l'air iodé au même titre que les plats et le vin pétillant. Mais plus encore, c'était la présence de l'autre.

Ils échangèrent des sourires timides au début mais au fur et à mesure que les heures passèrent, ils devinrent plus prononcés, plus audacieux… Avec plus de promesses contenues dans les commissures.

Dans la soirée, Ralph avait fini par s'allonger, la tête sur les cuisses de Link, tâtonnant vers la corbeilles de fruits pour en déguster lentement.

Link, lui, sirotait le dernier verre de vin, observant la surface de la mer, pensif, une main égarée dans les mèches épaisses qui s'étalait sur ses jambes.

— À quoi tu penses ? Lui demanda Ralph.

— À Hyrule.

Nouveau silence.

— Tu as l'intention d'y retourner ?

— Plus rien ne m'y attends.

— Ce n'est ni un oui, ni un non.

Leurs yeux se rencontrèrent, ceux de Link montrant son hésitation, ceux de Ralph n'en affichant aucune alors qu'il gobait des grains de raisins, les joues légèrement gonflées.

— C'est ma terre d'origine, reconnaît l'hylien. Mais c'est surtout mon passé. Tout ce qu'il me reste, c'est des pierres tombales et une maison froide.

— Et Cité Lyanna ? Demanda-t-il sans trop y croire.

Link prit une autre gorgée, se léchant les lèvres ensuite, pensif, avant de planter à nouveau son regard dans le sien, l'air sérieux.

— Est-ce présomptueux de penser que c'est mon futur ?

Ignorant son cœur battant son plus fort et son visage rougissant de plaisir, Ralph lui adressa un sourire amusé.

— Commençons par le présent. Le futur, on aura tout le temps d'aviser.

Il planta un coude dans le sable et balança l'autre bras pour l'attraper par la nuque, le forçant à se pencher sur lui, et lui vola un baiser.

— Que dirais-tu de fêter cette déclaration par le célèbre bain de minuit ? Murmura-t-il contre ses lèvres.

— Je rétorquerai qu'il n'est que vingt-deux heures.

— Au diable les traditions, dans ce cas ?

Link se recula pour rire, charmé.

— Très bien votre majesté.

Un grain de raisin le percuta mais il en fit fi, essuyant les larmes d'hilarité lui étant montés aux yeux.

— Tu le veux vraiment ?

— C'est plutôt toi qui le veux, je me trompe ? Ou bien tu avais une autre idée en tête pour ce pique-nique impromptu à la plage ?

Le clin d'œil qu'il lui adressa était tellement chaud qu'il aurait pu lui faire bouillir les sangs, le faisant se redresser et arranger sa tenue, mal à l'aise.

— On dirait même qu'il devient urgent pour toi de piquer une tête dans de l'eau bien froide.

Ce scélérat avait profité de son changement de posture pour se pencher à son oreille et y souffler ses mots, amplifiant la rougeur de son petit ami qui resserra aussi sec les genoux, bien que cela fut parfaitement inutile.

Refusant de l'admettre, il se tourna vers le vilain plaisantin, le nez en l'air.

— C'est toi qui aurais besoin de refroidir tes ardeurs.

— Impossible, je suis naturellement chaud.

Le regard séducteur qu'il lui présenta anéantit toute chance d'argumenter, Ralph se concentrant uniquement dessus et se sentant clairement réagir.

Le sale petit…

Mais toute protestation disparut de ses pensées alors que Link lui attrapa le menton pour un baiser si approfondi qu'il se sentit fondre contre lui.

Quand ils se séparèrent, Ralph eut la surprise de se découvrir à califourchon sur ses genoux, les bras entourant ses épaules.

— Ou on saute la partie du bain et on se déshabille directement ? Proposa-t-il, le souffle court.

— Et on se saute directement dessus ?

— Quelque chose à redire ?

— Seulement que j'adore tes idées.

Link ne lui laissa pas le temps de réagir, l'allongeant au sol, sur leur nappe de fortune, pressant leurs corps ensemble.


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