2 décembre - Sous le gui

En face d'elle, juste sous le gui, se tient Narcissa.

Cette femme lui paraît irréelle tant elle dépasse toutes ses espérances. Narcissa est un mélange improbable, un hasard, une erreur peut-être. Née Black, épouse Malefoy, vendue aux Ténèbres. Marquée dans la chair de sa chair. Qui aurait pu imaginer qu'après avoir vécu une histoire comme la sienne, elle renaisse dans toute sa splendeur ce soir sous ses yeux ?

Les Sang-Pures sont des coquilles vides. Poupées désarticulées, bien nourries, bien polies. Tirées dans un sens, déchirées dans l'autre. Avenantes mais froides, courtoises mais distantes, belles mais mortes. Leurs sourires n'atteignent pas leurs visages, pas plus que la vie n'atteint leurs coeurs. Leurs fils sont leur seule joie, leur seule façon d'atteindre le monde et d'y laisser une trace. Elles veulent leur bonheur, mais plus encore, elles doivent les voir vivre. Elles n'ont pas le choix.

Narcissa a été enchaînée à plusieurs hommes qui ont failli tuer son fils. Il est dit que l'on ne se sent jamais aussi vivant qu'aux portes de la mort, et Narcissa a traversé l'Enfer pour sauver Drago. Elle a menti au Seigneur des Ténèbres, l'a regardé droit dans les yeux et l'a mené à sa perte. Désormais, Il est mort, Lucius est en prison, tandis qu'elle est libre et plus vivante qu'elle ne l'a jamais été. Elle a brisé ses chaînes. Elle ne laissera plus personne se mettre en travers de son bonheur et de celui de son fils.

La femme qui se tient sous ses yeux est la plus puissante qu'elle connaisse. Fière, droite, le menton haut, Narcissa est terriblement belle. Ses cheveux blonds cascadent le long de ses épaules, défiant quiconque de critiquer sa coiffure peu conventionnelle pour un soir de Noël. Elle n'est pas maquillée, mais aucune ombre à paupières ne saurait illuminer le gris brillant de ses yeux. Son sourire se courbe légèrement vers le haut, dans une moue insolente. Elle mérite de savourer sa victoire.

Narcissa est la femme la plus belle, la plus forte, la plus courageuse et la plus maligne qu'elle ait jamais vue.

En face d'elle, juste sous le gui, Narcissa s'avance. Se rapproche. Jusqu'à poser ses longs doigts graciles sur le verre du miroir.

Tendrement, Narcissa pose ses lèvres sur les siennes et embrasse son reflet.