Salut à tout le monde et bonne lecture !


Sirius sortit immédiatement sa baguette et Dora s'empressa de faire la même chose. Elle enferma le Scrutoscope dans sa boîte, avant qu'il ne les fasse repérer avec sa sonnerie, et la replaça dans sa robe.

Dos à dos, ils scannaient l'Atrium d'un regard méfiant.

« Quelque chose ? » souffla Sirius.

Il ne pouvait ni voir, ni entendre quoi que ce soit et il y avait trop d'odeurs dans la zone des Cheminées pour que son odorat ne lui soit d'une quelconque aide.

« Non. » murmura Dora.

Ses cheveux étaient maintenant courts, frisés et vert sapin et son visage n'était plus blanc, mais il restait pâle.

« Toi ? »

« Non. »

Sirius patienta un instant. Le Scrutoscope avait retrouvé son calme et il ne pouvait toujours rien entendre d'autre.

« Viens, tant que c'est calme ... »

Il s'élança vers les ascenseurs, gardant sa baguette devant lui, ses yeux scannant les alentours à la recherche du moindre signe de danger.

Le Niveau Deux était tout aussi calme et Sirius n'aimait pas ça. C'était un jour de formation classique et bien que quelques mentors avaient probablement réussi à obtenir un jour de repos, il aurait du y avoir du monde. Robards, Fol-Oeil, Scrimgeour ou … et bien, quelqu'un. Le Scrutoscope laissa échapper un unique bruit étrange, avant de redevenir silencieux.

« Je reste avec toi, au moins jusqu'à ce que je sache ce que je suis censé faire aujourd'hui. » dit Sirius à Dora, qui acquiesça et dont l'odeur indiqua qu'elle était rassurée.

« En bas. » murmura-t-elle, et elle prit la direction de l'entrée du placard à balais.

Ils se figèrent en entendant des bruits de pas. Sirius lança un Sortilège du Bouclier par-dessus son épaule et se retourna. Dora avait également la baguette levée en direction des deux personnes qui arrivaient tout juste. C'était seulement Yaxley, debout en haut de l'escalier avec Wellington. Ils avaient tous les deux l'air sur les nerfs.

« Sacrément calme, non ? lança Wellington en jetant un œil méfiant à la baguette de Sirius. Un peu stressé, Black ? »

« Un peu. » répondit Sirius en abaissant sa baguette.

Cela dit, il ne la rangea pas.

« Vous avez pris les escaliers ? »

« Les ascenseurs ne marchaient pas. »

« On vient juste d'en prendre un, dit Dora en regardant l'endroit d'où ils étaient arrivés, avec Sirius. Vous ne croyez pas- »

« Je pense qu'on ferait mieux d'être prudent. » dit doucement Sirius.

D'autres bruits de pas venant d'un couloir adjacent attirèrent l'attention de Sirius,. Il se faufila derrière le mur d'un box, faisant signe aux autres de faire de même. Yaxley se glissa derrière Wellington, qui leva sa baguette, mais resta en vue et Dora s'agenouilla derrière un bureau.

« Qui est là ? »

Hemsley apparut au bout du couloir, la baguette sortie. Sirius bougea légèrement pour mieux voir, tout en gardant bien sa baguette levée, et Dora se redressa pour regarder également. Wellington et Yaxley avaient, bien sûr, déjà été repéré.

« Du calme. » dit Wellington, bien qu'il n'avait pas baissé sa baguette.

Hemsley l'observa, le visage fermé.

« Qu'est-ce que vous faites ici ? »

Sirius pensa qu'il avait l'air effrayé, mais il ne pouvait pas le blâmer. Hemsley n'avait toujours pas retrouvé de partenaire depuis McDuff, alors il se débrouillait seul. Les Aurors solitaires n'avaient pas pour habitude de durer très longtemps, même quand ils avaient des apprentis pour les assister. Et ils avaient tendance à être vu comme étant remplaçable, ce qui expliquait probablement qu'on l'ait envoyé enquêter sur le bruit que Sirius et les autres faisaient.

« On pensait descendre vers la salle d'entraînement. » dit platement Sirius.

« Pourquoi ? demanda Wellington. Quelque chose ne va pas ? »

Hemsley dévisagea Wellington, l'air troublé.

« Je ne sais pas. »

« Fantastique. » murmura Dora.

Elle sortit de derrière le bureau, avant de reprendre la parole, plus fortement.

« Qu'est-ce que tu sais ? »

« Scrimgeour était censé être là depuis une heure. Il devait nous aider pour le cours. »

Hemsley éloigna sa baguette et retira une poussière imaginaire de sa robe. Wellington baissa également sa baguette et Sirius suivit leur exemple.

« Et quoi ? demanda Sirius. Il n'est jamais arrivé ? »

L'expression sinistre de Hemsley suffisait pour le savoir.

« Tu as essayé son Side- »

« On a essayé de le joindre par Sidekick, par hibou et par la Cheminée. On a même essayé de localiser son Sidekick, mais il ne l'a pas avec lui. »

« Où est-il ? » demanda Wellington, la main dans le dos de Yaxley.

« Sur son bureau. »

« Mais pourquoi- »

« On ne sait pas, répondit Hemsley. On a contacté Rattler, mais il est avec Bones pour au moins une heure encore. Il s'occupe de sa sortie d'hôpital et il la ramène chez elle. Et Maugrey et Robards sont censés arriver bientôt- Allons juste en bas. Les autres voudront aussi savoir tout ça et je n'ai pas envie de me répéter trente fois. »

Ils descendirent jusqu'à la salle d'entraînement, où leur arrivée – et la réapparition de Hemsley – sembla soulager les autres apprentis, ainsi que Blackburn et Klenner, les deux autres Aurors visibles. La plupart des apprentis étaient assis en cercle sur le sol ou regroupés, à parler à voix basse. Tout le monde les regarda quand ils entrèrent. Sirius croisa le regard de Marlène à l'autre bout de la pièce.

« Joyeux Noël. » articula-t-elle, avec un sourire étrange et pas vraiment sincère.

« Toi aussi. » articula-t-il à son tour.

Sirius vit Prewett faire signe à Wellington, qui murmura quelque chose à Yaxley avant de s'éloigner. Sirius observa le visage de Prewett passer de confus à méfiant, voir même apeuré.

Blackburn demanda l'attention de tout le monde et répéta ce que Hemsley avait dit à Sirius et aux autres lorsqu'ils étaient en haut, à propos du retard de Scrimgeour pour des raisons inconnues et que les autres Aurors les plus gradés – Robards et Fol-Oeil – étaient en route.

« Tu ne crois pas que ça a un rapport avec les Serpent Sworn ? » murmura Edwards à Brown.

Ce n'était clairement pas un commentaire destiné à Sirius ou aux autres, mais c'était tellement silencieux que tout le monde l'entendit. Brown lui lança un regard qui indiquait clairement qu'il se posait la même question et plusieurs autres apprentis eut l'air troublé à cette pensée. Sirius l'était certainement.

« Nous n'avons pas assez d'informations pour écarter cette possibilité, dit Hemsley, l'air fatigué. Mais j'espère franchement que ce n'est pas le cas. »

A côté de Sirius, Dora fit un bruit que Sirius ne savait pas comment interpréter. Il était certain – s'il avait été là et pas à la maison avec Harry et Kreattur – que Remus aurait su ce que ça voulait dire.

« J'suis d'accord. » murmura Yaxley, et Sirius hocha la tête, en grimaçant.

C'était le calme avant la tempête.

Moins d'une minute après la prise de parole de Yaxley, il y eut un gros bruit et des cris à l'étage. Rien n'était clair, mais tout le monde sauta sur ses pieds en une seconde, les baguettes sorties, les yeux braqués sur les escaliers.

« A l'aide ! cria quelqu'un. J'ai besoin d'aide ! »

« C'est Fol-Oeil. » dit Sirius, reconnaissant la voix.

Personne ne lui accorda beaucoup d'attention. Ils étaient tous occupés à écouter le remue-ménage au-dessus d'eux.

« Il faut que nous- »

Il n'eut cependant jamais l'occasion de finir sa phrase. Fol-Oeil débarqua, boitant rapidement en descendant les escaliers, la baguette dans sa main (qu'il utilisait pour fermer et verrouiller chacune des portes derrière lui) et son autre bras maintenait Robards, qui était couvert de sang, à moitié conscient et très, très pâle.

Sirius courut vers eux avant même d'avoir eu le temps d'y penser et le sort de Fol-Oeil le frappa avec force en pleine poitrine. Quelqu'un cria. Il s'effondra sur le sol, le souffle coupé. Sa tête cogna le sol avec un crac qui fit sonner ses oreilles et embuer ses yeux. Il put entendre des gens crier, mais il ne comprenait rien. Un instant plus tard, Dora se retrouva aussi au sol – possiblement de sa propre initiative, mais c'était probable que Fol-Oeil en soit aussi le responsable – et quelques pas plus loin, Marlène grogna en se retrouvant aussi au sol. Sirius essaya de bouger, mais il semblait qu'il était maintenu par terre. C'était une sensation qu'il avait déjà expérimenté une fois, pendant la guerre, lorsque James l'avait immobilisé pour que Lily puisse s'occuper de ses jambes blessées. Ce n'était pas une sensation qu'il avait apprécié.

Quelqu'un lui criait dessus.

« … idiots, courir vers moi comme ça ! Moi ! »

Il y eut un ricanement, puis la pression diminua et quelqu'un l'assit sans ménagement.

« T'as de la chance que je ne t'ai pas tué ! »

Près de lui, Sirius vit Dora être relevé – plus doucement qu'il ne l'avait été – puis Marlène. Elle se rapprocha immédiatement de Robards, ignorant le reste de la réprimande de Fol-Oeil.

« Tu ne tues pas. » souffla Sirius.

Fol-Oeil ouvrit la bouche, mais ne nia pas.

« Sirius … ? »

Il jeta un œil à Marlène, qui avait l'air effrayé. Hemsley, Blackburn et Klenner s'étaient tous trois précipités vers les escaliers, cherchant apparemment à attraper la personne responsable de l'attaque sur Robards. Quelques apprentis allèrent avec eux, mais la plupart resta là, attendant les instructions. Prewett et un garçon dont Sirius ne connaissait pas le nom étaient tous deux près de Robards, occupés à soigner les plus petites blessures, sans toucher à aucune des blessures les plus sévères. Il était maintenant bel et bien inconscient.

« Tu peux … Il y a quelque chose- »

« Du dictame. » dit-il en adressant un regard méfiant à Fol-Oeil, mais celui-ci le laissa passer.

Sirius jeta un œil à la coupure sur la tempe de Robards, puis à celle qui traversait ses côtes, qui n'était pas aussi profonde, mais semblait douloureuse et responsable d'une grosse perte de sang. Sirius suspectait aussi qu'au moins l'une de ses côtes était cassée. Il agita sa baguette, lançant un diagnostic rapide pour s'assurer qu'il n'y avait pas de dommages internes, mais à part trois côtes cassées, tous les dommages étaient externes.

« C'est un sort qui a cassé ses côtes ? » demanda-t-il à Fol-Oeil.

Fol-Oeil acquiesça et Sirius jura dans sa barbe. James avait toujours été très bon pour soigner les fractures induites par des sorts, contrairement à Sirius qui n'avait d'expérience que sur les fractures mécaniques.

« Beaucoup de Dictame, du Poussos, de la potion de Régénération sanguine. Quelque chose pour la douleur aussi ! »

Marlène était déjà en action, se dirigeant vers les placards de la salle d'entraînement qui étaient équipés de ce genre de choses. C'était une bonne chose qu'elle l'ait écouté (pas qu'il se soit attendu à autre chose, après son implication dans l'Ordre), car personne d'autre ne l'avait fait. Dora avait l'air inquiète et parlait rapidement avec Fol-Oeil, et les autres apprentis avaient l'air stupéfié par ce qui se passait.

« Rennervate, dit Sirius en tapotant l'épaule de Robards. Allez, bordel, Rennervate ! »

Robards reprit conscience et essaya de s'asseoir. Sirius le força à se rallonger – le faisant grimacer, souffler et plaquer la main sur son flanc ensanglanté.

« Arrête de bouger, murmura Sirius. Tu peux faire ça pour moi ? »

« Je suis blessé, Black, pas stupide. » grogna-t-il, son visage crispé.

« Alors arrête de bouger. » répéta Sirius, avant de faire passer sa baguette sur la tempe de Robards.

Il pouvait entendre les dents de Robards grincer et remarqua que les jointures de ses doigts étaient devenues blanches.

« Désolé. » dit Sirius, mais il ne l'était pas vraiment.

Guérir faisait mal, mais Robards irait mieux une fois qu'il aurait fini.

« Tiens. » dit Marlène en se laissant tomber près de Sirius avec les bras plein de bouteilles.

« Merci. » dit-il.

Il attrapa le Dictame et commença à en faire couler sur les plaies. Cela les apaisa un peu et les aida à cicatriser.

« Donne-moi ça, dit Sirius, tandis qu'il s'activait. Deux bouchons devraient suffire. Ça a un goût affreux, alors il va essayer de le recracher, mais empêche-le de le faire si tu peux. »

Il termina avec le Dictame, laissa Robards avec Marlène et s'éloigna pour parler à Fol-Oeil.

« Bon boulot. » grogna celui-ci en désignant Robards de la tête.

Sirius nota le compliment – ils étaient rares, venant de son ancien mentor – avant d'en venir directement au sujet.

« On doit bouger. » dit Sirius.

Fol-Oeil arqua un sourcil et près de lui, Dora eut l'air inquiète.

« C'est la seule entrée, dit Sirius en montrant du doigt les escaliers qui menaient au placard à balais. Et s'ils descendent, s'ils mettent des sortilèges anti-transplanage en place, on risque d'être dans une sacrée merde. »

« C'est déjà fait. » dit sinistrement Fol-Oeil en montrant son œil magique.

Il avait la possibilité de voir les traces magiques, ce que Harry et Sirius pouvaient aussi voir en utilisant un sort, bien qu'il n'ait jamais, à la connaissance de Sirius, pensé à utiliser les trous dans les protections pour transplaner.

Ostendere me omnia, pensa Sirius, et ses yeux s'écarquillèrent. Les protections qui entouraient la salle d'entraînement étaient au moins aussi importantes et serrées que celles que les Aurors avaient utilisé ce jour-là, dans l'Allée des Embrumes. Bordel. Finite. Dora les dévisageaient tous les deux, se demandant apparemment ce qu'ils regardaient.

« Alors on fait quoi ? » siffla-t-il.

« Il y a une sortie de secours. » dit Fol-Oeil.

Sirius le fixa.

« Tu ne penses pas vraiment, jeune homme, que quand Potter, Scrimgeour et moi-même avons créé cette salle, nous nous sommes contentés d'une seule sortie ? »

Il avait l'air déçu.

« Je ne t'ai rien appris ? Vig- »

« -ilance constante. » termina rapidement Sirius.

Dora manqua de sourire.

« Je sais. Alors, c'est où ? »

Fol-Oeil jeta un œil à Dora et lui fit signe de rester où elle était. Ensuite, il s'éloigna en boitant de quelques pas et se tourna vers Sirius.

« Dans la salle d'examen. »

Les sourcils de Sirius se levèrent. Il n'avait été dans la salle d'examen qu'une seule fois. Dans l'arène, pour l'examen d'Auror. C'était un endroit étrange.

« Sur la plateforme au-dessus, il y a une échelle qui mène à une Cheminée de l'Atrium. »

« Celle qui ne marche jamais ? » demanda Sirius.

« Toujours été un garçon intelligent, dit Fol-Oeil. Continue comme ça, du moins jusqu'à ce que tout ça- »

La pièce entière vibra.

« Et c'est maintenant qu'il faut partir. » grogna Fol-Oeil.

Il y avait des voix au-dessus et de la lumière clignota derrière la porte du placard à balais. Marlène, qui soutenait Gawain, vint les rejoindre. Les yeux de Gawain étaient vitreux, mais ceux de Marlène étaient concentrés.

« Tout le monde, par ici ! »

Il était, bien sûr, suffisamment intelligent pour ne pas crier exactement leur direction. Les apprentis se mirent rapidement en mouvement, soulagés de pouvoir suivre des instructions.

« Fol-Oeil- » commença Dora, incertaine.

Sirius pouvait entendre son Scrutoscope. Il sonnait de nouveau. Les cris se rapprochaient et on voyait encore plus de lumière sous la porte.

« Q- »

« Robards. » aboya Fol-Oeil.

Robards essaya de se redresser, grimaça, avant de s'affaisser contre Marlène, qui le rattrapa, en grimaçant aussi. Le Poussos n'était pas une solution immédiate et n'était pas non plus très agréable. Robards serait douloureux et limité par ses côtes pour encore plusieurs heures.

« Maugrey. » dit Robards d'une voix faible, avant d'acquiescer.

Il serra les dents et s'appuya sur Marlène pour se redresser. Ensuite, instable, il se détacha d'elle. Marlène s'approcha, prête à le rattraper, mais ce n'était pas nécessaire.

« Suivez-moi, vous tous. » dit-il sur un ton fatigué.

« Monsieur ? » dit Marlène, échangeant un regard inquiet avec Sirius et Dora, tandis que Gawain se dirigeait vers la salle d'examen.

Marlène s'élança après lui.

« Monsieur, qu'est-ce que- »

« On sort de ce piège. » dit-il.

« Va avec lui. » dit Fol-Oeil à Dora.

Ses yeux – les deux – ne quittaient pas la porte. Sa baguette n'avait pas quitté sa main pendant tout ce temps, mais maintenant, elle était levée devant lui.

« Et quoi, je dois te laisser ? » s'écria-t-elle en levant sa baguette.

Ses cheveux avaient pris une teinte verte, nerveuse, mais son visage était déterminé.

« T'es vraiment fou. »

« Maintenant, Nymphadora. » s'exclama-t-il.

Elle fut surprise de ce ton. Fol-Oeil avait toujours été plus doux avec elle qu'avec Sirius ou James. Elle le fusilla du regard.

« C'est un ordre ! » grogna-t-il en la poussant.

« Non ! dit-elle. Non, je ne vais pas- »

« Maintenant ! » rugit-il.

Dora eut l'air franchement effrayé et Sirius pensa qu'elle allait se mettre à pleurer. Son Scrutoscope continuait de siffler et Sirius ne pouvait s'empêcher de se demander si Remus savait. Dora frotta ses yeux – qui semblaient humides – et jeta un œil vers la porte, puis vers Fol-Oeil, puis vers Sirius.

« Mais il reste, dit-elle sur un ton blessé. Ce n'est pas juste s'il- »

« Foutus Poufsouffles ! cracha Fol-Oeil. Fais ce qu'on te dit ! »

Elle soutint le regard de Sirius, s'attendant peut-être à ce qu'il la soutienne.

« Vas-y. » dit doucement Sirius, en se sentant comme un traître.

C'était ce qu'il y avait de plus raisonnable. Dora, aussi douée soit-elle, n'était encore qu'une apprentie. Elle devrait probablement se battre avec quelqu'un à un moment ou un autre, si les choses étaient aussi mal embarquées que le Scrutoscope semblait le penser, mais il n'y avait aucun intérêt à ce qu'elle cherche elle-même la bagarre. Ce qu'elle obtiendrait forcément en restant avec Fol-Oeil et Sirius.

Alors toi, tu cherches la bagarre ? demanda son côté responsable. Sirius se demanda quand cette part de lui avait arrêté de parler avec la voix de Remus et ressemblait davantage à une version calme de lui-même.

Non, je reste parce que Fol-Oeil a de meilleures chances avec moi que sans.

Et quelles chances pour Harry si tu te fais tuer ?

Je ne vais pas mourir, pensa Sirius en serrant les dents.

« Dora. » dit-il.

Les cheveux de Dora prirent une couleur rouge furieuse et elle ouvrit la bouche, la referma, recula et se tourna pour courir vers Marlène et Gawain, qui venaient juste d'atteindre la porte.

« Et toi. » dit doucement Fol-Oeil, offrant un rapide coup d'œil à Sirius.

« Ne te fatigue pas, dit Sirius, faisant rouler sa baguette entre ses doigts. Je reste. »

Il n'était pas sûr de comprendre pourquoi Fol-Oeil n'était pas parti avec les autres. C'était étrange … Mais Fol-Oeil était l'une des personnes les plus prudentes qu'il connaissait et Sirius faisait toujours confiance à son instinct. Il avait appris cela dans l'Ordre.

« Bien. » dit Fol-Oeil avec un sourire étrange.

Il prit une gorgée dans sa flasque, avant de prendre un air inquiet. Sirius ignora cela et jeta un coup d'œil vers la porte.

« Ça facilite les choses. »

Sirius regarda son ancien mentor et recula, la baguette levée, sous le choc. Le visage de Fol-Oeil changeait. Ses cheveux s'assombrissaient et rentraient dans son crâne, sa peau semblait avoir bronzée d'un coup et son œil magique sortit de son orbite, tandis qu'un nouvel œil prenait sa place. Il leva une main sur son visage et ses yeux – des yeux noisettes – s'écarquillèrent.

« Excsin- » commença-t-il sur un ton paniqué, mais Sirius fut plus rapide.

« Stupéfix ! » dit Sirius, et le faux Fol-Oeil tomba au sol.

Sirius lui prit sa baguette – qui était bien celle du vrai Fol-Oeil – et la glissa dans sa poche. Il fouilla aussi dans la veste de l'imposteur pour trouver le Sidekick de Fol-Oeil, qui était bien là, par chance. Ensuite, il attacha la silhouette inconsciente de l'imposteur et utilisa sa baguette pour le placer dans un coin de la pièce.

La porte grinçait à l'étage.

Sirius glissa sa propre baguette dans sa poche et se transforma en Patmol. Ensuite, il s'en alla vers la salle d'examen, le cœur battant, les rouages de son esprit s'emballant franchement. Pour commencer, si Fol-Oeil était un faux, alors il était probable que Robards aussi et cela voulait dire que Dora, Marlène et les autres étaient en danger. Deuxièmement, le faux Fol-Oeil était celui qui avait donné les instructions aux autres apprentis. Non seulement ses informations étaient détaillées – seuls ceux qui avaient passé l'examen d'Auror savaient ce qu'il y avait dans la salle d'examen – mais cela était fort probable qu'ils se dirigent droit dans un piège.


« Tu peux voir quelque chose ? » murmura Marlène, jetant un œil au bord de la plateforme sur laquelle ils se trouvaient.

Sa baguette était allumée, mais la lumière ne portait pas très loin. Tonks hocha la tête et la tourna. Marlène vit ses yeux – brillants et plissés comme ceux des chats. Ses cheveux brillaient aussi, d'une couleur jaune éclatante, qui illuminait l'endroit dans lequel ils se trouvaient. Robards marchait prudemment près d'elles, utilisant la lumière de la baguette de Marlène pour voir dans le noir et le rail de la plateforme pour se soutenir.

« Je pense … On dirait des arbres, murmura Tonks, l'air stupéfait sous l'éclat de ses cheveux. Et … Je crois qu'il y a un château. Tu peux voir ça ? »

« Je ne peux rien voir qui ne soit à plus d'un mètre de moi. » murmura Marlène.

Dale se mit à rire derrière elle et Patel et Wright échangèrent des regards inquiets.

« C'est encore loin ? » demanda Marlène à Robards.

« Plus beaucoup. » dit-il en pressant son flanc avec sa main.

Quelqu'un se mit à crier – pas fort, mais cet horrible son que les gens faisaient quand ils étaient franchement terrifiés – et tout le monde se retourna brusquement, les baguettes levées et prêtes. Gawain poussa tout le monde, mais quiconque avait surpris les autres continuait de bouger. Marlène vit l'éclat d'un regard tandis que la silhouette – invisible, même à la lumière des baguettes – évitait un sort.

L'instant d'après, Gawain était au sol, se déplaçant à une vitesse incroyable, éloigné de force du reste du groupe. Marlène leva sa baguette, essayant de voir qui le traînait, mais sans rien réussir à voir. La plateforme bougea lorsque les gens se déplacèrent pour voir ce qui se passait.

« Sirius ? demanda Tonks. Qu'est-ce que tu fous- »

« Lumos Maxima ! » dit Marlène, sans plus se préoccuper de la discrétion.

La lumière de sa baguette vacilla et elle vit un énorme chien noir relâcher la veste de Gawain et se placer entre lui et le reste du groupe.

« Sirius ? » demanda-t-elle, faisant écho à la question de Tonks.

Il se leva, retrouvant sa forme normale, et plaça les mains devant lui.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

« Fol-Oeil n'était pas le vrai, lança-t-il. Polynectar. »

Des souffles surpris parcoururent le groupe et Tonks laissa échapper un petit gémissement.

« Je n'étais pas sûr de- »

Gawain grogna et attrapa la jambe de Sirius.

Plusieurs sorts volèrent jusqu'à eux. Sirius en esquiva deux et fut jeté sur son dos par le troisième. Un autre sort le frappa l'instant d'après, et il put bouger à nouveau. Gawain – qui n'était apparemment pas vraiment Gawain – roula sur le côté, évitant le sort de quelqu'un, et attrapa de nouveau Sirius.

« Relashio ! » s'écria Marlène.

D'un coup, le faux Gawain retira sa main, comme s'il s'était brûlé, avant de s'asseoir et de sortir sa baguette avant que quiconque n'ait pensé à l'arrêter. Sirius roula sur le côté et se transforma en chien en même temps. Le faux Gawain lança à Marlène un sourire étrange – qui ressemblait fortement à celui du vrai Gawain – et se jeta hors de la plateforme. Marlène s'élança instinctivement en avant. Elle n'était pas sûre si c'était parce que l'homme ressemblait énormément à son mentor ou si c'était parce qu'elle voulait des réponses et ne pourrait pas les obtenir sans l'homme en question. Wellington lui attrapa le bras avant qu'elle ne puisse rejoindre le bord.

« Timing parfait. » dit Tonks à Sirius, tandis qu'il redevenait lui-même.

Elle plaça une main sur son bras, avant de passer devant lui pour regarder dans l'obscurité.

« Il est parti. » annonça-t-elle.

Marlène eut du mal à l'entendre. Quelqu'un pleurait et plusieurs autres se bombardaient de questions.

« Taisez-vous ! » s'exclama Marlène, et ils s'exécutèrent.

« Il est parti là-bas, en courant, vers les arbres. » dit Tonks.

Sirius fronçait les sourcils, comme s'il essayait de se souvenir de quelque chose.

« Où est le château ? » demanda-t-il.

Tonks lui lança un regard perplexe, mais lui montra l'endroit. Sirius tapota les doigts contre le rail et acquiesça.

« Très bien, vous tous, par ici ! »

Il se tourna vers l'endroit d'où ils étaient arrivés.

« Mais Maugrey a dit- » dit quelqu'un.

Marlène ne pouvait pas être sûre dans l'obscurité, mais elle pensa qu'il s'agissait de Wright.

« Maugrey n'a rien dit, dit Sirius, fatigué. Le type qui se faisait passer pour lui par contre- »

« Alors c'est sûrement un piège. » dit Brown.

Marlène pouvait facilement reconnaître sa voix, parce qu'il parlait tout le temps.

« Dix points à la Maison dans laquelle tu étais. » dit Sirius.

Brown laissa échapper un soupir satisfait. Marlène pensa que personne, à part elle et peut-être Dora, ne connaissait assez Sirius pour déceler le sarcasme dans sa voix.

« Tu es blessé ? » demanda Marlène, en se rapprochant de Sirius.

« Non. » répondit Sirius, avec un sourire troublé.

Ensuite, il frémit et lança un sort silencieux vers quelque chose au-dessus d'eux. Marlène se figea et ses yeux s'écarquillèrent lorsqu'elle vit le sort éclater sur un Bouclier à quelques mètres en face d'eux. La silhouette d'un homme s'illumina brièvement. Marlène et la plupart des apprentis levèrent immédiatement leur baguette.

« Qui est là ? » demanda l'homme.

« Toi d'abord. » répondit Sirius.

Il y eut un soupir.

« Auror Hemsley. » dit-il, l'air un peu nerveux.

Wright, Patel et Brown lâchèrent des soupirs soulagés et s'avancèrent, mais furent rattrapés par les autres apprentis. Marlène elle-même attrapa Patel, tandis que Dale rattrapait Wright. Brown esquiva Edwards et Gaspar, avant que Sirius ne lui attrape l'épaule.

« La nuit où tu étais de garde dans les cellules, dit Sirius à Hemsley, en serrant les dents lorsque Brown essaya de lui échapper. Qu'est-ce que je t'ai demandé ? »

Hemsley – si c'était vraiment lui – se tourna. Marlène relâcha Patel – qui resta immobile – et serra sa prise sur sa baguette.

« De la lumière ? répondit-il avec hésitation. Je crois. Tu as regardé par la porte et- »

« Merci Merlin. » dit Sirius en lâchant Brown qui se rapprocha rapidement de son mentor.

Ils échangèrent quelques mots rapides, avant que Hemsley allume sa baguette et approche, observant chaque visage.

« Il y a quelqu'un d'autre avec vous ? Blackburn ? Klenner ? »

« Blackburn est mort. » dit Hemsley.

Des murmures stupéfaits et effrayés parcoururent le groupe. Les entrailles de Marlène se contractèrent de manière déplaisante. Blackburn était un bon Auror, très impliqué dans le programme. Il leur manquerait.

« La dernière fois que je l'ai vu, Klenner courrait vers les ascenseurs, dit Hemsley en regardant autour de lui. Où sont Maugrey et Robards ? »

« Ce n'était pas eux, expliqua rapidement Sirius. Tu as pu voir les agresseurs ? »

« Ils portaient des capes avec des capuches, dit Hemsley en secouant la tête. Mais je dirais qu'il y a un mélange égal d'hommes et de femmes. Et ils sont bons. Ce ne sont pas juste les abrutis de d'habitude. Ils ont un plan. Et ce sont les Serpent Sworn. Ils avaient le symbole sur leur cape. »

« Alors qu'est-ce qu'on fait ? » demanda Patel, l'air terrifié.

Edwards plaça un bras rassurant autour d'elle. Marlène manqua de lever les yeux au ciel, avant de se souvenir que c'était la première fois que ces apprentis rencontraient ce genre de difficultés. Elle-même n'avait pas été très calme lors de sa première mission pour l'Ordre.

« Monsieur ? » demanda Wright, et plusieurs voix se joignirent à la sienne.

« On monte dans l'Atrium, dit Hemsley. Sur le chemin, vous essayez tous de joindre vos mentors. S'ils ne sont pas encore là, nous pouvons leur dire de ne pas venir. Ils ont sûrement organisé une embuscade. »

Tout le monde sortit son Sidekick d'un même mouvement et des murmures de mots de passe résonnèrent dans la zone. Marlène ne s'embêta pas à sortir le sien, elle se contenta d'échanger un regard triste avec Tonks, avant de froncer les sourcils en regardant Sirius s'approcher de Hemsley et l'éloigner du groupe.


« Black. » dit Hemsley.

« Hemsley, répondit Sirius. L'Atrium ? »

« Je n'aime pas ça, admit Hemsley. Mais on ne peut pas retourner dans la salle d'entraînement et on ne peut pas rester là- »

« Il y a deux façons d'entrer et de sortir du Ministère, dit Sirius. Les Cheminées et la cabine téléphonique. Tout ça dans l'Atrium. C'est aussi là que le reste des Aurors va se trouver et si les Serpent Sworn sont aussi malins qu'on le dit, c'est aussi là qu'ils vont nous attendre. »

« C'est possible, dit Hemsley. Où veux-tu en venir ? »

« Ce que je veux dire, commença Sirius. C'est que si on va là-bas, on met directement les pieds dans un piège. Le type qui prétendait être Fol-Oeil a dit de rejoindre l'Atrium et donc, ça paraît logique de faire l'inverse de ce qu'il a dit, non ? »

« Monsieur. » dit Brown en approchant.

« Attends gamin. » dit Sirius avec impatience.

« Je suis un apprenti Auror, dit Brown, ses yeux le fusillant du regard à la lumière des baguettes. Tu es un civil, Black, alors un peu de respect serait bienvenu. »

« Michael. » le menaça Hemsley.

Brown serra les dents.

« Klenner et Taure sont les seuls qu'on a pu contacter, dit Brown. Ils sont ensemble, quelque part au Niveau Trois, mais Taure est blessé. »

« On a eu Shacklebolt ! » annonça quelqu'un.

Sirius se détendit un peu, tandis que Yaxley se frayait un chemin pour parler à Hemsley.

« Il a dit que Finch est un imposteur, qu'il lui a cassé le bras, mais il est en sécurité pour le moment. »

Hemsley acquiesça.

« Alors ? dit-il à Sirius. Qu'est-ce que tu suggères si on ne va pas dans l'Atrium ? »

« On retourne dans la salle d'entraînement, dit Sirius. Maintenant, ils ont sûrement constaté que c'était vide et ils sont partis, pour attendre qu'on apparaisse là où on nous a dit d'aller. Il pourrait y avoir un garde ou deux, mais on peut gérer ça et prendre des choses … Des déguisements, des potions de guérison – on sait qu'on a déjà plusieurs blessés et je pense qu'il risque d'y en avoir d'autres avant- »

« Arrête, dit Hemsley, fatigué. La salle d'entraînement ? Tu es fou ? »

« Tu es fou si tu penses que l'Atrium est plus sûr, dit Sirius. Je ne pense vraiment pas- »

« Je ne pense vraiment pas que tu sois en position de protester, dit Hemsley. J'apprécie ta proposition, mais je suis le responsable dans cette situation et la décision finale me revient. Et je ne retourne pas dans cette salle d'entraînement. »

Il se tourna et Brown lança à Sirius un regard hautain avant de suivre son mentor.

« Allons-y, dit Hemsley aux apprentis. Restez silencieux et soyez rapides. Et lorsque nous arriverons dans l'Atrium, soyez prêt à vous battre. »

Sirius laissa échapper un long soupir. Il était absolument persuadé que l'Atrium était un piège et si Hemsley ne pensait pas la même chose, Sirius ne pouvait pas y faire grand chose. Et si les apprentis étaient heureux de suivre Hemsley sans protestation, Sirius ne pouvait pas les forcer à rester en arrière ou à l'écouter. Mais Sirius ne pensait pas le suivre aveuglément.

« Black ? demanda Hemsley, tandis que Sirius faisait volte-face. Black, reviens ici ! Je suis le responsable, et tu vas faire- »

« Je vais faire ce que je veux, dit Sirius. Je ne suis pas Auror – plus maintenant – et je ne suis pas un apprenti. Il n'y a rien que je doive faire. Je pense que l'Atrium est un piège- »

Il croisa le regard de Dora à cet instant et elle se mordit la lèvre, regardant Hemsley avant de regarder par terre. Sirius soupira. Elle plaçait trop de confiance dans les Aurors.

« -et donc je vais essayer de retourner au Niveau Deux en passant par la salle d'entraînement- »

« C'est dangereux par là- »

« Le Ministère est attaqué, répliqua Sirius. Il n'y a pas d'endroit sûr, Hemsley. »

« Il a le droit d'y aller seul ? murmura quelqu'un. C'est juste un civil- »

« Black a fait son choix, dit Hemsley. Allons-y. »

Le groupe continua le long de la plateforme, le bruit de leurs pas s'éloignant doucement, ainsi que la lumière de leur baguette. Sirius ne s'embêta pas avec sa baguette. Il pouvait voir des formes vagues et il pouvait aussi sentir le chemin d'où ils étaient arrivés.

Des bruits de pas s'approchèrent de sa position. Sirius jeta un coup d'œil par-dessus son épaule et après un instant, une grande silhouette le rattrapa.

« Vraiment ? »

Il essaya de cacher sa surprise, mais il soupçonna que sa voix le trahit.

« Est-ce qu'il est déjà ressorti quelque chose de bon d'un moment où on t'a laissé partir en exploration tout seul ? » demanda Marlène.

Il y avait un soupçon d'humour dans sa voix et Sirius pensa avoir vu l'éclat blanc de ses dents, ce qui indiquait qu'elle souriait.