Dédicace : Joyeux anniversaire à Koyalau, en espérant que tu apprécies ce petit moment de lecture.
Correctrice : Clina
Personnages : Shaka de la Vierge, Camus du Verseau
Mention de : Milo du Scorpion, Kanon du Dragon des mers, Saga des Gémeaux, Aiolos du Sagittaire, Hyoga du Cygne
Ship : Camus/Shaka (sous-entendu : Kanon/Milo et Saga/Aiolos)
Type d'écrit : romance, confession amoureuse
Arc temporel : Disons post-canon, quelques années après les Guerres Saintes et un retour à la vie de tout le monde.
Lieu : Sanctuaire, Temple du Verseau
Titre : Initiative
Cela avait été le sujet de nombreuses réflexions personnelles et méditations. Le sujet avait même été au cœur de certaines de ses conversations avec Bouddha ces dernières semaines. Après tout, Shaka avait parfois besoin de ses lumières pour prendre la bonne décision. Et l'expérience lui avait appris qu'il pouvait lui aussi commettre des erreurs, alors mieux valait bien peser chaque choix qu'il faisait pour éviter à nouveau de se tromper. Et il voulait bien reconnaître qu'avoir la bénédiction de Bouddha pour s'ouvrir à ce type de relations l'avait aidé à poser son choix final. Et rien dans cette décision n'allait à l'encontre de ses croyances et pratiques de vie, du moins pas de celles qu'il avait actuellement. Et il ne pouvait guère vivre uniquement dans son Temple, en refusant tout lien affectif et amical avec ses pairs. Une fois rassuré sur ce point, Shaka avait observé son camarade de la garde dorée qui arrivait à capter si facilement son regard et qui avait éveillé ce nouveau sentiment en son âme. Et il avait dû être bon observateur et patient, car l'objet de son intérêt avait élevé au niveau d'art la neutralité dans son comportement et ses expressions. Mais la Vierge avait remarqué certains regards en coin pour sa personne de la part du Verseau qui étaient plus longs que nécessaire, quelques sourires minimes lors de leurs rares conversations… Tout cela avait finalement convaincu Shaka qu'il ne se méprenait point sur ce qu'il éveillait comme émotion chez l'autre Saint d'Or. Il avait alors joué le jeu, utilisant les mêmes voies de communication pour prouver que l'intérêt amoureux était mutuel.
Et Shaka avait attendu que l'autre fasse un pas de plus vers lui, espérant que ses propres marques d'intérêt finiraient par encourager Camus et être compris par lui. Mais après des mois à se tourner autour en ne communiquant que par regards et sourires, rien n'avait évolué entre eux. Et dire que c'était lui qu'on imaginait incapable de comprendre les émotions et les sentiments, qu'on voyait comme relativement neutre… Le Verseau le battait royalement pour une fois. Apparemment, Shaka n'était pas assez explicite dans ses intentions. De toute évidence dans le jeu de la séduction et de l'amour, Camus était plus gauche qu'il ne l'était lui-même. À moins qu'il ne soit juste plus timide que Shaka ne l'était. Ou que le Verseau redoutait d'aborder un sujet aussi terre à terre avec lui, parce que comme tout le monde au Domaine Sacré, il n'imaginait pas que le relationnel puisse avoir un quelconque intérêt à ses yeux. Peut-être n'arrivait-il pas à associer le concept de l'amour avec sa personne ? La Vierge n'avait pas encore éclairci ce point, mais il y penserait plus tard. Cela étant quoiqu'on puisse imaginer à son sujet, Shaka n'était pas incapable de s'attacher aux autres, d'avoir des amis, voire plus. C'était même quelque chose qu'il désirait depuis quelques mois, avoir ce statut particulier et précieux pour un autre, partager ce genre de lien qui pouvait se passer de mots et combler son âme. Et sûrement qu'il comprendrait mieux bien de ses frères et sœurs d'armes, s'il vivait les mêmes expériences qu'eux dans le domaine émotionnel.
Las d'attendre un geste de Camus, même s'il était la patience incarnée, Shaka avait décidé de prendre les choses en main. Après tout, ils avaient droit à une nouvelle vie en ces temps de paix, autant en profiter pour nouer des relations et découvrir d'autres aspects de la vie que ce qui touchait à leur rôle de Guerriers Sacrés d'Athéna. Ce fut donc par un bel après-midi ensoleillé, après une petite séance de méditation, que Shaka quitta son Temple et qu'il entreprit la longue montée de l'escalier sacré en direction de l'avant-dernière maison zodiacale. Et pour une fois, le Saint d'Or de la Vierge avait gardé les yeux ouverts. Il désirait pouvoir observer les diverses minis expressions de Camus quand ils discuteraient ouvertement de leur future relation. Et si les autres membres de la Garde Dorée avaient été étonnés de le voir monter calmement mais d'un pas décidé, lui qui passait la majeure partie de ses journées à méditer dans son Temple, aucun n'avait osé le questionner. Après tout, il y avait plusieurs raisons qui pouvaient justifier son cheminement vers le Treizième Temple. Et Shaka savait que sa réelle motivation ne devait pas faire partie de la liste des suppositions de ses frères d'armes.
Une fois arrivé sur le parvis du Temple du Verseau, il fit une brève pause. Relevant ses yeux bleus, Shaka prit le temps d'observer les décorations extérieures de la onzième maison zodiacale. Son regard s'attarda sur les gravures et reliefs du fronton au-dessus de sa tête, représentant le signe et la constellation du Verseau. Et il eut un fin sourire. Il prenait rarement le temps de s'intéresser aux choses matérielles, mais ce moment face à l'entrée lui permettait d'organiser ses pensées. Même s'il était serein sur la suite des événements, il constata un léger pincement au cœur. C'était étrange par moments ce que Camus pouvait éveiller chez lui. Prenant une légère inspiration, il entra dans le Temple. Et il put constater qu'il faisait plus frais à l'intérieur de celui-ci. Il y flottait une fraîcheur typique des climats nordiques qui ressemblait bien au propriétaire des lieux, et à l'image du calme que Shaka imaginait qu'on pouvait trouver sur la banquise. Il y flottait aussi une certaine sérénité reposante pour lui, comme l'était souvent la présence du Verseau, même s'il savait affoler ses sens, son âme et perturber son impassibilité par sa simple présence. Mais cela restait un secret bien gardé par Shaka, que personne ne pouvait deviner sous son expression éternellement calme.
« Bonjour Shaka. », le salua poliment Camus. « Tu peux passer. », ajouta-t-il selon les règles de politesse établies quand on désirait traverser un Temple en présence de son propriétaire. Shaka eut à nouveau un frémissement plutôt agréable au cœur. Aussi étrange que cela puisse paraître, il appréciait le timbre de voix et l'accent chantant du Verseau.
« Salutation Camus. Je te remercie, mais mon voyage se termine ici. », répondit Shaka avec un léger sourire amusé. Et il salua d'un léger mouvement de la tête l'autre Saint d'Or.
« Donc tu désires me parler ? », commenta sobrement Camus, avec une légère note de surprise dans la voix. Son regard bleu foncé se fixa avec curiosité sur son invité surprise. Shaka soutint l'échange visuel sans se défaire de son sourire.
« Autour d'une tasse de café, oui. Je suppose que tu ne bois pas de thé. », ajouta Shaka en avançant vers la partie vie du Temple du Verseau. Il se doutait que Camus ne lui refuserait point cette conversation. Il devait même avoir attisé sa curiosité.
« Une raison particulière à cette envie de converser avec moi ? », questionna Camus tout en suivant son invité surprise dans son salon. Il se fit la réflexion que l'autre se comportait comme s'il était chez lui. Shaka prit le temps d'observer le décor intérieur. C'était la première fois qu'il venait dans les appartements privés du Verseau. Et il devait reconnaître que tout était rangé, simple et plus chaleureux qu'on aurait pu se l'imaginer vu le tempérament froid et neutre du propriétaire des lieux. La légende voulait qu'ici se trouva une bibliothèque. Un jour, il questionnerait sûrement Camus à ce sujet.
« Si j'attends que tu te décides à faire le premier pas, nous n'avancerons nullement avant plusieurs vies. Et bien que je crois en la réincarnation et que je sois la patience incarnée, je n'ai plus envie d'attendre. Je pense que nous avons tous mérité de profiter de cette nouvelle vie, que notre Déesse nous a si généreusement offerte. Donc, nous devons discuter, toi et moi. », expliqua posément Shaka alors qu'il s'assit sur le divan tout en reportant son regard clair sur Camus qui l'observait, toujours surpris de sa présence.
« D'accord. Je suppose que c'est inévitable, si nous voulons tous guérir d'une certaine manière. », murmura le Verseau, conscient qu'ils avaient aussi un passif depuis la Guerre Sainte contre Hadès. Et ils n'avaient jamais vraiment parlé de ce combat, ni du reste d'ailleurs. Si Camus reconnaissait ce qu'il éprouvait pour Shaka, il considérait qu'il était plus sage de conserver cet amour pour lui. Du reste, il le supposait sûrement à sens unique. Mais il ne refuserait pas une amitié avec son frère d'armes. « Donc tu bois du café ? Je ne l'aurais pas cru… »
« Ce sera la première fois que j'en goûte. Mais je te fais confiance pour me convertir à cette boisson que tu sembles apprécier. », répliqua Shaka d'une voix taquine alors que Camus se dirigeait silencieusement vers la cuisine.
Shaka suivit du regard Camus quand ce dernier disparut dans l'autre pièce. Et il fit le choix de ne pas suivre son hôte. Il préférait accorder à son compagnon d'armes un moment de réflexion personnelle. Sans aucun mal, Shaka pouvait deviner ce qui agitait les pensées du Verseau en cet instant. Et la véritable raison de sa présence dans la onzième maison zodiacale ne devait même pas effleurer la surface de l'esprit pourtant vif et affûté de Camus. Le jeune homme blond eut un mince sourire amusé par l'idée. Finalement, il avait bien fait de prendre l'initiative de venir en ces lieux pour avoir cette conversation avec le Verseau. Et il comprenait parfaitement que Camus était trop pris entre respect et culpabilité envers sa personne pour oser afficher ses sentiments de manière ouverte. Ah, ce que sa réputation d'homme le plus proche des dieux pouvait parfois lui peser. Shaka ferma les yeux un instant et il inspira profondément, retrouvant un calme olympien des plus parfaits. Il connaissait parfaitement le pouvoir relaxant de la respiration sur la nervosité. Il savait qu'il avait fait le bon choix. Ils méritaient tous les deux de goûter à cette félicité et à ce bonheur simple d'être en couple. Ils avaient déjà bien assez souffert durant les Guerres Saintes. Mais Shaka devinait que la conversation ne serait pas aisée pour autant. Certes il ne doutait pas de lui, ni que son amour soit partagé, mais il ne pouvait réellement présumer de la réponse de Camus. En fait, il espérait que le Verseau ouvrirait son cœur et son âme à sa déclaration, et qu'il l'accepterait. Tout comme lui-même avait accepté ce sentiment qui le liait maintenant à son frère d'armes. D'ailleurs, il n'y avait presque aucun doute dans le cœur de Shaka que cet amour était réciproque… La présence de Camus dans la pièce le sortit de ses réflexions. Et il rouvrit lentement les yeux pour observer l'autre Guerrier Sacré. Le Verseau déposa un plateau avec deux tasses fumantes sur la table basse face au divan. Et Shaka admira les gestes de son compagnon, avant de se décaler légèrement sur le sofa pour l'inviter à s'installer à ses côtés. Ce dernier hésita quelques secondes avant de s'asseoir près de lui.
« C'est rare de te voir les yeux ouverts. », commenta sobrement Camus en présentant une des tasses à son invité.
« Ma foi, je n'ai aucune raison de me priver de la vue pour augmenter mes autres sens. Nous sommes en temps de paix. », expliqua Shaka en humant doucement l'odeur du café. La senteur était plutôt agréable et apportait une sensation de chaleur et de réconfort selon lui. « De plus, si je les ferme, je ne peux pas te voir. Et j'apprécie de t'admirer. »
Camus s'étrangla légèrement avec sa gorgée de café. Et il sentit ses joues légèrement rougir. En réalité, il ne s'était pas attendu à la dernière phrase de Shaka, mais ce n'était pas une nouveauté que ce dernier pouvait surprendre en quelques mots son entourage. Converser avec la Vierge amenait souvent sur des chemins inattendus et des réflexions des plus surprenantes. Cependant, le Verseau se questionnait toujours sur les raisons de la présence de l'autre jeune homme chez lui. Et il l'observait du coin de l'œil boire sa première gorgée de café. Il nota que ce dernier ne grimaçait pas au goût un peu amer du breuvage chaud. Et il se dégageait de Shaka une aura de sérénité que Camus avait toujours apprécié ressentir. La présence du jeune homme hindou avait bien des effets divers sur lui, affolant ses sens et apaisant parfois ses réflexions teintées de mélancolie et regret depuis leur retour à la vie.
« Si tu désires en adoucir le goût, tu peux ajouter du sucre et du lait », indiqua Camus en pointant du doigt le sucrier et le pot de crème sur le plateau. « Donc de quoi désires-tu m'entretenir ? », demanda-t-il prudemment.
« Je pense que tu le sais. », répondit énigmatiquement Shaka avec un léger sourire.
« En es-tu certain ? » Camus haussa les sourcils pour montrer son incompréhension. Mais il connaissait le goût de Shaka pour le mystère lors des conversations et sa capacité à amener les autres à trouver eux-mêmes les réponses à leurs questions. « Il y a sûrement divers sujets qui mériteraient qu'on en parle. Je sais que je te dois des excuses, même si cela n'effacera jamais ce que j'ai fait… »
« Je ne suis pas venu pour discuter de la Guerre Sainte contre Hadès. », l'interrompit Shaka avec douceur. Camus sentit les fins doigts tièdes de la Vierge s'enrouler autour de son poignet, dans une caresse qu'il devinait réconfortante. « Nous avons combattu tous les deux à notre manière pour servir et protéger la déesse Athéna et l'Humanité. Toi, tu l'as fait en suivant le plan de Shion pour contrer le Seigneur des Enfers et ses Spectres. Moi, j'ai obéi à notre Déité protectrice et je l'ai accompagnée aux Enfers pour veiller sur elle. Et puisqu'elle nous a à tous et toutes pardonné et offert cette nouvelle vie, je ne vois pas de raison de t'en vouloir. On ne vit pas dans le passé, Camus. N'est-ce pas quelque chose que tu as voulu enseigner à ton disciple ? Pour ma part, je préfère être ancré dans le présent et me permettre de regarder vers le futur le plus sereinement possible. »
Seul le silence lui répondit dans un premier temps. Et Shaka accepta qu'il faille un moment à Camus pour assimiler ses propos et les accepter. Le Verseau l'observa de longues minutes dans un silence méditatif. Il comprenait plus ou moins la philosophie de son frère d'armes. Et il pouvait admettre qu'il avait sûrement raison. Camus baissa finalement les yeux sur les doigts de nacre qui encerclaient toujours son bras. Shaka dessinait des cercles invisibles du bout de son pouce à l'intérieur de son poignet, dans une caresse tendre et apaisante. Avec un léger soupir, ne niant nullement l'effet relaxant de la caresse et sans chercher à se dégager, Camus déposa sa tasse à moitié vide sur la table. Et il remarqua que Shaka en avait fait de même, libérant ainsi ses deux mains. Quelle que soit la raison de la présence de son visiteur, la conversation serait sérieuse et importante pour eux et leur relation. Camus pouvait le ressentir. D'ailleurs, le Verseau peinait toujours à mettre le bon mot sur leur lien, conscient que le fait qu'il soit tombé amoureux de Shaka pouvait brouiller les choses dans son esprit. Et il se demanda si son compagnon pouvait ressentir sous ses doigts les battements de son cœur devenus un peu trop rapides sous les cajoleries douces.
« Et si, moi, j'avais besoin de ton pardon ? », questionna finalement Camus.
« Alors je t'écouterais et je te l'offrirais. », répondit Shaka avec son éternelle bienveillance et sagesse. « Mais je ne suis pas venu te parler de cela. Nous pourrons avoir cette conversation une autre fois. »
« Puis-je savoir de quoi tu désires discuter ou dois-je encore deviner ? », demanda à nouveau Camus.
« Je pense que ton cœur et ton âme le savent, mais ton esprit se refuse à l'admettre comme une possibilité. », murmura doucement Shaka. « Soit, je vais donc t'éclairer. Je suis venu pour parler de nous et de notre future relation, du moins de celle que j'espère voir naître entre nous. »
« Pardon ?! », s'étrangla Camus presque de surprise. Celle-là, il ne l'avait pas vu venir. Et au regard de Shaka, il devina aisément que son amour pour ce dernier n'était pas aussi secret qu'il aimait à le croire. Il n'était finalement pas aussi discret qu'il le pensait, ou peut-être ne contrôlait-il pas aussi bien ses expressions qu'il l'imaginait. Cela étant, Shaka avait un don pour lire dans les autres. Camus détourna légèrement la tête, espérant vainement que son trouble ne se verrait pas.
« Comme je te l'ai dit en arrivant, si j'attends que tu te décides, il nous faudra plusieurs vies pour que l'on soit plus que des amis. Donc, j'ai pris l'initiative, après mûres réflexions, de faire le premier pas. », explicita Shaka avec douceur. Et il était on ne peut plus sérieux en cet instant. La surprise du Verseau était, quant à elle, lisible sur ses traits et dans ses yeux bleus. « Et je suis certain que ce sentiment, que j'éprouve depuis quelques temps à ton égard, est réciproque. » Le sourire de la Vierge s'agrandit légèrement quand il constata que son vis-à-vis rougissait un peu plus.
« Il semblerait que je n'ai aucun secret. », commenta Camus en papillonnant des yeux. Il acceptait l'idée que ses sentiments soient connus de Shaka. « Je suis donc un livre ouvert pour toi… »
« Uniquement pour moi. », le rassura doucement Shaka. « Mais je suis difficile à berner après tout. Je sais lire les âmes ou tout au moins les esprits et le cosmos. Et comme tu as été le centre de mon attention et de mes observations, avec le temps j'ai remarqué certains de tes petits sourires en ma présence, ta manière de me parler, de rester plus longtemps quand j'étais présent ou encore tes regards… Tout cela ne m'a pas laissé de doutes quant à la nature de notre lien et la réciprocité de notre affection. »
« Je vois… », murmura Camus. « Je ne doute pas de ta capacité d'observation… Et si tu désires une confession, effectivement je suis amoureux de toi. Mais sois assuré, que je ne ferais rien qui puisse te mettre mal à l'aise. », promit-il dans un soupir.
« Comme tu peux être aveugle quand tu veux ! », déclara Shaka avec amusement. Et il se pencha pour déposer un baiser aussi léger qu'un papillon sur la joue de Camus. « Ce que je veux, c'est être avec toi comme Milo est avec Kanon, ou Aiolos est avec Saga… Moi aussi je suis amoureux de toi. Et je veux profiter de la chance d'être avec toi. Donc, j'ai décidé de te proposer d'être en couple avec moi, et de profiter de notre nouvelle vie à deux. », assura Shaka avec beaucoup d'aplomb et aucun doute. Pour autant, il pouvait sentir son cœur s'affoler, et il n'était pas aussi serein intérieurement qu'extérieurement. Même s'ils partageaient le même sentiment, Camus pouvait rejeter sa proposition pour diverses raisons, qui seraient aussi valables que la détermination que lui avait de vouloir qu'ils soient ensemble.
« C'est direct comme proposition. », remarqua Camus avec un léger sourire. On pouvait dire que Shaka savait ce qu'il voulait. Cela étant, il n'était pas si étonné de la manière dont ce dernier avait présenté les choses. « Mais ce sera un peu plus long que cela… Théoriquement, un couple commence par avoir des rendez-vous… Enfin ce genre de choses. », tenta d'expliquer Camus, démontrant qu'il acceptait l'idée d'être en couple avec Shaka.
« Tu m'apprendras tout cela. », déclara Shaka, et il embrassa à nouveau la joue rosie du Verseau. « On dit que la cuisine française est très bonne. Et une rumeur prétend au Sanctuaire que tu es un bon cuisinier. »
« … », soupira Camus. Il devinait qui était à l'origine des rumeurs sur ses dons culinaires. « Si tu le désires… Mais n'imagine pas que j'ai plus d'expériences que toi pour ce qui est d'être en couple. »
« Peu importe. Nous parcourons ce chemin-là à deux, à notre rythme et en découvrant ce qui nous convient… Une maison se construit pierre par pierre. », répliqua Shaka avant de voler un chaste baiser à son maintenant petit-ami. « Tu permets ? C'est l'heure de la sieste et je compte profiter de ta présence apaisante un peu plus longtemps. », ajouta-t-il en s'allongeant pour utiliser les jambes du Verseau comme un oreiller.
« Je croyais que l'après-midi tu méditais, pas que tu dormais. », commenta Camus avec une touche d'amusement dans la voix.
« Cela m'arrive, oui. », murmura laconiquement Shaka qui trouva une position confortable pour dormir.
« De dormir ou de méditer ? », questionna Camus en attrapant un livre sur la table près du divan. Pour sa part, la lecture était son activité principale pour se relaxer après l'entraînement du matin et le repas de midi.
« De méditer. », répondit Shaka avec une pointe de taquinerie dans la voix. « Je t'apprendrais si tu veux, à la condition que tu m'apprennes le français. »
« Puis-je te demander pourquoi tu désires parler le français ? », interrogea Camus avec curiosité.
« Je trouve que c'est une langue mélodieuse et poétique. Et puis on pourra avoir des conversations secrètes, que personne d'autre que nous ne comprendra. », expliqua Shaka. Il était vrai qu'à part le Verseau, seuls Hyoga du Cygne et un Saint d'Argent parlaient cette langue au Domaine Sacré.
Camus ne répondit rien cette fois-ci. Il glissa juste ses doigts dans les longues mèches dorées pour les recoiffer avec tendresse. Et il eut un sourire doux. Shaka semblait des plus sereins et des plus heureux en cet instant, alors qu'il était aux portes du sommeil. Finalement, cet amour n'était pas tellement que cela à sens unique comme le Verseau l'avait bien longtemps imaginé. Et il était prêt à tenter cette aventure avec son compagnon. Il était curieux aussi de savoir où ce chemin-là les mènerait et de voir s'épanouir leur lien nourri par leur amour commun. Finalement, Camus ouvrit son roman. Il ne pourrait de toute manière pas bouger tant que Shaka dormirait. Peut-être qu'après cette sieste, il oserait lui proposait un repas en tête-à-tête…
